77 : I am coming home, back where I belong, Part 2

Write by Gioia


***Martin Sani***

Ma rééducation commence enfin à donner des résultats tangibles. J’arrive à me déplacer en béquilles mais uniquement que pour quelques minutes. J’ai espoir que d’ici la finalisation de mon divorce, je tiendrai sur mes deux pieds, pour jouir à fond de ma vie. George a énormément facilité les choses, en commençant par se rapprocher de la petite Jeanne. J’ignore ce qu’il lui a offert pour qu’elle passe de son côté, mais c’est par elle qu’il m’a fait parvenir un cellulaire et de ce fait, je n’ai plus besoin de passer par Gaëtan pour les voir. J’ai bien précisé à mon fils que quelque soit ce qu’il fait avec cette fille, Jeanne, il a intérêt à ne pas la mettre enceinte. Hors de question que je traîne un problème avec moi en sortant de ce foyer. Déjà qu’il ne me reste plus beaucoup de temps. Je m’étais fixé un an et compte minutieusement les jours. En plus de m’avoir trouvé un avocat, George a enfin le contrôle de mes finances en France.

Le mois passé, il s’était envolé à Poitiers pour rencontrer mon conseiller financer, qui s’est révélé être une véritable plaie concernant la procuration que je voulais donner à mon fils. Je veux dire, on parle de mon propre compte bancaire, mais ce type insistait que la procédure lui exige de recevoir la demande de procuration par le titulaire du compte donc je devais me présenter en personne pour la remplir et signer. J’ai dû lui envoyer par courrier express une note médicale attestant que j’étais physiquement limité pour qu’il accepte de me transmettre le formulaire par courriel et je le lui renvoie par courrier une fois rempli. Ensuite, il fallait attendre qu’il la traite et pendant ce temps, amadouer mon neurologue que j’ai dû soudoyer pour qu’il accepte de passer à la maison, durant l’absence de Mireille. C’est lui qui m’a délivré cette note médicale et bien sûr, il a compris sans difficulté que mon rétablissement était plus avancé que ce qu’il pensait. C’est de George que j’ai obtenu les 3000 euros qu’il a réclamés pour se taire sur sa visite ainsi que mon état à Mireille lorsqu’elle m’emmène aux rendez-vous.

— Jeanne ? je crie son nom

— Oui monsieur ? elle me répond au loin et me rejoint au salon

— Viens me pousser un peu, je veux prendre l’air

Elle se place derrière mon fauteuil et me fait sortir du salon, pour aller sur la véranda. Il fait particulièrement bon aujourd’hui donc je lui dis de prendre une chaise et s’asseoir à côté.

— Pardon monsieur, je n’ai pas fini de nettoyer les chambres des garçons comme madame a demandé

— Ah laisse ça, des grands comme ça ont besoin que tu nettoies leurs chambres ? Assieds-toi un peu on cause

Elle me regarde perplexe, mais tire quand même la chaise et prend place. Je dois lui paraître fou, mais on a tous besoin de parler de temps en temps et lorsque mes fils ne sont pas là, la solitude me frappe de plein fouet. Mireille n’a même plus de salutations à m’offrir. Selon des échanges que j’ai entendus entre elle et les enfants, il paraît que lorsqu’elle sort d’ici c’est parce qu’elle va voir un psy pour sa dépression. En tout cas c’est ce qu’elle a réussi à vendre comme histoire aux petits, au point où Axel et Ezra s’efforcent d’être présents quand elle doit s’absenter.

Mais en typique Mireille, non seulement elle profite de leur amour pour elle, mais en plus elle se permet de sortir un jour sur deux lorsqu’ils sont respectivement à l’école pour Ezra et Allen, puis au stage pour Axel. Je ne serais pas étonné qu’elle ait un amant, peut-être le même qu’avant. Mais jamais elle ne demandera le divorce, parce que Mireille ne peut pas supporter d’être appelée une divorcée. J’en suis convaincu, vu qu’il n’y a même plus le semblant de cordialité entre nous. Nous sommes juste des inconnus ayant des enfants. Ce n’est pas comme si j’avais les mêmes moyens qu’avant. La preuve, elle a dû se séparer de notre gardien et chauffeur le mois dernier, parce qu’elle devait serrer la ceinture, du moins c’est ce qu’elle a dit aux enfants. Ezra qui a eu son bac, fait des cours d’allemand à l’institut Goethe, au lieu d’aller simplement en Allemagne comme il a demandé. Si j’étais sur pieds quand Axel avait eu son bac, j’aurais envoyé mon fils en France au moins. Il n’y a que Joshua qui fait Dieu sait quoi aux États-Unis. Je suppose que je peux au moins accorder à Mireille qu’elle commence à comprendre son erreur avec lui. Elle lui a dit qu’il devra se débrouiller à la fin de son bachelor, qu’il l’ait terminé ou pas.

Techniquement, il lui reste une année et c’est au bout de cette dernière qu’elle a promis à Ezra qu’il pourra aller en Allemagne. De toute façon, une fois le divorce introduit, je vais prendre en charge mes garçons et s’il le faut rapatrier Joshua ici afin qu’il goûte un peu au quotidien du togolais régulier.

— Pardon tonton, je peux partir maintenant ? me demande la Togolaise régulière à mes côtés

— Tu n’es pas fatiguée de frotter les murs et sols de cette maison ? Il faut te reposer et respirer un peu le bon vent, dis-je inspirant une bonne bouffée

— Fatiguée ? elle rigole, je suis là pour travailler non. Son sourire a un air un peu familier, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus

— C’est bien, j’aime ton esprit concernant le travail. Continue comme ça et tu t’en sortiras rapidement dans la vie

— Merci patron, c’est mon espoir, j’ai mon fils qui compte sur moi

— Un fils ? m’étonnais-je. Tu n’as pas l’air d’avoir porté une grossesse

— C’est comme madame aussi, j’arrivais pas à croire quand tonton Gaëtan m’a dit que c’est elle la maman de quatre grands garçons comme ça, dit-elle ce qui m’amuse

— C’est vrai qu’en dehors de quelques rides aujourd’hui, Mireille a gardé sa forme. Je suis curieux, comment tu es liée à tonton Gaëtan ?

— Je suis la fille de sa sœur Modestine

Je sens mon visage se recouvrir d’une ombre à cette révélation innocente. Le sourire qui paraissait familier. Le pourquoi je trouvais certains de ses gestes intrigants. Pourtant elle s’exprime nettement mieux en français que Bijou.

— Ah je ne connais pas, dis-je sur un ton léger, pour observer sa réaction

— On vivait au village c’est normal, répond-elle sur un ton qui me fait penser qu’elle n’a aucune idée de qui je suis. Peut-être, s’attendait-elle à un Martin sur ses pieds ? Ou elle n’a jamais entendu mon nom ? Je suis perdu.

— Pour quelqu’un qui a vécu au village, tu parles bien français. Tu comptes y retourner après ton temps ici ?

— Kaye non hein, qui a vu la ville et voudra repartir là-bas ? Y’a rien là-bas pour moi. Même si je parle bien, j’ai pas fini la troisième. En plus ma maman, mon fils et mes sœurs sont à Lomé maintenant

— Ah bon ? fais-je un peu craintif. Tu dois être contente

— Oui, j’ai hâte que madame accepte enfin de me donner un petit congé pour que j’aille les voir

— Je peux t’aider pour ça, tu sais

— Comment ça ?

— Vu que Madame sort souvent et fait des journées complètes dehors, tu peux aller les voir

— Yeee non oh patron, c’est trop risqué, tu ne vois pas comment madame casse les assiettes quand elle se fâche ?

— Si tu comptes sur Mireille pour un congé, tu ne l’auras qu’à ma mort

— Mais elle a dit que lorsque tu vas commencer à marcher….

— Ouvre les yeux, je ne vais jamais remarcher normalement. Et si ça devait arriver, ça ne sera pas avant dix ans

— DIX ANS ? s’écrie-t-elle

— Un long coma laisse des séquelles, dis-je honnêtement. Contrairement à Mireille, elle sait que j’arrive enfin à utiliser mes béquilles mais je ne suis pas dupe, et ça ne me sert à rien de la tromper J’ai besoin d’elle de mon côté pour le moment. Remarcher pour moi relèvera de l’ordre d’un vrai miracle, et vu la quantité de conneries que j’ai faites sur terre, je doute être le bon candidat pour ça

— Tu pourras vraiment m’aider ? hésite-t-elle

— Considère que c’est le retour pour les fois où tu l’as fait pour moi. Tu peux déjà prévenir ta mère et je vais demander à mon fils de se rendre disponible pour toi

— Non tonton tu vas marcher avant dix ans ! c’est moi Jeanne qui te dit, s’excite-t-elle avec joie tout en tapant fort sur sa poitrine

***George Sani***

Cette succession de va-et-vient commence à empiéter sur mon travail mais papa ne veut rien entendre concernant son divorce. Il veut absolument attendre un an pour empêcher sa femme de recevoir un rond sous forme de pension vu que son dernier fils sera majeur bientôt. Hier soir il m’a demandé de libérer une journée dans mon emploi du temps, de préférences dans trois jours, parce qu’il a besoin de moi et maman. Aider ma famille ne me dérange pas, mais j’ai un emploi aussi où je dois assurer. Mais quand tu le dis à maman, elle te caresse seulement la main et te demande de tenir encore un peu, que papa n’a personne de confiance sinon nous, ainsi de suite.

En tout cas, maman reprend des couleurs depuis que leurs rencontres sont régulières. Elle s’est sapée aujourd’hui, le jour de leur rendez-vous comme si nous allions rencontrer une personnalité. Et les yeux de papa étaient remplis d’envie quand elle est descendue de ma voiture.

— Tu es si belle ma chérie, j’aurais pu t’emmener en balade, dit-il avec une légère pointe de mélancolie

— Je me suis fait belle pour toi Martin, tant que tu me vois c’est l’essentiel, la balade on la fera au moment voulu. Rien ne presse, elle lui répond tendrement tout en frottant son épaule qu’il serre avec un regard rempli d’espoir

— Attends-moi à l’intérieur, j’ai besoin de parler seul à seul avec George

— L’intérieur ? nous disons de concert. Papa ce n’est pas judicieux, c’est la maison de ta femme

— Elle est absente et ne rentre qu’en fin d’après-midi généralement

— Quand même Martin c’est risqué. Je ne veux pas…

— Faites-moi confiance. En dehors de Jeanne, il n’y a personne actuellement et jamais je n’oserai prendre des risques maintenant

Maman me lance un regard hésitant mais finit par obtempérer, me laissant seul avec papa.

— Qu’est-ce que tu attends de moi ?

— Je veux que tu conduises Jeanne chez sa mère et tu la ramènes d’ici deux à trois heures

— Sa mère ? C’est quoi le plan ?

— Elle a un fils qu’elle veut voir. En plus nous n’aurions pas avancé jusqu’à ce niveau sans cette fille. C’est le moment de la récompenser un peu. En plus, elle m’a révélé être la sœur de Bijou, l’ancienne bonne

— Non ! je ne peux m’empêcher de crier

— Si, et c’est pour aussi pour savoir si elle habite que tu dois l’y emmener, tout en restant discret bien sûr. Bijou et moi devons parler. Nous avons des choses à régler

— Ça marche. J’ai décidé de me rendre à Cotonou ce week-end pour la recherche de votre logement. Je pense que c’est plus sage pour vous d’y résider lorsque tu sortiras d’ici

— Tu n’as pas tort. Dommage que ça soit ce week-end, j’aurais aimé voir mes petites-filles. Ta femme ne peut pas me les emmener ?

— Évite-toi ça. Déjà elle ignore que tu as une autre famille, mais en plus ça ne m’étonnerait pas qu’elle se mette à te visiter régulièrement juste parce que tu vis à la Caisse, et grille notre plan

— Bon c’est toi qui la connais, donc si tu le dis. Je vais prévenir Jeanne, assure-toi de ne pas revenir avant trois heures au moins, j’ai besoin de temps avec ta mère, dit-il en retournant à l’intérieur aidé de ses béquilles

Des images dégoutantes des deux s’entrechoquent dans mon esprit sur le champ. Il va vraiment niquer ma mère dans la maison où il réside avec sa femme ? Bref, je suis en voiture quelques minutes plus tard, avec Jeanne à mes côtés. Pourquoi la ressemblance ne m’a pas sauté aux yeux plus tôt ? OK, elle est très faible, mais présente maintenant que je le sais. Ou je me fais des idées ?

— J’aime le parfum de ta voiture, elle me dit timidement

— Merci. Alors tu es contente de voir ta famille ?

— Énormément. Merci encore de me dépanner, dit-elle sur ce ton qui frise le flirt

Mon regard dévie de la route un instant pour admirer sa silhouette à mes côtés. Formes généreuses, quoique moins comparées à sa sœur. Mais elle a piqué mon intérêt depuis que papa nous a introduit l’un à l’autre. Je n’arrive pas à identifier spécifiquement ce qui m’attire sur elle. Peut-être le fait qu’elle arrive à berner sa patronne et remplacer tonton Gaëtan dans notre configuration. À ce stade, je pense que j’ai un faible pour les femmes manipulatrices. Bien que Yasmine m’énerve avec sa fainéantise dès qu’il s’agit de chercher un emploi, j’admets que dans le temps, son côté rebelle, « j’ai mes propres règles », m’a accroché au point d’oublier Marianne. Je retrouve un peu de ce côté entreprenant en Jeanne.

— Ça te dirait qu’on se prenne un truc rapide avant d’aller chez ta famille ? Papa m’a dit que tu avais un garçon. Il aimerait un biscuit

— OK, mais un qui ne coûte pas trop cher ?

— Parce que tu penses que je vais te laisser payer ? Je suis un vrai homme s’il te plaît, ne m’offense pas

— Ce n’était pas mon intention, réplique-t-elle suavement

Je sais ce que papa a dit, mais il va m’excuser. Il n’est pas le seul fatigué de sa femme et Jeanne me semble être une potentielle remplaçante pour Yasmine.

***Mireille Sani***

Sortir avec des plus jeunes n’est pas de tout repos. Je pense bien qu’après cette journée, je vais prendre une longue pause. Mon âge essaie de me rattraper dernièrement. Le groupe avec lequel je marche, a prévu un piquenique aujourd’hui donc nous nous arrêtons au Champion sur le boulevard du 13 Janvier.

Nous entrons dans l’allée des produits laitiers quand mon regard tombe sur Jeanne de profil, ainsi qu’un homme qui lui montre différents paquets.

— George ? Regarde-moi le salopard, Yasmine à mes côtés dit avec véhémence avant de rebrousser chemin

J’hésite mais choisis finalement de suivre Yasmine plutôt que d’accoster Jeanne. Je dois savoir comment elle rencontre les hommes alors qu’elle est supposée garder mon mari à la maison. C’est dehors que je retrouve Yasmine et elle fulmine.

— Oh je vais lui faire sa fête ce soir. C’est lui qui se plaint de ne pas avoir d’argent hein Joséphine. Dès que tu lui mentionnes une facture, il commence à râler mais il emmène les filles faire les courses au lieu de travailler pour nourrir sa famille

Joséphine c’est le prénom que je lui ai donné. Je ne suis pas conne non plus. Lomé paraît grand mais peut devenir petit et même si je suis fidèle, je ne veux pas risquer des commérages donc je me suis donné une autre identité.

— Ce n’est pas mieux de le confronter dans ce cas ? Parce que les hommes sont réputés pour mentir si tu les abordes sans preuve après

— Confronter parce que je vais gagner quoi dedans sinon une potentielle honte ? Pardon allons-y. Il va voir ce qu’il paiera comme factures les mois à venir, je ne blague pas un peu avec lui

Je veux lui pointer que si son mari dépense davantage en factures, c’est techniquement moins d’argent pour elle, vu qu’elle vient de le traiter de râleur. Mais j’ai découvert avec elle et la déception nommée Joshua que les jeunes actuels réagissent beaucoup avec les émotions avant d’engager leurs cervelles. Je garde en tête qu’il me faut vérifier ce qui se passe dans ma maison et le pourquoi Jeanne s’autorise de telles libertés.

***Garcelle Ekim***

Les choses n’ont pas évolué bien qu’on soit de retour à Lille. Au contraire, Thierry s’est transformé en vrai Mr grincheux. Pour un oui, il me répond avec agressivité ou s’enferme dans notre petit bureau devant son PC au nom du travail. Quand je me plains d’être délaissée, il me demande si j’ai fini de regarder les offres d’emploi. C’est tellement saoulant mais toutes les fois où je veux péter une crise, je me souviens que papa compte aussi sur moi. Il ne s’agit plus uniquement de ma relation. L’avenir de la famille repose en partie sur mes épaules.

— Tu dis qu’il y’a quoi à Marseille déjà ? me demande-t-il après que je lui ai fait part de mon prochain déplacement

— N’est-ce pas toi qui m’as dit de me chercher un emploi ? Enfin une compagnie chez qui je postule me fait signe pour une entrevue et tu es incapable de te réjouir pour moi. Je sais que tu vis des choses troublantes mais j’existe aussi, tu sais ! l’accusai-je avant de le quitter sans attendre sa réponse

Sans tarder il me rejoint dans la chambre, s’excuse de son attitude pénible et me prend dans ses bras tout en me félicitant

— Pourquoi ils ont besoin que tu viennes jusqu’à Marseille ? Ils ne connaissent pas Teams, Zoom ou Skype à la rigueur ?

 — Qu’est-ce que j’en sais bébé, c’est une petite boîte en plus, je suppose donc qu’ils ne sont pas à la pointe de la technologie

— Et c’est une compagnie de quoi ?

— Une ligne qui fait de l’emballage avec du verre recyclé. Si je suis prise, je serais intégrée dans l’équipe de distribution

— Et tu devras emménager à Marseille, je suppose, ou ils ont un bureau ailleurs ?

— C’est à Marseille mais ne t’en fais pas, ils avaient mentionné dans l’offre d’emploi que je pourrais faire du télétravail de temps en temps

— Je ne m’inquiète pas Lance-toi seulement, on va s’arranger pour le reste

La culpabilité veut pointer son nez mais je l’éteins rapidement et l’embrasse avec douceur. Je mens certes mais c’est pour une bonne cause. Je découvre Marseille quatre jours plus tard et j’ai carrément l’impression de me retrouver dans « plus belle la vie » quand j’entends certains parler. La terrasse du panier, c’est le lieu de rencontre sur lequel Ida et moi nous sommes entendues donc je quitte mon petit motel bien à l’avance pour ne pas perdre le temps. Vu que j’ai pris une table dehors, je l’ai vu arriver. Ou dois-je dire entendu, un peu comme le reste des clients. En tout cas, on l’a tous remarqué, arriver au volant de cette Ford Mustang décapotable rose bonbon. Une des années 60, j’en suis sûr. Et si je le sais, c’est grâce à Deno qui peut mourir pour ses choses qui en général coûtent un pécuuuleeeee. Nous suivons tous la scène comme le film ici oh. J’entends d’ailleurs des commentaires appréciatifs derrière moi. Elle descend, et j’ai l’impression d’être dans un remake de Barbie. Sauf que celle-ci est noire, avec des courbes généreuses recouvertes par une longue robe moulante aux épaules dénudées, foulard élégamment noué à la tête, et lorsqu’elle est proche de moi, je remarque que son mini sac en osier est assorti à ses sandales. Ce côté uniforme chic me ramène dans le passé, quand la fan numéro un de Blair que j’étais, essayait de reproduire ses différents styles. Voilà ce qu’on appelle une femme, pas les autres là qui portent les jeans pour se pointer à la mairie et ne peuvent pas donner plus de 200 euros à leurs demoiselles d’honneur.

— Je m’excuse, j’ai pris un peu de retard en déposant mon frère, elle me dit

— Il n’y a aucun problème, je n’ai pas beaucoup attendu ? On dit quoi ? je demande au lieu de lui faire un compliment. J’évite en général entre meufs. Tu dis un petit truc et les gens se prennent facilement la grosse tête. Même si j’admire le tableau que sa vie est, il est hors de question qu’elle me croit fan d’elle. Déjà que j’ai dû lui expliquer le pourquoi je me suis fait passer pour la maman de Lulu. Pas que je le vois littéralement ainsi. C’est ce qu’elle m’a demandé quand je lui ai envoyé une photo de moi avant qu’on se rencontre, histoire qu’on ne se cherche pas en vain. J’ai dû lui expliquer que son frère m’avait fait un gosse dans le dos mais je lui ai pardonné, raison pour laquelle Vita se joint de temps en temps à nous. Les révélations ont augmenté mon capital sympathie si je me fie à sa réaction après mais je ne veux pas être prise en pitié non plus. Le manque de respect découle vite de là.

— Comment va-t-il ? s’enquiert-elle une fois nos commandes placées

— Je ne vais pas te mentir, il rejette l’idée d’une autre famille

— Tu penses qu’il accepterait ? Avec une preuve irréfutable comme un test ADN par exemple ?

— Je ne pense pas qu’il accepterait de se rendre jusque là

— Mais c’est fou quand même, dit-elle la voix enrouée. Mes parents ont passé des années à le chercher, sans pouvoir se projeter dans la vie. Nous ne voulons rien d’autre sinon renouer avec lui. Qu’est-ce qu’on demande d’exagéré ?

— C’est sa mère en réalité, osai-je. Je ne sais même pas sur quoi je me lance là, mais c’est la seule option qui me vient sur le coup. Sa mère est très attachée à lui et il a l’impression qu’il la trahira s’il vous voit

— C’est ma mère sa mère ! elle crie si brusquement que la serveuse sursaute avec nos verres de cocktails. Oh je suis désolée, se reprend-elle rapidement et essaie de venir en aide à la serveuse qui lui dit que ce n’est pas grave. Oui c’est bien la sœur de Thierry. Ils aiment exploser sans prévenir.

— Je suis d’accord avec toi ma belle, mais comme j’ai expliqué, c’est sa mère le problème. Tu vois, elle lui a d’abord menti sur ses origines. Il ne se savait pas adopté donc primo il vit un grand choc. Deuxio elle lui a révélé qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants parce qu’elle a été une pute donc c’est comme s’il la rejette, elle n’aura plus rien

— Comme c’est amusant, ironise-t-elle. Parce qu’elle ne peut pas en avoir, elle décide de voler les enfants des gens. C’est en prison qu’elle devrait être

— Tu ne connais pas les putes ? Elles sont comme ça, égoïstes jusqu’à la fin. Et tiens-toi bien, la femme je l’ai connu comme une fervente chrétienne. Et c’est aussi son mari qui est mort d’empoisonnement. Je commence à me demander maintenant si ce n’est pas votre karma qui les a frappés

— Je laisserai Allah se prononcer sur son sort. Il a fait preuve de miséricorde envers nous en transformant une situation triste comme l’issue du mariage d’Elikem en dénouement heureux pour nous au moins. Je ne vais pas condamner cette dame même si j’en meurs d’envie. Tant qu’on récupère Laith, je serais soulagée et la justice divine s’occupera d’elle

— Ah j’ignorais que tu étais musulmane

— Nous le sommes, mon nom de famille c’est Adamou

— D’accord, notai-je mentalement. Avant d’oublier, dis-je en sortant le ziploc contentant la brosse à dents de Thierry

— Merci, vraiment, merci infiniment pour ton aide, réplique-t-elle chaleureusement

— Je t’en prie. Tiens-moi au courant une fois les résultats obtenus et d’ici là, je vais continuer à amadouer Thierry

Elle me demande si elle peut me faire un câlin et dès que j’approuve, elle m’enlace contre son corps bien moelleux et qui sent hyper bon et hyper délicat à la fois. Le glamour total quoi. Non seulement elle refuse que je règle la facture mais en plus, elle donne un pourboire choquant à la serveuse si je m’en tiens à la façon dont la fille lui flashe les dents après le paiement. Et pour finir, elle me fait faire un tour en décapotable ainsi qu’un petit tour rapide de quelques coins de Marseille avant de me laisser à mon hôtel. Je décline son offre de m’introduire à ses parents en revanche. Ils étaient présents quand j’ai dit à l’autre femme de se chercher elle-même sa boisson. Et ça ne m’aidera en rien de les rencontrer maintenant. Ils ne sont même pas au courant pour l’existence de leur fils comme Ida me l’avait dit, et si elle devait m’introduire, ce serait comme amie. C’est clair, qu’ils aimeront davantage l’amie, et copine de leur fils qui a grandement travaillé pour leurs retrouvailles que Garcie, juste une potesse de leur fille.

Papa n’avait vraiment pas tort. Je dois apprendre à me contenir parce qu’Ida aurait été présente au dîner que probablement je n’aurais pas eu la chance actuelle. Mais Marseille je reviendrai assurément, et très bientôt.

***Bijou/Maria Ekoue***

Fabien m’a prévenu en début de semaine que son grand frère serait parmi nous durant le week-end donc j’ai passé différentes commandes chez les amies vendeuses que je me suis faites au marché. Du poisson fumé et quelques parties de dindon, que je note sur une liste, avec les prix que j’ai négocié, ainsi que le montant donné comme avance déjà. La liste est pour Fabien, car il n’a pas une bonne mémoire. Dans le passé, il lui était arrivé de se tromper et nous avions eu des petites mésententes donc c’est la méthode que j’ai trouvée pour nous éviter ça.

Je finis de nettoyer le frigo que j’avais débranché la veille avant d’aller me coucher puis sors pour commencer le lavage des légumes. Je ne pensais pas que vendre la salade était une activité rentable mais j’en ai fait l’expérience grâce à une dame dont les enfants m’achetaient régulièrement les petits biscuits que je vendais devant la maison quand je suis arrivée à Lomé. Cette dame était elle-même vendeuse de pains au marché et m’a convaincue de la joindre au marché pour augmenter mes recettes. Je me suis naturellement convertie vers la vente de crudités en voyant l’intérêt des gens pour le pain, quelle que soit l’heure. La dame me vend le pain ; je vends à ses clients de quoi remplir leurs pains. Et de temps en temps, je montre les bijoux que j’ai déjà fait aux clientes qui viennent se faire tresser non loin de mon étalage. Quand je dis rentable, je veux dire que ça me permet de payer moi-même le nécessaire pour mon commerce, le taxi les fois où je suis trop fatiguée pour marcher de la maison au marché, les perles pour mes bijoux, puis un peu de crédit depuis que j’ai un téléphone. J’aime bien ma vie actuellement même s’il m’arrive de penser à mes sœurs au village. C’est pour me donner la chance d’aller les chercher que je me suis finalement laissée convaincre quand Fabien m’a proposé de le suivre à Lomé.

Fabien rentre vers 19 heures comme d’habitude mais il a l’air content ce soir. Je lui prends son sac, contente de voir sa joie et curieuse aussi d’en connaître la raison.

— C’est comment ici ? Tu ne t’es pas trop ennuyée aujourd’hui ?  

— Pas du tout, j’avais beaucoup à faire. On fête quoi ?

— Hum, il fait gaiement, on fête grand ma chère. Le maître de chantier s’est décidé à nous payer

— Oueeeyeee, je pousse un cri de joie, enfin !

— Tu peux le dire enfin ! un cafard comme ça, il s’était assis sur l’argent des gens et nous mentait que le client ne l’avait pas payé. Allons à l’intérieur, je te raconte

— Pourquoi les gens là font comme ça, dis-je sidérée après ses révélations

— Tu ne connais pas le comportement du pauvre ? Dans sa tête il croyait avoir trop souffert donc c’est sur nous il devait manger pour s’en sortir. Nous sommes tombés sur lui en groupe ce matin, il a compris qu’on ne joue pas avec homme affamé

— Nous sommes pauvres aussi mais on ne vole personne

— Pauuvreee ? Tu as vu qui ici dans cette catégorie ? Je suis un riche en devenir et ton nom est bijou. Tu ne peux jamais être pauvre même si tu le voulais, il me répond et je ris

— OK Mr riche. Au moins tu te souviens que je m’appelle Bijou parce qu’à un moment, je pensais que tu avais oublié

— Je n’ai pas oublié. Je n’aime juste pas le prénom là

— Mais tu m’as dit que c’est plus joli que Maria, répliquai-je déroutée

— Est-ce que c’est un mensonge ? Le prénom est joli mais il me rappelle celui d’une petite voleuse

— Ho, c’est quoi l’histoire ?

— Pardon laissons ça. Prends ceci, il dit et me présente vingt mille francs. Il faut me préparer les bonnes choses que tu connais là. C’est la première fois que je vais recevoir mon grand frère depuis qu’il a quitté le pays. Je veux qu’il mange proprement

— D’accord, prend cette liste, dis-je en la lui remettant. J’ai noté ce que j’ai déjà commandé. Il y’a quelque chose qu’il aime ?

— C’est un gros bouffeur de viande. Il faut bien doser là-bas

— Comme toi, je dis amusée. Et il va faire combien de temps avec nous ?

— Je ne sais pas encore. Il ne m’a pas donné son programme

— OK, je demandais en fait pour pouvoir te dire si l’argent allait suffire

— Tu as raison hein, je n’y avais pas pensé. Je vais lui demander et te dire. Mais prend ceci, il me rajoute cinq mille. Tu arranges ta tête avec ça

– Ma tête n’est pas bien ? je demande soucieuse tout en touchant mes tresses

— Ah toi aussi, tu as la même chose depuis ton arrivée ici. Les filles à l’étranger varient oh. La concurrence ne sera pas faible

– Comment tu sais qu’elles varient si tu n’es jamais allé là-bas ? je l’interroge tout en le regardant de travers

— Je ne regarde pas la télé comme toi ?

— Donc quand tu regardes télé c’est sur femme que tes yeux s’arrêtent ?

— Mais femme n’est pas dans la télé ? C’est quel faux palabre tu veux créer ce soir quand on m’a payé ?

— Je vais arranger, murmurai-je un peu mécontente. Je n’aime pas quand il me sort l’histoire de l’étranger et son frère mais il n’arrête pas aussi

J’enroule les billets qu’il m’a donnés dans un bout de mon pagne et vais lui réchauffer sa sauce pendant qu’il entre dans sa chambre pour se changer.

***Fabien Tountian***

Histoire de femme, on ne comprend jamais quand ça commence. J’ai seulement proposé qu’elle change sa tête pour son propre bien, madame dit qu’elle est fâchée, au point qu’elle a refusé de venir regarder la télé avec moi quand je lui ai annoncé qu’on refait un film qu’elle avait raté. En tout cas, j’en ai profité pour mettre une émission plus intéressante.

L’argent ce n’est pas la santé mais quand il est plein dans ta poche, tes poumons se sentent plus dégagés. Je parle en tant que connaisseur. Quand je comptais mes pièces, fallait voir mon visage. Parfois on aurait cru quelqu’un en crise d’asthme. Depuis que j’ai quelques billets, je fredonne les chants que j’avais appris au primaire à Vogan. Parlant de primaire, je me fais beau pour aller rencontrer une ancienne camarade d’école que j’ai retrouvée récemment. En général je me mets activement à la recherche de travail avant même qu’un chantier prenne fin mais tout le monde a droit à un petit congé. Et quoi de plus idéal que de le passer en charmante compagnie.

Je récupère la fille à l’endroit indiqué et nous emmène dans un petit maquis sympa. Elle a mis ses atouts en valeur et il faut dire que je n’ai pas eu d’action physique depuis un moment donc mes yeux ne faisaient que la boire comme le grand fanta qu’elle-même descendait à la vitesse de l’éclair.

 – C’est quoi le programme maintenant ? elle me demande une fois nos plats vidés

— J’ai senti qu’il allait pleuvoir bientôt quand arrivait ici donc autant rentrer

— Oh rentrer ? fait-elle déçue

— Ce n’est pas le moment de se faire corriger par la pluie et se prendre une grippe au passage hein, lui rappelai-je. Pluie ou pas, l’essentiel c’est qu’on arrive vite à la maison pour que je la sorte de ses vêtements

— OK mais on se reverra quand dans ce cas ? Parce que si je rentre maintenant le mari de ma grande sœur sera devant sa porte, prêt à me donner les corvées

— Tu ne m’avais pas dit que tu étais venue à Lomé pour aider ta sœur avec les enfants parce que son mari était en voyage ? 

— Oui mais il a décidé de rentrer plus tôt. Peut-être, on peut aller dans un hôtel ? elle propose timidement

Cette fille veut me blaguer je le sens. Mais si je la laisse, c’est mon essence que j’aurais gaspillée, sans compter sur la bouffe que je viens de nous payer. J’évalue rapidement la situation. En général je n’emmenais pas de filles chez moi pour ne pas faire croire à Hilda qu’elle avait tout à coup le droit d’emmener aussi des garçons. Mais une exception peut être tolérée ou bien ? Celle-ci est de passage à Lomé et puis coagulation risque de tuer l’homme si je ne me libère pas bientôt.

— Chez moi c’est mieux, on sera plus à l’aise

— Dépêchons-nous donc, dit-elle sur un ton qui laissait entendre qu’elle partageait mon impatience

Et pour me prouver qu’elle la partageait réellement, c’est elle qui s’est jetée en premier sur moi dès notre arrivée à la maison. Sa main me massait fiévreusement le paquet tandis que nous alternions entre rires et baisers. Je l’ai dévêtu et goûté à ses seins comme un voleur qui savourait la viande volée dans la sauce. Sans perdre une seconde, je sors la capote et l’enroule autour de ma verge avant de mettre un doigt dans la fente de la fille pour y jouer un peu, puis je remplace la petite tige par le gros jouet.

— esshhh fais-moi bien ça, elle me crie et griffe mes fesses au premier coup que je lui donne

Je mets tellement mes reins au travail que la sueur glisse doucement vers mes yeux sans tarder. Elle serre mon cou comme si nous étions en palabre mais je ne regarde pas ça.

— Ecarte grandement coco, je lui dis dans un souffle haché

— Attend, elle dit et resserre plutôt ses cuisses, on dirait que quelqu’un a frappé hein, tu attends de la visite ?

— Laisse-moi les distractions et écarte bien, je dis et roule des reins pour que ma verge touche bien ses terminaisons nerveuses

Le résultat est immédiat. Ses jambes tombent faiblement, me permettant de la réarranger dans une bonne position et la pinailler jusqu’à ce que j’entende le bruit d’une porte, la mienne. Je sursaute. Bijou crie. La fille sur le lit aussi tout en essayant de me cacher. Je me lève prestement près à gronder Bijou et ce sont des choses qu’on me lance dessus

— Mauvais ! méchant ! espèce de diable ! elle me hurle dessus tout en continuant à jeter Dieu sait quoi sur mon pauvre corps

— Pardon madame oh, il ne m’avait pas dit qu’il était marié, la fille pleure sur mon lit

— Bijou tu vas te calmer sur le champ ! je la gronde et parviens à tenir un de ses bras

— Il faut vite sortir, elle crie à la fille

— C’est comment ? On a chié dans ton cerveau ? je lui hurle dessus en colère. Qui t’a dit d’entrer dans ma chambre ? Ah non non ! je la rattrape quand elle essaie de me tourner le dos pour s’en aller. Un bruit soudain attire mon attention. C’est le dos de la fille que je vois hors de ma chambre à la course, ses effets en main. Ma colère se transforme en rage. Je pousse Bijou contre l’armoire et avant que j’aie le temps de la questionner droit dans les yeux, je me fais violemment broyer les couilles encore pleines par elle. La douleur est si vive que je pousse un cri d’animal blessé et me recroqueville sur le sol, pendant que les étoiles dansent sous mes yeux.

***

Peut-être je suis actuellement stérile et au lieu de s’en inquiéter, Eben ne fait que rire au point d’être pris d’une quinte de toux. Il est à son troisième jour parmi nous depuis son retour. C’est à son arrivée que la briseuse de boules s’est décidée à m’adresser la parole. Et ce uniquement lorsqu’elle doit me poser des questions reliées à mon frère, sinon elle est dans sa chambre ou marché. C’est aujourd’hui après son départ que mon frère m’a posé des questions concernant son attitude et je lui ai relaté l’histoire.

— Vois le bon côté des choses. Vu qu’elle a brisé le matériel, l’envie ne te gênera plus et tu pourras garder ton argent en poche au lieu d’inviter les filles à manger

— Pfff, c’est ta bouche qu’elle a brisée. Je dis bien ta bouche. Je banderai, n’en plaise à mes détracteurs

— Tu es un bon malade Fabio, il rigole. N’oublie pas de lui demander la permission avant de ramener une autre hein, parce que je veux quand même des neveux et nièces

— presse-toi pour partir avec elle au lieu de te moquer

— Partir ? Que je l’emmène où quand la meuf affiche sa jalousie pour toi en plein jour comme ça ?

— jalousie ? répétai-je perdu

— Tu penses qu’elle est tombée sur toi parce qu’elle voulait se défouler ou bien ? c’est la jalousie mon frère

— Jalousie de quoi ? Je ne lui ai pas dit que je voulais l’épouser

— Est-ce que la jalousie est rationnelle ? Peut-être qu’elle a développé des sentiments pour toi et comme vous vivez ensemble, elle a cru que…

— dis-lui de ne pas croire hein ! je l’interromps

— Tu es con hein, il se marre. Est-ce qu’elle ici avec nous pour que je lui dise ?

— Ce n’est pas mon problème. À son retour, tu la prends pour lui expliquer que c’est toi son mari. D’ailleurs ma petite pine va passer par où pour entrer dans ses grosses fesses ?

— LOL Fabien quand je dis que tu es bête. Petite pine ce n’est pas pine quand même ?

— Mais il faut une certaine longueur pour fendre la graisse et entrer dans une distance assez respectable du toto de la go sinon c’est pour qu’elle aille rire de toi après que tu ne sais rien faire au lit. Pourquoi tu penses que je ne prends que go mince ? C’est là-bas que mon bras s’arrête

— Tu penses que les hommes à petite pine qui sont amoureux des dodues font comment ? Ils démissionnent ?

— Elles ont des pompiers en douce. On connaît les choses là, faut laisser

— Tu es fou. Si c’est la quantité de graisse le problème, abandonne le lit pour un bon fauteuil. La meuf se met en levrette dessus mais dépose ses bras sur la tête du sofa, pendant que tu restes debout. Mais tu te trouves un à une hauteur respectable pour ne pas avoir à trop fléchir non plus hein

— Et en quoi le sofa change la taille de ma queue ?

— Si elle est dessus, jambes écartées, ton chemin est presque libéré non ? En plus le fait qu’elle ait ses bras sur la tête du sofa, l’aidera à ne pas se fatiguer et tu pourras entrer en profondeur. Pareil si tu veux la prendre en missionnaire. Elle reste dans le sofa, pose ses deux jambes sur les accoudoirs. Automatiquement ses fesses seront au bord. Cette fois tu te mets à genou sur un tapis de préférence et tu as quartier libre pour aller aussi loin que tu veux. Si tu tiens à utiliser le lit quelques fois, il vaut mieux qu’elle soit en haut mais tu la fais se pencher vers ton torse. Puis tu te mets un coussin sous les fesses pour te donner un meilleur angle et tu fais le rentre-dedans au lieu qu’elle te chevauche

— Heyyy, je crie main sur la bouche. Donc quand on te croit sérieux et concentré sur le travail là-bas, c’est ce que tu fais

— Lol quand je dis que tu es un vrai con. Je te rappelle que je vais célébrer 31 ans bientôt

— et je mentais à la petite que son mari viendra la chercher pour l’étranger bientôt

— tu ne lui as techniquement pas menti, vu que son mari est venu la chercher du village pour Lomé et qui sait, peut-être tu iras toi-même chez les blancs

— non merci, Lomé me va parfaitement tant que je trouve du travail

— Vu que tu parles de travail, j’ai décidé un peu à la dernière minute de rentrer. Une amie m’avait sollicitée pour une affaire de vol de terrain sur laquelle je travaillais à distance depuis un moment, et je suis là pour récupérer le titre foncier de mon terrain aussi

– Nonnn tu as acheté terrain ? m’écriai-je de joie

– Aie pitié des voisins toi aussi, il plaisante

— Yooo tu mérites une bière froide petit ! Attends je vais nous en chercher

– Il est dix heures Fabien

— Faut laisser, c’est son chaud on fête, je dis enjoué et pars nous chercher de la bonne Heineken dans le frigo. Mais en sortant de cuisine, je tombe sur deux bouteilles de vin que je ramène également avec moi.

— Tu sais que je ne bois pas le vin mais tu t’es fatigué pour emmener ça ici ?

— Je ne les ai pas apportés

— Ah bon ? Je ne les ai pas achetés non plus, tu sais que je ne bois pas de vin. Bref tu veux quoi ?

— Envoie la bière, on attendra Maria pour boire le vin ensemble

Nous descendons les deux bières pendant qu’il me raconte comment il en est arrivé à devenir propriétaire. Il m’apprend que c’est son ami Bruce qui avait eu vent de l’offre et n’ayant pas la somme nécessaire, les deux se sont joints pour acheter ce qui représentait un lot de terrain. Mais un beau jour, le gouvernement a décidé qu’il voulait construire des routes et leur parcelle entrait dans leur plan. C’est dans cette aventure qu’il s’est développé un intérêt pour le droit immobilier et décidé de se convertir dans ce domaine. Et c’est après six ans de litige que le gouvernement a décidé d’exonérer les concernés dans l’affaire de la construction de routes. On leur a donc donné à lui et son ami un terrain dans une zone certes reculée mais vu le temps que ça a pris, celui-ci a une valeur monétaire plus grande que ce qu’ils avaient payé à l’époque. Son ami ne voulant pas vivre en zone reculée a décidé de lui céder sa part et ils se sont convenu sur un plan de paiement. Résultat, mon frère se retrouve propriétaire, sur le papier du moins, d’un lot et demi que j’admire actuellement avec fierté.

— Ne t’en fais pas pour le quartier hein, les endroits se remplissent vite à Lomé. En plus tu auras les oreilles tranquilles d’ici que les églises et bars commencent à débarquer en pagaille  

— Je te dis lol. Ce dont j’ai besoin c’est que tu me trouves au plus vite un maçon pour qu’on débute la clôture avant mon départ. C’est vrai que le terrain m’a été donné par l’état mais dans ce pays, tout peut se transformer en entourloupe

— Non ce qu’il te faut avant le maçon c’est un architecte

— Ha ? J’en ai besoin au début déjà ? Je ne prévois pas rentrer avant trois ans hein. En plus je n’ai aucune idée de ce que je veux faire avec ce terrain pour le moment. Est-ce que je vais vivre ici ou plutôt en faire un magasin pour le louer ?

— Raison de plus pour voir un architecte au plus tôt. C’est vrai qu’ils peuvent coûter cher mais au moins ils sont capables de ramasser tes idées confuses et d’en sortir un plan concret. Alors que peu de maçons ont en tête une idée du produit fini quand ils construisent. C’est pour que l’eau infiltre les murs, et crée des cloques sur la peinture après, ou des auréoles sur le plafond. Le mois passé, il y’a même un client impoli là qui s’est mis à me gueuler dessus que pourquoi je n’ai pas fait passer les câbles de sa clim dans la terre mah. Et il refusait de payer en plus le restant de mon salaire hein, sous prétexte que j’ai fait des trous dans le mur de la chambre de sa fille. Or l’installation d’origine de la maison ne me permettait pas de faire passer des câbles souterrains pour une clim. 70 % du travail que je fais c’est du rafistolage des systèmes d’électricité mal pensés ou de clients qui rêvent en couleur alors qu’ils vivent dans des maisons blanc noir, donc évite-toi des maux de tête s’il te plaît

— Le chef électricien, tu as fini avec, il rigole

— Chacun son domaine ou bien, je lui réponds avec humour

Nous rentrons après un énième petit tour du terrain. Bijou est déjà rentrée à notre arrivée. Le riz sénégalais que l’invité voulait manger était déjà sur le feu donc nous n’avons pas traîné avant de nous mettre à table. J’ai quand même eu ma pâte de maïs en renforcement sur le riz, bien que l’entente n’était pas de retour entre nous. Eben a toutefois réussi à délier un peu sa langue, nous permettant de passer une soirée agréable.

— Je pense aller au village demain, m’annonce mon frère quand nous regagnons le lit

— Déjà ? Tu veux avancer ton départ ou quoi ?

— Du tout. Comme j’ai un peu de travail à faire à Lomé, je me dis autant aller voir les autres au village et me concentrer sur mes activités professionnelles quand je reviens

— Ouais c’est pas faux. Tu auras besoin de moi pour y aller ou je peux rester ?

— Est-ce que je suis un enfant ? Reste et pense à te réconcilier avec ta femme

— Au lieu de me dire de te chercher un bon architecte

— Lol ne change pas le sujet, j’ai déjà une idée de qui je vais choisir comme architecte. Concentre-toi sur ta petite, parce que j’ai vu qu’elle te jetait des coups d’œil à la dérobée quand tu avais les yeux ailleurs. Tu lui manques

— C’est pour après dire que le con de la famille c’est moi, je rigole

— Je vais rester au village jusqu’au lundi prochain. Si je rentre et qu’elle n’est pas accrochée à ton cou, tu vas te prendre mon pied aux fesses

— Donc on me brise les couilles et toi c’est derrière que tu veux casser ? Je vous ai fait quoi ?

— Tu as mis ta pine ailleurs

— C’est votre pine ? D’ailleurs comment quelqu’un qui en a une longue comme toi, connaît les positions que les petites doivent adopter ?

— Dans le temps, c’est « grand frère pardon » que les gens disaient avant de parler à leur aîné. Regarde comment tu ouvres ta bouche pour parler des choses intimes d’un homme de 31 ans

— Dégage hein, dis-je avec humour

Il part aux aurores le lendemain avec sa bouche et longue pine. Comme j’ai cru déceler l’ombre de Bijou quand je sortais pour emmener Eben à la gare, je décide d’aller cogner à sa porte, au lieu de retourner au lit pour un dernier tour de sommeil. Elle m’ouvre avec méfiance et garde uniquement sa tête dans l’entrebâillement.

— J’ai chauffé l’eau déjà pour la douche, elle dit et veut fermer mais je tiens rapidement la porte

— On doit parler, dis-je, ignorant sa réponse. Qui lui a demandé quelque chose concernant l’eau chaude d’ailleurs ?

— J’arrive, elle répond la mine fermée et sors de la chambre quelques minutes plus tard, au lieu de juste m’ouvrir pour que je la rejoigne. Maintenant que j’y pense, je n’ai jamais mis pied dans cette chambre depuis qu’elle l’a repris à son arrivée. Bien sûr c’est celle qu’occupait Hilda donc je sais à quoi elle ressemble. Mais Bijou ne l’a jamais laissée ouverte bien qu’on vive ensemble. Toutes les fois où j’ai cogné, elle sortait toujours me trouver. J’avais conclu qu’elle était juste pudique mais maintenant que mon con de frère m’a mis en esprit qu’elle est ma femme, je commence à me demander pourquoi elle me tenait loin. Mes yeux aussi dessinent les contours de sa forme sous sa jupe tandis qu’elle marche devant moi. Eben c’est un sorcier.

— Inhein ? fait-elle après un moment. Je constate qu’elle est assise et j’étais debout en train de la regarder. Je m’installe aussi et me lance

— On ne règle pas une fâcherie en restant dans son coin madame. Si tu es en colère parce que j’ai ramené une fille, il fallait juste le dire et qu’on s’explique.

— Fâchée ? J’ai dit ça ?

— Tu ne le dis pas mais c’est ce que tu montres depuis là, ce qui n’est premièrement pas normal parce qu’ici c’est aussi chez moi. Si je veux ramener une fille, c’est mon droit

— Tu n’as pas le droit de faire le mal à une fille ! elle me prend par surprise en me hurlant limite dessus

— Qui a fait du mal à quelle fille ?

— J’ai vu et mes oreilles ont entendu quand la fille criait ! Je pensais pas que tu étais méchant comme ça Fabien. Ta maman n’est pas comme ça alors pourquoi tu fais ça ? En plus je pensais qu’on était amis. C’est vraiment… vraiment…, Sa voix s’effondre et ses épaules sont tendues mais surtout le regard qu’elle pose sur moi est teinté de déception et d’une grande colère. Plus perdu que jamais, je me déplace pour me rapprocher d’elle mais elle se recule instinctivement et me crie de ne pas la toucher

— Mari… Bijou, je reprends doucement, je t’assure que la fille n’avait pas mal. Elle criait de temps en temps c’est vrai mais c’est parce qu’elle avait envie. Tu sais, euh… tu sais comment on fait les enfants non ? demandai-je pour me rassurer qu’elle n’était pas totalement larguée

— C’est pas parce qu’on fait les enfants comme ça que tu dois la faire mal ! Je l’ai entendu, elle a bien dit « Fabien Makoula » (je vais mourir), elle dit et j’aurais éclaté de rire si ses larmes ne dansaient pas aux bords de ses cils

— Tu n’as jamais couché avec un homme je suppose

— Snif… coucher, c’est quoi ?

Je lui répète la phrase en mina et les larmes tombent une à une sur ses joues. Instinctivement, je pose la main sur son poing qu’elle avait serré fort sur sa cuisse. Elle a fermé les yeux si forts qu’à un moment je doutais qu’elle soit encore avec moi.

— Mon anc.. ien patron m’a… m’a poussé dans la cham…bre…, ens.. uite, il a tiré sur ma serv…. iette…, il m’a fait mal, mais je voulais pas ça, elle me dit cette dernière phrase en ouvrant les yeux et le mal que j’y lis me fait me lever automatiquement puis la prendre contre moi. Je ne sais plus qui de nous tremblait au final. Entre elle dont le corps était secoué par les sanglots et le mien secoué par son récit qu’elle continuait à partager malgré ses pleurs. 

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