77 : I am coming home, back where I belong, Part 2
Write by Gioia
***Martin
Sani***
Ma rééducation commence enfin
à donner des résultats tangibles. J’arrive à me déplacer en béquilles mais
uniquement que pour quelques minutes. J’ai espoir que d’ici la finalisation de
mon divorce, je tiendrai sur mes deux pieds, pour jouir à fond de ma vie. George
a énormément facilité les choses, en commençant par se rapprocher de la petite
Jeanne. J’ignore ce qu’il lui a offert pour qu’elle passe de son côté, mais c’est
par elle qu’il m’a fait parvenir un cellulaire et de ce fait, je n’ai plus
besoin de passer par Gaëtan pour les voir. J’ai bien précisé à mon fils que
quelque soit ce qu’il fait avec cette fille, Jeanne, il a intérêt à ne pas la
mettre enceinte. Hors de question que je traîne un problème avec moi en sortant
de ce foyer. Déjà qu’il ne me reste plus beaucoup de temps. Je m’étais fixé un
an et compte minutieusement les jours. En plus de m’avoir trouvé un avocat,
George a enfin le contrôle de mes finances en France.
Le mois passé, il s’était
envolé à Poitiers pour rencontrer mon conseiller financer, qui s’est révélé être
une véritable plaie concernant la procuration que je voulais donner à mon fils.
Je veux dire, on parle de mon propre compte bancaire, mais ce type insistait que
la procédure lui exige de recevoir la demande de procuration par le titulaire
du compte donc je devais me présenter en personne pour la remplir et signer. J’ai
dû lui envoyer par courrier express une note médicale attestant que j’étais
physiquement limité pour qu’il accepte de me transmettre le formulaire par courriel
et je le lui renvoie par courrier une fois rempli. Ensuite, il fallait attendre
qu’il la traite et pendant ce temps, amadouer mon neurologue que j’ai dû
soudoyer pour qu’il accepte de passer à la maison, durant l’absence de Mireille.
C’est lui qui m’a délivré cette note médicale et bien sûr, il a compris sans
difficulté que mon rétablissement était plus avancé que ce qu’il pensait. C’est
de George que j’ai obtenu les 3000 euros qu’il a réclamés pour se taire sur
sa visite ainsi que mon état à Mireille lorsqu’elle m’emmène aux rendez-vous.
— Jeanne ? je crie
son nom
— Oui monsieur ?
elle me répond au loin et me rejoint au salon
— Viens me pousser
un peu, je veux prendre l’air
Elle se place derrière
mon fauteuil et me fait sortir du salon, pour aller sur la véranda. Il fait
particulièrement bon aujourd’hui donc je lui dis de prendre une chaise et s’asseoir
à côté.
— Pardon monsieur,
je n’ai pas fini de nettoyer les chambres des garçons comme madame a demandé
— Ah laisse ça, des
grands comme ça ont besoin que tu nettoies leurs chambres ? Assieds-toi un peu
on cause
Elle me regarde perplexe,
mais tire quand même la chaise et prend place. Je dois lui paraître fou, mais on
a tous besoin de parler de temps en temps et lorsque mes fils ne sont pas là,
la solitude me frappe de plein fouet. Mireille n’a même plus de salutations à m’offrir.
Selon des échanges que j’ai entendus entre elle et les enfants, il paraît que lorsqu’elle
sort d’ici c’est parce qu’elle va voir un psy pour sa dépression. En tout cas c’est
ce qu’elle a réussi à vendre comme histoire aux petits, au point où Axel et Ezra
s’efforcent d’être présents quand elle doit s’absenter.
Mais en typique Mireille,
non seulement elle profite de leur amour pour elle, mais en plus elle se permet
de sortir un jour sur deux lorsqu’ils sont respectivement à l’école pour Ezra
et Allen, puis au stage pour Axel. Je ne serais pas étonné qu’elle ait un amant,
peut-être le même qu’avant. Mais jamais elle ne demandera le divorce, parce que
Mireille ne peut pas supporter d’être appelée une divorcée. J’en suis
convaincu, vu qu’il n’y a même plus le semblant de cordialité entre nous. Nous
sommes juste des inconnus ayant des enfants. Ce n’est pas comme si j’avais les
mêmes moyens qu’avant. La preuve, elle a dû se séparer de notre gardien et chauffeur
le mois dernier, parce qu’elle devait serrer la ceinture, du moins c’est ce qu’elle
a dit aux enfants. Ezra qui a eu son bac, fait des cours d’allemand à l’institut
Goethe, au lieu d’aller simplement en Allemagne comme il a demandé. Si j’étais
sur pieds quand Axel avait eu son bac, j’aurais envoyé mon fils en France au moins.
Il n’y a que Joshua qui fait Dieu sait quoi aux États-Unis. Je suppose que je
peux au moins accorder à Mireille qu’elle commence à comprendre son erreur avec
lui. Elle lui a dit qu’il devra se débrouiller à la fin de son bachelor, qu’il
l’ait terminé ou pas.
Techniquement, il lui
reste une année et c’est au bout de cette dernière qu’elle a promis à Ezra qu’il
pourra aller en Allemagne. De toute façon, une fois le divorce introduit, je
vais prendre en charge mes garçons et s’il le faut rapatrier Joshua ici afin qu’il
goûte un peu au quotidien du togolais régulier.
— Pardon tonton, je
peux partir maintenant ? me demande la Togolaise régulière à mes côtés
— Tu n’es pas
fatiguée de frotter les murs et sols de cette maison ? Il faut te reposer et respirer
un peu le bon vent, dis-je inspirant une bonne bouffée
— Fatiguée ? elle rigole,
je suis là pour travailler non. Son sourire a un air un peu familier, mais je n’arrive
pas à mettre le doigt dessus
— C’est bien, j’aime
ton esprit concernant le travail. Continue comme ça et tu t’en sortiras
rapidement dans la vie
— Merci patron, c’est
mon espoir, j’ai mon fils qui compte sur moi
— Un fils ? m’étonnais-je.
Tu n’as pas l’air d’avoir porté une grossesse
— C’est comme madame
aussi, j’arrivais pas à croire quand tonton Gaëtan m’a dit que c’est elle la
maman de quatre grands garçons comme ça, dit-elle ce qui m’amuse
— C’est vrai qu’en
dehors de quelques rides aujourd’hui, Mireille a gardé sa forme. Je suis curieux,
comment tu es liée à tonton Gaëtan ?
— Je suis la fille
de sa sœur Modestine
Je sens mon visage se
recouvrir d’une ombre à cette révélation innocente. Le sourire qui paraissait familier.
Le pourquoi je trouvais certains de ses gestes intrigants. Pourtant elle s’exprime
nettement mieux en français que Bijou.
— Ah je ne connais
pas, dis-je sur un ton léger, pour observer sa réaction
— On vivait au village
c’est normal, répond-elle sur un ton qui me fait penser qu’elle n’a aucune idée
de qui je suis. Peut-être, s’attendait-elle à un Martin sur ses pieds ? Ou elle
n’a jamais entendu mon nom ? Je suis perdu.
— Pour quelqu’un qui
a vécu au village, tu parles bien français. Tu comptes y retourner après ton temps
ici ?
— Kaye non hein, qui
a vu la ville et voudra repartir là-bas ? Y’a rien là-bas pour moi. Même si je
parle bien, j’ai pas fini la troisième. En plus ma maman, mon fils et mes sœurs
sont à Lomé maintenant
— Ah bon ? fais-je un
peu craintif. Tu dois être contente
— Oui, j’ai hâte que
madame accepte enfin de me donner un petit congé pour que j’aille les voir
— Je peux t’aider
pour ça, tu sais
— Comment ça ?
— Vu que Madame sort
souvent et fait des journées complètes dehors, tu peux aller les voir
— Yeee non oh
patron, c’est trop risqué, tu ne vois pas comment madame casse les assiettes
quand elle se fâche ?
— Si tu comptes sur
Mireille pour un congé, tu ne l’auras qu’à ma mort
— Mais elle a dit que
lorsque tu vas commencer à marcher….
— Ouvre les yeux, je
ne vais jamais remarcher normalement. Et si ça devait arriver, ça ne sera pas
avant dix ans
— DIX ANS ? s’écrie-t-elle
— Un long coma
laisse des séquelles, dis-je honnêtement. Contrairement à Mireille, elle sait
que j’arrive enfin à utiliser mes béquilles mais je ne suis pas dupe, et ça ne
me sert à rien de la tromper J’ai besoin d’elle de mon côté pour le moment. Remarcher
pour moi relèvera de l’ordre d’un vrai miracle, et vu la quantité de conneries
que j’ai faites sur terre, je doute être le bon candidat pour ça
— Tu pourras vraiment
m’aider ? hésite-t-elle
— Considère que c’est
le retour pour les fois où tu l’as fait pour moi. Tu peux déjà prévenir ta mère
et je vais demander à mon fils de se rendre disponible pour toi
— Non tonton tu vas
marcher avant dix ans ! c’est moi Jeanne qui te dit, s’excite-t-elle avec joie
tout en tapant fort sur sa poitrine
***George Sani***
Cette succession de
va-et-vient commence à empiéter sur mon travail mais papa ne veut rien entendre
concernant son divorce. Il veut absolument attendre un an pour empêcher sa
femme de recevoir un rond sous forme de pension vu que son dernier fils sera
majeur bientôt. Hier soir il m’a demandé de libérer une journée dans mon emploi
du temps, de préférences dans trois jours, parce qu’il a besoin de moi et
maman. Aider ma famille ne me dérange pas, mais j’ai un emploi aussi où je dois
assurer. Mais quand tu le dis à maman, elle te caresse seulement la main et te
demande de tenir encore un peu, que papa n’a personne de confiance sinon nous,
ainsi de suite.
En tout cas, maman reprend
des couleurs depuis que leurs rencontres sont régulières. Elle s’est sapée aujourd’hui,
le jour de leur rendez-vous comme si nous allions rencontrer une personnalité.
Et les yeux de papa étaient remplis d’envie quand elle est descendue de ma
voiture.
— Tu es si belle ma
chérie, j’aurais pu t’emmener en balade, dit-il avec une légère pointe de mélancolie
— Je me suis fait
belle pour toi Martin, tant que tu me vois c’est l’essentiel, la balade on la
fera au moment voulu. Rien ne presse, elle lui répond tendrement tout en
frottant son épaule qu’il serre avec un regard rempli d’espoir
— Attends-moi à l’intérieur,
j’ai besoin de parler seul à seul avec George
— L’intérieur ? nous
disons de concert. Papa ce n’est pas judicieux, c’est la maison de ta femme
— Elle est absente et
ne rentre qu’en fin d’après-midi généralement
— Quand même Martin
c’est risqué. Je ne veux pas…
— Faites-moi confiance.
En dehors de Jeanne, il n’y a personne actuellement et jamais je n’oserai
prendre des risques maintenant
Maman me lance un regard hésitant
mais finit par obtempérer, me laissant seul avec papa.
— Qu’est-ce que tu attends
de moi ?
— Je veux que tu
conduises Jeanne chez sa mère et tu la ramènes d’ici deux à trois heures
— Sa mère ? C’est
quoi le plan ?
— Elle a un fils qu’elle
veut voir. En plus nous n’aurions pas avancé jusqu’à ce niveau sans cette fille.
C’est le moment de la récompenser un peu. En plus, elle m’a révélé être la sœur
de Bijou, l’ancienne bonne
— Non ! je ne peux m’empêcher
de crier
— Si, et c’est pour
aussi pour savoir si elle habite que tu dois l’y emmener, tout en restant
discret bien sûr. Bijou et moi devons parler. Nous avons des choses à régler
— Ça marche. J’ai
décidé de me rendre à Cotonou ce week-end pour la recherche de votre logement.
Je pense que c’est plus sage pour vous d’y résider lorsque tu sortiras d’ici
— Tu n’as pas tort. Dommage
que ça soit ce week-end, j’aurais aimé voir mes petites-filles. Ta femme ne
peut pas me les emmener ?
— Évite-toi ça. Déjà
elle ignore que tu as une autre famille, mais en plus ça ne m’étonnerait pas qu’elle
se mette à te visiter régulièrement juste parce que tu vis à la Caisse, et grille
notre plan
— Bon c’est toi qui
la connais, donc si tu le dis. Je vais prévenir Jeanne, assure-toi de ne pas revenir
avant trois heures au moins, j’ai besoin de temps avec ta mère, dit-il en retournant
à l’intérieur aidé de ses béquilles
Des images dégoutantes
des deux s’entrechoquent dans mon esprit sur le champ. Il va vraiment niquer ma
mère dans la maison où il réside avec sa femme ? Bref, je suis en voiture
quelques minutes plus tard, avec Jeanne à mes côtés. Pourquoi la ressemblance
ne m’a pas sauté aux yeux plus tôt ? OK, elle est très faible, mais présente
maintenant que je le sais. Ou je me fais des idées ?
— J’aime le parfum
de ta voiture, elle me dit timidement
— Merci. Alors tu es
contente de voir ta famille ?
— Énormément. Merci
encore de me dépanner, dit-elle sur ce ton qui frise le flirt
Mon regard dévie de la
route un instant pour admirer sa silhouette à mes côtés. Formes généreuses,
quoique moins comparées à sa sœur. Mais elle a piqué mon intérêt depuis que papa
nous a introduit l’un à l’autre. Je n’arrive pas à identifier spécifiquement ce
qui m’attire sur elle. Peut-être le fait qu’elle arrive à berner sa patronne et
remplacer tonton Gaëtan dans notre configuration. À ce stade, je pense que j’ai
un faible pour les femmes manipulatrices. Bien que Yasmine m’énerve avec sa
fainéantise dès qu’il s’agit de chercher un emploi, j’admets que dans le temps,
son côté rebelle, « j’ai mes propres règles », m’a accroché au point d’oublier
Marianne. Je retrouve un peu de ce côté entreprenant en Jeanne.
— Ça te dirait qu’on
se prenne un truc rapide avant d’aller chez ta famille ? Papa m’a dit que tu
avais un garçon. Il aimerait un biscuit
— OK, mais un qui ne
coûte pas trop cher ?
— Parce que tu penses
que je vais te laisser payer ? Je suis un vrai homme s’il te plaît, ne m’offense
pas
— Ce n’était pas mon
intention, réplique-t-elle suavement
Je sais ce que papa a
dit, mais il va m’excuser. Il n’est pas le seul fatigué de sa femme et Jeanne
me semble être une potentielle remplaçante pour Yasmine.
***Mireille Sani***
Sortir avec des plus
jeunes n’est pas de tout repos. Je pense bien qu’après cette journée, je vais
prendre une longue pause. Mon âge essaie de me rattraper dernièrement. Le groupe
avec lequel je marche, a prévu un piquenique aujourd’hui donc nous nous
arrêtons au Champion sur le boulevard du 13 Janvier.
Nous entrons dans l’allée
des produits laitiers quand mon regard tombe sur Jeanne de profil, ainsi qu’un homme
qui lui montre différents paquets.
— George ? Regarde-moi
le salopard, Yasmine à mes côtés dit avec véhémence avant de rebrousser chemin
J’hésite mais choisis
finalement de suivre Yasmine plutôt que d’accoster Jeanne. Je dois savoir
comment elle rencontre les hommes alors qu’elle est supposée garder mon mari à
la maison. C’est dehors que je retrouve Yasmine et elle fulmine.
— Oh je vais lui
faire sa fête ce soir. C’est lui qui se plaint de ne pas avoir d’argent hein Joséphine.
Dès que tu lui mentionnes une facture, il commence à râler mais il emmène les
filles faire les courses au lieu de travailler pour nourrir sa famille
Joséphine c’est le prénom
que je lui ai donné. Je ne suis pas conne non plus. Lomé paraît grand mais peut
devenir petit et même si je suis fidèle, je ne veux pas risquer des commérages
donc je me suis donné une autre identité.
— Ce n’est pas mieux
de le confronter dans ce cas ? Parce que les hommes sont réputés pour mentir si
tu les abordes sans preuve après
— Confronter parce
que je vais gagner quoi dedans sinon une potentielle honte ? Pardon allons-y. Il
va voir ce qu’il paiera comme factures les mois à venir, je ne blague pas un
peu avec lui
Je veux lui pointer que
si son mari dépense davantage en factures, c’est techniquement moins d’argent
pour elle, vu qu’elle vient de le traiter de râleur. Mais j’ai découvert avec
elle et la déception nommée Joshua que les jeunes actuels réagissent beaucoup
avec les émotions avant d’engager leurs cervelles. Je garde en tête qu’il me
faut vérifier ce qui se passe dans ma maison et le pourquoi Jeanne s’autorise
de telles libertés.
***Garcelle Ekim***
Les choses n’ont pas
évolué bien qu’on soit de retour à Lille. Au contraire, Thierry s’est transformé
en vrai Mr grincheux. Pour un oui, il me répond avec agressivité ou s’enferme
dans notre petit bureau devant son PC au nom du travail. Quand je me plains d’être
délaissée, il me demande si j’ai fini de regarder les offres d’emploi. C’est
tellement saoulant mais toutes les fois où je veux péter une crise, je me
souviens que papa compte aussi sur moi. Il ne s’agit plus uniquement de ma
relation. L’avenir de la famille repose en partie sur mes épaules.
— Tu dis qu’il y’a
quoi à Marseille déjà ? me demande-t-il après que je lui ai fait part de mon
prochain déplacement
— N’est-ce pas toi
qui m’as dit de me chercher un emploi ? Enfin une compagnie chez qui je postule
me fait signe pour une entrevue et tu es incapable de te réjouir pour moi. Je
sais que tu vis des choses troublantes mais j’existe aussi, tu sais ! l’accusai-je
avant de le quitter sans attendre sa réponse
Sans tarder il me rejoint
dans la chambre, s’excuse de son attitude pénible et me prend dans ses bras
tout en me félicitant
— Pourquoi ils ont
besoin que tu viennes jusqu’à Marseille ? Ils ne connaissent pas Teams, Zoom ou
Skype à la rigueur ?
— Qu’est-ce que j’en sais bébé, c’est une
petite boîte en plus, je suppose donc qu’ils ne sont pas à la pointe de la
technologie
— Et c’est une
compagnie de quoi ?
— Une ligne qui fait
de l’emballage avec du verre recyclé. Si je suis prise, je serais intégrée dans
l’équipe de distribution
— Et tu devras
emménager à Marseille, je suppose, ou ils ont un bureau ailleurs ?
— C’est à Marseille
mais ne t’en fais pas, ils avaient mentionné dans l’offre d’emploi que je
pourrais faire du télétravail de temps en temps
— Je ne m’inquiète
pas Lance-toi seulement, on va s’arranger pour le reste
La culpabilité veut
pointer son nez mais je l’éteins rapidement et l’embrasse avec douceur. Je mens
certes mais c’est pour une bonne cause. Je découvre Marseille quatre jours plus
tard et j’ai carrément l’impression de me retrouver dans « plus belle la vie »
quand j’entends certains parler. La terrasse du panier, c’est le lieu de rencontre
sur lequel Ida et moi nous sommes entendues donc je quitte mon petit motel bien
à l’avance pour ne pas perdre le temps. Vu que j’ai pris une table dehors, je l’ai
vu arriver. Ou dois-je dire entendu, un peu comme le reste des clients. En tout
cas, on l’a tous remarqué, arriver au volant de cette Ford Mustang décapotable rose
bonbon. Une des années 60, j’en suis sûr. Et si je le sais, c’est grâce à
Deno qui peut mourir pour ses choses qui en général coûtent un pécuuuleeeee. Nous
suivons tous la scène comme le film ici oh. J’entends d’ailleurs des
commentaires appréciatifs derrière moi. Elle descend, et j’ai l’impression d’être
dans un remake de Barbie. Sauf que celle-ci est noire, avec des courbes
généreuses recouvertes par une longue robe moulante aux épaules dénudées,
foulard élégamment noué à la tête, et lorsqu’elle est proche de moi, je remarque
que son mini sac en osier est assorti à ses sandales. Ce côté uniforme chic me
ramène dans le passé, quand la fan numéro un de Blair que j’étais, essayait de
reproduire ses différents styles. Voilà ce qu’on appelle une femme, pas les autres
là qui portent les jeans pour se pointer à la mairie et ne peuvent pas donner
plus de 200 euros à leurs demoiselles d’honneur.
— Je m’excuse, j’ai
pris un peu de retard en déposant mon frère, elle me dit
— Il n’y a aucun
problème, je n’ai pas beaucoup attendu ? On dit quoi ? je demande au lieu de
lui faire un compliment. J’évite en général entre meufs. Tu dis un petit truc et
les gens se prennent facilement la grosse tête. Même si j’admire le tableau que
sa vie est, il est hors de question qu’elle me croit fan d’elle. Déjà que j’ai dû
lui expliquer le pourquoi je me suis fait passer pour la maman de Lulu. Pas que
je le vois littéralement ainsi. C’est ce qu’elle m’a demandé quand je lui ai
envoyé une photo de moi avant qu’on se rencontre, histoire qu’on ne se cherche
pas en vain. J’ai dû lui expliquer que son frère m’avait fait un gosse dans le
dos mais je lui ai pardonné, raison pour laquelle Vita se joint de temps en
temps à nous. Les révélations ont augmenté mon capital sympathie si je me fie à
sa réaction après mais je ne veux pas être prise en pitié non plus. Le manque
de respect découle vite de là.
— Comment va-t-il ? s’enquiert-elle
une fois nos commandes placées
— Je ne vais pas te
mentir, il rejette l’idée d’une autre famille
— Tu penses qu’il
accepterait ? Avec une preuve irréfutable comme un test ADN par exemple ?
— Je ne pense pas qu’il
accepterait de se rendre jusque là
— Mais c’est fou
quand même, dit-elle la voix enrouée. Mes parents ont passé des années à le chercher,
sans pouvoir se projeter dans la vie. Nous ne voulons rien d’autre sinon
renouer avec lui. Qu’est-ce qu’on demande d’exagéré ?
— C’est sa mère en
réalité, osai-je. Je ne sais même pas sur quoi je me lance là, mais c’est la
seule option qui me vient sur le coup. Sa mère est très attachée à lui et il a
l’impression qu’il la trahira s’il vous voit
— C’est ma mère sa
mère ! elle crie si brusquement que la serveuse sursaute avec nos verres de cocktails.
Oh je suis désolée, se reprend-elle rapidement et essaie de venir en aide à la
serveuse qui lui dit que ce n’est pas grave. Oui c’est bien la sœur de Thierry.
Ils aiment exploser sans prévenir.
— Je suis d’accord
avec toi ma belle, mais comme j’ai expliqué, c’est sa mère le problème. Tu vois,
elle lui a d’abord menti sur ses origines. Il ne se savait pas adopté donc
primo il vit un grand choc. Deuxio elle lui a révélé qu’elle ne pouvait pas
avoir d’enfants parce qu’elle a été une pute donc c’est comme s’il la rejette,
elle n’aura plus rien
— Comme c’est
amusant, ironise-t-elle. Parce qu’elle ne peut pas en avoir, elle décide de
voler les enfants des gens. C’est en prison qu’elle devrait être
— Tu ne connais pas
les putes ? Elles sont comme ça, égoïstes jusqu’à la fin. Et tiens-toi bien, la
femme je l’ai connu comme une fervente chrétienne. Et c’est aussi son mari qui
est mort d’empoisonnement. Je commence à me demander maintenant si ce n’est pas
votre karma qui les a frappés
— Je laisserai Allah
se prononcer sur son sort. Il a fait preuve de miséricorde envers nous en transformant
une situation triste comme l’issue du mariage d’Elikem en dénouement heureux
pour nous au moins. Je ne vais pas condamner cette dame même si j’en meurs d’envie.
Tant qu’on récupère Laith, je serais soulagée et la justice divine s’occupera d’elle
— Ah j’ignorais que
tu étais musulmane
— Nous le sommes,
mon nom de famille c’est Adamou
— D’accord, notai-je
mentalement. Avant d’oublier, dis-je en sortant le ziploc contentant la brosse
à dents de Thierry
— Merci, vraiment,
merci infiniment pour ton aide, réplique-t-elle chaleureusement
— Je t’en prie. Tiens-moi
au courant une fois les résultats obtenus et d’ici là, je vais continuer à amadouer
Thierry
Elle me demande si elle
peut me faire un câlin et dès que j’approuve, elle m’enlace contre son corps
bien moelleux et qui sent hyper bon et hyper délicat à la fois. Le glamour
total quoi. Non seulement elle refuse que je règle la facture mais en plus,
elle donne un pourboire choquant à la serveuse si je m’en tiens à la façon dont
la fille lui flashe les dents après le paiement. Et pour finir, elle me fait
faire un tour en décapotable ainsi qu’un petit tour rapide de quelques coins de
Marseille avant de me laisser à mon hôtel. Je décline son offre de m’introduire
à ses parents en revanche. Ils étaient présents quand j’ai dit à l’autre femme
de se chercher elle-même sa boisson. Et ça ne m’aidera en rien de les rencontrer
maintenant. Ils ne sont même pas au courant pour l’existence de leur fils comme
Ida me l’avait dit, et si elle devait m’introduire, ce serait comme amie. C’est
clair, qu’ils aimeront davantage l’amie, et copine de leur fils qui a grandement
travaillé pour leurs retrouvailles que Garcie, juste une potesse de leur fille.
Papa n’avait vraiment pas
tort. Je dois apprendre à me contenir parce qu’Ida aurait été présente au dîner
que probablement je n’aurais pas eu la chance actuelle. Mais Marseille je
reviendrai assurément, et très bientôt.
***Bijou/Maria Ekoue***
Fabien m’a prévenu en
début de semaine que son grand frère serait parmi nous durant le week-end donc
j’ai passé différentes commandes chez les amies vendeuses que je me suis faites
au marché. Du poisson fumé et quelques parties de dindon, que je note sur une
liste, avec les prix que j’ai négocié, ainsi que le montant donné comme avance
déjà. La liste est pour Fabien, car il n’a pas une bonne mémoire. Dans le
passé, il lui était arrivé de se tromper et nous avions eu des petites
mésententes donc c’est la méthode que j’ai trouvée pour nous éviter ça.
Je finis de nettoyer le
frigo que j’avais débranché la veille avant d’aller me coucher puis sors pour
commencer le lavage des légumes. Je ne pensais pas que vendre la salade était
une activité rentable mais j’en ai fait l’expérience grâce à une dame dont les
enfants m’achetaient régulièrement les petits biscuits que je vendais devant la
maison quand je suis arrivée à Lomé. Cette dame était elle-même vendeuse de
pains au marché et m’a convaincue de la joindre au marché pour augmenter mes
recettes. Je me suis naturellement convertie vers la vente de crudités en
voyant l’intérêt des gens pour le pain, quelle que soit l’heure. La dame me
vend le pain ; je vends à ses clients de quoi remplir leurs pains. Et de temps
en temps, je montre les bijoux que j’ai déjà fait aux clientes qui viennent se
faire tresser non loin de mon étalage. Quand je dis rentable, je veux dire que
ça me permet de payer moi-même le nécessaire pour mon commerce, le taxi les
fois où je suis trop fatiguée pour marcher de la maison au marché, les perles
pour mes bijoux, puis un peu de crédit depuis que j’ai un téléphone. J’aime
bien ma vie actuellement même s’il m’arrive de penser à mes sœurs au village.
C’est pour me donner la chance d’aller les chercher que je me suis finalement
laissée convaincre quand Fabien m’a proposé de le suivre à Lomé.
Fabien rentre vers 19 heures
comme d’habitude mais il a l’air content ce soir. Je lui prends son sac, contente
de voir sa joie et curieuse aussi d’en connaître la raison.
— C’est comment ici ?
Tu ne t’es pas trop ennuyée aujourd’hui ?
— Pas du tout,
j’avais beaucoup à faire. On fête quoi ?
— Hum, il fait
gaiement, on fête grand ma chère. Le maître de chantier s’est décidé à nous
payer
— Oueeeyeee, je
pousse un cri de joie, enfin !
— Tu peux le dire
enfin ! un cafard comme ça, il s’était assis sur l’argent des gens et nous
mentait que le client ne l’avait pas payé. Allons à l’intérieur, je te raconte
— Pourquoi les gens
là font comme ça, dis-je sidérée après ses révélations
— Tu ne connais pas
le comportement du pauvre ? Dans sa tête il croyait avoir trop souffert donc
c’est sur nous il devait manger pour s’en sortir. Nous sommes tombés sur lui en
groupe ce matin, il a compris qu’on ne joue pas avec homme affamé
— Nous sommes
pauvres aussi mais on ne vole personne
— Pauuvreee ? Tu as
vu qui ici dans cette catégorie ? Je suis un riche en devenir et ton nom est
bijou. Tu ne peux jamais être pauvre même si tu le voulais, il me répond et je
ris
— OK Mr riche. Au
moins tu te souviens que je m’appelle Bijou parce qu’à un moment, je pensais
que tu avais oublié
— Je n’ai pas
oublié. Je n’aime juste pas le prénom là
— Mais tu m’as dit
que c’est plus joli que Maria, répliquai-je déroutée
— Est-ce que c’est
un mensonge ? Le prénom est joli mais il me rappelle celui d’une petite voleuse
— Ho, c’est quoi
l’histoire ?
— Pardon laissons
ça. Prends ceci, il dit et me présente vingt mille francs. Il faut me préparer
les bonnes choses que tu connais là. C’est la première fois que je vais
recevoir mon grand frère depuis qu’il a quitté le pays. Je veux qu’il mange
proprement
— D’accord, prend
cette liste, dis-je en la lui remettant. J’ai noté ce que j’ai déjà commandé.
Il y’a quelque chose qu’il aime ?
— C’est un gros
bouffeur de viande. Il faut bien doser là-bas
— Comme toi, je dis
amusée. Et il va faire combien de temps avec nous ?
— Je ne sais pas
encore. Il ne m’a pas donné son programme
— OK, je demandais
en fait pour pouvoir te dire si l’argent allait suffire
— Tu as raison hein,
je n’y avais pas pensé. Je vais lui demander et te dire. Mais prend ceci, il me
rajoute cinq mille. Tu arranges ta tête avec ça
– Ma tête n’est pas
bien ? je demande soucieuse tout en touchant mes tresses
— Ah toi aussi, tu
as la même chose depuis ton arrivée ici. Les filles à l’étranger varient oh. La
concurrence ne sera pas faible
– Comment tu sais
qu’elles varient si tu n’es jamais allé là-bas ? je l’interroge tout en le
regardant de travers
— Je ne regarde pas
la télé comme toi ?
— Donc quand tu
regardes télé c’est sur femme que tes yeux s’arrêtent ?
— Mais femme n’est
pas dans la télé ? C’est quel faux palabre tu veux créer ce soir quand on
m’a payé ?
— Je vais arranger,
murmurai-je un peu mécontente. Je n’aime pas quand il me sort l’histoire de
l’étranger et son frère mais il n’arrête pas aussi
J’enroule les billets
qu’il m’a donnés dans un bout de mon pagne et vais lui réchauffer sa sauce
pendant qu’il entre dans sa chambre pour se changer.
***Fabien Tountian***
Histoire de femme, on ne
comprend jamais quand ça commence. J’ai seulement proposé qu’elle change sa
tête pour son propre bien, madame dit qu’elle est fâchée, au point qu’elle a
refusé de venir regarder la télé avec moi quand je lui ai annoncé qu’on refait
un film qu’elle avait raté. En tout cas, j’en ai profité pour mettre une
émission plus intéressante.
L’argent ce n’est pas la
santé mais quand il est plein dans ta poche, tes poumons se sentent plus
dégagés. Je parle en tant que connaisseur. Quand je comptais mes pièces, fallait
voir mon visage. Parfois on aurait cru quelqu’un en crise d’asthme. Depuis que
j’ai quelques billets, je fredonne les chants que j’avais appris au primaire à
Vogan. Parlant de primaire, je me fais beau pour aller rencontrer une ancienne
camarade d’école que j’ai retrouvée récemment. En général je me mets activement
à la recherche de travail avant même qu’un chantier prenne fin mais tout le
monde a droit à un petit congé. Et quoi de plus idéal que de le passer en
charmante compagnie.
Je récupère la fille à
l’endroit indiqué et nous emmène dans un petit maquis sympa. Elle a mis ses
atouts en valeur et il faut dire que je n’ai pas eu d’action physique depuis un
moment donc mes yeux ne faisaient que la boire comme le grand fanta
qu’elle-même descendait à la vitesse de l’éclair.
– C’est quoi le programme maintenant ?
elle me demande une fois nos plats vidés
— J’ai senti qu’il
allait pleuvoir bientôt quand arrivait ici donc autant rentrer
— Oh rentrer ?
fait-elle déçue
— Ce n’est pas le
moment de se faire corriger par la pluie et se prendre une grippe au passage
hein, lui rappelai-je. Pluie ou pas, l’essentiel c’est qu’on arrive vite à la
maison pour que je la sorte de ses vêtements
— OK mais on se
reverra quand dans ce cas ? Parce que si je rentre maintenant le mari de ma
grande sœur sera devant sa porte, prêt à me donner les corvées
— Tu ne m’avais pas
dit que tu étais venue à Lomé pour aider ta sœur avec les enfants parce que son
mari était en voyage ?
— Oui mais il a décidé
de rentrer plus tôt. Peut-être, on peut aller dans un hôtel ? elle propose
timidement
Cette fille veut me
blaguer je le sens. Mais si je la laisse, c’est mon essence que j’aurais
gaspillée, sans compter sur la bouffe que je viens de nous payer. J’évalue
rapidement la situation. En général je n’emmenais pas de filles chez moi pour
ne pas faire croire à Hilda qu’elle avait tout à coup le droit d’emmener aussi
des garçons. Mais une exception peut être tolérée ou bien ? Celle-ci est de
passage à Lomé et puis coagulation risque de tuer l’homme si je ne me libère
pas bientôt.
— Chez moi c’est
mieux, on sera plus à l’aise
— Dépêchons-nous
donc, dit-elle sur un ton qui laissait entendre qu’elle partageait mon
impatience
Et pour me prouver
qu’elle la partageait réellement, c’est elle qui s’est jetée en premier sur moi
dès notre arrivée à la maison. Sa main me massait fiévreusement le paquet
tandis que nous alternions entre rires et baisers. Je l’ai dévêtu et goûté à
ses seins comme un voleur qui savourait la viande volée dans la sauce. Sans
perdre une seconde, je sors la capote et l’enroule autour de ma verge avant de
mettre un doigt dans la fente de la fille pour y jouer un peu, puis je remplace
la petite tige par le gros jouet.
— esshhh fais-moi
bien ça, elle me crie et griffe mes fesses au premier coup que je lui donne
Je mets tellement mes
reins au travail que la sueur glisse doucement vers mes yeux sans tarder.
Elle serre mon cou comme si nous étions en palabre mais je ne regarde pas ça.
— Ecarte grandement
coco, je lui dis dans un souffle haché
— Attend, elle dit
et resserre plutôt ses cuisses, on dirait que quelqu’un a frappé hein, tu
attends de la visite ?
— Laisse-moi les
distractions et écarte bien, je dis et roule des reins pour que ma verge touche
bien ses terminaisons nerveuses
Le résultat est immédiat.
Ses jambes tombent faiblement, me permettant de la réarranger dans une bonne
position et la pinailler jusqu’à ce que j’entende le bruit d’une porte, la
mienne. Je sursaute. Bijou crie. La fille sur le lit aussi tout en essayant de
me cacher. Je me lève prestement près à gronder Bijou et ce sont des choses
qu’on me lance dessus
— Mauvais ! méchant !
espèce de diable ! elle me hurle dessus tout en continuant à jeter Dieu sait
quoi sur mon pauvre corps
— Pardon madame oh,
il ne m’avait pas dit qu’il était marié, la fille pleure sur mon lit
— Bijou tu vas te
calmer sur le champ ! je la gronde et parviens à tenir un de ses bras
— Il faut vite
sortir, elle crie à la fille
— C’est comment ? On
a chié dans ton cerveau ? je lui hurle dessus en colère. Qui t’a dit d’entrer
dans ma chambre ? Ah non non ! je la rattrape quand elle essaie de me tourner
le dos pour s’en aller. Un bruit soudain attire mon attention. C’est le dos de
la fille que je vois hors de ma chambre à la course, ses effets en main. Ma
colère se transforme en rage. Je pousse Bijou contre l’armoire et avant que
j’aie le temps de la questionner droit dans les yeux, je me fais violemment
broyer les couilles encore pleines par elle. La douleur est si vive que je
pousse un cri d’animal blessé et me recroqueville sur le sol, pendant que les
étoiles dansent sous mes yeux.
***
Peut-être je suis
actuellement stérile et au lieu de s’en inquiéter, Eben ne fait que rire au
point d’être pris d’une quinte de toux. Il est à son troisième jour parmi nous
depuis son retour. C’est à son arrivée que la briseuse de boules s’est décidée
à m’adresser la parole. Et ce uniquement lorsqu’elle doit me poser des
questions reliées à mon frère, sinon elle est dans sa chambre ou marché. C’est
aujourd’hui après son départ que mon frère m’a posé des questions concernant
son attitude et je lui ai relaté l’histoire.
— Vois le bon côté
des choses. Vu qu’elle a brisé le matériel, l’envie ne te gênera plus et tu
pourras garder ton argent en poche au lieu d’inviter les filles à manger
— Pfff, c’est ta
bouche qu’elle a brisée. Je dis bien ta bouche. Je banderai, n’en plaise à mes
détracteurs
— Tu es un bon
malade Fabio, il rigole. N’oublie pas de lui demander la permission avant de
ramener une autre hein, parce que je veux quand même des neveux et nièces
— presse-toi pour
partir avec elle au lieu de te moquer
— Partir ? Que je
l’emmène où quand la meuf affiche sa jalousie pour toi en plein jour comme ça ?
— jalousie ?
répétai-je perdu
— Tu penses qu’elle
est tombée sur toi parce qu’elle voulait se défouler ou bien ? c’est la
jalousie mon frère
— Jalousie de quoi ?
Je ne lui ai pas dit que je voulais l’épouser
— Est-ce que la
jalousie est rationnelle ? Peut-être qu’elle a développé des sentiments pour
toi et comme vous vivez ensemble, elle a cru que…
— dis-lui de ne pas
croire hein ! je l’interromps
— Tu es con hein, il
se marre. Est-ce qu’elle ici avec nous pour que je lui dise ?
— Ce n’est pas mon
problème. À son retour, tu la prends pour lui expliquer que c’est toi son mari.
D’ailleurs ma petite pine va passer par où pour entrer dans ses grosses fesses ?
— LOL Fabien quand
je dis que tu es bête. Petite pine ce n’est pas pine quand même ?
— Mais il faut une
certaine longueur pour fendre la graisse et entrer dans une distance assez
respectable du toto de la go sinon c’est pour qu’elle aille rire de toi après
que tu ne sais rien faire au lit. Pourquoi tu penses que je ne prends que go
mince ? C’est là-bas que mon bras s’arrête
— Tu penses que les
hommes à petite pine qui sont amoureux des dodues font comment ? Ils
démissionnent ?
— Elles ont des
pompiers en douce. On connaît les choses là, faut laisser
— Tu es fou. Si
c’est la quantité de graisse le problème, abandonne le lit pour un bon
fauteuil. La meuf se met en levrette dessus mais dépose ses bras sur la tête du
sofa, pendant que tu restes debout. Mais tu te trouves un à une hauteur
respectable pour ne pas avoir à trop fléchir non plus hein
— Et en quoi le sofa
change la taille de ma queue ?
— Si elle est
dessus, jambes écartées, ton chemin est presque libéré non ? En plus le fait
qu’elle ait ses bras sur la tête du sofa, l’aidera à ne pas se fatiguer et tu
pourras entrer en profondeur. Pareil si tu veux la prendre en missionnaire.
Elle reste dans le sofa, pose ses deux jambes sur les accoudoirs.
Automatiquement ses fesses seront au bord. Cette fois tu te mets à genou sur un
tapis de préférence et tu as quartier libre pour aller aussi loin que tu veux.
Si tu tiens à utiliser le lit quelques fois, il vaut mieux qu’elle soit en haut
mais tu la fais se pencher vers ton torse. Puis tu te mets un coussin sous les
fesses pour te donner un meilleur angle et tu fais le rentre-dedans au lieu
qu’elle te chevauche
— Heyyy, je crie
main sur la bouche. Donc quand on te croit sérieux et concentré sur le travail
là-bas, c’est ce que tu fais
— Lol quand je dis
que tu es un vrai con. Je te rappelle que je vais célébrer 31 ans bientôt
— et je mentais à la
petite que son mari viendra la chercher pour l’étranger bientôt
— tu ne lui as
techniquement pas menti, vu que son mari est venu la chercher du village pour
Lomé et qui sait, peut-être tu iras toi-même chez les blancs
— non merci, Lomé me
va parfaitement tant que je trouve du travail
— Vu que tu parles
de travail, j’ai décidé un peu à la dernière minute de rentrer. Une amie
m’avait sollicitée pour une affaire de vol de terrain sur laquelle je
travaillais à distance depuis un moment, et je suis là pour récupérer le titre
foncier de mon terrain aussi
– Nonnn tu as acheté
terrain ? m’écriai-je de joie
– Aie pitié des
voisins toi aussi, il plaisante
— Yooo tu mérites
une bière froide petit ! Attends je vais nous en chercher
– Il est dix heures
Fabien
— Faut laisser,
c’est son chaud on fête, je dis enjoué et pars nous chercher de la bonne
Heineken dans le frigo. Mais en sortant de cuisine, je tombe sur deux bouteilles
de vin que je ramène également avec moi.
— Tu sais que je ne
bois pas le vin mais tu t’es fatigué pour emmener ça ici ?
— Je ne les ai pas
apportés
— Ah bon ? Je ne les
ai pas achetés non plus, tu sais que je ne bois pas de vin. Bref tu veux quoi ?
— Envoie la bière, on
attendra Maria pour boire le vin ensemble
Nous descendons les deux
bières pendant qu’il me raconte comment il en est arrivé à devenir
propriétaire. Il m’apprend que c’est son ami Bruce qui avait eu vent de l’offre
et n’ayant pas la somme nécessaire, les deux se sont joints pour acheter ce qui
représentait un lot de terrain. Mais un beau jour, le gouvernement a décidé
qu’il voulait construire des routes et leur parcelle entrait dans leur plan.
C’est dans cette aventure qu’il s’est développé un intérêt pour le droit
immobilier et décidé de se convertir dans ce domaine. Et c’est après six ans de
litige que le gouvernement a décidé d’exonérer les concernés dans l’affaire de
la construction de routes. On leur a donc donné à lui et son ami un terrain
dans une zone certes reculée mais vu le temps que ça a pris, celui-ci a une
valeur monétaire plus grande que ce qu’ils avaient payé à l’époque. Son ami ne
voulant pas vivre en zone reculée a décidé de lui céder sa part et ils se sont
convenu sur un plan de paiement. Résultat, mon frère se retrouve propriétaire,
sur le papier du moins, d’un lot et demi que j’admire actuellement avec fierté.
— Ne t’en fais pas
pour le quartier hein, les endroits se remplissent vite à Lomé. En plus tu
auras les oreilles tranquilles d’ici que les églises et bars commencent à
débarquer en pagaille
— Je te dis lol. Ce
dont j’ai besoin c’est que tu me trouves au plus vite un maçon pour qu’on
débute la clôture avant mon départ. C’est vrai que le terrain m’a été donné par
l’état mais dans ce pays, tout peut se transformer en entourloupe
— Non ce qu’il te
faut avant le maçon c’est un architecte
— Ha ? J’en ai
besoin au début déjà ? Je ne prévois pas rentrer avant trois ans hein. En plus
je n’ai aucune idée de ce que je veux faire avec ce terrain pour le moment.
Est-ce que je vais vivre ici ou plutôt en faire un magasin pour le louer ?
— Raison de plus
pour voir un architecte au plus tôt. C’est vrai qu’ils peuvent coûter cher mais
au moins ils sont capables de ramasser tes idées confuses et d’en sortir un
plan concret. Alors que peu de maçons ont en tête une idée du produit fini
quand ils construisent. C’est pour que l’eau infiltre les murs, et crée des
cloques sur la peinture après, ou des auréoles sur le plafond. Le mois passé,
il y’a même un client impoli là qui s’est mis à me gueuler dessus que pourquoi
je n’ai pas fait passer les câbles de sa clim dans la terre mah. Et il refusait
de payer en plus le restant de mon salaire hein, sous prétexte que j’ai fait
des trous dans le mur de la chambre de sa fille. Or l’installation d’origine de
la maison ne me permettait pas de faire passer des câbles souterrains pour une
clim. 70 % du travail que je fais c’est du rafistolage des systèmes
d’électricité mal pensés ou de clients qui rêvent en couleur alors qu’ils
vivent dans des maisons blanc noir, donc évite-toi des maux de tête s’il te
plaît
— Le chef
électricien, tu as fini avec, il rigole
— Chacun son domaine
ou bien, je lui réponds avec humour
Nous rentrons après un
énième petit tour du terrain. Bijou est déjà rentrée à notre arrivée. Le riz
sénégalais que l’invité voulait manger était déjà sur le feu donc nous n’avons
pas traîné avant de nous mettre à table. J’ai quand même eu ma pâte de maïs en
renforcement sur le riz, bien que l’entente n’était pas de retour entre nous.
Eben a toutefois réussi à délier un peu sa langue, nous permettant de passer
une soirée agréable.
— Je pense aller au
village demain, m’annonce mon frère quand nous regagnons le lit
— Déjà ? Tu veux
avancer ton départ ou quoi ?
— Du tout. Comme j’ai
un peu de travail à faire à Lomé, je me dis autant aller voir les autres au
village et me concentrer sur mes activités professionnelles quand je reviens
— Ouais c’est pas
faux. Tu auras besoin de moi pour y aller ou je peux rester ?
— Est-ce que je suis
un enfant ? Reste et pense à te réconcilier avec ta femme
— Au lieu de me dire
de te chercher un bon architecte
— Lol ne change pas le
sujet, j’ai déjà une idée de qui je vais choisir comme architecte.
Concentre-toi sur ta petite, parce que j’ai vu qu’elle te jetait des coups
d’œil à la dérobée quand tu avais les yeux ailleurs. Tu lui manques
— C’est pour après
dire que le con de la famille c’est moi, je rigole
— Je vais rester au
village jusqu’au lundi prochain. Si je rentre et qu’elle n’est pas accrochée à
ton cou, tu vas te prendre mon pied aux fesses
— Donc on me brise
les couilles et toi c’est derrière que tu veux casser ? Je vous ai fait quoi ?
— Tu as mis ta pine
ailleurs
— C’est votre pine ?
D’ailleurs comment quelqu’un qui en a une longue comme toi, connaît les
positions que les petites doivent adopter ?
— Dans le temps,
c’est « grand frère pardon » que les gens disaient avant de parler à leur aîné.
Regarde comment tu ouvres ta bouche pour parler des choses intimes d’un homme
de 31 ans
— Dégage hein,
dis-je avec humour
Il part aux aurores le
lendemain avec sa bouche et longue pine. Comme j’ai cru déceler l’ombre de
Bijou quand je sortais pour emmener Eben à la gare, je décide d’aller cogner à
sa porte, au lieu de retourner au lit pour un dernier tour de sommeil. Elle
m’ouvre avec méfiance et garde uniquement sa tête dans l’entrebâillement.
— J’ai chauffé l’eau
déjà pour la douche, elle dit et veut fermer mais je tiens rapidement la porte
— On doit parler,
dis-je, ignorant sa réponse. Qui lui a demandé quelque chose concernant l’eau
chaude d’ailleurs ?
— J’arrive, elle
répond la mine fermée et sors de la chambre quelques minutes plus tard, au lieu
de juste m’ouvrir pour que je la rejoigne. Maintenant que j’y pense, je n’ai
jamais mis pied dans cette chambre depuis qu’elle l’a repris à son arrivée.
Bien sûr c’est celle qu’occupait Hilda donc je sais à quoi elle ressemble. Mais
Bijou ne l’a jamais laissée ouverte bien qu’on vive ensemble. Toutes les fois
où j’ai cogné, elle sortait toujours me trouver. J’avais conclu qu’elle était
juste pudique mais maintenant que mon con de frère m’a mis en esprit qu’elle
est ma femme, je commence à me demander pourquoi elle me tenait loin. Mes yeux
aussi dessinent les contours de sa forme sous sa jupe tandis qu’elle marche
devant moi. Eben c’est un sorcier.
— Inhein ? fait-elle
après un moment. Je constate qu’elle est assise et j’étais debout en train de la
regarder. Je m’installe aussi et me lance
— On ne règle pas
une fâcherie en restant dans son coin madame. Si tu es en colère parce que j’ai
ramené une fille, il fallait juste le dire et qu’on s’explique.
— Fâchée ? J’ai dit
ça ?
— Tu ne le dis pas
mais c’est ce que tu montres depuis là, ce qui n’est premièrement pas normal
parce qu’ici c’est aussi chez moi. Si je veux ramener une fille, c’est mon
droit
— Tu n’as pas le
droit de faire le mal à une fille ! elle me prend par surprise en me hurlant
limite dessus
— Qui a fait du mal
à quelle fille ?
— J’ai vu et mes
oreilles ont entendu quand la fille criait ! Je pensais pas que tu étais
méchant comme ça Fabien. Ta maman n’est pas comme ça alors pourquoi tu fais ça ?
En plus je pensais qu’on était amis. C’est vraiment… vraiment…, Sa voix
s’effondre et ses épaules sont tendues mais surtout le regard qu’elle pose sur
moi est teinté de déception et d’une grande colère. Plus perdu que jamais, je
me déplace pour me rapprocher d’elle mais elle se recule instinctivement et me
crie de ne pas la toucher
— Mari… Bijou, je
reprends doucement, je t’assure que la fille n’avait pas mal. Elle criait de
temps en temps c’est vrai mais c’est parce qu’elle avait envie. Tu sais, euh… tu
sais comment on fait les enfants non ? demandai-je pour me rassurer qu’elle
n’était pas totalement larguée
— C’est pas parce
qu’on fait les enfants comme ça que tu dois la faire mal ! Je l’ai entendu,
elle a bien dit « Fabien Makoula » (je vais mourir), elle dit et j’aurais
éclaté de rire si ses larmes ne dansaient pas aux bords de ses cils
— Tu n’as jamais
couché avec un homme je suppose
— Snif… coucher,
c’est quoi ?
Je lui répète la phrase
en mina et les larmes tombent une à une sur ses joues. Instinctivement, je pose
la main sur son poing qu’elle avait serré fort sur sa cuisse. Elle a fermé les
yeux si forts qu’à un moment je doutais qu’elle soit encore avec moi.
— Mon anc.. ien
patron m’a… m’a poussé dans la cham…bre…, ens.. uite, il a tiré sur ma serv…. iette…,
il m’a fait mal, mais je voulais pas ça, elle me dit cette dernière phrase en
ouvrant les yeux et le mal que j’y lis me fait me lever automatiquement puis la
prendre contre moi. Je ne sais plus qui de nous tremblait au final. Entre elle
dont le corps était secoué par les sanglots et le mien secoué par son récit
qu’elle continuait à partager malgré ses pleurs.