8- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Je me suis laissée convaincre par Iris et Georgette. Et déjà, je le regrette.

Nous venons d’arrivée à la 5ème Avenue. C’est un club sur la route d’Attoban, à la Riviéra 2. La soirée est déjà bien avancée et l’ambiance est à son paroxysme. Trois jeunes femmes en boite autant vous dire que nous sommes des proies pour la quasi-totalité des hommes présents. Qu’ils soient célibataires ou en couple.

Je quitte le dancefloor après un bon quart d’heure à faire du twerk sur quelques hits purement sexuels d’artistes comme Rihanna, Nicki Minaj ou encore Miley Cyrus. Il faut que j’aille reposer mon dos un moment.

Je retourne à notre salon où je me sers un verre de Vodka. Je le vide pratiquement et je m’en ressers un autre. C’est une soirée de folie. Iris est en train de se faire serrer par un gros balourd. Avec le jeu de lumière, j’ai un peu de mal à voir l’expression de son visage. Il vaudrait mieux que j’aille à son secours.

Je quitte ma place alors que le DJ fait passer un son terriblement sensuel. Un zouk. Le genre de zouk qui t’envoie directement au septième ciel. Je vais en profiter pour faire rager encore plus toutes ces filles qui ont le regard mauvais depuis que nous sommes arrivées.

Georgette et moi nous lançons dans une danse intimiste. Une danse sexuelle. Nous caressant presque. Remuant des hanches jusqu’à toucher le sol. Nous chuchotant les paroles de cette mélodie dans le creux du cou.

 

Rudy EYA***

Je viens de rejoindre mes potes à la 5ème Avenue. Je suis d’humeur massacrante. Si je restais chez moi, j’aurai tout cassé. Sans grande surprise, ils sont installés avec quelques jolies filles. Abidjan est un petit paradis où se baladent des déesses et des fées.

« Je pensais que étais fatigué. », me lance Calvin dès que je m’assois.

« J’avais juste besoin de me reposer un peu. Je vois que vous êtes déjà bien partis », fis-je en passant en revue les bouteilles sur la table.

« La semaine a été dure, on avait envie d’évacuer. »

« Je ne te parle pas de la mienne. »

Des dizaines de filles s’agitent sur la piste. Essayant de faire ces trucs que Rihanna fait dans certains de ses clips avec ses fesses mais sns grands succès. Je rigole en pointant les plus ridicules. Le métier n’est pas facile mais il faut persévérer. J’avale un verre de whisky sec. Je me brûle presque la gorge. Je m’en sers un autre. Cette fois avec quelques glaçons. Une jeune demoiselle tire Calvin sur la piste et je me retrouve seul. Je profite de ce moment pour faire un rapide tour du regard et là, c’est comme si je venais d’avaoir une révélation.

« Damn ! »

Je vient de tomber sur un avion de chasse qui ne se débrouille pas mal. Elle fait même plus que se débrouiller. Autour d’elle, sont agglutinés quelques hommes dont je devine vite les pensées perverses. Je ne peux m’empêcher de l’imaginer nu esquissant les mêmes mouvements juste devant mon nez et juste pour moi. Mon portable vibre dans ma poche, je le sort. Un message de mon plan cul. Elle ma trop énervé tout à l’heure celle-là. Je préfère continuer à admirer cette petite bombe.

Je lève les yeux et elle n’est plus là.

« Merde ! »

« Qu’est-ce qui t’arrive type ? », m’interroge Loïc.

« Un canon vient de disparaitre là, juste sous mon nez.

Il se met à rire. Je fais de même.

« Je te jure ! Tu l’aurais vu que tu serais directement allé lui demander son nom. Je te connais ! »

« Je ne perds pas de temps moi ! »

Voilà que le DJ nous met un zouk. Je ne sais pas pourquoi mais je déteste le zouk. J’ai mes raisons. En premier, il y a toujours cette fille dont vous n’en n’avez rien à foutre qui veut sauter sur l’occasion pour vous tenir dans ses bras en s’imaginant que c’est vous qui la tenez. Ensuite, à part se déplacer sur une ligne droite, et chuchoter à ton oreille, elle ne fait strictement rien. Et pour finir, après un zouk en cache toujours un autre.

« Tu veux danser ? », me demande une jeune femme aux mèches blondes.

Elle n’est pas du tout mon genre. Rien de naturel. On dirait qu’elle force tout. Je suis obligé de décliner son offre. Si mes potes me voient avec elle, je me suiciderai. J’ai quand même une réputation à préserver. Calvin lui est collé serré avec une fille qu’on connait bien. Elle lui fait du charme depuis un moment déjà. Je devine qu’elle doit être aux anges.

Je continue ma ronde, on ne sait jamais sur quel spécimen je pourrai tomber.

« Eh bah dis donc c’est chaud là-bas ! »

« Quoi ? »

« Loïc, regarde par-là ! »

Il suit mon doigt du regard.

« Putain ! Ce n’est pas possible ! Ce genre de truc devrait être interdit mon type. »

Nous admirons ces deux filles en train de se chercher sur une musique. Je sens comme un éclair parcourir mon échine dorsale. La grosse n’est pas mal en plus, elle brise tous les clichés que je me faisais. Je dois l’admettre, pour une grosse, elle bouge hyper bien. Mais l’autre, mon avion de chasse c’est autre chose. Même si elle est de dos, je devine commence à imaginer les traits de son visage. Tout doit y être sexy.

J’ai envie d’aller buter le DJ lorsqu’il passe à un autre genre. Quel crétin !

Je continue tout de même d’observer cette fille. Puis, c’est le choc ! Elle se retourne et j’ai l’impression qu’il s’agit de Nowa. Je ferme les yeux une seconde pour réfléchir et elle a de nouveau disparu.

« Tu cherches quoi comme ça ? », me demande Calvin qui vient de s’assoir tout essoufflé.

« J’ai cru voir Nowa ! »

« La cousine d’Iris ? »

Il en a des questions !

« Tu en connais une autre ? »

« Ne fais pas ta pute avec moi hein ! De toutes les manières, Iris m’a dit qu’elles se feront une soirée entre filles mais je ne pense pas qu’elles soient arrivées jusqu’ici. Et puis, je meurs d’envie de te le dire depuis ! Tu t’es conduit comme un connard avec cette fille. »

Je ne me rappelle pas avoir fait quoique ce soit de mal. Je pourri dire que j’ai été arnaqué par elle. J’étais loin d’imaginer que son corps était recouvert de ces espèces de tâches blanchâtres. J’aurai bien aimé le voir à ma place.

« Merci pour le compliment ! »

Je préfère jouer cette carte-là.

Mon avion de chasse réapparait dans mon champ visuel. Je peux dire sans aucune forme d’hésitation qu’il ne s’agit pas de Nowa. Cette fille porte des cheveux courts ou une perruque alors que pour les avoir touchés, je suis certain que Nowa a les cheveux naturellement longs et doux. Elle aussi, n’eut été ma petite surprise matinale, je lui aurai demandé de rester. A penser à elle, je commence à sentir une légère érection.

Aux grands mots les grands remèdes. Il est temps pour moi de me trouver un autre plan cul et cette fille là-bas ferait parfaitement l’affaire.

« Je reviens ! », lançais-je en me levant.

« Tu vas où ? »

« Calvin, je suis pas ta gonzesse pitié ! »

Je suis miss fusée dans la boite, en essayant de ne pas la perdre du regard. Il ne faudrait pas qu’un de ces papys hyper friqués me devance. Je bouscule quelques-uns au passage et c’est bien fait pour eux. Qu’est-ce qu’ils ont à la reluquer ce cette manière. C’est vrai que ce pantalon lui fait une croupe à damner un saint. Elle se dirige vers la sortie, ça tombe bien.

« Lachez-moi ! », crie-t-elle.

« Mais vous êtes un grand malade vous ! »

Je hâte le pas et je la retrouve en train d’essayer de dégager son bras de l’emprise d’un homme qui m’a l’air de ne pas lui vouloir du bien. C’est le moment de gagner des points devant elle, après ça elle ne pourra te résister.

« Vous n’avez pas entendu ce qu’elle a dit ? »

Les deux se retournent et là, c’est le choc. Le second de la soirée. Cette fille n’est autre que Nowa. Cette fois j’en suis sûr.

« Mais qu’est-ce que je vous ai demandé à vous ? »

Quand c’est parti, c’est parti !

Me voilà en train de jouer à superman pour la fille avec laquelle j’ai couché il y a quelques semaines. Cette fille dont la coloration m’avait effrayé le matin même. Je me prends un sacré coup à la mâchoire mais je fini tout de même par allonger ce goujat sur le bitume. Je tiens à remercier ma mère pour les inscriptions aux cours de boxe.

« Ça va, tu n’as rien ? », demandais-je en lui tenant le poignet.

« Lâche-moi ! », murmura-t-elle.

Nous restons là, un court instant les yeux dans les yeux. Je ne comprends pas ce qui se passe.

« Lâche-moi ! », me crache-t-elle au visage en se dégageant violement de moi.

« Je viens de te sauver la vie Nowa ! Bon sang pourquoi tu es toujours aussi compliquée ? »

Je ne peux m’empêcher de m’attarder sur ces grands yeux, son nez et sa bouche colorée. Elle a cet air glam-rock qui me fait craquer.

« Qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux ? »

« Mais tu es malade ou quoi ? LACHE-MOI ! »

Elle a crié tellement fort que j’ai fini par laisser tomber mes mains. Sans un mot de plus, elle est rentrée dans le club.

« Tu es dans la merde Rudy EYA. »

 

J’ai l’impression que rien ne va depuis cette fameuse nuit à la 5ème Avenue. Je commence à penser que j’aurai mieux fait de rester dormir ce soir-là ou encore de faire des folies de mon corps avec Tina.

Tina c’est mon plan cul depuis près de trois ans. Trois ans c’est le temps qu’il faut à certains pour faire leur déclaration, se mettre en couple, faire une demande de fiançailles et se marier. C’est d’ailleurs le temps qu’il a fallu à Tristan pour qu’il fasse sa demande en mariage. Oui, mon plan cul est sur le point de se marier et pourtant, elle ne manque pas une occasion de venir assouvir quelques de ses fantasmes dans mon lit. Avant tout allait bien entre nous vu qu’il n’y avait pas vraiment de nous. Mais depuis qu’elle a la bague au doigt, je ne sais pas mais j’ai comme l’impression qu’elle devient chiante. J’ai l’impression qu’elle s’attendait à ce que je sois jaloux, que je lui fasse une déclaration et pour finir que je lui demande de faire un choix. Mais voilà, elle sait désormais qu’elle se trompe. Entre elle et moi, c’était purement physique. Dans la vie, il ne faut pas se mélanger les pinceaux. En y réfléchissant, je me demande pourquoi elle a donc accepté d’épouser Tristan.

J’arrive chez moi avec une seule idée en tête. Prendre une douche, avaler un doliprane et me coucher. J’ai eu mon lot de misère pour le jour.

Je sors à peine de la douche quand j’entends sonner. A travers le judas, j’aperçois la tête déformée de Calvin. J’ouvre.

« Tu es malade ou quoi ? »

« Sale journée ! », dis-je en tombant dans un fauteuil.

« Que s’est-il passé ? »

« Si je te raconte tu ne voudras pas me croire ! »

Tout a commencé sous la douche. Je n’ai pas pu avoir d’eau chaude alors que pour l’africain que je suis, il faisait froid. Puis, en allant au boulot, une voiture m’est rentrée dedans, ce qui m’a fait arriver en retard à une importante présentation. Vu que ma secrétaire a accouché il y a moins de 48h, l’agence d’intérim m’en a envoyé une autre. Celle-là, d’une incompétence caractérisée et du genre à poursuivre n’importe qui pour harcèlement sexuel. Voilà ce que fut ma journée.

« Je venais juste te dire qu’on ne va pas pouvoir regarder le match ensemble ce soir. »

J’avais oublié ce match.

« Pourquoi ? »

« Je vais le voir avec Iris. »

« Et sa cousine Nowa je suppose ! Tu ne te taperais pas les deux par hasard ? Ne t’énerves pas, c’est juste pour savoir. »

Il se met à rire. Il y en a au moins un qui passera du bon temps.

« Tu es un idiot fini ! »

« Sinon, ça va avec Iris ? Je te pose la question parce que d’habitude tu es attiré par des fils de fer et là, ça va faire combien de temps déjà ? »

« J’ai grandi Rudy ! J’ai appris qu’il n’y a pas que le poids qui rentre en jeu pour l’équilibre d’une relation. Il faut que j’y aille. »

« Attends ! »

ILui qui s’apprêtait à ouvrir la porte se retourne. Je commence à croire que je suis malade. Je vais quand même tenter le coup et si jamais ça ne marche pas, je pourrai toujours dire que je délirais.

« Et Nowa ? Tu pens… »

Il lève la main ce qui me stoppe dans mon élan.

« Elle ne veut pas entendre ne serait-ce que ton prénom. Et crois-moi ce n’est pas du tout ta catégorie cette petite. »

OK ! Le message est clairement passé. Il ferait mieux d’y aller.

Je crois que je vais sauter mon repas de ce soir, j’ai trop sommeil.

Les couleurs de nos...