86 : Oh I’ll tell you all about it when I see you again
Write by Gioia
***Aïdara Laré AW***
Ça y’est. C’est avec tristesse
que je charge dans notre bus de retour le restant des valises des enfants. La
colonie prend fin et les petits chenapans vont me manquer. Le trajet de notre
lieu de résidences au point de chute à Nairobi durera entre neuf et dix heures
dépendant du trafic routier. Assez de temps pour papoter et se faire de
derniers souvenirs. Et pour nous en faire, nous avons maximisé les heures au
point où les enfants ont refusé de faire la sieste bien qu’on soit parti à cinq
heures du matin pour s’assurer d’arriver un peu tôt. C’est un peu après seize
heures que nous sommes arrivés au local de l’ONG à Parklands. Je n’ai pas pu
retenir la petite larme durant les séparations.
– Papa a dit que si
j’arrête de déranger, je pourrais revenir l’été prochain donc toi aussi il faut
venir han, on a un rendez-vous, me crie Charles au loin alors qu’il s’éloignait
avec son papa
Je lève les deux bras
pour le saluer et lui offre un sourire que j’espérais convaincant. Les chances
que je revienne l’été prochain sont infimes. Je commence mon premier emploi
sérieux dans quelques jours et mon espoir c’est d’être gardé après la probation
donc mes étés seront pris. Impossible que je sois aussi à la colonie. Toutefois,
une partie de moi est remplie de nostalgie à l’idée qu’ils vont se réjouir sans
moi dans un an. Les autres aussi me disent au revoir et certains se font
consoler par leurs parents parce qu’ils versent des larmes. C’est bizarre
comment on s’attache vite aux enfants comme ça.
En tout cas je tourne le
dos à toute cette émotion et rentre dans le centre pour aller voir le directeur
du centre. Je m’attendais à ce qu’on fasse le débriefing maintenant mais il me
donne la soirée tout en précisant qu’il me recontactera via mail à cet effet.
C’est Marley que je croise en premier en sortant du bureau.
– Je te dépose, il
dit au lieu de demander
Je le suis aussi,
bredouillant un merci au passage. De toute façon j’allais soit déranger Snam,
soit prendre un taxi pour rentrer. Dans sa voiture je constate avec surprise
que Thema est déjà installée en arrière.
– Hi Daffy, elle me
salue tête sur sa console de jeux. Le premier jour de la colonie, la coutume
demande qu’on retire aux enfants tout ce qui peut être objet de distraction et
nous le leur retournons à la fin. Donc là elle n’a le temps de personne là
– Elle va dormir
chez tchoi ? j’interroge Marley
– Jalouse ?
– Crétun
– OK je la prends
celle là aussi, il rigole. Ne me tue pas han, j’ai nos vies entre mes mains et
non. Je la dépose selon les recommandations de son frère
– Euh tchu peux me
laisser avant ?
– Je suis à six
minutes de là, il y’a un souci ?
– Oh non non,
vas-dji, m’empressai-je de répondre, et priant qu’Hilda ne se trouve pas
là-bas. Je n’ai pas envie d’entendre des longs discours dans cet état. Je suis
éreintée
Nous arrivons à Muthaiga,
l’endroit que les Kenyans appellent leur Beverly Hills. En tout cas c’est ce
que j’ai ouï dire chez des anciens amis de promo. Une bonne partie de la crème
Kenyane réside ici, ainsi que les expatriés extrêmement bien payés, dont le
frère de Thema doit faire partie, je supposais. Mais Marley prend une sortie de
route et la minute suivante, je reconnais le Country Club de Muthaiga.
– Euh…, on va là-bas ? fais-je surprise
– Oui, il répond
avant de descendre la vitre une fois au niveau du gardien et le saluer
-Good
evening Sir, May I have your name ? (Bonsoir Monsieur, puis-je avoir votre nom) lui répond le monsieur à la
grille
– Marley
Boulder
-Which
member has invited you ? (Quel
member vous a invite)
-Huh I am here to drop
Attorney General Asamoah’s daughter (Je viens déposer la fille du procureur général
Asamoah)
-The full name Sir,
insiste l’agent (le nom au complet Monsieur)
– Eliza Ameley
Coleman-Asamoah, Thema répond depuis l’arrière
-Oh
wonderful, Can I have an ID or passeport Sir? (Merveilleux, puis-je avoir une pièce d’identité ou un passeport monsieur)
– Ho juste pour
déposer la petite ? il s’étonne
et je serre mes fesses pour bloquer le rire qui voulait sortir
– Pardan donne
l’IDJI, ils ne laichent pas n’importe qui entchrer ici, je lui dis. Il
s’exécute tout en maugréant des petites protestations en français.
Peut-être le gardien ne
m’a pas remarqué parce qu’ils nous laissent passer sans demander ma part mais
stipule uniquement qu’on se dirige au main lounge. Pendant qu’on s’y rend, je
partage avec Marley notre petite histoire liée à ce lieu.
– C’est un lieu très
chélect han. À sa premiare vidjite papa a echayé de nous y emmener avec les
filles mais on l’a recalé à la portche avec la raidjon que c’est uyiquement
pour les membres ou invités de membres
– PFFF ! Ils n’ont pas intérêt à sortir leur élitisme
avec moi, il me prévient comme si c’était moi qui fixais les règles ici
Nous descendons de l’auto
et suivons les instructions pour nous rendre à l’endroit indiqué. Là-bas il y’a
aussi un clerk qui reconfirme notre identité.
-Mrs Coleman-Asamoah has
booked a table for dinner in the main dining room however you are not
appropriately dressed for the place, (Mme Coleman-Asamoah a réservé une
table dans la pièce principale cependant vous n’êtes pas habillés
convenablement pour l’occasion), le clerk lui dit tout en dévisageant nos
tenues
-Look I am
just here to drop this girl! May I ? (Regardez, je suis juste ici pour déposer cette
petite), s’impatiente Marley
-Well our
rules do state you have to be in formal attire as you can read it on the board.
But we will waive it this time and if you could please give me your size, so we
can lend you a Jacket, (Comme vous le lisez sur l’affiche, le code vestimentaire
de mise est le formel. Toutefois,
nous allons déroger à certaines pour cette occasion. Pouvez-vous me donner
votre taille pour qu’on vous prête une veste s’il vous plaît), le clerk
réplique avec tout le sérieux au monde. Dans quoi on est arrivé ?
– Hum 52, répond
Marley avant de bien toiser l’employé qui s’en va et lui ramène effectivement
une veste. L’essai est impeccable.
-The lady can’t…(la
demoiselle ne peut…)
– Oh it’ch fine, je
m’empresse de confirmer
– Bye Daffy, Thema
me dit et je précise qu’en dépit de ce qu’on nous montre depuis là, elle n’a
pas détaché une fois la tête de sa console
– No not this way
Sir, (Non Monsieur, pas par là), le clerk interpelle Marley qui se dirigeait
vers la porte d’entrée du resto. Please come with me, we’ll have to go through
the Veranda entrance (Venez avec moi, nous devons passer par l’entrée de la
Véranda)
Marley marque une pause,
me regarde puis regarde le clerk et s’en la combustion verbale.
– Aysh (signifie
l’étonnement de façon négative en slang sud-africain) ! Just to drop a person? (Juste pour déposer une personne)
-Sir could you please
stop raising your voice (Monsieur pouvez-vous baisser le ton s’il vous plaît)
– No ! No no No! First, it’s burning hot
and you asked me to wear a Jacket, now I have to enter from the back…., (Primo,
c’est la canicule dehors et vous me demandez de mettre une veste. Maintenant je
dois entrer par l’arrière…), il s’écrie
-Sir you
are wearing sneakers and they are not allowed in the main d…(Monsieur vous
portez des baskets et ils ne sont pas acceptés dans le resto princi….)
-Do you
know these shoes? (Vous connaissez
ses chaussures ?) Bref c’est
parce que je discute avec vous, il dit et pousse un juron avant de sortir le
téléphone mais le clerc aussi ne veut rien laisser. Il lui dit que le téléphone
n’est pas autorisé dans cette partie. Mon frère Marley demande que, est-ce
qu’on le connaît mah et c’est là que je perds la bataille, éclatant de rire ce
qui me vaut un regard meurtrier du clerk.
– Mommy ?
– ….
-Yes I am
here with Thema and these people are giving me a hard time (oui je suis là avec
Thema et ces gens me compliquent la tâche)
-….
– OK, I am waiting,
il répond avec l’air d’un enfant qui attend que son parent arrive pour en
découdre avec ses emmerdeurs. Il faut entrer dans ma tête pour voir comment je
rigole tout en me roulant par terre
-What do
you even cook here that I have not eaten? (Qu’est-ce que vous cuisinez même ici que je n’ai jamais mangé) Il
questionne et toise bien le clerc qui ne l’avait plus dérangé oh
-Sir I will have to call
security if you…(Monsieur je vais devoir appeler la sécurité si vous….)
– Bathong, Call them! (Un peu comme Aysh. Appelle-les !)
-Sir this
is the last…. (Monsieur, c’est la
dernière…)
-What’s going on here? Demande
une dame super classe qui s’est approchée alertée par l’échange entre les
hommes. À son accoutrement, je suppose qu’elle est la supérieure du clerk
Le clerk explique tandis
que Marley adopte la position de quelqu’un prêt au combat si jamais l’autre là
ose. Moi je me fais petite oh et reste dans mon coin avec Thema et sa console
hein. On attend Mommy
ensemble.
-Your
commotion is not permitted here Sir. Are you a member? (Votre commotion n’est pas autorisée ici Monsieur. Êtes-vous membre du club ?)
– Me ? Madam please, look into updating
your uptight rules before asking if I am a member of a club built by colonizers
in 1913 (Moi ? De grâce Madame, pensez à
mettre à jour vos règles avant de demander si je suis membre d’un club
construit par les colons en 1913)
-And who invited you? (Et
qui vous a invité ?) Elle le
questionne sur un ton hautain ignorant royalement sa suggestion
– He’s my guest,
répond une seconde dame tout aussi classe que la première. Mommy, je suppose. Thema
décolle enfin sa face de son jeu et court lui tomber dans les bras. Marley lui
rapporte avec passion son indignation. La première dame et Mommy échangent en
swahili. Le peu que je comprends me permet d’entendre que Mommy se fait un peu
reprocher d’avoir invité des gens qui ne sont pas conformes à la politique du
club. Pas que c’est juste notre attitude le souci hein. Non non. Nous-mêmes de
la tête aux pieds nous sommes inconformes à la politique d’entrée de leur club.
Les uns, les autres et les etc.… , c’est ce que je vois actuellement. La
première dame s’étend beaucoup en bavardage pour finir par dire en résumé que
c’est juste parce que c’est Mommy qu’elle autorise qu’on entre, puis elle s’en
va, les lèvres bien serrées.
– ça va Marley ? la dame demande en français ce qui me surprend
– Mieux quand je
sortirai d’ici. Tu as fait bon voyage ?
– Oui oui. Tu ne me
présentes pas ta petite copine ?
– Oh oui sorry,
voici Aïdara. Elle était monitrice à la colonie
– Oh great.
Enchantée, je suis la mère de Thema. J’espère qu’elle n’était pas trop collée à
Marley
-Mommy are
you saying bad things about me? demande la gamine
– Of course not, rétorque
sa mère, ce qui m’amuse
– Yeah right, I
definitely need to start learning French, commente la petite pendant que sa
mère nous invite à nous joindre à elle pour le dîner
– Je vais décliner
pour ma part. Mais je peux repasser te chercher Dar…
– Oh no, umm, je paze
mon tchour, bredoullai-je. Mommy me lance un regard inquisiteur. Certainement à
cause de mon élocution. J’ai l’habitude.
Nous prenons congés
d’elle et c’est limite avec agacement que Marley récupère son ID auprès du
gardien à l’entrée.
– Si Mommy che fait
renvoyer du clob maintchenant…, dis-je pour le taquiner
– Qu’ils la
renvoient, elle viendra manger chez moi
– Lol, je zavais pas
que tu pouvais cook
– Je te fais un sale
braai, l’équivalent du barbecue en Afrique du Sud. Et tiens-toi bien la
majorité de mes recettes prennent un maxi de deux heures à faire. L’ex de
Cédric était verte de jalousie que son mec préfère ma cuisine
– Tchu as
définitchivement adopté la cultchure sud-africaine hein. J’ai remarqué à tes
expressions djurant la colonie que je n’ai jamais entendu pendant les trois
années qu’on s’est connus
– Normal, Mes
premières années de vie adulte, je les ai faits là-bas, entre des natifs,
ghanéens, nigérians et j’en passe. En plus je ne peux pas dire qu’on s’est
réellement côtoyé durant ses trois dernières années. Je passais à coup de vent,
au trop deux fois dans le mois. Et tu m’adressais à peine la parole lorsque
j’étais là.
– J’étais tchimide
avant, répliquai-je gênée, comme si je ne l’étais plus
– Je sais et
heureusement pour nous, j’ai eu le temps de craquer sur tes cuisses en collant
d’hiver avant d’entendre ton rire d’hyène durant la colonie, il dit et se
permet de rire
– C’est ton
attichude là qui a fait qu’on t’a djit de pacher par l’arrière au club,
répondis-je en le regardant de travers
– Un club de 1913 je
te dis, ils ne connaissent rien
Il me dépose en bas de
mon immeuble et à mon adieu, il répond à bientôt avec un clin d’œil. Toujours
dans le too much ce gars. C’est Snam qui me saute dessus dès que j’ouvre la
porte. Elle ne s’efface que lorsqu’Hilda court aussi me sauter dessus. Elles
m’ont manqué ses folles.
J’ai dû me contenter de
douches rapides souvent froides durant la colonie donc un long bain et chaud
s’impose. Hilda me tient compagnie tout en me mettant à jour sur les nouvelles
en mon absence. Il lui arrive de dormir avec moi quand on se perd dans les
causeries comme ça mais pas ce soir. Un grand lit bien douillet pour moi seule,
c’est ce dont j’ai besoin donc je la chasse dès que mon pyjama est sur mon dos.
Environ deux heures plus
tard, les lumières sont éteintes dans la maison. Tout le monde doit être
endormi et je m’attendais à l’être mais non. Je ne fais que tourner et sourire
en repensant aux souvenirs que je me suis faits en si peu de temps. Les minutes
qui suivent, je conclus que mon cerveau est trop excité pour le repos donc je
sors le report que je dois rendre au directeur de l’ONG, histoire de le revoir.
C’est en rigolant que je lis les quelques parties concernant Marley. Mally
avait raison, le kongossa à haute dose. J’ai même marqué qu’il prête les
chouchous des filles pour se faire des couettes. La pertinence de ça là c’est
quoi ? Bref je ne vois plus l’intérêt
d’une bonne partie de sa section. Déjà qu’on ne m’avait pas demandé. Il est le
favori des enfants, y’a rien à dire. Tous sans exception, lui ont fait promis
de revenir l’été prochain. J’ai changé quelques mots ici et là et remis au
propre sur mon ordi mais ça ne m’a pas assez fatigué l’esprit.
Donc, quoi faire ensuite ? La mention du collant d’hiver me revient. Je
n’ai même pas souvenir d’en avoir porté devant lui, mais c’est vrai que j’en
porte lorsqu’il fait un peu frais. En réalité, je les mets plus pour le look.
Les culottes me vont bien je trouve mais exposer mes cicatrices me met mal à
l’aise donc lorsque le temps se rafraichit, je ne perds pas une seconde pour
porter mes collants fins.
Penser à lui me fait du
coup penser à sa proposition. Folle, inattendue, étrange et… intrigante. J’espérais
rencontrer mon futur amoureux sur le lieu de travail. Un client pour qui
j’aurais un faible mais que je combattrais bien sûr comme le demande le
professionnalisme, ne sachant pas que lui aussi en pinçait un peu pour moi,
mais n’oserait pas le dire, car timide. Et une fois son dossier clos qu’il
m’inviterait à dîner, laissant sous-entendre que ce n’est pas juste pour me
remercier mais qu’il veut aussi me connaître. Ouais deux timides ensemble,
trébuchant sur leurs mots, je trouve ça attendrissant. En plus sous la couette
chacun serait choqué et excité que l’autre malgré la timidité soit
entreprenant.
Sinon un employé d’une firme qui
représenterait l’accusation sur une affaire pendant que nous aurions la charge
de la défense. Nous aurions à nous tamponner durant la période de recherches et
bien sûr chacun essaierait de battre l’autre sur le terrain. La concurrence
j’aime bien. Je trouve ça stimulant. Et quand mon esprit est stimulé bah je
trempe ma culotte hein. J’en ai fait les frais dans ma carrière de lectrice
pro.
Bien que je sois une
grande rêveuse, je garde quand même une part de réalisme. La probabilité est
faible pour que mon futur amoureux soit beau, grand, intelligent, responsable,
gentil, timide, classe, un peu vicieux au lit, mais juste un peu comme ça il ne
sera pas choqué par mes envies, mais pas trop non plus pour me demander qu’on
aille dans un club d’échangisme juste parce que j’ai proposé qu’on essaie un
coup à la plage. Donc je disais qu’elle est faible la probabilité que je tombe
sur cet amoureux pour ma première relation. Mais une aventure avant, ne sonne
pas si mal dans mon esprit. Je prends mon ordi pour dresser des clauses. Je ne
vais pas aller en aventure sans repères et puis ça a un peu réussi à Grey.
Pourquoi pas moi ?
Ça me prend presque deux
heures aussi pour dresser des clauses que je trouve justes. Et étrangement mon
cerveau accepte enfin de se reposer. Au réveil je suis seule. Rien de
surprenant. Je me suis levée après dix heures. Snam doit être en train d’écrire
son examen. Hilda avait mentionné hier qu’elle prendrait la voiture pour faire
les courses.
Je me verse du lait pour
mon petit-déj et consulte mes courriels pendant ce temps. Le directeur de l’ONG
me propose différentes plages horaires. Je prends la plus proche. Et sur un
coup de tête, je texte Marley.
– Encore en vie ?
– Courbaturé et toi ? il répond sans hésiter
– Moi aussi, je ne
m’y attendais pas
– Lol mine de rien,
on a fait beaucoup de choses en peu de temps, c’est normal. Que me vaut
l’honneur de ce message ? Je te manque
– Du calme han, je
venais m’assurer que tu m’as bien noté dans le report
– Haha, la
corruption ne te ressemble pas cutie
– Cutie ? Tu m’as pris pour un oisillon ?
– Avec ces grosses
cuisses là ? Jamais. Mais je trouve que
Cutie te va bien
– Tu es occupé
aujourd’hui ?
– Si c’est pour vous
apporter de l’eau oui. Mais pour te voir et entendre ton rire d’hyène, j’ai
toute la journée
– Rhooo ce que tu
peux être bête
– Avoue que tu t’es
marrée en lisant le message
– Je débarque dans
une heure ou deux, tu verras sur ma face si ça m’amuse, répondis-je bien amusée
Comme annoncé je file
m’habiller pour l’occasion. Une robe noire et à la dernière minute j’enfile un
collant. En dix minutes de course taxi, je suis chez lui. Il m’ouvre
ironiquement en chemise blanche et ne manque pas une seconde pour le pointer.
– Tu viens en sexy
diablesse comme ça pour tenter le petit innocent que je suis ?
– Ton innozence est
djouteuse, dis-je en entrant et il porte un sourire coupable
***Marley Boulder***
En lui disant à bientôt,
je ne m’attendais pas à ce que ça se passe si vite. D’ailleurs j’ignore
totalement si c’est ce que je désire qu’elle est venue chercher. Mais si ce
n’est pas ça, elle sait quand même me mettre l’eau à la bouche. L’an dernier je
l’ai vu dans une robette dévoilant ses énormes cuisses et une image charnelle
de nous deux s’est imprimée dans mon esprit. Au lieu de la raconter, je la
garde jusqu’au moment où je la vivrai. Elle me présente une feuille que je
prends un peu intrigué et manque de m’étrangler avec l’eau que je bois en
lisant le contenu.
– Ayors, pour faire
zimple, j’ai penzé à ce que tu as djit mais c’est tchrop bizarre d’ouvrir la
bouche pour te djire donc j’ai tchout écrit comme ça on peut regarder enzemble ? dit-elle sur un ton hésitant comme si elle
guettait chacune de mes réactions
Moi Aïdara Laré Aw, âgée
de 23 ans au moment de cette déclaration, atteste sous l’honneur que je ne
suis sous l’influence d’aucun stimulant ou stupéfiant pendant l’établissement
dudit contrat.
L’entente présente engage
les participants à :
1-
Garder la
confidentialité en ce qui concerne les échanges et révélations
2-
S’assurer
d’être sains et protéger la santé sexuelle de l’autre
3-
Respecter les
limites de l’autre. Le participant masculin doit en outre être informé que la
partenaire n’a aucune expérience dans le monde réel. Elle peut avoir l’air de
maitriser mais c’est une petite chochotte
4-
Maintenir
l’exclusivité dans les rapports. En français courant les participants ne
doivent pas sexuellement voire ailleurs avant la rupture de l’entente
5-
Divulguer
toute faiblesse potentielle pouvant entraver la qualité de l’expérience. Un
exemple : La participante féminie n’est pas très à l’aise avec son corps
mais elle fait des efforts
6-
Suivant le
point cinq, la participante féminine préfère garder son haut durant les
sessions de découverte charnelle
7-
Déterminer en
commun la durée de ladite entente
Une partie m’est
destinée, pour que j’y mette mon nom, stipulant que j’approuve cette offre. Je
la relis une seconde fois avec beaucoup d’humour et ma verge se réveille quand
je croise son regard fuyant.
– J’ai des
amendements à faire. La clause 6 doit être changée.
– J’ai eu un… un azident
qui a laizé des mar.. ques pas belles du tchout sur mon corps
– Je sais ce qui
s’est passé mais on trouvera un moyen que tu t’habitues
– Mais…
– Je ne fais pas
l’amour à Winnie l’ourson Madame. Ça lui prend une seconde pour comprendre la
blague et le lien mais son rire d’hyène remplit aussitôt mes oreilles et elle
m’insulte. Au moins j’ai réussi à briser un peu la glace
– Alors umm…, le
reste te va ?
En quelques secondes, je
suis tout près d’elle. Je lui rappelle une règle universelle. Avant de
souscrire à tout programme, il faut bien avoir un aperçu. J’approche ma face
d’elle et enhardie par le fait qu’elle ne recule pas, je pose ma bouche sur la
sienne. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà embrassé si lentement mais me voilà
en train d’explorer petit à petit sa bouche de la mienne. C’est dans la cuisine
que nous avons tenu notre conversation parce que je voulais me faire du thé.
Son dos est contre le comptoir et j’insinue lentement la main dans le creux de
ses reins. La lenteur c’est pour lui permettre de comprendre mon intention et
l’arrêter si elle n’est pas la bienvenue. Elle me surprend et me fait bande
plus dur en attachant ses bras autour de mon cou. Le baiser s’approfondit et
elle gémit dans ma gorge. Nos torses s’écrasent. Nos souffles s’entremêlent et
j’ose une main sur sa cuisse gainée par ce collant qui me rend fou. Première
interruption du baiser. Elle ne se retire pas vivement. Ses yeux s’ouvrent
délicatement. J’y lis un désir qui me crie de la porter pour la mettre sur ce
dossier et la posséder.
– Ech-que… ummm, ton
truc ? Che peux… regarder ? hésite-t-elle
Je m’attendais à tout. Un
« est-ce que j’étais bien », mais pas cette audace. J’avale presque de
travers tout en haussant la tête. Je colle mon front au sien, frotte mon nez
contre sa joue et lui murmure de me regarder quand elle le fait
– Tchu ne va pas
rire de moi han
– Rire… , c’est la
dernière chose que je veux faire quand il s’agit de toi Dara
Ses yeux observent mon
visage et d’une main, elle continue sa descente lentement vers mon membre. Je
grogne légèrement quand elle baisse un peu ma culotte au lieu d’y fourrer sa
main et un « oh » sort de ses lèvres. Est-ce que c’est appréciatif ? Est-ce que c’est de la déception ? Je ne peux le déterminer et elle me rend
tellement fou à l’observer sans un mot.
– Pourquoi ça bouge
tchout seul ? elle me sort de nulle part et
se met à rigoler
– Ce n’est pas toi
qui as dit de ne pas rire, je réplique et lui donne une pichenette sur le front
– Oh chorry, je ne
me moquais pas, se confond-elle en excuses
– Il bouge parce
qu’il veut de l’attention, je lui murmure et mordille le lobe de son oreille
– Ah oui…, elle dit
sur un ton qui sonne comme du flirt à mes oreilles
Sa main chaude attrape ma
verge et fais des va-et-vient un peu maladroits dessus. Je ne suis pas surpris.
J’avais un peu deviné qu’elle n’avait pas beaucoup sinon pas d’expérience mais
je craque tellement sur elle que ses gestes un peu gauches suffisent à me faire
gonfler davantage. Je la bâillonne par un second baiser plus hardi que le
premier. Nos langues valsent parfaitement ensemble.
La robe reste intacte sur
elle mais je continue à découvrir ses courbes pleines avec mes mains et descend
avec ma bouche pour continuer les caresses.
– Je…,
– Confiance, dis-je
accroupi devant elle. Je prends une jambe que je pose sur mon épaule et avec
mes doigts, je déchire l’entrejambe de son collant, exposant un string noir,
que je mets sur le côté.
– J’avais des idées
pas nettes dans ma tchête avant de venir, s’explique comme si elle avait honte
de la quantité de mouille que je venais de voir débordant de sa faille
– Dis-moi j’ai envie
d’entendre, dis-je avant de commencer à dessiner des petites formes sur
l’entrée de son minou gonflé
– Que tchu me
faidjais ça, elle m’avoue et prend une main pour la poser sur sa petite
poitrine
On visitera le sud une
autre fois. Je me relève et nous bouge vers le mur. J’y fais dos. Elle est en
face et je retrousse sa robe jusqu’à sa taille puis soulève sa jambe pour la
poser derrière contre le mur. Je fléchis un peu les genoux, pose mes deux mains
sur ses fesses rebondies et la colle à ma cuisse au point où elle est presque
assise sur la cuisse en question.
– Ouvre ton corsage
pour moi Dara, je lui ordonne et elle se plie à ma requête. Ses seins durs se présentent
sous mon regard avide et ses tétons sont rétractés. J’en ai déjà entendu parler
mais la première fois que j’en vois. Elle s’empresse de les couvrir avec ses
mains. Je comprends encore mieux certaines clauses de son contrat. J’embrasse
une main, la détache doucement et prends une pointe en bouche tout en poussant
ses fesses de mes mains pour que sa chatte frotte contre ma cuisse
– Han Maryey, elle
dit d’une voix empreinte de plaisir pendant que je sens son téton se dresser fièrement
contre ma langue. Il est proéminent et je m’attarde sur lui. Je la sens devenir
folle, respirer bruyamment et elle prend le contrôle, intimant un rythme plus
rapide à son corps qui glisse contre ma cuisse
– Maryey… , ch’ai
tchrop bonnn, Maryey l’autchreeuhh, elle me supplie et je prends avec joie
l’autre
Son bras qui était dans
mon cou remonte et sa main tient ma queue de cheval. La petite douleur au cuir
chevelu me fait presser fermement son postérieur et je me mets à la ramer si
fort contre ma cuisse que seuls nos grognements s’élèvent de la pièce.
C’est la crampe qui nous
fait arrêter. Nous finissons à même le sol. Ma culotte est à mes chevilles. Le
corsage de sa robe toujours ouvert. Ses bras autour de ma tête et la sienne
dans mon cou.
– Satisfaite de
l’aperçu ? chuchotai-je tout en caressant
son postérieur bien fourni
– Je t’ai tchout
Sali, constate-t-elle en regardant ma cuisse imbibée de sa mouille
– C’est ce que je
voulais, dommage que tu n’aies pas joui en revanche
– J’ai pas joui ? elle m’interroge surprise
– Lol on n’aura pas
besoin de te le dire le jour où tu jouiras. J’aurais espéré que le string
frottant en plus de ma cuisse contre ton minou aurait eu raison de toi mais il
semble que non
– Ayors tchu signes
l’entente ou on change autre chose ?
– La durée et le
type d’entente. Je ne veux pas que baiser. J’aime l’affection, que je sois dans
une relation amoureuse ou pas. Je n’aime pas qu’on m’utilise sinon, on
s’utilise tous les deux mais hors de question qu’on profite de moi
– C’est d’accord
mais quand ummm, j’aurai mon amouyeux, je ne pourrai pas donner l’affectchon
– Cela va de soi.
Pour la durée…
– Che propose tchrois
ou sickses mois ?
– Va pour six mois,
je confirme sachant que je joue un jeu dangereux. Le plan est le suivant. Faire
vibrer son corps, cœur et euh... lui bouffer le cul, plusieurs fois. Je veux
qu’elle s’attache à moi tout comme j’ai commencé à m’attacher à elle
mentalement depuis que je l’ai remarqué il y a un an. Je n’avais rien essayé et
en vérité ne comptais rien tenter, car comme mentionné plus tôt, elle était
vachement timide. La trouver à cette colonie fut une agréable surprise raison
pour laquelle je me suis lancé dès que j’ai vu une ouverture. Après tout
l’occasion fait le larron. J’ai six mois pour voir si l’attachement n’est que
charnel ou peut devenir sentimental. Les clauses d’un contrat peuvent être
renégociées après tout et la durée étendue, si les deux parties en tirent
bénéfice.
***Thierry Henry Ndouo***
Dans quelques heures Vita
s’en va pour Paris. Ici l’ambiance est étrangement joyeuse et morne. D’un côté,
c’est une joyeuse nouvelle qu’elle puisse enfin reprendre le cours de sa vie,
et de l’autre mon cœur se serre pour les deux. Les derniers jours ont été très
émouvants pour nous. Lucille a fait ses premiers pas et soufflé sa première
bougie. Vita et moi n’y sommes pas allés de main morte pour la célébration. Je
voulais une salle de jeu, des ballons et si j’avais pu me le permettre
financièrement, j’aurais fait plus. C’est vrai qu’on ne change pas le passé
mais c’était une façon pour moi de faire amende honorable de ne pas avoir été
là durant les deux premiers mois de sa vie. Vita et sa mère ont tout assuré en
préparation. Je voulais qu’on prenne un traiteur pour la bouffe parce que j’admets,
j’avais une idée bien précise de ce que je voulais pour cette fête. Et les
choses maison qui finissent par foirer là, ce n’était pas le moment pour ça. J’ai
demandé à la bobo de son père de me trouver un bon pâtissier tout en lui
remettant 300 euros comme avance. C’est la veille de la fête que j’ai
découvert qui était la fameuse pâtissière. C’est-à-dire sa mère, qui apparemment
est connue dans leur quartier pour ses cupcakes. Et Vita s’est chargée du reste
de la bouffe. Des biscuits, Nougats, Popcorns à différentes saveurs et tout ça joliment
emballés avec des rubans à la couleur jaune. La couleur de la grenouillère qu’elle
portait le jour où je l’ai vu. D’ailleurs le code vestimentaire d’ordre le jour
là c’était du jaune. J’ai aussi invité les Adamou sans réellement croire qu’ils
allaient se présenter mais le soir-même, ils me confirmaient leurs présences. À
cause de cette invitation, ma tante me fait un peu la tête. Mais que puis-je ? Je ne vais pas non plus faire comme si ses gens
n’existent pas alors qu’ils sont bien réels et ne m’envahissent pas
contrairement à mes craintes initiales. Je ne peux pas dire que maman le prend
mal. Mais elle n’a pas sauté de joie non plus quand je lui en ai parlé.
Actuellement mon esprit
est sur Lulu. Elle sait dormir seule mais Vita n’a cessé de la bercer ses
derniers jours jusqu’au sommeil. Je me suis dit qu’elle doit faire le plein
pour arriver à supporter les mois à venir. Nous avons convenu qu’elle partirait
quand la petite serait endormie, afin de rendre la séparation plus simple. Je
me suis mis dans un petit coin tranquille pour filmer la scène. Ce sont des
moments très précieux pour moi ; je ne saurais
comment l’expliquer mais les voir s’échanger des sourires et câlins m’apaise.
Lucille s’est endormie
sans trop de difficultés. Mamie Marcia reste avec elle et je m’en vais charger
sa voiture des effets de Vita. C’est moi qui la conduirai à la gare, comme
prévu. J’attends dans la voiture, pour laisser à mère et fille le temps de s’échanger
des derniers mots. Vita me rejoint enfin et ses yeux bouffis sont la première
chose qui me frappe. Je l’aurais ouverte si elle ne m’avait pas demandé d’une
voix brisée de ne rien dire. Je mets donc une musique berçante pour nous tenir
compagnie jusqu’à l’arrivée. C’est moi qui descends en premier et sors sa
valise. Comme elle ne sortait pas, je m’en vais du côté de sa voiture et la
trouve avec les mains recouvrant son visage. Sans réfléchir j’ouvre la porte. Je
prends sa main, la guide pour qu’elle sorte, pose l’autre main sous son coup et
la colle à moi tout en tapotant son dos.
– C’est moi qui ai
voulu qu’elle reste ici mais je ne sais pas pourquoi je commence à douter. J’ai
l’impression qu’on me comprime le cœur, sanglote-t-elle contre mon torse
– Je suis désolé Vita,
vraiment désolé. C’est dur, je sais, mais tu seras fière de toi dans moins de
deux ans, avec ton diplôme en poche. Et elle sera plus que fière d’avoir une maman
qui a pris d’abord du temps pour elle mais n’a jamais oublié ses objectifs, je
pensais l’encourager mais elle pleure de plus belle
– Regarde comment je
chiale comme s’il y’avait mort d’homme pourtant je pars juste à Paris,
rigole-t-elle après un moment. Je sais qu’on se chamaille souvent mais je voulais
te remercier d’être aussi flexible. Je fais confiance à maman mais à son âge je
ne me voyais pas lui laisser la petite donc merci d’avoir accepté ma proposition.
Mon esprit est plus tranquille et sans elle avec moi, je pourrais tenter ce
stage à l’étranger que je vise
– Ne me remercie pas
vite comme ça hein, j’attends mon voyage à Saint Lucia pour me récompenser, je
l’emmerde
– Ouais quand j’aurais
mon push présent, rigole-t-elle en retour
On se dit à bientôt. Je retourne
chez Mamie Marcia et sors aussi Lulu de son berceau comme Vita le faisait dernièrement,
pour qu’elle dorme avec moi. La journée suivante commence étrangement. Au
réveil, la petite prend son premier bibi sans difficulté mais je la vois de
temps en temps lever la tête, se tenir l’oreille puis ronchonner et lever les
bras pour que je la porte. J’avais pris cette journée ainsi que la suivante pour
être totalement disponible pour elle donc nous nous sommes rendus au parc, son
activité favorite. Mais nous n’avons pas pu y faire plus d’une heure, car nous
étions attendus pour le déjeuner par les Adamou.
Ils ont demandé à
rencontrer ma tante et disons que cette dernière a accepté sans toutefois
cacher sa réticente. À la base, ils voulaient se déplacer mais ma tante a dit ne
pas être à l’aise à les recevoir à la maison donc nous nous retrouvons dans un
resto pour déjeuner.
– J’espère que je ne
pars là-bas pour qu’ils commencent à m’accuser d’enlèvement hein, me
prévient-elle après que je sois passé la chercher
– Tata ils ne sont
pas des chercheurs de poux
– Ah bon hein. Hier
seulement que tu les as rencontrés et toi tu sais déjà comment ils sont ? dit-elle sarcastique
– On arrive non, tu
vas toi-même le voir
– En tout cas,
arrivons donc, répond-elle avec peu d’enthousiasme
C’est parti, je me dis
mentalement, priant que je ne sois en train de commettre une erreur. Les Adamou
étaient déjà présents à notre arrivée et les deux se sont levés dès qu’ils nous
ont remarqués.
***Nadège Assoumou***
Les enfants sont vraiment
des traitres. Lucille a rencontré ses gens hier hier seulement et elle rit déjà
avec le petit garçon qu’on m’a présenté à la fête comme Asad. En tout cas c’est
ma sœur Lucie qui aime souffrir. Depuis l’apparition de ses gens, les Adamou,
son cœur n’est pas tranquille. Toutes les fois qu’on se parle, elle pleure que
bientôt elle va se retrouver seule parce que Thierry va sûrement se sentir plus
proche de sa famille biologique et qui sait si à Kinshasa Vieira aussi ne
tombera pas sur les siens. Que la vie ne va jamais cesser de la punir pour ses
erreurs de jeunesse, et bla, et bla. Mais au lieu de le dire à ses enfants,
elle signe que non elle ne veut pas les influencer. Les âneries j’ai dit. Je suis
donc là pour la représenter bien qu’elle ne m’ait rien demandé. Je les laisse
commencer, parce que je sais déjà ce que j’ai à leur dire. C’est la femme qui prend
la parole en premier.
– Les petits cousins
de Thierry ont déjà repris l’école ? me prend-elle
de court en me demandant
– Euh non, ils ont
encore quelques jours de vacances devant eux
– Oh mes excuses,
nous aurions dû mentionner que vous pouviez venir avec eux
– Ce n’est pas grave,
répondis-je un peu gênée
– Ils pourraient
venir pour Noël tiens maman, intervient le petit garçon
Depuis quand musulman
célèbre noël, je m’interroge intérieurement et la réponse suit comme si quelqu’un
m’avait entendu.
– Ses dernières
années, nous n’avions pas vraiment l’esprit à la fête donc nous avons pris la
décision de rattraper autant que possible le temps perdu, dit le monsieur que
je trouve un peu intimidant, du moins jusqu’à ce qu’il regarde sa femme et tu sens
toute la tendresse qu’il a pour elle. C’est exactement comme ça qu’il regarde le
petit garçon ainsi que notre Thierry. Et maintenant je me sens un peu
maladroite. Je venais les prévenir de ne pas mettre sur le côté ma sœur, parce
que c’est elle qui a été la maman et le papa pendant plusieurs années. Je m’attendais
même à ce que ses gens comme j’ai entendu qu’ils sont riches, nous remercient avec
de l’argent d’avoir pris soin de Thierry comme s’ils nous avaient engagé et
reprenaient maintenant le flambeau. Au lieu de ça, les voilà qui nous incluent.
En tout cas, ils proposent de nous inclure dans leurs célébrations et veulent
nous connaître. Et le ton joyeux sur lequel ils partagent avec nous leurs projets
de célébration fait chaud cœur. Ici il n’y a que paix, respect et chaleur. C’est
ce que je vais dire à Lucie. Elle n’a rien à crain…
– ah ah ah, on
entend derrière nous. Mais je ne rêvais pas hein. C’était bien la réunion entre
l’ancienne et la nouvelle famille que j’ai vu au loin. Ça va Thierry ? Tu n’es plus fâché maintenant que je t’ai mis
sur la voie ?
– On ne t’a pas invité
ici Garcelle, je la préviens. Tu continues ce que tu es venue faire et…
– Je constatais seulement
non. Ou je ne peux plus m’arrêter pour saluer Thierry ?
– Garcelle, nous
sommes en public, fulmine Thierry
– Public comme tu
dis donc je suis libre de faire ce que je veux. Tata Nadège c’est comment ? Ce n’est plus la famille qui a traité ta sœur de
pute hein ? me nargue-t-elle
– Demoiselle…,
commence la dame
– Ne rentre même pas
dans son jeu madame, je la coupe. Toi Garcie c’est quoi ? C’est notre fils le seul garçon sur terre ? Tu as fini de te trouver un nouvel emploi ?
– Nous autres avons pris
nos études au sérieux hein, se moque-t-elle ouvertement. Je ne l’ai pas fait et
elle le sait.
Thierry se lève brusquement
la mâchoire contractée et c’est là que Garcelle décide de faire sa malade.
Levant le ton, et alertant les autres clients.
– Bande d’hypocrites ! Quand je te donnais les 300 euros j’étais
ta petite chérie hein tata Nadège mais comme tu vois mieux maintenant tu as soudainement
la mémoire courte. Hoooo toi ne me touches pas, crie-t-elle sur les serveurs
qui essaient de la calmer. Tu as fini non Ndouo, couille molle, rat d’égout,
mauviette va. Le mot fierté coulait de ta bouche mais maintenant tes fesses sont
posées sur cette chaise comme un bon toutou pour l’argent. Je te maudis à vie.
Tu ne vas jamais réussir, sale trompeur. Agresseur de femmes !
Elle a seulement crié les
deux premières phrases dans le resto. Le reste c’est dehors qu’elle hurlait ça
comme si elle avait un mégaphone dans la gorge. Vu le regard réprobateur que
Thierry me lance, je vais devoir fournir des explications musclées sur cette
histoire de 300 euros. Dire que je voulais tant que mon garçon épouse cette
fille. Je finissais à peine cette pensée, que le père de Thierry disait « allô ? je suis à la
police municipale ? je veux
rapporter un cas de trouble à l’ordre public »
***Tao Adamou***
J’appréhendais un peu cette
rencontre avec la tante de Laith mais ce n’était certainement pas pour les
raisons actuelles. Dommage pour nous, la folle criarde devant le resto a déguerpi
quand je finissais mon appel. Je voulais quand même maintenir ma demande, et
une fois qu’ils seraient sur place leur communiquer le nom de la fille mais ma
femme m’a rappelé qu’ils ont certainement mieux à faire puis que ça n’ira
probablement pas loin. Du coup j’ai rappelé pour annuler.
Notre plan d’attaque quand
Laith nous a invités à la célébration de notre petite fille, c’était aussi d’apprendre
à connaître son entourage. Aucun rapprochement ne peut se faire si nous mettons
quelqu’un de côté et c’est aussi une façon pour nous d’apprendre sur qui il était
en grandissant. Nous avions prévu qu’après la rencontre au resto, nous irions
faire une activité ensemble. Cette journée étant notre dernière ici. Nous
sommes donc au jardin des plantes. Et je vois bien que mon fils a l’air
contrarié. Mais cette foutue histoire de ne pas le brusquer fait que j’hésite. Est-ce
qu’il m’enverra sur les roses si je lui demande ? Est-ce que je dépasse les bornes ? N’étant pas
habitué à me réserver dans mes relations, je me sens frustré par cette
situation.
J’allais soupirer un bon
coup, quand je sens une main prendre la mienne pour me faire pencher et la bouche
de Farida se rapproche de mon oreille.
– Une petite
discussion entre hommes vous ferait du bien je pense
– Hein ? Et ton histoire de ne pas le bousculer alors ?
– Nous avons un peu
évolué avec lui Tao. En plus je pense qu’il est frustré là et s’il est comme
toi, il va continuer à pester contre la poussette de la petite jusqu’à ce que
quelqu’un lui demande si ça va
– OK, allons-y
– Non j’ai dit entre
hommes
– Mais on a tous les
deux envie de….
– Une chose à la
fois Tao. Je peux attendre, je ne vais pas en mourir et ça te fera du bien,
elle me dit avec un sourire rassurant
Je l’embrasse tendrement
sur la bouche et en vieux gaillard que je suis, presse un peu le pas pour
atteindre le niveau de mon fils aîné.
– J’ai dit on reste
assise Lucille sinon je me fâche, il parle durement à la petite qui veut à tout
prix sortir de sa poussette
– Un coup de main ? je propose
– Non, elle doit
écouter, il répond sur un ton bourru et s’arrête pour remettre correctement Lucille
mais elle refuse de se laisser faire et lui aussi ne veut pas laisser couler
Dans mon cœur la scène m’amuse
bien. J’ai l’impression de me revoir des années plutôt avec sa grosse tête qui
me dérobait mon téléphone comme il voulait et dès que je voulais récupérer mon
bien, il commençait une petite rébellion sans nom. Mon petit garçon intrépide a
eu une fille tout aussi intrépide. Et je pense qu’il vient de le comprendre parce
qu’il l’a laissé enfin descendre de la poussette et elle s’est mise à marcher joyeusement.
– Avec tes cinq dents
là, tu viens me sourire comme tu as eu ce que tu voulais non, ironise-t-il quand
la petite s’en va prendre la main qu’Asad lui présente et les deux se mettent à
marcher
– Elle voulait juste
te montrer qu’elle maitrise la marche, j’ose une blague
– Lol comme si je ne
voyais pas assez ça à la maison. Dire que j’avais pris la journée pour la
porter et la cajoler. Dix-sept heures n’ont même pas sonné mais elle n’a déjà
plus besoin de câlins
– Ah, c’est ça l’enfance.
On vit à fond et oublie vite
– Si je pouvais
oublier certaines de mes conneries aussi, soupire-t-il. Comment dire ? Je… je n’ai pas eu la petite avec ma co… enfin
mon ex. Je l’ai trompé mais… je me demande avec le recul si je n’ai pas forcé
cette relation parce que Garcelle représentait l’idéal que j’avais d’une vie stable.
Elle était pourtant une bonne amie en grandissant donc ses réactions dernièrement
me choquent. Je me dis que si j’avais gardé un peu de rigueur, on n’aurait pas
fini ensemble et aujourd’hui je n’allais pas me demander si je peux encore aller
saluer les Ekim en rentrant au pays. Alors que pour moi, leur famille est un
peu comme une seconde.
– Les conneries on
en fait tous. Pas dans les mêmes domaines, mais personne n’est exempté. Ce n’était
pas dans mes plans de finir avec ta… Farida. Du moins, en la rencontrant, j’étais
déjà promise à une autre. Sa demi-sœur de surcroît
– Nonnn ! fait-il étonné
– Comme je te le dis.
J’ignorais tout de leurs liens familiaux et ta mère n’était pas de mon rang
social à l’époque. Elle est venue chez moi…
– En te piégeant
pour viol, Ida me l’a dit mais j’ignorais la partie de ta relation avec la
demi-sœur
– Étrangement je ne
suis pas surpris qu’elle t’en ait parlé, ironisai-je. Cette fille est si bavarde.
Ce que j’essaie de te dire c’est qu’entamer une relation parce que tu voyais en
l’autre de la stabilité n’est pas forcément néfaste. Rien ne garantit qu’elle n’aurait
pas fonctionné. Je le dis parce que je connais des couples pour qui ça a marché
et ils sont encore épanouis aujourd’hui. L’homme propose et Dieu dispose comme le
dit l’adage. On ne peut pas refaire le passé, tu es déjà sorti avec cette
fille. Si sa famille veut se ranger de son bord, c’est aussi à toi de reconnaître
leur droit et l’accepter. C’est la réalité de la vie.
– Et tu n’as pas eu
de problème avec maman à cause de ça ?
Il a dit maman ? Je n’ai pas rêvé ? Je regarde Farida qui marche en avant avec la tante. Il vient de l’identifier
en tant que…
– Euh si tu ne veux
pas en parler…
– Non je veux parler
de tout avec toi, mon fils, j’ose aussi. J’ai eu des problèmes avec ta mère.
Aucune relation n’est dévouée de conflits. Si l’on mettait de côté notre début
peu glorieux, nous avions en plus des caractères difficiles. Bon elle te dira
que le mien est plus difficile mais je dis que son interprétation est à revoir.
La difficulté n’a jamais été un frein à ce que je ressentais pour elle. Je n’ai
aimé aucune femme comme je l’aime. Elle a été mon refuge, ma bouée, mon amie, ma
confidente et tant d’adjectifs que je pourrai continuer à énumérer jusqu’à la
fin de la journée. Bon ça a aidé aussi que sa demi-sœur et elle n’aient aucun lien
sinon la connaissant, elle n’aurait pas laissé son cœur m’aimer profondément
– J’aimerais ça, je
l’entends dire sur un ton rêveur. Mes… euh… parents adoptifs aussi avaient beaucoup
d’amour l’un pour l’autre ainsi que pour nous. Quand j’y pense, c’est en fait
ça mon idéal. Je veux une femme dont j’aurai le cœur et la confiance absolue. Et
je veux lui offrir pareil. Mais j’ai souvent l’impression que les gens de mon
âge ne s’aiment plus. On couche ensemble, on se dispute, et tout le monde
défend ses intérêts. C’est comme si on ne peut plus rien partager en dehors du
sexe ou des insultes
– Je ne côtoie pas
de jeunes en dehors de Ida et elle ne me confie rien sur sa vie sentimentale. Mais
je suis d’avis que les gens ne peuvent donner que ce qu’ils ont. Tant que les
gens auront des émotions, l’amour existera. Parfois, tu rencontres la personne
mais pas au bon moment. Ou c’est l’inverse. Tu multiplies les relations infructueuses
avant de rencontrer celle qu’il te faut. Et de toute façon, tu es beau comme
moi, donc impossible que tu finisses ta vie sans amour
– On ne pourra pas
dire que tu ne te prends pas hein le vieux, il dit après un rire aux éclats qui
a poussé ceux de devant à nous regarder. Et Farida à m’adresser un sourire heureux
mais tremblant. J’avais prévu lui dire que Laith l’a appelé maman mais en la
voyant comme ça, je préfère l’entendre. C’est son moment, elle l’a mérité.