87 : Positive vibration
Write by Gioia
***Magnim Wiyao***
De retour à Lomé, de
surcroît au travail, mais le cœur est à Marseille avec les Adamou. Ma tête est
remplie de supplications vers le ciel, pour qu’il permette un renouement des
liens entre parents et enfant. Et je dois dire que ce que j’entends de mon ami me
remplit d’espoir. C’est lui qui m’appelle là pour notre réunion matinale. Je le
prends et le trouve avec un chapeau bob sur la tête ainsi qu’une joie palpable
sur son visage.
— C’est le début
d’un nouveau look qui te met la pêche comme ça ?
— Tu as devant toi
un homme puni par sa femme pour avoir lu les messages d’Ida sur son iPad mini
qu’elle a oublié ici à a sa dernière visite. Je dois tondre la fichue pelouse
aujourd’hui
— Toi hein, dis-je
amusé. Farida ne t’a pas refusé de fouiner dans les effets personnels des
enfants ?
— C’est elle seule
qui comprend son gros français. J’ai bien fouiné, et tu ne croiras pas ce que
j’ai lu. Mon garçon Magnim. Il écrivait à sa sœur et lui demandait conseil pour
nous acheter des cadeaux de Noël. Il l’a questionné sur nos goûts et les deux
parlent souvent de nous. Je ne sais pas comment quantifier la plénitude que je
ressens depuis que mes yeux ont lu leurs échanges, il m’avoue d’une voix
frémissante
— Tao, tu sais que
je t’aime n’est-ce pas ?
— Euh oui oui
— D’accord, tu
rappelles aussi à ma famille que je les aime
— Quoi ? Mais qu’est-ce…, tu vas où ? hooo ?
Je suis déjà devant ma
fenêtre quand il finissait sa phrase et montais sur la chaise que j’avais placée
en avant quand la porte s’ouvre sur Arthur
— Euh tont…
— Quoi ? On ne peut plus avoir de vie privée dans ce
bureau ?
— C’est que…, j’ai
frappé deux fois mais tu ne répondais pas donc…
— Bref, en quoi
puis-je t’aider ? demandai-je
après avoir repris place devant mon ordi
— Ton RDV de 9 heures
vient d’arriver
— OK, apprête-toi et
viens avec lui dans une dizaine de minutes
Il hoche la tête et me
laisse. Je retourne à l’appel vidéo Whatsapp avec Tao.
— Tu peux
m’expliquer ce qui vient de se passer là ?
— Je voulais mourir
en paix comme j’ai enfin obtenu la dernière chose qui me retenait encore sur
terre mais Arthur a décidé d’interrompre mon moment
— Quand je dis que
tu dois être tombé sur la tête plus jeune, tu dis que je te parle mal. Mais tu
n’aimes pas poser les actes dignes de ton intelligence
— Se prendre trop au
sérieux, c’est la recette pour accélérer le vieillissement. Va tondre le gazon
toi, je vais prendre mon rendez-vous et te rappelle plus tard
Il rigole en guise de
réponse et raccroche. En langage « Taofikien », ça veut dire que la foudre s’abattra sur leur
quartier avant qu’il ne touche à ce gazon aujourd’hui. C’est certainement Asad
qu’il va y coller ou le fils du voisin. Mon rendez-vous fait son entrée suivie
d’Arthur et les minutes suivantes, je supervise la présentation que fait le
petit à cet homme qui veut monter sa maison actuelle d’un étage. Je retourne
l’appel de Tao qui sans surprise n’est plus dans son jardin. Il est désormais
assis sur leur patio avec une limonade à la main et change le capteur photo
pour me montrer Asad qui se bat avec la tondeuse.
— Ta femme est où et
tu me fais souffrir l’enfant comme cela ? je blague
— Pendant que maman parcourt
Marseille à la recherche des décorations les plus festives, papa forme son fils
à sa future vie d’adulte
— Mais tu n’as pas
honte hein Tao. Tu le formes parce que tu aimes ça toi-même ? Et puis regarde le tenir la tondeuse avec force
comme toi
— On dit quoi ? La nouvelle génération se doit d’être meilleure
que l’ancienne non. C’est toi qui refuses de lâcher la bride
— Maintenant pourquoi
tu tombes brutalement sur moi ?
— Parce que tu ne
veux pas passer le relais aux jeunes. Tu assistes à la quasi-totalité des réunions
de ton équipe et comment tu espères qu’ils prendront confiance ?
— Tu exagères.
J’assiste à celles que je juge utiles. En plus j’agissais à titre de
superviseur ce matin. Le client de ce matin voulait par exemple rajouter un
troisième étage à sa maison et tu sais qu’il faut être extraminutieux avec ce
genre de plans
— Tout comme je sais
aussi, qu’Arthur est on ne peut plus compétent. En plus tu le formes depuis son
retour, il y’a un an de ça, à prendre la relève
— Un an ce n’est
rien quand on a mis presque cinq ans de travail acharné à nous faire une
réputation et les années suivantes à maintenir notre place parmi les meilleurs
cabinets du pays
— Tu peux former les
gens en un, trois ou dix ans, mais si tu ne leur laisses jamais de l’espace
pour faire leurs preuves et erreurs, à quoi aura servi la fameuse formation ? Les enfants ne restent pas sur le lait toute
leur vie quand même
— Maintenant c’est
toi qui parles le lourd français, dis-je avec humour
— En tout cas, je
t’annonce officiellement que je te laisse un an pour officiellement transférer
la majorité de la direction à Arthur, comme je pense le faire avec Lucho
— Lucho ? C’est toujours Ludovic Junior EHIVET, celui qui
a remporté le prix FOCUS au concours d’Architecture de la Fondation Jacques
Rougerie ? je le questionne et il rigole
— Tu vas toujours
l’adresser avec la longue phrase là dès que tu entends son nom ?
— On te dit un petit
de 21 ans qui s’en va remporter des prix que nous ses pères avons manqué
malgré nos trois essais. Je me dois de l’appeler par son titre
— Tu t’es présenté
trois fois précise bien, j’ai abandonné au bout du second échec
— C’est parce que
l’argent ne te dit rien. Je ne pouvais pas dormir sans voir les 5000 euros
là me parler dans mon sommeil. Comme tu es bien mauvais aussi, tu refuses de
m’accorder un petit prix depuis que tu as rejoint cette fondation
— J’ai mieux que ton
fameux prix. L’année prochaine, une croisière pour nous
— Euh je blaguais
pour le prix hein, tu me connais avec mes histoires, dis-je après que sa phrase
ait calé mon rire dans la gorge
— Je sais, mais pas
moi. Tu te souviens de nos rêves de jeunesse ?
Et comment que je m’en
souviens. Je nous revois dans notre location estudiantine, rêvant des nombreux
tours de l’Afrique que nous ferions avec nos enfants. Les épreuves nous ont poussés
à endurer la vie plutôt que d’en profiter
— Il est temps, tu
ne crois pas vieux frère ? Les enfants
ont certes pris leurs voies mais qu’est-ce qui nous empêche de découvrir notre
continent entre amis ? J’ai envie
de profiter avec ma femme et mes proches des petites choses avant de rejoindre
l’au-delà, continue-t-il
— Tu as raison vieux
frère, toi et ta femme spécialement avez plus que mérité de profiter des
petites choses. Je vais commencer à lâcher la bride avec Arthur dans les jours
à venir
Nous rêvassons
verbalement pour quelques minutes encore avant de mettre fin à l’appel. Je
m’occupe de quelques tâches administratives et vers onze heures, je passe
prendre ma femme pour une rencontre avec notre avocat. Le sujet du local de sa
compagnie est toujours en jeu mais nous sortons de cette rencontre avec une
nouvelle qui nous donne de l’espoir. Grâce à la collaboration de l’autre avocat
que le chef nous a présenté, notre cas avance enfin. Le défendeur a proposé une
médiation qui nous l’espérons, découlera sur un règlement à l’amiable.
Pour célébrer la bonne
nouvelle, nous décidons d’aller déjeuner au « les petits Mets de Jen » et la propriétaire
est sur place. Avant de lui faire ma demande, je présente d’abord l’idée à ma Cici.
— J’aimerais envoyer
quelques colis de viande aux Adamou pour leur célébration de Noël, tu en penses
quoi ?
— Que tu arrives en
retard chéri, dit-elle avec humour. Farida nous a déjà sollicité Belle et moi,
pour qu’on lui fasse parvenir trois moutons grillés pour l’occasion. Bien sûr
nous avons fait semblant d’encaisser son argent. Tu sais comment elle est avec
son histoire des « bons comptes
font les bons amis », mais nous lui
glisserons l’argent en douce par la suite
— Pourquoi vous les
femmes aimez planifier tout à l’avance comme ça ?
— C’est notre
cerveau qui s’excite vite pour les célébrations joyeuses, que veux-tu, elle rit
de bon cœur, sentiment que je partage mais je ne peux cacher ma petite
déception
— Donc il ne reste
rien pour moi ? J’avais justement
en tête de confier à Jennifer la charge de nous préparer trois moutons pour l’occasion.
Tu vois je n’ai pas souvent eu l’occasion de faire plaisir à mon ami dans le
passé et j’espérais…, bon tu vois quoi. Je n’ai certes pas ses moyens mais j’ai
envie de le mettre en haut comme il l’a si souvent fait pour nous
— Je suis désolée
bébé, comme on était entre femmes et très excitées, j’ai oublié de te tenir au
courant. Qu’est-ce que tu pourrais envoyer du pays maintenant ? réfléchit-elle tout haut. Elle a déjà mandaté Héloïse
pour la commande des poulets, donc umm ? Les dindons ? Il y’a aussi les poissons mais….
— Je prends tout ça,
dis-je avec un grand sourire
Sans tarder, nous demandons
à la serveuse si Jennifer est sur place. Elle l’est mais occupée, c’est ce qu’on
nous répond. Toutefois elle se libère assez tôt pour nous et note bien nos
commandes. J’aurais même rajouté deux bœufs mais il faut bien laisser quelque
chose aux Laré AW et les connaissant, ils vont vouloir marquer le coup aussi. Et
puis il me faut bien garder des sous pour notre futur tour de l’Afrique qui
enchante Ciara dès que je lui en parle, le soir à la maison. L’année dernière
nous n’aurions pas pu nous projeter financièrement comme ça. Il y’aurait toujours
un x ou y à considérer mais avec la bonne nouvelle de cet après-midi, et en
plus nos filles qui sont presque autonomes, nous pouvons rêvasser tranquillement
l’un dans les bras de l’autre.
***Aïdara Laré AW***
Ce soir c’est la
préparation pour ma première journée de travail demain. Hilda s’affaire sur ma
tête, et les parents au téléphone me prodiguent les derniers conseils. J’aurais
fait ma tête plus tôt mais Hilda a dit niet. Le plus frais c’est, le mieux j’éblouirai
les gens là-bas. Entre papa et maman, je ne sais pas qui est le plus content. Chacun
pousse la tête de l’autre pour rentrer dans le cadre de la caméra, sous prétexte
que je ne les vois pas bien. Et pour ma part, je suis fière de faire leur joie.
Je ne sais pas comment l’expliquer mais j’ai l’impression d’avoir coché une
grande case dans ma vie d’Adulte. Est-ce que j’en ai le droit en revanche ? Je n’ai techniquement pas obtenu ce poste seule.
C’est tata Ciara qui m’a pistonné par ses contacts, je ne peux pas mentir. Je n’ai
même pas fait d’entrevue bien que je me sois préparée pour. Un monsieur au fort
accent kenyan m’a juste appelé et après environ une heure au téléphone, il a demandé
que je passe à Koinange Partners LLP dans le centre de Nairobi. Et le lendemain,
je recevais par e-mail, une confirmation de stage au dit cabinet. Maintenant, je
me dis que c’est à moi de transformer ce stage en CDD par la suite, sinon de
faire assez mes preuves pour quitter de là avec des références qui n’auront que
des éloges sur mon travail. En tout cas, c’est mon objectif.
Une fois la tête coiffée,
je me mets directement au lit. Ordre de maman et je ne rigole pas. Cette femme
est à distance mais continue à me traiter comme si je vivais sous sa coupe. Je suis
au lit mais le nez collé dans mon téléphone à texter avec Marley. Ce n’est
décidément pas le moment de flirter mais il me donne trop envie de me faufiler
dehors pour euh… des câlins ? Oui un petit
câlin
— J’ai faim, il m’envoie
— Krkrkr, je ne suis
pas ta cuisinière et arrête de forcer tu ne me feras pas sortir d’ici
— Même si c’est ta
pêche que je veux manger ?
— Ma pêche ? tu ne te gênes même pas pour éviter les clichés
toi, écrivis-je tout en rigolant
— Pourquoi faire
quand les clichés me réussissent ? Trêve de bavardage,
je suis en bas de votre immeuble
-What ? je m’écrie
seule dans la chambre et saute du lit vers ma fenêtre. Le bougre est bien là sur
sa bécane, et en plus il s’est placé à l’arrière de l’immeuble, là où donne ma
fenêtre
— Je monte ou tu viens ? il me texte
— Non mais tu es
malade ou quoi ?
— Les filles sont à
la maison ! Hilda en plus !
— Je travaille
demain rhooo ! Je ne cesse de texter en
rafale
Un autre coup d’œil rapide
à la fenêtre et le type n’est même plus sur le parking. C’est à la vitesse que
je détale comme si j’avais le feu aux fesses. Comme il est souvent venu ici, il
connaît le code d’entrée de l’arrière et sans surprise, je le trouve là, quand l’ascenseur
s’ouvre sur notre étage.
-Hooooo t’as fait quoi à
tes choveux ! m’écriai-je face à un lui qui
avait les cheveux courts
— Qui m’a dit que la
longue chevelure soyeuse n’intéressait pas les filles d’ici ?
— Tchu as signé un
contrat dje te signaye ! T’as pas le
djroit de voir les autsres filles pendant sickses mois ! je lui rappelle avec agacement et le con se
permet de sourire de toutes ses dents avant de se rapprocher, passer un bras
autour de ma taille puis mettre sa tête dans mon cou
— Dans deux mois au
trop, ils ont repoussé pour que tu t’y accroches autant que tu veux
— Men… tor,
— Lol, dire que tu n’avais
que des critiques pour la longueur de mes cheveux et voilà que tu me boudes en
plus de me traiter de menteur, il dit sur un ton amusé
C’est normal que mon
cerveau se soit connecté à son entrejambe quand il a dit longueur ? Je bondis bien loin de son corps, une grosse source
de distraction.
— Les filles sont à
la maidjon, tu djois rentchrer
— Je veux un bisou d’abord
— Hooo Maryey je
black pas
— Tu ne quoi ?
— C’est pas la
rigoyade, dis-je en roulant des yeux mais il refuse de lâcher son sourire
stupide
— Je voulais juste
un bisou et voir à quoi ressemble ton lit. C’est pour vivre à fond mon fantasme,
il me susurre à l’oreille
Je regarde la porte de
notre condo et trace le chemin jusqu’à ma chambre. C’est dangereux comme
mission. Les filles pourraient me tomber dessus et je n’ai pas du tout envie d’expliquer
ce que je fais avec Marley. Mais euh, il a dit que c’est important pour son
fantasme. Et en tant que son actrice principale, je me dois de lui fournir les
informations nécessaires pour qu’il construise à fond son environnement.
— Tchu regarde et
tchu pars han, tchu seras un sage garzon
— Sage comme une image,
il me confirme
Je n’y crois pas mais
bon, rien ne m’empêche de le traîner dehors. En huit marches, et le cœur calé
dans la gorge, nous avons accompli la traversée du désert et nous voilà dans ma
chambre. Il voyait à peine le lit qu’on toquait à la porte et la voix de Hilda
résonnait derrière. Sans réfléchir, j’ai tiré Marley avec moi dans la salle de
bain et verrouillé la porte.
— Dara ooo, tu es
encore dans la salle de bain ? Hilda me
demande depuis la chambre
— Umm ouais, tchu
veux quelque chose ?
— Non non. Tu as
repassé ta tenue pour demain déjà ?
— Oui tchout est
prêt
— Anh OK. Paraît que
ta boîte se trouve à l’intérieur de Victoria Towers, tu ne vas pas travailler n’importe
où hein coco, commente-t-elle sur ce ton et je soupire intérieurement. Elle est
là pour causer et quand elle est dans ce mood, ce n’est pas aujourd’hui que je
vais me débarrasser d’elle
— Je… je prendrai
des photchos pour tchoi. Tchu n’as pas sommeil tchoi ?
— Oh il n’est que 21 heures
quand même. Tu sais que…
Je tique quand la main de
Marley se faufile sous mon haut. Comme il est derrière moi et je suis collée à
la porte, je le repousse avec mes fesses mais il se met à me chatouiller là où
se trouvent mes perles
— Tu ris hein, je te
rappelle que j’ai dépensé une bonne partie de mes économies pour cette télé,
Hilda dit de l’autre côté
— Non je ne riais
pas, c’est euh… le radjoir qui m’a…. hmmm, soupirai-je sur la fin à cause de Marley
qui s’est mis à me baisoter la nuque
Vais-je vivre le fameux « se faire sauter de façon torride dans un endroit
restreint » que j’ai plusieurs fois lu ? Mais je ne corresponds pas aux critères. Je suis
vierge et…
— Fais attention
avec le rasoir hein. Les avocates ne peuvent pas se permettre d’avoir des sparadraps
collés sur les jambes. Bref je te disais que maman a laissé l’enfant de Fabien casser
la jolie télé que j’ai trimé ici pour acheter juste pour elle, dit-elle
amèrement. Pendant ce temps, Marley avait eu le temps de me fermer la bouche
avec sa main et la sienne de bouche se retrouvait sur mon derrière. Nu, parce
qu’il a en plus baisser la culotte pyjama. Il parsemait ce dernier de bisous
par ci et le léchouillait par là. Je ne sais plus quand je me suis penché légèrement
vers l’avant pour lui remettre la pêche.
— Depuis là tu n’as
pas fini de te raser ?
— Je vians de finirrr,
répondis après avoir bougé un peu la main de Marley pour libérer ma bouche
— OK, frotte-toi
bien les oreilles hein. Sinon le con de Jérôme là…
Marley m’insère un doigt
dans la bouche et se met à mimer un va-et-vient qui me fait frétiller jusqu’aux
oreilles. Je le sens pousser une de mes jambes vers l’avant histoire que je m’écarte
mieux et sans surprise sa main se retrouve sur mon minou si gorgé de sensations
que j’en ressens des petites crampes.
— Tu le crois ça ? C’est toi qui n’a pas un vrai emploi mais tu as
déjà trois enfants. Même pas 30 ans Dara, mais trois enfants. Pourtant
notre aîné qui a plus de trente ans n’en a aucun. Bon peut-être il nous le
cache mais en tout cas on n’en connaît pas
Je sens Marley me quitter
et sans tarder l’eau se met à couler lentement. Il reprend également sa place
sans perdre plus de temps. J’ignore ce qu’il colle contre mes petites lèvres. Ce
ne sont définitivement pas ses doigts mais il se met à me frotter le string
contre mon antre baveux de mouille et ses dents me marquent légèrement la pêche.
— Djeu peux pas chupporterr,
je supplie Marley
— Anhan ! J’ai dit pareil à maman qu’à sa place je ne
pourrais pas supporter de vivre avec un fainéant comme Jérôme et sa poule
pondeuse de femme mais elle n’a que le mot famille à la bouche
Marley ne mordille plus
mes fesses. Maintenant c’est une joue qu’il a couchée sur une partie de mon
derrière qui est caressé par sa barbe. Et il continue de me frotter avec
entrain le minou au point que je vois les étoiles sous mes yeux mi-clos et n’arrive
plus à sucer le doigt qu’il avait mis dans ma bouche. Je le sens qui le sort, puis
avec il dessine des formes sur la peau sensible de mon cou, et il finit avec la
main sur mon sein gauche dont il tire sans prévenir le bout. Mon corps se tend
comme un arc et je grogne les dents serrées sous l’effet terrassant de ce qui
me parcoure les sens.
— Je t’assure quoi,
Hilda approuve de l’autre côté. On devrait imposer la castration aux pauvres
même tchrrr
Je suis tout à coup
consciente de mon cœur et mon entrejambe. Les deux battent de concert et je
commence à redescendre du petit sommet où m’a envoyé Marley. Sa main se retire
de mon entrejambe, il embrasse encore mon derrière et je le sens se redresser.
— Oh euh, on m’appelle
hein coco, je reviens, j’entends de Hilda puis la porte de ma chambre s’ouvre
et se ferme
Maintenant que je suis
redescendue, j’ai honte. Je me rends compte de ma tenue. Une mini culotte
dévoilant mes jambes. La précipitation a fait que je ne me suis pas rappelée de
passer au moins un long cardigan par-dessus mon pyjama pour couvrir mon corps. Il
a tout vu et touché. Mais je refuse de laisser la honte me tuer. Je me retourne
et avant qu’il ne place un commentaire, mes lèvres se collent aux siennes. Il répond
aussitôt et colle son bassin au mien.
— J’ai hâte de
goûter au noyau de ta pêche et que tes doigts effleurent ma peau, il dit contre
mes lèvres
— Umm, on peut..,,, je
chuis pas contchre, répondis-je aussi pendant notre baiser et il me sourit
— Demain tu
travailles et c’est mieux que je file maintenant que Hilda est dehors
— C’est là que tchu sais
partchir han ! dis-je en le toisant mais il s’en
va réellement. Tel le renard qu’il est, sur la pointe des pieds.
Je ne décolère pas une
heure plus tard, bien qu’il soit déjà chez lui. C’était une vraie torture de me
faire ma toilette intime durant ma douche. À chaque toucher de mon doigt, j’avais
une folle envie que l’un rentre. Comme si mon corps réclamait la pénétration. C’est
fou. Et le con est dans son lit, en plus il n’a répondu qu’à un message. Soit je
vais me coucher. Aucune souffrance à son niveau, il continue sa vie pépouse. C’est
la fierté qui freine mes doigts de le texter et après un petit combat avec mes
draps, je m’endors enfin.
Le lendemain est un jour
nouveau. Vêtue encore de noir, parce que class, je vérifie une quarantième fois
mon sac à main. J’y ai tout, pastilles à la menthe, poudrier, calepin, trois nouveaux
stylos, des lingettes intimes non parfumées et mon Pixelbook. En moins de dix
minutes en voiture, me voilà en plein cœur du CBD et devant Victoria Towers. J’éteins
le contact et comme promis je lance l’appel vers les States et Vancouver. Elie
ne répond pas au premier coup. Mally oui. Il est emmitouflé dans une couverture
avec deux cotons enfoncés dans les narines.
— Woyo, ça ne va pas ? je m’inquiète
— Ce ne sont pas les
gens du village de Belle. Comme je suis jeune, beau, intelligent et frais, ça
les pique et ils n’ont trouvé que la grippe à m’envoyer à la fin de l’été
— Lol ou peut-êtchre
c’est la faute aux bains de glaxe que tu as pris ?
— C’est toi qui le
dis oh
Elie appelle à ce moment,
donc je la rajoute dans la conversation vidéo et elle a la même réaction que
moi en voyant Mally.
— Je t’avais dit quoi
quand tu partais suivre les petits Vancouvérois pour aller tester ses fameux
bains de glace ?
— Chiii l’enfant de
Belle, toujours intelligente. J’ai dit les vancouveriens pendant des lustres
avant de savoir que ça n’existait pas. Toi tu ouvres ta bouche et le vrai mot
en sort sans difficulté, blague Mally
— Bref, les vrais
gens sont là. Prête ma Dara ?
— Yup ! J’ai tchout ici, dis-je en soulevant mon sac
— Super, n’oublie
pas, ce ne sont que des humains comme toi. Demander qu’on répète si tu as mal
compris n’est pas synonyme d’incompétence, me rappelle Elikem
— Et si quelqu’un
tente, je dis bien ne serait-ce que tenter, tu déposes mon nom là-bas
— Mais on va te dire
combien de fois que personne ne te connaît mon cher, rigole Elikem tout comme
moi. Papa m’a dit la même chose hier. Dans leurs têtes, leurs noms font office
de passcode pour repousser les connards
Nous nous laissons sur
ses vannes et j’entre dans l’immeuble. Au huitième étage se trouve le local du
cabinet et le nom Koinange Partners LLP brille sur la plaque contre le mur. Je
fais mon entrée d’un pas décidé et attends comme demandé par la réceptionniste.
D’autres me rejoignent et parmi eux, se trouve Godson, le copain de Hilda. Une surprise
pour moi. Il ne m’a pas reconnu ou si c’est le cas, il ne mentionne rien. Si je
pensais qu’il était là comme client, on me corrige au plus vite. Le monsieur
que j’ai eu au téléphone se présente et appelle trois personnes. Moi, Godson
Felix Asamoah et Chacha Kaikai, nom que je trouve drôle et mignon. Il appartient
à un garçon tout aussi agréable sur les yeux.
Après un bref entretien, cet
homme fait appeler dans son bureau le Maître Meledje. Une seconde surprise pour
moi, car c’est le nom de famille de Charles. Je m’attendais donc à voir son
père mais, c’est une femme qui est entrée. Une très belle que j’imagine être de
la promo de ma sœur vu sa physionomie assez jeune. Le monsieur nous annonce qu’on
sera sous sa supervision et après des infos additionnelles, nous suivons le Maître
Meledje dans ses bureaux. C’est maintenant elle qui se présente à nous.
Bérénice Meledje, avocate spécialisée en litige civil, et elle nous demande si
nous préférons être adressés par nos noms ou prénoms.
— Dzara, I prefar,
je dis. Je suppose qu’on lui a parlé de mon élocution spéciale parce qu’elle ne
fait aucune mention sinon hocher la tête
— Kai is fine by me Miss,
Chacha dit après moi et elle hoche aussi la tête
— Godson, toi-même
tu sais Béré, répond le gars de Hilda mais en français de surcroît. Je sens
littéralement l’air se glacer autour du Maître Meledje mais Godson semble ne
pas l’avoir remarqué ou il s’en fout oh. Je ne sais pas. Quoiqu’il en soit, il
continue.
— Selon votre boss de
tantôt là, il paraît qu’on va partager un local tous les trois ? Tu ne peux pas me faire quelque chose sur ce
coup ? Je ne performe pas bien quand je
suis avec les gens quoi
— Asamoah, tu m’appelleras
Maître ou Sir Meledje en plus de me vouvoyer lorsque tu voudras t’adresser à
moi. Et lorsque ta grande performance te permettra de construire ton cabinet,
tu pourras te mettre sur le toit si ça te chante, elle lui répond froidement et
passe à autre chose comme s’il n’existait pas
J’allais moi-même l’approcher
à la fin de la journée afin d’avoir des nouvelles de mon petit Charles mais vu
sa froideur, mieux je reste dans mon sentier. Elle nous montre notre local, chacun
prend une place et sans tarder, elle place de grosses piles de papier devant
chacun de nous.
-It might
take a while for your e-mails and accesses to work so in the meantime, we will
do it this way. Make sure you read all of this by tomorrow
— Presque 400 pages
pour une première journée comme ça, commente Godson après le départ de Sir Meledje
— Elle ne joke not, dit
Kai tout aussi amusé
— Oh tchu parles french ?
— Oune peu
— Lol y a pas un
pour rattraper l’autre entre vous hein, en tout cas on va bien rigoler tous les
trois, dit Godson en nous observant avec un sourire moqueur
***Fabien TOUNTIAN***
Les vacances sont finies.
Romane, la petite sœur de Bijou est retournée au village. Bientôt le petit
Joyau reprendra le chemin des classes. Grâce à lui j’ai dormi vingt fois avec
Bijou. Après cette première fois, le petit se rendait tout seul dans ma chambre
lorsqu’il fallait dormir et naturellement Bijou s’est mis à le suivre comme je
n’ai mentionné aucune opposition. J’ai bien dit vingt nuits. Et oui j’ai compté.
La tentation ne peut pas être proche de toi comme ça et tu dormiras les poings
fermés. Et le petit là me narguait bien en se collant au corps douillet qui me
donnait envie. En tout cas, c’est comme ça que je me sentais toutes les fois qu’il
palpait son buste et enfonçait sa tête contre elle.
Quelques jours après la
fin des vacances, maman est passée pour une visite et bien sûr m’accompagner à
l’enterrement de tonton Martin, sous la demande de mon frère. Il faut voir
comment Bijou était gênée à l’heure du coucher, lorsqu’elle a dit à maman qu’elle
lui laisse le lit. Elle a même insisté qu’on attende que la vieille soit endormie
avant de regagner ma chambre.
— Tu te souviens quand
même qu’on a respectivement 23 et 24 ans hein, je lui rappelle
— Oui et alors ?
— Alors ce n’est pas
comme si on avait douze ans pour essayer de cacher quelque chose à maman
— Je ne veux juste
pas qu’elle pense quelque chose, se défend-elle
Je soupire simplement. Dormir
avec elle c’est une chose. Passer à l’étape suivante en est une autre. Et quand
je parle de suivante, je ne vois même pas le sexe. Si elle pouvait au moins
être à l’aise avec l’idée d’une relation entre nous, disons que je serais un peu
réconforté que je ne fais pas tout ça, pour qu’à la fin on me rejette. Au moins,
elle se dirige dans la chambre avec moi, mais se cale dans son petit coin
habituel. Si elle n’était pas aussi en chair, elle aurait presque ressemblé à
une souris sur ce lit.
Une heure doit s’être
écoulée depuis que nous sommes ici. Le sommeil ne s’intéresse pas à ma
personne. Bijou n’a même pas bougé un poil, ne parlons pas d’un bras. Va savoir
si son corps ne se fatigue pas de la même position.
Une autre heure je
suppose vient de s’en aller, ou peut-être une trentaine de minutes. Aucune
idée. Ce que je sais en revanche, c’est que le corps chaud non loin de moi
appelle le mien. Je veux juste me coller, est-ce qu’il y’a mort d’homme ?
— Bijou ? tentai-je
— Bibi ? Elle ne répond toujours pas
Encore quelques minutes
et je reviens à la tâche
— Tu connais Bibi
Madeleine la chanson de Barbara Kanam ?
— Tu vas voir Bibi Thérèse,
elle répond
— Ha ! Tu ne dors donc pas
Un autre silence et des
minutes additionnelles s’envolent. La météo décide de pencher vers mon côté. Le
tonnerre résonne quelques fois et sans tarder une bonne pluie tambourine sur notre
toiture. Je me lève et vais ouvrir délicatement la fenêtre
— Il fait un peu
chaud non, franchement on souffre trop à Lomé, je commente seul
L’heure suivante, c’est
elle qui bouge plusieurs fois sur le lit et tire de temps en temps son pagne
— Hooo je commence à
dormir, tu me déranges
— Mais j’ai froid,
se plaint-elle
— Moi j’ai chaud, je
ne peux pas fermer la fenêtre. Mais si tu veux, viens près de moi, au moins mon
corps est chaud
Elle ne me calcule même pas.
Je pousse un long juron mentalement, et lui donne le dos. On ne peut même pas
essayer d’avancer un peu ici. Cette fois je glissais réellement dans le sommeil
quand je la sens bouger. Elle s’en va fermer la fenêtre et je considérais cette
tentative comme un échec quand je sens sa main passer devant ma face. Je comprends
automatiquement qu’elle veut vérifier si je dors. Je stabilise autant que
possible ma respiration. Elle se remet au lit et avec beaucoup d’hésitations
dans ses mouvements, elle finit par coller son corps au mien. Je ferme les yeux
de bonheur. Jamais je n’ai été avec une femme ronde. Donc c’est une surprise
pour moi de sentir autant de chair. Le buste, le ventre, les cuisses. C’est elle
le corps chaud ici. La sensation enivrante qui me prend me fait oublier qu’en
fait ce n’est pas juste le bien-être mais aussi une excitation qui pointe le bout
de son nez. Malgré mes efforts, le petit salaud entre mes jambes refuse de
coopérer et je finis par bouger pour lui donner un peu d’espace. Résultat Bibi
brise notre petit cocon en sursautant loin et fait même semblant de ronfler. Femme
et l’amour du semblant, quelqu’un devra m’expliquer un jour le lien entre les
deux.
Je me réveille toutefois
avec un sourire de conquérant. Bijou a choisi de fuir et quand elle pense que
je ne la regarde pas, elle m’observe avec méfiance. Mais je m’en fous hein. Ce
soir je trouverai une autre technique pour qu’on avance encore un peu. Pendant qu’elle
prend son petit déjeuner et je m’apprêtais à tirer de l’eau au puits, maman
nous rappelle qu’elle est une aînée.
— Hier là, je me
suis levée dans la nuit pour faire pipi et je ne t’ai pas vu ma fille
— Euh…, panique Bijou
tout en me regardant
— Fabien, tu as
quelque chose à me dire ? elle
continue tout en rompant le pain
— Je…, Eben a dit qu’il
va se trouver une femme seule, dis-je laissant ma tâche pour m’installer auprès
de maman
— Ah bon hein ? Donc tu veux récupérer quoi. Parce que je t’ai
entendu appeler Mariah Bijou. Or dans mon temps, les hommes n’appelaient pas toutes
les femmes comme ça
Je me frappe mentalement
la tête. C’est vrai qu’on n’a dit à personne la vérité sur Bijou.
— Non, maman, c’est
pas ça. Je ne fais pas quelque chose de mauvais, Bijou se presse de dire
— Est-ce que j’ai
dit que c’était mauvais ? C’est
seulement mauvais si vous vous cachez pour faire les choses
— On ne fait rien
maman, elle continue de se défendre. Fabien ?
— Tu peux aller chercher
le faire-part dans ma chambre s’il te plaît ? Il est dans le dictionnaire sur la table, je dis à Bijou plus pour qu’elle
me laisse en intimité avec maman. La vieille pourquoi tu veux gâter mes choses ? je demande à maman une fois que Bijou nous a
laissés
— Je ne vais pas supporter
Jérôme là-bas et tu feras ta part ici. Tu es mon fils et je te connais comme un
garçon concentré. Mais Mariah est une fille battante. Je ne vais pas accepter
qu’au nom de l’aide, tu viennes gâter sa vie. Si tu n’as pas de sérieuses
intentions la concernant, je veux qu’elle revienne dormir avec moi dès ce soir,
elle me dit avec sa petite voix. Elle paraît inoffensive mais ma mère peut être
terrible quand tu ne respectes pas ses interdits. Je n’ai jamais croisé son
mauvais côté et aucune envie de le voir à cet âge.
— Je suis sérieux
maman. Eben m’a confirmé qu’il n’avait pas l’intention de la prendre comme
femme mais j’admets qu’entre temps, j’ai eu envie de le faire
— Et pourquoi ? On ne prend pas une femme parce qu’elle te
prépare ta pâte régulièrement, mais pour…
— Vivre avec elle me
rend heureux maman. J’aime rentrer et regarder les nouvelles avec elle, discuter
avec elle. Et bon j’aime aussi qu’elle me prépare régulièrement ma pâte mais c’est
sa compagnie qui me plaît beaucoup. Quand je me vois dans cinq ans, je la vois bien
à mes côtés. Du moins si on arrive à régler quelques petits soucis mais je t’assure
que je n’ai pas l’intention de la déranger pour rien ni te mettre la honte
— OK, comme c’est
toi qui me le dis, je t’accorde ma confiance. Dès ce mois, commence à mettre
mille francs de côté. Même si c’est 500, tu déposes, pour la dot, au moment
venu
— Kieer ! déjà ?
— Pour dormir avec
elle là, tu ne dis pas déjà hein, dit-elle en me regardant de travers
— Mais elle t’a dit qu’on
ne fait rien non
— Pardon je suis née
avant toi. C’est comme ça vous faites et après l’enfant va sortir comme la
plante du sol. Et puis un deuxième vient, et le temps que je comprenne vous avez
cinq. Plus ceux de Jérôme là-bas, comme si je vous ai dit que je voulais beaucoup
de petits-enfants comme ça. De toute façon, je ne vais pas trop parler,
dit-elle après avoir beaucoup parlé
— Ne t’en fais pas
maman. Si c’est pour moi, je vais te donner deux seulement comme ça je vais
bien m’occuper d’eux et puis toi aussi. Un garçon pour te déranger et une fille
pour bavarder avec toi
— Si tu rajoutes un
maintenant ça fera quoi ?
— Eh, la vieille, tu
as dit quoi concernant la foule de petits-enfants ? rigolai-je
— Ça, c’est pour Jérôme.
Je sais que ta femme et toi vous n’êtes pas paresseux donc si vous travaillez bien
pour vous occuper d’eux, moi je suis qui pour bloquer la bénédiction du ciel ?
Je rigole et me lève pour
aller chercher ma femme qui n’est toujours pas revenue depuis là. Faut qu’elle entende
la meilleure de la vieille.