92: Locked up, part 2
Write by Gioia
Confère chapitre 85 pour le part 1
***Andino EKIM***
Je me suis réfugié à
Abuja le temps que la tempête se calme, parce qu’actuellement elle fait ravage
à Libreville. Les camionneurs à qui j’ai confié la mission ont tous reçu la
visite des forces de l’ordre. Résultat j’ai dû mettre la main à la poche pour
mieux fermer les bouches de ceux que l’anxiété gagne déjà. Un énième imprévu, à
croire que je m’y suis abonné à mon insu.
Une autre raison de ma
présence à Abuja c’est qu’il me faut me libérer de ce poids qu’a apporté sur
moi le décès tragique de mon fils. J’ai déjà fait le premier pas, soit
retourner l’argent qu’on m’a envoyé pour régler sa caution mais je ne me sens
toujours pas en paix. Dans ma tradition, c’est un fait bien connu que le sang
versé injustement ne se repose pas sans rétribution. Je m’en vais donc passer du
temps à Abeokuta chez le protecteur spirituel de notre famille, afin qu’il s’occupe
de moi. Le trajet commence par un premier stop à Lagos et je prends un taxi en
direction de l’État d’Ogun à l’aéroport. Il est assez tôt quand mon pied foule
la concession familiale mais je dois faire des purifications parce qu’on ne
s’introduit pas comme on veut dans le lieu où réside notre protecteur. Des
fleurs d’une plante sauvage sont nécessaires pour ses purifications et il faut
les mâcher au coucher du soleil et aller au lit sans se coucher.
Le lendemain, je me sens
fin prêt à le rencontrer. En près de vingt minutes, je me livre comme je ne l’ai
pas fait depuis le décès de Ray. J’en coule des larmes et tremble lorsqu’il me
demande le pourquoi je suis allé si loin.
-I swear,
It wasn’t my intention to let him suffer. He wasn’t even supposed to go to jail, je m’explique (je jure, ce n’était
pas mon intention de le laisser souffrir. Il ne devait même pas aller en
prison)
-Afopina to fe pan-a
suya: eran po si i, il me répond en parabole sur un ton désapprobateur, (celui
qui joue avec le feu se brûle)
Il me remet cependant une
mixture à consommer à cinq heures du matin pendant une semaine, mais rajoute
une dernière parabole avant de me laisser, « l’os peut être dur mais une fois consommé et digéré, ressort tôt ou tard ». Une bien trop complexe et qui fait remonter la
culpabilité que je m’efforce à noyer depuis là, donc je l’efface aussitôt de ma
mémoire. De retour à Abuja je laisse quand même la vidéo d’Adrien à ma maîtresse
avec la consigne de l’envoyer aux fameux influenceurs des réseaux sociaux si
jamais elle n’a pas de mes nouvelles une fois que je serais à Libreville. L’audio
de Denola je l’ai gardé. Je n’ai jamais eu l’intention d’exposer mon fils même
si découvrir ce côté de lui m’a foncièrement déçu. Finir comme ça après toute l’éducation
qu’on s’est évertué à lui donner, c’est plus qu’un gâchis. Au final il n’y a que
Ray qui me ressemblait, parce que Toni n’est pas fichu de se responsabiliser à
cet âge. Je vivrai à jamais avec le regret de mes actions concernant mon premier
fils, mais je m’engage à mieux éduquer les petits-fils que Garcelle me donnera.
***Denola EKIM***
Le vol direct de Perth à
Libreville n’existe pas donc au lieu d’un transit dans une autre ville, je me
suis arrêté à Paris, après que Thierry m’ait confirmé qu’il y est de passage
pour que Lucille passe un peu de temps avec sa mère. Ce dernier a insisté pour
venir me chercher à l’hôtel au lieu qu’on se retrouve ailleurs. Dès que j’ouvre
quand il toque la porte, il me prend dans ses bras. J’ai longtemps évité les
gestes affectueux avec lui parce que j’avais l’impression d’être déloyal,
sachant que lui ne le faisait qu’à un ami, tandis que ma position était mitigée
dans ma tête. Mais aujourd’hui, je me laisse faire. J’ai besoin de mon
confident.
– Je suis tellement
navré gars, je ne sais pas quoi te dire en dehors de ça, mais je suis là, on va
surmonter ça d’accord, il me dit avec conviction et je hoche la tête
– Euh Adrien ? fait-il étonné quand son regard croise celui de
mon cousin assis sur le lit
– Tu n’as pas changé
Ndouo, ça va ?
– Euh… oui oui, je… bah
je suis content de te voir, dit-il tout en me lançant toujours un regard confus
Beaucoup n’ont pas su ce
qui est arrivé à Adrien puisque ses parents l’avaient envoyé à Copenhague
rejoindre sa grande sœur en plein lycée, et ce sans prévenir. Et j’avais trop
la haine contre lui pour répondre quand on me demandait.
– Moi aussi, mais on
m’a dit que tu étais même papa d’une jolie petite fille, j’espérais la voir
– Oh euh, elle ne
voulait pas lâcher son papi à la dernière minute donc c’est seulement ma
vilaine tête que j’ai ramenée
– Pas grave, on aura
le temps de se retrouver un jour, dit-il avec un sourire. Pour l’instant, je
vous laisse
Comme il l’annonce, il
sort, et me voilà avec mon ami, ainsi que mes mains qui suent bien que je les essuie
sur mon pantalon kaki.
– Mais tu as tiré
Ndong de quel trou ? il continue
de s’étonner
– Il vivait à
Copenhague, et c’est lui qui est venu me trouver à Perth après avoir appris
pour Ray
– Ouais je suis
bête, j’avais oublié que vous étiez de la même famille. Bref, quels sont les
plans ? Il y’a déjà un programme pour
le deuil ? Je n’attends que vous pour bouger
– Il faut qu’on
parle d’abord
– N’essaie même pas
de m’en dissuader, j’ai déjà convenu avec maman que…
– Ndouo arrête de me
couper, j’essaie de te dire quelque chose de sérieux ! je l’interromps brusquement
Il prend doucement place
sur le lit, sans mot dire, et me voilà qui tremble en plus des mains dégoûtantes.
Un discours bien téméraire, c’est ce que j’avais servi à Ida et aujourd’hui, je
suis semblable à une feuille secouée par le vent.
– Tu es sûr que ça
va ? Tu m’inquiètes, il me dit
soucieux
– Non, ça ne va pas.
Je ne sais pas comment rationaliser ce que je m’apprête à te dire et te promets
que j’ai fait des efforts pour le garder caché mais dans un moment de faiblesse
et en essayant de me comprendre, j’ai… j’ai parlé de toi à Adrien. De toi en
tant que… que garçon, qui… pour qui, j’éprouvais des choses
Je m’arrête subitement
sur cette phrase, pas par envie mais parce que le stress a poussé mon cœur dans
la gorge et j’avais l’impression d’étouffer pendant ma confession. Je n’ose
même pas le regarder par crainte de lire dans ses yeux le dégoût.
– Tu sais qu’en
matière de français, compréhension de texte et tout ça je n’étais pas bon non,
donc si je te dis que j’ai compris ce que tu viens de dire là, j’ai menti.
Adrien vient chercher quoi dans…
– On s’est toujours
douté qu’Adrien ne s’intéressait pas aux activités traditionnellement
masculines. Tu te rappelles comment il râlait parce que ses parents le
forçaient à pratiquer le foot, apprendre la batterie à l’église et l’ont
inscrit au Jujitsu
– Oui je me rappelle
bien que je lui répétais que j’étais trop jaloux et qu’il était plus chanceux
que moi qui devais supplier mon vieux de m’inscrire au combat mais les parents
refusaient que non c’est trop dangereux
– Tout comme tu
étais jaloux de lui, j’ai commencé à être jaloux. Jaloux d’AKOGHET
– Janice ? Tu parles de Janice AKOGHET, mon ex ? Pourquoi ? il demande
sur un ton ahuri
– Je ne sais pas. Je
sais juste qu’à ton départ pour Franceville après le décès de ton père, j’ai sombré
dans une déprime sans nom. Je n’arrivais pas à me faire d’ami. Non, je dirai
plutôt que je ne me fatiguais même pas à essayer. Il n’y’avait que toi dans mon
esprit. Si les parents m’avaient autorisé, je t’aurais rejoint à défaut de
passer uniquement durant les grandes vacances pour te voir. J’ai jubilé comme
si j’avais gagné au loto quand tu m’as annoncé que tu revenais sur Loubev pour
vivre avec ta tante. J’avais bien compris qu’on ne ferait plus la même école vu
tes conditions de vie mais je ne m’attendais pas à ce qu’une autre personne
rejoigne le duo qu’on était. Ni que tu allais lui témoigner autant d’affection.
Je ne sais pas quand j’ai commencé à la jalouser comme je te dis et surtout je
n’en suis pas fier. Je n’en ai jamais été fier mais j’ai eu les pensées les
plus malsaines possibles. À un moment, même vous voir ensemble m’horripilait.
J’ai commencé aussi à te détester mais c’est en me rendant compte que le genre
de colère que je ressentais pour elle et toi n’était pas pareil que j’ai
commencé à douter de moi. De mes sentiments et surtout le fait qu’une petite joie
malveillante s’est allumée en moi quand tu m’as annoncé votre rupture. Suite à
ça j’ai approché Adrien dont je connaissais déjà les penchants vu qu’il s’est
souvent confié à moi. Je lui ai demandé, ou plus tôt, je voulais connaître son
opinion, et savoir s’il…, enfin comment il a su qu’il s’intéressait au même
sexe. Si je te raconte tout ça aujourd’hui c’est parce qu’il a eu à
m’enregistrer quand je me confiais à lui, pour des raisons débiles. Il se peut
que cet audio se retrouve sur internet dans les jours suivants, parce que
quelqu’un qui est lié au décès de Ray menace son père avec
Je finis un si long
monologue et il ne fait que m’observer, bouche légèrement ouverte. Plus nerveux
que moi à l’heure actuelle, tu meurs.
– Je n’ai pas fait
exprès… de.. , je te jure que pas une journée ne s’est écoulée où je me suis
détesté pour ça. Si j’avais su que j’étais enregistré…, bref je veux juste te
présenter mes excuses, bredouillai-je
– Primo tu me parles
de sentiments, secundo tu dis que Ray a été assassiné, maintenant il y’a un
potentiel audio qui sortira et ton oncle Gervais est victime de chantage ? C’est le scénario de quel film ?
– Je n’ai pas dit
qu’on a assassiné Ray mais quelqu’un, je suppose, un des clients qui a porté
plainte contre lui veut couvrir ses arrières maintenant qu’Interpol s’en est
mêlé. Toni avait à un moment évoqué l’option que le braquage et cambriolage ne
soient qu’un coup monté. J’y ai même prêté attention mais Ray m’avait…, bref
j’ai laissé tomber, dis-je penaud
– Et on le fait
chanter ? il est hors de question que tu
rentres à Loubev seul, laisse-moi m’organiser, je viens avec toi
– Mais, fais-je
maintenant perdu
Il est déjà debout et ne
fait qu’insulter les clients de tous les noms tout en pianotant sur son
téléphone. Est-ce qu’il a bien entendu ce que je lui ai raconté quand même ?
– Oui Vita, c’est
quoi le nom de l’application là où tu as booké nos vols vers le Cap Vert à
tarif réduit ?
-…..
– Donc toi on ne
peut pas te poser une question et tu répondras normalement ?
-…..
– Donne vite le nom
de l’application au lieu de parler, je t’ai dit que je suis fâché, la
rabroue-t-il
-…..
– OK, merci, oui,
quoi ? OK je vais ramener ses
couches, envoie-moi un message pour que je n’oublie pas, bisous. Tu aimes trop
kongosser, je te raconte après, il dit et coupe
– Thierry je…
– T’inquiète, je
vais trouver facilement sur l’appli là. Mon nouveau supérieur est assez relax
sur les règles, il peut me permettre le télétravail pour cinq jours au moins et
avec le week-end, je ferais une semaine complète
– Thierry, ce n’est
pas nécessaire de venir, c’est ce que j’essaie de te dire
– Non mais tu es fou ? s’écrie-t-il au point que la veine sur sa tempe
fasse son apparition. Moi j’avais mis le décès du grand sur les conditions de
vie inhumaines des détenus au pays. Quand tu entends chantage là, tu ne te dis
pas que ces gens qui ont porté plainte essaieront de te faire du mal ?
– Justement, nous
n’avons prévenu personne de notre arrivée. On descend à l’hôtel et c’est là que
j’avertirai maman pour qu’on se rende chez tonton Gervais comme ça on ne laisse
pas de temps à l’ennemi de riposter
– J’ai déjà dit que
je viens avec toi donc tout ce que tu dis là te concerne
C’est vraiment son
dernier mot ça, bien que j’aie encore essayé sans succès. Il ne trouve pas de
place sur le même vol que je prends avec Adrien, mais plutôt le lendemain de
notre départ. Aucun mot concernant mes sentiments. Je suppose que l’adrénaline
est encore forte ou peut-être il ne veut pas y penser, ce que je comprends
totalement. Quoiqu’il en soit, Adrien et moi embarquons à bord du vol d’Air
France deux jours plus tard, prêts à affronter ce qui nous tombera dessus.
Comme prévu nous
descendons à l’hôtel Edenia pour les dix jours que nous avons prévu faire ici.
Je me rends en premier au domicile de mon frère, par pure nostalgie. Je trouve
ses effets rangés, son gardien m’explique que Toni a fait beaucoup de jours
ici. C’est lui qui a payé son salaire et il faisait régulièrement le nettoyage.
– Voici patron, me dit
son gardien tout en me présentant un téléphone. Quand la police est arrivée,
monsieur l’a laissé tomber et j’ai oublié de le donner à patron Toni
– Merci, murmurai-je
en le prenant et je vais à la recherche du chargeur pour le brancher. J’essaie
aussi d’entrer dans son ordi pour voir s’il n’y aurait pas de message, enfin je
ne sais même pas ce que je cherche. Peut-être une dernière trace de lui en
dehors des photos. Je passe toute la journée sur son ordi à cogiter pour
trouver les mots de passe, mais rien n’y fait. J’en finis par m’endormir et au réveil
je vais regarder un peu dans ses documents. Avant de commencer à fouiner, je me
rappelle de donner d’abord des nouvelles à Ida. On n’a pas vraiment parlé de sa
révélation. Elle s’est empressée de me dire d’oublier quand j’ai voulu aborder
le sujet mais dès que je serais de retour à Perth, je compte bien être présent
pour elle, parce qu’elle en souffre. J’ai senti dans sa voix qu’elle portait
cette dépendance comme un fardeau. Je lui laisse le message et fais également
signe à Adrien. Sa mère qui est encore à Copenhague le croit en work trip aux États-Unis.
Pendant ce temps il est à l’hôtel ici et m’informe qu’il s’en va justement
chercher Thierry à l’aéroport. Je lui envoie juste un pouce et plonge ma tête
dans les documents de Ray.
Deux ou trois heures se
sont écoulées, je pense. En tout cas je n’avais plus la notion du temps mais je
pense avoir trouvé le mot de passe de son ordi et quand je l’essaie, ce dernier
se déverrouille sans surprise. « Raperla », le nom de ce qui devait être un restaurant à
Pog. J’ai retrouvé différents plans d’architecture ainsi que des ébauches de management
plan, et logos. Et je ne savais rien de tout ça, sacré Ray. La faim me tenait
les entrailles depuis un moment donc je sors vérifier son frigo qui n’a plus
rien dedans. Le gardien m’explique que Toni a aussi fait le ménage là-bas, donc
je lui remets un billet de dix mille avec la consigne de m’acheter n’importe
quoi, tant que ce n’est pas un burger.
Pendant que je l’attends,
j’allume la télé et encore une fois le sommeil me dérobe à la réalité. C’est la
sonnerie du gardien qui me réveille. Il est de retour accompagné de Thierry et
Adrien.
– Il n’a pas voulu attendre
malgré tout ce que je disais, s’explique Adrien
– Pas grave, tu n’es
pas fatigué toi hein ? je dis à l’encontre
de Thierry
– Dis-moi plutôt
comment ça avance. Tu as déjà parlé à tata Marcelle ?
– Non pas encore, je
suis venu ici et j’ai perdu un peu la notion du temps
– Mais n’est-ce pas
toi qui m’as dit que le temps presse ? il réplique
sur un ton incertain
– Tu as raison, je
finis de manger et on y va, dis-je après m’être giflé simultanément les joues
pour me réveiller. Ce n’est pas le moment de se laisser dominer par le chagrin
Il faut croire que le
destin voulait que les choses se fassent autrement parce que pendant qu’on mangeait,
le gardien est venu m’avertir que la famille est là pour le nettoyage. Par la
famille, il parlait de maman et Garcie, qui ont eu les surprises de leurs vies
en nous voyant dans le salon. Et subitement elle me bondit dessus en me
saisissant par les épaules avec un air angoissé et se met entre Adrien et moi.
– Qu’est-ce qui t’a
pris de revenir ici ? Et toi tu t’éloignes
rapidement de mon fils !
– Mais maman c’est
quoi ces manières ? je m’étonne
– Ce n’est pas ce
que tu crois ma tante, nous sommes là pour régler un problème urgent
– Denola tu viens,
elle commence et se met à me tirer de toutes ses forces avec l’intention de m’emmener
je ne sais où
– ça ne va pas maman ? Garcelle aussi lui demande confuse
– Et toi tu te
prends pour qui pour ouvrir la porte aux gens ici sans m’informer ? elle s’en prend farouchement au gardien, tout en
continuant à lutter pour me tirer sans considérer nos questions
Je lui tiens la main avec
l’autre que j’ai de libre et me tient fermement pour l’empêcher de finir sa
tâche. Ce n’est pas comme si elle arrivait à me tirer bien loin de toute façon.
– C’est moi qui lui
ai dit de ne prévenir personne. Je comptais passer à la maison mais c’est encore
mieux que tu sois là. Adrien et moi avons des choses à te dire concernant
tonton Gervais. Quelqu’un le…
– Ne fais pas ça
Deno, je t’en prie, m’implore-t-elle main sur ma bouche. Deux secondes, c’est
tout ce que ça me prend pour comprendre qu’elle se doute de quelque chose. Je sens
ma fureur monter en flèche et j’arrache sa main
***Thierry Henry NDOUO***
Le ton de Deno devient
glacial à la question suivante, tandis que je continue à me demander ce qui se
passe sous mes yeux là. Et pendant ce temps je sens le regard presque meurtrier
de sa sœur sur moi mais ce n’est pas d’elle qu’il s’agit actuellement.
– J’ai demandé de
qui il s’agissait maman, il reprend froidement
– Je…, je ne sais
pas de quoi tu parles, elle lui retourne d’une voix hésitante
– Tu ne sais ? Parce que Demain j’enverrai une vidéo de moi
confessant mon attirance pour…
– Non ! s’affole tata Marcelle horrifiée
– une vidéo aux grandes
pages gabonaises sur Facebook pour révéler au monde que je suis attiré par les
hommes et qu’on m’a envoyé en Au… ; sa phrase
est interrompue par une gifle sonore de Tata Marcelle qui ressemble à un animal
apeuré
– Tu n’es pas attiré
par les hommes ; aucun de mes
enfants n’a ça en lui ! elle se
déchaîne
– Je le ferais aussi
tata Marcie, continue Adrien
– Tout ça, c’est de
ta faute enfant maudit, nous surprend-elle et se jette sur lui avec les
coups
Il en reçoit juste
quelques mais on n’a le temps de l’attraper.
– Pardon hein,
attirance pour les hommes c’est pour dire quoi ? Garcelle le questionne
– Tu ne comprends
plus le français maintenant ? rétorque
Deno qui essaie toujours avec moi de tranquilliser sa mère qui commence à
friser l’hystérie
– Ho mon Dieu, Hooooo
mon Seigneur, tu es quoi ? Et tu as…,
Seigneur c’est donc pour ça qu’on ne cesse de vivre des épreuves dernièrement ? Garcelle s’indigne et elle continue pendant de
longues minutes. Mais au moins maman s’est un peu calmée. Nous la relâchons et
elle continue à implorer Deno.
– Mon fils pense à
ta vie, si tu fais ça c’est fini pour toi. Personne ne t’accordera plus le
respect. Ton ami…
– Thierry est au
courant maman
– Quoi ? Denola après tout ce que j’ai fait pour te
sauver ! Toutes les prières, l’argent
que j’ai investi jusqu’au dernier centime pour que tu ailles en Australie, tu veux
tout ruiner ? Denola qu’est-ce que je t’ai
fait ? sanglote-t-elle, en s’accrochant
à son col. La scène est vraiment triste.
Un petit cri de choc attire
notre attention. Il vient de Garcelle, à croire que c’est maintenant que l’information
est arrivée à son esprit. Je ne peux pas non plus la juger vu que moi-même j’ai
du mal à comprendre cette histoire de sentiments.
– Attends Thierry
sait dans quel… non ne me dis pas que…. tu l’aimes ? Oui c’est ça, continue-t-elle dans l’hystérie. Tout
s’explique, c’est pour ça tu prenais toujours son parti de Thierry quand je
demandais ton aide pour qu’on se rabiboche
– Tu as la mémoire bien
courte Garcelle, jamais il n’a pris ma défense
– Cette tapette
prenait toujours ta défense parce qu’il voulait monter sur ta queue à ma place ! elle s’écrie en rage. Et c’est à son tour de
recevoir une gifle doublement sonore de sa mère
– Mon fils n’est pas
un pédé ! Il n’a et ne sera jamais ça ! la maman dit comme un cri du cœur
– Non mais tu es
folle ? Tu ne viens pas de l’entendre
et c’est moi que tu gifles ? Attends que
l’avion de papa atterrisse vous allez voir ! Je vais vous
dénoncer un à un, des immondices comme ça là
– Maman le sujet n’est
pas mon orientation sexuelle mais Ray. C’est ta dernière chance. Tu me dis qui empêche
tonton Gervais de faire son travail sinon tu connais la suite
– ça ne se fait pas
de menacer sa mère ! s’insurge-t-elle
– C’est vraiment la
toute dernière, il lui dit gravement
De longues minutes tendues
s’écoulent. Le gardien qui était retourné à son poste après qu’on ait maîtrisé Tata
Marcelle, revient sur ses pas, annonçant encore une visite. C’est décidément la
journée. Et cette fois, c’est tonton Andino que Garcelle court chercher et le
ramène en tirant son bras, pour qu’il vienne entendre l’immondice, je suppose. Ses
yeux tombent sur nous et c’est comme si le temps s’est considérablement
ralenti.
– Maman ! gronde Deno dont l’attention était toujours sur
tata. Cette dernière lève fébrilement le bras et son index se pose sur tonton tout
en fondant en larmes
C’est avec une lenteur
sans nom que mon regard retourne sur tonton Andino. Tata ne ressemblait pas à
un animal apeuré finalement. C’est lui qui y ressemble. Et plutôt à un animal
sur qui un piège vient de se refermer.
– Papa, tu ne croiras
pas la dernière, Denola que tu qualifiais partout d’intelligent n’a trouvé que
l’homosexualité à copier chez Adrien, dit Garcelle, qui n’a pas l’air de sentir
la lourdeur dans la pièce
– C’est… c’est lui
qui… qui m’a menacé avec l’audio, hoquète maman Marcelle
– Oh Seigneur, s’exclame
un Adrien stupéfait
– Dededenonono, tonton
balbutie et aurait trébuché si Garcelle ne l’avait pas attrapé de justesse
– Pa… pa, dit Deno d’une
voix que je ne lui reconnais pas. Il avance d’un pas et répète, pa…pa
– C… ce,.. n’est pas
co…mme ça que…., les choses…
– Papa dis-moi…,
dis-moi que… que je comprends mal, Deno dit d’une voix enrouée après quelques
pas
– Marcelle tu es
aussi venimeuse qu’un serpent !
On manque la première
fois que Deno bondit sur tonton, bousculant Garcie aussi sur le passage. Mais la
seconde fois Adrien et moi sommes sur lui et tenons chacun son poing avant qu’il
ne se mette à ratatiner la face de son père. Mais il se débat si fort qu’on
perd plusieurs fois notre maîtrise sur lui. Sa mère aussi s’est jointe à nous
et le tenait par la hanche
– Deno, je t’en
prie, c’est ton père, on ne fait pas ça, sanglote-t-elle
– Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ? hurle-t-il avec une douleur que je ressens
jusque dans mon corps
– Lâche papa, tu
n’as pas honte, il est vieux, Garcie en larmes aussi essaie de le dégager
– Pourquoi lui ? N’est-ce pas toi qui m’as dit quand j’étais jeune
que la famille ce sont ceux qui sont chers à nos cœurs ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il
t’a fait ou pris dans cette vie pour que tu sois si cruel ? il continue à hurler et se débattre
– Denola s’il te
plaît il faut te ressaisir
– Il ne demandait
que la paix maman ! Je lui ai
reproché plusieurs fois d’être trop égoïste, Raymond, qu’est-ce que j’ai fait
mon Dieu ! il lâche prise et tombe sur le
côté en sanglots, mais j’ai le temps de le redresser contre moi avant qu’il ne s’écrase
la face au sol
On est tous dépités mais
je ressens tant de haine que mes bras autour de Deno ne cessent de trembler.
– Pardon y’a encore de
la visite, nous annonce timidement le gardien tandis que Garcelle aidait ton…, son
père à se redresser
– C’est quoi encore ? s’emporte maman Maman Marcelle
– Ils ont dit qu’ils
viennent de la police
– Non Marcelle tu n’as
pas osé ! s’alarme son mari
– Je n’ai rien fait,
se défend-elle et à la porte les sonneries se multiplient de façon intempestive
– Papa, qu’est-ce qui
se passe ? bredouille Garcelle craintivement
***Andino EKIM***
J’étais venu ici avec l’intention
de récupérer l’ordinateur et le téléphone de Ray. J’y ai pensé durant le vol,
en me disant qu’il vaut mieux éliminer toute possibilité de preuve, si jamais
Gervais n’arrivait pas à détruire le dossier. Ou c’est l’anxiété qui me gagnait
je ne pourrai le dire mais mon esprit ne cessait de s’agiter donc je me suis
dit autant le faire le plus tôt possible.
Cette fois, je refuse de
me laisser gagner par l’anxiété. J’évalue rapidement la situation. Ils ne sont
pas forcément là pour moi, et coopérer est toujours bien perçu mais pas dans
cette ambiance. Tous pleurent, et Denola pourrait me dénoncer donc je sors
moi-même rencontrer les policiers et me présente comme le père de Ray.
– ça tombe bien,
nous vous cherchions justement, l’un d’eux me répond
– Ah ! et quel est le sujet de cette recherche ?
– Un interrogatoire
pour une enquête en cours, un autre me répond avant de me présenter une convocation
écrite
Je n’ai pas fini qu’ils m’embarquent
devant les regards et murmures de quelques curieux. Le calme Andino, je ne
cesse de me répéter. Tant que je serai calme, tout ira bien, ce n’est qu’un
interrogatoire concernant le cambriolage de la seconde boutique. Ce n’est pas
Interpol qui s’est présenté, mais plutôt la police gabonaise, donc je n’ai rien
à craindre. Et je suis protégée aussi bien physiquement que spirituellement.
***Marcelle EKIM***
24 heures se sont
écoulées depuis que j’ai trouvé mon fils chez Ray. Dire que j’ai longtemps
repoussé le ménage chez lui et c’est pour me changer les idées que j’avais
décidé de m’y rendre hier. J’ignore combien de temps dure un interrogatoire, mais
Andino n’est toujours pas rentré depuis là. Bien que je lui en veuille
terriblement, il reste le père de mes enfants et Garcelle est totalement
déboussolée depuis hier. Gervais aussi ne pouvait nous tenir au courant. Il m’a
dit que son chef a mis un autre officier sur la plainte du coup, il n’a pu rien
faire. Les menaces d’Andino planent toujours sur nos têtes. Je ne connais même
pas bien les réseaux sociaux en dehors de Facebook sur lequel je ne cesse de
faire des tours pour m’assurer que rien de compromettant ne se promène là-bas
sur mon fils.
Quant à ce dernier, j’aurais
dit qu’il est anéanti mais le mot me semble faible pour décrire la souffrance qui
transpirait dans sa voix hier. J’ai tenté en vain de lui remonter le moral et
avec Garcelle aussi qui ne cessait de paniquer pour son père, j’ai dû laisser
Denola avec Thierry. J’avais fait un saut à la maison, juste pour me laver
avant de retourner au commissariat de Belle vue II mais ma sœur qui n’a
cessé de m’appeler depuis ce matin, me relançait encore donc je l’ai prise.
– Marcelle je t’avais
dit quoi sur le bangala des Nigérians ? vocifère-t-elle
– Olga ? moi-même je réponds surprise que ça soit elle
qui me parle comme ça
– Tu me dis bien à
ton andouille là que seul ton cerveau est noyé par le sperme qu’il te fait
boire tu comprends ! Tu lui dis très
bien qu’il a une heure pour m’enlever la vidéo de mon fils sur internet. Et je
viens le trouver avec une plainte, sale pédophile comme ça il n’a pas honte de
regarder un enfant de quatorze ans en ébat. Si c’est son cul qu’il veut qu’on
lui ouvre comme une soupape, dis-lui que j’arrive avec les gros bambous
– Olga, il a été interpellé
par la police hier et….
– Je m’en fous ! crie-t-elle à tue-tête. Débrouille-toi pour me
nettoyer sa sale merde déformée comme son visage sur internet sinon je balance
les choses que j’ai sur Denola sans perdre une seconde !
– De…., tu as quoi
sur mon fils ? je passe à l’agressive
– Oh tu crois être
la seule à protéger tes arrières ? J’ai l’enregistrement
de ton fils qui demande conseil pour draguer son ami
– Il n’a jamais
demandé conseil pour dra…, attends, qu’est-ce que tu fais avec cet audio ?
– Je fais ce que les
fauves font avec leurs crocs dans la jungle. Je gardais ça pour les fois où tu
viendrais encore vanter ton fils comme ce n’est que toi qui as fait des enfants
beaux et intelligents
– Olga ! dis-je d’une voix vacillante. C’était toi la
fameuse personne qui me menaçait avec l’audio pour obtenir de l’argent ? Et tu es quand même revenue chez moi pour jouer
à la compatissante, me disant que tu as réglé le problème du maître chanteur ? Olga tu vas me dire que c’est toi ? Après tout le soutien que je t’ai apporté dans cette
vie ? Après que j’ai imploré Andino
pendant des mois parce que tu voulais faire tes études en Europe ? Après que…
– Le temps que tu
perds à m’énumérer tes choses comme si tu as fait plus que le Christ, tu pourrais
te bouger pour faire enlever les vidéos de mon fils qu’on ne cesse de partager.
Je t’ai bien dit une heure
– Pourquoi ? Je t’ai fait quoi pour mériter que tu
touches à la prunelle de mes yeux ? À mon enfant ?
– Moins d’une heure,
on verra encore comment tu vanteras tes enfants aux gens, elle me menace avant
de couper
Je me laisse choir au
sol, ahurie, dépitée, dépassée, étourdie. Qu’est-ce que ces dernières années de
ma vie ont été finalement ? Une farce ? Quelqu’un pour me répondre ? S’il vous plaît, je meurs à petit feu.
***Fabien TOUNTIAN***
Je ne sais pas pourquoi
je me suis gêné pour demander à Eben alors que les autres enfants de Martin sont
là. J’ai profité des dix jours que nous avions en congé pour retourner à Lomé. Et
le premier que j’ai cherché à voir fut Axel. Je m’étais présenté chez eux avec
une petite ruse en tête pour obtenir mon info mais le ciel a décidé de me le
servir tout cuit. Se tenait devant leur portail un monsieur habillé proprement
qui se plaisait à les menacer qu’ils ont intérêt à faire libérer sa mère dans
les plus brefs délais avant qu’il ne se rende aux médias avec l’histoire. Et pour
seconde confirmation, un des fils de tata Mireille est sorti de là, avec un air
moqueur et lui a dit que leur nouvelle télé a justement besoin d’un divertissement
digne de ce nom, donc qu’il aille pleurer son histoire de fils illégitime sans tarder.
Comme le fils qui est
sorti ne m’a accordé aucune attention, je suis tranquillement retourné sur ma
moto, et dès que le fils adultérin a démarré, je l’ai suivi, toute la journée. Il
est passé au commissariat central où il a fait environ une quarantaine de
minutes, puis il est retourné à l’agence de CEET et n’a sorti sa voiture de l’enceinte
que vers 18 heures. J’étais derrière lui, espérant trouver sa demeure mais
je l’ai finalement perdu quand un chauffard m’a brusquement coupé la route.
J’ai cherché sur internet
et sans difficulté trouvée son compte Facebook où il dit travaille à CEET au département
grands comptes. Le lendemain, je me suis donc rendu à cette agence pour ma
surveillance de la journée. Mon programme fut le même le lendemain. J’ai même réussi
à noter sa plaque d’immatriculation entre temps. Le cinquième jour je me
sentais enfin prêt pour agir. Je sais que je ne peux pas m’en prendre à lui, vu
sa position dans la société. Je ne cherche pas à me retrouver avec des
problèmes sur le dos ou en causer à mon frère. Mais je ne pourrais pas dormir
tranquille tant que ce type ne ressentira pas au moins une partie de l’insécurité
qu’il a fait vivre à Bijou.
***George SANI***
C’est quoi ce pays de
merde ? Une vieille dame est jetée en
prison et l’avocat me dit qu’on ne peut même pas payer une caution pour la
libérer. Nous devons juste attendre qu’une date soit enfin arrêtée pour le
procès. Et quel procès d’ailleurs. Un kidnapping sur un enfant. Et c’est la
ministre WANKE qui a porté cette plainte, comme si ma mère a déjà côtoyé des
gens pareils dans sa vie. C’est mon cœur qui se brise là toutes les fois que je
viens et elle me supplie en larmes de ne pas la laisser.
J’ai carrément laissé de
côté cette idée de procès pour l’héritage que j’ai perdu de toute façon. Apparemment
j’aurais caché l’existence du compte épargne chez HSBC pour être avantagé par
rapport aux autres héritiers, du coup je dois rembourser ce que j’ai pris sur
le compte, mais en plus, j’ai des intérêts à payer. De l’abus de pouvoir pur et
simple. Et cet avocat n’avait rien de bon à me dire sinon qu’il m’a bien
conseillé. Il a proposé qu’on fasse appel si je le souhaite mais ça, c’est pour
encore me soutirer de l’argent. Bref, maman est la priorité et maintenant que j’appelle
son petit-neveu chéri qui avait promis aider, ce dernier ne me répond pas. La famille,
la famille, c’est ça ! Je sors tardivement
du cabinet de l’avocat de maman après ma journée de travail et je dois encore m’arrêter
pour acheter la bouillie de coco au lieu de simplement filer chez moi.
La commande est pour Yasmine
qui sait pourtant que je déteste m’arrêter dans les petits quartiers pour acheter
à manger. Les petits pauvres qui ne voient pas souvent les belles choses
viennent se coller à ta voiture que tu as trimée pour acheter et ça m’horripile
quand on fait ça. Oh et je précise qu’elle m’a encore collé une grossesse sur
le dos. J’aurais dû voir venir l’entourloupe quand elle a docilement entrepris
de trouver du travail. Madame est non seulement enceinte mais déjà dans son
deuxième trimestre donc son fameux travail n’ira pas loin. Les choses m’échappent
tellement qu’à ce niveau, je n’ai même rien dit quand elle me l’a annoncé.
Je me gare bien loin de
la vendeuse et me rends à la marche pour effectuer la commission. J’achète en grande
quantité les akaras parce que mes filles en raffolent et en rejoignant ma
voiture, je sens d’abord une présence près de moi. J’enlève mes écouteurs et c’est
un objet que je sens maintenant dans mon dos.
– Les clés, me dit une
voix inquiétante
– Je…
– J’ai dit les clés
de la voiture et ton téléphone !
– Chef par…
Je reçois un violent coup
à la rotule qui me fait tituber et geindre de douleur. Il n’y’a personne dans
ce coin pour m’aider ? Mon
agresseur me tire par la force pour me relever et j’allais lui jeter un coup de
poing quand mon regard tombe sur une machette. Mon cœur s’affole et je ne pense
qu’à détaler mais il me donne un second coup à la rotule qui me fait tomber
cette fois.
– Les clés, et c’est
la troisième fois
– Chef ma femme est
enceinte à la maison pardon, rereregarde, voici, tout ce que j’ai sur moi, dis-je
en farfouillant dans ma poche pour sortir tout le contenu et lui présenter. Les
crimes à la machette sont récurrents en fin d’année. Il est hors de question
que ça me tombe dessus
Au lieu de ramasser l’argent
et me foutre la paix, il lève la machette et je lui jette rapidement la clé. Il
ouvre le coffre et me dit de monter dedans
– Hein ?
– J’ai dit tu montes ! dit-il durement
– Pard…
Je sens la machette
fendre l’air juste à côté de mon visage et saute dans le coffre, cognant tout
au passage. La dernière chose que je vois quand il le referme c’est son visage
cagoulé que j’essaie malgré tout de déchiffrer. Je me mets à faire un tapage
sans nom, cognant partout pour que quelqu’un puisse m’entendre ! Je l’ai bien entendu ouvrir une portière et la
refermer, mais la voiture ne bouge toujours pas. Les minutes s’écoulent et
toujours rien. J’appuie et pousse tout, essayant de trouver un bouton ou une
façon de me libérer mais rien. Je ne fais que prier le ciel pour qu’il ait pitié
de mes filles et me vienne en aide mais rien. Je suis seul, abandonné et sans
défense, dans la nuit noire.
***Farida ADAMOU***
Vu les circonstances que traversent
les LARE AW, nous avons décidé d’annuler les festivités et nous sommes descendus
à Lomé pour un court séjour, afin de soutenir nos amis, vu que ce sont les
vacances de la Toussaint pour Asad. Toutefois, il n’est pas avec nous. Il a préféré
rester avec Bobby donc les Boulder le gardent. Nous étions au courant qu’Eli n’était
pas encore à Lomé et Belle toujours aux États-Unis. Mais Eli nous avait confirmé
qu’il rentrait à Lomé la semaine de notre arrivée parce qu’il n’avait plus rien
à faire à Libreville. Je sortais du cabinet d’architecture avec Tao et Magnim, quand
une revenante a croisé notre route. Ou plutôt, elle nous attendait avec une
rangée d’officiers.
– Embarquez ces deux
là, lance-t-elle sur un ton hargneux en nous désignant
– Mais qu’est-ce que
ça signifie ? nous les questionnons simultanément
– Il est temps de payer
hein Tao, tu te souviens m’avoir fait vivre pareil il y a quelques années ?
– Vous n’avez pas
intérêt à toucher ma femme ! Tao menace l’officier
qui me prend le poignet et Magnim essaie de repousser les autres
– J’ai dit embarquez
les !
– Raïssa ton
problème est avec moi, dis à tes hommes de retirer leurs mains de ma femme
sinon tu ne vivras pas assez longtemps pour regretter ce geste, lui dit froidement
Tao et elle éclate de rire
– C’est le fils de l’ancien
chef d’état-major des armées, le colonel Adamou ! Touchez-le et vous verrez ce qui vous arrivera, les prévient Magnim et
certains officiers s’arrêtent subitement
– Ex-colonel s’il
vous plaît ! La roue tourne Tao et tu as
perdu la position qui t’avait permis de me traîner dans la boue. Allez goûter à
ce que ça fait aussi
– N’as-tu donc pas
de cœur ? Ils avaient perdu leur seul
enfant et on connaît votre passif ! Magnim s’emporte
contre elle
– J’ai un cerveau et
il ne se repose qu’une fois mon problème réglé. Celle qui a kidnappé votre
enfant vous attend bien au chaud là-bas, vous aurez tout le temps de discuter
– Tao non, ne fais….
pas ça, je crie aussi fort qu’il frappe l’officier qui essaie encore de me
toucher. Magnim aussi s’y met malgré mes interventions
– Ne touchez pas mon
mari, j’ordonne aussi et folle de rage je saute sur l’un et le mord au bras
après qu’il ait donné un coup de matraque à mon Tao. Si on meurt ici on meurt
mais personne ne va faire du mal à mon Tao