Affaire sans suite
Write by deebaji
Jeronimo, du haut de sa quarantaine d’années, venait de nous sortir un plan totalement démentiel et assez dangereux. Il parlait de trafic de drogue, oh là là, mais c’est qu’il ne blaguait pas lui, mais avait-il au moins les contacts nécessaires pour nous fournir abondamment et marchandise ? Je ne pense pas, en vérité nous y avions déjà penser mais son idée n’était pas bête, non loin de là, bien au contraire, elle m’intéressait, certes il y avait une tonne de risque mais pour bâtir un empire, il fallait de la notoriété et être reconnu comme riche et influent dans le trafic de drogue sans pour autant jamais être pris était une idée qui m’enchantait beaucoup. L’idée était très simple, il fallait que nous allions nous installer à Miami, la ville mère de la vente de drogue, de marijuana et de toute autre sorte de bêtises dans le genre. Nous n’étions pas tous obligés d’y aller non, il nous fallait une personne de confiance comme comptoir à Miami, une autre personne de confiance comme comptoir à New York et enfin une autre personne de confiance à Staten Island. Nous nous répartirions autour des villes et nous élaborions nos partenariats avec les petits trafiquants que Jeronimo pincerait, il nous serait ensuite plus facile de les approcher et de leur proposer d’étendre leur commerce avec nous, c’était soit ils acceptaient soit ils disparaissaient dans la mer. Et puis de toute façon, ils étaient sans papiers donc ils ne seraient pas identifiables et passeraient pour des victimes de gangs rivaux. Le plan de Jeronimo était parfait, même s’il nous plongeait vraiment dans le fin-fond même, de l’illégalité, ce n’était pas très grave, l’essentiel était de se faire suffisamment d’argent, d’accroître notre notoriété afin de créer de nouveaux partenariats très intéressants et de mettre sur pied une véritable Mafia de Noirs, afro-américains. Nous avions pour but, d’intégrer la pègre de la drogue de New York et de régner en maître absolu sur le commerce clandestin et ce malgré nos origines et notre couleur de peau. Nous le savions déjà, je le savais déjà, la tâche ne serait pas facile, bien au contraire, il fallait que nous étendions notre commerce à une variété d’autres activités aussi illégales les unes que les autres pour nous hisser au-dessus de la caste mafieuse et rien, absolument rien, n’allait nous en empêcher. Et c’est ainsi qu’après environ trois semaines passées à l’hôpital assis dans mon lit à ne rien glander, je pus enfin sortir de ce trou médical pour retourner au front. Pendant mon séjour à l’hôpital j’avais eu le temps de réfléchir à un tas de choses, aux choses que j’avais laissé derrière moi et aux choses qui me tracassaient. Parmi elles, il y avait la plus présente, la plus marquante, celle qui occupait la majore partie de mes pensées, ce n’était pas une chose, c’était une femme. Diana, oui Diana. Elle commençait à me manquer affreusement, le son de sa voix, la douceur de sa peau, le ton de ses pas, ses caresses, son humour, sa prise d’initiative, tout cela commençait à fortement me manquer. Elle occupait sans cesse mes pensées et à vrai dire, j’étais un peu triste de ne pas la voir dans de tels moments. Je voulais à tout prix sortir de cet hôpital afin d’aller à sa rencontre puis de lui parler honnêtement à cœur ouvert, faire carte sur table et laisser la fierté de côté, il fallait au moins que je la rassure, que je lui dise ce que je ressentais et ce que je vivais pour elle. Elle me manquait, elle me manquait beaucoup. Le souci c’est qu’avec son père, cela pouvait être assez compliqué d’établir une relation, parce qu’il savait ce que je faisais pour vivre, il savait ce dans quoi j’étais impliqué et il était le mieux placé pour savoir qu’un train de vie pareil pourrait très certainement porter préjudice à la vie de sa fille, Diana. Jeronimo n’avait qu’une raison de vivre, sa famille et pour rien au monde, il ne la laisserait tomber dans des impasses, il savait bien ce qu’était le monde de l’illégal, il en connaissait les manifestations, les conséquences plus communément dites de représailles. Il savait aussi que des gens chercheraient à lui faire la peau en s’en prenant à sa famille pour l’obliger à courber l’échine, je le savais, c’était pourtant clair et net, Jeronimo n’accepterait jamais de me voir avec sa fille et il serait capable de mettre fin à la vie de quiconque ne paraîtrait pas assez pour elle d’après lui. Quelle galère ! Et pourtant, j’aimais sincèrement Diana, je voulais qu’elle soit heureuse, je voulais lui donner une vie de rêve, mais bon il était bien trop tôt pour m’approcher d’elle, j’avais encore un tas de choses à faire pour finaliser l’instauration du nouvel empire que j’envisageais de créer. Avant toute chose, il nous fallait un nom pour notre industrie, j’y réfléchissais également mais je ne trouvais toujours pas la bonne idée pour nommer l’empire. D’autant plus que je ne pouvais pas le décider tout seul, non. Il me fallait l’avis de mes confrères, à savoir, Jeronimo, Jimmy, Alfred, Jeremy et enfin Koba. Alors je les ai faits appeler puis nous nous sommes réunis afin de discuter du nom que porterait notre empire. Beaucoup d’idées furent émises. Koba parlait de nom qui avait trait à notre quartier d’origine et à notre épiderme, il y avait entre autres des noms tels que : Brooklyn Brothers, Blacks Gentlemen, Black Mafiosos, Gentlemen of Brooklyn, Blacks Murders. Mais nous n’étions pas un gang de rue non, nous étions une industrie, un empire et avec des noms pareils, personne ne nous prendrait sérieux même si j’aimais beaucoup l’idée avec les gentlemen cela renverrait une certaine image de classe et d’éthique de nous et cela pouvait s’avérer très intéressant mais il ne fallait pas juste s’arrêter à l’avis de Koba non, il fallait que tout le monde y compris moi-même puissions dire ce que nous pensions. Ensuite, c’était le tour de Jeremy de prendre la parole, ce mec qu’est-ce qu’il s’aimait, il tenait toujours à soigner son apparence et passait le plus grand de son temps à se peigner devant un miroir et à travailler son élocution, il aspirait à être le jeune noir le plus charismatique au sein de la pègre et à être celui qui démentirait les nombreux clichés sur l’odeur, l’hygiène et la tenue des personnes de couleur. Lorsqu’il eut fini de se peigner dans une espèce de vieux miroir, il rangea son peigne dans sa veste et prit en la parole en disant qu’il valait mieux trouver un nom qui affirmait l’élégance, la classe, il fallait qu’à notre nom, nous soyons directement considérés comme des personnes de la haute. Alors il prit un livre et se mit à le lire afin de trouver l’inspiration qu’il lui permettrait de dire quel serait le nom parfait pour notre empire. Il pensait généralement à des noms tels que « Royal Mafi» «Blacks Billions» «Faboulous Blacks» «Maphistia (en référence aux sophistes qui eux aussi étaient en général de la haute». Tous ces noms étaient tout aussi bien et élégants les uns que les autres mais, il ne fallait pas s’arrêter là, nous avions besoin de l’avis de tout le monde donc la parole passa de Jeremy à Alfred maintenant. Ah Alfred, c’était de loin le mec avec le plus de cœur et d’intelligence de toute la bande, il n’était pas spécialement intéressé par des idées de donner des noms à notre empire, lui, il voulait déjà la voir naître et la voir prospérer, il voulait nous voir réaliser nos rêves et accomplir nos idées. C’était de loin le mec le plus humble que je connaisse, il était très intelligent, avait les moyens de nous abandonner à tout moment mais, il tenait tout de même à évoluer avec nous, son avis était simple et clair, il ne préférait pas le donner même s’il trouvait que le mien serait meilleur, puis il se tut et s’assis. Jeronimo lui resta debout à nous observer comme des gamins autour d’un jouet et ne préféra pas se prononcer également. Ce fut donc pour finir au tour de Jimmy de nous dire ce qu’il en pensait. Jimmy n’était un homme très bavard, il était très pragmatique et calme, ce n’était pas un homme qui se laissait impressionner et il avait les pieds sur terre, d’une certaine façon, c’était le mec le plus humain et le plus réaliste de la bande. Lorsqu’on lui demanda ce qu’il pensait de donner un nom à notre bande, il nous répondit qu’il était préférable de ne pas émerger en surface avec un nom et de nous laisser voir par la police et tout le reste par respect pour nos parents et pour assurer notre propre sécurité. Il disait qu’il y avait de la merde au bout de cette histoire de notoriété et qu’il était préférable de rester dans l’anonymat et dans la discrétion la plus totale. Cela nous éviterait bien des problèmes et nous permettraient de ne pas nous faire fichier par le gouvernement et les forces de l’ordre, nous n’avions pas suffisamment en poche pour faire face à toutes cette questions et difficultés donc il était préférable d’attendre patiemment, d’agir dans l’ombre, de faire un maximum d’argent et de nous retirer de la scène avant de revenir en force pour marquer notre contrôle et notre pouvoir. C’était son avis sur la question, pour lui, ce serait de la folie de nous afficher alors que nous n’avions même pas assez pour nous vêtir convenablement. Et voilà, toute la bande avait plus ou moins donner son avis et il ne manquait plus que le mien. Personnellement, je préférais largement celui de Jimmy qui consistait à faire profil bas le temps de pouvoir nous prononcer sans le moindre problème financièrement. En effet, si nous nous dévoilions comme ça sans un sou en poche, nous serions une cible facile pour les officiers de police qui s’empresseraient de nous mettre le grappin afin de nous missionner en tant qu’indics et mouchards auprès d’autres gangs du coin. Mais non, il était hors de question d’être au service de qui que ce soit encore moins de la police. Pourquoi ferions-nous une telle boutade ? nous passerions immédiatement de gangsters aguerris à lopettes asservies et ceci était tout simplement impensable et inconcevable, moi et ma bande nous n’étions que très jeunes à l’époque mais nous prenions déjà très au sérieux et il fallait donc que cela reste. Ce fut donc l’avis de Jimmy qui fut pris pour décision et nous avions choisi de rester à l’anonymat pour éviter, la police, les problèmes inutiles et les rivalités de gang. La mauvaise notoriété elle attendrait pour plus tard, l’essentiel en ce moment était de faire le maximum d’argent et de grosses liasses en faisant toute sorte d’activités, il nous fallait déjà des idées avant de nous lancer à part totale dans le commerce de Marijuana, c’était une idée qui flottait à la surface mais n’était pas encore prête d’être abordée. En effet, il nous manquait des contacts, de l’expérience et la manière de faire, tout cela il fallait l’apprendre et pour apprendre, il y a toujours un prix à payer, mais nous n’étions pas près de débourser la moindre somme pour une quelconque formation, nous attendrions plutôt sagement que des personnes importantes nous approche pour nous incruster dans le milieu…