Aider son prochain
Write by Pegglinsay
David
Il y a plus de cinq heures que je suis a l’hôpital et enfin une infirmière vient me dire que je peux voir la nouvelle maman. Quelques minutes plus tard, je suis dans la chambre de Rosa. Elle a une mine vraiment défaite et fatiguée et cela on peut la comprendre.
- Hi dear ! me dit-elle en voyant.
- Salut Toi ! ça va ?
- Comme tu peux le voir j’ai l’impression qu’un bulldozer m’est passée dessus. Je me sens presser de partout !
- Hmmmmm… je me souviens de ma Léa après ses accouchements, c’était toujours ainsi ! (je me rapproche du berceau et regarde le petit bonhomme) Content de voir enfin le visage de celui qui m’a empêché de dormir pendant un mois.
- Lol ! Il est trop mignon pour être puni de si tôt !
- Et il faut dire à oncle David que ce n’est que le commencement !
- Malheureusement ta mère a parfaitement raison. C’est le début d’un long moment sans sommeil.
- C’est la partie que j’aime le moins dans cette histoire. (elle sourit amoureusement en regardant son fils)
- Mais ça se voit qu’il te rend déjà accro. Regarde comme tu souris bêtement !
- Lol ! Tête de nœud !!!! dis-moi, où est mon tel ? Je vais essayer d’appeler…
- Il est peut être en avion en ce moment. Il m’a appelé une bonne douzaine de fois pour savoir comment tu allais. Il m’a dit qu’il sauterait dans le premier avion qu’il trouverait pour le States.
- J’aurai bien aimé qu’il soit là…
- Il voulait être là !! Mais ton p’tit bonhomme n’était pas de cet avis.
- Et oui ! Il était trop pressé…
- J’ai une autre bonne nouvelle a t’annoncé.
- Ne me dit pas que…
- Oui !!! L’avocat a appelé eeeeeetttt, dis-je pour faire durer le suspense.
- Tes papiers sont enfin prêts ? me demande-t-elle avec entrain.
- J’ai rendez-vous dans deux semaines au cabinet pour tout finaliser et d’ici un mois je pourrai rentrer voir ma famille !!!
- Je suis trop contente !!! que de bonnes nouvelles aujourd’hui !!!!!!
- (Je m’assois sur le lit et lui dit) Je te remercie énormément Rosa….
- (elle me tient les deux mains et me répond) Tu n’as pas encore les papiers donc tu ne peux me remercier maintenant cher époux !!!
- Lol !!!
- Tu le feras le jour où tu prendras l’avion pour Haïti.
- Tu es un cœur, dis-je en la prenant dans mes bras.
Son téléphone se mit à sonner, elle regarde l’écran et voyant le sourire béant qu’elle affiche je sais déjà que c’est son amoureux qui l’appelle. Je lui fais signe que je vais la laisser pour aller prendre un truc à boire.
- Ok dear ! See you later ! thanks a lot !
- A plus chère !
Je laisse la chambre et cherche un distributeur automatique de boissons. Je mets mon argent et je choisis mon jus et attends que le jus tombe. Puis je m’assois sur une chaise pour penser a ma vie qui ne sera plus la même dans quelques semaines. J’ai une grande envie d’appeler Léa et de tout lui dire mais j’ai envie d’avoir la green carte entre les mains. Puisque je ne veux pas la donner des fausses espoirs. Je souris bêtement en pensant a mon éventuel retour au pays.
Léa
Je viens de descendre le bus et cherche un taxi-moto pour m’emmener à l’hôpital. J’arrive à la station de moto et négocie le prix de la course avec l’un des chauffeurs. Vingt minutes plus tard j’étais devant l’hôpital et appelais ma mère pour m’indiquer le numéro de la chambre de mon père. Puis je rentre et demande à une infirmière où je pouvais trouver la chambre 16. Deux minutes après j’étais devant la porte de la chambre, je frappe et j’entends la voix de ma mère me disant de rentrer.
- Bonjour m’man !
- Ma chérie, me dit-elle en venant m’embrasser. Comment tu vas ?
- Ça va m’man, toi et papa…
- Comme tu peux le constater on se maintient. Ton père va beaucoup mieux maintenant et le docteur a même parlé de renvoyer ce vieux grognon chez lui ce lundi.
- Je suis content qu’il va mieux, dis-je en regardant mon père dormir. Et toi m’man ? Ça va ?
- Fatiguée ma chérie ! le trajet entre l’hôpital et la maison n’est pas de tout repos…
- Et Selma ?
- Elle est allée aider une sœur enceinte qui avait des difficultés. Donc ce mois je suis seule. Heureusement que ton frère est là. Sinon je ne sais pas ce que j’aurai fait !
- Et il est venu faire quoi à Jacmel ?
- Il veut ouvrir un deuxième quincaillerie en ville…
- Sérieux !!?? dis-je étonnée.
- Oui ma fille. L’enfant prodigue est entré de son voyage.
- Si tu le dis m’man, si tu le dis.
- Léa !!!! Tu devrais penser à enterrer cette hache de guerre entre toi et ton frère. Cette fille l’a pardonné et toi tu le tiens encore rancœur pour une histoire vieille de plus de huit ou sept ans…
- Maman c’est au dessus de mes forces…
- Hmmmmm
- Parlons d’autre chose…
- Tu m’a dit que tu as renoué ta relation avec Dieu donc tu devrais penser à renouer ta relation aussi avec ton frère.
- Je te jure que…
- Bonjour, entendis-je quelqu’un dire.
- En parlant du loup, lance ma mère en regardant l’embrasure de la porte. Bonjour fiston !
- Je t'ai apporté des plats de fruits en passant. Je ne savais que …
- Ne te préoccupe pas de cela !
- Comment va papa ?
- Mieux qu’hier je peux dire. Lundi il pourra sortir.
- Tant mieux, j’ai hâte qu'il rentre à la maison. (Il se tourne vers moi et me dit) ça fait longtemps Léa !
- …
- Je vois que tu as bien changé (il me regarde de la tête aux pieds) physiquement du moins. Comment vont mes neveux ?
- Ils vont parfaitement bien (je me retourne et remarque que mon père est réveillé) salut toi ! lançai-je en l'embrassant.
- Salut ma chérie, me répond-il d’une voix faible. Comment vont mes petits-fils ?
- Ils se portent bien grâce à Dieu. Tu sais qu’il y a école donc je ne pouvais pas les emmener avec moi…
- Je comprends…..(il nous regarde mélancoliquement et dit) cela fait si longtemps que je n’ai pas vu ma famille réunie…
- Et oui, enchaine ma mère, comme je le disais ils doivent enterrer cette haine qu’ils ont entre eux.
- Il n’y a aucune haine de mon coté, répond mon frère. J'ai toujours été ouvert d'esprit et je n'attends qu'une parole de ma très chère sœur, dit-il d'une manière ironique.
(je ne le calcule même pas. Oui je sais qu’après tout ce temps j’aurais du lui pardonner mais je n’y arrive pas. J’aimerais bien m’enlever ce poids si lourd que j’ai sur le cœur mais c’est sans succès.)
- …
- Tu comptes partir quand ? me demande ma mère.
- Dimanche après-midi, répondis-je.
- Alors tu auras le temps d’aller à l’église avec moi.
- Bien sur m’man, bien sur !
Larissa
Le gardien vient de m’ouvrir la porte et je me gare dans la cour. Je me dirige droit vers le salon où je trouve Karl vautré sur le canapé entrain de regarder d’un œil distrait la télévision. Me voyant, il essaye de se mettre debout mais sans succès. Prise de pitié, je le rejoins sur le canapé et m’assoies près de lui.
- Bonjour Karl !
- Bonjour Larissa ! me répond-il en souriant. Je pensais que j’avais rêvé quand je me suis réveillé ce matin et que j’ai vu que quelqu’un avait pris soin de moi. A un moment ton visage m’est apparu. J’ai cru à un mirage. Mais mon gardien m’a affirmé qu’une femme était venue ici et m’avais aidé. Je te remercie ma chérie.
- Hmmmmm. Karl… comment…
- Sans toi ma vie n’a plus été la même et…
- Arrête ! Je ne suis pas ici pour…
- Je sais mais je voulais que tu le saches.
- Tu as mangé ?
- Pas encore.
- Il est plus de midi !!
- Je viens à peine de me réveiller alors…
- Je vois ! (je prends mon tel). J’ai quelque chose à te dire.
- Vas-y ma belle !
- J’ai fait appel à un infirmier que je connais et il entend mon coup de fil pour venir te donner un sérum. Parce que j’ai pu constater que tu paraissais déshydrater. Donc…
- Tout ce que tu veux chérie. J’ai toujours fait confiance à tes décisions. Sauf celle que tu as prise il y a plus d’un an et demi de cela. Celle de me quitter.
- Ecoute Karl (je me mets debout) je ne suis pas ici pour ressasser le passé. Donc si tu penses que…
- Désolé Larissa (il me retient par la main) je ne voulais pas t’agacer.
- Hmmmmm.
- Je suis content que tu sois là.
- Tu dois te faire soigner Karl !! Ta dépendance à l’alcool te tuera si tu continues ainsi ! Regarde ! tu n’as que de la peau sur tes os !!!
- (Il me regarde avec les yeux mouillés puis se mit à pleurer bruyamment) je… je ….ma vie…est…tellement merdique… en…ce …moment!
- (je le regarde sans dire un mot et mon cœur se serre en voyant Karl pleurer. Non je n’ai jamais connu un Karl faible et pitoyable. Il a toujours été l’incarnation de l’homme fort et viril. Cela me fend le cœur de le voir ainsi. Je me rassois et le prends dans mes bras.) Calme-toi Karl ! Être dans cet état ne te servira à rien…
- J’ai…tout… perdu Larissa !!!!
- …
- J’ai perdu toi et notre enfant, j’ai perdu ma femme mais…elle je ne la …calculais plus…mais…j’ai aussi… perdu ma fille…
- Comment ? dis-je en pensant au pire.
- Ma fille…ma fille chérie ne veux plus me parler. Sa mère…cette…cette vipère lui a monté la tête contre moi Larissa…contre moi…son père… qui l’aime tant.
- Hmmmmm
- J’ai…même perdu une partie…une grande partie… de mon business. Ma …ma femme m’a plumé, dit-il en essuyant le visage avec un mouchoir en papier que je lui ai tendu.
- Dans ce cas tu dois te ressaisir et reprendre ta vie en main Karl. Il le faut, murmurai-je et tenant sa tête.
- …
- Je vais appeler mon ami et il viendra te donner l’infusion.
- D’accord ma chérie !
Je le laisse un moment puis rentre dans la cuisine et appelle l’infirmier et lui donne l’adresse. Je sais que je n’ai jamais été amoureuse de Karl mais je l’aimais bien et le voir aussi tourmenté et malade me mets dans un état de choc. Mon Dieu ! Comment on peut s’autodétruire ainsi !!