Amour et Haine
Write by deebaji
Je chantais sous la douche, je prenais plaisir à me faire beau et je prenais le soin d’être propre et impeccable de partout, je me suis même rasé pour l’occasion, drôle de chose à faire. A croire que j’allais avoir des rapports avec elle, mais bon on ne sait jamais. Qui sait, peut-être que j’aurais ma première fois, enfin ma supposée première fois parce qu’il m’était arrivé de faire des choses avec Ariane. Mais je sentais quelque chose de différent, je ressentais tout autre chose vis-à-vis de Diana, raison pour laquelle, je qualifiais et je considérais tout acte avec elle comme unique et nouveau. Je pense que petit à petit et à cause des nombreuses difficultés qui m’empêchaient d’entretenir une quelconque relation avec Diana, m’avait amené à ressentir des choses, l’angoisse s’était mélangée aux bonheurs des moments que nous passions ensemble et mon cœur avait été conditionné par mon cerveau pour que des sentiments forts naissent à l’égard de Diana. Je pense que cela aurait été plus facile d’être avec elle si je l’avais eu sans l’entrave immense que représentait son père et sans le poids de ma conscience pour les nombreux mensonges que j’avais pu lui raconter. Bref, l’heure n’était plus aux regrets ou aux discussions futiles avec moi-même sous la douche, il fallait à présent me rhabiller me parfumer convenablement et ensuite prendre la route pour d’abord lui acheter un cadeau et ensuite foncer directement à son université. Sur le chemin, je pensais et je réfléchissais beaucoup, je pensais à lui dire la vérité sur moi et sur les moyens avec lesquels je me faisais tout cet argent, je ne savais pas trop comment elle le prendrait mais je tenais quand même à le lui dire, et loin de moi, l’idée de me livrer totalement à elle ou encore de dénoncer son père, non. Tout ce que je tenais à lui dire c’est la vérité même si cela était fait de façon partielle. Le plus important restait qu’elle sache pour moi, qu’elle sache que je n’étais pas ce riche prince charmant qui se réveillait entouré de domestiques et de majordomes, totalement pourri gâté qui avait tout sans faire le moindre effort et surtout qui l’avait délaissé pour une probable autre conquête avec plus de classes ou plus de distinction, non. Je n’étais rien de tout cela, j’étais fils de pauvre et je n’avais pas en réalité tout ce prestige, tous ces bijoux, toute cette classe, non. J’étais juste un autre individu comme les autres qui, tant bien que mal essayait de s’en sortir dans cette vie. Ce que j’allais lui avouer était gros et moi-même préféré que cela soit un mensonge tellement la désillusion serait grande mais, il fallait que je le fasse. Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas me permettre de rester sur ce mensonge, cela ne me mettait pas en valeur et si par mégarde, c’était d’elle-même qu’elle venait à l’apprendre tout serait fichu, il fallait donc que cela vienne de moi et non de quelqu’un d’autre ou pire qu’elle me surprenne un jour à arracher des sacs dans la rue et que le pot de fleurs se brise. Mais, comment le lui annoncer ? A quel moment le faire et comment réagir à sa réaction ? Je n’en avais pas la fichtre idée. Un dicton lointain disait «tout se règle avec des fleurs alors, je n’ai pas manqué de me rendre chez un fleuriste pour lui prendre un bouquet de fleurs puis, j’ai ensuite pris à nouveau la direction de son université. Une fois arrivé, je m’apprêtais à sortir de la voiture lorsque... lorsque je l’ai aperçu dans les bras d’un autre. Il avait la main sur ses hanches et elle l’avait prise dans ses bras. Qu’est-ce que cela signifiait ? Bon, peut-être que ce n’était qu’un ami de classe ou un proche à elle, je le pensais jusqu’à ce qu’il s’approche d’un peu trop près d’elle et lui donne un baiser langoureux puis qu’ils se mettent à se sourire tous les deux comme un couple amoureux. Enfin, pas comme un couple amoureux, c’était un couple amoureux. Ils venaient de s’embrasser avec profondeur et tendresse, et se tenaient l’un contre l’autre. Elle avait la main sur son cou et il avait les mains non plus sur ses hanches mais sur ses fesses à présent. Je n’eus pas, je n’ai pas eu, je n’ai pas et je n’aurai jamais le moindre terme pour exprimer toute la haine, tout le dégout, toute la peine, toute la déception et toute la tristesse qui m’avait envahi à ce moment, j’avais été naïf et je commençais à en faire les frais, je venais tout de même de voir la femme pour qui je pensais ressentir des choses uniques et réciproques dans les bras d’un autre. Elle qui se disait fidèle dévouée et qui se disait n’avoir encore connu aucun homme à part moi, qu’elle m’attendrait toute sa vie et qu’elle était vraiment amoureuse, qu’elle ressentait quelque chose de nouveau et d’unique pour ma personne. Mon œil oui ! C’était un ramassis de balivernes et, pourtant il m’avait mis en garde, le concierge de l’université. Je pensais que c’était peut-être par pure jalousie mais non il disait vrai, ce n’était décidemment pas une fille bien. Après tout, pour une femme qui n’avait absolument pas connu d’hommes de sa vie, je trouvais qu’elle avait énormément d’expérience et d’ouverture avec le sexe opposé puis que, c’était elle qui la plupart du temps prenait les initiatives, c’était elle qui savait quoi dire, c’était elle qui savait quoi faire et quand le faire, comment le faire et où le faire. Ça faisait beaucoup pour une femme qui n’avait jamais connu d’homme de sa vie. Au début je me disais que c’était surement les films et les séries qu’elle devait regarder dans la solitude qui l’avait formée ou encore que cela était naturel chez elle. Mais, il fallait se rendre à l’évidence, il fallait accepter le caractère dur de la vérité qui venait de me mettre une gifle, une dont on ne se relève pas facilement. Diana m’avait menti, la seule femme que j’avais supposément aimé et à qui je faisais entièrement confiance venait de tout foutre à l’eau. Et j’étais là, le bouquet de fleur en main, caché derrière ma voiture à les observer. Les observer en train de me fendre le cœur, les observer me répugnait et me durcissait, j’avais de plus en plus de haine et de dégout pour l’être humain car, maintenant j’avais la certitude que je ne pouvais faire et avoir confiance en absolument personne. J’ai tout de même décidé de m’entretenir avec elle après qu’elle ait finit sa besogne, j’étais sûr et certain qu’elle ferait comme si de rien était et qu’elle chercherait à me berner avec des histoires comme quoi elle m’avait attendu, je tenais à lui dire la vérité, j’étais là en principe pour ça et pour la revoir, et il me serait plus facile de lui avouer maintenant que je savais également la vérité à son sujet, je pourrais lui cracher sans couvert tout ce que j’avais à dire puis je m’en irais et ce serait dès lors, la dernière fois qu’elle me verrait de sa vie. Alors, j’ai attendu patiemment qu’elle finisse avec son petit copain qu’elle semblait connaître depuis un moment, un moment voulait dire qu’ils se connaissaient surement avant qu’elle ne m’ait connu moi, cela voudrait dire qu’elle jouait sur plusieurs tableaux, si au moins c’était juste parce que j’avais disparu qu’elle avait décidée de refaire sa vie, j’aurais pu comprendre sans faire d’histoire mais là, cela allait sans dire qu’elle jouait avec moi, le mec et je ne sais qui d’autre encore en nous racontant à tous le même mensonge, elle était si mauvais dans le fond et pourtant, elle avait l’air si pure… comme quoi, on ne peut pas toujours se fier à l’apparence. Bref, après une trentaine de minutes, son copain s’est finalement décidé à partir et ce fut enfin le moment pour moi de faire mon apparition, je me suis donc dirigé vers son université en quittant ma voiture et là, elle m’a aperçu qui venait vers elle et il me semble qu’elle avait compris immédiatement ce que je faisais là, elle se précipita vers moi en me disant, «il faut qu’on parle». Mais mort de rire, parler de quoi ? Avec qui ? J’allais juste lui dire mes quatre vérités et me casser ensuite pour retourner à mes activités. Mais, je n’avais plus confiance en elle et, il n’était donc plus question de lui dire quoique ce soit sur mes activités illégales, j’allais juste lui dire que tout n’était qu’un tissu de mensonge de ma part. alors, je me suis empressé de l’arrêter dans sa course en lui disant que je n’avais pas besoin d’explications, d’excuses ou de quoique ce soit, j’étais juste là pour lui avouer ce sur quoi moi aussi je lui avais menti et, j’ai entamé mon récit «À vrai dire, je ne suis pas ce riche que tu t’imagines, je n’ai pas tout cet argent que tu t’imagines, je ne suis pas ce mec des beaux quartiers que tu croyais rouler, non. Je suis Caleb Brown, fils de ménagère vivant dans l’extrême pauvreté, les diamants, les billets, les liasses, les voitures, le téléphone portable, les diners aux restaurant, tout était faux, donc oublie tout de moi, oublie moi, oublie que j’ai existé, je ne veux rien entendre, si je peux te dire tout cela sèchement maintenant, c’est parce que je sais que toi aussi tu m’as menti, et peut-être que cela te fera du mal mais toi, tu ne m’en a fait aucun, je ne ressens que dégoût et haine à présent pour toi.» Mon œil, j’avais les yeux rouges et le poing serré bien sûr que je ressentais des choses pour elle. Comment avait-elle pu me faire ça ? J’aurais pu m’effondrer en larmes mais j’ai tenu avec tact et dignité jusqu’au bout. Juste après lui avoir dit tout cela, je me suis détourné d’elle et je me suis dirigé vers ma voiture. Elle m’insultait en me traitant de moins que rien et de tout autre mot qui lui venait à l’esprit. Mais hors de question de me retourner, je n’allais pas lui donner ce plaisir, hors de question de lui répondre ou même de réagir. Une fois dans ma voiture, j’ai fait un détour rapide puis accélération et j’ai roulé exprès sur le bouquet de fleur que je lui acheté. J’étais plein de haine et de rage, mais ce n’était pas pour autant que j’allais me laisser abattre, c’était une situation comme les autres et puis il y avait pire dans la vie. Arrivé dans un endroit un peu plus isolé, j’ai remonté les vitres de ma voiture, j’ai mis la climatisation pour ne pas suffoquer de chaleur et j’ai hurlé un bon coup. J’ai hurlé si fort qu’à un moment, j’ai cru que les vitres de la voiture allaient se briser. Puis j’ai repris mon calme et j’ai réfléchis, je pensais à me venger d’elle mais, cela ne servirait très certainement à rien, il fallait juste aller de l’avant et remercier le ciel de m’avoir fait ouvrir les yeux à temps. Sans quoi j’aurais sans doute continué à plonger dans ma bêtise en lui donnant davantage d’amour et d’intérêt que je n’en avais pour moi-même et ma famille et, je ne pouvais faire ça. J’avais trop de charges, trop de choses à faire pour me concentrer uniquement sur elle, ce n’était pas une perte non, c’était une chance qui s’offrait à moi d’avoir ouvert les yeux avant qu’il ne soit trop tard. Si je voulais commettre ce braquage de banque le lendemain dans la précipitation c’était justement pour en finir au plus vite avec l’illégal et utiliser l’argent que j’avais réussi à récolter de ce braquage pour construire et faire quelque chose de ma vie. Ainsi, je pourrais lui donner cet homme riche que je lui avais montré sans aucun mensonge…