Angoisses
Write by Farida IB
Salifou DIOMANDE…
Moi (tapant la porte de l'urgence) : Mariam, chérie, je t'en supplie réponds moi.
Une infirmière (essayant de me faire bouger) : allez vous asseoir dans la salle d'attente s'il vous plaît, tout va bien se passer ne vous inquiétez pas. Ils vont très bien s'occuper d'elle, vous allez revoir votre femme.
Elle me conduit vers un banc à l'autre bout du couloir, quand elle me lâche, je me laisse choir non pas sur le banc, mais sur le sol contre le mur. Mes pensées trottent entre les invocations et les supplications alors que mon cœur menace de s'arracher de ma poitrine. Quand Abou arrive une heure plus tard, j’étais toujours dans la même position les mains croisées sur la tête. À l’instar des infirmières, il essaie de me soulever du sol sans pouvoir y arriver.
Abou regard désolé : il faut que tu sois fort Salifou, nous devons rester fort pour elle. Elle va s'en sortir inch'Allah.
Moi fixant le vide : elle doit s'en sortir, je ne pourrai pas vivre sans elle.
Abou (posant la main sur mon épaule) : elle ira bien ne t'inquiètes pas. Je viens, je vais prévenir le vieux.
Moi : ok.
Il revient quelques minutes plus tard et prend place sur le banc.
Abou : le vieux dit de ne pas te faire du mauvais sang, qu’elle s'en remettra plus vite que tu ne le penses.
Moi fixant toujours le vide : je l’espère.
Abou : toujours pas de nouvelles ?
Moi plaintif : rien, ils virevoltent sans rien dire. Ça commence à m’inquiéter tous ces va-et-vient.
Abou : hmmm (enchaînant) en fait, la police est arrivée après vous et à embarquer cette femme.
Moi : celle-là devait être internée à la CSMO (hôpital psychiatrique). Je m'en occuperai personnellement.
Abou : vraiment, elle doit être folle. Si on le savait, c'était depuis le début qu'on allait prendre nos dispositions. Tout ça, c'est de notre faute, nous avons oublié de fermer le portail hier nuit.
Moi : ce n'est pas de votre faute, nous ignorons tous ce qui allait se passer.
Flottement
Abou fixant son téléphone : je vais prier, il est l’heure de Zuhr (la prière du début de l’après-midi).
Moi hochant lentement la tête : qu’Allah accepte tes prières.
Abou : amine !
Il s'en va à peine que sa femme arrive précipitamment.
Kadi : comment elle va ? Tu l’as vu ?
Moi : elle est au bloc.
Kadi : et que disent les médecins ?
Moi : pour le moment rien.
Elle ne dit plus rien et se laisse tomber lourdement sur le banc.
Kadi au bout d'un moment : je suis partie voir les enfants, ils vont bien. Je leur ai préparé un truc vite fait, Fayez se chargera du reste. Je t'ai aussi apporté des vêtements de rechange.
Moi : merci, tu ne leur as rien dit, j'espère.
Kadi : non non, ils m'ont posé beaucoup de questions mais j'ai su gérer.
Moi : merci.
Kadi : ok.
Au fur et à mesure que le temps passait, l’attente devenait intenable. Tout ce qui m’importe en ce moment, c’est sa survie, de toute évidence nous perdrons cet enfant et une fois de plus par la faute de Fatim. Cette maudite femme a l’art de bouleverser ma vie pile-poil au moment où j’ai un semblant de bonheur. Je me laisse choir sur le sol nu en regardant nos vies défilées, je ressasse les moments de notre vie depuis notre mariage, je repasse en boucle le film de notre réveil ce matin et des larmes recommencent à perler sur mes joues. Mon Dieu, si tant est que tu existes, aide-moi ! Sauve-la et je t’en serai reconnaissant toute ma vie.
Je répétais inlassablement cette phrase jusqu’au moment où je sens une silhouette penchée au-dessus de ma tête et me redresse brusquement avec l’espoir de voir le docteur, mais c’était Abou pour ma plus grande déception. Il réussit à me relever et entreprend de me faire asseoir, je prends place à peine que le docteur qui l'a suivi dernièrement s'avance vers nous. On se précipite tous vers le docteur.
Moi : docteur comment elle va ? Elle est en vie ? Dites quelque chose docteur, je vous en prie. Elle va bien hein ?
Docteur : gardez votre calme s’il vous plaît, elle va bien. Enfin, la balle lui avait juste effleuré la clavicule gauche. Nous lui avons placé une plaque et une broche qu’elle devra porter pendant quelques semaines pour réduire la fracture. Par contre nous devons la garder pour des mesures préventives.
Toute la pression redescend d’un coup, Abou me presse l’épaule et sa femme soupire de soulagement.
Moi : je vous remercie docteur, merci infiniment.
Docteur : je vous en prie, vous êtes vraiment chanceux.
Moi : est-ce que je peux la voir ?
Docteur : bien sûr, dès qu’on l’installe en salle de réanimation.
Moi : ok, euh doc…
Ma bouche reste entrouverte, je ne veux pas avoir l’air d’abuser de la bonté de Dieu, mais je garde tout de même espoir.
Docteur : vous voulez savoir autre chose ?
Moi hésitant : oui, l’enfant. Elle était enceinte.
Docteur : elle l’est toujours M Diomandé et vos enfants vont bien.
Moi : pa… Pardon ?
Docteur : en fait elle porte une grossesse gémellaire.
Je sers Abou à l’étriper alors qu’il tend les mains en l’air pour remercier Dieu.
Docteur : les fœtus se portent bien, mais pour plus de précautions elle sera hospitalisée jusqu’à son accouchement, sa dernière intervention chirurgicale impacte quelque peu sur la grossesse.
Moi : faites le nécessaire, l’essentiel est qu’ils se portent bien.
Docteur tapotant mes épaules : bien, bon courage à vous.
Kadi : merci docteur.
Moi : merci encore.
Docteur : tout le plaisir est pour moi.
Abou (tapotant doucement mon épaule) : Allah Akbar.
Moi : tu l’as dit, il est vraiment grand et miséricordieux.
Je conçois finalement à changer de vêtement juste à temps pour qu’on nous laisse entrer dans la salle où elle a été admise. Elle avait l’air tellement fragile avec toutes ces machines branchées autour d’elle, elle dormait encore profondément. Je me retrouve seul à son chevet en attendant son réveil, deux heures plus tard elle se réveille et pose un regard circulaire sur la salle en appelant mon nom.
Moi m’approchant d’elle : je suis là chérie, quelle grande frayeur tu nous as faite.
Elle pose sa main sur son ventre et commence à gesticuler.
Mariam : mon enfant, mon bébé.
Moi : ils vont bien t'inquiète (me levant prestement) je viens. Il faut que j’appelle les infirmières.
Ce que je fais. Elle coulait déjà des flots de larmes lorsque je reviens dans la salle.
Mariam : je parle de mon bébé, celui qui était dans mon ventre.
Moi lui prenant les mains : ils sont toujours là, ils sont deux.
Elle me regarde avec insistance et je lui fais un sourire béat.
Moi ajoutant : nous allons avoir des jumeaux.
Elle éclate en sanglots.
Moi (nettoyant ses larmes d’un revers de main) : ne pleure pas chérie, le plus dur est déjà passé.
Les infirmières entrent suivies du docteur, après leurs routines le docteur lui annonce son hospitalisation avant qu’ils ne prennent congé de nous.
Mariam : donc il faut toujours que je m’éternise à Yagaldo ? (nom de l’hôpital)
Moi : tu es sérieuse là ? Tu viens de frôler la mort et tout ce qui te préoccupe maintenant, c’est de passer huit mois à l’hôpital ?
Mariam sourire contrit : tu as raison, je suis si chanceuse.
Moi : c’est Dieu qui est grand mon amour.
Flottement.
Mariam reprenant : Sal, et si je n’avais pas survécu à cet incident que ferais-tu ?
Moi brute : je t’aurais suivi dans la minute d’après, sans toi ma vie n’aura pas de sens.
Mariam écarquillant les yeux : tu penses un peu aux enfants ?
Moi : et toi, tu as pensé à eux avant de me poser cette question ?
Mariam : je suis désolée, je n’aurais pas dû poser cette question.
Moi lui caressant la joue : ne le sois pas, je comprends que tu sois bouleversée. Repose-toi, je veillerai sur toi. Il ne t’arrivera rien d’accord ?
Elle hoche la tête et laisse échapper une larme.
Moi bisou sur son front : je t’aime.
Mariam : moi aussi.
*
*
Cynthia Clark…
Je tends le bras vers Joe et rencontre le vide, j’ouvre subitement mes yeux et me redresse en regardant autour de moi.
Moi : Joe ? Babe ?
Pas de réponse.
Bizarre !
Je jette un coup d’œil à l’horloge sur la table de nuit, il est dix heures passées de vingt minutes. J’ai dormi longtemps dit-donc, autant dire que cette grossesse m’assomme carrément en plus de me rendre hyper émotive. Je pleure toujours, c’est d’ailleurs le moyen idéal par lequel j’obtiens tout ce que je veux de Joe. Mon regard passe de l’horloge à la rose rouge juxtaposant un post-it en cœur. Je prend la rose que je porte à mon visage pour humer son parfum avant de prendre le petit bout de papier. C’est écrit :
« Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, merci d’être rentrée dans ma vie et de faire de moi l’homme le plus heureux de la terre.
Je sors faire les courses, prends bien soin de vous.
Je t’aime.
xoxo
J. N ».
Je souris.
Qu’est-ce que je l’aime mon mari.
Je me recouche et pose la fleur sur ma poitrine en revoyant son visage furtivement enjoué de la veille, puis je descends ma main pour caresser mon ventre déjà bien arrondi.
Six mois ça passe vite inh, bon ça, c’est quand on t’annonce au troisième jour de ta phénoménale lune de miel que tu portes une grossesse multiple depuis treize semaines et qu’ensuite, tu ne vois pas le temps défilé parce que ta vie est un conte de fées. Et ce n’est pas qu’une métaphore.
Je me décide finalement à soulever mon ventre du lit pour enfiler ma nuisette en satin, abandonnée sur le sol, dans le feu de l’action aux environs d’une heure du matin. Je mets un kimono en soie dessus et insère mes pieds dans mes pantoufles ours blanc avant de reprendre ma rose pour sortir de la chambre. Je tombe sur des confettis tout au long du couloir, sur la paroi des escaliers passant par le tapis du salon, pour finir à la cuisine. Ici, je reste bouche bée devant le petit-déjeuner mirifique qui s’y trouvait. Il a de nouveau dressé la table comme pour notre repas de noce, il y a près de trois mois lorsque nous sommes arrivés à Wisconsin (ma ville natale). Des œufs au plat, du bacon, quelques toasts, une montagne de crêpes au chocolat qui sentent divinement bon, du thé décaféiné, des fraises, des myrtilles et des raisins, tout ça était disposé sur des plats repas en porcelaine blanche entourée de part et d’autre de plats en cœur de couleur rose accompagnés de roses et de petit brins d’herbe frais. Mamamiyaaaaa !!!! C’est quand je vois les choses comme ça que j’aimerais bien que le temps suspende son vol, hélas la vie doit reprendre son cours du coup dans deux semaines nous plierons bagages. En revanche, je n’ai plus aucun doute, je suis entièrement convaincue que j’ai rencontré l’ange en personne.
Mon ventre se mit à gargouiller et mes bébés se mettent à sursauter, plus gloutonne que moi en ce moment, tu meurs lol. C’est tout uniment que je me débarrasse du kimono, pris place sur deux chaises avant d’entamer les hostilités.
Récapitulatif ?
Ok, laissez-moi tout au moins finir mon petit-déjeuner.
*
Alors après une petite escale à Paris au lendemain de notre mariage, nous avons repris le vol pour une destination inconnue. Autant dire que ce voyage était de loin l’idée qu’on se fait des voyages de noces. La poussière magique de la lune de miel s’est étiolée entre mes malaises et la grande inquiétude de Joe par rapport à mon état. Il était austère sur sa décision de garder le suspens jusqu’à destination et moi, je voulais lui rendre la pareille.
Le jet s’était finalement posé à l’aéroport international général Mitchell de Milwaukee et nous avons fait le reste du trajet en voiture. Il fallait me voir pleurer comme une petite fille ce jour-là quand le chauffeur s’était garé devant la maison victorienne ornée de corbeaux et de pilastres. J’ai failli perdre le nord tellement, la surprise était de taille. En gros, il a racheté la maison de mes parents en mon nom et l’a fait réhabiliter, c’était comme si je retrouvais mes parents. Un bonheur inouï, je vous dis, l’affaire de grossesse était même sortie toute seule de ma bouche.
Bref l’euphorie fut au rendez-vous encore que nous avions eu la confirmation deux jours après que je portais, pas un mais trois bébés. Dès lors, tout est devenu magique. Je suis devenue la Whim Queen par excellence, qui est fou ?? (rire). J’ai eu droit à trois merveilleuses box de grossesse en prélude des trois trimestres, nous avons redécouvert la ville ensemble et fait pas mal d’activités selon mes humeurs. Nous avons même passés deux week-ends sur un Yacht, des dînées aux chandelles, des petits déjeunés surprise comme celui de toute à l’heure. Enfin bref, le bonheur plus plus quoi. Il m’arrive d’avoir des craintes sur mon futur en tant que mère, mais quand je pense qu’ils auront Joe comme papa, la vie reprend son cours.
Je range le reste de nourriture dans le réfrigérateur et débarrasse la table avant de laver les ustensiles utilisés. Je décide ensuite de faire un brin de toilette. Je me fais couler un bain modérément chaud en y ajoutant quelques gouttes de vinaigre de cidre. Je mets même de la musique pour sublimer le moment. C'est la playlist de Joe, le groove change sur What Makes A Man de Westlife, sa chanson par prédilection. Je commence directe à fredonner sans attendre le groupe, laissez cette chanson, c'est la base !
Je sors de la salle de bain avec beaucoup de difficultés et enfile une robe galbante mais assez confortable au niveau du ventre pour finir les pieds nus sur le canapé de séjour avec une barquette de raisins rouges et le numéro du magazine "Je suis enceinte" de ce mois. Je m’apprête à feuilleter lorsque mon téléphone sonne, je vais à sa cherche en fouinant chaque recoin de la maison pour le retrouver finalement sous un coussin dans le second salon.
Moi décrochant : mme Leroy !
Austine : futur Mme Leroy s’il te plaît.
Moi : tu as l’homme, la bague, tu veux quoi d’autres ?
Austine : que la bague change de main.
Moi : j’espère pour toi que tu n’envisages pas te marier sans ta dame de compagnie.
Austine : vrai vrai l’idée m’avait déjà traversé l’esprit lol.
Moi : c’est cela ! Tu n’as pas le courage qu’il faut pour ça.
Austine rire de gorge : l’amour donne des ailes, tu sais ?
Moi : quand même, mais pas à ce point ! (enchaînant) Comment va Daniel ? Il a oublié la BS.
Austine : c’est toi qui te caches ou c'est plutôt le goût du beubeun qui te cache ?
Moi : ça, tu l’as dit ! Je ne vais pas le nier krkrkr...
Austine narquoise : pardon ohh ne me noyer pas les enfants, je demande pardon genoux à terre.
Moi pouffant de rire : krkrkr paraît-il que ça favorise la poussée des cheveux et des ongles.
Austine : et comment ? Ils ne risquent surtout pas d’être atteints de calvitie kiakiakia... En tout cas profite autant que tu peux de ces derniers moments, la suite promet d’être palpitante.
Moi : t’inquiètes, monsieur mon mari y veille personnellement.
Austine : hmmm les maris des autres ! Qui vous peut ohhh ?
Moi : bou (dégage.) ce n’est pas à moi qu’un certain fiancé a offert une Maybach brand new après deux semaines de pur délice en Angola.
Austine : il a fait ça ? On le trouve où ce genre de fiancé dans notre petit Togo ?
Moi : à toi de nous le dire !
Elle rit.
Austine sérieuse : vous descendez toujours à Paris dans deux semaines hein ? Je compte beaucoup sur ta présence, je ne veux pas choisir ma robe toute seule.
Moi : nous serons là sans faute.
Austine : sweet, vous avez pu faire l’échographie révélatrice ?
Moi : nop, nous avons rendez-vous dans trois jours pour ça.
Austine : top ! Je suis assise aux premières loges.
Moi : quand même ! C’est toi la maman two voyons.
Austine : j’aime te l’entendre dire.
Moi : lol.
On se met ensuite à triper sur la vie des autres, Nadia a décroché son bac, mais comme nous nous en doutions son type a refusé de prendre ses responsabilités et son père s’en est également déchargé donc elle a trouvé refuge chez Austine qui passe le clair de son temps chez Daniel. Ils montent bientôt sur Paris pour les présentations officielles avec les parents de Daniel ensuite nous les rejoignons histoire de faire quelques courses pour le mariage avant de rentrer définitivement. En grosso modo tout va bien là-bas malgré qu’elle soit en passe de prendre une ordonnance restrictive pour Emmanuel. En ce moment, elle me raconte leur dernier accrochage et je suis scandachoquée.
Moi : mais c’est quoi son problème à la fin ? Qu’est-ce qui lui donne le droit d’agresser le pauvre monsieur ?
Austine : c’est comme je te dis, nous avons fini à la police. Il a été placé en garde-à -vue durant deux jours pour ça, mais figure toi que le type s’est à nouveau pointé chez moi juste après sa sortie pour se défouler sur Nadia.
Je souffle un grand coup sentant la moutarde me monter au nez.
Moi : un idiot de son espèce (souffle) et comment ça avance au niveau tribunal ?
Austine : c'est Mr ELLI qui s’en charge, on aura les nouvelles d'ici peu.
Moi : le mari de ta bienfaitrice ?
Austine : mouais, je n'ai pas mal accroché avec elle. Elle en a fait son affaire.
Moi : pourvu que ça se règle vite, c’est quoi ces conneries ?
Nous sommes interrompu par une voix au fond, je devine par leur échange qu’elle est à la rédaction.
Austine revenant à moi : bon sis le devoir m’appelle.
Moi : ok, tu me tiens informer de la suite.
Austine : sans faute, ciao bisou à mes loulous.
Moi boudant faussement : et moi ?
Austine : prends le bisou de Joe.
Moi : tu me tries maintenant hein.
Austine : rire, il y a de quoi. Bisou à toi !
Moi : mouakk !
Clic !
Elle raccroche et ce n'est qu'en ce moment que je remarque les notifications de plusieurs appels de Joe. Je le rappelle directe, il décroche à la troisième sonnerie.
Moi : excuse-moi bébé, j’avais perdu le téléphone de vue, tu rentres déjà ?
Joe : rejoins-moi au niveau de l’étang où nous avions pêché l’autre fois, il y a une cabane en rondins à vingt minutes de là. Je t’attends.
Moi fronçant les sourcils : tu fais quoi là-bas ? Tu n’es plus partie faire les courses ?
Joe simplement : je t’attends.
Moi : ok.
Clic !
Il me raccroche au nez et je fronce les sourcils intriguée. Qu’est-ce qu'il est parti chercher à l’autre bout de la ville alors qu’il ne la maîtrise pas bien ? Je le saurai sitôt.
Je fonce dans la chambre et prends un casual et des sandales à talon avant de sortir de la maison à pas pressés. Par chance, je trouve un taxi devant la maison, j’essaie de le joindre en cours de route pour avoir plus d’explications, mais ça sonne dans le vide. Je me ravise au bout d’un moment étant donné que c’est le roi des surprises. Je descends du taxi une quarantaine de minutes plus tard et suis le reste de l’itinéraire à pied vu que c’était la limite de la route. Surprise, je veux bien y croire, toutefois était-il obligé de venir jusqu’ici ? Pfff, Joe même parfois !!
J’arrive enfin à la fameuse cabane mes chaussures accrochées aux doigts, déjà la façade laisse à désirer et le silence de mort autour de ce lieu donne juste froid dans le dos. Je ne sais pas ce qu’il fabrique dans ce trou perdu, d’ailleurs ça ne m’intéresse plus de le savoir. Tout ce que je sais, c’est que nous rentrons aussitôt à la maison, tchhiippp !!! J’entreprends de l’appeler depuis les marches sans qu’il ne daigne répondre, j’arrive en haut et le trouve assis au beau milieu les bras croisés derrière son dos.
Moi perplexe : bébé ? Que fais-tu dans ce trou à rat ?
Il se retourne et me lance un regard tétanisé puis dirige sa tête vers un coin de l’abri.
En un clin d'œil, je me sens geler, je tremble des mains, je tremble de la tête, je tremble des jambes, je tremble de partout.
Ce visage tortionnaire !!!
Ce regard vicieux !!!
Ce sourire sadique !!!
Un cauchemar !!!
Jason en anglais : comme on se retrouve mon amour.