Attrape-moi si tu peux

Write by Les petits papiers de M

Photo by dazzle_jam via Iwaria

Evelyne

J’ai 25 ans aujourd’hui. Je devrais être heureuse et sauter au plafond mais je n’ai pas le cœur à cela. Merci papa et maman ! Premiers à m’appeler comme tous les ans depuis que je ne vis plus avec eux, ils m’ont juste sapé le moral avec leur long sermon. En cause, mon célibat.

S’ils savaient à quel point j’avais besoin de tout sauf de cette douloureuse piqûre de rappel. Personne ne sait mieux que moi le goût de la solitude dans mon appartement et dans mon lit, ou encore ce que ça fait de tenir la chandelle à d’autres couples ou comme aujourd’hui, de n’avoir aucun plan pour mon anniversaire parce qu’en dehors de ma famille, tout le monde s’en fiche.

Mais ! Je préfère mille fois vivre cela et dormir les yeux secs que d’inonder mon oreiller de larmes pour un homme qui n’en vaut pas la peine. Donc, tant que celui qui m’est destiné ne viendra pas, je continuerai de susciter les mêmes discours de désespoir chez mes parents et de les supporter stoïquement. Pour être tout à fait honnête, il y a bien quelqu’un qui fait battre mon cœur depuis quelques mois. Le premier depuis Loïc. Il est tout ce que j’aime, à un détail près. Il ne pratique aucune religion. Il croit en Dieu mais ne voit pas la nécessité de s’emmerder avec les rituels d’une religion quelle qu’elle soit. Et rien n‘y fait. Pour le reste, il coche admirablement toutes les autres cases : boulot, éducation, savoir-vivre, humour et sens des responsabilités. Il ne m’a pas encore draguée ouvertement mais j’ai le sentiment que cela ne saurait tarder. J’ai si hâte. Nous échangeons tous les jours, genre non-stop si vous voyez ce que je veux dire.

-          Eh bien, je donnerai volontiers un million pour avoir ne serait-ce qu’un aperçu de tes pensées

A cet instant précis, je remercie Dieu de ne pas être blanche ; sinon, bonjour les joues rouges.

-          Bonjour Ronel. Excuse-moi j’étais distraite. Qu’est-ce que je peux pour toi ?

-          Il y avait un livreur à la réception avec un paquet pour toi. Je me suis permis de le récupérer et de te l’apporter

-          Oh merci, c’est gentil

Je me suis empressée de récupérer le panier joliment décoré sous le regard inquisiteur de Ronel.

-          Non je ne dirai rien

-          (riant) mais je ne t’ai rien demandé !

-          Je sais que tu le feras mr le juriste. Et je n’ai rien à répondre

-          Tu sais à quel point je suis patient, n’est-ce pas ?

Il m’a lancé un de ces regards dont lui seul détient le secret avant de s’éloigner en direction de son bureau. Lui, c’est tout un mystère. Il y a six mois lorsque je suis arrivée à SAGS, il a été l’un des rares hommes à maintenir une relation purement professionnelle avec moi. Je ne cache pas que je suis un beau bout de femme : petite taille, légèrement ronde, mais surtout un postérieur qui me cause plus de problèmes que de bonheur. Je n’ai donc pas été surprise d’être rapidement assidûment courtisée. Mais avec lui, c’était réellement de la pure courtoisie entre collègues. Etant donné que c’est l’ami de Sam, il n’hésite pas à m’aider quand c’est nécessaire.

Mais il y a environ quatre mois, les choses ont changé entre nous. Nous étions en mission dans notre succursale de Parakou. J’ai surpris une de ses conversations au téléphone. Et durant tout le reste du séjour, je l’avais trouvé préoccupé. Je m’étais efforcée de lui remonter le moral sans d’ailleurs jamais savoir la réelle cause de son état. C’est ainsi qu’en rentrant sur Cotonou, nous avions commencé à échanger régulièrement. A le voir toujours si sérieux au boulot, je n’aurais jamais cru que ce serait un gars aussi fun en privé. Je l’apprécie vraiment. Et quand on parle du loup…

-          Whatsapp Ronel : j’attends toujours le compte rendu du contenu de ce panier

-          Mêle toi donc un peu de tes affaires

-          Oh ! quel vilain langage, jeune fille. Ouvre vite et dis-moi sinon je repasse le faire moi-même

-          Que j’ai peuuuuur!

-          Lol

Je me suis décidée à l’ouvrir après avoir fini la tâche qui m’occupait. Il y avait un très beau gâteau en forme de cœur me souhaitant joyeux anniversaire, un exemplaire de « Becoming » de Michelle Obama, une bouteille de vin mousseux et une carte avec un message laconique : « celui qui t’admire chaque jour un peu plus ».

Mon sourire s’est aussitôt effacé. Je suis heureuse du cadeau, mais assez déçue qu’il ne vienne pas de Kylian ou de quelqu’un que je connais. Je suis épuisée de me creuser les méninges à la recherche de l’identité de cet admirateur secret même si ses cadeaux, petits mots et attentions m’émoustillent.

J’ai aussitôt écrit à Ronel et Cynthia, les seuls à être au courant de cette affaire. Ronel parce qu’il était là le jour où tout a commencé, et Sissi parce que c’est ma bestie, la petite sœur de Sam.

-          Sissi : hum… mon futur beau ne fait pas dans la dentelle

-          Ronel : ce gars me sort par les pores. Pourquoi il t’offre ça aujourd’hui déjà ? ce n’est même pas la st valentin

-          @Ronel : c’est mon anniversaire

-          @Sissi : il ne risque pas d’être ton beau un jour s’il continue de se cacher ainsi

-          Ronel (entrant dans mon bureau) : quel genre d’amie es-tu et tu ne dis pas à ton pote que c’est ton anniversaire ?

-          Un bon pote sait toujours ce genre de choses

-          (levant les yeux au ciel) tu as la langue trop pendue petite. Anyway, vendredi, je t’embarque après le boulot. Je vais te montrer comment se fête un annif. Pas la comédie de ton admirateur masqué là

-          (lui tirant la langue) c’est ça

En discutant quelques heures plus tard avec Kylian, j’ai eu la confirmation que ce n’était pas lui derrière ce cadeau. Mais qui alors ? Il y a déjà deux mois que ça dure. Pour une fille fleur bleue comme moi, autant d’attention me fait fondre. J’ai hâte que cette personne se dévoile. Peut-être sera-t-elle la bonne ?

Ronel

-          Sam : Spider maaaan….

Les deux autres idiots et lui se sont mis à applaudir alors que j’approchais leur table. Exceptionnellement, notre pot du vendredi a été ramené au déjeuner parce que ce soir… attaque finale sur la proie.

-          Moi : les hommes de peu de foi

-          Pep: oh fous camp hein. T’as pas encore mis la petite dans ton lit

-          Mout : et je pense toujours que ça n’arrivera pas. Ta stratégie est nulle mon gars

-          Moi : si tu le dis. En tout cas pour le moment, je suis aux premières loges dans sa vie

-          Sam : je ne comprends toujours pas pourquoi tu joues à l’admirateur secret alors que vous êtes déjà potes

-          Moi : vous là hein… je tisse ma toile les gars. A tous les coups elle sera prise dans mon filet. Ce soir, je lui avoue tout. Elle m’a plu mais je ne savais pas comment lui dire alors j’ai eu l’idée de l’admirateur secret sans savoir qu’en parallèle nous deviendrons si potes

-          Pep : t’as l’esprit sérieusement tordu

-          Moi (haussant les épaules) : en tout cas commencez à préparer vos chèques. Je n’ai aucun doute sur l’issue de cette histoire.

Nous n’avions qu’une heure de pause alors nous n’avons pas traîné. Quelques heures plus tard, je suis rentré chez moi avant de ressortir vers 20 heures en laissant croire à ma femme qu’il se pourrait que notre groupe finisse en boîte. Je me suis fait beau comme à mon habitude. Je ne suis pas exactement ce qu’on qualifierait de bel homme. Disons que je suis frais. Belle taille, teint noir bien entretenu par la climatisation et les bons produits, toujours sur son trente et un et délicieusement parfumé. A ça, ajoutez un sourire séducteur, un regard énigmatique et un soupçon de tchatche, et vous avez le prototype de l’homme parfait : moi. Mon argent et mes manières réussissent toujours au cas où mon charme échoue. Et ce soir j’ai prévu de déployer l’artillerie lourde.

A 20 heures, j’étais garé devant chez elle. C’est la première fois que j’y mettais les pieds. Elle ne m’a pas proposé d’entrer. Elle m’a rejoint au portail lorsque je lui ai notifié ma présence. Pour ce premier rendez-vous, direction l’hôtel du lac pour un dîner romantique. Le trajet s’est fait en discutant de tout et de rien. A notre arrivée, nous avons été conduits sur un coin de la terrasse au bord de l’eau et avons commandé des apéritifs en attendant que nos plats arrivent.

-          Alors, mademoiselle HOUSSOU, quel âge fêtons nous ?

-          Quel indélicat gentleman ! on ne demande pas l’âge d’une dame

-          Hahaha ! je suis aux ressources humaines. Avec un peu de patience, je le saurai lundi

-          Fouineur va ! j’ai 25 ans

-          Waoh… raison de plus pour bien fêter. Je n’arrive pas à croire que tu n’avais rien prévu

-          Je n’avais pas spécialement le cœur à fêter toute seule. Aucun membre de ma famille n’est à Cotonou

-          Et où sont-ils ?

-          Mes parents sont au Sénégal chez ma sœur aînée qui vient d’accoucher. Et mon frère vit au Canada

-          Qu’attends-tu pour t’exiler à ton tour ?

-          Je n’en ai pas spécialement envie. J’aime bien être chez moi. Et il faut bien quelqu’un pour veiller sur les parents. On ne sait jamais

-          Donc en plus d’être pieuse, sérieuse, tu es aussi très famille ? ton futur mari a bien de la chance

-          Il faut croire qu’il n’en a pas idée vu le temps qu’il met à se pointer

-          C’est peut-être toi qui ne vois pas

-          Ce qui veut dire ?

Nous avons été interrompus par l’arrivée de nos plats. J’en ai profité pour détourner la conversation sur d’autres sujets le temps du dîner. En lieu et place du dessert elle a eu droit à un gâteau d’anniversaire que j’avais commandé à l’avance. Une équipe de serveurs l’a apporté en lui chantant joyeux anniversaire. Elle était toute émue.

-          Je suis à deux doigts de pleurer, là

-          Vas-y ne te gênes pas. Laisse-moi juste sortir mon téléphone pour filmer

-          Hahaha… salaud ! fit-elle en faisant mine de me frapper avec sa serviette de table

-          Plus sérieusement, je te remercie sincèrement. Ce n’est pas la première fois que j’ai droit à une fête d’anniversaire. Mais ce dîner a un cachet spécial parce que je n’espérais rien cette année. Ensuite, je suis heureuse de voir cette belle amitié entre nous. Tu es vraiment exceptionnel. Je…

-          N’en dis pas plus s’il te plaît… ouvre.

-          Encore un cadeau ? tu me gâtes là…

Elle a récupéré le petit paquet en l’ouvrant aussitôt. En voyant la magnifique paire de boucles d’oreilles, son visage s’est illuminé d’un sourire…avant de s’assombrir deux secondes plus tard en lisant la carte qui l’accompagnait.

-          A quoi ça rime Ronel ?

-          Je ne suis pas sûr de comprendre ta question

-          (lisant la carte à voix haute)  je ne pouvais pas me cacher plus longtemps. Ton admirateur. Donc tout ce temps c’était toi ? quel est ce jeu malsain auquel tu t’adonnais ?

-          En quoi est-ce malsain ? il me semble que tout ce temps tu appréciais les cadeaux, les mots et les attentions…

-          Parce que je pensais qu’ils venaient de quelqu’un qui en pinçait réellement pour moi. Tu sais que je suis célibataire, que j’aspire à rencontrer quelqu’un pour une relation sérieuse. Comment tu as pu me laisser avoir de tels faux espoirs tout ce temps ?

-          Qui dit que ce sont de faux espoirs Vivi ? pourquoi tu as peur de voir la vérité en face ?

-          Quelle vérité ?

-          Que tous ces mots que je t’écrivais en restant caché sont vrais. Que j’éprouve réellement ces sentiments

-          Mon Dieu ! Ronel, tu es pathétique. A quels moments, ils sont nés ? je te prenais pour un ami. Je t’ai ouvert les portes de ma vie. Et toi, tout ce que tu visais, c’est une relation avec moi ?

-          Je ne devrais pas ? tu as tout ce que je peux vouloir chez une femme. tu es apparue au moment où mon mariage s’écroulait. Sans même vouloir interférer ou remplacer à tout prix mon ex comme l’aurait fait n’importe quelle femme tu es juste restée là à me soutenir. A chaque fois que j’allais mal, même sans que je ne te le dises tu faisais tout pour alléger mes épaules. Tu es simple, vraie, pieuse, intelligente et mature. Mais à côté tu as ce grain de folie qui m’a fait craquer. Je ne suis qu’un être de chair et de sang. Comment peux-tu m’en vouloir d’être tombé sous ton charme ? je reconnais que je n’aurais pas dû jouer à l’admirateur secret. Mais je l’ai fait quand tu m’as raconté cet harlequin idiot qui te faisait t’imaginer couverte de cadeaux par l’homme qui t’aimait. Je voulais juste te faire connaître cette sensation une fois. Mais j’y ai pris goût quand j’ai vu à quel point chaque livraison t’émouvait. Et après mes sentiments s’en sont mêlés et je ne savais plus comment réagir.

-          Je vais rentrer. Je te remercie pour le dîner.

-          Evelyne…

-          Ne dis rien s’il te plait. Et je préférerais rentrer seule.

Malgré tout ce que j’ai pu dire, elle a appelé un soft taxi et est rentrée chez elle me plantant là comme un idiot. Je me suis commandé une bière pour me donner le temps de réfléchir. C’est vraiment une idiote celle-là. Elle a de la chance que j’ai un pari sur elle. Autrement, je l’aurais aussitôt envoyé paître. Je suis tombé sur les messages des gars dans notre groupe whatsapp. Ils ont hâte de voir si j’ai conclu l’affaire parce qu’ils sont tous convaincus que non.

@brothers : je crois que j’ai sous-estimé l’adversaire. Vous êtes où ? je vais vous rejoindre

Pep : chez nous. Donc on a annulé notre soirée pour rien quoi ?

Sam : de toute façon je savais que ça ne marcherait pas

Moi : en fait elle est tarée la meuf. Elle a le culot de se fâcher parce que c’est moi l’admirateur secret. Pourtant c’est elle qui fondait d’amour devant chaque cadeau

Mout : depuis le temps, tu devrais savoir que les femmes sont impossible à comprendre. Mon frère rentre retrouver ta femme. Au moins là-bas tu vas pas taper poteau

Moi : en tout cas le pari est maintenu. Je l’aurai

Pep : mode chasseur féroce activé

Sam : doucement sur ma petite hein

Moi : lol… no pity in business gars. C’est devenu une affaire d’honneur.

J’étais si contrarié en rentrant chez moi que je suis resté devant la télé plusieurs heures à réfléchir. Finalement, je lui ai laissé un message plein « d’amour » avant de monter rejoindre ma femme.

@Vivi: Tu sais, on ne choisit ni quand, ni comment on développe des sentiments pour quelqu’un. Si j’avais le choix, je n’en éprouverais aucun pour toi. Dieu sait à quel point mon cœur éprouvé par ma récente rupture aurait besoin de calme. Mais il sait également pourquoi il le fait malgré tout réagir à ton contact. Je te présente mes sincères excuses si mon comportement t’as d’une quelconque façon blessée. Dors bien.

J’ai vu le lendemain qu’elle m’avait lu et ignoré. Ah ma petite, je vais mal te faire ça. Fais bien ta belle. Un chasseur averti est patient. Exprès le dimanche, je suis allé à la messe sur sa paroisse à Agla. J’ai commencé dès que j’avais accepté le pari. Elle veut un homme pieux, elle sera servie. C’est sans grande surprise que nous nous sommes rentrés dedans à la sortie de la messe. Je l’avais repérée à la communion et m’était arrangée pour me placer sur sa route. Je lui ai servi mon regard intense et attristé avant de m’excuser de l’avoir cognée. Et je suis rentré chez moi sans plus attendre.

Les jours qui ont suivi, la santé de Rosine s’est dégradée. Elle devait rester alitée pour le reste de sa grossesse. J’ai dû prendre quelques jours pour la veiller et l’aider à s’installer chez ses parents pour la dernière ligne droite. En rentrant après l’avoir déposée, je me suis senti bien seul dans cette grande maison. Elle va terriblement me manquer d’autant plus qu’avec la distance, je ne pourrai pas me rendre tous les jours à Calavi la voir. Je n’aurai plus droit au dîner fumant sur la table, à son accueil plein de chaleur et nos interminables causeries pendant que je prends mon bain les soirs. Mais au-delà de tout, le plus important reste sa santé et celle de notre bébé. C’est en traînant les pas que je me suis rendu à l’étage chercher du doliprane pour calmer la cuisante migraine qui ne me quitte plus depuis hier. Je sens le paludisme pointer mais je n’ai même pas la force de me rendre à la pharmacie. J’ai avalé mon médicament et je me suis lourdement endormi jusqu’à ce que la sonnerie de mon téléphone et du portail me tirent de mes rêves. J’ai cru mal lire en voyant le nom d’Evelyne s’afficher sur mon écran. Ma surprise a encore été plus grande de la découvrir devant mon portail.

-          Bonsoir Ronel. Je peux entrer ?

Entre le froid qui me transperçait les os et ma migraine toujours aussi présente, j’ai préféré ne pas parler. Je lui ai juste céder la place pour qu’elle entre sa moto avant de la précéder au salon où je l’ai laissée quelques minutes pour aller me chercher un pull et lui ramener un plateau avec de l’eau et des amuse bouches. Un lourd silence s’est installé dans le salon une fois que je l’ai servie.

-          Ce n’est pas que ta présence me déplait, mais j’aimerais comprendre

-          Je m’inquiétais pour toi

-          Mais encore ?

-          

-          Tu as du constater que je ne suis pas en pleine forme. Avant ton arrivée j’essayais de me reposer. Alors si tu es venue jouer à la carpe tu peux très bien le faire depuis chez toi tu sais

-          Ne sois pas si grossier s’il te plait

-          (calmement) il y a quelques semaines tu t’es emportée en m’accusant de vouloir jouer avec toi. Et depuis tu te comportes comme si nous n’avions jamais été même collègues, exactement comme tu le ferais avec un parfait étranger. Il me semble avoir respecté ton choix en dépit de ce que moi je ressentais. Je suis donc en droit de te demander la même chose. Je ne vais déjà pas bien. Ne viens pas jouer à l’amie présente si c’est pour me mettre sur répondeur une fois ton caprice passé.

Je me suis laissé aller contre le divan en fermant les yeux comme si mon speech m’avait épuisé. Tant qu’à être malade, autant en tirer profit. Et comme je m’y attendais, elle s’est rapprochée de moi en tâtant mon front.

-          Tu as de la fièvre. Tu as pris quelque chose ?

-          Doliprane vers 15 heures

-          Il est bientôt 20 heures. tu ne penses pas que tu devrais te rendre à l’hôpital ? tu es vraiment brûlant

-          Pas la force de conduire

-          (après une petite hésitation) si tu n’as pas trop peur pour ta voiture, je peux t’y emmener.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Par précaution, j’ai fait un petit sac avec le nécessaire au cas où on me gardait. Elle a fait rentrer sa moto dans le salon avant de me conduire à la clinique Meldis. Et ça n’a pas raté. J’ai  été hospitalisé.  Mais j’avais beau me sentir malade, je me devais de résister pour ma rose.

Evelyne s’est empressée de faire mon lit pendant que l’infirmière préparait ma perfusion. Une fois fait, elle m’a aidé à m’installer avant de ressortir pour me ramener de l’eau et des fruits.

-          Tu m’as sauvé ce soir. je ne pense pas que j’aurais eu la force de faire tout cela. Je n’arrivais même pas à décrocher mon téléphone. Je réalise une fois encore à quel point c’est risqué de vivre seul

-          Rendons grâce à Dieu qui m’as inspirée de venir vers toi alors

-          Tu ne m’as toujours pas dit comment tu as eu mon adresse

-          J’ai demandé à Sam parce que je m’inquiétais de ne plus te voir venir travailler. Il a dit que tu n’apprécierais pas que je débarque chez toi sans prévenir et que je devrais t’appeler pour que tu m’indiques si tu voulais vraiment me voir. Vu sa froideur, j’imagine que tu lui as raconté ce qui s’est passé entre nous ?

-          Je traverse beaucoup de choses en ce moment et j’avais besoin de parler avec quelqu’un. C’est mon meilleur ami

-          Je vois. Mais tu ne décrochais aucun de nos appels, alors il m’a finalement indiqué et me voici

-          Je lui en dois une alors. Tu as fait tout ce trajet juste pour ça ?

-          (baissant les yeux) Il est tard et je dois rentrer. J’ai mis les clés de la voiture dans ton sac

-          Tu ne veux pas rentrer avec? Couché ici, je ne risque pas d’en avoir besoin

-          Hum… je ne préfère pas. Je passerai récupérer ma moto une fois que tu seras rentré

Au moment où elle allait franchir la porte…

-          Vivi…

-          Oui ?

-          Je peux te demander quelque chose ?

-          Bien sûr

-          Je me sens un peu fatigué. Tu peux prier avec moi pour que j’aille au bout sans m’endormir ?

Elle est revenue sur ses pas sans rien dire et a dirigé la prière en demandant à Dieu de me guérir au plus tôt physiquement comme moralement (j’ai mentalement levé les yeux au ciel). Et elle s’est enfin éclipsée. Un point de plus marqué dans la catégorie homme pieux.

Une heure plus tard, les gars sont passés me voir et Sam est resté passer la nuit avec moi. J’en ai profité pour le remercier pour le coup de pouce, qui j’en suis sûr viens de me remettre dans la course avec Evelyne.

Le pari