Au pèlerinage marial

Write by FleurdeLhys

 

La route était longue. Nous venions déjà de parcourir plus de 100 km. Bientôt deux heures que le bus avait pris départ de l’église ‘’SANCTA MARIA’’. Et pourtant, la majorité des fidèles qui étaient dans le bus semblait infatigable. Anna avait eu une longue journée de travail. Une de ses journées marathon qui vous vidait de toutes vos forces. Mais il fallait être au rendez-vous. En tant que Secrétaire Générale de la coordination des jeunes de l’église ‘’SANCTA MARIA’’; elle se devait d’être là. Mais ce n’était que l’une des raisons de sa présence dans ce bus. Anna avait pris l’engagement en début d’année d’être à ce grand rendez-vous spirituel et national.  Pour se recueillir et rencontrer également de nouveaux pèlerins.

Anna consulta sa montre : 23 Heures. Le bus s’arrêta devant le grand portail du centre des pèlerins. Enfin ! Malgré l’heure tardive, les fidèles de la paroisse chantaient ; dansaient et louaient Dieu. Ils descendirent du bus par paire pour que personne ne soit bousculé. Une fois, leurs bagages descendus, le Président de la Coordination des Jeunes procéda à l’appel pour s’assurer que tous étaient là.  Bagages en mains pour les uns, au dos pour les autres ; les fidèles entrèrent dans le centre. La paroisse ‘‘Sancta Maria’’ était parmi les derniers arrivants. Plusieurs paroisses des 12 doyennés de l’archidiocèse de Cotonou étaient déjà installées. Il n’y avait pratiquement plus de places sous les tentes réservées aux pèlerins venus de Cotonou. La paroisse : ‘’Sancta Maria’’, membre du doyenné de St Michel comptait 60 pèlerins. Il fallait trouver une tente pour tous les contenir. Le vicaire les dirigea vers une tente qui était déjà occupée par certaines paroisses d’un autre doyenné. Les 3/4 de l’effectif purent trouver place pour s’installer avant l’adoration nocturne. Le reste, une dizaine de personnes y compris Anna se dirigèrent vers le sanctuaire pour se trouver une couchette dans l’aile nord.

Anna farfouillait dans son téléphone quand une voix féminine la héla

- Anna ! Anna !

Cette voix ressemblait terriblement à celle de Christine et c’était bien elle.

-Salut miss. Ça va ? Y a un bon bail ? On dit quoi ?

-Ma chérie ça va ooo. La forme. Je t’ai vu quand je revenais des vestiaires. Et les parents ?

-Les parents vont bien et ta mère ? Et Joyce ?

-Maman est là. Ma fille aussi va bien. Tu comptes venir à l’adoration ?

-Oui j’y ferai un tour quoiqu’hyper fatiguée. Dure journée au boulot.

-Ne m’en parle pas chérie. J’ai les os en miettes mais j’ai promis à maman Marie de passer un temps avec elle ce soir. En plus, je dois me confesser. Trop de péchés. Une tonne de péchés.

-Ah oui ! Laisse-moi faire ma ‘‘kpakpato[1]’’. Raconte-moi tout. T’as fait quoi de si moche ?

-Anna chuchota-t-elle en regardant de droite à gauche. C’est du « Classé hyper top secret » Je n’ai vraiment pas envie d’en parler.

-Christine, tu rigoles ? Tu me connais non ? Je ne te lâcherai pas d’une semelle jusqu’à ce que tu aboules ce truc. Allez ! Force un peu même si l’accouchement semble difficile.

 -Désolé, il est l’heure. Je dois foncer. On se coince là-bas ou au pire des cas on chat ? WhatsApp ? Messenger ?

-Va pour Messenger.

Les yeux d’Anna s’illuminèrent. Elle aimait les secrets surtout les plus moches. Et celui-là ; il fallait qu’elle perce à jour celui-là et dans les détails les moindres.

Elle se dirigea vers les autres et déplia sa natte, histoire de dormir un peu. Elle prierait après. On était vendredi nuit et c’était deux jours de pèlerinage. Elle avait tout le temps. En attendant, Morphée réclamait son dû.

 



[1] Mégère en nouchi (argot ivoirien)

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