Carène !!

Write by Ionesco

Ce dernier rentra du travail après 23h, tout épuisé. En descendant de sa voiture, le gardien l’informa qu’une personne l’attendait. Il n’avait pourtant aucune visite de prévu et ne désirait qu’une seule chose, dormir. A peine eut-il franchit le seuil du salon qu’une voix l’interpella.

- Bonsoir chéri. Ca ne se fait pas de disparaitre comme ça sans donner de nouvelles.

Frederick se tourna en direction de la voix et vit Marilyne.

- Bonsoir Marilyne. Que fais-tu ici ?

- Tu n’es pas heureux de me voir ?

- Pas à cette heure. Que me veux-tu ? - Je suis épuisé et je ne veux qu’une chose, dormir.

- Je m’inquiétais pour toi. C’est pourquoi je suis venue. Laisse-moi-t’aider à te détendre. Donne-moi cette mallette et montons pour que tu prennes un bain. Après, je te ferai un bon massage pour que la nuit soit plus douce que jamais.

Frederick la détailla. Elle était désirable et passer une nuit avec elle lui aurait fait du bien. Il s’apprêtait à accepter sa proposition lorsque son téléphone signala un message. Il le consulta et vit qu’il venait d’Ellyn. Il avait été tellement submergé qu’il l’avait presque oublié. Il s’excusa auprès de Marilyne, lui proposa de passer la nuit dans la chambre d’amis et monta dans sa chambre. Une fois au lit, il appela Ellyn. Celle-ci ne tarda pas à répondre.

- Allo ? Fit-elle d’une voix endormie.

- Bonsoir chérie. Je t’ai réveillé ? Excuse-moi.

- Ce n’est pas grave vu que c’est toi. Je suis contente de t’entendre. Comment a été ta journée ?

- Surchargée. En plus, tu m’as énormément manqué.

- A moi aussi tu sais.

- Tu n’es plus allée en boite ?

- Oh non! Fanie et Marc avaient quelques soucis à régler donc je me suis éclipsée. En plus mon lit me manquait.

- Le jour où tu découvriras le mien, tu ne voudras plus le quitter.

- Tu crois ca ?

- J’en suis sur. Tu n’aimerais pas te réveiller a mes cotés ?

- Bien sur que si mon ange mais rien ne presse.

- D’accord c’est comme tu veux. On se voit demain ?

- Désolée, ça ne sera pas possible. J’ai des courses à faire avec Fanie et des devoirs à faire.

- Juste deux minutes s’il te plait. 

- D’accord pour trente minutes. Mais pas une de plus.

- Merci ma chérie donc à demain. Bisou.

- Douce nuit mon ange. Bisou.

Frederick se sentait heureux. Il pensa à Marilyne une dernière fois et se dit qu’il faisait bien en restant dans sa chambre tout seul. Le lendemain matin, elle était partie sans un mot. C’était mieux ainsi se dit-il. Il s’occupa du mieux qu’il pu et appela Ellyn vers midi pour l’inviter à manger. Il passa la prendre chez Fanie après en avoir informé son père et l’emmena à l’Hyppotamus au Plateau. Pendant qu’ils bavardèrent en attendant qu’on leur apporte leur plat, une jeune femme s’approcha d’eux. Quand elle fut à la hauteur de Frederick, elle lui tapota l’épaule et lui plaqua une bise sur les lèvres a peine il eut levé la tête. Carène se tenait là, fière d’elle.

- Carène? lança Frederick tout étonné

- Oui chéri, qu’est-ce-que tu fais là ?

- Ce ne sont pas tes oignons dit-il d’un ton froid.

Ellyn avait la gorge nouée et les yeux humides. Elle voulait s’enfuir mais ses jambes ne pouvaient la tenir dans l’état dans lequel elle était.

- Mais chéri pourquoi me parles-tu ainsi ? Est-ce parce que je n’ai pas pu me libérer pour toi hier ? Excuse-moi, mais tu sais ce que c’est que le boulot pour moi. Il passe avant tout. Mais ne t’inquiète pas, ce soir je serai toute à toi. Oh excusez moi fit-elle en direction de Ellyn. Je ne vous ai point remarqué. Carène Ahounou. Vous devez être une collaboratrice de mon homme.

Sans attendre une réponse de celle-ci, elle se tourna vers Frederick.

- A ce soir mon amour dit-elle avant de s’éloigner. 

Frederick ne savait où se mettre avec tout ce que Carène venait de dire et surtout ce baiser. Ellyn ne réagissait pas. Il voulu lui prendre la main et s’expliquer mais elle la retira vivement et se leva de table les larmes aux yeux et sortit du restaurant. Frederick régla la note et sortit derrière Ellyn.

Ellyn ne voulait rien entendre et encore moins l’écouter. Elle voulait se calmer et marchait à pas lents dans les rues désertes du plateau en cette journée dominicale.

- Ellyn, s’il te plait attend.

Frederick la rattrapa à bout de souffle

- Attends, s’il te plait chérie. Ne l’écoute pas. Il n’y a rien entre Carène et moi. S’il te plait crois-moi. Elle ne représente rien pour moi, Ellyn… s’il te plait ne l’écoute pas chérie.

- Alors comme ça ta journée épuisante et surchargée tu l’as passé à l’attendre ? et ce n’est que parce qu’elle n’est pas venue que tu t’ais souvenu de moi ?

- Ellyn, s’il te plait calme-toi. Cette fille raconte des mensonges et toi tu la crois, je t’ai dit qu’elle est folle de moi et cela le prouve. Sauf que toi tu n’en fais qu’à ta tête et tu ne me fais pas confiance.

- Comment puis-je te faire confiance si je vois cette fille t’embrasser quand elle veut sans que tu ne réagisses Frederick ? Tu me prends pour une idiote ou quoi ? Tu peux rester avec elle ! Moi je n’ai aucune envie de souffrir. Et tu ferais mieux de rentrer te préparer pour cette nuit car elle est prête à ne pas te la faire oublier ! 

Elle ne pu retenir ses larmes qui déferlaient quand elle prononça ces dernières phrases. Elle héla un taxi et s’y engouffra sans un regard pour Frederick. Celui-ci était désemparé et ne savait comment lui prouver que tout cela n’était qu’un pur mensonge de Carène. Il avait vu Ellyn pleurer et cela lui fit se sentir mal. Il appela Fanie et lui demanda de le prévenir si Ellyn arrivait chez elle et de la retenir le temps qu’il arrive. Elle arriva quelques minutes après l’appel de Frederick. Fanie essaya de la calmer comme elle pouvait et l’écouta attentivement vider son sac.

- Oh ma pauvre chérie… calme toi je sais que ça t’a blessé profondément mais tu aurais du l’écouter s’expliquer avant de t’emporter comme tu l’as fait. C’est bien toi qui me l’a appris alors pourquoi n’as-tu pas fait pareil ?

- Tu aurais du voir ca ! il n’a rien pu dire et c’est quand elle s’est éloignée qu’il a voulu s’expliquer. Il aurait du réagir pendant qu’elle se pavanait devant nous mais il n’a rien dit rien !!! Ce n’est qu’un menteur. Un VI*. Je t’ai dit que je devais m’éloigner de lui avant que ce que je ressentais pour lui n’empire. Et voilà !

- Ne parle pas ainsi. Je sais que Fred est sincère et je n’en doute pas.

- Qu’il aille la rejoindre chez lui ce soir. Ils passeront une soirée et une nuit divine.

- Ellyn ! Ne pense pas comme ça. Si vraiment tu l’aimes, tu dois te battre pour lui au lieu de le laisser dans les bras de cette chipie ! Ma chère reprend toi.

- C’est sa fiancée alors moi je ne suis rien. Je préfère me retirer de cette histoire.

- Tu vas renoncer à lui aussi facilement ? Tu as déjà vu garçon célibataire ou fidèle à Abidjan ici ? Ou bien tu crois que nos mamans c’est par magie qu’elles sont dans leurs foyers aujourd’hui ? Tu tiens à lui alors ne te laisse pas faire. Et montre à cette fille que tu es là aussi et que tu comptes plus qu’elle si vraiment il y a quelque chose entre eux.

- D’ailleurs tu devrais passer la nuit chez lui. Elle tombera des nues en te voyant ma chérie.

- Tu n’es pas sérieuse Fanie ?

- Oh que si ! Dans la vie là, il faut se battre pour avoir ce qu’on veut. Alors réfléchis bien à ce que tu veux. Au fait, il sera là d’un moment à l’autre.

- Quoi ? Tu lui as dit que j’étais ici ?

- Il s’en est douté.


*VI: vendeur d'illusions ( menteur) 

Un amour à toute épr...