C'est chaud par ici

Write by Plénitudes by Zoé

Chapitre 21 : C’est chaud par ici


**** Nathaniel ****


Sabine (déboulant en trombe chez moi) : Nath ça ne peut plus durer. Ca fait quasiment trois semaines que tu ne me parles pas, tu ignores mes appels et messages, comment veux-tu que je m’excuse si tu ne veux pas m’écouter ?

Moi : Bonjour Sabine, tu vas bien ?

Sabine (s’asseyant rageusement) : N’essaie pas de changer de sujet !

Moi (sourire en coin) : Quoi ? Je n’ai rien dit encore.

Sabine (ne m’écoutant pas) : Chéri, si je ne t’en ai pas parlé plus tôt et préféré te mettre sur le fait accompli c’est parce que Sara devait comprendre que je faisais cela en toute connaissance de cause sans influence extérieure et surtout sans que tu ne me forces la main, je ne voulais pas qu’elle doute de mes intentions. J’ai pris cette décision parce que je t’aime et que je ne voulais pas que tu prennes des décisions que tu aurais regrettées plus tard en apprenant sa grossesse. Je suis consciente que tu es appelé à être mon chef vu que tu seras le chef de famille mais parfois je devrai prendre des décisions pour notre bien à tous les deux sans t’en parler. Mon rôle c’est de vous porter toi ainsi que nos futurs enfants en prière et de là suivre les instructions qui me seront données. Ce n’était pas pour t’exposer ou te faire passer pour un faible ou tout autre chose que tu penses. Je suis désolée chéri.

Moi (la regardant) : Sabine, respire. Je ne t’en veux plus.

Sabine (soutenant mon regard) : Comment tu peux dire ça alors que tu ne me parles plus ?

Moi : Je ne vais pas te mentir en disant que je ne t’en ai pas voulu. C’était beaucoup trop soudain et j’ai eu du mal à tout assimiler. Mais depuis j’ai eu le temps de faire la part des choses et de te pardonner. En fait, il n’y a rien à pardonner parce que je t’aime et que j’ai décidé depuis bien longtemps que je te pardonnerai absolument tout ce que tu pourrais me faire. Et si je te le dis c’est parce que je sais que tu n’abuseras jamais de ma confiance, en tout cas pas intentionnellement.

Elle est restée silencieuse plusieurs secondes et presqu’une bonne minute à me fixer. Puis elle s’est levée, s’est approchée de moi et m’a prise dans ses bras. Soudain, l’atmosphère a changé autour de nous et une tension électrique nous a traversés. Elle a lentement levé le visage vers moi et je me sentais attiré par ses lèvres au point de ressentir un besoin pressant presque vital de les goûter. Je me baissais lentement vers elle. Mon visage était à quelques centimètres à peine du sien, je sentais son souffle se mélanger au mien et une émotion intense enserré mon cœur. J’ai soudain pris conscience que ce serait notre premier baiser, mais surtout que Sabine s’en voudrait d’avoir cédé à un moment de faiblesse et que mon rôle était justement d’être assez fort pour la protéger de tout ce qui pourrait lui nuire. Alors, même si cela m’a fait mal jusqu’au tréfonds de moi-même, je l’ai doucement repoussé pour enfouir mon visage dans ses cheveux. Je la sens trembler de tout son corps, je ne dis rien, elle non plus. Les mots ne sont pas nécessaires, je comprends et elle aussi me comprend. Ce n’est juste pas encore le moment.

De longues minutes plus tard, elle quitte mes bras et me lance un « Merci » faible avant de s’en aller. Je peux enfin respirer, on a failli tomber et c’est une responsabilité que je ne suis pas prête à assumer. Je suis conscient d’être en sursis avec elle depuis que l’histoire avec Sabine, je n’oublie pas que c’est moi qui ai déconné et le moindre faux pas pourrait me faire perdre ma femme. Car oui, elle l’est même si elle n’a pas encore de bague au doigt. D’ailleurs ça me fait penser qu’il faut que je re-prépare une demande en mariage. Et cette fois je veux faire les choses bien, prévenir mes parents avant tout et attendre l’accouchement de Sara. Je dois montrer à Sabine que je suis un homme fiable et un bon père.


**** Olivier ****


J’ai rendez-vous avec Evy tout à l’heure pour une journée à la plage. Elle m’a parlé d’un hôtel sur la route d’Aného l’hôtel Novela Star où on peut s’organiser un pique-nique et se relaxer. Par contre on ne pourra pas nager parce que les vagues sont vraiment fortes. Par contre il y a une piscine gigantesque alors ça va, je prends un maillot de bain. Ça me fait toujours aussi bizarre de porter des bermudas et des tongs. Mes costumes me manquent mais dans ce pays avec cette chaleur c’est juste pas possible. Pfff

Donc je prends mes affaires et sors sur le parking de l’hôtel où je rejoins ma voiture de location, une petite Toyota Yaris, pas besoin de plus pour l’instant. Je démarre et vais me garer devant chez elle à Baguida. Je sors mon téléphone et l’appelle.

Evy : Une minute je descends.

Clic

Cette fille alors, toujours droit au but. Mais comment je la connais je sais que je vais passer cinq à dix minutes à l’attendre alors pendant ce temps je réfléchis. Je me demande comment mener cette relation et où j’aimerais que nous allions tous les deux. J’ai beau faire, je suis ici depuis un mois maintenant et je ne ressens toujours pas cette étincelle, ni ce petit quelque chose qui fait la différence, qui ferait me dire « Voilà, c’est cette fille qui est faite pour moi ! » mais bon je me dis qu’avec le temps ça ira mieux, après tout, c’est bien Reine que je vais épouser et elle s’appelle Reine donc voilà. Mais une chose me chiffonne cependant et pour moi jusque-là ce n’est pas négociable. J’ai une vie spirituelle assez développée et je sais que si je me mets avec une femme qui n’a pas le même niveau que moi ou au moins un niveau près du mien, je ne pourrai pas évoluer. Or Evy croit certes en un Etre supérieur mais cela s’arrête là. Si nous ne croyons pas aux mêmes choses, si mon épouse n’a pas la même vision que moi de la vie, cela ne peut pas se faire, en tout cas pas pour moi. Mais si c’est vraiment ma future épouse alors je dois quand même essayer de lui parler de Dieu, de ma relation avec Lui et de lui faire comprendre ce que c’est que de vivre avec et pour Lui.

Evy (prenant place en voiture) : Bonjour Oli

Moi (la regardant) : Bonjour Evy (faisant la manœuvre pour rentrer dans la circulation) Comment tu vas ?

Evy : Je vais super bien comme d’habitude, le projet avance bien et je suis contente.

Moi (la détaillant) : ça me fait plaisir, tu es magnifique comme toujours.

Evy (souriant) : Merci chéri.

Je ne relève pas le chéri, je ne me sens pas encore prêt pour les surnoms affectueux, en fait je n’en suis pas très fan mais bon.

Evy : Euh chéri, tu peux mettre autre chose comme musique, tu n’écoutes que du gospel ou quoi ? Attends je me connecte au Bluetooth de la voiture et je te mets le nouvel album de Dadju.

Ce qu’elle fait immédiatement. Je ne relève pas. Je sais à peine qui est ce Dadju mais bon je prends mon mal en patience et prie pour qu’Evy soit réceptive à la parole de Dieu.

Nous sommes arrivés à Novela Star. Je me gare au parking et sors nos affaires de plage du coffre pendant qu’Evy me devance au restaurant de l’hôtel. Je pose nos affaires sur la plage dispose la nappe et le reste et la rejoins au restaurant, elle était déjà installée à une table avec un menu en mains. Je m’installe à côté d’elle et lui demande si elle n’en a pas pris un pour moi, elle me répond que non. Je suis donc obligée d’appeler le serveur. Soupire, j’espère vraiment que ça s’arrangera. Je sais qu’il y a des femmes qu’on n’épouse pas mais je suis sûre qu’elle est plus complexe que ce qu’elle me montre et montre au monde. 

Je sens des regards sur moi et me retourne, depuis que je suis dans ce pays c’est l’une des choses qui me choquent et me rend extrêmement mal à l’aise ce sont les regards des gens. En France, on est habitués à la mixité, à voir des personnes d’origine différentes partout dans la rue, dans le métro, c’est juste au nord où elles sont un peu plus rares alors je ne comprends pas l’utilité de me fixer ainsi. Parfois, il y a des enfants qui courent derrière ma voiture en criant « Yovo yovo ! » Evy dit que ça signifie « blanc » en mina. C’est quand même étrange.

Mais bon, plus je regarde et je me rends compte que c’est Evy que tout le monde regarde, surtout les hommes. Voilà autre chose qui me tape sur le système. Elle est très belle mais sa manière de s’habiller, pas que je veuille lui imposer une façon de s’habiller mais bon je préfère quand même des robes et jupes dépassant ou au niveau des genoux quoi, ce qui est à moi est à moi. Et bien au-delà, notre corps est le temple du Saint-Esprit, il nous faut le traiter avec respect et sans l’exposer à tous les regards. Le problème est que même si je lui en parle et qu’elle accepte de porter autre chose, elle ne le fera que quand je suis là or j’aimerais qu’elle puisse le faire pour elle-même.

Bref, nous passons quand même une bonne journée et prenons plein de photos. Je la ramène chez elle et elle me propose d’entrer un moment. J’accepte volontiers, je voudrais aborder le sujet avec elle.

Evy (allant vers la cuisine) : Je te sers quoi ? J’ai de l’eau, du jus d’orange et de la vodka.

Moi : Je ne bois pas d’alcool. Un verre d’eau suffira. (Elle pose un plateau devant moi et me sert) Merci.

Evy (s’asseyant) : De rien.

Moi : En fait, je voulais te parler de quelque chose. Qu’est-ce que tu penses de Dieu ?

Evy : Tu sais ce que j’en pense, je sais qu’Il existe mais après je vis ma vie et Lui aussi. Ça s’arrête là.

Moi : Mais tu as bien dû remarquer que j’avais une vie de foi importante et que je mettais Dieu dans tout ce que je faisais n’est-ce pas ?

Evy : Oui mais ça c’est toi, on n’est pas obligés d’avoir les mêmes croyances pour être ensemble. Je connais beaucoup de couples qui le font et se débrouillent très bien.

Moi : Certes, mais moi je connais mes objectifs de vie et j’ai besoin d’une personne forte spirituellement pour me soutenir et me tirer vers le haut. Je ne pourrai pas aller loin avec toi si tu n’as pas l’intention de faire un effort. Excuse-moi d’être aussi sec mais pour moi c‘est la condition sine qua non pour que je me mette réellement avec une femme.

Evy : J’ai écouté et compris ce que tu m’as dit. Mais tu es d’accord avec moi que si je le fais juste pour toi ça ne serait pas vraiment sincère. Chacun est libre de croire ce qu’il veut.

Moi : Pas faux, mais au moins viens avec moi dimanche à l’église, j’ai entendu parler d’une église qui a ouvert il n’y a pas très longtemps ici. En fait c’est l’une des branches de notre église d’Angers. J’ai envie d’aller y faire un tour avant mon départ, tu eux bien ?

Evy : Écoute, je vais y réfléchir d’accord ? Je ne te promets quand même rien hein. 

Moi (sourire) : OK je prends, c’est un début.

Evy : Mais avant que tu t’en ailles j’ai quelque chose pour toi.

Sur ce, elle se lève et va dans sa chambre. Quinze à vingt minutes plus tard, elle émerge de la chambre un peignoir sur le corps et les cheveux mouillés, mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai commencé à avoir le cœur qui battait la chamade. Et là, elle s’est mise à ôter son peignoir très lentement jusqu’à être complètement nue sous mes yeux. Je déglutis péniblement, mon Dieu donnez-moi la force s‘il vous plaît.

Le Fardeau des Autre...