Changée
Write by Boboobg
-Octobre
*Farah
Un mois que j'occupe mon poste, ce n'est pas facile mais travailler ainsi est un véritable privilège pour moi car j'adore.
Mon travail consiste à aider la Direction dans l'orientation et le suivi de la stratégie qu'elle s'est fixée. Je participe à la définition des objectifs et anticipe les résultats.
J'établit le schéma directeur des budgets. Et je peux proposer à la Direction des actions correctives à mettre en oeuvre ainsi qu'etablir les prévisions d'activité en termes d'objectifs, de budgets, d'organisation et de moyens.
Pendant tout ce mois, j'ai plus eu à me familiariser avec les agents de la direction et aussi les ouvriers du dépôt. Car la Bralico est l'une des deux seuls entreprises de fabrication et distribution des bières, boissons gazeuses et alcoolisés du pays.
Ce qui est bien c'est que j'ai un véhicule de service, une petite Toyota Yaris qui m'allege de surcroît surtout quand il faut que j'ailles d'un bout à l'autre de la ville.
Quand j'ai été à la banque pour ma première paye, j'ai failli m'évanouir tout simplement de joie. Je suis assez contente de moi et fier de moi. De mon parcours jusqu'ici.
On toque à la porte de mon bureau, je dis entrer le nez toujours dans mes statistiques parceque je sais déjà qui s'est. Malgré que j'ai des relations de courtoisie avec tous les autres, il n'y a que Roger qui se permette de me déranger à tout moment.
Roger : bonjour Farah !
Moi : bonjour Roger la santé ça va ? Et ta femme ? Et ta fille ?
Roger (riant) : tu n'es pas possible ! Bref on déjeune ensemble ?
Moi : pas possible, je dois soumettre mes conclusions au DG et après aller au dépôt.
Roger : pourquoi tu ne veux pas de moi Farah ? Ne suis je pas un bel homme ?
Je lève les yeux sur lui. Il a raison, Roger Mbemba est un bel homme. Teint clair, visage carré accentué par ses lunettes de vue,37 ans par là. Il a une taille moyenne et un petit ventre dû sans doute aux bières qu'il boit tous les week-end comme un trou.
Il me court après depuis le premier jour et j'ai entendu plein de chose sur lui. Le monsieur a beau être marié mais il se trouve qu'il a couché avec la moitié des femmes de l'entreprise. Je ne prête pas attention aux commérages mais quand tu arrives nouvellement, tu te dois de savoir ce qui se passe car bien souvent, les bruits de couloirs traduisent cinquante pour cent d3 la vérité : conseil de Orelie.
Moi : tu n'es pas mal Roger, juste que tu es marié et de surcroît, tu es le filleul de mon beau frère. Et je ne voudrai pas te faire souffrir.
Roger : je t'ai déjà dit que je peux m'occuper de toi ! Fais moi souffrir Farah, je ne demande que ça.
Moi (lui souriant) : monsieur le DAF, laissez moi bosser!
Roger : merde ! Maintenant que tu vas rencontrer Constant, c'est sûr qu'il t'aura et je n'aurai plus de chance !
Moi : Constant? Tu parles du directeur ?
Roger : oui !
Moi : en quoi il est une menace pour toi ?
Roger : tu n'avais pas remarqué comment il te regardait pendant ton entretien ? Tu ne te souviens pas ?
Moi : vaguement, il était resté dans son bureau et n'a sorti qu'un seul mot : d'accord. Je n'ai pas fait attention à ses traits et ça date d'un mois déjà !
Roger : et pourtant ils nous a dit ce jour là que vous vous connaissiez !
Moi : je penses qu'il a dû me confondre, parceque je ne le connais pas.
Roger : j'espère ! Parce que je ne veux pas te perdre à cause de lui !
Moi (amusé) : sort !
Roger : d'accord je m'en vais chéri.
Il sort de mon bureau et je me reconcentre sur mes tableaux.
Je commence le boulot à huit heures et à seize heures j'ai fini. Je refuse de faire des heures supplémentaires, j'ai mes enfants qui ont besoin de ma présence.
Il est douze heures moins quart quand j'appelle la direction générale pour demander à voir le directeur. Son assistante m'apprend qu'il m'attend depuis ce matin. Okay.
Je prends l'ascenseur car mes talons aiguilles ne me permettent pas de marcher longtemps. Tout ça c'est Orelie, moi j'aurai mis des baskets et non un tailleur.
Orelie : tu as un poste important, tu dois paraître importante quand on te voit.
Bref, cette fille va me façonner à son image bientôt.
L'assistante me fait signe d'entrer. Le Bureau est toujours aussi imposant que le jour de mon arrivée. Quand je penses que je dois y venir tous les mois jusqu'à la fin de mon contrat de deux ans , bref c'est quelque chose.
D.G: je vous écoute madame.
Moi : mademoiselle !
D.G : mademoiselle.
Moi (exposant en même temps mes calcul et mes schéma sur son bureau) : j'ai identifier les écarts significatifs entre les réalisations et les prévisions. Nous aurions dû atteindre 10% de bénéfice selon les calculs de mon prédécesseur mais nous n'avons pu obtenir que 3%. Cela est dû d'après calcul à l'augmentation du carburant et aussi du TVA.
D. G : et que comptez vous proposer pour contourner cela ?
Moi :J'ai donc pour idée, de contacter les compagnies de vente d'essence, afin de solliciter un partenariat ce qui nous permettrai de payer moins car nos marchandises sont acheminés à travers le pays tout justement par voie routière...
Il m'écoutais religieusement jusqu'à ce que je termine mon rapport d'activité.
D.G : j'organiserai une réunion pour soumettre ceci à nos actionnaires et dirigeants. Bon travail mademoiselle.
Moi : merci monsieur.
Ouf ce n'était pas aussi dur que ça.
D.G : avez vous déjeuner ?
Moi : heu non monsieur.
Il décroche le combiné.
D.G: Marise ? Allez me chercher à manger dans la cafétéria s'il vous plaît. Heu deux plats.
Vingt minutes après, sa secrétaire est arrivée avec deux cartons en plastique qui sentait bon le bouillon de viande. Ce qui m'a un peu choqué car pour nous, nous n'avons que des spaghetti et du poulets suivi d'un mauvais café. Pour bien manger, tu es obligé d'aller dans un restaurant.
Elle a sorti des assiettes et les a super bien placés.
D.G: vous venez ?
Hum ! Es ce que c'est avec tous le monde qu'il agit de la sorte ? A 25 ans, je ne laisse plus place à la naïveté. De surcroît Roger m'a dit qu'il pense me connaître. Je dois vous avouer que la Farah super prude s'il y'a deux ans, a disparu avec la trahison de Édouard et ma mère. Pour dire que je ne me suis pas seulement contenter d'étudier à Dakar car j'ai eu à avoir des relations. Trois . Le premier a duré trois mois et le second huit mois et le dernier presque dix mois ! Celui là, j'ai dû faire preuve d'une grande patience pour qu'il comprenne que ce temps était passé.
Donc si monsieur le directeur pense avoir affaire à une femme naïve qui vient de quitter l'université, il se trompe. Tout ce qui m'intéresse, c'est travailler pour gagner dignement mon argent et m'occuper de mes filles. Les hommes, c'est juste pour enlever de temps en temps les toiles d'araignées entre les jambes de sorte à ne pas finir avec un cœur de pierre.
Pourquoi je penses même aussi loin, je dois me l'avouer, le D. G a une sacré présence. Grand, teint noir café, barbe bien taillé, il me fait penser à un acteur.
Nous avons mangé en silence comme si chacun de nous était seul. C'est à lui de me parler parceque moi je n'ai rien à lui dire.
D.G(me fixant) : vous ne vous souvenez pas de moi ou vous faites exprès ?
Moi : soit je ne me souviens pas de vous, soit vous vous trompez sur la personne.
D.G : Farah ! Ce prénom n'est pas commun pour cette partie du monde qu'est le Congo. De surcroît, il est assez proche du moins, je n'aurai jamais pu l'oublier.
Moi : personne n'a jamais fait une étude dessus pour le savoir.
Il me souri me présentant ainsi sa denture parfaite. Il est beau cet homme mais non,je ne ferai rien avec lui, c'est mon chef.
D.G : connaissez vous mon nom Farah ?
Moi : oui, monsieur Constant Kambisi !
D. G : oui mais mon nom en entier ! Celui que seul mes proches ont connaissance.
Moi : je ne suis pas une proche !
D. G(souriant) : je me nomme Constant Farel Kambisi Obori.
Moi : Obori ? Comme l'ancien ministre ?
D. G: oui il s'agit de mon père.
Moi :ça ne me dit toujours pas où vous voulez m'emmener .
D. G : vous avez encore du travaille alors je ne vais pas vous retenir longtemps. Mais je vous donne un indice et à notre dîner demain, vous me direz qui je suis.
Moi : notre dîner ?
D. G : la dernière fois que je vous ai vu, j'ai cru que je vous rêverai le lendemain mais pas de bol ce sont des années après que je vous revois. Et il a fallu que j'attende encore un mois pour que vous vous pointez dans mon bureau ! Ce qui me dit que si je ne veux pas ne vous revoir que dans un mois j'ai intérêt à m'imposer à vous.
Moi (amusé) : Vous imposez ?
D. G(fronçant les sourcils) : oui. Vous n'oserez pas refuser un dîner à votre supérieur.
Moi (amusé) : et pourquoi pas ? Ce n'est nullement écrit quelque part que je dois coûte que coûte accepter les invitations de mes supérieurs.
D. G(me regardant) : vous aimez les cadeaux Farah ?
Moi (voulant m'énerver) :vous voulez m'acheter ?
D. G(souriant) : non Farah, je veux marquer plus de point que les hommes qui vous court après depuis un mois.
Moi : et qu'est ce qui vous dit que je n'ai personne dans ma vie ?
D. G : vous travaillez trop bien pour avoir quelqu'un dans votre vie. Bonne journée Farah.
Il me chasse? Okay! Bizarre.
Moi : merci à vous aussi.
Et bizarrement, me faire ouvertement draguer par mon chef, ne m'a pas déranger du tout.
Je suis retourné à mon bureau pour travailler un moment avant de prendre la voiture pour le dépôt. Puis je suis rentré chez ma sœur.
........
Orelie : essaie pour voir !
Je viens de lui raconter ce qui s'est produit au travail. Nous sommes toute les deux dans ma chambre en train de papoter car les filles dorment et Gaston est en voyage au cabinda.
Moi : je sais déjà comment ça va finir ! Il va tomber amoureux et vouloir plus que je ne peux lui offrir.
Orelie : il te plaît n'es pas ? Sinon tu ne m'en aurai même pas parlé.
Moi :mais c'est mon chef !
Orelie : Dis moi juste qu'il ne te plaît pas ?
Moi :si mais je ne veux pas le faire souffrir et puis...
Orelie : bof si j'étais toi j'essayerai pour voir. C'est vrai, tous le monde n'est pas cet enculé d'Édouard. Tu as tendance à tout ramener à lui. Tu as un boulot maintenant il faut trouvé un papa pour tes filles.
Moi : elles n'ont pas besoin de père. Elle m'ont moi, toi et Gaston. Même si après la naissance du petit, on va partir !
Orelie :ne commence pas avec ça !
Moi : je te l'ai déjà dit, je travaille maintenant donc je vais reprendre ma place tu me l'avais promis.
Orelie : okay mais tu dois d'abord m'aider avec ce petit là qui refuse de sortir.
Moi : revenons a nos moutons!
Orelie : s'il te dit ce qu'il veut vraiment, toi aussi tu lui balance ce que tu veux. S'il se sent capable okay tu fonce sinon c'est son problème. Ça fait combien de temps qu'on ne t'a pas bien secoué hein ?
Moi (rire) : six mois la sœur !
Orelie pose sa main sur sa bouche ahuri
Orelie : hum non tu abuse! Seigneur! Tout ça pourquoi ? bon moi je vais dormir !
Moi : je ne couches pas avec n'importe qui tu le sais.
Orelie :pardon j'y vais. Et ne me réveillez pas demain !
Moi : bonne nuit madame Mpo !
(....)
Il est six heures quand je me lève. Je fais une petite prière pour Erica et vais me laver avant d'aller faire le petit déjeuner.
Ensuite je vais réveiller mes deux marmottes de fille avant de les préparer pour l'école. Nous mangeons vite et sortons en catastrophe de la maison. Je n'aime pas être en retard au boulot.
Je me gare devant l'école française.
Moi : vous écoutez ce que disent vos maîtres, vous apprenez et posez des questions si vous ne comprenez pas. Et surtout soyez sage !
Belle (m'embrassant) : bonne journée maman !
Edna : bon journeeeee maman !
Moi : bonne journée mes amours. Je vous aime très fort !
Elles : on t'aime aussi.
Belle tient la main de sa sœur jusqu'à entrer dans le portail. Ça me rappelle comment Erica tenait la sienne quand elle quittait la maison pour l'école. Mais j'efface vite ce fléau de souvenirs, je n'ai pas envie de gâcher mon maquillage parceque j'aurai trop pleurer.
Moi : je t'aime Erica !
(soupirant) Au moins dans cet école avec tous les enfants blancs d'expatriés et les métisses, nana ne se sent pas excluse. Et Belle est fière de présenter à ses copines sa petite sœur Blanche.
Je ne me souviens toujours pas d'où je suis censé connaître le D.G mais bon, il me le dira bien ce soir.