Chap.23Mon coma mon combat

Write by kony ariane


Marion Beria

C’est comme un  long rêve interminable où je vis et où je ressens tout sans pouvoir y participer.

Je me souviens de certaines scènes, comme me regardant dans un film.

 Je suis extérieure à tout ce qui se passe.

 J’ai vu mes bébés, mes trésors dans les mains des infirmières. Médecins et infirmières disaient que c’était un miracle. 

Les enfants sont sains et saufs. Mes deux garçons me regardaient et me souriaient. J’ai alors senti, ou ressentir une sensation de chaleur, de bien être qui semblait m’attirer. J’étais curieuse de voir ça, de découvrir ce qui s’y cachait. Je me disais que mes bébés étaient entourés donc je pouvais pendre une pause, le temps de dormir et continuer ce rêve. 

Je marchais avec sérénité. Je me suis retrouvée dans une grande salle ocre, très belle. 

Je me suis rendu compte que c'était un tunnel. Il y avait une tache blanche au fond. Juste le blanc. Un blanc absolu.

 Je n'ai jamais vu un blanc comme ça. C'est un blanc immaculé. Même la neige n'est pas aussi blanche. 

Je me suis vu moi-même dans la lumière, enfin, mon ombre. Je me suis senti immédiatement très légère. 

Je me suis dit alors : 'si c'est ça mourir, je ne crains pas la mort'. 

Là où j'étais, je ressentais un bien être total, l'extase. Le nirvana comme on dit maintenant. 

J’entends des voix derrière moi. Ma petite maman, elle est triste.

 Il y a Mike aussi. Je ne lui en veux plus du tout. Il saura très bien prendre soin des enfants. 

Mok mon frère d’une autre mère, il est tellement triste,  pardonne moi.

 Cette lumière m’attire, je m’avance, mais c’est papa. Je coure me jeter dans ses bars

-pai ! (papa)

-minha filha, meu tesouro(ma fille, mon trésor)

-o que você está fazendo aqui? ven hasentar-se nós (que fais tu ici ? viens asseyons nous là.)

-Porquê? poderíamosfalar, avançando (Pourquoi ? on pourrait parler en avançant)

C’est à contre cœur que je m’assoie là près de lui, j’aurais voulu aller découvrir ce qu’il y avait dans cette lumière.

 Il avait mes mains dans les siennes. Je lui racontai tout ce que j’avais traversé et combien j’étais heureuse de le trouver ici.

 Il m’avait manqué ces 30 dernières années.  C' est l’occasion pour nous de rattraper le temps perdu. Mais il était contre.

 Il me demanda de regarder derrière et de lui dire ce que je voyais. 

Il y avait maman, Oummi, Mike et ses parents, Mon Mok ne fait que pleurer. Mes bébés aussi pleurent.

-mais papa pourquoi toute cette tristesse ?

-Tu leur manques

-mais tu m’as manqué à moi aussi pendant si longtemps et là je te retrouve ; ils s’en sortiront sans moi.

-non, ce n’est pas le moment. Et qui va prendre soin de ‘’meu amor Berthe’’  hein ?

-pai !

-tu dois aller la retrouver pour moi et lui dire combien je l’aime et qu’elle prenne son temps car moi je l’attendrai.

-ne dis pas ça, je refuse de te laisser

-et ce jeune homme ? Tu vas le laisser tout seul s’occuper de vos enfants ? Il a besoin de toi autant que toi de lui.

-Lui et moi il n’y a plus rien

-ne dis pas ça, ne ressens tu pas tout l’amour qu’il a pour toi ? Sa main posé sur la tienne ne te fait t’elle rien ? Et les autres et tes enfants ? N’as-tu pas ressenti du vide quand je vous ai quitté ? Et Federico ? Il t’aime si fort, il prie pour toi et regarde les anges qu’il fait se lever pour toi, il tient énormément à toi. Shuut! Ecoute sa prière. Ne ressens tu pas son désarroi ?

Je ne suis que pleure.


 

Malik Chukwuma



Ce soir c’est moi qui veille Marion. Sa mère étant donatrice dans cet hôpital, nous avons certains privilèges. 

Cela fait 14 Jours que Marion est dans le coma. 

Ses signes vitaux sont normaux, il y a activité cérébrale, mais je ne comprends pas pourquoi elle n’ouvre pas les yeux. 

Je lui raconte des blagues comme elle les aime, je lui parle de nos bébés. 

Je lui dis tous les jours que je l’attendrai pour qu’on choisisse ensemble les prénoms. Elle est si paisible.

Je lui dis aussi, encore et encore, combien je l’aime. 

Aujourd'hui j'ai fais ressortir de ma poche la lettre qu’elle m’avait envoyée par Moktar, je la lui lis et je lui dis mon Oui.

-Réveille toi maintenant, mon amour, je t’ai fait de la peine, je passerai s’il le faut ma vie à me faire pardonner. Je t’aime tellement

Des larmes lui coulaient des yeux

-non mon amour ne pleure pas, plus jamais je ne te ferai de peine ; je t’aime.

 

Marion Beria



J’entends Mike me parler, il pleure. Il y a trop de tristesse.

 J’ai envie de rester avec mon papa car je me sens bien ici. 

Depuis que je me suis assise près de lui je n’arrive plus à me lever pour rejoindre la lumière. La détresse de Mike dans cette chambre d’hôpital me tient aux pieds comme une chaine. Celle de maman et de Federico à  la chapelle de l'hôpital aussi. Les sourates des SANE. Tout ça me paralyse sur place.

Papa me prend le visage entre ses mains et me dit;

-Promet moi de ne pas essayer de me suivre s’il te plait

-non, papa je veux rester avec toi s'il te plait

-il n’est pas encore l’heure pour que je te reçoive ici. Va dire à ma femme que je l’aimerai toujours et que j’attendrai que son heure vienne. Promet moi de pardonner à Mike que tu te mettes avec lui ou pas, et de donner à mes petits enfants un foyer de paix, d'amour et d'harmonie.  Mike ou Federico? L'un ou l'autre saura te rendre heureuse. Ces deux hommes t'aiment d'amour vrai. Une dernière chose ; remercie mon vieil ami Chukwuma et les SANE. Je t’aime ma précieuse. Maintenant lève toi et coure. Vas-y maintenant !!

 

Mike Chukwuma



J’ai l’impression qu’elle vient de serrer mes doigts, j’en suis certain. Mon cœur s’emballe

-mon amour, je suis là, reviens nous je t’en supplie ;

 Là je suis certain de moi, elle me serre les doigts, j’appuie sur l’interrupteur pour appeler de l’aide. Très vite les médecins arrivent. 

Je suis tout de suite mis à l’écart. 

Jamais je n’ai autant prié. J’ai promis sur le coup, de rénover l’église saint Jean de Cotonou, je ne sais pas pourquoi celle là, c’est venu tout seul

Un des médecins m’explique que Marion est au stade de L’éveil qui,  est une phase très courte caractérisée par l’ouverture des yeux et l’installation d’un rythme veille -sommeil qui signe la fin du coma.

Pour rassurant que soit cet éveil il signifie seulement la réapparition des influx activateurs de la substance réticulée du tronc cérébral et non la remise en route du cerveau lui-même ; c’est un préalable indispensable à cette dernière (comme si le disjoncteur était rétabli) mais ce n’est pas obligatoirement la reprise de la conscience (l’allumage des lampes !).

En fait la durée intermédiaire entre l’éveil et la reprise de la conscience dépend énormément de la durée du coma ; si ce dernier a été très court la conscience peut émerger immédiatement après l’éveil témoignant évidemment d’un traumatisme à priori de bon pronostic ; par contre quand le coma a été prolongé l’espace éveil-reprise de conscience est beaucoup plus long, témoignant d’un traumatisme plus grave souvent porteur de séquelles.

Maintenant on doit attendre la phase prise de conscience, dans son cas le délai éveil-reprise de conscience ne sera pas prolongé je l’espère car elle n’a fait que 14 jours dans le coma, cette attente est atrocement angoissante.

J’en profite pour passer un coup de fil à la maison histoire d’informer tout le monde de la situation. Une infirmière me pria de rester un moment encore hors de la chambre.



Marion Beria


J’ouvre tout doucement les yeux, et je vois du monde autour de moi. Je les referme pour les rouvrir. Ce n’est pas ma famille. 

Ils s’agitent autour de moi. J’ai la bouche bizarre, j’ai soif.

J’essaie d’ouvrir la bouche mais aucun son ne sort. J’essaie encore

-soif, soif

Une infirmière m’en donne juste un peu. Et je continue

-Mike ? 

Je crois que le plus vieux des médecins fit signe d’aller le chercher. Il vint me prendre la main. Il pleure encore, décidément ce garçon là m’étais je dis

-mon amour, merci de ne nous avoir pas abandonné.

J’ai passé des tas de tests, des scanners et Dieu merci tout est en ordre.

 Je suis en observation.

Maman est venue. Elle est toute frêle la pauvre. Elle me couvrait de baisers, c’était bon de la revoir. 

Apres maman, c’est Mok qui est venu. Mon frère, il sanglotait sans mot dire, je suppose qu’il est soulagé de me retrouver. 

Oummi récita des surates encore et encore et oncle SANE lui qui n’était pas très démonstratif me prit des ses bras.

 Les parents Chukwuma entrèrent enfin et demandèrent à leur fils qui était toujours là de sortir. Il voulu s’y opposer mais le regard de son père parla ; alors il obtempéra. Ils avaient avec eux mes bébés. A la vue de mes petits trésors je me mis à pleurer

-non ma fille, à moins que ce soient des larmes de joie car Dieu t’a fait la grâce de revenir auprès d’eux

-Merci pour ce merveilleux cadeau (père Chukwuma)

Ils les posèrent sur moi. J’étais heureuse.

-Ma fille

-oui papa

-ne prive pas mon fils de ses enfants ; il regrette tellement ses actes. S’il avait douté, il peut se rassurer parce que ces enfants là sont mon sang. Faut voir mes sœurs là-bas au Nigéria ; elles disent que la femme qui nous a donné ces enfants doit être célébrée comme une reine car ils ressemblent à notre défunts père et son frère jumeaux. Mike a reçu une leçon de vie et nous avec ; Pardonne nous s’il te plait

-je ne vous en ai jamais voulu papa. Merci à vous.

Quand enfin je pus me retrouver seule avec Moktar,

-Dis moi Mok, Federico n’était t’il pas là ?

-Il est là mais je lui ai demandé de se faire discret à cause de Mike

-Mais pourquoi ? C’est mon ami !!!

-Je veux le voir s’il te plait

- calme-toi, je vais le chercher

Quand Mike m’a tourné le dos, il était là. C’est lui qui a engagé Rosario pour qu’elle s’occupe de moi et quand j’avais des envies nocturnes, il avait mis à ma disposition un jeune livreur disponible pour moi 24 H sur 24. Papa a dit qu’il m’aime et que grâce à ses prières pour moi, il fait lever une armée d’anges. Je suis troublée.



LE BONHEUR COMME UN...