Chapitre 1

Write by La Vie d'Ielle

Chapitre 1 : Favor Okafor


( J'aime avant de lire )


** Favor ** 


Ça fait bien quelques jours que je cherche le moyen de me sortir de ce cauchemar que je vis depuis une semaine, pas une semaine pleine mais ça fait quand même une semaine.


Tonton Ogbonna ( s'habillant ) : La donne ne change pas, si tu parle de ce qui se passe entre nous tu te retrouveras sans aide et ton frère mourra comme le légume qu'il est en ce moment à l'hôpital.


Je n'ai même pas la force de lui répondre, je n'ai pas de force. Je suis bien morte intérieurement et personne ne peut m'aider. 


Je le regarde s'habiller et très vite mon imagination prends le dessus. Je l'imagine couché sur ce lit, un couteau dans la poitrine et du sang plein le drap.

Je m'imagine sur lui, tenant ce couteau, le regardant se vider de son sang et admirant comment la vie quitte son corps seconde par seconde. 

Je suis certaine que cette scène serait des plus belles de ma vie depuis la mort de mes parents. 


Mes parents sont morts il y'a six mois lors d'un accident de circulation. Ils sont morts sur le champ mais mon petit frère, Ikena, a pu s'en tirer même si aujourd'hui il est dans un profond coma. Je garde l'espoir qu'un jour il se réveille, ce pourquoi j'interdis aux médecins de le débrancher. Je sens la vie en lui, même s'il ne respire pas de lui-même. Je sens la vie en lui même s'il ne me parle pas ou ne bouge donc non, personne ne va le débrancher. Les gens ne le voient pas mais je sais qu'il est vivant et c'est en silence qu'on se parle lui et moi.


Trois mois après la mort de mes parents, je vivais bien et seule  dans notre maison au village ( Agbado ) mais au quatrième mois, tout a changé. Les parents de mon père sont venu me chasser de la maison disant que c'est celle de leur frère et non de ma '' sorcière '' de mère comme ils ont toujours aimé le dire. Elle est morte pourtant, je ne vois pas encore comment elle peut être sorcière. Donc, ils m'ont demandé de libérer la maison sans toucher à quelque chose hormis mes habits. J'ai essayé de résister mais j'ai très vite baisser les bras sous la pression des coups journaliers que je recevais.


Mon oncle, Tonton Ogbonna un homme riche, a alors accepté de me recevoir chez lui en ville ( Ikoyi, villes où vivent les riches ) et de payer les frais d'hospitalisation de Ikena. Je croyais qu'il le faisait vraiment par amour pour son frère mais je me suis très vite trompée. Depuis deux mois que je vis ici, je suis maltraitée et depuis une semaine, je vis le cauchemar parce que mon oncle abuse de moi chaque soir. J'essaie de le dire à sa femme, tanti Chisom, mais elle ne m'écoute jamais. J'ai même parfois l'impression qu'elle sait mais fait l'ignorante mais ça ne peut être ça, en tant que femme elle ne peut.


Donc voilà, c'est ce que je vis ici. Ménage, cuisine, c'est moi qui fais. Ils ont deux filles, Agudo et Olaedo. Seule Oladeo, qui est uniquement l'enfant de tonton née d'un précédent mariage, m'aide parfois mais Agudo est bien comme sa mère. Dans tout ça, je suis obligée de me taire parce que je n'ai personne chez qui me plaindre, même la police je ne peux pas. Je supporte tout ceci en silence à cause de mon frère car tonton Ogbonna me menace de cesser de payer les frais si j'ose ouvrir ma bouche. Je fais tout alors, sans bouder ou quoi que ce soit mais je sais que Dieu voit tout et va m'aider. 


Tonton Ogbonna ( devant la porte ) : J'espère que tu as bien entendu Favor de toute façon, tu connais les conséquences. 


Je le regarde avec toute la haine du monde, il sourit, satisfait et ferme la porte.

Je me lève immédiatement et vais dans la salle de bain me nettoyer, mon corps est tellement sale.  Quand J'allume le pommeau et que je me laisse aller, les larmes coulent sur mon visage et je sens toute la douleur du monde. Mes parents me manquent, s'ils étaient là tout ceci ne devait pas arriver. On était pourtant si heureux.


Je pense à une seule phrase que m'a toujours dit ma mère '' je serai toujours là pour vous ''.


Moi ( larmes aux yeux ) : Mais où es-tu aujourd'hui maman ? Regarde ce que je vis actuellement, où es-tu ? J'ai besoin de toi, où es-tu ? 


Le pot de crème qui était posé sur le bidet tombe, ce qui me fait sursauter.... Certainement il était mal placé.

Je prends une douche et sors de la salle de bain, il est 2h du matin et je dois me lever à 5h faire le ménage avant que Tanti Chisom ne se lève.


5h00, je me lève.

Je fais ma prière et je vais me brosser les dents. Une fois terminé, je sors de ma chambre et commence mes travaux. Les chambres, je les ferai quand ils iront au travail et à l'école. Je n'apprends plus, j'étais en dernière année de lycée quand ils sont morts et j'ai tout arrêté depuis.

On ne me donne pas d'argent ici car '' habiter ici est déjà un salaire '' , ont-ils dit donc j'àide une dame à vendre des sachets d'eau, des glaces et des cacahuètes chaque jour. Ce qu'elle me donne est peu mais j'ai économisé et comme m'a proposé une amie qui vit en Afrique du Sud, Ruky, je lui envoie les sous et elle me prend des chaussures que je vais vendre ici. L'idée m'a plu donc aujourd'hui je vais aller faire la transaction avec l'aide de Ikemefuna ( copain d'Olaedo ) et d'Olaedo.


6h30, ils sont tous debout.

Ils viennent s'installer à table vu que je l'ai déjà dressée pour le petit-déjeuner. Je dis bonjour et reste debout, attendant qu'elle me demande de m'en aller.


Tanti Chisom ( regardant sa tasse ) : L'eau chaude est où ?


Moi ( debout ) : Dans le thermos Tanti. 


Tanti Chisom : Viens, viens faire ton travail.


Je me précipite mettre l'eau dans sa tasse.


Olaedo ( me regardant ) : Tu ne viens pas manger avec nous Fav ( elle m'appelle ainsi à un lieu de dire Favor ) ?


Agudo ( me toisant ) : Ne vois-tu pas qu'elle est sale? Elle va s'asseoir à la table de qui ? 


Moi ( souriant ) : Non Ola, ça va, je vais manger à la cuisine. 


Agudo ( pouffant ) : C'est là-bas ta place. 


Tanti Chisom : Favor, j'ai des vêtements sales que j'ai déjà trié, il faudra les laver mais pas à la machine cette fois-ci parce que ceux là sont fragiles.


Moi : J'avais prévu aller à l'hôpital un peu tôt aujourd'hui.


Tanti Chisom : Donc tu ne respecte pas ce que je dis?


Moi : Si Tanti.


Tonton Ogbonna ( tonnant ) : Tu iras après la lessive, c'est compris?


Moi ( baissant la tête ) : Oui mon oncle.


Tonton Ogbonna : Tu peux disposer alors.


Je suis allé m'enfermer dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner et mettre les marmites au feu. Je vois Olaedo entrer avec sa tasse et ses biscuits.


Moi ( surprise ) : Mais que fais-tu ici?


Olaedo ( souriant ) : Mais je viens manger avec toi, tu ne peux pas manger ici seule tous les jours.


Moi ( m'asseyant ) : Ne t'inquiète pas pourquoi moi, ça va.


Olaedo : Tant pis, je m'asseois.


Elle s'asseoit et on raconte un peu, on rigole. C'est la seule avec qui je peux me permettre de rire dans cette maison.


Olaedo : N'oublie pas, le téléphone que je t'ai donné ce n'est pas pour orner ta sacoche, tu m'appelle des que tu finis à l'hôpital et on vient te trouver pour qu'on y aille.


Moi : Tu vas laisser les cours? Non, mieux tu me fais signe. Je ne veux pas te causer de problèmes avec tes parents.


Olaedo : Je gère ça et ce que je fais ce n'est pas leur problème donc j'attends ton appel, d'accord ?


Moi : D'accord !


Elle s'est levé pour laver sa tasse.


Moi ( me levant ) : Laisse, je vais faire.


Olaedo : Tu n'es pas ma bonne mais ma sœur donc je peux faire ça moi-même. 


Cette fille est d'une simplicité qui me réchauffe le cœur. Au moins, j'ai quelqu'un avec qui rigoler dans cette grande maison.


Ils sont tous sortis et moi j'ai continué mon ménage et j'ai fait la lessive. Tanti Chisom n'est pas sorti, elle est bien assise au salon devant la télévision. 

J'ai fait la table pour midi comme elle me l'a demandé puis je suis allé m'apprêter pour aller voir mon petit frère. J'ai mis un haut gris et une jupe noire avec le déodorant que m'a donné Ola. J'ai mis l'argent dans la sacoche et je suis sorti de la maison en disant aurevoir à Tanti Chisom. D'abord, je vais faire mon travail puis, direction First Consultant Hospital.


Infirmière ( souriant ) : Vous venez voir votre frère ?


Moi ( lui rendant son sourire ) : Oui oui, je peux y aller ?


Infirmière : Bien sûr, allez-y !


Je suis rentré dans la chambre et comme toujours, je trouve Ikena allongé avec des machines partout dont certaines branchées sur lui. C'est difficile de voir ça mais je viendrai toujours le voir même si j'ai mal. Les médecins n'y croient y plus mais moi si, donc je viendrai.


Moi ( lui faisait un bisous sur le front ) : Coucou Ike, tu vas bien aujourd'hui ? Regarde, je t'ai acheté une voiture en venant car je sais à quel point tu les aime. ( pause ) Je sais que tu m'entends et je t'en prie, il faut te battre. Malgré tes 10 ans, je sais que tu es fort. Il faut te battre et me permettre de revoir enfin ton sourire, de jouer avec toi. Chez tonton Ogbona c'est de pire en pire mais je vais tenir pour toi, je vais être forte jusqu'à ce que tu te réveille et après on va aller vivre très loin d'eux. Sois fort et réveille toi Ike ( la voix tremblante ), réveille toi... ( éclatant en sanglot ) Tu me manque tellement.


J'ai pleuré un bon coup et je me suis assoupie la tête sur son lit, ça me fait du bien de dormir à côté de lui. J'ai souvent l'impression qu'il me touche la tête pour me dire de me calmer et me dire qu'il est toujours là. Je me réveille et envoies un message à Ola qui me dit de rester où je suis. Elle conduit donc, c'est pratique pour elle de se déplacer à n'importe quel moment. Je repose ma tête sur son lit et prie au fond de mon cœur.


** Vers d'autres cieux **


- Je sens que mes enfants souffrent, je le vois mais je ne peux rien faire. Ma belle petite fille, Favor, obligée de se battre et de supporter d'atroces choses pour aider son frère. Ça me fait mal, pourquoi a-t-il fallu que je meurs les sachant si petits ? 

Hier, quand je l'ai vu pleurer dans la douche, j'ai coulé des larmes et j'ai fait tomber ce pot de crème pour lui faire savoir que je serai toujours là même si elle ne me voit pas. J'ai bien envie d'empêcher ce monstre d'approcher et de toucher ma fille mais je ne peux.

Je les regarde, mes deux trésors et je me dis que je suis une mère comblée. A chaque fois qu'elle est ici, je pose ma main sur sa tête afin de lui donner une source se soulagement et ça la soulage d'ailleurs. 

Même s'ils ne me voient pas, je suis toujours auprès d'eux. Tant qu'ils ne seront mas heureux, je ne reposerai jamais en paix. 

Je préfère errer et les voir encore au lieu de disparaître et de les laisser ainsi. Même si je ne peux les aider correctement, je resterai là à essayer. 

Mon mari, je ne le vois pas ici pourtant nous sommes morts le même jour... je ne comprends pas et je ne sais pas où il erre.

Cela m'importe peu car pour l'instant, seuls mes enfants comptent. 

Ah, elle se lève car elle a reçu un message d'Olaedo je pense. C'est la seule amie qu'elle a ici et Dieu merci d'ailleurs. Elle embrasse son frère et lui dit qu'elle sera là demain puis s'en va.


** Favor ** 


Ola m'a dit être là donc je sors.


Moi ( embrassant Ikena ) : Je reviendrai demain Ike, ne relâche pas et sois fort. Je viendrai te voir tous les jours jusqu'à ce que tu te lève. Je t'aime !


Je sors trouver Ola ainsi qu'Ikeme et on fonce dans un point d'envoi. Je ne connais pas donc elle le fait la première fois et je regarde. 

Une fois la transaction faite, on retourne dans la voiture et j'appelle Ruky.


Moi : Ruky, j'ai envoyé les sous comme convenu.


Ruky : OK, je vais consulter et aller récupérer... Dès demain je vais au marché et après demain normalement, je vais t'envoyer ta marchandise. 


Moi : Tu as bien reçu les informations de ma sœur ?


Ruky : Ne t'inquiète pas, j'ai reçu et je ferai comme ça.


Moi : Merci beaucoup Ruky.


Ruky : Mais pas de quoi, c'est normal !


Je raccroche...


Olaedo ( me regardant par le rétroviseur ) : Bon, je t'emmène manger .


Moi ( la regardant ) : Non oh, tu as cours, il faut aller en cours s'il te plait.


Ikemefuna : Tu pense que là, tu vas faire en sorte qu'elle change d'avis? Tu te trompe grave.


Olaedo ( mettant le contact ) : Laisse moi cette blagueuse là... C'est pour te détendre un peu Fav, tu es jeune et il est bon de sortir un peu. Je parie que tu ne connais même pas certains coins.


Moi : I bu nwatakịrị dị egwu ( Tu es un enfant terrible ) ! 


Elle a simplement rigolé, et a démarré. Elle m'a emmené manger dans un coin calme et elle a payé l'addition.

Elle m'a par la suite laissé devant le portail de la maison et avec Ikemefuna, ils sont retourné à l'Université.


Soupir !

Vas falloir encore que je rentre dans cette maison, bonjour mon cauchemar.


Moi ( entrant ) : Bonsoir Tanti, bonsoir tonton.


Tanti Chisom ( regardant son mari ) : Tu vois ce que je t'ai dit non? Elle sort déjà les hommes, j'en suis sûre. 


Tonton Ogbonna ( me foudroyant du regard ) : Où étais-tu Favor ?


Moi : J'étais à l'hôpital tonton.


Tonton Ogbonna : Ah oui? J'ai appelé pourtant et on m'a dit que tu étais partie ça faisait déjà 20 minutes. 


Moi : ...


Tanti Chisom : Ce n'est pas dans ma maison que tu vas venir faire le vagabondage, je te dis déjà.


Tonton Ogbonna : Donc, tu sors sans dire aurevoir et tu rentre en après-midi comme si tu apprenais même ?


Moi : No, j'ai dit à Tanti aurevoir quand je suis sorti et ...


Tanti Chisom ( me coupant ) :  C'est la meilleure, elle insinue désormais que je mens.


Moi : Non tanti, je ne peux jamais dire ça. Je suis désolée !


Tonton Ogbonna : Où étais-tu ? 


Moi : J'étais à l'hôpital et ensuite, je suis allé aider madame Okonkwo  ( la dame que j'aide souvent ).


Tonton Ogbonna : C'est ce qui te donne le droit de rentrer à cette heure Favor ? Tu rentre en retard et tu manque de respect à ma femme en plus.


En retard même c'est quelle heure? A peine l'après-midi commence pourtant.


Moi ( joignant mes mains ) : Non tonton, je ne manque de respect à personne.


Tonton Ogbonna : Vas prendre tes affaires et tu sors, tu prends ton frère et vous dégagez.


Chineke me ( Mon Dieu ) !!! 

C'est quelle histoire encore ? 

Je n'ai rien fait pourtant.


Moi ( me mettant à genou ) : Tanti, désolée si je t'ai manqué de respect. Tonton, désolée d'être rentré à cette heure. Désolée, je vous supplie de m'excuser. Ne me chassez pas, pitié.


Je les ai supplié.

S'ils me chassent je vais où?

S'ils débranchent mon frère, il va mourir.

Je ne peux permettre cela alors je vais le supplier, le prier même s'il le souhaite.

Ba chi mwene ( ce n'est pas un dieu ) !!! Il n'en est pas un mais si c'est nécessaire, je vais le faire.


Tonton Ogbonna : Lève toi! La prochaine fois, que tu refais ça, tu vas sortir d'ici te débrouiller avec ton zombi de frère... Compris?


Moi : Oui tonton!


Tonton Ogbonna : Disparaîs dans ta chambre.


Je me suis exécutée sans demander mon reste et je suis allé dans ma chambre.


Favor Okafor, 22 ans 

Je suis aînée de ma famille décédée suite à un accident de la route et aujourd'hui, je me retrouve orpheline avec mon petit dans le coma. Je suis nigériane et avant la mort tragique de mes parents, nous vivions au village d'Agbado. Aujourd'hui, je vis en ville à Lagos précisément à Ikoyi, partie Est de Lagos.


La mal aimée & l'enf...