Chapitre 1

Write by Auby88

Chanson intro du chapitre 1


"Faty - Totché (mon pays)


Totchémin gnon, a ka toun an ?

Mon pays est bon, le sais-tu ?

Totchémin lé, a ka toun an ?

Mon pays, le connais-tu ?

Kutonou gnon, a ka toun an ?

Cotonou est bon, le sais-tu ?

Totchémin lé, a ka toun an ?

Mon pays, le connais-tu ?


Noudoudou dagbé do tchotchémin.

Il y a de bons mets dans mon pays.

Awadjidjè dagbé do totchémin.

Il y a de la bonne joie dans mon pays.

O Fifa dagbé do totchémin.

Il y a la bonne paix dans mon pays

O Fenou dagbé do totchémin (…)

Il y a de bonnes grâces dans mon pays (…)


Hogbonou gnon, bé a gnouin an

Porto-Novo est bon, le sais-tu ?

Avrankou gnon, a ka gnouin an ?

Avrankou est bon, le sais-tu ?

Djakotomey gnon, a ka gnouin an ?

Djakotomey est bon, le sais-tu ?


Sounou dagbé do totchémin.

Il y a de bons hommes dans mon pays.

O Gnonnou dagbé do totchémin.

Il y a de bonnes femmes dans mon pays.

Bo do O Vi dagbe do totchémin.

Je dis qu'il y a de bons enfants dans mon pays.

Nou da dagbé do totchémin (…)

Il y a de bonnes choses dans mon pays (…)


NB : Les mots en langue fongbé (couramment parlée au Bénin) sont écrits terre à terre pour faciliter leur prononciation éventuelle.


*************

Nadia P. AKLE

- Agoo, Agoo, Agoo ! crie le tireur de pousse-pousse.

Je me dépêche de lui céder le passage.

Ces transporteurs de marchandises sont tellement pressés qu'ils n'hésitent pas à bousculer les passants.

Une fois le tireur de pousse-pousse passé, je reprends mon chemin en gardant fermement mon sac à main. Parce que dans cet imbroglio, ce brouillamini où il y a plein de monde, on ne sait pas toujours qui est qui. Les pickpockets expérimentés, les voleurs sans vergogne, ça grouille par ici.


J'avance de quelques pas à peine quand je suis accostée par deux hommes.

- Bonjour chérie, comment tu vas ? commence l'un.

- Bonjour ma beauté, on dit quoi aujourd'hui ? renchérit l'autre.


Contrairement à ce qu'on peut croire, ce ne sont pas des dragueurs, des voleurs non plus, mais des démarcheurs de friperie. Ils connaissent tous les coins et recoins du marché de Missèbo, le plus grand marché de friperie au Bénin. Il suffit de leur dire ce que tu recherches pour qu'ils t'y conduisent.


- Merci pour votre aide, mais je sais où je vais ! répliqué-je fermement en continuant d'avancer.

Ma réponse ne les décourage pas. Ils me suivent toujours. Il y en a même un qui attrape mon bras.

- Qu'est-ce que​ tu veux acheter ? Dis-moi et je t'emmène là où tu peux trouver ça. 

Je ne dis mot.

- Laisse-le et viens plutôt avec moi ! conteste l'autre. Je connais des vendeurs super ici hein ! Ils vont te vendre des trucs de qualité pour pas cher. Suis-moi !

- Je ne suis pas intéressée !

En parlant, je tente de dégager mon bras. J'y parviens, tant bien que mal, puis je presse mes pas pour me défaire d'eux et de leurs collègues qui voudraient aussi m'approcher.


En matière de tchatche, les démarcheurs sont les rois. En tout cas, je les comprends. Avec la vie d'aujourd'hui dure comme roc là, tu es obligé de te "débrouiller" pour survivre. Eux, ils gagnent leur vie en récupérant des commissions auprès des vendeurs vers lesquels ils vous conduisent.

Au départ, je recourais à leurs services, mais plus maintenant.

La raison est simple : A cause de leurs commissions, on achète des vêtements à des prix beaucoup plus chers que la normale.

Au début, je ne le savais pas jusqu'à ce que Chidi me l'explique. Depuis lors, je ne fais plus confiance aux démarcheurs. Depuis lors, je ne me laisse plus gruger. Depuis lors, je suis devenue une vraie as de la négociation. (Sourire)


Les vendeurs installés de part et d'autre de l'allée principale du marché, m'interpellent en langue fongbé.

- Tata, wa bo (Tata, viens ! )

Ici, tout est tentant, mais je ne veux pas céder. J'ai un budget précis et des vêtements donnés à acheter.


C'est quand même fou tout le pouvoir de persuasion dont les vendeurs font preuve ici, pour que tu achètes, ne serait-ce qu'un vêtement !

Franchement, je les félicite. Affronter les intempéries, marcher à n'en plus finir pour les vendeurs ambulants, parfois pour quelques miettes d'argent. Hmm, la vie ! En tout cas, tout ça forme !


Sur la tête d'une ambulante qui vend des tuniques et camisoles —  qui pendent sur des cintres de fortune —, je remarque une tunique violette aux épaules dénudées. Elle vient de me taper dans l'oeil. J'arrête aussitôt la jeune femme. Avec ces vendeuses, on fait souvent de bonnes affaires avec moins de 1.000 francs CFA pour un haut. Je plie l'habit que j'ai réussi à avoir à 500 francs CFA puis le fourre dans mon sac.


* *

 *

Enfin, je viens d'arriver chez Chidi, mon vendeur préféré. Il est avec une cliente. J'entre sous le hangar qui l'abrite.

Chidi est un igbo, originaire du Nigéria. D'ailleurs, ce sont les Nigérians qui règnent en maître dans le marché.

Chidi s'exprime en anglais nigérian mais aussi en langue fongbé et un peu en français. Il est de teint clair, mais d'un clair trop bizarre pour être naturel. Ce détail importe peu de toutes façons. (Sourire)


Depuis que j'ai rencontré Chidi, grâce à un démarcheur bien sûr, je ne l'ai plus délaissé. C'est chez lui que j'achète en majorité. Et puis, le gars vend un peu de tout pour pas cher. C'est mon avis. Pourquoi irais-je ailleurs ?


- Chéco (forme contractée de Chérie Coco) ! lance-t-il en ma direction en me souriant grandement.

- Bonjour Chidi ! Bonjour madame !

Il libère un petit tabouret qu'il dépose devant deux grands sacs en toile de jute, remplis de vêtements.

- Sit down (Assois-toi). Faut choisir. Je finis avec la cliente et je suis à toi.


Je hoche la tête.

- Il y a beaucoup de nouveautés dans les sacs. Faut tout fouiller. Faut bien fouiller. Si tu trouves pas ce que tu veux, faut voir dans vêtements éparpillés ici.

- Ok, Chidi. Occupe-toi de la dame !


Sur le tabouret un peu bancal, je vais m'asseoir. Il semble fragile, mais mes fesses s'y sont habituées. Et puis si je tombe, je saurai me relever ! (Sourire). D'ailleurs, dans la vie, c'est ça ma devise.

Humm ! Tout est beau. Je ne sais pas quoi garder et quoi laisser ! Nadia, me dis-je intérieurement, n'oublie pas ton budget !


* *
 *

Plus de trente minutes sont passées et je suis encore là à trier. Indécise. En tout cas, chaque fois que je viens à Missèbo, je prends mon temps. Je ne me presse pas. Parce que quand on est pressé, on ne parvient​ pas à faire de bonnes affaires.


- Chéco, c'est bon ?

-Oui Chidi, finis-je par dire. Ce jean, tu me le fais à combien ?

- 4.000 francs CFA !

- Chidi ! C'est moi hein, je te rappelle.

- Tu donnes combien ?

- 1.500 francs CFA.

- Tchié ! Mets un peu dessus ! Manger est dur ici !

- C'est pour cela que moi aussi je fais attention à ma bourse ! Allez, vends moi ça. Et on va continuer la négociation.

- On va faire comment ! Ok. Faut prendre.


Nous poursuivons la négociation.

- Et cette robe ?

- Ça c'est 5.000 francs CFA, dernier prix !

- Chidi ! Ça là, je donne 2.000 francs CFA.

Il arrache aussitôt la robe de mes mains.

- Regarde bien robe-là. Il y a encore étiquette dessus hein ! Ce n'est pas deuxième main !

- Et alors ? Vends-moi ça ! Allez.

- Ya pas moyen, chérie !

- Chidi ! dis-je en lui souriant et tapotant son dos.

- Faut laisser ton parler là. Vous les filles béninoises là, on vous connait. Vous nous blaguez seulement et puis vous nous bouffez bien fata (gratuitement​) !

Je ris sous cape.

- Humm Chidi ! Donc c'est parti jusque là-bas. Pour petite affaire-là, c'est ça tu insultes mes sœurs. Faut pas elles vont t'entendre hein ! Sinon, elles vont toutes te boycotter !

- Est-ce que je mens ? Toi là-même, tu es là, tu roules les yeux devant moi chaque fois-là. Je te drague depuis là. Est ce que tu m'as jamais dit oui ?

- Je t'ai déjà dit que je suis fiancé. Et mon gars, c'est un grand gaillard qui fait deux fois ta taille. Je t'aime trop pour te jeter dans problèmes !

- Hmm. Ok. Et tu n'as même pas une mignonne petite sœur, bien sérieuse ?

- Non, je n'ai juste que des frères géants aussi !

- Donc, toi là, tu es de la famille de Goliath ou quoi ?

- Eh Chidi ! Faut pas insulter mes proches hein !

Je prends un air grave.

- Chéco, faut pas fâcher ! réplique-t-il  en souriant. Je blaguais seulement.

- Ah non ! Je suis fâchée. Si tu veux diminuer mon fâchement kê, vends-moi la robe à 1.500 francs CFA !

- Hmmm ! Femme connaît moyen dêê !  Faut prendre !

- Merci Chidi ! Et ceci, demandé-je en lui montrant un bolero noir ?

- La go, prends tout au prix que tu veux ! Sinon à force de parler, je vais attraper angine fata.

Là, je n'en peux plus. J'éclate de rire. Le gars est trop drôle quoi. C'est vrai que j'exagère un peu avec les prix, mais situation économique du pays oblige. Et puis quelle femme n'aime pas économiser un peu ?


Alors, au fur et à mesure que je lui montre les habits, je lui dis mon prix.

- Houn, faut prendre ! me dit-il à chaque fois.

Son visage passe de l'indifférence à l'incompréhension. A un moment donné, j'ai l'impression que ses yeux voient rouge.

- Non, ça là. 1.000f ! Jamais ! La jupe est en lin vrai vrai ! Koyi (Quand même) ! Dieu te voit hein !

- Hum. C'est petite affaire d'habit là qui est déjà partie au ciel ?

Mon commentaire ne semble pas l'attendrir. Il paraît toujours contrarié.

- Ok, finis-je par dire en acceptant le prix qu'il me propose.

Là, il défroisse la mine.


* *

 *


- Chidi, maintenant qu'on a fini, emballe-moi tout ça. Et ajoute mon "xúnan" (cadeau ).

Il me sourit grandement.

- Ok. Tiens ce bustier blanc. Tu seras swag avec.

- Merci Chidi. Voilà tes sous.

Il prend la peine de compter et de s'assurer que ce ne sont pas de faux billets.

- Hmm, Chidi ! m'exclamé-je.

- Chéco ! Ya pas amitié dans argent hein ! En tout cas, merci beaucoup. Reviens-vite hein ! La prochaine fois, appelle-moi à l'avance. Comme ça, je vais trier jolies nouveautés pour toi.

- Ok. Merci Chidi. A la prochaine !


Voilà comme ça se passe à chaque fois avec Chidi. Je me lève du tabouret et quitte le hangar tandis que d'autres clients y pénètrent.

*******

Des minutes plus tard.

Assise dans l'un des mini-bus qui pullulent ici, les fesses coincées sur la moitié d'un siège normal, je regarde la ville de Cotonou à travers les vitres.

J'aime mon pays, aussi pollué qu'il puisse paraître. C'est peut-être ça aussi le patriotisme ! (Sourire)

Des vendeurs à la sauvette, hommes et femmes, courent entre les voitures et camions —  retenus par les feux tricolores — pour proposer leurs articles. Et ce, au péril de leurs vies.

Le feu passe au vert. Enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! Là, je vois l'un de ces vendeurs ambulants courir à grande vitesse derrière un autre minibus tel Usain Bolt aux Jeux Olympiques, se faufiler prestement entre camions et voitures tel CR7 en train de faire des dribbles sur un terrain de football.


Tout ca pour quoi ? Pour un torchon de 100 francs CFA à peine que le chauffeur a pris chez lui, mais n'a pas eu le temps de payer quand le feu tricolore est passé au vert.


Hmm ! La vie ! murmuré-je intérieurement en inspirant profondément. En réalité, j'inspire oui mais pas profondément hein pour ne pas aspirer toute l'odeur nauséabonde qui se dégage du passager près de moi. En tout cas, personne ne m'a contrainte à monter dans un minibus. Alors je n'ai pas à me plaindre.


A nouveau je plonge dans mes pensées, pour tuer le temps. Tuer le temps ? Hahaha ! Quelle expression ! Mais à vrai dire entre le temps et nous, qui tue qui ?

Tout cela me rappelle la citation d'un certain Emil Cioran, je crois bien :

Ma mission est de tuer le temps et la sienne de me tuer à son tour. On est tout à fait l'aise entre assassins.”
N'est-ce pas ? (Sourire)


C'est ainsi que je plonge tout le temps dans mes réflexions telle une philosophe, que j'observe tout autour de moi. C'est aussi de là que je puise mon inspiration. Oui, j'écris. J'écris des chroniques que je publie sur une plateforme littéraire. J'écris pour exister. J'écris pour me sentir vivante. J'écris pour me sentir importante. J'écris aussi pour oublier mes peines, pour m'envoler dans un monde imaginaire plus beau ou plus juste que celui dans lequel je vis. Je crée des personnages qui sont 20% de moi, 30% des autres et 50% de mon imagination souvent débordante. Actuellement, c'est l'histoire de ma vie que j'écris et publie en ligne.


Une forte secousse me ramène à la réalité. Le chauffeur vient de s'arrêter brusquement. Pourquoi ? Parce qu'il veut prendre un passager. Pitoyable, n'est-ce pas ?

Ces chauffeurs, pour la plupart jeunes, conduisent mal, souvent trop vite et font des dépassements que je juge dangereux. Pourtant aussi paradoxal que cela puisse paraître, moi et des milliers de compatriotes empruntons quotidiennement ce moyen de transport, misant notre précieuse vie pour 250 francs CFA, le tarif moyen Cotonou-Calavi.


********

Abomey-Calavi, devant la mairie. Voilà mon terminus. Je saute du bus pour atterrir devant maman Evivi. Pas "sauter" littéralement dêê !


Maman Evivi (C'est doux), je l'adore trop quoi ! Cette dame est naturellement courtoise et accueillante. Naturellement, j'insiste là-dessus. Elle ne fait du tout pas semblant.

Nous débutons un dialogue en fongbé qui, transcrit, donne à peu près ceci.

- Tantie Jolie, Gnin ton ! Kwabo.

- Nin mi fon gbon ? Mi sa kpèdé a ?

- Oun do kpè. Djidjan yi ! Tègbè ton djin wè a tché ?

- È.


Traduit en français, ça donne approximativement ceci :

- Tantie jolie ! Bonne arrivée !

- Comment allez-vous ce matin ? Vous avez un peu vendu ?

- Je rends grâce. Assois-toi. C'est comme d'habitude, n'est-ce pas ?


Par "comme d'habitude", maman Evivi fait référence au Come, un mets typiquement togolais ou ghanéen qu'on aime bien manger au Bénin. Tout le monde ne le réussit pas bien ici, mais maman Evivi oui. Contrairement à d'autres, son come n'est jamais aigre et son piment authentique comme là- bas.


* *

 *

Ventre bien plein, je lave mes mains et vide d'un trait un sachet de Pure Water bien frais. Oui cette eau est loin d'être hygiénique, je le sais, mais c'est économique pour moi. Ça ne coûte que 25 francs CFA. Et puis les chichis en matière de nourriture, c'est pas mon fort. J'aime les choses simples.

J'aime la bonne bouffe, la vraie bouffe africaine avec plein d'épices qui, une fois sur ta langue, te piquent tellement que tu es bien consciente d'être en vie.

En tout cas, chaque fin de semaine, je fais du sport. Je me fais aussi une detox au citron, même si chez moi agrumes et piment fort réveillent mes brûlures gastriques. Mais je ne peux pas m'en passer. Je prends, ça brûle. Après, je cours boire un pansement gastrique. (Sourire)


A présent que je me sens revigorée, je prends mon sac, prête à continuer ma route. Ma maison n'est pas bien loin, mais j'hésite à marcher aujourd'hui. J'ai une moto, mais je l'ai récemment garée pour raison de pannes incessantes. Ça fait pourtant un an à peine que je l'ai acquise.


Le soleil est trop fort à l'heure-ci. Même les mèches brésiliennes sur ma tête ne l'empêchent pas de me chauffer oh !

Je porte des mèches brésiliennes de 100.000 francs CFA au moins et pourtant je prends transport risqué de 250 francs CFA, je mange au bord de la voie sous une vieille paillotte et parfois à crédit pour 400 francs CFA au plus ! Paradoxal ! Bizarre ! Incompréhensible ! N'est-ce pas ? Oui, mais je ne fais rien au hasard. Tout chez moi est calculé.


Bon, finalement, je prendrai un Zemidjan (taxi-moto) pour rentrer. Zem (forme contractée de Zemidjan), un mal pourtant nécessaire ! Qui l'a dit, je ne sais plus.


Ici à Cotonou, j'ai eu affaire à tous les types de Zem dont l'accro aux boissons dopantes qui se prend pour Michael Schumacher en plein championnat du monde de Formule 1 ; le négligé qui empeste tellement la sueur qu'on peut être prise pour une femme enceinte à force d'avoir des nausées ; le critiqueur qui se plaint de tout, insulte les mères des passants pour un rien et ne connaît même pas le sens du mot courtoisie.


En tout cas, pour les zem amateurs de Formule 1 et qui ne vous écoutent pas quand vous leur demandez de ralentir, j'ai ma petite astuce. Comme lui est pressé d'aller régler ses comptes avec Dieu et moi pas, j'orchestre un petit stratagème. Je laisse tomber quelque chose par terre et insiste pour qu'on s'arrête. Là, je descends et paie l'équivalent de ce que je lui dois pour la distance parcourue, en prenant soin d'en extraire mes dommages-intérêts. (Sourire). Ensuite, je continue mon chemin sans écouter ses plaintes.



ÂMES SOLITAIRES