Chapitre 1

Write by Mayei

Chapitre 1 



...Morelle Desoto...


Lyly : aïe !! Vas-y doucement toi aussi !


Moi : mais je fais déjà doucement. Je ne peux pas faire moins que ça. Tais-toi et supporte !


Lyly : hummm


Nous étions dans ma douche, Lyly assise sur le rebord de la baignoire et moi debout près d’elle. Il y avait près de moi un sceau rempli d’eau chaude dans laquelle je trempais la serviette de temps à autre. La bastonnade de papa nous avait laissé des séquelles d’autant plus que nous étions claires de peau. Je massais donc le dos de ma sœur pour atténuer ses douleurs. Elle l’avait fait avec moi et maintenant c’était à mon tour de lui rendre la pareille. Monsieur Desoto n’y était pas allé de main morte. Il s’était déchaîné sur nous comme la tempête qui s’abattait sur un bateau de pirates. Souvent je me demandais s’il était vraiment notre père ! On ne pouvait pas cogner ses enfants comme ça. Bien que ce ne fusse pas la première fois, nous ne nous y habituons pas du tout. 


Moi : voilà c’est terminé 


Lyly : merci Momo ! tu ne penses pas qu’il faudrait une femme à papa ?


Moi : qu’est-ce que tu vas chercher encore ?


Lyly : c’est vrai pourtant ! S’il a une femme, il sera tellement absorbé par sa relation qu’il nous laissera en paix un peu. 


Moi : qu’est-ce qui te donne cette assurance ma chère ? 


Lyly : nous devons lancer l’opération « trouver une femme pour papa »


Moi : et comment nous la trouverons cette femme ? Tu oublies que dehors et nous ça fait deux ?


Lyly (regard enjouée) : qui te parle de dehors ? La femme parfaite est ici même...


Moi/Lyly : maman Françoise ! 


Maman Françoise ? Lorsque j’arrivais dans cette maison, à l’âge de cinq ans, Lyly y était déjà mais aussi maman Françoise. C’était elle qui m’avait bercé cette nuit-là quand je pleurais constamment du fait d’avoir été séparée de ma mère. Durant une semaine pleine, elle dormait avec moi et s’occupait de moi à la perfection. Elle avait remplacé un tant soit peu la présence de ma mère et jusqu’aujourd’hui elle le faisait encore. Maman Françoise était la gouvernante de la maison mais les personnes dehors penseraient qu’elle faisait partie de cette famille. Elle ne mettait pas d’uniforme. Elle nous prenait comme ses filles, s’assurait que nous allions bien, nous repassait nos vêtements chaque soir pour le lendemain. C’était un cœur en gros. 


Sauf que nous avions capté ses regards lorsque papa était dans les parages. Elle pensait sûrement que nous ne la regardions pas mais elle bavait littéralement sur lui lorsqu’il faisait le sport dans la cour. Monsieur Desoto du haut de ses 45 ans était toujours aussi frais comme on le dit, bien sûr avec les tablettes. Ce monsieur prenait tellement bien soin de lui, la couronne toujours bien taillée, les cheveux mélangés à du gris donnant une couleur poivrée. Il assumait ses cheveux gris, jamais je ne l’avais vu utiliser de la teinture. Il était tellement beau et il le savait. 


Au fond mon style de mec physiquement était semblable à celui de mon père. Je souhaiterais tout juste que mon type à moi n’ait pas le même comportement. Alors un homme aussi beau que mon père, comment maman Françoise ne serait-elle pas touchée ? Maman Françoise avait trente-trois ans. J’avais rarement vu une femme avec un teint noir aussi beau que celui de maman Françoise. Elle était tellement belle et douce. Elle avait une poitrine imposante...j’aimais bien me coucher dessus lorsque j’étais plus petite. D’ailleurs même maintenant je la fatiguais en la touchant quand je le pouvais. Elle me grondait toujours mais gentiment. Ça ne serait pas une mauvaise idée d’arranger le coup entre eux. Une belle-mère comme maman Françoise ferrait bien l’affaire. Elle s’était absentée pour son week-end mais ne tarderait pas à rentrer. Elle arrivait toujours aux alentours de seize heures. 


... ... ...


Je souriais en répondant au message de Franck ! Il était toujours en train de me faire sourire celui-là. Soudain je sentis la poignée de la porte se baisser. Je glissais aussitôt mon téléphone sous mon oreiller et le temps pour moi d’atteindre mon livre posé sur la table, je glissais sur le tapis posé là en plein milieu. C’était de tout mon long que je me retrouvais à même le sol, levant la tête et rencontrant les yeux de maman Françoise.


Maman Françoise : mais attention Morelle !


Moi (riant) : oh tu es arrivée ? Je pensais que c’était papa ! 


M.F : vous êtes folles ! Arrêtez d’embêter le pauvre monsieur, vous finirez par lui donner plus de cheveux blancs même s’il n’en a déjà. 


Vous voyez quand je vous disais qu’elle était totalement amoureuse de lui ! Un monsieur qui nous rendait l’existence aussi difficile et elle trouvait que nous lui donnions les cheveux blancs. Elle était venue vérifier que nous allions bien puisqu’elle ne nous avait pas trouvées en bas lorsqu’elle arrivait. Leslie nous rejoignit et l’on lui montrait les cicatrices que la ceinture de notre cher père avait laissé sur nos corps. 


Leslie : on voulait juste sortir un peu...on perdra un jour la tête à force de rester enfermées ici. Je suis sûre que pépé ne l’enfermait pas autant 


M.F : je vous conseillerai en tout cas de vous faire petites pour le moment jusqu’à ce que cette histoire passe. Vous le connaissez ! 


Moi : au fait maman Françoise (regardant Leslie) nous avons une question pour toi 


M.F : je vous écoute !


Moi : as-tu un copain ?


M.F : quoi ?


Leslie : un fiancé peut-être ? 


M.F (levant les mains au ciel) : qu’est-ce que ces petites vont encore chercher ? Vous savez quoi ? C’est une question trop personnelle. Je garde donc la réponse pour moi.


Leslie : quelle chic manière de sous-entendre qu’il n’y a personne.


Moi (riant) : n’est-ce pas !


M.F : si je reste ici vous allez m’embobiner. Je vais superviser la nourriture de ce soir.


[… … …]


Je rentrais après une dure journée de travail ! Comment ne pas être fatigué alors que la nuit était si bien avancée ? Il était exactement quatre heures du matin lorsque je passais ma clé dans la serrure de la porte de mon appartement. Je me débrouillais comme on le dit dans ce pays qui n’était pas le mien. Dieu seul savait tout l’espoir que j’avais trimbalé avec moi dans ma valise après avoir atterrit à l’aéroport JFK de New-York. J’avais imaginé ma vie tout autrement. Doté d’un master en banques j’avais perçu ce pays comme un eldorado. Le pays de l’oncle Sam, ce pays là où il était tellement plus facile de réussir. Seulement la réalité m’avait très vite rattrapée. J’étais venu ici avec un visa touriste, ne voulant plus retourner je m’inscrivis dans un « community college » pour suivre les cours. Les études coûtaient la peau des fesses dans ce pays, sans compter les appartements qui n’étaient même pas grands de plus. De fil en aiguilles, je me classais maintenant dans la catégorie des Unlawful immigrant comme on le dit souvent.


Heureusement pour moi que le marché noir existait. J’avais ainsi pu obtenir un numéro de sécurité sociale, que je pouvais utiliser à ma guise. Même s’il était faux cela me permettait de travailler et éviter pas mal de questions. Les control étaient effectués rarement. Tant que je ne me faisais pas prendre, tout marchait pour moi. Je cumulais deux emplois à mi-temps. Lundi mardi et mercredi je bossais dans une usine qui était spécialisée dans la mise en boite de tampons féminins de quinze heures à trois heures du matin et le jeudi vendredi dans un supermarché de la place. Le week-end je me transformais en livreur, chauffeur de taxi avec des application comme Uber, Lift ou Doors dash. Lorsque les clients se faisaient rares je livrais les colis de Amazon. Tous ces petits topos pour avoir plus de sous. C’était épuisant pour une seule personne. Le comble était que tout ce qu’on gagnait partait dans les factures.


Bien souvent, m’étais demandé ce qu’il adviendrait si je rentrais chez moi maintenant ! J’étais arrivé dans ce pays lorsque j’avais vingt-trois ans maintenant j’en ai trente. Sept années s’étaient écoulées et ma situation n’avait guère évoluée. Je trimais toujours pour finir les fins de moi. J’avais envie de tout claquer mais cette honte qui m’habitait ne me quittait point. Allais je arriver comme ça à Abidjan avec aucune réalisation ? même pas une brique ou un terrain quelque part dans mon pays ! Serais-je en mesure de trouver un emploi qui me donnerait ce que je gagnais ici avec ces petits boulots ? Toutes ces questions restaient sans réponses. 


  • - Tu dois être drôlement fatigué pour rester là contre la porte ! Me fait remarquer Alice.

Alice était une compatriote et aussi ma petite amie. Nous vivons ensemble et partageons de façons égale les charges de la maison. Vivre seul à new York est une mission suicide. Il arrivait que tu trouves une simple chambre qui couterait plus de $600 par mois. Autant vivre à deux et réduire les dépenses. 


Moi : figure-toi que je ne vois même plus clair 


Alice : cette usine abuse de toi ! Travailler douze heures d’affilée pour le salaire minimum, $9.70 c’est tout de même méchant !


Moi : que veux-tu ? C’est leur pays après tout 


C’était comme ça ici ! Je dirai sans réserve qu’on s’occupait des Américains blancs d’abord ensuite les noirs puis les étrangers. Nous africains étions relégués au dernier plan. Seuls quelques-uns, pour la plupart très chanceux, arrivaient à s’en sortir avec les postes gratifiants. Sinon les agents de sécurité il y en avait plein, les employés d’usine comme moi aussi, certains travaillaient à l’aéroport dans le nettoyage et les femmes elles étaient reconnues pour la restauration, la tresse et j’en passe. Des métiers qui payaient bien plus ici qu’Abidjan ou tout autre pays africains. Une colère sourde m’animait quand je pensais que ces étrangers-là étaient si bien traités dans mon pays...on leur donnait tous sur des plateaux d’argent. D’une part ce n’est pas de leur faute mais celle de nos dirigeants. Si je voulais penser à cette histoire maintenant, grand serait le risque que je ne ferme pas les yeux le reste de la nuit.


Je pris une douche rapide avant de rejoindre la seule chambre de cet appartement. Je n’avais pas très faim. Je me glissais sous les draps et frottais mon corps à celui de Alice. Alice était femme de ménage dans un hôtel de la place. Elle se faisait $14 de l’heure. C’était déjà ça. Nous étions tous ici à l’aventure. Heureusement que les control de rue ne se faisaient pas comme en Europe. Tant que tu n’avais pas de soucis avec la police ou toute autre institution juridique, l’on pouvait dormir tranquille. Alice était belle et plutôt calme. Cela ne l’empêchait pas d’être une battante. 


Demain étant jeudi, j’ai assez de temps pour dormir et me réveiller à midi. Mon équipe montait à treize heures pour finir à vingt et une heure. Le supermarché ne se trouvait pas très loin de la maison. C’était avec mon ami Précieux, un congolais, que nous marchions jusqu’à l’arrêt du bus et à seulement cinq minutes nous étions déjà arrivés. Contrairement à moi, précieux lui, avait déjà ses papiers. Il s’était marié à une américaine et une fois ses papiers en ordre avait demandé le divorce. Beaucoup le font ici ! certains vont jusqu’à payer ces nationaux là pour de faux mariages. 


Le lendemain à mon réveil Alice était déjà partie pour son boulot. Elle m’avait laissé un message concernant la nourriture qu’elle avait mis au frigidaire pour moi. J’allais réchauffer tout ça au micro-onde dans le break room et me remplir l’estomac. En attendant j’avalais vite fait des fruits et sortis de la maison en bouclant à double tour. Précieux m’attendait déjà. 


Précieux : man how are You ? Depuis je t’attends la ! 


Moi : j’étais vraiment cassé hein mais je suis à l’heure on ne ratera pas le bus. 


Précieux : on a intérêt à se dépêcher. J’espère que ce n’est pas ce chauffeur raciste qu’on aura ce matin. Il risque de ne pas s’arrêter s’il n’y a que nous à l’arrêt. 


Moi : tu ne trouves pas que tu abuses ?


Précieux : d’accord attends un peu d’expérimenter comme moi. 


Nous marchions dans la bonne humeur jusqu’à l’arrêt et le bus ne tarda pas à se présenter. Nous arrivions à l’heure au boulot. Nous n’avions pas trop le choix. Ici tout fonctionnait avec le système d’heures. Plus tu étais en retard moins tu te faisais d’argent. Lorsque l’on était bien trop en retard, il arrivait qu’on te renvoie à la maison et l’on perdait toute une journée d’argent. En arrivant, j’avais vu le camion stationner. On allait encore travailler durement. 


Nous voilà donc en train de décharger ce gros camion de toutes les privions. C’était très éprouvant et lent étant donné l’assistant du manager devait scanner tout ce qui sortait un par un. Il s’agissait d’une grande surface et parfois nous pouvions avoir plus de cinq cents cartons à décharger. Je détestais par-dessus tout, les packs d’eau. J’avais fini par avoir des muscles sans même aller à la gym. 


Ce fut avec plaisir que cette pause, je l’accueillais. Je me ruais sur le plat de Alice. Elle préparait divinement bon. C’était des haricots avec de la bonne viande. Même si j’allais être un peu au ralenti après avoir mangé tout ça, je me jetais quand même. Il me restait vingt-cinq minutes de pause. 


Précieux : au fait j’ai un circuit pour toi !


Moi : circuit ? Pour moi ?


Précieux : j’ai parlé de toi à une bonne petite qui vient d’arriver du pays...


Moi (le coupant) : pourquoi faire ça alors que tu sais pertinemment que je suis avec Alice ?


Précieux : Bro laisse-moi parler au moins ! La petite est arrivée avec la Green card directement et ses parents au pays sont riches. J’ai directement pensé à toi. Tu as déjà les diplômes avec la Green card tu quitteras tous ces petits boulots là que nous faisons. 


Moi : hummm


Précieux : il n’y a pas de quoi réfléchir ! La solution est déjà là. Alice t’apporte quoi ? Vous êtes tous deux illégaux dans le pays des gens. Comment vous avancez ? Réfléchis mon frère. Divine c’est ta chance même.


Moi : divine ?


Précieux : c’est le prénom de la fille 


Moi : hum retournons au boulot la pause est finie 


Précieux et des idées ! Fort était de reconnaître que tout partait d’une bonne intention. Ne nous voilons pas la face cette Divine, sans que je ne la connaisse, pourrait m’être d’une grande utilité. Cependant qu’allais-je dire à Alice, qui ne m’avait rien fait en plus. Au contraire elle était à mes petits soins et je l’aimais tellement. Néanmoins il fallait considérer notre situation actuelle. Nous ne pouvons point quitter le pays au risque de ne point revenir ici ! L’argent pour le mariage on fait comment ? Même si nous voulions avoir des enfants. Tout est vraiment difficile. Je rangeais dans un compartiment de mon cerveau cette information que précieux venait de me donner même si je ne savais pas encore comment l’utiliser. 


Ah Kévin Kébé ! Quelle vie !


...Luna Tahi...


Je relevais mon long tissage en une queue de cheval. Je n’étais pas trop habillée aujourd’hui ; juste un pantalon et une chemise à rayures bleues et blanches. J’avais les chaussures à mes pieds qui allaient de pair avec ma chemise et un sac de la marque Prada de couleur blanche. Je choisis des lunettes de soleils immenses de la même marque. Avant de les poser sur le visage, je m’admirais dans le miroir et souriais. Il n’y avait pas meilleure sensation que de se sentir belle soit même. Je n’attendais personne avant de m’apprécier. Je me validais moi-même. Je ne savais belle. Pas besoin de produits dégradants car pour moi être belle ne signifiait pas que je devais absolument être claire ou transparente. J’avais un teint noir très propres qui faisait même pâlir ces filles métisses de la ville. 


J’avais un visage ovale, de grands yeux noirs qui généralement traduisaient mes états d’âme. Je m’en servais beaucoup pour communiquer. Ma bouche pulpeuse m’avait sortie de pas mal d’embrouilles car je savais parfaitement en jouer. Les mots ! Ça me connaissait. Pour ce qui était de mon physique, rien d’exagéré mais plutôt harmonieux. Une poitrine moyenne qui allait parfaitement avec mon ventre plat et mes hanches déployées. Mon fessier, lui était rebondi et très ferme. Il n’y avait pas de quoi me plaindre du côté de ma taille car mon un mètre et soixante-dix centimètres me convenait parfaitement. 


Je m’aspergeais de parfum et avançais vers le balcon de ma chambre. C’est mon endroit préféré car de là j’avais une vue parfaite sur la piscine placée dans mon beau jardin. Le jardinier était passé un peu plus tôt. Je m’assurais donc qu’il avait bien fait son travail. Pour mériter un salaire il fallait tout de même être à la hauteur de mes attentes. A ce que je voyais, il avait relevé le défi.  


Je laissais les instructions à la fille de ménage puis signifiais à mon chauffeur que je n’aurais pas besoin de lui aujourd’hui. J’allais chez ma mère et souhaitais éviter le maximum de questions embarrassantes. J’avais donc conduit jusqu’à chez elle ou du moins jusqu’à chez son mari. J’ai garé plutôt loin pour ne pas qu’il se rende compte que je suis chez lui si jamais il rentrait du boulot. J’aurais au moins le temps de me cacher quelque part après avoir entendu le klaxon de sa voiture. Je rentrais après que la servante m’ait ouvert la porte. Rien n’avait changé pour ne pas dire que tout vieillissait. Je m’assis attendant que ma mère se montre. 


Viviane N’ponon épouse Ahizi était une très belle femme. Je la remercie d’ailleurs puisque c’était grâce à elle que j’étais aussi belle. Nos relations ne s’étaient pas entachées malgré le fait que son mari et sa famille me tiennent en horreur. Ils n’avaient jamais accepté sur leur fils épouse une femme ayant déjà un enfant. Cependant leur degré l’hypocrisie était tellement élevé. Il avait fallu que je passe par hasard dans le couloir et entende la grand-mère et sa fille me cassant du sucre sur le dos. Sinon en dehors de ça je n’aurais jamais pu imaginer toute cette haine qui se cachait derrière les sourires et les accolades. Ma mère arriva enfin et je quittais mes pensées. 


Maman : oh ma chérie tu es toute belle ! 


Moi (souriant) : toi aussi ! Et les autres ?


Maman : à l’école 


Moi : ah c’est vrai...


Maman : on te sert quelque chose à boire ? 


Moi : ne t’inquiète pas ! Je viens de la maison comme ça et le soleil ne m’a pas tellement chicotée. 


Je fouillais dans mon sac et sortis l’enveloppe ! C’est pour ça que j’étais là. Elle avait besoin d’argent pour ravitailler son magasin. Le temps passait et la remarque était que les reins de monsieur Ahizi n’étaient plus aussi solides financièrement. Cet argent pour lequel il était si fier disparaissait peu à peu. Cet argent pour lequel il était si adulé et personne ne pouvait aller contre lui. L’on ne priait pas afin que quelconque mal n’arrive à son prochain mais pour voir la vie de ce monsieur dégringoler, j’étais prête à assumer le feu de l’enfer.


Je comptais bien les billets pour être sûr que le compte y soit. 


Maman : merci beaucoup ma lune ! Dès que je liquide tout, je te rembourserai. Ne te fâche pas même si c’est en plusieurs temps. 


Moi : me fâcher ? Maman prend cet argent et ne cherche pas à me rembourser. C’est pour toi.


Maman : hum ! J’avais même demandé à ton papa (son mari, je détestais lorsqu’elle parlait de lui en ce terme) mais il est tellement préoccupé dans les missions et tout que c’est complètement sorti de sa tête. 


Je faisais celle qui croyait. Comme toute femme, ma mère protégeait son foyer, son mari. Elle ne devait donc pas étaler la faiblesse de son mari. Personne ne devait savoir que même pour payer la scolarité de mes frères et sœurs je devais passer derrière. Je me souvenais encore comment Joëlle, ma sœur, qui était en classe de terminale m’avait appelée un matin, en pleurs, afin que je puisse régler sa scolarité au risque qu’elle ne puisse avoir accès à sa convocation pour l’examen. Ça, ma mère ne le savait pas. Peut-être qu’elle pensait que la scolarité s’était réglée toute seule par magie. Alors que je pensais à tout ça, l’on sonna à la porte, ce qui me fit sursauter. 


Moi (regardant maman) : j’espère que ce n’est pas ton mari !


Maman : il est en mission actuellement ! Ça doit sûrement être Joëlle ou Tamara qui rentrent de l’école 


Moi (me méfiant quand même) : ok 


La servante passa près de nous en courant pour atteindre le portail. Lorsque la personne se montra dans la cour, je compris immédiatement pourquoi j’étais méfiante. Je ne pouvais point me cacher car elle approchait avec son large sourie. Si je ne la connaissais pas j’aurais juré qu’elle était sincère. Seulement Elizabeth était tout aussi hypocrite que sa mère. Je savais déjà que ma visite allait tomber dans les oreilles de monsieur Ahizi. Elle traînait avec elle un sac de voyage comme toujours. Il fallait toujours qu’elle assiège le foyer de son frère. Personne ne pouvait parler au risque de se mettre le frère en question à dos. Heureusement que je n’étais plus dans cette maison pour supporter tout ça ! 


Elizabeth : mais qui voilà ? La belle Luna ! 


Moi (souriant) : tantine Eliza comment tu vas ? 


Eliza : oh tu es grande maintenant appelle moi tout simplement Eliza. Oh regarde comment tu es belle et poncée il faut que tu me donnes ton secret hein. Regarde comment ta tante est toute fatiguée (À maman) ma belle comment tu vas ?


Maman ; je vais bien merci ! Tu as fait bon voyage ? 


Eliza (s’asseyant) : oh avec les routes là c’est difficile. L’essentiel c’est que je sois arrivée 


Maman : bonne arrivée alors 


Eliza : merci ! Je suis contente de te voir Luna ça faisait tellement longtemps. Tu travailles où maintenant ? 

Moi : je fais mes propres affaires ! 


Eliza : ah c’est bien ! Il ne faut pas faire comme ces filles qui sortent avec les maris des autres ou les files que les hommes entretiennent là. Surtout qu’il y a un nouveau phénomène, un genre de prostitution qui ne dit pas son nom-la. C’est bien de travailler comme une grande. Puis l’entreprenariat n’est pas très mal puisque dans les bureaux on demande des diplômes et tout. 


Je voyais toute l’ironie dans sa façon de parler. 


Moi : et ton mari Tantine il va bien ? 


Eliza (serrant la mine) : je ne suis pas encore mariée...mais ça ne saurait tarder.


Moi : c’est bien il faut continuer à prendre ton temps. L’essentiel est de trouver le bon qui t’aimera avec tes deux enfants. C’est le plus important. Ce n’est pas la course même si Tamara risque de se marier avant.


Je vis ma mère étouffer un rire de moquerie alors que Eliza avait commencé à enfler d’énervement. Elle pensait être la seule à détenir le monopole de la foutaise ? C’était mal me connaître. Heureusement pour elle que maman soit la sinon je lui aurais sorti pire que ça. Une sorcière comme ça. Tu as deux enfants dont les pères étaient très bien mariés et tu oses venir faire la morale aux gens comme si tu étais une sainte. J’en profitais pour demander la route et m’en aller de cette maison. C’est trop éprouvant de devoir tolérer ce genre de personnes. Voilà pourquoi j’aimais bien m’isoler dans ma forteresse. Là-bas au moins personne ne me dérangeait. 


...Elizabeth Ahizi...


Je n’en revenais toujours pas ! Cette fille encore dans cette maison ! Je pensais pourtant que mon frère avait été très clair. Si maman entendait ça, elle piquerait sûrement une crise. Ce n’est pas possible. Combien de fois n’avions-nous pas parlé à Sylvain ? Prendre une femme qui a déjà un enfant ! Une femme qu’un homme a visitée jusqu’à lui faire un enfant. Même si cet homme était sous terre, il n’en demeurait pas moins de la souillure. 


Mais les hommes sont tellement têtus. Il avait fallu que lui-même s’en rende compte avant de taper du poing. C’était elle-même qui avait décidé de s’en aller de cette maison. Comme elle couchait maintenant avec les hommes mariés, elle pensait être arrivée. Elle pensait peut-être qu’on n’entendait pas parler de ses frasques. Une jeune fille de vingt-six ans qui selon elle gérait ses propres business, qu’on ne voyait même pas, qui avait une si grande maison et de nombreuses voitures que même ses parents ne possédaient pas ! Ne nous voilons pas la face. Nous savons tous ce qu’elle fait pour avoir un train de vie pareil. 


Il fallait que j’appelle mon frère ! Je l’ai bipé afin qu’il me rappelle. Je n’avais pas assez de crédit ! 


Moi (décrochant) : allo sylvain !


Sylvain : Eliza comment tu vas ?


Moi : je vais bien oh ! Je suis chez toi comme ça mais on m’a dit que tu es en mission. 


Sylvain : oh je suis chez Betty ! J’ai fait croire à Viviane que je suis en mission là. 


Moi : ah ok ! Et ça grossesse comment ça va ?


Sylvain : tout se passe bien. Mais je sens la préoccupation dans ta voix là ! 


Moi : comment ne vais-je pas être préoccupée ? J’arrive chez toi et je tombe sur la fille de ta femme Luna bien installée. 

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