Chapitre 1

Write by Annabelle Sara

                             C’était un lundi comme les autres, Léon se réveillait avec une bonne heure de retard sur son programme journalier, merci à la cuite du dimanche soir. Lui qui en générale esquivait les invitations du dimanche soir s’était retrouvé avec des amis en train d’abattre non pas une mais deux cuvettes de bière dans un snack-bar de son quartier.
D’ailleurs un de ses potes lui avait confié que sachant qu’il ne se déplacerait pas pour les retrouver, ils avaient décidé de ramener la fête chez lui.
C’est donc avec le crane en feu u »il se réveillait en sursaut ce matin.
Mais comme tous les jeunes de cette génération hyperconnectée la première chose que Léon faisait lorsque ses pieds touchent le sol le matin, c’est de se rendre aux WC, avec son téléphone.
On doit l’admettre, 6 heure c’est l’heure de la revue de presse version réseaux sociaux. Il faut vérifier ses messages sur WhatsApp et répondre aux sollicitations les plus urgentes tant qu’il ne s’agit pas de donner de l’argent à quelqu’un, parce ce que croyez-moi il y a toujours un ou plus souvent une illuminée qui va envoyer un Voice à minuit pour vous taxer de l’argent. Oui, Leon a des petites sœurs très inspirées.
Après les messages, il faut parcourir les différents statuts on ne sait jamais sur quelle dernière info on peut tomber ensuite aller faire un tour sur les réseaux.
En parcourant son fil d’actualité sur Facebook Léon pouvais se transporter dans l’univers parallèle que les camerounais avaient au fil du temps réussi à normaliser. Il faut reconnaitre que si Zuckerberg n’avait pas créé cette application pour meubler les vies de certains, les brasseries du Cameroun ne serait surement pas le premier dealer de ce pays. Il serait le seul légale mais sa part de marché dans l’industrie des stupéfiants serait bien faible.
Léon faisait défiler les publications sur son écran lorsqu’une image attira son attention. Lui qui régulièrement tenait une rubrique faits divers et divertissement dans un groupe très populaire de la toile, n’était pas un grand fan des publications à sensations fortes mais ce qu’il avait sous les yeux piqua vivement sa curiosité.
Il s’agissait d’une jeune femme retrouvée morte. Et comme toujours les camerounais n’avaient aucun scrupule à exposer le corps sans vie et complètement méconnaissable d’une pauvre victime.
En lisant Léon s’attendais à lire une énième histoire de féminicide, une femme qui pour un oui ou un non se retrouvait à la merci d’un homme qui aurait estimé avoir un droit de vie, ou plutôt de mort sur cette jeune femme.
Mais en lisant les quelques lignes truffées de non-sens qui accompagnai les images Léon comprenait qu’il s’agissait d’une simple agression qui avait tourné à l’homicide.
- Leon ! J’ai besoin d’aller aux toilettes !
Cette voix qui le tira subitement de sa lecture, lui rappela qu’il ne vivait pas seul. Même s’il faut le dire Léon ne pouvait pas l’oublier. Comment oublier Solène ?
- Oui je sors ! répondit-il.
- Oui, tu dis toujours que tu sors pour finir tu passes trente minutes à ne rien faire là-bas !
- Comment ça je ne fais rien ?
- Tsuip sors pardon je ne veux pas discuter pour les conneries le matin pardon !
Lorsque Solène utilisait deux fois le même mot dans une phrase, il fallait comprendre que c’est sérieux et qu’il valait mieux exécuter.
- Okay ça va je sors…
- Merci !
A peine il ouvrait la porte qu’elle se ruait dans la petite salle de bain le bousculant sans ménagement au passage.
- Ekieu tu voulais seulement te faire pipi dessus ?
Elle ne répondit pas mais le grognement de soulagement qui se fit entendre à travers la porte était une bien meilleure réponse à la question.
- Donc il s’est fallu de peu pour que tu fasses pipi au lit !
- Ta tête ! cria-t-elle alors que Léon me moquait d’elle.
Léon se réinstalla dans le lit pour finir la lecture de l’article sur la jeune femme retrouvée morte ; Malheureusement, les informations sur ce fait divers étaient assez minimalistes. La publication ne donnait pratiquement aucune information sur la victime encore moins sur les circonstances de ce drame. Ce qui parut un peu bizarre au jeune homme. En générale les gens qui font dans ce registre, sont champions pour rendre une histoire sensationnelle, ils n’ont pas besoin de connaitre les protagonistes dans une histoire, ou même d’y avoir assisté pour pouvoir raconter un évènement comme s’ils y étaient.
Le paragraphe destiné à cette jeune femme ne tenait qu’en deux lignes :
« Scène macabre à Bonamoussadi, une jeune femme retrouvée morte derrière un des plus anciens et fameux hôtels de la ville de Douala, le St-James. »
Voilà !
Rien de concret ni sur la victime ni sur les circonstances de son décès, juste une pluie de photo du corps sans vie enveloppé dans une bâche en plastique noire. C’est en parcourant ce catalogue macabre que son attention fut attirée une nouvelle fois par quelque chose ou plutôt par quelqu’un qui portait quelque chose que Léon semblait reconnaitre.
- Tu ne vas pas te préparer pour aller au boulot ?
En une matinée, Solène réussissait à me faire sursauter deux fois.
- Mince tu veux me faire avoir une attaque ou quoi ? la réprimanda Léon en se redressant sur le lit.
Léon fut surpris de la voir dégoulinant à moitié nue, ses seins fière et rebondi sur lesquelles perlaient des gouttes d’eau attirèrent son regard.
- C’est l’AVC que tu vas attraper quand tu vas te faire renvoyer de ton poste ; menaça-t-elle.
- On ne renvoie pas les fonctionnaires chérie, raison pour laquelle le matricule est considéré comme le Saint Graal se moquait Léon. Au pire, je vais me faire muter dans un trou perdu au fin fond de l’Est, à Moloundou par exemple…
- Et tu crois que qui va te suivre à Moloundou ? me demanda-t-elle avec n air sérieux.
- Donc si on me mute en brousse tu ne viendras pas avec moi ?
- Avec qui ?
- Avec moi, répéta Léon.
Elle se retourna et enfila un soutien-gorge sur sa ravissante poitrine.
- Je suis née à Yaoundé, grandi à Yaoundé et tu crois que je vais te suivre au champ parce que tu ne sais pas arriver au boulot à l’heure ?
Elle essayait déjà de détourner la question.
- Il ne s’agit pas de moi qui arrive en retard au ministère, mais de toi qui me suis si jamais je me fais muter en région ! Que je sois à l’heure ou pas on peut très bien m’envoyer dans une zone reculée non ?
- Tu n’as qu’à faire en sorte de ne pas être muté en région, fit-elle.
- Hum… Solène ce que tu dis là n’est pas simple hein ! En clair si jamais et c’est une hypothèse… je suis muté, je vais lire l’heure ?
- En Bulu sur un cadran Fong, ajouta-t-elle en éclatant de rire. Maintenant tu vas te lever et aller te laver au lieu de perdre le temps sur internet
- Je ne perds pas mon temps, je m’informe ! Et ça peut également te servir Madame, vu le nombre de jeune femme qui se font violer et tuer en ce moment au pays…
Solène était le genre de personne qui ne pensait jamais aux choses négatives de peur de les attirer, raison pour laquelle elle était généralement impassible face aux drames surtout s’ils arrivaient à des inconnus.
- Pardon, pardon ne m’attire pas la poisse ! s’écria-t-elle d’une voix forte. Lis tes choses sans me mettre la poisse au corps.
- Est-ce que c’est ce que j’ai fait ? Je dis juste qu’il faut faire attention parce que voici une jeune femme qu’on a retrouvée morte derrière un hôtel à Douala…
- Tu as bien dit Douala ! Tu sais très bien que cette ville est tout sauf sure !
- Encore ce cliché comme quoi Douala est plus dangereux que Yaoundé, peut-être que je dois te rappeler qu’en termes de crime en série notre ville est largement au-dessus de Douala. Il y a eu combien de victime à Mimboman ? les étudiantes de Soa nous en sommes à combien de victimes en trois ans ?
Leon se lança dans l’égrenage d’un chapelet de faits divers criminels pour défendre son point de vue.
- Le seul fait que cette vile soit infestée de gang qui peuvent décider de descendre dans un quartier pour y faire régner la terreur, c’est suffisant pour dire que Yaoundé est plus sure, le coupa-t-elle.
- Tu n’es pas sérieuse ! Ce sont des évènements rares qui ne se produisent que lors d’un retour et même… il faut un déclencheur…
- Oui, mais les petits voyous sont à chaque coin de rue…
- Oui les taxeurs qui veulent fumer une, sauf que moi je parle de meurtre ! s’exclama Léon. S’il faut comparer le nombre de jeune femme tué cette dernière décennie, Yaoundé à la palme ! Il y a encore quelques semaines une jeune femme se faisait violer et tuer devant son portail… et je ne te parle même pas du violeur en série qui sévit en ce moment, et bien sûr les médias n’en parlent pas.
Solène sembla manquer d’argument avant de se retourner vivement vers lui, fard levé.
- Attends tu as dit qu’il s’agit d’une seule victime ? demanda-t-elle.
- Oui…
- A Douala ? Dans un hôtel de Bonamoussadi ?
- Oui…
- Alors pourquoi tu vas chercher de midi à quatorze heure ? C’est le Sugar Daddy qui a fait le coup ! déclara-t-elle avec la mine d’une personne fière d’avoir résolu une énigme.
Leon éclata de rire, il ne s’attendait pas à celle-là.
- Le Sugar Daddy ? Et pour quelle raison le Sugar Daddy irait tuer sa petite ?
Elle sembla pensive un moment.
- I y a tellement de raison… elle voulait plus d’argent… elle le faisait chanter… elle le trompait avec un pompier… Non elle a vu son serpent et il s’est occupé de son cas…
- Elle a reçu des coups de couteau apparemment, dit-il.
- Ok ! Elle a vu son serpent ; ça l’a effrayé elle a voulu se débarrasser de lui en lui faisant croire qu’elle ne voulait plus de la relation. Malheureusement pour elle le serpent avait déjà dit à son maitre qu’elle connaissait son secret alors il lui a proposé un deal qu’elle a refusé. Il lui même proposé un voyage pour Dubaï et un IPhone 11 pro elle a refusée disant qu’elle ne vendrait pas son âme pour un téléphone elle n’était pas si pauvre… C’est là qu’il a compris qu’elle ne pouvait pas vivre, surtout qu’elle le menaçait de tout dire sur lui alors il a attrapé un couteau de cuisine dans la cuisine de la chambre d’hôtel…
- Chérie combien d’hôtel au Camer ont des cuisines dans les chambres ? demanda Léon qui s’amusait de l’imagination de sa copine.
- Bon très bien il n’y a pas de cuisine… t’’es sûr au c’est un couteau pas une lame ? questionna-t-elle faisant une pose dans son analyse des évènements.
- Un couteau, répondit Leon en mettant en exergue la publication sur son téléphone.
- Ok… Un couteau suisse ! fit Solène comme s’il s’agissait ici d’un quizz. A l’aide d’un couteau suisse qu’il porte généralement sur lui… il lui a mis un coup dans la gorge, BAM…
Léon sursauta pendant que Solène imitait le geste brusque d’un coup de couteau au cou sur elle-même.
- Ensuite il l’a regardé se vider de son sang… la vie quittait paisiblement son corps sous son regard impassible !
- Tu es terrible ! Donc pour toi c’est comme ça qu’elle est morte ?
- Oui ! et au lieu de me faire croire que je suis en danger parce que je me balade seule la nuit à Yaoundé tu devrais plutôt prévenir tes sœurs camer de se méfier des Sugar Daddy qui ont des couteau suisse…
- Combien de ces filles savent ce que c’est qu’un couteau Suisse ?
La jeune femme marqua une pause la question semblait pertinente pour elle.
- Elles n’ont qu’à éviter les Sugar Daddy qui ont des comptes en Suisse… les mbenguistes de ce décembre qui viennent de Suisse, déjà à cause de corona et ensuite à cause des couteaux suisses.
Leon éclata de rire en se levant de son lit.
- Donc pour toi c’est ce qui s’est passé ?
- C’est plausible, non ?
- C’est complètement tiré par les cheveux ton histoire !
- Bah tu n’as qu’à créer la tienne hein ! Moi c’est ce que j’ai trouvé, dit-elle se retournant vers le miroir pour finir de se préparer.
- Je vais faire mieux je vais découvrir ce qui est arrivé à cette jeune femme et je vais écrire une publication sur elle.
Solène observa Leon un moment à travers le miroir qui était face à eux et une expression bizarre traversa un instant son regard, alors que son compagnon arborait un sourire déterminé.
- C’est ça !
- Tu ne me crois pas ? Attends, ce soir je vais te raconter ce qui est vraiment arrivé à cette fille…
- N’oublie pas que nous devons nous retrouver chez ma mère ce soir et tu dois passer à la cave avant !
- Je ne vais pas oublier et je vais te raconter tout ça là-bas, dit-il déterminé.
En arrivant au ministère, une bonne heure plus tard, Leon avait déjà parcouru tous les commentaires sous la publication parlant du décès de cette jeune femme. A la recherche d’un commentaire qui lui apprendrait un peu plus de chose sur la victime. Comme son nom, son âge, ce qu’elle faisait dans la vie et pourquoi pas ce qui lui était arrivé. Mais rien !
Mis à part les RIP, les gens se contentaient de se mettre en garde les uns les autres, appelant à plus de prudence en cette fin d’année. Car c’est généralement en fin d’année que l’on compte les morts.
C’est en s’asseyant derrière son bureau une fois qu’il avait saluer ses collègues avec lesquelles il partageait cet espace qu’il se rappela le détail qui avait attiré son attention. Finalement il avait peut-être une source sure pour comprendre ce qui était arrivé à la victime du St-James.
Ça résonna dans sa tête comme dans les films policiers qu’il regardait constamment : La victime du St-James.
- Leon !
La voix de son directeur le fit sursauter.
- Oui Monsieur…
- C’est à cette heure que vous arrivez ? Un Lundi matin ?
Il était 8h05 et Leon avait envie de lui faire remarquer qu’il était tout de même arrivé avant lui mais se ravisa se contentant de murmurer des excuses.
- Be sorry for yourself comme disent les anglophones ! Le compte rendu de la réunion j’espère que c’est déjà prêt !
- Je suis dessus, répondit Léon.
- Je le veux à 11h sur ma table, fit le directeur avant de se diriger vers son bureau non sans voir lancé un dernier regard noir à Léon.
Son directeur était un homme dans la quarantaine, qui contrairement à ce qui pourrait transparaitre par cet échange avec son subalterne, été catapulté à ce poste de directeur du développement, à la sortie de l’ENAM.
Léon lui n’avait pas eu la chance d’entrer dans cette prestigieuse école, il faisait plutôt partie des 25 000. Entendez qu’il fait partie de la secte de jeunes chômeurs/débrouillards qui par la grâce présidentielle sont devenus les moineaux du pouvoir en place. Et ça lui convenait fort bien, entre ça et le quartier, le choix était vite fait.
Le revers de la médaille se trouvait dans l’arrogance de certains fonctionnaires et même cadres administratifs qui jugeaient ceux issues de ce recrutement massif, incompétents.
La où le bât blesse c’est que ce sont eux qui avaient la charge de former ces jeunes !
Léon ne s’offusquait plus du comportement de son supérieur ; il le trouvait d’ailleurs ridicule parce que sans lui il se serait déjà vautré à maintes occasions devant le Ministre.
Revenant à l’énigme qui occupait son esprit depuis le début de la journée il contacta un de ses cousins qui lui vivait à Douala.
Le téléphone sonna une seule fois avant qu’il ne décroche.
- Gars, couso tu vis ? fit la voix de Jordan.
Il criait carrément.
- Je suis là couso et toi-même ?
- Je suis là mon petit ! Le pays-ci ne va pas me finir, couso ! Je suis là tous les jours sous le soleil, la ceinture lourde mais j’avance. Et toi-même ? la vie dose ?
- Je gère avec la cale ! Quand c’est trop fort, je prends une petite Guinness ça me remonte et j’avance.
- Tu as tout compris frérot la vie c’est un tour…
La voix de Jordan se coupa une seconde et Léon comprit qu’il devait saisir cette opportunité.
- Gars couso, j’ai vu une photo sur Facebook là… c’est chaud là-bas hein !
Avec un cousin gendarme, Léon savait qu’il ne devait pas trop parler et toujours le laisser aborder le sujet en premier.
Il eut une seconde d’attente.
- Tu parles de la petite de Sadi ?
- Oui !
- Gars, j’avais déjà vu les choses mais l’autre ci vraiment !
- C’est à ce point, couso ?
- Léon si la fille-là n’avait pas un pendentif avec son prénom on n’aurait pas pu l’identifier, elle était percée de partout, je ne sais même pas si le doc a compté toutes ses blessures…
- Mince ! s’exclama Léon.
- Je t’assure, au point où pour envoyer son corps à Yaoundé on a dû coudre son visage avant de la présenter à ses parents pour la reconnaissance.
- Ekieu donc sa famille vit ici ?
- Elle-même vient de là apparemment elle était ici pour un évènement, une soirée qu’on organise sur les réseaux sociaux, expliqua-t-il.
- Je vois ! C’est chaud hein, j’ai vu la publication et il n’y avait pas grande info je voulais comprendre ce qui lui est arrivé…
- Elle a rencontré un monstre…
- Il l’a violé ?
- Non… Il lui a épargné l’autre là mais il s’est bien déchainé sur elle… elle porte environ 40 coups de couteau…
- 40 ?
- Je te dis… partout sur le corps jusqu’au visage ! La vraie rage !
Cette information désarma quelque peu le jeune homme qui se demanda comment on en arrive à affliger une personne de 40 coups de couteau.
- Et vous avez une théorie sur ce qui s’est passé ?
- Comme elle n’avait pas de sac, pas de bijou mis à part le pendentif et un foulard sur elle… on se dit qu’elle a croisé la route d’un affamé…
Entendez par « affamés » un toxico en plein manque.
- Elle lui a peut-être résisté ou pas et il s’est défoulé sur elle…
- Massa !
- Le problème c’est que là où on l’a trouvé il n’y avait aucune trace de sang ! déclara Jordan.
- Attends comment c’est possible avec 40 coups de couteau elle devait baigner dedans… Non ?
L’interrogation de Léon sembla trouver échos chez son cousin gendarme.
- Effectivement ! Mais pas une goutte, comme si le gars la poignardé, la laissé se vider de son sang, avant de porter son corps et la ramener derrière le St-James.
- Les choses des films, s’exclama Léon.
- Mais ça même c’est rien !
- Hein ?
Qu’est-ce qui pouvait être pire que ça ?
- Il lui a coupé la langue !
Un frisson traversa la peau de Léon. Depuis le début de cette histoire il avait été piqué par la curiosité. Il avait voulu savoir pourquoi il n’y avait aucun détail sur la mort de cette jeune femme et plus il en apprenait sur les circonstances de son décès et plus il trouvait cette histoire complètement surréaliste.
- De façon tellement net…
- Merde ! Fit Léon.
- Je n’avais jamais vu un corps mutilé à ce point… Le gars-là surement tué ailleurs, a attendu qu’elle se vide de son sang, la lave puis transporte son corps derrière le St-James.
- Il a pris son temps pour quelqu’un complètement défoncé ! avança Léon.
- Couso, comme tu me vois là je ne veux même plus penser à cette histoire ça me fait mal à la tête.
Comprenant que cette histoire était traumatisante même pour un gars formé pour vivre les atrocités, Léon décida de couper cours à la conversation, une fois qu’il avait obtenu le nom de la victime, il demanda ensuite à son cousin de prendre soin de lui et sa famille.
Une fois sa journée de travail terminée, il décida d’écrire un article non pas dans le but de présenter la victime comme il pensait le faire au départ, mais plutôt dans celui d’inviter la gente féminine à plus de vigilance en prenant ce cas comme exemple.
Il souhaita un repos éternel pour cet âme arraché aussi violemment à la vie et espéra ne plus avoir à faire cela avant le 31 décembre 2020.
Pendant qu’il finalisait sa publication, la porte principale s’ouvrit.
C’était Solène.
Il sortit à sa rencontre pour pouvoir lui parler de ce qu’il avait appris.
- Chérie, j’ai des news sur la fille tuée à Sadi…
- S’il te plait je ne suis pas d’humeur…
- Ecoutes je viens de poster une publication pour que les gens apprennent à être vigilant et tout… tu sais que la fille ne vivait même pas à Douala ?
- Donc, Monsieur n’est pas venu à l’anniversaire de ma mère qui l’y avait invité pour écrire les publications sur une stupide fille poignardée à Douala ! Tu es sérieux ?
- Mince… chérie j’ai oublié… Pourquoi tu ne m’as pas appelé pour me rappeler ?
- Léon, lorsque quelque chose est important tu fais toi-même les efforts pour y être… Mais pour te souvenir que ma mère t’a invité à son anniversaire, je dois t’appeler pour te rappeler ! Waouh… Je te donne les mains !
Elle le traversa sans aucune autre forme de procès, tandis qu’il restait planté là avec sa théorie sur le décès de Muriel qui avait germé dans son esprit, pendant qu’elle lui reprochait son absence lors de la célébration des 60 ans de sa mère.

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