Chapitre 2

Write by Annabelle Sara



- Après tu seras le premier à te plaindre en disant que personne ne t’aime dans ma famille… Ma mère t’invite un 14 décembre à son anniversaire et tu n’as même pas la décence de l’appeler pour lui souhaiter un joyeux anniversaire! Ou même t’excuser pour ton absence ! Non... Monsieur est plus intéressé par la vie des gens qu’il ne connait même pas !

Lorsque Solène était énervée comme ça Léon évitait généralement d’en rajouter une couche en lui répondant ou en essayant de s’expliquer.

Et ce soir elle était bien remontée contre lui, fallait tout de même avouer qu’il avait réussi à planter sa belle-mère le jour de son anniversaire, c’était légendaire.

- Dis-moi qu’au moins tu as acheté son cadeau et que tu pourras aller le lui donner demain…

Merde, pensa-t-il. 

Ça aussi il avait oublié et en voyant l’expression de surprise sur son visage, Solène également compris qu’il n’avait pas fait la seule chose qu’elle lui avait demandé de faire ce matin en sortant.

- Dites-moi que je rêve !

- Bébé… Je suis désolé…

- Au champ avec ça ! s’écria-t-elle en colère. Tu sais ce que ça m’a couté de demander à ce type de te garder cette bouteille de vin ? Avec le genre de négociation que j’ai fait pour l’avoir à ce prix ? Il te suffisait de te présenter et de prendre une bouteille de vin de grand cru contre des clopinettes. Tu viens me servir des désolé… C’est désolé qui va améliorer ton image auprès de ma famille ou alors la mienne avec mes partenaires ?

Elle se lança dans une longue tirade pour lui rappeler toutes les fois où il avait fait n’importe quoi, toutes les fois où il s’était comporté comme un gamin mettant à mal sa réputation auprès de son entourage et de sa famille.

- Dis-moi que tu étais occupé au travail !

Elle semblait réellement attendre une réponse de sa part, le regard rouge de colère fixé sur lui.

- Je n’ai pas vu le temps passé…

- Parce que tu étais occupé avec un gros dossier ?

- Non… je faisais des recherches sur la fille…

- Je vois ! fit-elle.

Le son de sa voix semblait s’éteindre elle se leva du bout du lit où elle s’était assise et tourna le dos à Léon, elle inspira avant de se retourner.

- Je fais quoi ici ?

- Pardon ?

- Leon, je fais quoi ici avec toi ? insista-t-elle. Ça fait déjà trois ans que nous vivons sous le même toit ; je ne veux même pas parler du nombre d’année en couple mais jusqu’ici je ne sais pas où nous allons…

- Je n’aime pas ta façon de toujours tout remettre en question dès que nous avons un petit malentendu ; intervint brusquement Léon.

- Un petit malentendu ? s’offusqua la jeune femme.

- Oui !

La force dans la voix de son compagnon la laissa abasourdie, elle le dévisagea la bouche entrouverte, avec les gros yeux.

- J’ai oublié l’anniversaire de te mère et alors ? Depuis les années qu’elle me connait c’est la première fois qu’elle me convit à un évènement dans ta famille… alors tu peux comprendre que ce n’est pas avec d’enthousiasme que j’ai accepté cette invitation et connaissant la relation avec ta famille tu peux aussi comprendre que je ne saute pas de joie en sachant que je dois me taper une soirée avec eux !

- La faute à qui si tes rapports avec ma famille ne sont pas bons ? Quand tu te comportes de façon désinvolte et irresponsable, pourquoi tu veux qu’il en soit autrement ? s’écria-t-elle.

- Donc je suis irresponsable ?

- Toi-même tu vois comment ?

Cette manie typiquement camerounaise de répondre à une question en posant une autre question était exaspérante même pour le camerounais.

- Très bien ! fit Léon qui ne semblait plus vouloir poursuivre cette conversation.

- Tu n’as toujours pas répondu à ma question ; lui fit remarquer Solène en se postant devant lui, les mains sur les hanches.

- Toi-même tu vois que nous faisons quoi ici ? Quand tu trouves tu me dis !

Il venait de retourner la table sur elle.

- Ah bon hein ?

Léon ne répondit pas, pour lui la conversation s’était achevée, il s’installa donc confortablement pour la nuit dans son lit. Solène voyant bien qu’il n’allait pas lui donner les réponses qu’elle attendait elle sortit avec rage de la chambre pour le salon où elle s’installa dans le canapé devant une chaine de série.

Aucun des deux n’étaient apaisés par cette conversation qui se terminait en queue de poisson. Et comme à leur habitude les téléphones étaient devenus l’exutoire de chacune de leur frustration. Léon par réflexe se retrouva sur les réseaux sociaux à lire les publications provocatrices qui poussaient généralement les gens à réagir transformant la toile en une gigantesque cour de récréation.

Il s’amusait toujours face à la réaction de la team premier degré qui prenait tellement tout au sérieux, entrant dans le jeu provocateur de l’auteur de la publication. 

Il faisait défiler les commentaires lorsqu’il reçut une notification qui signalait un nouveau commentaire sur sa publication, suivit d’une notification qui était un récapitulatif du nombre de commentaire sous sa publication. Il se rendit compte que cette fois encore il avait explosé son record de réactions, mais il avait trop la flemme pour aller lire les commentaires.

D’ailleurs il ne voulait plus rien lire sur cette affaire étant donné que c’est la raison pour laquelle il allait évidemment passer la nuit tout seul dans son lit.

Un peu frustré, il éteint la lumière et se força à dormir. Au petit matin même rituel, assit sur le bidet téléphone en main Léon parcourait ses réseaux. Il trouva plusieurs messages de son cousin Jordan. Il lui avait envoyé des photos de la scène de crime de la jeune femme du St-James. Il lui donnait également son nom et des informations personnelles ; c’est le message qui précédait les photos qui piqua un peu plus sa curiosité. En clair son cousin lui demanda de ne pas télécharger les médias s’il avait l’estomac fragile. Il décida donc de voir les images lorsque la première image apparut sous ses yeux, ce fut comme un coup de poing dans ses boyaux.

Léon faillit lâcher son téléphone.

Les images n’étaient pas répugnantes parce qu’il n’y avait pas du sang ou des organes en évidence, mais l’état du corps de cette jeune femme traduisait la violence de son interaction avec son meurtrier.

Elle avait le visage défiguré par ce qui semblait être des tuméfactions dues à des coups de poings qu’elle aurait surement reçus, sans parler des plaies venant des coups de couteau qui lui avaient ouvert le crâne, brisé les os du faciès modifiant profondément son visage. 

Leon sentait son estomac lui envoyer un signal d’alarme, lorsqu’il fit passer les photos, il ne put se retenir plus longtemps. Sa tête remplaça ses fesses sur le bidet. Il ne se rappelait pas avoir manger de la bile, parce que c’est la seule chose qui restait dans son estomac à cet instant.

La tête dans sa propre merde, il vomissait avec les boyaux vides pourtant.

Il n’avait pas vu un cadavre dans cet état même pas ceux qu’il avait vu après l’accident de train d’Eseka. Elle portait tellement de coup de couteau qu’on avait l’impression de voir de la viande hachée. Mais paradoxe, il n’y avait pas du sang qui dégoulinait de partout, son corps était tellement bien tenu qu’il laissait penser qu’on lui avait donné un bain de formol pour le préserver au maximum de tomber en lambeau.

L’estomac vidé, les soubresauts terminés, Léon s’arma de courage pour jeter un dernier coup d’œil aux photos de cette jeune femme, peut-être pour la dernière fois.

Hormis ses multiples blessures, son corps nettoyé avec soin, elle portait un pendentif qui avait des initiales qu’il parvint à déchiffrer : Marie-Anne

Et juste au-dessus du pendentif elle avait un foulard multicolore attaché par un nœud façon scout. Léon reconnut cette façon d’attacher parce qu’il avait longtemps et ceci à cause de sa mère fait partie d’un groupe de scout dans sa jeunesse. Elle estimait que c’était un bon moyen pour son fils d’apprendre à se socialiser et surtout à survivre dans son environnement.

Voilà donc les seuls accessoires qui recouvrait le corps méconnaissable de la jeune femme. Son cousin lui précisa son nom, son âge, lui parla de sa famille ; Elle vivait encore chez ses parents, elle a une grande sœur et deux frères, étudiante en Master de Droit des affaires, 22 ans, un petit copain qui apparemment ne s’est pas encore manifesté mais qui serait connu par les services de l’ordre pour une histoire de recèle.

Très brièvement et de façon simple son cousin lui explique dans les messages qu’apparemment personne dans sa famille ne savait qu’elle était à Douala encore moins pourquoi. Même si sa sœur parle d’une fête on ne peut pas clairement retracer les mouvements de la jeune femme dans la ville puisque personne à Douala ne s’est fait signaler pour parler d’elle.

La position de la jeune femme fit penser à celle d’un fœtus.

Cette mise en scène macabre étonna Léon. 

Depuis quand les agresseurs prenaient autant de temps pour préserver le corps d’une victime ?

Il pensa qu’il fallait tenir à quelqu’un, avoir un profond respect pour cette jeune femme pour prendre ainsi le temps de s’occuper de son corps alors qu’on vient de la massacrer à coup de couteau. 

Léon mit en veille son téléphone, il en avait marre de ces photos morbides, la mort ne faisait pas partie de sa ligne éditoriale de toutes les façons sur les réseaux sociaux. Donc il n’avait pas besoin de s’intéressé plus que cela à cette affaire.

Après s’être préparé pour le boulot il sortit dans le salon où Solène avait dormi devant l’cran qui était encore allumé.

En l’entendant sortir de la chambre, elle s’était retournée pour ne pas croiser son regard.

- Bonjour, tu as dormi au moins ? s’enquit-il en déposant un billet violet sur la table basse devant la jeune femme.

Elle marmonna des sons inaudibles. 

- SI tu peux, tu fais quelque chose à manger…

- Je ne serais pas là aujourd’hui ! J’ai des activités très importantes donc…

- Hum… Ok ! Tu pourras commander le repas de cette nuit à ton retour… une pizza…

Cette fois elle ne répondit pas, alors Léon lui fit un bisou sur le front avant de s’en aller pour une journée entière de travail. La journée se passa comme d’habitude et durant la soirée il se retrouva tout seul chez lui. Il ne s’y attendait pas parce qu’il pensait vraiment que Solène allait oublier l’épisode de l’anniversaire de sa mère. Apparemment ce n’était pas le cas vu que son billet était toujours sur la table là où il l’avait déposé.

Il allait devoir se débrouiller tout seul pour manger alors.

Une heure plus tard, porc braisé du carrefour dans un plat et petite Guinness fraiche dégoulinante à la main il s’installe devant la télé ; espérant tomber sur un match intéressant à voir 

Il finit par s’arrêter sur un débat télévisé. Il finissait de manger lorsque son téléphone vibra ; il espérait que c’était Solène mais c’était un message qu’il venait de recevoir sur Messenger ; venant d’une personne avec qui il n’était pas ami. Surtout que vu la photo de profil c’était surement un troll.

Il ne répondait presque jamais aux messages de personnes qui cachait leur identité, mis là il fut intrigué par le message.

Deuces : Bonsoir grand ! Je viens de lire ta publication, tu parles de Marianne ?

Encore cette fille. Il n’avait pas parlé d’elle ni donné son nom, alors si cet inconnu savait de qui il parlait dans sa publication, il devait surement la connaitre.

Léon : Bonsoir, oui je parlais d’elle ! Tu la connaissais ?

Il ne s’attendait pas à ce que la réponse arrive aussi rapidement.

Deuces : Oui je la connaissais cette fille et je suis désolé de le dire mais elle n’a eu que ce qu’elle méritait.

Voilà la partie que Léon détestait avec les faux profils. Les gens se cachaient derrière des écrans pour dire des méchancetés sur d’autres personnes comme si de rien n’était.

Léon : Pardon ? Quel genre de personne souhaite la mort d’une autre personne ?

Deuces : Je ne le lui souhaitais pas mais je ne vais pas jouer aux hypocrites et pleurer sur sa tombe ! 

Léon : De toutes les façons je ne vais pas parler avec un lâche qui se cache derrière un faux profil pour dire du mal des autres ! Bye !

Deuces : Si tu as le temps on se rencontre quelque part et je vais t’expliquer pourquoi je dis ça d’une fille morte.

Léon n’avait aucune envie de rencontrer un inconnu pour parler d’une fille morte dans des circonstances mystérieuses. Mais comme hier il était curieux de comprendre comment cette file avait fini ses jours, mutilée à mort.

Léon : d’accord, si tu peux-tu me rejoins au Boukarou à Nlongkak nous pourrons discuter.

Deuces : j’y serais dans 30 min !

Léon prit tout de même la peine de finir sa bière avant de se rendre à ce rendez-vous quelque peu atypique.

Il ne savait pas pourquoi mais il avait la sensation que ce « Deuces » avait beaucoup de chose à raconter sur cette fille et peut-être sur les raisons qui ont conduit à ce destin tragique.

Il s’habilla et se rendit au carrefour où il avait donné rendez-vous au faux profil qui l’avait contacté, il ne savait pas comment il allait la reconnaitre. Mais une fois dans le snack-bar, il inspecta la salle d’un mouvement de la tête.

Un homme était assis tout seul dans un coin, il portait un débardeur de basketteur avec un jogging, une barbe bien entretenue, des lunettes ; il avait une silhouette d’athlètes et semblait être dans la même tranche d’âge que la victime du St-James.

Il enleva ses lunettes et en croisant son regard Léon comprit qu’il avait vu juste, il se dirigea vers lui.

- Léon !

Entendre son nom de la bouche de cet inconnu lui procura une sensation bizarre.

- Je devrais répondre « Deuces » mais je suppose que ce n’est pas ton prénom, fit-il en s’asseyant en face du faux profil.

- Yvan… tu… tu veux boire quelque chose ?

- Etant donné que tu m’as fait sortir de chez moi pour me dire pour quelle raison une fille méritait de mourir je crois que je mérite bien une bonne petite Guinness, fit Léon en s’adossant sur son siège.

- Je ne suis pas fière de dire ce que j’ai dit mais c’est la vérité ! déclara Yvan en faisant signe à une serveuse qui se dirigea droit vers eux. Deux petites Guinness s’il vous plait… ou plutôt quatre ! Notre histoire risque d’être un peu longue.

Léon se mit à rire, un rire nerveux pas le genre qui donne envie de rire avec lui, alors Yvan ne sourit même pas.

- Tu ne m’as pas fait venir ici pour me saouler…

- Je peux te rassurer tu n’es pas mon genre ! J’aime les grosses fesses mais surtout pas avec les poils ; les testicules et la queue qui va avec.

Ok là au moins c’est clair.

- Alors parle-moi de Marianne… Comment tu la connais et pourquoi tu penses qu’elle méritait ce qui lui est arrivé ?

- Marianne était une harpie ! Si elle était née dans le moyen âge en Europe, elle aurait été décapitée publiquement tellement elle était mauvaise.

- Ce n’est pas un peu exagéré ? demanda Léon qui était plutôt amusé par ce début de récit.

- Non ! Marianne était une manipulatrice perverse qui se délectait de voir les autres souffrir autour d’elle, elle a utilisé sa beauté et son intelligence pour pourrir l’existence des gens qui l’entourait, tu l’as vu avant son meurtre ?

Léon secoua la tête pendant qu’Yvan lui tendait son téléphone pour lui montrer une photo de Marianne. Il faisait enfin connaissance avec la jeune femme au visage défoncé qu’il avait scruté nue tôt ce matin.

Marianne était belle !

Le visage en forme de cœur et un regard profond qui même sur papier glacé pouvait sonder l’âme de de celui qui la regardait. 

- Tu parles là d’une jeune fille de 22 ans ? demanda Léon qui ne quittait plus la photo des yeux.

Il semblait vouloir remplacer les images atroces de ce matin par la belle image qu’il avait sous les yeux.

- La photo sur mon téléphone date d’il y a quatre ans, à cette époque elle avait déjà réussi à gâcher la vie d’un homme en lui faisant perdre son boulot, sa famille, sa réputation et sa liberté.

Léon leva la tête incrédule.

- Marianne à 18 ans est tombée sous le charme de son prof de je ne sais quoi lors de sa première année en école privée supérieur. Apparemment ce professeur était un jeune homme qui attirait les convoitises surtout auprès de ses jeunes élèves. Et notre chère Marianne n’avait d’yeux que pour lui. Elle lui a fait des avances et il les a repoussées… a plusieurs reprises…

Les boissons arrivèrent, Yvan prit une bonne gorgée puis une deuxième et à la troisième la petite bouteille fut presque vide.

- Je disais que son prof lui a dit non ! Mais personne ne dit non à cette fille alors un jour profitant d’un cours nocturne elle réussit à convaincre son prof de la raccompagner chez elle parce que soi-disant elle n’avait pas assez d’argent sur elle pour prendre un taxi et ne savait pas vers qui se tourner… Le prof n’hésita pas à la ramener, il aurait dû parce que le lendemain matin, c’est une Marianne couverte de blessures et de larmes qui débarqua à l’école avec des gendarmes pour faire arrêter le jeune professeur…

- Elle l’accusait de viol ?

- Si c’était juste ça… détournement de mineur, tentative de meurtre, coups et blessures, voie de fait sur mineur, escroquerie… La liste des accusations était longue !

- Mince ! comment est-ce qu’elle a réussi à faire ça ?

- Simplement en faisant croire qu’elle avait une relation avec lui, qu’il la faisait chanter chaque fois qu’elle voulait le quitter, qu’il lui avait extorqué de l’argent et monnayé ses notes lorsqu’ils étaient en froid…

- Mais elle a prouvé tout cela comment ?

- WhatsApp ! répondit Yvan calmement. Ça faisait des mois qu’elle discutait avec ce prof sur WhatsApp, lorsqu’elle a compris qu’il ne lui cèderait pas elle a réussi à le piéger en décontextualisant les messages qu’ils échangeaient…

- Mais à un moment quelqu’un allait comprendre ce qu’elle avait fait, dit Léon perplexe.

- Oui mais le mal était fait… le professeur pouvait prouver aux autorités qu’il était innocent sur quelques accusations mais pas sur toutes vu qu’ils étaient ensemble le soir de la supposée agression, sa femme ne lui faisant pas confiance à cause d’une histoire d’infidélité précédente l'a quitté, son employeur ne voulait pas de mauvaise presse et encore moins se retrouver en conflit avec un parent influent. Son boulot fini et pour couronner le tout , Marianne avait monter d’autres élèves qui eux aussi avaient un faible pour elle contre le prof ce qui a conduit à un drame irréversible. Les jeunes avaient rencontré le jeune prof à la sortie d’un snack et ils se sont mis à l’invectiver… il a riposté, il s’en suit une bagarre au cours de laquelle le prof à violemment pousser un jeune garçon sous les roues d’une voiture qui passait par là !

Léon resta bouche-bée.

- Un mort sur le tapis, un gars qui va en prison et des gamins marqués à jamais…

- Ce n’est pas possible ! s’exclama Léon qui ne croyait toujours pas à l’histoire que ce faux profil lui racontait.

- Cette histoire date d’il y a 4 ans, je ne veux pas relater ce que cette fille a fait toutes ces années… Mais la plus récente en date c’est…

Il se mit à pianoter rapidement son téléphone avant de lui mettre une publication sous le nez !

- Elle a fait circuler les nudes d’une jeune femme l’accusant d’être la maitresse du mec d’une copine avec qui elle sortait en secret…

Léon écréma rapidement la publication qui semblait venir de la page Instagram de Marianne qui avouait à demi-mot avoir fait circuler les photos nues d’une jeune femme dans le but de l’humilier publiquement. Il n’en revenait pas.

- Merde ! fit-il.

Yvan rangea son téléphone et Léon vit ses doigts frémir ; il sentit qu’il y avait autre chose.

- Sais-tu pourquoi elle se trouvait à Douala ? demanda-t-il.

- Non je ne saurais dire…

- Elle connaissait des gens là-bas… des gens à qui elle aurait fait du mal ? Qui lui en voulait ?

- La connaissant surement ! répondit Yvan essayant de calmer l’émoi dans sa voix. Je ne peux pas te dire ce qui lui est arrivé ni comment encore moins pourquoi… les raisons ne manquent surement pas mais… ce que je peux te dire c’est que la disparition de Marianne va apporter plus de paix que de douleur pour ceux qui restent.

Cette affirmation troubla Léon, il se demandait comment on pouvait en arriver à être soulager par la disparition d’une personne.

- Tu la connaissais personnellement ?

Pour la première fois depuis le début de leur conversation, ils échangèrent un regard. Léon comprit en reconnaissant la profondeur qu’il avait déceler sur la photo de la victime du St-James.

- Marianne était ma sœur jumelle !

Cette révélation ne surprit pas Léon, il comprenait mieux l’émoi qui envahissait le jeune homme depuis.

- Et la seule bonne chose que je peux dire d’elle, c’est qu’elle était belle à regarder… sinon en temps normal c’est un monstre dont la mort procure de la paix dans la vie de ceux qui l’ont côtoyé.

- Même à tes parents ?

- C’est par décence que ma famille n’organise pas une fête… mes parents ont passés des années à justifier, camoufler et étouffer les écarts et les vices de ma sœur. Mon père a plus usé de son influence pour sortir ma sœur de situations compliquées qu’il n’en a usé dans ses affaires ou même en politique ; affirma le jeune homme en vidant sa première bouteille avant de s’attaquer à la deuxième.

- Sais-tu ce qui lui est arrivé ?

Léon vit les larmes monter aux yeux du jeune homme.

- Je ne savais pas qu’un corps puisse prendre autant de coup de couteau et rester…

Sa voix se coupa.

- Je n’avais jamais vu ça c’est monstrueux…

- Penses-tu que parce qu’elle était vicieuse elle méritait ça ?

Léon ne savait pas pourquoi mais il ne voulait pas que ce jeune homme se cache derrière les fautes de sa sœur pour ne pas faire son deuil. Elle réussirait son meilleur coup si cette famille ne faisait pas la paix en ce moment.

- Non… Personne ne mérite de subir ça…

- Alors dis le ! Dis qu’elle ne méritait pas ça… ta sœur ne méritait pas ça !

Yvan fondit en larme attirant des regards curieux sur leur table.

- Marianne ne méritait pas ça, ma petite sœur ne méritait pas ça ! fit-il entre deux sanglots.

- Vous avez déjà récupéré ses effets personnels ?

- Non elle n’avait rien qui lui appartenait sur elle.

La réponse d’Yvan surprit Léon qui fronça les sourcils.

- Elle portait un pendentif et un foulard sur les photos qu’un des enquêteurs m’a envoyé pourtant.

Il regretta de dévoiler ainsi sa source mais il était perdu.

- Oui mais aucun de ces objets ne lui appartenait ! La police est restée avec…

- Attends donc tu veux dire que c’est son tueur qui lui aurait mis ces trucs ?

Yvan se nettoya rapidement les yeux. 

- Nous ne l’avions jamais vu avec ces trucs !




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Sara

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