CHAPITRE 1: ALLER DE L'AVANT.

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 1 : ALLER DE L'AVANT. 



1 AN ET DEMI PLUS TARD. 


**CHARLY NANDA**


Je suis au restaurant avec Kenji qui m'a invitée à dîner. Ça doit faire près d'un an qu'il me harcèle pour ça, j'ai fini par y aller pour lui faire plaisir et qu'enfin il me laisse tranquille. Nous sommes assis l'un en face de l'autre et je l'écoute parler. 


Kenji: Alors ma belle, as- tu passé une bonne journée ? 


Moi: J'ai connu mieux mais bon, je ne vais pas m'en plaindre. Et toi ? 


Kenji: (Souriant ) Excellente. Et le clou de perfection était que tu acceptes ce dîner ce soir. 


Moi: Je n'avais pas vraiment le choix en même temps, j'aurais refusé aujourd'hui que tu serais revenu demain pour m'inviter encore. Mieux, on en termine une bonne fois pour toute. Toi tu as ton dîner et moi je recouvre ma paix et surtout la liberté de ma boîte de messagerie et de ma ligne téléphonique. 


Kenji: (Souriant) Donc tu sous-entends que je te harcèle c'est ça ? 


Moi: Je ne sous-entends rien, je dis ce qui est. Et toi et moi savons que tu me harcèles. 


Kenji: (Souriant) Donc je suis un harceleur ? 


Moi: (Le fixant) Tu es un harceleur Kenji. 


Kenji: (Riant) Carrément. C'est la première fois en 34 ans de vie que l'on dit de moi que j'en suis un. 


Moi: Il y a une première fois à tout. 


Kenji: Quoiqu'il en soit, je suis content que mon " harcèlement" ait payé puisque tu es devant moi ce soir. Et soit dit en passant, tu es très belle et cette robe te va à ravir. 

Moi: Merci. 


Le serveur est venu déposer nos commandes avant de se retirer en nous souhaitant un bon appétit. 


Kenji : Bon appétit ma belle. 

Moi: Merci. Autant pour toi ! 


Nous avons mangé en discutant de tout et de rien, on enchaînait les sujets de conversations sans qu'il n'y ait de blanc et c'était vraiment bien. Depuis le temps que nous nous connaissions par l'entremise de nos amis, nous n'avions jamais eu l'occasion de nous retrouver en tête à tête comme cela, tout seuls pour discuter. Je ne sais pas si j'irai jusqu'à répéter l'expérience mais au moins je ne regrette pas d'être venue. J'ai passé une excellente soirée. 


Kenji: (Debout devant ma voiture) Alors, je ne suis pas de si mauvaise compagnie n'est-ce pas ? 


Moi: Je te l'accorde. J'ai passé une très bonne soirée, je l'avoue. 


Kenji: (Ravi) Je suis content de l'apprendre et j'ai également passé une bonne soirée en ta compagnie. Tu ne verrais aucun inconvénient à ce que l'on remette ça n'est-ce pas ? 


Moi: Hum. Je savais que tu ne te contenterais pas d'un seul dîner comme tu me l'avais dit. 


Kenji: (Souriant ) Qui peut refuser les bonnes choses ? 


Moi: (Souriant faiblement ) Ce n'est pas toi en tout cas. 


Kenji: (Souriant franchement ) En effet, j'aime les bonnes choses, c'est pour cela que je vais t'inviter encore et encore. 


Moi: Dans quel but ? Je t'ai déjà dit que je ne veux pas de relation. 


Kenji: (Souriant ) Je le sais Charly, c'est juste pour passer du bon temps ensemble comme ce soir et rien d'autre. 


Moi: OK. Dans ce cas, je viendrai la prochaine fois que tu m'inviteras. 


Kenji: J'en suis ravi. (M'ouvrant la portière) Vas-y, monte, il commence à se faire tard. 

   

   Je suis montée et me suis confortablement assise avant de mettre le contact. 


Kenji: (S'éloignant du véhicule ) Sois prudente au volant et fais moi signe quand tu arrives à la maison. 


Moi: D'accord. 


Je suis partie de là et suis rentrée chez moi. En descendant du véhicule je lui ai fait un message pour lui signifier que j'étais bien rentrée, il m'a aussitôt répondu en me disant que c'était aussi le cas pour lui avant de me réitérer le fait qu'il avait passé un bon moment en ma compagnie. À peine je franchissais le seuil de ma porte que j'ai reçu un appel. J'ai soupiré en voyant l'identité de l'appelant avant de décrocher. 



« Moi: Bonsoir James. »


« James : Bonsoir Charly. »


« Moi: Il y est c'est ça ? »


« James: Oui. Je suis désolé, ce n'est que maintenant que je le vois, je suis arrivé il n'y a pas longtemps. »


« Moi: (Soupirant ) OK pas grave, j'arrive de ce pas. »


« James: d'accord. À tout à l'heure. »

Clic ! 


Je suis revenue sur mes pas et suis remontée dans ma voiture. 


Moi: (Criant)  Amidou stp ouvre moi le portail je ressors. 


Il s'est exécuté. J'ai démarré ma voiture et me suis rendue du côté de Louis (quartier). Je reste à Acaé, je ne veux même pas parler du trajet que ça me prendra. L'avantage est que comme il est minuit, la circulation est plutôt fluide donc je ne suis pas gênée par les embouteillages. Une fois sur les lieux, je lance l'appel sur le numéro de James qui décroche aussitôt. 


« Moi: Je suis dehors. »


« James : D'accord, j'envoie François te chercher. »

Clic ! 


James est un ex client avec lequel Karelle et moi avions eu à travailler par le passé. Il nous avait sollicité pour la décoration de son mariage et un peu plus tard pour celle de sa boîte de nuit. On avait gardé le contact et de bon rapport et depuis près d'un an déjà, nous avons repris à nous appeler, bon enfin il me prévient lorsqu'il le voit ici afin que je vienne le récupérer. 


        Quelques minutes après, François a cogné à ma vitre. Je suis descendue du véhicule, je l'ai salué avant de le suivre. La boîte était bruyante et bondée, l'effervescence du week-end donc cela ne m'étonne pas tellement. Il me dirige vers le coin privé de James. Je trouve ce dernier avec 2 autres hommes. 


Moi: Bonsoir. 


Eux: Bonsoir. 


James : (Se levant pour me faire la bise) Comment vas-tu ? 


Moi: Je vais bien. Il est où ? 


James: (Désolé) Je suis vraiment désolé Charly, je t'assure que si je l'avais vu avant, je ne l'aurais pas laissé arriver jusqu'à cet état. 


Moi: Pas grave. C'est déjà beaucoup que tu me préviennes. Alors où est-il ? 


James: (M'entrainant avec lui) il est là-bas. 


J'ai suivi la direction qu'il me montrait pour tomber sur Bradley complètement ivre qui se disputait avec le barman parce que celui-ci refusait de le servir. J'ai soupiré et suis allée avec James et François son homme de main pour le chercher. 


Moi: (À côté de lui) Bradley, on rentre. 


Il s'est retourné pour me regarder afin de voir la personne qui lui parlait avant de regarder à nouveau le barman. 


Bradley : Vous avez appelé votre bulldog ? Pourquoi cela ne m'étonne pas. 


Moi:(au barman ) Il vous doit combien ? 


Barman : 50000fcfa.


Lorsque j'ai voulu payer, Brad m'en a empêché. 


Bradley : Je peux encore régler ma consommation par moi-même. 


Il a sorti des billets de son portefeuille qu'il a balancés sur le comptoir tout en insultant le barman avant de s'en aller en titubant. Je me suis excusée à sa place et ai entrepris de le suivre dehors. À peine je mettais les pieds dehors que je me suis sentie attirée et violemment bloquée contre le mur. 


Moi: (Surprise) Aïe 

Bradley : (Me retenant contre le mur par le cou) Tu te prends pour qui hein ? Suis-je ton enfant ? 


James et François qui ont assisté à la scène sont venus me dégager de lui avant que François ne l'entraîne à une bonne distance. Je me suis directement mise à tousser tant il me serrait fort le cou. 


James : (À moi) Tu vas bien? 


Moi: (Reprenant bien ma respiration ) Oui merci. 


James : (Inquiet) Charly ça ne peut pas continuer ainsi, il finira sérieusement par te faire du mal si tu n'arrêtes pas de le poursuivre comme tu le fais. 


Moi : (Souriant faiblement ) Il ne me fera rien James, ne t'inquiète pas pour moi. 


James: (Soupirant ) Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines autant à vouloir l'aider alors qu'il est évident qu'il ne veut pas se faire aider. De plus, il devient de plus en plus violent et agressif envers toi. 


Je me suis contentée de lui sourire et lui ai tendu les clés de voiture afin qu' il les remette à François qui me suivra avec ma voiture chez Bradley à Batterie 4 (quartier), ce n'est pas très loin de là. Il m'a regardé un moment avant de dire à son employé qui était un peu en retrait de prendre les clés et de me suivre. Je l'ai remercié puis je me suis mise à courir pour monter dans le véhicule de Bradley. Je savais déjà que ce dernier m'insulterait en me demandant de descendre, mais comme il verrait que je ne ferai pas ce qu'il dit, il démarrera et partira avec moi à l'intérieur. C'est ce qui s'est passé dès que je suis montée du côté passager pendant que lui montait du côté chauffeur. 


Bradley : (Me regardant ) Putain ! Descends de ma voiture ! 


Moi: (Silence) 


Bradley : (Hurlant ) Tu ne comprends pas quand je te demande de me foutre la paix ? C'est quoi avec moi ? 


Moi : (Silence ) 


Bradley : (Démarrant ) Vas te faire foutre Charly tu m'entends. Vas te faire foutre. 


Il a continué à crier tout en conduisant. Tout le long du chemin, il n'a pas cessé de m'insulter mais je n'ai rien dit. Je suis restée silencieuse. Pas parce que je n'avais rien à dire, mais par choix. Je connais le scénario. Il est parfois cru dans ses injures mais je ne me décourage pas parce qu'au moins m'insulter lui permet de rester éveillé, donc je prends sur moi. Je ne compte même pas le nombre de fois où il a failli nous envoyer dans un mur, mais grâce à Dieu, nous sommes arrivés sains et saufs à la maison. Le bon monsieur après avoir klaxonné comme un malade pour qu'Ali, le gardien ouvre le portail, il est rentré à la maison en claquant les portes. Je suis descendue à mon tour et l'ai salué. 


Moi : (Souriant faiblement ) Bonsoir Ali. 


Ali :( Répondant à mon sourire ) Bonsoir madame Charly. (regardant vers la maison) monsieur est encore… 


Moi : (Le coupant en soupirant ) Oui. Mais ne t'inquiète pas, il est déjà rentré donc on peut dormir tranquille. 


Le gardien connaît exactement la situation dans laquelle se trouve son patron depuis la mort de sa femme, j'ai pris la peine de lui expliquer les choses face à son changement de personnalité de temps en temps. Je lui ai dit également que ma voiture serait là d'une minute à l'autre et pendant que je parlais encore avec lui, nous avons entendu le klaxon de l'autre côté du portail. Il a ouvert et François est rentré avec ma voiture pendant qu'un autre l'attendait dehors dans une autre voiture. Après lui avoir remis quelque chose pour le remercier, il est parti. J'ai souhaité une bonne nuit au gardien et je suis rentrée à la maison. Au salon, j'ai trouvé le monsieur avec un verre à la main. 


Moi: (Soupirant) Tu ne trouves pas que tu exagères ? Tu ne peux pas continuer ainsi. C'est déjà la 3ème fois cette semaine, ne peux tu pas un seul instant penser à Karly et Karel… 


Il a balancé son verre contre le mur avec violence, me faisant tressauter de peur. 


Bradley : (Regard mauvais ) Ne t'avise plus jamais à prononcer le nom de ma femme et de ma fille dans ta bouche de traînée, tu m'entends ? (S'approchant dangereusement de moi) Pour qui te prends-tu pour parler d'elles ? 


Moi: (Reculant jusqu'à buter contre le mur) Je disais juste que Karly a besoin de toi, tu devrais arrêter de boire comme tu le fais car tu lui donnes un très mauvais exemple. 


Bradley : Que sais-tu toi à l'éducation d'un enfant ? Tu en as ? (Pointant mon ventre) Quand ce ventre vide aura sorti un enfant, tu pourras t'arrêter devant moi et me parler d'éducation. 


Je savais qu'il était en plein délire et ne mesurait ni la gravité ni la portée de ses propos à cause de son état; mais il venait de toucher un point très sensible sans le savoir. Je me suis rapidement mise à penser à mon bébé mort trop tôt et des larmes ont commencé à me monter aux yeux. Toutefois, je les ai réprimées car je ne voulais pas pleurer et encore moins devant lui. Pour lui faire également mal, j'ai sorti sans réfléchir. 


Moi: Karelle aurait tellement honte de toi aujourd'hui si elle te voyait. 


Je n'ai vu ni la gifle, ni ce qui a suivi, je me suis juste retrouvée au sol avec lui au-dessus de moi en train de m'étrangler. C'est le cri qu'a poussé Karly, qui sans doute a dû être réveillée par le verre qu'il a balancé contre le mur, qui l'a fait quitter du dessus de moi pour aller s'enfermer dans son bureau après avoir claqué la porte. 

   Je me suis rapidement relevée et je suis allée la prendre dans mes bras et l'ai ramenée dans sa chambre à l'étage. Je ne voulais pas qu'elle assiste à ce genre de scène. Elle a déjà perdu sa mère, elle n'a pas non plus besoin de voir son père devenir alcoolique et violent. 


Karly : Maman Charly, papa te faisait mal ? 


Moi: (Mentant) Non chérie. Papa ne me faisait pas mal, il m'expliquait quelque chose. 


Karly: (Sceptique ) Pourquoi ta joue est toute rouge alors ? 


Je ne savais pas que ma joue était rouge, mais bon c'était évident, étant très claire de peau, il était presque impossible qu'il n'y ait pas de traces. 


Moi: Je me suis fait mal avec la portière, mon bébé. (Changeant rapidement de sujet) Pourquoi tu ne dors pas Trésor ? 


Karly :  J'ai entendu le bruit qui m'a réveillé, j'ai eu peur. 


Moi: (Rassurante) c'est fini Trésor, je suis là maintenant. (La déposant sur le lit) Rendors toi. 


Karly: Tu vas me border? 


Moi: Oui mon cœur. 


Karly: Avec les bisous baveux ? 


Moi: (Souriante) Avec plein de bisous baveux. 


Je me suis assise sur le lit avant de lui faire plein de bisous sur les joues et des papouilles sur le ventre. Elle a rit un bon moment avant que je ne m'arrête pour lui faire un câlin puis la border et lui souhaiter une bonne nuit. 


Karly: Bonne nuit maman Charly. 


Je me suis levée pour sortir de la chambre. Pendant que j'étais à la porte, elle m'a interpellé. 


Karly: Maman Charly? 


Moi: (Me retournant ) Oui chérie. 


Karly: Tu seras encore là quand je vais me réveiller ? 


Moi: Oui Trésor, je serai là. On passera tout le week-end ensemble. 


Karly: (Contente) D'accord. Je t'aime ! 


Moi: Je t'aime aussi mon amour. 


Elle a refermé les yeux. Je l'ai regardée un moment avant d'éteindre la lumière et de sortir de sa chambre pour me diriger vers la chambre que j'occupe quand je suis ici. C'est celle que j'ai toujours occupée et ce même du vivant de Karelle. Lorsqu'elle a emménagé ici il y a 7 ans, elle m'avait attribué une des chambres à l'étage au grand étonnement de tout le monde. Les chambres d'amis sont normalement en bas et ne sont pas personnalisées car n'importe qui peut y dormir. Mais ce n'est pas le cas avec la mienne qui est décorée de façon bien précise avec des effets à moi sur place comme si j'y vivais. Et Dieu merci ça m'aide beaucoup pour les jours où je suis obligée de dormir ici comme aujourd'hui. Depuis la mort de Karelle, mes nuits ici sont devenues très fréquentes, surtout depuis ces 6 derniers mois où Bradley NZIENGUI a décidé de boire plus que de raison. Ce n'est facile pour personne, mais nous essayons tous de faire de notre mieux pour aller de l'avant. La mort de Karelle a laissé un grand vide dans nos vies et si je me laissais aller, actuellement je serais morte depuis tellement elle était tout pour moi. Je n'avais pas encore fini de pleurer mon amie que je devais m'occuper de sa fille qui était très bouleversée par son décès. Étant très affective de nature, c'était terrible pour elle. Comme j'étais très proche d'elle avant tout ceci, elle s'est davantage attachée à moi au point où on a l'impression que je suis sa mère biologique. Karly est l'une des raisons pour lesquelles malgré le mauvais traitement que m'inflige son père quand il est ivre, je continue à aller le chercher. Il est tout ce qui lui reste comme parent, étant moi-même orpheline, je sais ce que c'est de se retrouver sans parent et je ne veux pas que cela lui arrive, alors je persévère. Ils sont tellement attachés que ce serait terrible s'il faisait un accident pendant qu'il était ivre. 


    Je suis rentrée dans ma chambre puis dans la douche après avoir retiré tous mes vêtements. Je me suis posée devant le miroir pour voir l'œuvre de Brad sur mon corps. J'avais des traces sur le cou et sur ma joue qui était encore douloureuse. J'ai soupiré avant de me laver puis je suis allée me coucher après m'être vêtue. C'est tardivement que le sommeil m'a emporté. 




LE MARI DE MA MEILLE...