CHAPITRE 2: TROU DE MÉMOIRE.

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 2 : TROU DE MÉMOIRE.


**BRADLEY NZIENGUI **


Je me réveille avec des maux de tête atroces. Au travers de la forte lumière qui passe à travers l'espace des fenêtres, je comprends que le jour est déjà bien avancé. Je regarde autour de moi et me rends compte que je suis dans mon bureau, et cela m'étonne. Pourquoi je suis dans mon bureau et pas dans mon lit ? Que s’est-il passé la veille ? Les dernières choses dont je me souviens est d'avoir mis Karly au lit ensuite je me suis rendu dans ma chambre, j'ai regardé la photo de Karelle qui était au chevet du lit avant de partir au salon pour me servir un verre. Pendant que j'y étais, j'ai appelé Kenji qui m'a dit qu'il s'apprêtait à sortir dîner avec Charly. J'ai bu un moment à la maison avant de faire un tour pour me vider la tête. Je suis arrivé devant ce club où je me suis assis un moment pour boire quelques verres après c'est le trou noir. Que s'est-il passé par la suite ? Comment suis-je rentré ? 


  Pendant que je me creuse les méninges, j'entends les rires de Karly au salon. Je décide d'aller voir avec qui elle est en train de le faire. Lorsque j' arrive à la cuisine, je la trouve attablée en train de rire avec Charly. 


Moi: Bonjour et bon appétit !


Elles ont tourné les têtes dans ma direction avant de me répondre. 


Karly: (Heureuse) Bonjour papa 


Charly: (Neutre) Bonjour et merci ! 


Je me suis rapproché de ma fille et lui ai fait un bisou sur le front. 


Karly: (Me repoussant) Papa tu ne sens pas très bon ce matin. 


Moi: (Faussement outré) Ah ! C'est pour ça que tu me rejettes ? (Faisant mine de m'éloigner) Je vais partir chercher une autre fille. 


Karly: (Me retenant) Non papa ne pars pas, je t'aime même si tu ne sens pas bon. Tu es mon papa chéri. 


Moi: (Souriant) Tu es ma princesse adorée et papa t'aime aussi. (à Charly) tu es là depuis ? 


Karly: Elle a dormi ici papa. 


Moi: (Surpris) Ah bon ? 


Charly: Oui. 


Moi: Je n'en savais rien. Tu ne devais pas dîner avec Ken hier ? 


Charly: Si. 


Moi: Alors ça n'a plus eu lieu ? 


Charly: Si. Après le dîner je suis venue ici. À un peu plus de minuit. 

Moi : Dis moi tu ne saurais pas par hasard comment je suis arrivé ici ? J'avoue que (Me grattant la tête) Je suis un peu perdu. 


Charly: (Après m'avoir longuement regardé avec un visage dur) Un ami à moi est passé te déposer dans la nuit. 


Moi: Oh !


Cela me met mal à l'aise d'apprendre qu'un ami à elle m'a déposé à la maison parce que cela signifie d'abord que j'étais vraiment ivre, mais aussi que j'ai recommencé à trop boire et c'est déjà la 3e fois cette semaine. Je ne suis pas fier de moi, mais c'est quand la tristesse m'envahit que je sors boire pour noyer mon chagrin. Je ne me remets toujours pas de la mort de ma femme. Elle était mon âme sœur et sans elle, je suis perdu. D'ailleurs si Charly ne m'aidait pas avec la petite, je ne sais pas comment j'aurais fait. Elle a vraiment été d'un grand secours pour nous durant ces un an et demi au point où si on ne te dit pas tu ne sauras pas que ce n'est pas sa mère. À la base, étant déjà sa marraine, elles étaient déjà très proches ; mais depuis le décès de Karelle, elles se sont davantage rapprochées. Je pense que c'est grâce à cela que Karly a pu amortir le départ de sa mère et n'a pas vraiment ressenti le vide. Elle a juste fait une sorte de substitution. 


    J'ai regardé Charly et elle me regardait durement. On en a parlé il y a 2 ou 3 jours. Je sais qu'elle a envie de me parler mais ne le fera pas à cause de la présence de la petite. 


Moi: Je vais rapidement me laver, j'arrive. 


Je n'ai pas attendu leur réponse pour m'en aller. 

  Depuis le décès de Karelle, ma vie a beaucoup changé. Bien que je savais qu'elle mourrait tôt ou tard, je n'arrivais pas à m'y faire. Quand nous sommes partis de Londres sous les conseils du médecin, nous avons vécu dans notre petite bulle pendant deux mois. Je ne partais quasiment plus au boulot, Kenji s'en occupait depuis l'annonce de la maladie. Nous avons voulu profiter à fond de ses derniers jours et malgré les fréquents malaises, nous avons été heureux et insouciants au point où lorsque tout cela s'est arrêté, je n'ai pas pu m'y faire. Quand le médecin m'a dit qu'il lui restait seulement quelques jours, je n'ai pas hésité à appeler Charly qui était restée à Londres pour qu'elle vienne la voir. Je savais qu'aucune d'elles n'aurait été en paix si elles ne s'étaient pas vues une dernière fois avant son départ. La relation que ces deux filles avaient était très particulière. C'était son âme sœur sur le plan amical. Il y avait des jours où j'en étais même jaloux. Elles passaient toute la journée ensemble au boulot et discutaient au téléphone jusqu'à très tard le soir. Je ne savais pas ce qu'elles avaient toujours autant à se dire alors qu'elles s'étaient vu le jour. Je ne parle même pas des jours où Charly dormait à la maison, Karelle désertait le lit conjugal pour retrouver son amie. Si la chose faisait une semaine, c'était alors une semaine hors de la chambre. Sa grossesse même elle l'a presque passée chez Charly, ce n'est qu'au bout du 8ème mois qu'elle a consenti à revenir à la maison non sans son amie qui a dû habiter avec nous pendant quatre mois. Elle m'avait d'ailleurs dit en blaguant que l'épouser elle , c'était épouser aussi son amie, deux pour le prix d'une. J'ai réalisé la chose durant les 5 années qu'ont duré notre mariage. D'aussi loin que je me souvienne, Charly a toujours été là. Karelle avait des frères et des sœurs, deux de chaque et des parents. Mais la personne dont elle était la plus proche était Charly. J'ai d'ailleurs cru pendant longtemps qu'elles étaient sœurs de sang. C'était donc sans hésiter qu'elle soit là pour l'accompagner dans ses derniers instants et comme pour confirmer leur lien, c'est dans les bras de Charly que ma Karelle a rendu l'âme. À croire que c'était elle qu'elle attendait pour pouvoir partir tranquillement pour l'éternité. 


  Après son enterrement, sa famille a voulu m'imposer la présence d'une de ses sœurs chez moi, soit disant pour m'aider avec la petite qui était encore trop jeune. Je me suis catégoriquement opposé à ça, aucune femme, ne fut ce sa sœur, ne rentrera s'installer dans la maison de ma femme. En plus, entre mes belles sœurs et moi, il n'y aucune affinité. On reste cordiale sans plus, donc je ne me voyais pas vivre avec  l'une d'entre elles. Elles pouvaient toutefois venir à la maison pour voir Karly ou au cas contraire, j'aurais effectué le déplacement pour la leur laisser la journée. Ils avaient été mécontents, mais bon cela m'avait laissé à 37°. Je m'occupe parfaitement de ma fille et Charly m'aide de temps en temps. 


     J'ai fini de me rafraîchir et je suis redescendu trouver les filles au salon. Charly tressait Karly. 


Charly: (Sans me regarder) Ta nourriture est sur la table à manger. 


Moi: merci. 


Je me suis dirigé vers la salle à manger sans me faire prier. D'abord parce que j'avais vraiment faim, mais surtout parce que c'est Charly qui avait préparé. À toutes les qualités qu'elle a, cuisiner doit être la première. Quand elle rentre en cuisine tu n'es jamais déçu, même si c'est seulement pour faire bouillir de l'eau, cette eau aura une saveur différente sans exagérer. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi elle ne s'est jamais intéressée à la gastronomie. Je suis arrivé à table et j'ai vu qu'elle était pleine de bonnes choses, je me suis assis en souriant. Quand j'ai pris la première bouchée, je n'ai pas pu m'empêcher de fermer les yeux tellement c'était un pur délice. Sacrée Charly, son futur époux n'aura pas à se plaindre de ce côté. J'ai honoré ce repas avec grand plaisir avant de débarrasser la table et de faire la vaisselle. J'ai normalement une femme de ménage, mais elle ne passe que 3 fois par semaine et n'est pas là le week-end, du coup il y'a des jours où je me colle aux travaux domestiques. 


   Quand j'ai fini, je suis retourné au salon où j'ai remarqué que les dames avaient presque terminé. Je me suis alors assis non loin d'elles. 


Moi: (À Charly) Tu es là pour le week-end ou juste pour la journée ?. 


Charly: Pour le week-end. 


Karly : (Heureuse) Oui papa, maman Charly va rester avec nous, même qu'elle va m'accompagner lundi à l'école. Je suis trop contente. 


Moi: Je suis content aussi. Alors c'est quoi le programme du week-end ? 


Karly: (Enjouée) On va partir au manège avec maman Charly dès qu'elle va finir de me tresser. Hein non maman Charly ? 


Moi: On dit "n'est-ce pas ?" 


Karly: (Souriante) N’est-ce pas ? 


Charly : Oui chérie. 


Karly: Papa, tu viens avec nous ? On va bien s'amuser. 


Moi: Ce n'est pas une sortie entre filles ? Je ne vais pas vous déranger ? 


Karly : Mais non papa, tu peux venir. N'est-ce pas maman Charly, papa peut venir non ? 

Charly: Oui il peut. 


Moi: Donc je viendrai. 


Karly: Youpi!


Elle a enchaîné des sujets jusqu'à la fin des tresses après, elles sont toutes les deux aller se changer à l'étage avant de revenir. Karly est très bavarde de nature, mais elle l'est encore plus en présence de sa "maman Charly" comme elle l'appelle. Tu vois qu'elle l'aime énormément et cette dernière le lui rend bien. Elles étaient d'ailleurs vêtues de la même façon avec des robes à fleurs rouges et jaunes, des nu-pieds et des sacoches. Charly avait en plus une écharpe autour du cou. 


Moi: Où allons-nous ? 


Charly: Au Tsunami. 


Moi: (Arquant un sourcil) Au Tsunami ? 


Charly : Oui, la salle de jeux qui est en face de Martine Oulabou (école). 


Moi: Ah d'accord. Je vois maintenant. 


Nous avons pris ma voiture et nous sommes partis. J'étais à l'avant avec Charly pendant que Karly la pipelette était en arrière en train d'animer, entre discussion et chants jusqu'au moment où le téléphone de Charly s'est mis à sonner. 


« Charly: (Décrochant) Allô ? »


« …… »


« Charly: Oui bonjour. »


« …… »


« Charly: (Souriante) Ouais c'est ça, flatte moi bien. Sinon je vais bien et j'ai tout aussi bien dormi. Et toi ? »


« …… »


« Charly: Aujourd’hui non, ce n'est pas possible. Demain non plus, je serai occupée. »


« …… »


« Charly:  Non en fait tout mon week-end est déjà pris. De 6h à 24h, toutes les heures sont prises »


« …… »


« Charly: Non il n'y a pas moyen de t'insérer. »


« …… »


« Charly: (Riant) Non. Même pour tout l'argent du monde je ne pourrai pas changer mon programme du week-end. C'est trop important pour moi. »

« …… »


« Charly: je t'appelle en semaine pour t'informer. »


« …… »


« Charly: Ok bye! »


Elle a ensuite raccroché en souriant. 


Moi: C’était Kenji ? 


Charly : Oui

Moi: Il voulait t'inventer ce week-end ? 


Charly : En effet.


Moi: Pourquoi avoir refusé ? 


Charly: Parce que j'ai déjà un programme pour ce week-end. 


Moi: Mais tu aurais pu t'absenter un moment pour le rejoindre, ça ne nous aurait pas causé de soucis. 


Charly: Ce week-end j'ai décidé de le passer avec mon bébé et il n'y a rien ni personne qui pourrait me faire changer d'avis. Karly est ma priorité, toutes les autres choses ou personnes sont secondaires et ne font pas le poids. 


Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu l'impression que cette phrase avait un double sens. On aurait dit qu'elle voulait me faire passer un message. Je me suis tu et j'ai conduit jusqu'au Tsunami. Lorsque nous sommes rentrés j'ai été très impressionné, c'est ma première fois dans ce lieu. Un véritable paradis pour les enfants. Charly se débrouille toujours à nous faire découvrir des coins comme ça pour les enfants. Je me demande même souvent comment elle fait, on dirait qu'elle scrute la ville pour en chercher. Ici c'est un véritable parc aquatique, avec plein de jeux et une grande piscine. Je voyais déjà les yeux de ma fille pétiller, signe qu'elle adorait ce qu'elle voyait. Sacrée Charly, comment l'enfant ne va-t-elle pas l'aimer avec ce genre de chose ? Elle nous a entraînés sur les jeux qu'elle voulait faire. Quand elle pouvait le faire toute seule, on la regardait. Quand on estimait que c'était un peu compliqué pour elle, l'un d'entre nous le faisait avec elle. Elle a presque tout fait et achevé sa course dans la piscine. Charly qui avait tout préparé, lui avait apporté un maillot de bain. Elle s'amusait avec d'autres enfants dans l'eau et nous étions débout au bord en train de la regarder et prendre quelques photos et vidéos. Nous l'y avons sortis lorsque nous avons estimé qu'elle avait déjà mis du temps et nous sommes allés nous installer sur une sorte de petit bungalow pour la changer et manger des petites choses. Nous avons été servis et nous étions en train de manger quand Karly m'a dit qu'elle voulait une barbe à papa. Je suis allé au stand pour lui en acheter. Pendant que je faisais la queue, un couple m'a abordé. 


L'homme : Vous avez une belle petite famille. 


La femme : Et votre épouse est très belle. Votre fille lui ressemble beaucoup. 


Moi: (Souriant) Merci ! 

 

Je n'ai pas voulu démentir quoique ce soit parce que mis à part le fait que Charly ne soit pas ma femme, tout le reste est vrai. Charly est très belle, Karly lui ressemble et nous formons une famille, c'est ma famille. Donc quelque part, ils ne sont pas vraiment dans le faux. Et quel intérêt ai-je à dire que Charly n'est pas ma femme ? Aucun, alors je laisse comme ça. 

Ce fut mon tour, j'ai pris trois barbes à papa et je suis retourné les retrouver. On mangeait dans la joie et la bonne humeur jusqu'à ce que l'écharpe de Charly tombe et laisse voir des marques qu'elle avait au cou. 


Moi: (Intrigué) Qu'as-tu au cou ? 


Charly: (Remettant son écharpe) Rien. 


Moi: (Fronçant les sourcils) Comment ça rien? Je n'ai pas rêvé, j'ai bien vu que tu as des marques autour du cou. 


Karly : Maman Charly s'est fait mal avec la portière, même à la joue. 


J'ai attrapé son visage par le menton avant de tourner sa tête de gauche à droite et vice-versa. J'ai pu m'apercevoir que sa joue droite qui jusque là était cachée par ses cheveux, était marquée. Mais ce n'était pas la marque d'une portière mais plutôt celle d'une gifle. Elle a retiré son visage et a changé de sujet. Je suis resté silencieux à la regarder intensément. Que se passe-t-il avec elle ? Quelqu'un aurait-il osé lever la main sur elle ? S'il s'avère que ce soit le cas, je jure que je m'occuperai personnellement de ce lâche qui ose frapper une femme et de surcroît la Charly de ma Karelle. 


  Le reste de la journée s'est déroulé sans encombres. Nous avons pris beaucoup de photos et vidéos souvenirs avant de partir de là à la tombée de la nuit. En remontant vers où j'avais garé la voiture, nous avons croisé Fallon, la petite sœur de Karelle qui nous a regardés bizarrement avant de nous saluer. Elle est ensuite partie avec ses amies. Nous sommes montés dans la voiture et sommes rentrés à la maison. Karly s'est endormie dans la voiture. Charly a dû la réveiller pour qu'elle se lave et se brosse les dents avant de la recoucher dans la chambre de Charly où elle avait décrété qu'elle dormirait. On lui a lu quelques histoires avant de lui faire des bisous pour qu'elle s'endorme.

 Au salon, j'ai essayé de relancer le sujet des hématomes de Charly mais elle a refusé d'argumenter dessus et est allée dans sa chambre. J'ai soupiré et je suis allé dans la mienne. 

   Le lendemain, nous sommes allés à la plage. Nous y avons croisé deux de ses employés qui nous regardaient de façon étrange avant de nous saluer et de s'en aller. Nous avons passé un bon moment et avons également pris quelques clichés avant de rentrer à la maison où nous avons joué à plusieurs jeux avant d'aller nous coucher. Comme la veille, Karly a fait des caprices afin de dormir avec sa maman Charly, cette dernière ne s'y est pas opposée.


  Ce matin en arrivant au salon, je les ai trouvées déjà apprêtées en train de m'attendre pour prendre le petit déjeuner. Après les salutations d'usage, je me suis assis et nous avons commencé à manger. Depuis la mort de Karelle, je mange rarement le matin avant de partir au boulot. Le jour où je le fais, c'est que Charly a dormi à la maison. C'est pareil pour Karly. Généralement on achète des choses en route pour grignoter rapidement. 


Moi: (À Charly) Tu vas directement au boulot après avoir déposé Karly ? 


Charly: Non. Je dois faire un tour à la maison pour prendre certains documents dont j'aurais besoin. 


Moi : Et tu vas où ce matin ? 


Charly: À Design' Coop ensuite à Motor's Generation. 


Moi: Ah ça! Journée chargée hein. Tu ne seras pas en retard à cause du détour de l'école ? 


Charly: Non. En plus, même si je le suis (levant les épaules) ce n'est pas grave. C'est moi la boss. 


Elle a dit cette dernière phrase en souriant. 


Moi: (souriant) excusez moi madame la boss…… 


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