Chapitre 1. LA RENCONTRE…. FRANCK ET WAMY
Write by Dja
Si ma mère m’entendait,
c’est sûr que je me serais prise une belle taloche sur la tête. Et comme si elle
pouvait apparaître derrière moi, je me retournais pour vérifier avant de jeter
un sourire qui ne dura pas.
Cette grève de trains me
mettait en retard pour mon examen et je savais qu’il n’y aurait pas de seconde
chance. C’est alors que le haut parleur se mit à sonner à mes oreilles... comme le
glas :
« MESDAMES ET MESSIEURS, VOTRE ATTENTION S’IL
VOUS PLAÎT ! POUR DES RAISONS INDEPENDANTES DE NOTRE VOLONTE, NOUS VOUS
INFORMONS QUE LE TRAIN INITIALEMENT PREVU A 10H30 EST ANNONCE AVEC UN RETARD DE
30 MINUTES ENVIRON. NOUS VOUS PRIONS DE BIEN VOULOIR NOUS EXCUSER POUR LA GÊNE OCCASIONNEE. »
« Quoaaaaaaa ? Ils disent KOA
CÊ ? Ho non ! Pas ça ! Pas ça ! Mon DIEU, je savais que je
n’aurais pas dû sortir hier avec Prisca et Claudia. Mais, ces filles-là
savaient me convaincre. Surtout que j’étais restée cloîtrée chez moi depuis des
semaines à réviser sur les examens. Et maintenant, voilà le résultat. Quand je
pense que je ne suis qu’à vingt minutes de Moret, ville où je dois passer mes
examens de fin d’année. »
***
ATTENDEZ !
STOP ! JE ME PRESENTE !
Wamy, jeune étudiante de
22 ans qui va échouer à l’exposé de son mémoire, car elle n’a pas écouté les
conseils de sa logeuse qui lui avait demandé d’attendre le lendemain après
l’oral pour sortir danser et fêter avec les copines. Mais, plus têtue que moi,
on n’en fait pas. Je suis donc allée dans un snack avec mes deux « combis[1] » qui elles,
n’avaient pas eu le même problème que moi ce matin, vu qu’elles avaient dormi
chez leurs amoureux après notre virée tardive.
Je loue un appartement en
résidence universitaire sur Paris et mes parents vivent au Gabon. Je suis née
d’une union mixte ivoiro-gabonaise. Et ma mère a réussi à convaincre mon
ivoirien de père d’aller s’installer au soleil alors que celui-ci rêvait
d’aller vivre ailleurs. J’ai trois frères qui me couvent encore plus que ma
mère. Même le dernier qui pourtant est né deux ans après moi se prend parfois
pour mon grand-frère. Il s’entend souvent avec les jumeaux pour débarquer chez
moi à l’improviste. Histoire comme ils disent de décourager un prétendu
amoureux qui aurait eu le culot de venir me déranger. Cela me faisait autant
rire que m’énerver. Aussi, assez souvent, je leur racontais des salades sur des
histoires amoureuses et torrides que j’inventais.
Une fois pendant les
vacances d’été, je me suis même fait accompagner à une réunion familiale par un
collègue de promotion alors que nous étions tous invités à la maison de
campagne achetée par mes parents dans le sud de la France, en Camargue. Le
pauvre qui espérait secrètement que je succomberais à ses avances ne savait pas
que je me servais de lui pour faire enrager mes frères. Mais, à cette période, ces
derniers me rendaient tellement dingue que j’usais de tous stratagèmes pour les
bousculer et leur faire croire que je m’amusais avec les garçons. Seule ma mère
savait que j’étais toujours aussi innocente que Marie la Mère de Jésus à
l’arrivée de l’ange lui annonçant sa sainte grossesse. Mon collègue avait
passé un moment digne d’un interrogatoire aussi musclé que policier et ce ne
fut que maman qui réussit à le sortir des griffes de mes inspecteurs de
frangins. Maman savait que je n’avais pas de petit copain et cela la désolait
parfois. Elle s’inquiétait de ne me savoir qu’absorbée par mes livres et mes
classeurs, alors qu’elle m’avait sans cesse répéter que : « les garçons c’est toute la vie. Les études
d’abord, les amusements après ». Vraiment, cette femme arrivera toujours à m’étonner. Elle savait également que je racontais à tous ceux qui
m’approchaient que j’étais fiancée et bientôt mariée. Histoire de décourager
les plus hardis d’entre mes prétendants.
Et donc, pour en revenir
à mes parents, allez savoir quel charme ma mère avait utilisé pour convaincre mon père. Toujours est-il qu’ils avaient établi leurs assises dans ce pays chaud bordé
par l’équateur et n’en sont plus partis que pour des séjours vacanciers ou pour
des missions à travers le monde. J'ai nommé le Gabon.
Ma mère, Anne travaille pour les Nations Unies. Elle a toujours eu à cœur de s’occuper des autres et
c’est tout naturellement qu’elle a stoppé ses études après avoir rencontré mon
père, Jean qui travaillait dans une grande banque à Paris. Elle lui avait
demandé, alors qu’il était encore éperdument amoureux d’elle de lui donner un
fonds pour qu’elle ouvre un centre de soutien pour jeunes défavorisés à
Libreville, capitale du Gabon. Les débuts avaient été difficiles pour elle,
surtout qu’elle disait qu’à cette époque mon père ne voulait pas entendre
parler de vivre au Gabon. Lui qui avait un emploi et une vie tranquille en
France. Sans oublier les différents avantages que lui procurait la place qu’il
occupait. Un Directeur de banque, Noir et qui avait réussi à se faire respecter
auprès de collègues qui lui avaient au début mis des bâtons dans les roues.
A cette époque, maman
était une jeune femme avec des rêves plein la tête, comme le rappelait souvent
papa. Elle voulait « SAUVER LE MONDE » et s’était mis en tête de
mettre de l’argent de côté pour ouvrir ce fameux centre qui avait vu le jour
des années plus tard, suivi d’autres après. C’est ainsi qu’un matin, elle se
rendit dans une banque à Saint-Denis, ville où plusieurs de ses compatriotes
gabonais vivaient en tant qu’étudiants. Alors qu’elle, avait préféré faire des
petits boulots et s’inscrire à des cours à distance. Elle était donc coiffeuse
le matin et baby-sitter le soir après les heures de classe. Cela lui permettait
d’étudier la psychologie de l’enfance et de mettre sous son matelas l’argent
qu’elle gagnait de ses différents emplois.
Elle disait qu’elle
n’avait pas confiance aux banques qui utiliseraient son argent à des fins
douteuses et préféraient attendre avant de déposer « SON PACTOLE » en
banque.
Elle état comme ça Anne,
un peu fofolle et tout un numéro rempli de gentillesse et de beauté. Oui, elle
était belle maman. Elle l’est toujours d’ailleurs ! Souvent, papa et elle
aiment à se taquiner, alors qu’elle a déjà dépassé la soixantaine. Elle le
menace toujours de le quitter pour un certain François qui dit-elle aurait pu
la rendre milliardaire. Ce qui avait le don d’agacer papa qui lui lançait des
éclairs à travers ses yeux.
Leurs engueulades me
faisaient toujours rire. Papa ne supportait pas que maman parle d’un autre
homme, pourtant ils étaient mariés depuis des lustres. Et, il avait bien
conscience que maman n’était pas sérieuse.
Mais, il semblerait que
maman lui avait fait une frayeur un jour en se servant de ce fameux François.
Aussi, papa n’aimait-il pas qu’elle parle de lui. Leurs chamailleries étaient
si tendres qu’à certains moments, je me prenais à envier leur complicité. Si un
jour je me mariais, je voudrais que mon couple ressemble au leur. Ils étaient si
heureux ensemble et leur amour transparaissait à travers eux.
Mais, revenons à moi.
Donc, je suis une jeune fille bientôt « échouée », comme on le dit chez moi au Gabon, car le train
n’est toujours pas arrivé et que je dois passer dans maintenant (je
regarde ma montre) quarante cinq minutes. Les larmes que je refoule commencent
à vouloir inonder mon visage. Quand je pense que je dois prendre le vol pour
Dijon cette après-midi. Je n’en aurais pas la force avec ce fiasco. Autant
rentrer me saouler. Ensuite, je pleurerais toutes les larmes de mon corps. En
effet, nous n’avons pas droit à un « zéro » dans une seule note sur
la totalité de l’examen. Sinon, c’est l’élimination directe. Et moi, je n’ai
pas envie de repasser l’année prochaine. Trois ans de sacrifices et de perte de
poids. Surtout ces derniers mois où la pression avait été intense et les profs
encore plus exigeants.
Et là, encore une autre
annonce pour nous informer de la suppression du train, mais également de ceux à
venir. Et des formalités à remplir pour faire une réclamation ou se faire
rembourser. Déjà, je n’écoute plus ce que la voix de l’idiote dame dit. Les larmes
brouillent ma vue. Mes oreilles bourdonnent. Je descends les marches de
l’escalator tel un automate et manque de rentrer dans un monsieur devant moi et
je sens qu'on me retient par le col de ma veste. Ce geste fait monter le sang
dans mon cerveau et je me retourne pour invectiver celui qui a osé me toucher.
Au moment où j’ouvre la bouche, il me pousse doucement, mais vigoureusement et
au dernier moment, me retient par la main qui béait dans le vide. Je rentre alors dans une colère noire :
_ Comment
osez-vous me pousser ainsi ? Non mais, vous êtes malade ?
_ Ho là ! Ca va
miss ! Pas la peine de monter sur vos grands chevaux, je ne voulais pas
vous voir vous étaler par terre c’est tout.
_ Quoi ? Mais…
_ Ecoutez, Mademoiselle,
m’interrompit-il, je ne sais pas ce que vous avez, mais cela se voit que vous
n’allez pas bien. Vous avez manqué bousculer ce monsieur qui est devant vous et
c’est pour cela que je vous ai retenue. Et vous avez également failli rater la
dernière marche de l’escalator.
_ Hein !?
_ Bon, je vois que vous
n’êtes pas en mesure de former des phrases correctes. Et je ne peux vous
laisser dans cet état. Vous allez où ? Je peux peut-être vous déposer
quelque part ?
En entendant ces mots, je
repris mes esprits. Non mais ho ! Il est fou ou quoi celui-là ? Il
croit que parce que je suis mal, je vais monter dans sa voiture ? Pardon
hein !
(Oui, je suis de nature
sauvageonne et brusque. Et très souvent, je n’accepte pas que l’on s’adresse à
moi, surtout pas de cette façon et encore moins aujourd’hui.)
_ Heu, pardon,
c’est bon ! Monsieur le gentleman, je vais me débrouiller. Il doit bien y
avoir des taxis dans ce bled pourri. (Je me promettais déjà de faire payer la
note à Prisca.)
Mais, mon chevalier « à mon avis desservant » ne
l’entendait pas de cette oreille on dirait. Il insista pour me déposer.
_ Bon, monsieur le
bon samaritain ! Je vous ai déjà dit non, pas la peine d’insister. Ou bien
vous êtes aussi têtu en plus d’être enquiquineur ?
_ Hé, pas la peine de
m’insulter ! Je voulais juste rendre service. Je vous laisse à votre
humeur exécrable, mademoiselle qui se la pète ! Cela m’apprendra à vouloir
me montrer gentil. Pfffffft !
Pour toute réponse, je
levais les épaules pour bien signifier que je m’en fichais de ce qu’il pensait.
Il me laissa là, toute
penaude et me rendant compte en apercevant mon reflet dans la vitre de la porte
de la gare que ma mine était affreuse. Mon maquillage avait coulé et ma veste
était mouillée par endroits. On aurait dit que j’avais passé la journée à faire
la fête !
En sortant de la gare,
comme pour accentuer mon malheur, une note était affichée sur un panneau,
disant qu’aucun taxi ne circulait à cette heure de la journée et qu’il fallait
attendre midi pour espérer en voir un.
Seule la fierté m’empêcha
de m’asseoir par terre. Non mais, dans quel bled pourri j’étais
descendue ? Et aujourd’hui comme par hasard ? Encore plus dépitée, je
me mis cette fois-ci à réellement pleurer. Je sanglotais carrément comme une
enfant. Je n’avais même pas pensé à ouvrir le parapluie que les filles
m’avaient passé. Je pensais déjà à la déception de papa. Lui qui avait dépensé
beaucoup d’argent pour ces années d’étude. Mais encore plus, c’est maman qui
serait la plus touchée. Elle attendait que je termine pour que je la rejoigne
dans ses activités humanitaires et surtout, que je prenne la relève dans son
équipe. Et, il me faudrait attendre encore un an avant, car je lui avais
demandé de patienter le temps que j’obtienne mon diplôme d’éducatrice
spécialisée avant de rentrer travailler avec elle. Je ne voulais pas que les
mauvaises langues médisent sur mes compétences ou que les gens pensent que
j’étais incapable de gérer un groupe. Pourtant, c’est ce que je faisais au
quotidien auprès des personnes que j’accompagnais au gré de mes nombreux stages
de formation et autres emplois de bénévole ou d’intérimaire.
J’étais donc là, à penser
à ma déchéance quand je vis une voiture s’arrêter devant moi et la vitre avant côté
passager se baisser.
Hum !
Encore lui ? Hum !
_ Miss-je-me-fâche-sans-raison, vous allez
où ? Laissez-moi vous raccompagner. (Même si vous ne le méritez pas,
ajouta t-il en son for intérieur)
_
S’il vous plaît, laissez-moi tranquille !
Ma voix s’était radoucie. Je suis déjà en
retard à mon oral et je ne vois pas comment vous allez faire pour m’aider.
_
Mais, vous êtes vraiment butée ma parole ! Pourquoi j’insiste je ne sais
pas moi-même ! Vous allez où ? Là, sa voix avait tonné et m’avait quelque peu secouée.
_ Je devais me rendre à Moret, mais je ne peux plus, car je n’aurais pas
le temps de rentrer me changer et de trouver une occasion pour y aller.
_
Bon, même si vous êtes un peu bizarre, je consens à vous y accompagner. C’est
sur ma route et je peux faire un détour.
_
Mais…
_ Par contre, si vous continuez de discuter, je vous laisse là et je m’en vais. Vous m’avez suffisamment donné mal à la tête.
Je ne sais pas si c’est
le « JE VOUS LAISSE LA », qui me décida, mais je sautais dans la
voiture en même temps que j’entendais le moteur redémarrer. Il sourit tout
doucement, et n’eût été mon humeur de chien mouillé, je me serais aperçue de
son sourire ravageur. Mais, je ne pensais qu’à mon oral que je raterais et à ma
tenue débraillée. Ce qui me refit pleurer, mais tout doucement cette fois-ci,
le visage tourné vers le paysage qui défilait au fur et à mesure que nous
avancions. J’étais désormais lasse et je n’avais plus aucune raison d’être en
colère.
_ Moi c’est
Franck, et toi ?
_ Wamy ! Merci pour
votre aide. Je suis désolée pour mon comportement de tout à l’heure.
_ Bof ! Ce n’est
rien ! Mais, tu peux me tutoyer tu sais. Et si tu me souris, je te conduis
d’abord chez toi pour te changer, ensuite à ton examen.
_ Non ! C’est vrai,
tu ferais ça pour moi ?
_ Puisque je te le
dis !
_ Pourquoi donc ?
La suspicion
était de retour. C’est vrai quoi ! Vu la façon dont je m’étais conduite, je ne comprenais pas pourquoi il cherchait à tout prix à m’aider.
_ Bein, comme tu
l’as dit tout à l’heure, je suis un bon samaritain, répondit-il en souriant
cette fois-ci franchement.
_ Hum ! Ne te moque
pas de moi ! Vraiment, merci tout de même ! Je ne sais pas ce que
j’aurais fait sans ton aide.
_ Pas de quoi !
J’espère juste que tu arriveras à temps pour ton examen et que tu te seras
remise de tes émotions avant.
Franck me raccompagna
donc d’abord chez les « vilaines » et me déposa ensuite à l’entrée du
centre d’examens. Heureusement pour moi, je savais dans quelle salle je
passais. La veille, j’étais venue prospecter, car ne connaissant pas la ville.
Chez les filles, j’avais tout juste eu le temps de nettoyer mon visage et de
passer un ensemble sportwear. Tant pis pour la coquetterie ! Je me
referais une beauté rapidement dans la voiture de mon ange du jour.
Je courus donc jusqu’à la
salle d’examen où il ne restait devant la porte qu’un seul candidat. Je me
remis à perdre mes moyens quand une main se posa sur mon épaule. C’était Franck
qui tenait dans une main mon classeur. Je l’avais oublié dans sa voiture et il
m’avait retrouvée en se basant sûrement sur les notes que j’avais inscrites en
gros sur le devant du classeur.
La porte de la salle
s’ouvrit au même moment. Une dame en sorti et me fixa avec étonnement.
_ Vous êtes
Mademoiselle GBAGBO Wamy ?
_ Oui Madame, c’est
moi ! Répondis-je avec appréhension.
_ Mais, vous êtes plus
qu’en retard ! Comment cela se fait-il ?
_ Vraiment Madame, entre
le train annulé, la pluie et la poisse, je ne sais par où commencer.
_ Bon ! Bon !
Vous avez de la chance ! Tout le monde est passé en retard aujourd’hui et,
nous avons fait passer les candidats au fur et à mesure qu’ils arrivaient.
_ Ho ! Donc, je vais
pouvoir exposer ?
_ Oui ! Vous pouvez
prendre quelques minutes pour vous préparer. Vous êtes la dernière après ce
jeune homme.
_ Hoooo ! Merci
beaucoup Madame ! Vraiment, c’est une grâce !
Je me retournais vers
Franck et lui sautais au cou de gratitude. Il paru décontenancé. Il ne
s’attendait pas à ce que je réagisse ainsi. Mais, c’était bien grâce à lui que
je pouvais encore me rattraper et franchement, à ce moment précis, je ne
pensais qu’à ma joie.
Finalement, l’oral s’était bien passé
pour moi. Les examinateurs avaient été indulgents et avaient ri quand je leur
avais raconté ma matinée sans omettre aucun détail. Jusqu’à mes sanglots enfantins
sur le parvis de la gare. Ils avaient même voulu rencontrer mon bienfaiteur qui
avait insisté pour attendre la fin de mon évaluation. Il avait argué avoir de
toute façon perdu sa journée et n’avoir plus rien d’important à faire.
Ensuite, pour bien amorcer
le début de notre amitié, je l’avais invité manger dans un restaurant à viande
réputé de la ville. Je lui devais bien ça, avec tout ce que je lui avais fait
subir depuis ce matin.
Et, comme il vivait
également sur Paris, nous avions continué ensemble jusqu’à la Capitale. Il
m’expliqua qu’il travaillait sur le réseau ferroviaire comme Chef d’une
entreprise sous-traitant avec celle de l’Etat. Et qu’il sortait d’une ronde sur
plusieurs sites sur lesquels travaillait son équipe. Il avait 33 ans et était
passionné par son métier qu’il avait appris sur le tard alors qu’il souhaitait
faire des études en relations internationales. Il vivait seul avec un chien
appelé Rex et venait de mettre fin à une relation amoureuse qui avait duré 2
ans. Il avait surpris sa bien-aimée avec son meilleur ami dans leur lit alors
qu’il rentrait un soir plus tôt qu’à l’accoutumée. Et sans faire de scandale,
il leur avait simplement demandé de fermer la porte après avoir fini leur
besogne.
Il ajouta encore que
cette histoire l’avait refroidi et que cela faisait maintenant quelques mois
qu’il préférait se concentrer sur son travail, car il avait des ambitions qui
ne devaient plus attendre.
J’étais peinée pour lui,
vraiment ! Aussi, il ne me vint même pas à l’esprit qu’il pouvait me raconter
des mensonges, juste histoire de m’avoir à la bonne. Je n’eus donc pas l’idée
de lui sortir mon histoire sur le fiancé imaginaire.
Finalement, c’était un
garçon sympathique et qui me fit rire tout le long du trajet. Au moment de nous
séparer, je le remerciais très chaleureusement et lui promis que désormais je
serais moins hargneuse avec les gens qui m’empêcheraient de tomber d’un
escalator. Ce qui le fit rire encore plus.
Et, c’est en souriant
malgré la pluie qui ne cessait de tomber que nous nous séparâmes à l’entrée
d’une bouche de métro, sans même songer à échanger nos numéros de téléphone.
[1]
Combis : complices en argot gabonais