Adidoville était la capitale d’Anécho, un petit pays dont les côtes attiraient les touristes pour la pureté du sable de ses plages. A un coin de la ville, le fleuve Onom se jette dans l’Océan Atlantique formant une embouchure prisée par les couples surtout les week-ends pour passer du bon temps. On y trouve encore des bâtiments coloniaux avec fière allure face aux constructions modernes. C’est un héritage que la ville veut conserver coûte que coûte car faisant partie de son histoire. Bien que petite de taille, c’est une ville qui n’avait rien à envier à ses voisines des pays frontaliers. L’économie est basée principalement sur la prestation de services. Malgré l’avènement du Christianisme, on y retrouve toujours les rites ancestraux qui rassemblent tous les fils et filles du terroir pendant une semaine au cours du mois de Septembre. Des cérémonies de purification sont organisées çà et là pour conjurer le mauvais sort et implorer la clémence des dieux pour une année de paix. Il est vrai que depuis quelques années, des tensions existent entre les prêtres chargés de faire les cérémonies mais les adidovillois restent fiers de leur ville et tentent par tous moyens de résoudre cette crise.

Lorsque nous nous réveillons les matins, nous pouvons nous rappeler ceci : Je dois être heureux et j’ai besoin de faire preuve de chaleur envers les autres.

C’est avec cette pensée que Richard se réveille chaque jour pour commencer sa journée. C’était d’ailleurs son leitmotiv.

Richard est un jeu homme proche de la trentaine. Il est connu en ville comme un fêtard et surtout un Don Juan. Il n’a pas besoin de forcer sur le talent pour draguer et séduire une fille car sa poche s’en charge déjà très bien en plus de son physique de mannequin international. En effet, il passe une bonne partie de son temps au gymnase car il n’avait pas de souci d’argent. Il avait hérité de la fortune de son père et faisait un tour par moment dans les entreprises qui étaient maintenant les siennes. Evidemment qu’il avait nommé des administrateurs mais il passait toujours faire le point pour s’assurer que tout va pour le mieux. Le fait de disposer d’une richesse colossale ne l’avait pas empêché de poursuivre ses études et d’obtenir un Master en Management des Organisations. C’était un garçon brillant. Avec toutes ces qualités, toutes les filles étaient déjà disposées à s’afficher avec lui pour obtenir un moment de gloire. Son seul point faible demeure la gente féminine. Et c’est d’ailleurs de là que vient son principal défaut.

Mais avec une intelligence pareille, qu’est-ce qui explique pourquoi il aime tant changer de filles ? Sa plus longue relation avait duré seulement vingt jours. Les filles rivalisaient d’astuces pour espérer lui mettre le grappin dessus sans y parvenir. Pour comprendre la raison pour laquelle Richard ne passait que de bons moments et changeait ensuite de partenaire, il faut remonter à sa vingt-cinquième année. Il était en classe de Terminale au Lycée Saint Jean-Marc d’Adidoville. Il était fol amoureux de Jessica. Elle avait tout pour plaire aux hommes. Ils se connaissaient depuis leur enfance mais c’était après la mort de son père qu’ils s’étaient rapprochés.

Bien qu’on dise souvent que les garçons sont plus proches de leur maman que de leur papa, Richard avait développé une certaine fascination pour son géniteur. Peu importe où devait se rendre son papa, il devait y aller aussi. Parfois, il séchait les cours pour se retrouver au bureau de son père en posant mille et une questions. Quel travail fait celui-ci ? Pourquoi celui-là était habillé comme ceci ? Pourquoi la dame là est la seule à avoir un téléphone avec autant de touches… Bien qu’il n’approuve pas l’école buissonnière de son fils, Alexandre (le père de Richard) prenait le temps d’expliquer la conception du business à son fils. C’était pour lui déjà un pas important dans l’apprentissage de la gestion pour une transition réussi au moment où il serait à la tête de son empire. Il l’aimait et on pouvait lire de loin la complicité entre eux. Il prenait toujours soin de venir le redéposer à l’école afin qu’il suive les cours restants de la journée.

Richard se distinguait aussi par sa turbulence à l’école. Tout le monde n’avait pas la patience de son papa car il avait l’habitude de poser plusieurs questions en même temps. Mais il était très apprécié à cause de son intelligence. Au départ, les gens pensaient qu’il suivait des cours de remise à niveau à la maison mais furent surpris d’apprendre que même à la maison, il ouvrait rarement son cahier et passait son temps à s’amuser, à regarder la Télévision. Fait étonnant, il suivait plus les documentaires que les films de dessins animés. Et n’hésitait pas à faire un compte rendu à qui était prêt à l’entendre parler.

Il avait une grande et une petite sœur. Lui, était le cadet de la famille et jouissait d’ailleurs d’un statut privilégié en tant que garçon unique de la famille. Au même moment il était fier et bombait le torse quand des visiteurs lui disent qu’il est l’espoir de la famille. C’est vrai qu’il ne s’entendait pas vraiment bien avec sa grande sœur, car se disait-il, c’est moi le chef de la maison alors que sa grande sœur ne le considérait pas ainsi et prenait un malin plaisir à le martyriser. Même malgré ce traitement parfois cruel de sa grande sœur, il gardait toujours un sourire insouciant et continuait à s’amuser.

Il était donc très affecté par le décès de son père et se sentait souvent seul. Il passait les jours à côtoyer la tristesse à tel point que tout le monde commençait par s’inquiéter pour lui. Il ne mangeait que rarement, s’enfermait dans sa chambre à longueur de journée et refusant de dialoguer avec qui que ce soit.