Chapitre 2: La trahison de Jessica
Write by MTB
Pour
noyer son chagrin, il s’évadait de la maison où les va-et-vient de gens qu’il
considérait comme hypocrites le mettaient en colère. Surtout quand ils se
mettaient à prodiguer des conseils du genre « Sois courageux, sois fort,
ne te laisse pas abattre, l’avenir de la famille repose sur tes épaules… ».
Qu’est-ce qui les importait tant ? Lui son avenir ou comment il allait
souffrir et voir les vautours dilapider la fortune de son père ? Il ne
saurait le dire car en réalité, certains de ses oncles avaient du mal à
accorder leurs violons déjà sur le type de funérailles qu’il fallait organiser
et parlaient même déjà des biens de son papa sans le compter parmi les
bénéficiaires. Heureusement que son père était un homme avisé et avait pris
soin de rédiger un testament trois ans plus tôt quand il avait découvert qu’il
souffrait d’un cancer du rectum. C’était un peu rare comme maladie et son
cancer était à un stade avancé. Pour ne pas perturber les membres de la
famille, il avait entamé un programme de traitement secret et pris toutes les
dispositions qu’il faut pour préserver la paix après son départ. C’était à la
lecture du testament que tout le monde s’était calmé et que les funérailles se
déroulés suivant les dernières volontés de son père.
Pour
échapper à ces vautours, il allait souvent s’asseoir au bord de l’embouchure
pour humer de l’air frais, pour contempler les petits poissons qui nageaient et
se perdre un peu dans ses pensées. L’endroit n’était pas loin de sa maison et
elle venait passer du temps avec lui. Tous les soirs, le même rituel se passait
jusqu’au jour où en se séparant, elle osa un léger baiser sur ses lèvres. Ce
baiser le hanta pendant des jours si tant qu’il finit par se laisser prendre au
jeu de l’amour avec Jessica. C’était le parfait amour. Certains week-ends en
campagne dans la ferme de son défunt père leur faisaient du bien. Il avait
trouvé à ses yeux la fille parfaite. Ils s’entendaient bien. Si bien que quand
des rumeurs lui parvinrent à l’oreille concernant une possible infidélité de sa
Jessica, il balaya tout du revers de la main. Mais comme le dit si bien
l’adage, « six jours pour le voleur, un jour pour le propriétaire ».
Le jour arriva où il surprit Jessica avec Gilles son meilleur ami en train de
s’envoyer en l’air dans la chambre que celui-ci occupait au foyer des garçons.
Son sang ne fit qu’un tour et depuis ce jour, il jura de faire payer cette
trahison à toutes les filles qu’il croisera. C’est ainsi que commença sa
chasse. Au début, il notait les noms de ses victimes sexuelles dans un cahier
mais finit par se lasser car il retombait parfois sur les mêmes à qui il
faisait entendre qu’il était désolé mais que tout a changé maintenant.
Il
se rappelait encore la mise en garde de sa maman en ce qui concernait cet amour
qu’il avait pour Jessica. Des nombreuses discussions qu’ils avaient eues, sa
maman essayait de lui expliquer qu’il est possible que ce ne soit pas de
l’amour qu’il ressentait à l’égard de cette fille mais juste une attirance du
fait qu’elle était toujours là à ses côtés dans ses moments de tristesse. Mais
il s’entêtait en prétextant que sa maman ne voulait pas son bonheur. Il lui
était même arrivé de refuser de saluer sa propre mère quand celle-ci avait osé
lui interdire d’aller à un bal avec Jessica. Seules des larmes coulaient
lentement pour le consoler. Désormais il allait faire attention à ne plus
tomber dans le même piège. D’ailleurs, c’est lui qui en posait plutôt aux
filles maintenant pour se venger et apparemment cela lui réussissait bien.
Il
parait que les femmes aiment les hommes qui leur racontent des mensonges ou ce
qu’elles veulent entendre. Et il surfait sur cette façon de penser jusqu’à ce
jour où il croisa la route de Chantal. C’était la dernière année au campus. Il
venait de choisir l’espagnol comme langue étrangère et se retrouva assis à côté
de cette beauté. Comment se fait-il qu’il ne l’avait jamais remarquée depuis
presque cinq ans dans cette université ?
Chantal
venait de boucler le quart de siècle et donc avait cinq ans de moins que
Richard. Avec son mètre soixante-dix, elle avait tout d’une déesse. On ne
pouvait pas dire qu’elle manquait de quelque chose car ses parents avaient le
nécessaire pour subvenir à ses besoins. Très tôt ses parents se sont lancés
dans l’agriculture industrielle couplée de l’élevage de d’animaux divers au
moment où tous les autres essayaient de se frayer une place dans les grandes
institutions de finances. Aujourd’hui, il n’avait rien à leur envier car il
fournissait ses produits à presque soixante pour cent de leurs rayons. Elle
avait donc tout ce qu’elle voulait et même un fan club de filles comme dans les
films hollywoodiens. Vouloir s’en prendre à elle voulait dire déclarer la
guerre à tout un tas de filles. Elle n’aime pas trop faire la fête mais
n’hésitait pas à faire des folies quand elle se décidait à sortir. Tout était
permis sauf l’aventure avec les garçons car sa maman n’a jamais de cesse de la
mettre en garde contre des salauds qui ne savent que mentir et profiter. Elle
avait donc déjà son idée arrêtée et se plaisait à narguer les garçons qui
essayaient de l’aborder. Après tout qu’avaient-ils à lui offrir qu’elle ne
possédait pas ? L’amour ? Ce ne sont que de bonnes paroles et seuls
les idiots y croient. Elle préparait déjà sa Maîtrise en Sociologie des
Organisations et comptait ouvrir un cabinet de Gestion des Ressources Humaines.
Elle voulait voir tous ces gars défiler devant elle et se mouiller les culottes
à la recherche d’un emploi pour gagner de quoi faire souffrir les hommes.
C’est
vrai que c’était contraire à l’éthique de la gestion des ressources humaines de
pratiquer la discrimination mais devait-elle s’en émouvoir quand les hommes
font pareil avec les filles sans recommandation solides d’un baron ? Elle
voulait utiliser sa position pour rétablir un tant soit peu une partie de
l’égalité entre filles et garçons. A part son caractère que beaucoup qualifient
de méchant, Chantal aimait faire également la belle vie. D’ailleurs c’était le
dernier samedi du mois et avec ses copines, elles avaient l’habitude de faire
un tour en boîte de nuit.
à suivre...