Chapitre 1: Paumée

Write by Lalie308

Le soleil m'a montré sa lumière, mais je l'ai éteinte pour sombrer dans la danse obscure des étoiles.

xXX

Nous sommes en plein début du mois de mars, vendredi soir plus précisément. Je me trouve dans un des merveilleux restaurants de la haie vive avec mon père, Hussein Lawson, l'un des deux hommes de ma vie. Nous devisons et rigolons, fidèles à notre complicité. La salle est paquetée comme toujours d'un joli mélange de nationalités. Normal, les plats envoutent très facilement les papilles.

— C'est vrai que tata Sandrine aime trop jouer les grandes dames, me moqué-je après la plainte de mon père sur le comportement de sa cousine.

— Ce ne serait pas mal de l'envoyer sur la lune, tu ne penses pas ? me demande-t-il en réprimant un fou rire qui tord le coin gauche de ses lèvres.

— Ou sur Mars, on peut lui laisser le choix, répliqué-je en ne me retenant pas de rire aux éclats.

Mon rire contamine rapidement l'homme noir au crâne brillant et au charisme naturel qui me tient compagnie, mon cher papa — alias papounet. En plein milieu de soirée, je me sens toute pâle, ma tête se met à chauffer et tout mon corps tremble. Les éternuements s'en suivent et des gouttes de sang tachent la serviette hygiénique dans laquelle j'éternue. J'ai maintenant du mal à respirer tandis que mes oreilles sifflent, aussi fort qu'une bouilloire en éruption. Mon père apeuré se lève rapidement, jette une liasse de billets sur la table en guise d'addition avant de me conduire hâtivement à l'hôpital. À peine y arrivons-nous qu'un des médecins me prend en charge. Je respire enfin normalement après ses soins. Il m'indique finalement qu'il doit me garder en observation cette nuit en ajoutant que j'aurai les résultats de mes examens demain. Je ne suis pas une grande admiratrice des hôpitaux étant donné que j'y garde assez de mauvais souvenirs. Après le départ du médecin, j'oblige mon père à rentrer, il est hors de question que je lui inflige une nuit de fatigue et de stress, pas après toutes ces années. Pas maintenant qu'il va mieux. Il en a assez souffert. 

Après une longue argumentation avec mon paternel, ce dernier se résigne enfin en me promettant de ne pas mettre mon frère au courant de ma malheureuse situation. Dès son départ, je me retrouve seule entre quatre murs avec pour compagnons l'odeur des hôpitaux et ma robe de chambre puisque Tania, ma meilleure amie séjourne actuellement au Sénégal pour un défilé. Étrangement, tout mon malaise des minutes précédentes s'est estompé, comme s'il voulait juste me rappeler que je suis une malade. Soit, je ne suis pas mourante, je possède toutefois des tonnes d'allergies et un système immunitaire assez faiblard qui me mettent des bâtons dans les roues depuis belle lurette. Je cogite durant toute la nuit. Le lendemain, je me retrouve dans le bureau du médecin qui m'avait pris en charge la veille pour avoir les résultats de mes analyses. 

En bonne anxieuse que je suis, mon cœur bat la chamade dans ma poitrine pendant que mes mains moites tremblent exagérément. Et si je finissais comme maman ? Et si comme elle, la chance me tournait dos sans que je n'aie le temps de la savourer ? L'arrivée du médecin avec un dossier en main me fait sortir de ma rêverie. Mes yeux, reflétant l'anxiété qui me ronge les os se posent sur l'homme en blouse et au crâne partiellement dégarni qui s'installe en face de moi. Il se racle la gorge avant de prendre la parole, un air frustré gaillardement collé sur le visage.

— Mademoiselle Lawson, comment vous sentez-vous ? me demande-t-il calmement en ajustant les documents.

Oh bien, si l'on oublie la boule qui me malmène l'estomac et cette crise qui a failli me tuer.

— Bien docteur, réponds-je avec un beau sourire factice.

Aussitôt qu'il pose ses yeux sur le dossier qu'il tenait en main, son visage se froisse, me provoquant un arrêt respiratoire immédiat. Je fronce durement les sourcils, n'appréciant pas son expression faciale.

— Tout va bien ? lui demandé-je d'une petite voix en plissant les yeux.

Il relève enfin les yeux vers moi, l'air désolé. Il se lève ensuite maladroitement.

— Excusez-moi, je reviens, balbutie-t-il en sortant de la pièce.

Impatiente et à bout de nerfs, je me penche légèrement en avant pour jeter un coup d'œil au dossier posé sur le bureau. Mon regard est attiré par une inscription : approximativement trois semaines. Je fronce directement mes sourcils, jette un regard en arrière puis me saisis du dossier. Trop curieuse, je sais. Le document étant ouvert sur la seconde page, le nom est donc absent. Mon regard se fige lorsque je lis un passage. << Temps restant à vivre : approximativement trois semaines. >> Je clignote plusieurs fois des yeux pour vérifier qu'ils fonctionnent toujours, une vague de peur se saisit de mes entrailles et comme chaque fois que j'ai peur, je perds la raison. Je jette le dossier sur le bureau et me lève maladroitement, mes yeux me piquent et mes jambes sont flageolantes. Ma mère aussi, on lui avait dit qu'il ne lui restait plus que quelque temps à vivre et elle est bien partie, si brutalement, si lâchement, pour toujours. 

J'ai peur, peur de traverser la même souffrance qu'elle, peur de devenir aussi faible qu'elle lors de la phase finale de sa vie, peur d'être la source des larmes de mes proches, peur de ne pas tenir les promesses que je lui avais faites. Je n'attends pas le retour du médecin étant donné que je n'ai pas très envie de l'entendre prononcer ces mots douloureux qui m'enfonceront plus dans mon mal : « Vous allez mourir ». Je serre les dents pour ne pas pleurer et saute dans le premier taxi que je trouve. Dès que je pénètre dans ma chambre — remerciant le ciel que mon frère soit encore aux cours et mon père absent, je me jette dans mon lit puis éclate en sanglots.

 Je ne suis absolument pas prête pour mourir. J'ai encore tellement de choses à vivre, mais cette foutue génétique veut me barrer la route. Je pleure comme une fontaine, me vidant des larmes de mon corps et m'apitoyant sur mon sort. Si je suis réellement la fille arc-en-ciel, pourquoi ma vie n'est-elle pas aussi colorée que l'arc-en-ciel l'est ? Elle est juste terne et fade. Dans l'après-midi, je me rends dans la cuisine pour préparer à manger. Je me remplis l'estomac avec peu d'appetit. Mon téléphone se met à sonner, me ramenant à la réalité. Je décroche et commence à parler :

— Coucou papa, commencé-je d'une voix enrouée, sentant une acidité remonter le long de ma trachée.

— Tu vas bien ? Tu es rentrée ? me demande-t-il inquiet.

Je ne veux pas l'inquiéter, je ne veux pas qu'il revive l'enfer émotionnel qu'il a pu vivre quelques années plus tôt. Je décide donc tant bien que mal de masquer ma peine.

— Oui, ce n'était qu'une petite crise, affirmé-je en sentant les larmes me monter aux yeux.

Il ne me croit pas au début, cependant après quelques arguments bien pensés de ma part, il finit par raccrocher en me faisant promettre de prendre soin de moi. Je soupire à la fin de son appel puis mets le reste de mon repas au frais. Je me rends ensuite dans le salon pour m'occuper les idées avec madame la télévision. Je suis donc en plein milieu de la série Stay quand je reçois un appel de mon patron, Ronel d'Oliveira. Je décroche sans grand enthousiasme. Sa voix ennuyeuse me parvient aux oreilles.

— Bonsoir, Michelle, j'ai urgemment besoin de vos services, commence-t-il.

J'ai bien l'habitude qu'en plein weekend il appelle pour des affaires urgentes ou pour un travail de dernière minute. Je fais bien plus qu'il ne me paie et le semblant de luxe dans lequel je vis n'est que l'œuvre de mon père, l'indémontable homme d'affaires et génie de la mécanique.

— À quelle heure dois-je me présenter ? demandé-je d'un ton las, n'ayant pas le cœur à travailler, plutôt à mourir.

Travailler m'a toujours aidée à oublier toute autre chose, c'est une activité qui accapare assez le centre d'attention.

— Je vous attends aux environs de dix-huit heures. Pour l'heure, j'ai un déjeuner d'affaires, conclut-il.

— Comptez sur moi, soupiré-je.

*

Il est presque dix-huit heures et je viens de pénétrer dans le salon chic et sobre de Ronel.

Je m'installe sur le canapé, les mains sur mes cuisses, attendant impatiemment son arrivée.

— Bonsoir Michelle !

Je me lève, me retourne pour faire face à l'homme grand au teint noir clair — assez séduisant dans son genre — à la coupe toujours parfaite. Il me sourit en m'invitant dans son bureau. Je mime aussi un sourire avant de lui emboiter le pas dans le plus grand des calmes. À la fin de notre long travail, il soupire en retirant sa veste qu'il place sur une chaise. Ses bras à la musculature subtilement travaillée se présentent à moi.

— Cette journée m'a achevé, se plaint-il.

La mienne m'a annoncé que ma vie s'achèvera bientôt, on compare ?

— Vous devriez peut-être vous détendre, proposé-je.

Il passe toute sa vie au bureau et ne se donne quasiment aucun moment de répit, ce n'est d'ailleurs pas surprenant qu'il soit aussi célibataire qu'un électron libre récalcitrant — je suis l'hôpital qui se fout de la charité. Il pose son regard sur moi en me souriant.

— Je me reposerai quand je serai mort, merci pour votre aide.

— Je n'ai fait que mon job, réponds-je en lui souriant faiblement.

Ronel n'a jamais été un patron tyrannique. Paradoxalement, il est toujours dans sa bulle et inaccessible. Il n'est pas un saint non plus, il a souvent sinon trop souvent tenté de me séduire, ce qui me perturbe.

— Je crois que je vais rentrer, déclaré-je finalement en me levant.

Il me retient par la main, posant un regard lourd de sens sur moi, ce qui provoque de petits frissons le long de mon échine.

— Restez un peu avec moi, je me sens seul, chuchote-t-il.

Il a l'air vulnérable, seul, désespéré, suppliant. Je fais rapidement une liste mentale de pour et de contre. Après tout, en rentrant chez moi je me retrouverai seule avec tous mes problèmes et l'idée de ma mort prochaine, alors autant profiter du peu de temps qui me reste. Je me rassois donc, il nous sert des cocktails. Je choisis de me concentrer sur mon verre, partagée entre l'étrangeté de la situation et la douleur de la nouvelle de ce matin.

— Vous êtes étonnamment muette ce soir, se moque-t-il en passant son pouce sur les bords de son verre.

Au travail, j'ai légèrement tendance à m'embarquer dans de longs monologues sous les regards stupéfiés de mes collègues qui me demandent souvent d'où provient ce haut débit de parole. J'ai souvent voulu m'arrêter et me faire moins bavarde. Hélas, ma bouche devient de plus en plus indépendante de ma personne.

— Je ne sais pas trop quoi dire, avoué-je en regardant dans le fond de mon verre.

Michelle n'a rien à dire, c'est assez drôle comme phrase si l'on tient compte du fait qu'il y a toujours des tonnes d'idées bizarres qui trottent dans ma tête. (Avant de dormir, je réalise même des films dans ma tête.)

— Je vous trouve bien triste aujourd'hui, continue-t-il en me fixant d'un regard insistant et pour le moins déstabilisant.

Son analyse de mon état de ce soir commence à m'agacer. Je dévie donc la conversation sur d'autres sujets avant de me retrouver à lui annoncer que je mourrai bientôt. Le reste de la soirée se base sur une conversation plate et des enchaînements de verres d'alcool. D'ailleurs, une bonne quantité d'alcool doit maintenant circuler dans notre sang, surtout le mien. Des vertiges s'invitent, assaillent mes sens alors que mes idées s'embrouillent. Dans ma tête, c'est le capharnaüm.

 En cet instant, je pense à tout ce que je n'aurai pas le temps de faire avant de mourir. L'alcool ne me fait rien oublier et se contente de disperser mes pensées dans tous les azimuts en les rendant piteusement insensées. Comme tout de suite où je pense au fait que je risque de mourir vierge. Je lève enfin mon regard sur Ronel, y lis une once de désir. Après tout, je n'ai rien à y perdre, si ? J'ai toujours été correcte et droite dans ma vie et qu'en ai-je tiré ? Une mort imminente. 

Alors, autant faire ce que je veux du reste de ma misérable existence. Ronel se lève, comprenant la demande qui se lit dans mon regard. Certaines personnes pour oublier leurs problèmes et se vider se défoulent en tapant sur des choses, d'autres courent, d'autres travaillent comme des malades et moi je veux tenter l'interdit. Mon cœur bat fort dans ma poitrine lorsqu'il me tend sa main et m'aide à me lever. Je me remets rapidement du haut-le-cœur qui m'assaille. Il se rapproche de moi puis effleure mes lèvres des siennes qui sont froides. 

Il m'embrasse d'abord lentement puis avec fougue : rien de très extraordinaire. J'ai toujours pensé que pendant les baisers de la première fois, une vague d'émotions me submergerait et me ferait perdre la tête, que toutes mes pensées se volatiliseraient, que mon corps se détacherait de mon âme. Pourtant en ce moment, je ne ressens pas grand-chose à part la douleur qui me pèse sur le cœur depuis ce matin. Je vais quand même lui donner sa chance.

 Je réponds à ses baisers, place mes mains derrière sa tête afin de rendre la danse de nos langues plus sensuelle. Il aventure les siennes dans mon dos, sous mon chemisier. Ce contact me provoque quelques frissons, des frissons de gêne. Il me conduit dans une chambre assez simple et grande puis referme la porte derrière lui, l'ouvrant à la passion interdite. Il me regarde avec désir, comme si tout ce qu'il voulait en cet instant est de me croquer toute crue, tel un lion qui attend de plonger ses dents féroces dans la chair fraiche de sa proie et de laisser son sang envahir sa bouche jusqu'à l'extase. Il troque enfin mes lèvres contre mon cou, le long duquel il laisse une pluie de baisers avant d'attaquer à nouveau mes lèvres. Il déboutonne mon chemisier pendant que je m'occupe du sien qui atterrit au sol, suivi du reste de nos vêtements.

Il m'observe pendant quelques secondes, se languit du spectacle qui s'offre à lui en laissant son membre l'exprimer pleinement ; il passe sa langue avide sur ses lèvres. Je sais que ce que je fais n'a aucun sens ; en cet instant, pour moi la vie n'a aucun sens : elle est insensée et inique. Il me fait allonger sur le lit puis se place au-dessus de moi, les baisers s'intensifient et la chaleur monte dans la pièce. Ses mains se baladent sur mon corps, de même que ses lèvres gourmandes. Il se saisit d'une capote glissée dans un des tiroirs de la table de nuit, déchire l'étui métallique avant de l'insérer avec effervescence. Sa première entrée en moi est douloureuse, très douloureuse. Je serre les dents pour ne pas laisser échapper quelques larmes. J'ai envie de hurler, de fuir, de tout arrêter, mais tout s'arrêtera dans quelques jours. Patience.

— Tu es très étroite, grogne-t-il de sa voix déjà haletante.

Idiot, je te donne un privilège énorme, savoure-le et tais-toi.

— Aucune importance, l'arrêté-je.

Il continue alors son petit manège, mes gémissements de douleur se mêlent à ses grognements. Ses mains continuent de parcourir chaque parcelle de mon corps, ce à quoi il semble prendre un réel plaisir. Pour ma part, excepté la douleur, je ne ressens pas grand-chose. Finissons-en pour que je devienne une femme en bonne et due forme avant de mourir. Finalement, il se laisse tomber sur le côté, essoufflé.

— C'était génial ! s'exclame-t-il, respirant comme une truite.

Comment respire une truite ? Qu'est-ce déjà ? Je n'en ai plus aucune idée. J'ai les yeux rivés au plafond et je ne peux m'empêcher de me remettre en question par rapport à ce que je viens de faire. Un goût amer s'intensifie dans ma bouche à l'instar du liquide qui s'immisce dans mon entrejambe. En fin de compte, cela n'avait rien de spécial. J'ai toujours cru que ce moment serait des plus spéciaux, comme j'ai pu le décrire dans certains manuscrits ou encore comme j'en ai lu dans des tonnes de livres, mais rien, que dalle, nada, niente, nichts.

— C'était nul.

Je fais les gros yeux en m'apercevant de ce que je viens de dire. Quelqu'un a pensé à voix haute. Ronel se redresse, m'adressant un très beau regard noir. Oups.

— Je veux dire que c'était passable, continué-je sans m'en rendre compte.

Je me redresse aussi, la panique déchirant mes yeux. Le visage congestionné par la colère, il se lève sans un mot et enfile hâtivement un short boxer. Je vois bien que je viens de le blesser dans sa fierté. Il me tire par le bras et m'oblige à me lever. J'obéis juste parce que je ne sais plus où donner de la tête. J'ai néanmoins étrangement envie de foutre des coups de poing dans sa partie intime.

— Habille toi, m'ordonne-t-il de sa voix la plus courroucée.

Je ne veux pas argumenter ; j'enfile rapidement mes vêtements comme une prostituée qu'on renvoie après son travail — sans la payer pour. Je tente de retenir mes sanglots ainsi que de contrôler ma douleur. Il me regarde de travers puis me pousse vers la sortie en me glissant avant de fermer la forme :

— Tu es virée.

Je reste plantée devant la porte de l'appartement pendant un long moment, mes yeux me piquent et mes idées noires reprennent le dessus. Il ouvre de nouveau la porte quelques minutes plus tard pour me jeter le drap taché de sang à la figure. Je ne sais pas s'il l'avait remarqué lors de son euphorie sexuelle, ou s'il vient juste de s'en rendre compte. Peut-être doit-il se sentir encore plus mal que ce soit la fille inexpérimentée qui le juge ainsi. Peut-être ai-je une fois encore été digne de moi. Toute la douleur concentrée dans mon entrejambe m'empêche de rester debout sans trembler. 

Après ce qui semble être une éternité, je rentre bredouille chez moi, fonce dans ma chambre et pour la deuxième fois au cours de la même journée, j'éclate en sanglots que je tente d'étouffer pour ne pas attirer l'attention de mon père ou encore celle de mon frère. J'ai vraiment mal, mais surtout honte. Je me rassure du fait qu'une fois dans ma tombe, je n'y penserai plus. Les larmes dévalent mes joues en masses alors que le poids de la journée affaisse mes épaules légères. Je pleure presque toute la nuit, mais finis par m'endormir, souillée et mal en point. Je me réveille d'assez mauvaise humeur le lendemain. Mes yeux me brûlent et j'ai une migraine affreuse. Alors même que je m'emmitoufle dans ma couette, mon téléphone sonne avec insistance. Je décroche sans engouement, maudissant la personne qui peut bien me perturber un dimanche matin, après cette série de fiascos.

— Allo Michelle. C'est le docteur Patrick. Je vous appelle parce que vous êtes rentrée hier sans vos résultats, annonce une voix posée à l'autre bout du combiné.

Je soupire. S'il tient donc tant à m'annoncer une aussi mauvaise nouvelle, qu'il le fasse pour qu'on en finisse.

— Je vous écoute alors, lancé-je sèchement.

— Il ne s'agissait que d'une petite crise d'allergie, tout va bien.

Sa phrase bloque au niveau de mes oreilles. Je me redresse brusquement. La colère prend place rapidement, occasionnée par le fait qu'il puisse ainsi jouer avec ma vie.

— Vous êtes sérieux ? J'ai vu une partie de mon dossier sur votre bureau. Je sais que je vais mourir, rétorqué-je froidement, mais trop calmement.

Le silence à l'autre bout du fil me fait d'abord penser qu'il doit se sentir bête de me prendre pour une idiote, mais le rire sonore qui s'en suit me déconcerte.

— C'était le dossier d'un autre patient. N'avez-vous pas daigné regarder le nom inscrit sur le dossier ? se moque-t-il ouvertement.

Je fronce les sourcils, un soulagement me caressant le cœur.

— C'est pour ça que vous aviez l'air contrarié et que vous êtes sorti, pour aller chercher mon dossier, terminé-je en regardant le mur en face de moi.

— Voilà.

Je le remercie pour son appel en m'excusant pour mon comportement avant de mettre fin à l'appel. Je me laisse tomber sur le lit, me frappe violemment le front en me sentant atrocement stupide et irréfléchie. Je viens de commettre une vraie connerie, irréparable. Conséquence : je me retrouve sans job, dépucelée par un faiblard et surtout en vie. Super !

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Et voilà, le premier chapitre. Vos impressions?





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Lalie


Tentation en édition