Chapitre 2: Tarée

Write by Lalie308

Cette joie nettoie mes pleurs et me crie espoir


Cet espoir soulage mes peurs et me chante la gloire.


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Michelle


Le hurlement de mon alarme me siffle dans les oreilles, rendant tout de suite la chanson science student d'Olamide agaçante. Je me réveille en sursaut, les yeux endormis, la bouche pâteuse et un léger filet de bave coulant sur mon menton : glamour. Je pianote sur mon téléphone et décline l'alarme pour qu'enfin un peu de silence apaise mes sens en ébullition. Je me recouche en soupirant bruyamment et me repositionne confortablement dans mon lit, je déteste me réveiller aussi brutalement surtout quand je m'endors tardivement la veille. Mon premier réflexe après ce long réveil est de placer ma paume devant ma bouche et d'y souffler, histoire d'avoir un aperçu de mon haleine qui évidemment rappelle présentement le chacal.

Je pousse la couette sur le côté et mets mes pieds sur le sol : le pied droit avant celui gauche pour que ma journée soit bonne, simple superstition qui m'obsède. Je n'aime pas me lever du pied gauche. Je me lève et marche lourdement, habillée d'un long T-shirt faisant office de pyjama, jusqu'à la salle de bain. Je jette un regard horrifié à mon reflet dans le miroir : mes deux nattes tiennent toujours, mais des traces marquent sur mes joues, mes yeux sont gonflés et rouges et je ressemble à un zombie. Merci à mes pleurs d'avoir fait le concert silencieux de la veille.

Je fais une toilette rapide, enfile mes leggings, une brassière bleue, une veste de survêtement et mes baskets. Je sors enfin de ma chambre, me rends dans la cuisine pour prendre une bouteille d'eau. Dès que j'apparais dans l'immense salon aux nuances blanc-noir doté d'un coin lecture, d'une salle à manger et d'un coin télé, j'aperçois Tania installée confortablement sur le grand sofa blanc et pianotant sur son téléphone. Un petit sourire déforme mes lèvres et je marche vers elle, elle relève la tête en me voyant et j'esquisse une grimace qu'elle me rend avant que nous n'éclations de rire.

— Je suis ici depuis le commencement du monde et c'est maintenant que tu te pointes, se plaint-elle en pointant son index sur moi.

Je roule des yeux.

— Ton cul levé et on y va, me contenté-je de marmonner en me dirigeant vers la porte de sortie pendant qu'elle glousse derrière moi.

Il devait être six heures trente quand nous entamions notre jogging du samedi, parfois nous le faisons dans le silence avec pour seuls compagnons nos spéciales playlists et parfois en discutant. Aujourd'hui c'est musique. Je commence alors ma course dans les rues de la haie vive, la chanson Shake it up de Taylor Swift me coachant. Je tente d'évacuer tout le stress et tous les vilains sentiments qui me serrent l'estomac afin d'être libérés. Notre jogging fini, nous rentrons chez moi en marchant et commentant tout ce que nous voyons en chemin. Tania qui était venue avec ses affaires prend d'abord sa douche alors que je m'occupe à trouver une bonne playlist pour ma douche. Dès qu'elle finit, je me glisse sous la douche et chante à tue-tête au rythme des chansons qui passent, me dandinant et jouant la star : je suis une star je veux dire. Je me glisse finalement dans un short et un débardeur, je n'aime pas me sentir à l'étroit dans mes vêtements à la maison. Je me rends dans la cuisine et découvre Tania dévorant des pancakes et je décide de faire frire les miens puisqu'elle a jugé bon que je devais moi-même les faire. Bravo l'amitié !

Je m'installe finalement en face d'elle et me mets à manger. Elle fixe sans gêne ma poitrine.

— Ne te gêne surtout pas mais sache que je ne suis pas lesbienne, commencé-je en buvant une gorgée de mon jus de pomme.

Tiens, mes camarades du secondaire m'appelaient aussi miss jus de pomme d'ailleurs. Elle roule des yeux et glousse alors que je fais semblant d'être outrée.

— Ce n'est pas de ma faute si tu as toute la Chine devant et l'Inde derrière, remarque-t-elle, je feins de m'étouffer.

— Tu es bête, lancé-je avant de la suivre dans ses rires contagieux.

Tania alias ma bouffée d'air frais qui peut aussi m'intoxiquer, est purement béninoise. Nous avons fait l'université ensemble. Elle a étudié l'art, elle est top model et aussi agent artistique.

— Alors, comment te remets-tu de ton big flop (grand flop) ? me demande-t-elle sur un ton moqueur.

Je ferme les yeux pendant quelques secondes en soufflant bruyamment alors qu'une vague de souvenirs se décide à me harceler, les souvenirs d'il y a deux semaines plus tôt. Je balaie ces mauvais souvenirs de la main.

— J'ai un entretien lundi, j'espère pouvoir avoir un nouveau job, me contenté-je de répondre.

— Tu sais bien que je ne fais pas référence au boulot, tu es intelligente et les entreprises se battront pour avoir une fille aussi spéciale que toi. Je parle plutôt de ton nouveau statut de miss dépucelée, enchaine-t-elle plus sérieusement.

— Je me sens sale, confessé-je.

— Allez ma Michou, de toute manière tu l'aurais perdue à un moment ou l'autre.

Je roule des yeux, Tania n'est pas du genre prude. Pour elle, s'il y a de l'attirance, il faut se lancer et ne surtout pas oublier la protection. Elle le dit alors qu'elle n'est pas bien placée pour parler de frivolité exagérée.

— Tu dis ça alors que tu l'as perdue avec l'homme que tu aimais et que vous êtes restés ensemble pendant plus de quatre ans, la tancé-je.

Tania est amoureuse d'un garçon depuis le collège, elle a fait le premier pas parce qu'elle est très entreprenante. Ils ont fini ensemble deux mois avant les dix-huit ans de Tania mais ils ont fini par se séparer parce qu'il avait trouvé du travail au Japon. Tania a horreur des relations à distance. Ils se sont donc séparés sur de bons termes même si ma meilleure amie reste amoureuse de son Louis avec qui elle a gardé contact. Depuis, elle flirte beaucoup pour l'oublier mais je sais qu'elle espère secrètement obtenir un contrat pour le Japon et rejoindre son amoureux. Mais on n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie et je suis bien triste pour elle. Elle mérite bien plus que le bonheur.

— Au moins, je vivrai encore longtemps si Dieu le veut, continué-je pour moi-même.

Cette expérience a changé quelque chose en moi, tout c'était passé si vite et si brutalement que cela à laisser une marque dans mon esprit, une dont je le sais influencera mes prochains choix. À la fin de notre petit-déjeuner et après la vaisselle que je déteste accumuler, Tania ne m'accorde pas grande attention et se concentre sur son nouveau flirt via Whatsapp. Je prends mon mac et me connecte sur wattpad pour publier la dernière partie d'une histoire que j'écris. Puisque je ne pense pas mes histoires assez bonnes pour apparaitre en librairie, j'ai décidé de me rabattre sur wattpad. Les auteurs ici sont souvent aussi bons que ceux qui ont la chance d'apparaitre en librairie, j'y ai lu des tonnes d'histoires tellement merveilleuses comme : Love on spot, Seulement trois mois, l'âme bleue et pleins d'autres qui m'ont à chaque fois faite voyager. Je relis une dernière fois, histoire de minimiser les fautes puis appuie sur le bouton publier et hop, le dernier chapitre de « Le cercle de la dérision » est en ligne. Je n'ai pas des milliers de lecteurs mais ceux que j'ai sont de véritables anges.

— Michou, je viens de voir ton nouveau chapitre, je mets Charbel en pause et je l'attaque, s'extasie Tania comme s'il s'agissait d'un chef-d'œuvre.

Comme à chaque fois que mon amie lit en face de moi, je l'observe attentivement pour détecter ses réactions, histoire de savoir si elle me ment après, ce qu'elle ne fait pas. Tania dit ce qu'elle pense et se fout de l'avis des autres, tu n'aimes pas la vérité alors ne parle pas à Tania. À la fin de sa lecture, elle vote et laisse des commentaires puis relève les yeux sur moi. Ils ne reflètent aucune émotion tandis que différentes émotions y nageaient pendant sa lecture, je suis plutôt sadique comme auteur, j'aime le drame, ça me ravive ou peut-être juste parce que ma vie est un drame. Si elle se trouvait décrite en roman, je ne sais d'ailleurs pas quel titre lui donner. Allo drame ? La fille paumée ? Michelle, la fille arc-en-ciel ?

— Au secours, une psychopathe m'épie du regard ou est-ce juste parce que je suis hyper canon ? déclare Tania de sa voix légèrement pointue.

Je rigole de la bêtise de mon amie.

— Aller, dis-moi honnêtement ce que tu en penses, lui demandé-je alors que mon cœur se met à battre.

Je sais bien que c'est ma meilleure amie mais les avis sur mes écrits comptent beaucoup pour moi, après tout, le lecteur est la première personne qu'on touche avec nos mots. Tania esquisse un grand sourire et déclare :

— Miss écriture, tu as mis le paquet. Ce tome est encore mieux que les deux autres, tu devrais te faire publier. Mais la fin me tue trop, j'ai de la nostalgie, je m'étais attachée aux personnages moi.

Je souris timidement en jetant un regard au nombre de lectures qui augmente déjà.

— Tu déconnes, c'est une chose que quelques personnes aiment mon histoire tordue mais une autre de la faire publier. Je l'aime aussi personnellement mais ça en reste là, la coupé-je.

Tania a pour habitude de me proposer d'envoyer mon manuscrit mais honnêtement je ne veux pas me faire de faux espoirs.

*

— Michelle Lawson ? Vous pouvez entrer.

Je lève la tête vers la jeune secrétaire au teint d'ébène qui me sourit et m'invite à entrer dans le bureau. Dans mon tailleur bleu marine, mon haut blanc et mes ballerines blanches, je fais irruption dans le bureau où se tient un homme de la quarantaine, les yeux rivés sur son ordinateur et élégamment habillé. J'aurais pu porter des talons mais ils me font trop mal aux pieds et je préfère rester naturel. Mon cœur bat à mile à l'heure et j'ai du mal à contenir mon stress, mes mains sont moites.

— Bonjour demoiselle... Michelle, commence l'homme en souriant aimablement.

— Bonjour monsieur, réponds-je trop faiblement à mon gout, si bien que je ne suis pas sure qu'il ait entendu.

Parfois, ma voix ne veut juste pas sortir de ma gorge, comme si elle était bloquée dans une cage. Je m'installe finalement sous son invitation. Je ne sais pas si je dois le regarder dans les yeux ou pas, je tremble même de peur. Mon entretien d'embauche avec Ronel ne m'avait pas autant stressée.

— Je vois que vous êtes diplômée de l'université de New York et en littérature anglaise, commence-t-il en feuilletant mon maigre curriculum vitae. Parlez-moi de vous.

Parler de moi ? Merde, que dois-je dire ? Je me suis pourtant apprêtée avant de venir, pourquoi soudainement tout s'envole, comme des cendres en plein air. Cerveau réagit, j'appelle mon cerveau, mayday je coule, mayday. Merde, merde, merde, Michelle dit quelque chose. Merde, merde, remerde. Tiens ça fait une belle chanson ça, merde, merde et remerde parce que je suis dans la merde. Je me rends finalement compte que monsieur George m'observe, en attente de ma réponse. Quelle tête en l'air je fais ! Je me racle la gorge, décide à enfin regarder monsieur George et commence à parler :

— Eh bien je suis Michelle Lawson, ça vous le savez déjà. Je suis diplômée en littérature anglaise et ça vous le savez aussi...

Je m'enfonce de plus en plus et je ne peux même pas m'arrêter. Pourtant, ma voix se fait très petite et je ne pense pas que monsieur George veuille d'une personne qui ne s'assume pas dans son entreprise. J'ai juste envie de me lever et de fuir loin de cet endroit. Pourtant, lorsque ma voix retrouve sa tonalité, elle ne prononce que des paroles connes :

— J'aime parler aussi, oui beaucoup, et j'adore l'anglais vous savez ? D'ailleurs savez-vous que cette langue prend de l'ampleur dans le monde ? C'est vrai que l'espagnol est devant mais je préfère l'anglais et c'est pour ça que vous devez me prendre. Après tout pourquoi je vous dis ça moi ? Il y a bien environ plus d'un milliard de personnes qui parlent anglais et je ne suis qu'une de plus.

Je continue de déblatérer et je m'arrête finalement essoufflée, sous le regard interloqué de monsieur George laissé pantois par mon intervention. Donc merde, merde et remerde, je suis dans la merde.

— Bien, commence-t-il peu convaincu. Pourquoi avez-vous quitté votre ancien poste ?

Parce que mon patron est nul au lit ? Je ne crois qu'il aimerait entendre ça. Je repense à l'ancienne situation avec Ronel et elle me fait quand même rire sur le coup, tellement stupide qu'elle en devient drôle. J'éclate alors de rire devant monsieur George qui semble embarrassé, il doit me prendre pour une tarée ou peut-être que je le suis. Ronel n'a vraiment pas assumé la vérité. Soudain, lorsque mes yeux se posent de nouveau sur l'homme en face de moi, je me demande tout de suite s'il aurait agi pareillement et la vision m'écœure quelque peu, alors je m'arrête de rire et le fixe bizarrement surtout que je viens de repérer un énorme bouton sur son front.

— Vous allez bien ? me demande-t-il en plissant les yeux, les miens toujours fixés sur son front.

— Oui, je suis désolée d'être aussi effrontée, je veux dire malpolie. Oui malpolie c'est ça. J'ai poussé le bouton, bouchon trop loin, bafouillé-je en m'arrêtant de respirer.

Il ne répond rien et me fixe à présent, l'air apeuré. Je crois que je l'ai traumatisé. Non ? Pour rendre les choses moins difficiles, je me lève gentiment et soupire.

— Je crois que je vais y aller, annoncé-je. À moins que vous vouliez que je reste, continué-je d'une petite voix porteuse d'espoir.

Après ma phrase, il a un geste de recul et fronce les sourcils. Je marche vers la porte et me retourne une dernière fois pour parler :

— Bonne journée, j'espère qu'aucun bouton ne vous gênera.

Je fais les gros yeux et reprends maladroitement.

— Mouton, je veux dire mouton.

Je sors finalement du bureau et tombe sur un jeune homme bien habillé qui est prêt à s'y rendre. Je ne peux m'empêcher de lui glisser :

— Je te promets que tu n'auras pas gros effort à faire pour me surpasser.

Il semble un peu moins stressé que moi, hausse les épaules et se rend dans le bureau. Bonne chance et ne fais pas le front, je veux dire con. Je rentre finalement chez moi, m'avachis sur le canapé et grogne.

— Alerte moufette, je répète, alerte moufette.

Je lève le regard sur mon petit frère Luc et regrette de ne pas avoir son charme naturel. Bien qu'il soit mon frère et que je lui chante qu'il est hideux, j'ai bien peur qu'il ait volé toute la confiance en soi et le charme mais aussi la beauté et la chance, en bref beaucoup de chose. Il a vingt ans et est un vrai coureur. Il les fait toutes tomber avec son teint foncé clair, ses yeux gris et sa silhouette élancée et divinement sculptée. Il a le temps avec les études d'aller à la salle de gym et me casse souvent les ovaires parce qu'il est beaucoup plus grand que moi. Je lui lance un regard amusé.

— Luc put du cul en scène, répliqué-je.

Mon frère et moi sommes assez complices, beaucoup d'ailleurs, et sommes habitués à nous emmerder. Pendant une période de ma vie, je l'ai vraiment détesté parce qu'il caftait toutes mes bêtises à mon père. Mais il a muri. Je retire ce que j'ai dit parce qu'il est à présent en train de gigoter devant moi alors que la chanson turn down for what de Dj snake passe à la télévision. Mais je ne peux m'en empêcher, je me lève aussi et me dandine niaisement en faisant mine de faire vibrer mon corps. Il se rapproche de moi et à ce moment on fait une compétition de qui parait le plus drôle et je parie que je gagne. Nous éclatons de rire en faisant chacun notre free-style et en sautant partout. Nous nous retournons au même moment et tombons sur notre père qui nous observe, amusé.

— Entre l'un qui ressemble à une corde et l'autre à un invertébré, je ne sais pas qui l'emporte, se moque-t-il.

— Mais je sais qu'au moins je suis l'invertébrée, réponds-je fièrement. Au moins moi je suis un être et pas une vulgaire corde comme certains.

— Tu parles, tu ressembles à de la morve.

— Tu es dégoutant, répliqué-je alors qu'il tire la langue.

Pour calmer enfin l'ambiance ou pour l'alourdir, mon ventre gargouille puissamment sous les regards interloqués de mes « men ».

— Quoi ? Je n'ai pas mangé depuis le matin et je me suis cassée les ovaires à mon entretien d'embauche, le pauvre il doit être traumatisé.

— Autant de bruit dans un si petit corps, observe mon père.

— Tu as de la chance que le chef Luc ait fait un bon petit plat, se complimente Luc.

Mais je l'avoue, mon frère est un très bon cuisinier depuis tout petit. Nous sommes une famille de cordons bleus d'ailleurs et ma cheville va très bien. Je m'approche dangereusement de Luc et mime des bisous avec ma bouche.

— Tu es génial, mon petit frère d'amour, commencé-je, le poussant à me fuir comme la peste.

Je le poursuis jusqu'à la cuisine pendant que mon père et moi éclatons de rire devant son expression dégoutée.

— Me touche pas sorcière, mes chéries n'en auront plus assez, fait-il en clignant des yeux et multipliant mes rires.

Mon père lui lance un incroyable regard noir et il hausse les épaules. Mon père n'aime pas trop le comportement de mon frère, il l'a plusieurs fois mis en garde mais comment dire, Luc est une vraie tête de mule. Nous nous installons finalement pour déjeuner.

— Tu ne travailles pas aujourd'hui ? demandé-je à mon père.

— Si mais dans une trentaine de minutes. J'ai décidé de suivre tes conseils.

Je souris parce que mon père est une machine à travail, il ne se repose jamais. Je l'ai donc plusieurs fois mis en garde et conseillé de se ménager. Je suis ravie que pour une fois, il m'écoute.

— Et toi, tu n'es pas allé aux cours ?

— Au secours maman 2.0 est dans la place.

Je roule des yeux.

— Non, demi-journée. J'ai des examens demain alors je suis sensé réviser, répond-il. Les études de médecine c'est épuisant mais tellement excitant.

Je souris à mon frère, je suis très fière de lui parce qu'il est en quatrième année de médecine et se donne à fond. Je suis surtout heureuse qu'il ait initialement choisi cette filière pour moi. Des souvenirs remontent à la surface et une vague de nostalgie me prend.

*

Nous étions en plein mois de juin et vivions aux Etats-Unis, j'avais encore huit ans et Luc, cinq. Pendant le déjeuner, j'avais opté pour l'ananas comme dessert. Après avoir déjeuné, mon frère me proposa une partie de football qu'évidemment je ne lui refusai pas. Nous nous sommes alors mis à jouer, crier d'enthousiasme et nous tacher de boue. Pourtant, lorsqu'il me lança la balle, je ne la touchai plus et me recroquevillai. Je m'assis au sol et me mis à pleurer parce que ma tête me faisait mal, j'avais l'impression qu'elle allait exploser. Mes oreilles suivirent et mon nez se mit à saigner. Mon frère, inquiet marcha vers moi, pensant peut-être m'avoir blessée. Il me remonta doucement la tête, une immense peur envahissant son visage.

Cheyou ça va ? Tu as quoi ? me demanda-t-il de sa petite voix.

Mais je ne répondis rien, j'étais concentrée sur ma douleur. Finalement, mes parents firent irruption dans le jardin, en panique. Je pus à peine apercevoir ma mère, sa crinière brune et ses beaux yeux gris, qui courait vers moi que mes yeux se fermèrent et que je vis le néant. Je me réveillai finalement dans un hôpital et découvris les visages soulagés de mes parents qui s'étreignaient et m'observaient intensément. Plus loin se trouvait mon petit frère qui jouait avec un jouet, il courut vers moi en souriant et ses yeux rougis montraient qu'il avait pleuré.

— Cheyou est réveillée, s'extasia-t-il en bondissant.

Au même moment, un médecin entra dans la pièce et sourit à mes parents. Il m'examina puis prit la parole :

Il ne s'agissait que d'une réaction allergique princesse, tu iras beaucoup mieux. Papa et maman vont te parler de ce que tu dois éviter de manger ou de boire. D'accord ?

Je hochai doucement la tête. La mine du médecin s'assombrit quelque peu et il parla à mes parents, peut-être qu'il ne voulait pas aller à l'extérieur parce qu'il pensait que mon frère et moi ne comprendrions rien mais il avait tort, je comprenais beaucoup. J'ai toujours vite compris certaines choses.

Je suis vraiment désolé que son système immunitaire soit aussi faible, elle devra faire beaucoup attention, déclara-t-il alors que mes parents souriaient tristement pour ne pas m'alerter.

Michou, je vais devenir docteur et te soigner, ne t'inquiète pas, déclara fièrement mon petit frère.

Mes parents riaient et lui ébouriffaient les cheveux.

*

— Sale inceste pourquoi tu m'observes comme ça ? s'indigne Luc en mimant une expression dégoutée.

La voix de Luc me ramène donc à la réalité et un petit sourire sournois se dessine sur mes lèvres. Il n'a jamais laissé ce rêve, mais les allergies ne se soignent pas. On vit avec, mais il veut à tout prix être celui qui réussira à découvrir des remèdes pour les allergies ou encore pour un faible système immunitaire.

— Ta mocheté m'avait hypnotisée, répliqué-je alors qu'il roule des yeux.

— Dis-moi chérie, pourquoi tu as perdu ton ancien job déjà ? me questionne mon père.

Je feins de m'étouffer et réfléchis rapidement à une réponse cohérente.

— Mon boss n'a pas apprécié une critique, je lui ai fait.

— Ah bon ? Ronel m'a semblé plutôt ouvert pourtant.

— Faut croire qu'il est tout aussi susceptible, répliqué-je du tac au tac.

— Tant mieux, ce type te dévorait trop des yeux, intervient Luc, le seul heureux que j'aie perdu mon job.

— Ne t'inquiète pas papa, je vais en trouver un autre, le rassuré-je en souriant.

Nous finissons alors calmement notre déjeuner, bon c'est faux. Luc et moi n'avons fait que parler et singer durant le déjeuner. 

****

J'avoue qu'il est un peu long ce chapitre, désolé mais  je ne pouvais pas le couper. Alors vos avis? 

Je publierai chaque mercredi, ça vou



Merci de lire, voter et commenter.


Lalie


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