Chapitre 10 : Lilly AGOSSA
Write by Fleurie
°°° Mourad °°°
Je la regarde avec dédain, vraiment cette fille n’a aucune pudeur. La chair est faible dit-on, mais j’aime trop Louna pour lui faire un coup pareil. Ma raison me dit de sortir, mais mon corps dit le contraire, je pense que je ferais mieux de ne pas céder à la tentation. Je passe la main sur mon visage pour réfléchir pendant un moment, à comment faire. Je finis par la pousser, cette fois-ci brutalement. Je ne suis pas le genre d’homme à lever la main sur une femme, sinon il y a longtemps que je lui aurais collé une , ou pourquoi pas un recto-verso. Elle s’est retrouvée au sol.
Elle (furieuse) : Non mais ça ne va pas chez toi. Je m’offre à toi gratuitement et c’est comme ça que tu me traites, je t’aurai crois moi.
Moi (rire nerveux) : C’est ton problème, tu n’as pas honte de t’offrir de cette manière ? Qu’est-ce qui ne marche pas chez toi.
Elle (mettant de l’ordre dans ses vêtements) : Mais tu prenais plaisir il y a quelques minutes .
Moi : J’ai aimé, mais que ça soit clair entre nous. Il ne s’est absolument rien passé, restons en là.
Elle : C’est ce qu’on va voir, tu auras bientôt de mes nouvelles tchip.
Elle se lève, se précipite vers la sortie et butte au passage Alex. Je ne manque pas d’éclater de rire.
Alex : Man je me demandais ce qui t’occupais, mais je vois que (se raclant la gorge) tu l’as eu.
Moi : Ce n’est pas ce que tu crois, elle n’en vaut pas la peine. Louna est meilleure qu’elle.
Lui : J’aime bien Louna et ne supporterais pas que tu lui fasses du mal.
Moi ( clin d’œil ) : Promis man.
Alex ( souriant ) : Tu as intérêt sinon tu auras à faire à moi, tu es prévenu.
Nous avons rejoint les autres qui s’impatientent déjà. Je balaie la salle du regard, mais je n’ai plus vu la demoiselle de toute à l’heure, tant mieux me suis-je dit. Je n’ai plus envie de rien du coup. J’avoue que j’ai cédé un moment, heureusement que je me suis arrêté à temps. Le reste de la soirée se passe bien et nous rentrons vers 5h du matin ivres, lol.
Je sors mon portable pour envoyer un message à Lou, quand je vois un bout de papier dans la poche arrière de mon jean. Non mais je rêve, elle a osé mettre son numéro sur ce papier, sur quelle folle suis-je tombé, pffffff. Je le déchire en mille morceaux et le jette avec rage dans la corbeille. Je prend une douche avant de m’affaler sur le lit.
°°° Louna °°°
Le chant matinal des coqs me réveille et me fait savoir que le jour s’est levé. C’est la période des vacances, je n’ai pas de cours à suivre, pourquoi ne pas traîner. Je remet la couverture pour dormir un peu. Je tourne plusieurs fois dans le lit mais apparemment le sommeil n’est plus au rendez-vous.
Je reste allongée tout en contemplant le plafond, je repense aux événements de ces derniers jours. Rien qu’à penser à cet endroit lugubre où il a été enterré, je sens un frisson me parcourir dans le dos. Rapidement je chasse ces pensées douloureuses de mon esprit.
[Bruit de porte qui s’ouvre]
Je vois Lilou s’introduire dans ma chambre, en pleures et se grattant les yeux. Elle a l’air effrayée. Je me lève d’un bond pour la prendre dans mes bras.
Elle ( baillant ) : Lou j’ai peur, je veux dormir avec toi, s’il te plaît.
Moi ( la mettant au lit) : Shhhhhhh, c’est fini princesse, dors maintenant.
Elle ( se serrant plus fort contre moi ) : Lou non ne me laisses pas, j’ai peur qu’ils me fassent du mal ( regardant autour d’elle ).
Moi ( essayant de la rassurer ) : Princesse il n’y a personne.
Elle ( désignant du doigt la porte ) : Là bas.
Moi ( lui caressant la joue ) : Je suis là d’accord, personne ne viendra te déranger ma puce. Maintenant tu dois dormir.
Elle : Okay.
Je me suis occupée d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Elle a dû faire un cauchemar pour réagir de la sorte. Je me détache tout doucement d’elle pour ne pas la réveiller.
Assise sur la chaise à bascule près de ma fenêtre, je la regarde dormir, je me demande quel cauchemar elle a fait pour se mettre à pleurer ainsi. Cette chaise était la préférée de papa. Je me souviens quand j’étais toute petite, il avait l’habitude de me mettre sur ses genoux tout en me racontant des histoires, ah la vie !
~~~~~ Une semaine plus tard ~~~~~
Nous sommes aujourd’hui dimanche, je ne suis pas une fidèle de l’église. Des fois il arrive que je sois furieuse contre Dieu. Je me demande pourquoi il laisse certaines choses nous arriver, pendant qu’il peut très bien nous les éviter. Voilà une des raisons pour laquelle j’ai abandonné l’église. Chaque matin et soir, je prie et lui demande à ce qu’il nous aide à avancer, mais c’est à croire qu’il ne m’entend jamais.
Pourquoi prier et et le supplier pour son aide, pendant qu’il n’est pas en mesure d’excauser nos vœux ? Et le pire il m’a arraché mon père après ce qu’il a subi, le pauvre.
Mais ce matin j’ai eu envie d’y aller à mon réveil. Après une heure et demie nous sommes toutes prêtes.
Le prête fait son entrée et fait l’ouverture de la messe. Quelques minutes plus tard, je reste concentrée sur son homélie.
Prête : La foi, c'est une relation vivante avec Dieu. Elle peut s'endormir. L'eucharistie dominicale est l'occasion de la réveiller, d'entendre la parole de Dieu, d'être nourri, de rencontrer les autres croyants qui vont nous encourager à croire. En même temps, il ne faut pas être anxieux si l'on manque la messe un dimanche. Dieu ne nous contrôle pas.
On aurait dit qu’il s’adresse à moi.
Prêtre : Nous avons tous tendance à nous éloigner de Dieu lorsque nous ne trouvons pas de réponses à nos requêtes. N’oubliez pas chers frères et sœurs en Christ que quelque soit la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous ne devons jamais abandonner la prière. Nous savons très bien combien il est difficile de toujours avoir la foi en certaines circonstances. Vous n’êtes pas sans savoir que le chemin de la foi traverse des épreuves. Ces épreuves peuvent aider au progrès et à l'approfondissement de la foi. Beaucoup de chrétiens disent que leur prière et leur foi se heurtent au silence de Dieu.
Décidément le prête lit dans mes pensées.
Prêtre : Comment pouvez-vous dire que Dieu se tait et vous plaindre de son silence, alors qu'il parle continuellement. Par la magnificence de sa création. Par les événements de nos vies. Par toute personne rencontrée. Par les prophètes, enfin, et surtout par son fils. Vous devez beaucoup prier, car c’est dans les dures épreuves que le diable choisit pour semer le doute en vous, et vous éloigne de Dieu. Veillez et priez, l’heure de Dieu est toujours la meilleure, ayez foi et confiance en lui. Tout s’accomplira au bon moment, celui choisit par Dieu.
Ses paroles m’ont touchées au plus profond de moi. Je réalise qu’il est important de se rendre à l’église pour mieux nourrir son âme. J’avoue que ça m’a fait du bien de venir suivre la messe.
Une fois la messe finie, j’allume quelques bougies pour ma famille et nous rentrons. J’aide Lilly à faire ses bagages, elle rentre ce soir à Libreville.
°°° Lilly °°°
Mon cœur saigne à chaque fois que je dois quitter ma famille. J’aurais tant aimé rester avec elles, mais le devoir m’appelle je dois y aller. Louna m’aide à ranger mes affaires quand maman fait son irruption dans la pièce.
Moi ( souriant ) : Madame AGOSSA que vous êtes belle.
Elle : Merci Lilly tu vas nous manquer, n’y a-t-il pas un moyen pour que tu restes un peu plus ?
Moi : Maman je promet revenir vous rendre visite dès que j’aurai l’occasion.
Elle : Okay ma chérie.
Moi : Pourquoi ne pas venir avec moi maman, ça te ferait changer d’air et te faire oublier ne serait-ce qu’un tout petit peu tes soucis. Tu es toujours occupée par ton travail et la maison. Tu ne te reposes jamais, il te faut quelqu’un pour prendre soin de toi. Ce sont nous tes enfants.
Louna : Maman, elle a raison, pourquoi ne pas l’accompagner ?
Elle : Ce ne sera pas possible ma fille, je le ferai dès que je prendrai mon prochain congé. Vous le faites déjà par votre présence et votre soutien.
Moi ( la taquinant) : Ou bien tu as peur que les Gabonais te retiennent là bas krkrkrkr.
Elle ( amusée ) : Tu es folle AGOSSA.
[ Sonnerie téléphone ]
Moi : Allô chéri
Lui : Salut bébé, enfin je suis content que tu rentres enfin.
Moi : Dis plutôt que tu as eu le temps de bien profiter de mon absence .
Lui : Tu sais très bien qu’il n’y a que toi dans mon cœur.
Moi : Tu as intérêt, je dois te laisser on se verra ce soir. Bisous
Lui : Je t’aime.
Moi : Moi aussi.
Clic.
Louna : Lilly c’est comment tu taquines mon beau-frère comme ça.
Moi : Il est habitué, mais tu connais pas les hommes, ils sont capables de tout. Ils te trompent en ta présence alors imagines en ton absence.
Elle : En tout cas mon Mourad est sérieux et j’ai confiance en lui.
Maman : Vous savez mes filles il n’y a pas d’homme parfait et fidèle sur cette terre. Tout est question de communication, de complicité, d’amour et de respect dans un couple. Communiquez souvent ça évite les disputes futiles qui mènent à la rupture.
Nous : Merci maman.
C’est dans cette ambiance entre filles que nous passons l’après midi.
Je vois que je ne me suis pas encore présentée. Lilly AGOSSA, l’aînée de mes parents, ce soir je retourne au Gabon. Mon pays le Bénin m’a trop manqué. Que ça fait du bien d’être chez soi, mais malheureusement le devoir m’appelle.
Je me rappelle encore quand je quittais mon pays pour une terre étrangère. Le Gabon fait partie des pays africains que j’aime tant. C’est pourquoi je l’ai choisi pour y poursuivre mes études.
Une fois finie, j’avais prévue rentrer au pays, mais comme on le dit souvent l’homme propose et Dieu dispose. C’est en ce moment que j’ai rencontré l’amour de ma vie. Ça été le début d’une merveilleuse histoire d’amour.
À la fin de mon stage, il m’a aidé à trouver un poste dans une banque. J’ai alors choisi de rester et vivre là bas.
Je ne plains pas du tout. Au contraire je remercie le ciel de m’avoir donné une mère comme Yasmine.
Ma montre affiche 20h, mon vol est dans deux heures. Mourad s’est proposé de nous déposer à l’aéroport, et par l’occasion nous inviter à dîner.
Tous assis au bord d’une table dans un restaurant non loin de l’aéroport, nous parlons de tout et de rien. J’ai adoré leur plat, c’est si délicieux.
°°° Yasmine °°°
Je déteste ce moment, où l’on doit se séparer. Ça me rappelle la toute première fois, lors de son départ, j’avais pleuré comme une madeleine. Hugo était également triste mais pas jusqu’au point de pleurer comme moi. Me voici encore ce soir à ce même endroit.
Lilly ( essuyant mes larmes) : Maman ne pleure pas, ce n’est qu’un au revoir, on se reverra.
Moi : Je sais chérie, mais c’est plus fort que moi tu comprends.
Elle ( me prenant dans ses bras ) : Ne t’en fais pas maman.
Louna : Tu vas nous manquer ma grande.
Elle : Arrêtez je vais changer d’avis si vous ne cessez pas de pleurer. Ça me fend le cœur.
Mourad : Bon voyage Lilly.
Elle nous fait la bise avant de se tourner.
Elle : Merci portez vous bien et à la prochaine.
Nous sommes restés debout jusqu’à ce qu’elle disparaisse de notre champ de vision.
Mourad vient de nous déposer. Je devance les deux tourtereaux, pour qu’ils soient entre eux.
Je lâche un cri de surprise lorsque je franchis le seuil de la chambre. J’avance un pas et là, je ne peux m’empêcher de crier.
Je crie tellement fort que j’ai mal à la gorge. Je suis prise d’un vertige, tout tourne autour de moi. Mes jambes n’arrivent plus à me tenir.
J’entend des cris, je tombe et me sens partir, trou noir…