Chapitre : 11
Write by MoïchaJones
J'avance dans le noir, Uhu sur mes talons. Mon cœur fait un bruit de galop, je sens l’excitation me gagner de plus en plus. J'entends ma propre voix résonner dans ma tête, tellement mes pensées se bagarrent. Qu'est-ce qu'il fait ici? Pourquoi se cache-t-il?
- Tu es sûre que c'est ici ?
La voix d'Uhu me fait sursauter.
- Il a dit après l’échangeur de Muthaiga, au niveau du grand panneau publicitaire.
- Il n’y a rien ici, rappelle-le.
J'essaie de nouveau, en espérant que ça passe cette fois. Mais rien. Nous sommes dans le noir, au milieu de nulle part, à se frayer un chemin dans l'herbe. Ma peur des bêtes m'a abandonné, je suis très inquiète de l'état dans lequel on va le retrouver.
- Toujours rien, son téléphone doit être éteint.
Je suis renvoyée directement dans la messagerie. Je presse le pas malgré que la main d’Uhu me freine un peu.
- Si c'est un piège...
- Mais non... Jason est un enfant adorable. Tu vas l'adorer tu verras.
On débouche dans une clairière et je me sens complètement perdue. Comment a-t-il fait pour se retrouver si loin de chez lui. Pratiquement à la sortie de la ville. Le pauvre... il a du faire le trajet à pieds.
- Jason ?
Ma voix est hésitante. Et si Uhu a raison et que c'est un piège ? J’efface très vite cette pensée. L'ado frêle et timoré que je connais ne serait pas capable de faire un coup pareil.
- Jason.... C'est moi... montre toi.
Un mouvement furtif à notre gauche me fait me raidir. Uhu se tient sur ses gardes et passe un bras protecteur sur mes épaules.
La petite silhouette gracile apparait sous le faisceau de notre lampe. Il me semble encore plus amaigri que dans mes souvenirs. J'en ai les larmes aux yeux. Qu'est ce qui peut bien se passer entre un père et son fils pour en arriver là ?
- Oh mon chou... vient dans mes bras.
Je le serre très fort après l’avoir palpé à plusieurs reprises pour voir si tout est en place.
- Tu es blessé ? Tu vas bien? Comment tu es arrivé ici?
- Chérie laisse le respirer un peu.
- Donne-moi ta veste, il tremble de froid.
Il s'exécute sans discuter. On s'engage sur le sentier retour et avant qu'on arrive à la voiture, Jason se retrouve dans les bras d’Uhu à ma demande. Le malheureux est au bord de l'évanouissement. Je n'arrête pas de lui jeter des coups d'œil inquiet, son état me tracasse.
- Il ne va pas s'envoler tu sais?
Je tourne la tête vers Uhu qui me regarde avec un sourire en coin. Ses yeux sont doux et chaleureux. Il comprend très bien ce qui se passe dans mon cœur en ce moment. Il prend ma main dans la sienne et les pose toutes deux sur le pommeau de vitesse. On reste ainsi pendant le reste du trajet.
Notre dispute est passée au second plan à l'instant où il m’a entendu soucieuse, au téléphone. La voix affolée de Jason m’a mise dans tous mes états, et je n’avais qu’une hâte, sortir le plus rapidement possible. Uhu n'a pas arrêté de me questionner pendant que je m'habillais, il a fallu qu’il m’immobilise pour que je consente à lui répondre.
Une fois à la maison, j’entraine Uhu directement dans la salle de bain de la chambre d'ami. Jason est tout sale, recouvert de la boue de la tête au pied, avec des vêtements complètement défraichis. Raïla vient m’aider à lui donner le bain, à nous deux nous ne sommes pas de trop malgré son corps maigrelet. Il ouvre de temps en temps les yeux flotteurs, mais je suis presque sûre qu'il est complètement endormi. La belle au bois dormant, dans sa longue robe de nuit et sans ses longs cheveux d’or. Le T-shirt d’Uhu que nous lui avons passé ressemble plus à une robe sur lui qu'autre chose.
Quand je regagne notre chambre, il est 4 heures du matin et je suis épuisée. Je m'endors la tête à peine sur l'oreille.
- Mais papa je veux lui faire un câlin.
La voix d'Imani me parvient à travers la brume du sommeil.
- Pas maintenant ma chérie. Ta mère est fatiguée. Vient, on la laisse se reposer.
- Mais papa...
- Imani ça suffit. Tu sais très bien que je n'aime pas quand tu n'écoutes pas quand on te parle.
Je n'ai pas le temps de l'imaginer bouder que je me rendors. Quand j'ouvre de nouveau les yeux, le soleil est déjà haut dans le ciel. Je mets quelques secondes à me souvenirs des événements de la nuit. Je prends le temps d'une douche rapide avant de filer dans la chambre d'ami. Jason est toujours endormi, ses traits sont paisibles et sa respiration lente et régulière. Je l'observe un moment avant de partir à la recherche du reste de la maisonnée. Je les trouve dans le salon, Imani sur les jambes de son père qui la fixe avec intensité. Elle lui raconte une de ses nombreuses histoires que je suppose sans queue ni tête, et lui tout ce qu'il fait c'est la regarder. La profondeur de son regard me fait frissonner. On dirait des lasers qui transpercent le petit corps en face pour étudier son ADN.
Il me sent approcher et sort immédiatement de sa transe. Je viens lui faire un bisou sur les lèvres et je fais pareil avec Imani qui s'accroche à mon cou. Je me redresse avec elle en kangourou, tout en évitant l'œillade d’Uhu. Je sais à quoi il pense et je ne suis toujours pas encline à lui répondre. C'est mal je sais, mais ça lui apprendra à douter de moi.
- Ça va ?
- Oui maman. Tu as bien dormi ?
- Oui ma chérie. J'ai même rêvé de toi....
- C'est vrai ?
- Tu me crois si je te dis que tu mangeais une grosse pizza avec plein de fromage dessus ?
Elle ouvre grand la bouche dans une grimace d'étonnement, et j'éclate de rire.
- Même dans les rêves tu es une grosse mangeuse. J'ajoute en lui faisant des chatouilles.
Elle se tortille dans tous les sens en riant aux éclats. Je croise le regard d'Uhu sur nous et lui fait un sourire auquel il répond spontanément.
- Je meurs de faim. Imani s'il te plait tu peux demander à Raïla de me faire un truc à manger ?
- D'accord
Elle disparait très vite et nous laisse-en tête à tête.
- Elle ne t'a pas trop embêté ?
- Non, rien de nouveau.
Silence gêné.
- Tu t'es levé tôt.
- Il fallait bien sinon Imani t'aurait empêché de dormir.
- Merci.
Le silence s’installe de nouveau.
- Il t'a parlé hier soir ?
- Non... il était somnolent durant toute notre manœuvre pour le rendre propre.
- Il devait être vraiment épuisé pour dormir ainsi.
Je sens la curiosité derrière ses phrases courtes, mais il ne dit pas plus.
- C'est l'un des gosses de Kibera, je dis en enlevant une tâche imaginaire de ma jupe.
- Je m'en doute bien. Mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi c’est toi qu'il appelle au lieu de ses parents.
- Je ne sais pas ce qui se passe avec son père, mais je crois que c'est lui qu'il fuit.
Je lui raconte la soirée de son arrivée, quand Aba et moi sommes allés pour lui offrir son cadeau d'anniversaire. Il m'écoute sans m'interrompre.
- Ça me semble louche qu'il s'enfuit ainsi s'il n'a pas fait quelque chose de grave. Tu sais ces gosses sont...
- Arrête... tu ne le connais pas. C'est un bon petit.
- Tu n'es pas objective.
- Rien à voir. Je les ai tous côtoyé pendant suffisamment longtemps pour savoir reconnaitre un enfant à problème, et Jason n'en est pas un. Il est doux, gentil, travailleur. Passionné de géographie... il veut faire le tour du monde.
- Tu as l'air de beaucoup l'aimer.
- C'est vrai.
Je me tourne vers lui.
- Je suis inquiète pour lui... tu crois qu'il peut rester ici le temps que je tire ça au clair?
Il me regarde inquisiteur avant d'acquiescer.
- Il peut rester autant de temps qu'il faudra pour te rassurer.
- Merci.
Imani choisi ce moment précis pour entrer dans le salon avec un petit plateau sur lequel son posé des fruits. Raïla la suit de près avec un autre plus grand qu'elle vient poser sur la table basse, devant moi. Le fumet qui s'échappe des cloches vient titiller mes narines et ravive la sensation de faim que je commençais déjà à oublier.
- Merci Raïla.
- De rien madame.
- Prépare un autre plateau que tu garderas au chaud. Notre invité ne va sûrement pas tarder à émerger.
- Bien madame.
Elle s'en va et moi, plutôt miss gloutonne et moi, commençons à manger. Uhu nous observe tour à tour, mais la plus part du temps, je surprends son regard peser sur Imani. Il ne dit rien, mais je sais. Il n’a pas besoin de parler pour être plus explicite.
A peine terminé, je vais de nouveau jeter un coup d’œil à Jason qui est toujours profondément endormi. Je me rapproche silencieusement pour me rassurer qu’il est toujours en vie.
- Laisse-le tranquille Belinda.
Je sursaute et retire ma main qui balaie le visage de Jason.
- On devrait peut-être faire venir Dr Mouyouka ? S’il est dans le coma, ou entre la vie et la mort…
Son regard passe de moi à la silhouette sur le lit et je le sens hésitant.
- Juste pour être sûr qu’il va bien… J’ajoute doucement.
- D’accord, je vais l’appeler.
- Merci.
Je lui fais un sourire et il ressort aussi silencieusement qu’il est arrivé. Je m’assois sur le lit et reste dans la même posture jusqu’à ce qu’Imani et son père reviennent.
- C’est qui ?
Je lui ouvre les bras et elle vient s’y jeter, le regard curieux.
- Il s’appelle Jason, et c’est mon ami.
Elle me regarde surprise, sûrement parce que c’est un gosse et que c’est quand même mon ami.
- Il va vivre avec nous ?
Elle murmure, tout comme moi, mais j’arrive à capter un peu d’inquiétude dans sa voix.
- Juste pour un temps. Il a de petits ennuis pour le moment. Quand ça va s’arranger il retournera chez lui.
- Avec ses parents ?
- Oui ma chérie, avec ses parents.
- J’ai eu le Dr Mouyouka, il viendra dès qu’il pourra se libérer… venez les filles.
Je me lève et entraine Imani à la suite de son père. Le reste de l’après-midi se passe calmement. On est sur la terrasse, et Imani nous distrait avec son flow de parole. Elle joue à la dinette et nous réquisitionne de temps en temps pour boire ou manger un truc qu’elle a « préparé ». On s’y prête jusqu’à l’arrivée de Doc qui nous rassure sur l’état de Jason. Après examen, il n’a rien trouvé d’alarmant et a fini par conclure que c’est juste son corps qui récupère de la fatigue accumulée.
Je ne suis pas pour autant rassurée, mais au moins je sais qu’il va bien.
Jason finit par émergé trois heures après quand nous sommes à table pour le diner. Il apparait dans le couloir et reste planté là dans son pyjama improvisé, le regard braqué sur Uhu. Ce dernier rit d’une blague d’Imani et n’a pas encore vu le nouvel arrivant. Avant que je ne puisse me lever, Jason fait demi-tour en courant. Je le retrouve prêt à enjamber la fenêtre de sa chambre. Je n’y comprends rien.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je m’en vais.
- Comment ça tu t’en vas ?
Il se détourne et fait passer son 2e pied à travers la cadre de la fenêtre
- Jason… Attend !
Il ne m’écoute pas et saute dans le jardin.
- Jason !
Mes cris ont fini par alerter Uhu qui arrive en courant.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Rattrape-le… Il s’est enfui par là.
Je n’ai pu m’empêcher de crier, hystérique, le doigt pointé vers les volets qui laissent entrer l’air frais du soir. Les rideaux se meuvent sinistrement, m’emplissant encore plus de tristesse.
- Ne t’inquiète pas, je vais le rattraper… Il n’ira pas bien loin.
Il ressort en courant et moi je le suis plus lentement, dépassée par ce qui vient de se passer. On dirait qu’il a eu peur quand il a vu Uhu. Il ne s’attendait surement pas à voir une figure masculine dans la maison, pourtant il sait très bien que je suis mariée. Enfin… Je crois… Cela va de pair avec ‘Madame Kibaki’. Quoi qu’après réflexion, nous n’avons jamais abordé le sujet. Mais de là à s’enfuir comme si sa vie était en danger…
Ils reviennent tous les deux moins de trente minutes plus tard, Jason gesticulant comme un beau diable, en travers de l’épaule d’Uhu. Mais avec sa corpulence il ne fait pas le poids face à la masse qui le tient en laisse.
- Le salopard en a dans les tripes.
- Uhu !
Je le regarde scandalisée par ce qu’il vient de dire.
- Quoi ? Il vient de me faire courir sur presque 1 kilomètre. Je n’ai plus l’âge pour ce genre de chose.
Je lui jette un regard noir pendant qu’il dépose son fardeau devant moi.
- Oui, mais pour te battre tu as l’âge qu’il faut.
Il ne dit rien, mais si son regard pouvait tuer…
- Jason calme-toi.
- Lâchez-moi, je veux partir.
Il continue de bouger dans tous les sens, malgré la poigne d’Uhu sur son bras.
- Et tu vas aller où à cette heure, tu peux me dire ?
- N’importe où, mais loin d’ici.
Il le dit avec un sanglot dans la voix et je comprends à quel point il est désespéré.
- Jason… C’est-moi Belinda. Calme-toi chéri.
Il s’arrête et je peux voir les larmes sur ses joues. Ses épaules sont secouées par des sanglots silencieux. Je l’attire dans mes bras et il se laisse faire.
- Chut… Arrête de pleurer. Ca va… c’est moi.
Ca me brise d’entendre Imani demander à son père pourquoi il pleure, quand moi-même je serai incapable d’en donner la raison. Je m’assieds avec lui sur mes jambes et il cache son visage dans mon cou. Toute preuve de sa détresse est dans les reniflements qui troublent le silence de temps en temps. La puissance de son désarroi me fend le cœur. Je donnerai jusqu’à mon dernier sou pour effacer sa peine.
Je lui prends le visage en coupe et passe mes poussent sous ses yeux.
- Arrête de pleurer, tu vas te rendre malade.
Il se passe une main habile sur les yeux et finit par se calmer.
- Tu as faim ?
Juste le mouvement lent de sa tête suffit et je lui fais un sourire. Bien sûr qu’il a faim. Il n’a surement pas eu le temps de se sustenter avant de prendre la fuite de la maison familiale il y a plus de 48 heures.
- Vient. Tout à l’heure nous étions à table. Raïla nous a fait un délicieux Githeri avec du Skuma et du Bœuf rôti. Mais si tu veux, il y a un reste de Mandazi qu’elle avait fait ce matin.
Son regard s’illumine malgré les sillons salés de ses larmes séchées et j’entends le gargouillis de son ventre. Nous retrouvons chacun nos places. Uhu au bout, moi juste à côté, Imani en face de moi et Jason à ma gauche. Raïla apparait comme par magie avec un couvert qu’elle met devant lui. Je remplis son plat sans qu’il ne me dise quoi que ce soit et le regarde timidement prendre du bout de sa fourchette, un bout de Skuma qu’il trempe dans la sauce avant de mettre le tout dans sa bouche. Je ne peux m’empêcher de passer une main sur sa tête courbée.
- Bon appétit. Je dis doucement.
Il me regarde et avale goulument avant de me répondre. Tout le monde se remet à manger, cette fois en silence. On n’entend que les bruits des couverts sur les assiettes. Uhu et moi essayons tant bien que mal de détendre l’atmosphère, mais je sens toujours Jason à l’affut à mes côté. Il est assis sur une fesse, on dirait qu’il s’apprête de nouveau à prendre la poudre d’escampette.
- Papa, s’il te plait je voudrai du jus.
Uhu se lève pour servir Imani, et dans un même mouvement Jason. Celui-ci s’arrête de manger, la main figée sur son couteau et le regard fixé sur la main d’Uhu qui s’approche de son verre. J’ai vraiment l’impression à cet instant que c’est son instinct de survie qui a pris le pas sur sa raison. Je pose lentement ma main sur la sienne et il tourne un regard surpris vers moi. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais il fait un sourire rassurant pour le mettre en confiance. Il finit par se détendre quand Uhu se rassied.
Le reste du diner se passe sans autre incident. Directement après, Jason demande à regagner sa chambre et je l’y emmène. On s’installe sur le lit et chacun de nous reste figé, sans rien dire. Les minutes passent, mais le temps semble suspendu. Je sens la tension le ronger, mais j’hésite à faire le premier pas. Le mieux serait que ça vienne de lui. Qu’il se confie de son propre chef.
- Jean m’a dit que tu étais chez moi.
Je mets un certain temps avant de comprendre qu’il parle du jeune qui nous avait servi de guide ce soir-là.
- Oui.
Il se prend les mains, l’une dans l’autre et n’ajoute rien avant un moment.
- Il m’a aussi dit que tu l’as vu…
Je ressens comme de la honte dans sa phrase. C’est subtil mais c’est là.
- Qui ça ?
- Mon père.
- Oui je l’ai vu. Il semblait très énervé… Qu’est-ce qui s’est passé ?
Il se retourne vivement vers moi et je peux lire la haine dans son regard. Une envie de meurtre qui détonne gravement avec l’innocence de son âge. Qu’est-ce qui peut expliquer qu’un enfant si jeune soit déjà confronté à des désirs d’adulte.
- Je n’ai pas envie d’en parler.
Sa voix sèche et son regard encore plus venimeux me donne froid dans le dos.
- D’accord, c’est comme tu veux.
Je lui passe une main réconfortante dans le dos, et je le sens se raidir.
- Je suis fatigué. Ajoute-t-il en se détournant de moi.
Ca me fait mal qu’il se renferme ainsi, mais je ne dis rien. Il souffre et avec la mentalité que je lui connais, il ne veut pas partager sa peine. Il est un homme m’avait-il dit quand on s’était rencontré, et un homme n’est pas faible. Un homme supporte tout et se bat, quitte à le faire seul contre le reste du monde.
- Je vais te laisser, mais promet moi que tu ne t’en ira pas.
Il ne dit rien et je lui prends le menton du pouce et l’index.
- Jason promet moi que tu resteras bien dans ton lit cette nuit.
Il me regarde, hésitant et moi je ne lâche pas son regard un seul instant. Si j’ai besoin qu’il me fasse confiance, je dois agir avec aplomb.
- D’accord. Finit-il par dire avec un sérieux combat silencieux.
- Tu es en sécurité ici, ne doute pas de ça.
Il se met dans les couvertures et je cale bien le tout sur les côtés. Je le penche pour lui faire une bise et allume la veilleuse.
- Bonne nuit. J’ajoute doucement avec une dernière caresse sur sa joue.
Sans plus rien ajouter, je sors de la chambre et referme doucement la porte derrière moi. Uhu m’attends dans le couloir, dos au mur et les mains dans les poches.
- Tu penses qu’il tiendra sa promesse ?
Sa voix est calme et apaisante, et son ton avenant. Je viens me couler dans ses bras avec un soupir d’aise.
- Je l’espère.
- Je n’ai vraiment plus envie de lui courir après. D’ailleurs je crois que je me suis froissé un muscle.
Il a l’air sérieux, mais je ne peux m‘empêcher de me moquer gentiment.
- Mon pauvre vieillard. Je vais tellement bien m’occuper de toi, que tu te sentiras vite plus jeune.
- J’aime ce genre de promesse.
On rigole doucement pendant qu’il m’entraine sans plus tarder vers la cage d’escaliers.