Chapitre 11
Write by Annabelle Sara
Véronique
La fête de Noël se
déroula sans accros chez nous, nous avons reçu de la visite, d’amis et collègue
de Paul, ainsi que sa sœur ainée qui venait pour nous souhaiter bonne fête et
aussi rendre visite à son fils.
Je n’étais pas dans les
humeurs pour faire des histoires ces jours, alors je me suis concentrée sur mes
enfants, les invités ainsi que sur ce qui était servi. Je n’ai jamais passé
autant de temps dans la cuisine avec Ma’a Josiane et elle le remarqua.
-
Tout
va bien Madame ?, me demanda-t-elle avec une teinte d’anxiété dans la
voix.
-
Hum…
Je crois oui…
-
Vous
êtes préoccupée ?, insista-t-elle.
J’ai levé les yeux sur
l’une des figures indispensables dans ma vie. Sans cette femme je ne sais pas
si mon foyer aurait tenu jusqu’ici. Elle me sourit en voyant que quelque chose
n’allait pas. Mais je ne voulais pas qu’elle s’inquiète, comme d’habitude je ne
voulais jamais que des personnes qui ne sont pas concernés par mes problèmes
soient éclaboussées.
-
Ne
t’en fait pas Ma’a Josiane ! J’ai tout en main, lui ai-je répondu. Tout
ira bien !
-
Ok,
fit-elle en retournant à ses cuissons.
-
Le
mbongo là était magique…
-
Je
confirme !, lança ma belle-sœur en entrant dans la cuisine. Ma’a Josiane
tu connais…
Je trouvais cette
intrusion de ma belle-sœur bien trop calculée pour rester là, alors j’ai voulu
m’en aller quand elle m’interpella.
-
Véro
merci d’avoir accepter que mon fils reste ici avec vous le temps des
fêtes !
-
Je
n’ai rien accepté !
Il y’ a des choses que
l’on peut me reprocher mais l’hypocrisie n’en fait pas partie.
-
J’ai
été forcé de le supporter parce que ce n’est pas moi le chef de la maison… Tu
devrais être fière de savoir que ton frère, ce fils que tu as élevé à la sueur
de ton front est celui qui porte la culotte dans sa maison !
-
Hum !
-
Bon,
je n’ai pas que ça à faire !, lui ai-je dit. Ma’a Josiane tu apportes le
poisson braisé ?
-
Oui
Madame, me répondit mon aide à domicile.
Nous sommes toutes les
deux sorties de la cuisine laissant ma belle-sœur derrière. Josiane avait un
sourire en coin au moment où elle passait devant l’autre femme.
Durant toute la journée
j’observais Paul de loin et je me demandais ce qui l’avait poussé à commencer à
me tromper aujourd’hui. Si c’est aujourd’hui qu’il avait une relation extraconjugale.
Mon problème ne se
trouvait pas dans la relation mais plutôt avec la personne avec qui il avait
cette relation. Cette jeune femme est venue à moi pour avoir un bébé de son
homme. Elle parlait de qui ? De Paul ? Quand j’avais demandé à
Armelle si elle avait déjà rencontré l’homme de sa copine elle avait été
incapable de me répondre et maintenant je découvre qu’elle couche avec mon
mari.
Il y a quelque chose de
plus costaud derrière cette histoire, cette fille a quelque chose en tête, je
ne sais pas encore ce que c’est mais je vais le découvrir.
Je me suis rappelée de
ce que Rodrigue m’avait dit, d’elle. Rien ! Parce qu’apparemment elle n’a
pas de passé. Il n’y a qu’une explication à cela, cette fille utilise une
fausse identité.
Mon mari couche avec un
fantôme. J’avais envi de rire ! En le regardant fanfaronner devant ses
amis, je me disais si seulement il savait !
Rodrigue avait demandé
que je le confronte à l’hôtel, mais j’avais refusé ! Si cette femme est
venue me voir sachant qu’elle couche avec mon homme ça veut dire qu’elle n’a
pas peur du scandale, d’ailleurs elle n’attend que ça. Une confrontation
directe, je ne vais pas lui faire ce plaisir.
La fête est terminée,
les invités sont rentrés, j’ai fini de ranger et de nettoyer pendant que les
enfants allaient se coucher. Même Ma’a Josiane se reposait. Mon cerveau
bouillait.
-
Tu
viens te coucher ?, me demanda Paul qui était déjà prêt pour la nuit.
-
Tout
à l’heure !
Il soupira et se
retourna pour aller dans la chambre lorsqu’il s’arrêta et se retourna vers moi
une fois encore.
-
Tu
étais plutôt calme et effacée aujourd’hui, il y a un problème ?
-
Non !
Tout va bien !
Il me regardait
fixement.
-
Tu
es sure ?
J’aurais éclaté de rire
si je n’avais pas trop de travail à faire en ce moment.
-
Tu
veux entendre quoi ?
-
Véronique
je m’inquiète… Ton comportement ces derniers jours est bizarre…
-
C’est
normal ! Mon restaurant a quelque difficulté et je te l’ai déjà dit !
-
A
ce point ?, me demanda-t-il. Tu vas faire quoi alors ?
-
Je
ne sais pas !
-
Tu
devrais peut-être songer à prendre un associé où vendre si les choses ne se
passent pas bien !
J’ai levé les yeux
coléreux sur lui, j’allais lui répondre quand une lueur que je connais traversa
ses yeux, c’est à ce moment que j’ai compris. J’ai failli me taper dessus en me
rendant compte à quel point j’avais été idiote.
-
Où
alors réduire les charges…
-
Hum…
tu mettrais à la porte ton personnel ?, me demanda-t-il.
-
Si
je n’ai pas le choix… En tout cas nous n’en sommes pas encore là, je vais voir
ce que nous apportera l’année qui arrive.
Il me regarda et
souleva les épaules.
-
Je
vais me coucher !, lança-t-il en s’en allant.
-
Bonne
nuit !
Je le regardais partir
et je me disais qu’il ne faut jamais sous-estimer le degré de détermination de
ceux qui nous entourent.
Le 26 j’étais au
restaurant de bonne heure, pas pour travailler parce que je savais déjà qui et
pourquoi mes employés s’attaquaient à mon restaurant. J’avais reçu le message
de Sylvain qui me racontait les intentions de ses collègues alors en arrivant
le matin j’avais décidé d’arrêter leur petit jeu.
Ils étaient dans la
cuisine à s’affairer pendant que les autres apprêtaient la salle. Alors je les
ai fait tous appeler dans la salle. J’attendais assise sur une chaise haute du
bar.
J’ai attendu que tout
le monde soit face à moi. Je voyais bien qu’ils étaient surpris que je les
réunisse en début de journée, d’habitude j’attendais que la journée soit terminée.
-
Ne
vous embarrassez pas à faire la salle… Asseyez-vous c’est mieux, leur disais-je
pendant qu’ils entraient dans la grande salle de service.
Ernestine prit place
juste devant moi tandis que ses complices se dispersaient dans la salle.
J’avais ce sourire suffisant sur les lèvres et je les regardais murmurer et se
demander ce que je préparais. Ernestine ne trahissait aucune émotion, aucune
peur, aucune appréhension.
-
Bonjour
à tous !
-
Bonjour
Madame, répondirent-ils en chœur.
-
Joyeux
Noël !
Ils me remercièrent et
me souhaitèrent de même. Je devais avouer que j’avais mal de faire ce que
j’allais faire.
-
Je
disais que vous n’avez pas besoin de vous embarrasser à faire la salle
aujourd’hui… Nous n’allons pas ouvrir aujourd’hui ! Nous n’ouvrirons plus
jamais jusqu’à ce que ceux qui sabotent mon établissement se dénoncent eux-mêmes !
Des cris et des
murmures s’élevèrent dans la salle.
-
Madame...,
commença Sylvain. Ma mère…
J’ai levé ma main pour
faire taire tout le monde.
-
Ce
restaurant est une entreprise et j’ai cru que son fonctionnement vous tenait à
cœur autant qu’à moi, voir même plus ! Puisque même si nous fermons
aujourd’hui moi je ne vais pas dormir affamé, j’irais à l’hôpital si je suis
malade mes enfants iront toujours dans une grande école privée… mais vous qui
vivez grâce à cet endroit vous décidez de torpiller le travail des
autres !
Ils me regardaient
tous.
-
Vous
avez réussi… Je vais fermer et tout le monde se retrouvera au chômage !,
ai-je déclaré.
-
Madame
pardon, lança une serveuse en se levant.
-
Demandez
pardon à ceux qui me poussent à prendre cette décision ! Vos collègues qui
font de la contre publicité au restaurant sur internet savent de quoi je parle…
Ils décommandent les réservations importantes, servent de la nourriture et des
boissons avariés juste pour chasser les clients anciens comme nouveaux !
-
Madame
dites nous alors qui sont ces gens ?
-
Je
préfère qu’ils se dénoncent eux-mêmes !, ai-je répondu. Ils savent de quoi
je parle… En plus mon mari m’a déjà tout raconté !
Les yeux d’Ernestine se
mirent à briller à la mention de mon mari.
-
Madame
si je perds mon travailles je fais comment avec ma mère ?
-
Je
suis désolée Sylvain !
-
Vous
aussi dénoncez vous !, lança un autre serveur pendant que Sylvain jouait
le rôle de celui qui était abattu.
-
Bon !
Vous pouvez aller vous changer nous allons chacun rentrer chez lui…, ai-je
déclaré en me levant.
Ils se mirent à
supplier, certains criaient aux coupables de se dénoncer. Le chef se leva
prestement en levant la main.
-
C’est
moi Madame, fit-il en gardant sa main levé. C’est moi !
Sa voix avait un
tremblement perceptible. Les autres se mirent à murmurer et à lui crier des
insultes, Ernestine baissa aussitôt la tête.
-
Du
calme ! Chef ? Vous nous expliquez ?, lui ai-je demandé.
-
C’est…
Ernestine qui est venue me voir pour me proposer de l’argent, elle m’a dit que
si on sabotait le restaurant pendant quelque temps et qu’ensuite elle trouvait
moyen de faire revenir la clientèle vous alliez lui donner la gérance du
restaurant…
-
Je
n’ai jamais dit ça !, s’écria Ernestine.
-
Elle
a aussi convaincu le barman, ajouta le chef en tendant la main sur le barman
qui était silencieux. Ce sont eux qui m’ont poussé à servir de la nourriture
impropre à la consommation ce qui a chassé les clients !
Je les observais en
silence lorsqu’ils se mirent à se quereller tous les trois. L’un accusant
l’autre, même leurs collègues semblaient surpris et dépassés.
-
Entendez-vous
une fois !, lança une serveuse en riant.
-
Ça
suffit !, ai-je crié en me levant. Vous trois venez dans mon bureau. Les
autres rentrez chez vous ! Je vais vous envoyer des messages pour vous
dire quand le travail reprend…Et ne vous inquiétez pas vous aurez vos salaires
de ce moi comme prévu le 28 !
Une fois dans mon
bureau je les fis asseoir.
-
Je
veux la vérité maintenant !
Cette simple injonction
poussa Ernestine à tout déballer, la proposition de Paul qui lui avait promis
de faire en sorte que je la choisisse comme gérante, une fois que j’aurais pris
un associé pour renflouer les caisses du restaurant.
Je n’arrive pas à croire
que mon mari soit arrivé jusqu’à cet extrême pour me voir confier les rennes de
mon restaurant à quelqu’un d’autre.
Je n’en revenais pas
que cette fille que je commençais à estimer parce qu’elle m’avait supporté
durant 5 mois déjà, ce qui est un record pour une de mes assistantes, ait été
assez stupide pour comploter dans mon dos.
-
Ernestine,
je peux te poser une question ? Tu penses vraiment que c’est mon mari qui décide
pour moi ? Pour mon restaurant ? C’est lui qui t’a fait entrer
ici ?
-
Non
Madame…
-
Alors
pourquoi tu t’imagines qu’il va te donner ce genre de poste dans mon
restaurant ?
-
Je…
-
Tu
travaillais dure et je voyais effectivement en toi une bonne gérante je
t’aurais surement passé le flambeau au bout d’un an de travail ou deux mais non
tu as écouté mon mari et tu as trahis ma confiance !
-
Je
suis désolée !, me répondit-elle.
-
Moi
aussi je suis désolée Ernestine parce que tu es la seule assistante dont je ne
suis pas fière de me débarrasser… Vous êtes tous les trois virés !, ai-je
annoncé calmement.
Ils savaient que ça ne
servait à rien de discuter alors ils se sont tranquillement levé pour sortir de
mon bureau.
Cette journée je l’ai
passé à la recherche d’un nouveau cuisinier et d’une assistante digne de
confiance et capable de travailler avec des horaires interminables lorsque ma
sœur m’appela pour me souhaiter de bonnes fêtes.
-
Armelle
comment va Edéa ?, lui –ai-je demandé.
-
Nous
allons bien… Mais je t’envie ma petite sœur ! La chance que tu as de ne
pas avoir de belle-mère, je ne te dis pas !
-
Assia !
Moi mon restaurant est fermé !
-
Hein ?
Comment ça ? C’est à cette période que tu fais souvent du chiffre noo ?,
me demanda-t-elle.
-
C’est
une longue histoire ma mère… Au fait tu as des nouvelles de ton amie qui
voulait mon aide là ?
-
Hum…
Véro tu as dit que tu ne voulais plus entendre parler d’elle noo ?
-
Oui,
Je sais ! Je veux juste savoir si tu as des nouvelles d’elle !, ai-je
déclaré.
-
Non,
depuis un certains temps j’ai même l’impression qu’elle m’évite !
Cette réponse ne
m’étonnait pas du tout.
-
Tu
devrais faire attention aux gens avec qui tu t’accoquines !
-
Véro,
je n’ai pas de choses à cacher comme toi, m’a-t-elle répondu.
-
Armelle !
En tout cas j’ai fait des recherches sur elle et elle n’a aucun passé… Je n’ai
même pas réussi à savoir qui est cet homme dont elle voulait tomber
enceinte !
-
Hum…
Tu veux dire quoi ?
-
Que
cette fille cache quelque chose, elle est dangereuse et si elle est devenue
amie avec toi c’est pour une bonne raison ! Il faut faire attention !
Ma sœur ne faisait
jamais attention aux gens et aux choses qui l’entourent alors j’espérais
qu’elle allait écouter ma mise en garde.
Le soir je suis arrivée
à la maison à 20 heure, Paul était là avec les enfants et son neveu ils
mangeaient tous à table.
-
Bonsoir
à vous, ai-je dit en entrant.
-
Bonsoir,
me répondirent-ils.
-
Mama
tu es rentré tôt !, lança ma fille étonnée de me voir arriver du
restaurant avant 22 heures.
-
Oui
ma chérie ! Journée spéciale au restaurant aujourd’hui ! Nous avons
fermé !
J’étais debout derrière
mon mari donc je pouvais voir ses mâchoires se serrer lorsque je parlais.
-
Fermé ?,
demanda Elodie en déposant sa fourchette.
-
Oui
ma fille… Pour quelques jours seulement ! Mais ça va ! Ah oui et
aussi j’ai dû renvoyer quelques personnes… Bon appétit !
J’avais parlé en
déposant les dossiers des trois qui avaient perdu leur emploi aujourd’hui près
de l’assiette de Paul, occasion pour lui de voir la portée de ses actes.
Il me suivit dans la
chambre et ferma la porte derrière lui.
-
Tu
as renvoyé Ernestine ? La fille de ton amie malade ?, me
demanda-t-il. Véroniques ne fais pas ça… C’est moi… Qui lui ai demandé de faire
ça…
-
Oui…
Je l’ai renvoyé parce qu’elle n’a pas assez de personnalité ! Si elle en
avait elle aurait compris il y a longtemps que l’autorité dans MON restaurant
c’est MOI et personne d’autres ! Et si quelqu’un devrait se sentir
coupable ici c’est toi ! Venir monter mes employés contre moi pour obtenir
ce que tu veux ! Mais tu ne perds rien pour attendre Mr Nana !
-
Véronique
s’il te plait ! Ne fais pas ça !
Je lisais la
culpabilité dans ses yeux.
-
Je
vais me gêner ! Si tu as tant pitié tu n’as qu’à lui trouver du
travail ! Tu es directeur non ?
Je me suis dirigée dans
la salle de bain, pour moi la discussion était clause.