CHAPITRE 11
Write by queen of africa
***CYRIELLE MAIGA***
-Latif (pressé) chérie, tu te dépêches stp, ne faisons pas attendre le docteur kouablan.
- moi (amusée) : Latif du calme stp, on est largement en avance pour notre rendez-vous.la secrétaire nous a demandé d’être là à 9 h, et il est à peine 8 h et tu me stresses.
-c’est mieux qu’on soit en avance, tu connais Abidjan et ses embouteillages. Tu as 5 minutes pour me rejoindre sinon je pars sans toi me dit-elle en s’en allant.
Latif est stressé ce matin et je le comprends, ce matin nous avons notre dernier rendez-vous avec Dr kouablan. En effet, suite aux examens effectués après notre première consultation en couple, Latif à, été mis sous traitement pendant deux mois. Ce matin nous saurons donc si son traitement à porter des fruits ou s’il faut continuer à le faire suivre. Ces derniers mois nous ont considérablement rapprochés. Cela n’a pas été tous les jours facile, mais ensemble nous y sommes arrivés. Je croise les doigts pour que les résultats soient bons.
***bureau du Dr kouablan***
-Dr kouablan (joyeux) voilà Mr. Maiga, vos résultats sont meilleurs qu’on ne l’espérait. Normalement si dieu le veut, bientôt votre femme sera une abonnée du service prénatale.
- Latif (ému) : c’est notre vœu le plus cher docteur
-Dr : voilà vous suivez juste les recommandations que je vous ai données concernant votre
Alimentation pour que les choses aillent plus vite.
-Cyrielle (riant) : n’ayez crainte docteur, j’y veillerai au grain.
-DR (nous serrant la main) : voilà je vous dis donc à bientôt. J’espère vous revoir pour les consultations prénatales Mme Maiga
-Cyrielle : c’est cela même, à très vite alors docteur. Encore merci pour tout.
***2 MOIS PLUS TARD***
Cyrielle et Latif sont en table.
-tu ne te sens pas bien chérie ?
-si ça va. C’est juste que je n’ai pas très faim
- hum j’ai constaté que tu n’as plus trop d’appétit depuis un moment
Latif ouvrant la sauce pour se resservir à nouveau. L’odeur qui s’échappe de la nourriture ouverte m’a donné un haut-le-cœur.je me lève précipitamment pour aller vomir aux toilettes.
Latif me trouve abaissé sur le lavabo en train de vomir le peu de nourriture que j’ai pu avaler tout à l’heure.
-Latif (inquiet): tu es sûr que ça va ma chérie ? Tu commences à m’inquiéter, c’est mieux qu’on aille à l’hôpital ? Tu couves peut-être quelque chose, cela peut être grave.
-moi (le rassurant) : ça va déjà mieux ne t’inquiète pas chéri. je vais m’allonger, je crois que j’ai besoin de plus de repos.
-ok mais si ça continue on va à l’hôpital.
-je vais mieux je t’assure dis-je en allant me mettre au lit.
*** le lendemain***
Il est 5h30 du matin lorsque j’ouvre les yeux. Je me sens déjà mieux. J’avais effectivement besoin de repos, mais je n’ai toujours pas d’appétit. Pff
Je vais faire le petit déjeuner de Latif avant de prendre ma douche et m’apprêter pour le boulot. Il aime bien manger les œufs brouillés au petit déjeuner alors que je décide de lui en faire ce matin.
Je sors les œufs et un peu d’oignons du frigo. Dès que je commence à découper l’oignon, l’odeur me fait avoir un haut-le-cœur et j’ai aussitôt une forte envie de vomir. Pff ça recommence je me dis intérieurement. Je me dépêche de découper et je rajoute les œufs que je mets aussitôt à cuire sur le feu.au fur à mesure que les œufs cuisent l’odeur devient insupportable .Je me retiens tant bien que mal, mais je n’arrive pas à refréner la forte nausée qui me prend. Je me précipite vers le lavabo de la cuisine pour vomir.
C’est dans cette posture que me trouve Latif.
-tu ne vas pas mieux Cyrielle. C’est mieux qu’on aille à l’hôpital.
-je ne comprends vraiment pas ce qui m’arrive. je me suis levé en forme ce matin, mais à peine j’ai senti l’odeur des œufs en train de cuire que j’ai eu une forte nausée .j’ ai essayé de me retenir mais je n’y arrive pas. C’est peut-être un début d’indigestion ou de paludisme je ne sais pas trop…
-ou pas Cyrielle me répond-il en me regardant dans les yeux.
-moi (ébahie) tu… tu… penses à la même chose que moi bégayai-je
-oui c’est possible que tu sois enceinte ma chérie, ce sera un miracle si cela arrive, mais Dieu en fait chaque jour donc espérons que ce soit le cas...
-moi (essayant de le raisonner) je n’en suis pas sure Latif, mes menstrues étaient au rendez-vous ce mois –ci. Même si, j’ai remarqué que le flux était entrecoupé et moins abondant que d’habitude. Je ne veux pas avoir de déception s’il s’avère que je ne suis pas enceinte.
-on doit en avoir le cœur net, je vais à la pharmacie prendre un test de grossesse tout à l’heure. On sera situé une bonne fois pour toutes.
-appel le bureau pour dire que tu es malade. Tu ne vas pas bien du tout, c‘est mieux que tu te reposes aujourd’hui.
-ok je crois que c’est le mieux à faire.
-bon je file me doucher pour prendre mon petit-déjeuner et ensuite dès 8h je file à la pharmacie.
J’ai besoin d’être situé sinon je n’aurais pas l’esprit tranquille aujourd’hui.
Je suis assise prostrée sur la cuvette des toilettes. je n’en reviens toujours pas. Le test est positif. je n’arrive pas à y croire. DIEU s’est enfin souvenu de nous. Perdue dans mes pensées, je n’entends pas Latif qui depuis la chambre me demande le résultat. N’obtenant pas de réponse, il me rejoint dans la douche. Il me trouve assise comme hypnotisé, tenant le test affichant les deux barres entre les mains. Il s’approche doucement, me prend le test des mains, le regarde, son regard va du test à moi, et de moi au test. Je le sens troublé, ému.
Il me fait lever et me serre dans ses bras alors que j’éclate en sanglots et je lui dis :
-le test est positif Latif
***AWA MAIGA***
Plus de 3 mois que je n’ai pas vu mon fils.je m’en veut tellement pour tout ce qui s’est passé. Toute cette histoire m’a rendu malade. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. J’ai envie de me rendre chez lui mais je crains sa réaction et celle de sa femme. J’ai agi comme la dernière des imbéciles. Maltraité l’enfant d’autrui tout simplement parce qu’elle n’est pas de ma religion. Pas étonnant que ma fille ferima soit en train de vieillir dans ma maison. Aucun prétendant jusque à présent. Tu maltraites l’enfant d’autrui pour rien, cela retombe sur tes enfants. Le chagrin est en train de me ronger .je meurs à petit feu .j’ai besoin du pardon de mon fils et de sa femme pour avoir la paix du cœur.je n’ai rien avalé de la journée.je me lève péniblement pour rejoindre le salon mais je suis prise de vertige et je m’écroule au sol.
***LATIF MAIGA***
Je n’en reviens toujours pas. Ma femme est enceinte. C’est le plus beau jour de ma vie.je n’ai pas travaillé aujourd’hui. Ce serait peine perdue d’y aller, je n’aurais pas pu travailler tellement je suis bouleversé. Je suis à la fois ému et un peu perturbé. Tout cela est tellement nouveau pour moi. Enfin je vais être papa. Pour de vrai cette fois, puisqu’il n’y pas d’ambiguïté sur la paternité. Je suis certain que c’est le mien. Rahim aura bientôt un petit frère ou une petite sœur. En parlant de lui, j’ai encore du mal à accepter la trahison de sa mère. J’ai pensé un moment à m’en séparer, mais je n’aurais pas pu, je l’aime comme s’il était de mon sang. C’est mon fils, je suis la seule figure paternelle qu’il a connue depuis sa naissance. je ne pense pas que le sortir de ma vie changera grand-chose. En plus sa mère n’a aucune information sur son père biologique. Le sortir de ma vie nous ferait du mal à tous les deux. Il est mon fils et il le restera pour toujours. Je remercie Allah de me permettre de lui donner bientôt un frère ou une sœur. Ils sont tous mes enfants et je les aimerais de la même manière. Il y assez de place et d’amour dans mon cœur pour eux tous.
Cyrielle est encore couchée, la pauvre elle est aussi émue et bouleversée que moi.et dire qu’elle ne s’en doutait même pas. Depuis que son cerveau a enregistré l’information, c’est comme si les effets indésirables de la grossesse n ‘attendait que cela pour se manifester. Elle ne fait que vomir depuis ce matin. Elle a pu à peine avaler quelque chose. Nous avons rendez-vous demain matin à la première heure avec Dr kouablan qui heureusement pour nous est rentré de voyage hier. J’ai hâte d’y être pour en savoir plus. J’espère que tout va bien se passer et que les « bobos » de début de grossesse vont s’estomper au fil du temps pour que ma femme vive pleinement cette grossesse. je serais à ses petits soins.
Je suis tellement content que je mets un cd religieux du chantre maria Ade que Cyrielle m’a fait découvrir et que j’aime bien, surtout son titre « destinée ». Et je me mets à fredonner en dansant :
Les yeux n’ont pas encore vu
Ni les oreilles encore entendu
Ce que Dieu va faire au travers de moi
Ses projets pour moi dépassent l’entendement
Si dieu est pour moi
Qui peut être contre moi
Tout arme forgé contre moi, n’aura d’effet
Et Quel que soit toutes les oppositions
C’est Jéhovah seule qui a le dernier mot…
Je suis en cuisine pour réchauffer un plat pour mon déjeuner lorsque j’entends mon téléphone sonné. Je ne sais même plus ou je l’ai laissé. Je me dirige donc vers l’endroit d’où provient la sonnerie.je le retrouve coincé dans le fauteuil ou j’étais affalé tout à l’heure. C’est un appel de ma sœur ferima. Je décide de ne pas décrocher, qu’elle ne vienne pas gâcher ma bonne humeur. Elle et sa mère ne m’apporte que des problèmes. J’ai arrêté de les fréquenter depuis l’incident avec ma mère. Je suis sure qu’elles étaient complices. Il n’y a une pour conseiller l’autre. Alors non je ne décroche pas.je laisse sonner et je retourne surveiller ma bouffe que j’ai laissé au feu.
Ça sonne une, deux, trois fois et après ça coupe. Tant mieux me dis-je j’espère qu’elle ne va pas insister. À peine je m’assieds pour commencer à manger que je reçois un sms.je ne l’ouvre pas. J’en reçois un autre, pareil. Puis un troisième .là je commence à m’inquiéter. La personne insiste c’est peut-être urgent. Je porte ma cuillère à la bouche et je tends la main vers mon téléphone pour prendre connaissance des sms.
Je tombe des nues en lisant les messages :
Sms 1(Rappel moi stp c’est urgent !!!)
Sms 2(Décroche stp c’est urgent)
Sms 3(Trouve-nous à la clinique st joseph, maman est hospitalisée)
Qu’est-il arrivé à ma mère. C’est vrai que je suis fâché avec elle, mais je tiens énormément à elle. C’est ma mère, j’ai parfois du mal à la comprendre mais je tiens énormément à elle. Savoir qu’elle va mal, me touche beaucoup. je m’en veux sur le coup de l’avoir négligé ces derniers temps. Bref le moment n’est pas aux regrets, mais à l’action. je dois les rejoindre au plus vite.
J’abandonne le plat et je me précipite dans ma chambre. Je fais le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Cyrielle qui dort encore. je prends de l’argent que je mets dans mon porte-monnaie, je vérifie que j’ai mes pièces sur moi avant de m’en aller de la maison téléphone à l’oreille.je vais appeler Cyrielle pour l’informé de la situation une fois que j’en saurais plus. Elle dort et je ne trouve pas utile de la réveiller.
***clinique saint joseph***
-qu’est ce qui s’est passé avec maman ferima ?
-je l’ai trouvé inerte, étendue au sol à l’entrée de sa chambre alors que j’allais lui dire bonjour comme chaque matin
-elle s’est plaint de quelque chose ces derniers jours ?
-ces derniers mois tu veux dire Latif ? Je ne sais pas ce qui s’est passé chez toi, mais maman n’est plus la même depuis son retour de chez toi. Elle à refuser de m’en parler alors que je sais que quelque chose de grave s’est passée ce jour-là. En plus toi tu nous as carrément mis aux oubliettes, pas de visite, d’appel, ni de message pour prendre de nos nouvelles, rien. Silence radio.
Je baisse la tête en entendant ces mots. je vois que ma mère a gardé tout cela pour elle. Cela change de son habitude apparemment ce qui s’est passé l’a touché plus que je ne crois.
-Famille de Mme Maiga ??
-comment va-t-elle docteur ?je demande en me précipitant vers lui, les autres membres de la famille à ma suite.
-elle va mieux. Son état n’est pas alarmant, mais elle a besoin de repos, de bien manger et de se sentir entourée.
Mon cœur se sert à ses mots, et si mon silence de ces derniers mois était la cause de l’état de maman ? Je crois qu’il est temps que je passe à autre chose. Faut que je lui parle pour mettre les choses au clair. C’est vrai elle a sérieusement déconné mais je dois lui pardonner.je crois que cette fois elle a compris qu’elle était allée trop loin.
-on peut l’avoir docteur ?
-oui mais pas tous à la fois, et ne tarde pas trop, elle a besoin de repos. On aura besoin d’une personne à ses côtés pour cette nuit, elle sera en observation. je pense qu’elle pourra sortir demain si tout va bien.
-c’est bien noté, ma sœur restera à ses côtés. Encore merci docteur.
Je me dirige aussitôt vers la chambre de ma mère. je l’ai trouvé endormie. Elle paraît vieillie depuis la dernière fois que je l’ai vu. Elle a maigrit et elle à des cernes. Pff je m’en veux tellement. Savoir que ma mère allait mal et que je n’étais pas à son chevet me rend coupable. J’aurais dû être à ses côtés. Tout cela me fait que quelle que soit la situation qu’on a vécue, la colère ne doit pas nous faire poser des actes que l’on pourrait regretter. Ma mère n’a rien de grave, mais imaginons un seul instant que le pire était arrivé, et qu’elle soit partie sans que lui ai pardonné ? Je n’aurais pas pu supporter cela.je me rends compte de l’importance du pardon. Le pardon libère et nous fait avancer. J’aurai dû prendre sur moi malgré ma colère, et aller vers ma mère pour lui parler, exprimer mon ressenti, crever l’abcès. Mais j’ai préféré ruminer ma colère dans mon coin et m’éloigner d’elle et voilà le résultat. Puisse ALLAH le miséricordieux qui nous accorde son pardon malgré nos péchés nous donne la force de pardonner à notre prochain.
Ma mère ouvre les yeux tout à coup et les referme aussitôt…