Chapitre 11 : Exposée
Write by kaynaliah
******Laurel*****
Je me lève en sursaut de mon lit et file à la salle de bains vider mon
estomac dans la cuvette à WC. Je finis par me relever avec peine et à
m’accrocher aux bords du lavabo. Je souffle un moment avant d’actionner
le robinet du côté eau froide et de me rafraichir le visage. Je prends
l’une des serviettes du lot posé à côté du lavabo et m’essuie le visage.
Je lève la tête et vois mon reflet à
travers le miroir. J’ai vraiment une tête horrible à faire fuir un
nouveau né. Je retourne à la chambre et allume mon portable que j’ai
éteins il y a quelques heures. Je vois des tonnes de messages ainsi que
des notifications sur les réseaux sociaux. Je suis foutue alors. Je n’ai
même pas le courage d’aller lire les commentaires car je sais que ça
concerne ce qui s’est passé hier. Mon Dieu ! Comment en suis-je arrivée
là ? Quelle honte ! Je peux faire une croix sur mon héritage. Vu les
évènements d’hier, je crois qu’il a même déjà appelé son avocat pour me
déshériter. Je me demande bien qui est derrière ça. Je sais déjà que
fait les choux gras dans la bouche de tout le monde. Je ferai mieux
d’aller prendre un bain pour tenter d’oublier toute cette honte qui
s’abat sur moi.
J’ai rempli d’eau la baignoire avant d’y
plonger des huiles essentielles. Je me suis servie un verre de whisky
sec que j’ai posé sur le rebord de la baignoire ainsi que ma boîte de
cigarettes. J’ai enlevé ma robe et mes sous-vêtements avant de ramener
mes cheveux en un chignon au-dessus de la tête. Je me suis installée
dans la baignoire et j’ai fermé les yeux pour tenter de penser à autre
chose mais je n’y arrive pas. J’ai tellement les nerfs que je me sens
obligée de tirer une cigarette pour essayer de me relaxer. Ma vie est un
véritable gâchis tout simplement. Ma réputation est plus que grillée et
pour couronner le tout, le monde entier doit être au courant de ce que
j’ai tenté de cacher inlassablement.
Et dire que j’attendais
cette soirée avec une très grande impatience. Le matin je me suis
réveillée de très bonne humeur pour me préparer à mon heure de gloire.
Pour la première fois de ma vie, j’allais être associée à un projet en
tant que moi même et non parce que je suis la fille de Rémi OBRIGADO,
politicien de son état. J’avoue que je ne pensais pas à ma dernière
altercation avec Serges pour l’instant. J’avais relégué cette histoire
dans un coin de ma tête pour l’instant. Il est clair que Serges va me
payer son insolence de la dernière fois mais chaque chose en son temps.
J’avais vu fièrement ce matin-là mon nom paraître dans l’ « Union »
(quotidien gabonais). L’association qui m’a choisie comme marraine
cette année rappelait aux membres et aux autres qu’une soirée pour
présenter l’association mais surtout la nouvelle marraine aurait lieu ce
soir. J’étais aux anges de voir ainsi mon nom. Je savais que du monde
se bousculerait à cette soirée. Tout devait être parfait. J’avais écrit
un discours depuis des jours et je m’étais même amusée à le mémoriser et
à le répéter tout le temps pour être sûre de ne pas en oublier un mot.
Papa était si fier d’être mon cavalier ce soir malgré nos soucis de
communication. J’avais l’impression qu’il n’existait aucun problème
entre nous à ce moment-là. La soirée avait commencé à notre arrivée et
tout le monde nous saluait. Il y avait tellement de monde que je n’ai
même pas eu le temps de voir tous ceux qui étaient présents ce soir. Je
fus installée à la table d’honneur avec papa et les festivités ont pu
commencé. Le président de l’association et son équipe ont présenté la
structure et leurs différentes actions. J’étais vraiment émerveillée. Je
me demandais surtout si mon père serait fier de moi malgré tout.
Le président de l’association m’appelle sur le podium et je l’y rejoins
sous les acclamations de toute l’assistance. Mon heure de gloire est
enfin arrivée. Je suis saluée chaleureusement et avant de me tendre le
micro, je comprends qu’il y a une vidéo surprise pour moi. Je suis
étonnée car je ne m’y attendais pas du tout. Les lumières s’éteignent et
tous les regards sont dirigés vers l’écran LED. Les premières images de
la vidéo ont commencé à défiler et je voulais juste être enterrée
vivante. Il y a un montage de plusieurs sextapes que j’ai eu à faire.
Quelle honte ! Comment ont-ils pu avoir accès à ces vidéos ? Ca
commençait à s’exciter dans la salle. Je ne pouvais pas rester une
minute de plus ici. J’ai profité de l’obscurité pour m’échapper de là.
Papa va tellement être déçu de moi et me détester. Je me suis enfuie du
lieu de réception et ai pris un taxi jusqu’à l’hôtel « L’étoile d’or »
où j’ai pu trouver une chambre. J’étais tellement en colère. Comment
cela pouvait-il m’arriver ? J’ai tout de même pris mon courage à deux
mains pour appeler papa et ce qu’il a eu à me dire ‘a fait froid dans le
dos. J’ai éteint par la suite mon téléphone avant de commencer à boire
pour oublier cet épisode de ma tête. Quelle douleur ! Oui j’ai eu à
faire des sextapes en échange d’argent car j’ai toujours voulu avoir
plus que ce que j’avais. C’était ça ma vie en France en dehors de mes
études. J’ai même été une prostituée de luxe et quand ma mère m’a vue
une fois sur une photo que lui a montré une femme de son entourage qui
se plaignait de son amie volage, elle ne me l’a jamais pardonnée. Elle a
fait une crise cardiaque et je sais que c’est de ma faute. Je suis
rentrée au Gabon comme pour m’expier de mon crime mais les choses m’ont
suivie ici malheureusement et tout ce que je me suis évertuée à cacher
jusque là ressort comme par enchantement. Je suis dans la merde. C’est à
ce moment que j’aurai bien aimé avoir des amies mais je n’en ai pas.
Tout le monde me fuit. Je suis juste seule au monde.
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******Serges******
Je ne sais plus comment me comporter avec Abbi. Elle refuse de
m’écouter tout simplement. Elle m’a mise à la porte la dernière fois et
même si je sais qu’elle est profondément blessée, je ne pensais pas
qu’elle aurait pu agir de la sorte avec moi. Je me sens vraiment mal et
commence à être perdu. Je n’ai jamais pensé qu’elle puisse être aussi
radicale. Je lui ai donné deux jours le temps pour elle de se calmer. Il
faut qu’on discute tous les deux. Je ne veux pas la perdre. Je ne veux
pas divorcer. Je ne veux pas perdre Abbi. Elle est ma moitié. J’ai eu
min beau-père au téléphone hier et tout ce que je peux dire est que je
suis dans de sales draps. Abbi est en colère contre lui à cause de moi.
Ca lui fait mal mais il comprend la position aussi de sa fille. Je me
rends compte qu’ Abbi m’en veut beaucoup plus que je pensais.
J’ai dû prendre une suite dans un hôtel en attendant. Je pense que je
passerai plus de temps que prévu aux Etats-Unis. Abbi en raison de sa
grossesse gémellaire pourrait accoucher à n’importe quel moment. Je ne
voudrais rater cela pour rien au monde. Je veux voir mes filles venir au
monde. Il est 19 heures lorsque je gare la voiture de location en bas
de son immeuble. J’espère que cette fois-ci elle sera plus clémente que
la dernière fois. Je descends de la voiture avec le bouquet de fleurs
que je lui ai acheté tout à l’heure. Je m’apprête à sonner au niveau de
l’interphone lorsque je vois la porte s’ouvrir et un couple en sort.
J’en profite pour me glisser à l’intérieur de l’immeuble. Je suis
vraiment paniqué car j’ignore ce qu’elle me réserve cette fois-ci. Je
sonne à sa porte et j’entends des pas se rapprocher de plus en plus. La
porte s’ouvre et je vois Abbi dans toute sa splendeur. Elle semble
surprise de me voir là.
-« Bonsoir Abbi »
-« Serges. Que fais-tu là ? »
-« J’ai besoin de te voir et de te parler »
-« Ok »
Elle se mit sur le côté pour me laisser entrer.
-« Tiens ! C’est pour toi ! » dis-je en lui tendant le bouquet
-« Merci mais il ne fallait pas. Je te sers quelque chose à boire ? »
-« Du jus de pomme s’il y en a »
-« Je reviens »
Elle pose le bouquet sur la table avant de se lever et disparaît dans
une pièce quelques minutes avant de revenir avec un plateau. Je me lève
pour l’aider à le porter. Je pose tout sur la table et me sers tandis
qu’elle s’est allongée sur le canapé en face de moi. Elle n’a pas été
attentionnée par mon geste. J’ai mal.
-« Abbi je voudrais m’excuser »
-« Pour ? »
-« Tout le mal que je t’ai fait »
-« …….. »
-« J’ai été con et idiot. Je te demande pardon pour tout. »
-« Pourquoi demandes-tu pardon ? Je connais maintenant ton visage. Tu
peux maintenant faire ta vie sans avoir à mentir. Tu peux enfin être toi
même »
-« Abbi s’il te plaît »
Je me suis levé et me suis mis à genoux devant elle.
-« Pardonne-moi s’il te plaît »
Elle me regarde longuement avant de se lever et de disparaître pour revenir quelques instants plus tard.
-« J’ai oublié de te donner ça »
-« Qu’est-ce que c’est ? »
-« Mon alliance »
-« Abbi non »
-« Je suis désolée »
-« Tu veux vraiment mettre un terme à notre mariage ? »
-« Oui »
-« Je ne te laisserai pas faire ça »
Sans que je ne m’y attende, j’ai senti une douleur sur ma joue. Elle venait de me gifler.
-« Je crois qu’il est grand temps que tu saches tout le bien que je pense de toi »
Elle est énervée et je sens que ce que je vais entendre me causera du mal.