Chapitre 11 : L'ennemi caché

Write by Fleurie

°°° Yannaël °°°



Le détective privé vient de m’apprendre une terrible nouvelle sur notre kidnappeur. J’ai été très surpris, au point où j’ai laissé tomber le verre que je tenais en main. Celui-ci s’est brisé en plusieurs morceaux sur le sol. Ce geste involontaire a ainsi attiré le regard des autres clients dans le bar sur moi. Je me suis brusquement levé de mon siège, en me dirigeant vers la sortie. Je n’en ai cure de leur opinion. La serveuse s’est mise à crier mon nom, dans l’intention de me retenir. Je ne l’écoute plus, mon esprit n' 



Deux heures de temps plus tard



Je n’arrive pas à y croire. Un enlèvement qui me rend aussi inquiétant. Mes filles me manquent et je n’imagine pas l’état de Charlotte en ce moment. J’ai essayé de prendre mon mal en patience, mais je n’y arrive pas. Mais c’est tout juste impossible. J’ai appelé la maison, pour vérifier s’il y a du nouveau, mais nada. La police est également incapable de nous fournir des informations. On attendra une éternité, s’il faut qu’on se concentre rien que sur elle. J’ai été obligé de quitter le bar pour me rendre chez Mike de toute urgence. Une petite voix me souffle à l’intérieur qu’il peut m’aider. Bien qu’il ait engagé cet homme pour l’enquête, je trouve que cette dernière n’avance pas du tout.



J’ai toqué à la porte de son bureau une quinzaine de minutes après. J’ai pénétré à l’intérieur sans attendre de réponse. Je suis persuadé de le trouver seul, comme d’habitude.




-Bonsoir Mike, dis-je en réalisant mon erreur.


-Oh tu es là ? Émit-il.


-J’ai besoin de te parler, c’est urgent.


-Tu fais une sale tête mon cher ami, commença-t-il en me voyant, sur un ton très calme. Assieds toi, je t’en prie.



Il est tellement concentré sur son ordinateur. Je vois que ce qui l’occupe est très important. Je me suis maintes fois demandé, s’il lui arrivait de s’énerver ou d’être secoué par une situation. Mike est un homme très calme, dont on devine difficilement l’état d’âme. Je n’arrive souvent pas à lire en lui.



-Je sais que ton détective est compétent, sinon tu ne me l’aurais pas recommandé. J’aimerais que tu le contactes une fois de plus, pour lui mettre la pression. Je me sens très impuissant face à tout ceci. Lançai-je désespéré.



-Je te comprend parfaitement. Je te rassure que tu n’as pas à t’en faire Yann, je te l’avais déjà dit. Tes filles seront retrouvées sans aucun doute. Il te faudra t’armer de patience. Et je sais que mon homme fera de son possible. Abel est un homme de paroles. Il m’a déjà rendu de nombreux services. J’ai toujours été satisfait de son travail. Je peux te confirmer qu’il maîtrise très bien son domaine. Ajouta-t-il.


-Hum…


-Je vois que tu as besoin de te déstresser un peu. Dit-il en fermant son ordinateur. Viens on ira faire un tour.


-Je n’ai pas du tout la tête à sortir Mike. Tu ferais mieux d’y aller seul. Merci de me l’avoir proposé. Soupirai-je agacé.


-Je te comprends, mais fais moi confiance. Je vais appeler Abel, et lui mettre la pression comme tu le désires. Mais laissons-le plutôt faire son travail. Tu sais très bien que c’est un peu délicat. Continua-t-il dans l’espoir de me rassurer.



Je ne lui ai rien dit de ce que ce dernier m’a appris. Je préfère garder cette information pour l’instant. Je cogite depuis un moment sur la nouvelle. Je suis incertain sur le fait que je dois ou non la révéler à ma femme. Elle sera morte d’inquiétude si elle l’apprenait. J’ai simplement sorti mon téléphone portable, en prenant soin de l’éteindre. Je leur annoncerai la nouvelle, une fois que je serai un peu calmé.



-Okay, tu m’as convaincu, on y va, finis-je par dire malgré moi.


-C’est mon pote, fit-il en me tapotant l’épaule.



Nous sommes sortis de son bureau. J’ignore la destination. Mais une chose est sûr, j’ai la sensation que cela va me plaire. J’ai souri avant de lui emboiter le pas.



[ … ]



Il a garé sa voiture devant une très immense maison. Elle est vachement grande. Je n’ai jamais imaginé qu’un homme pourrait vivre ici. On dirait carrément un château. Après avoir coupé le contact, il s’est tourné vers moi. Il peut facilement lire cette surprise sur mon visage.



-Nous y sommes mon cher. Dit-il avec un sourire au coin des lèvres.


-Où sommes-nous Mike ? Questionnai-je.


-Bienvenu chez moi Yann.



Je me suis empressé de descendre de la voiture. Je suis à la fois émerveillé et ébahi par la grandeur et la splendeur de ce lieu. Mike a klaxonné et le grand portail s’est ouvert et il a pénétré  à l’intérieur. Je l’ai par la suite suivi.



°°° Charlotte °°°



Je n’ai plus aucune nouvelle de Yann  et des filles. Plus de deux heures déjà qu’il est parti furieux de la maison, pour je ne sais où. Je marche de long en large dans la pièce sans m’arrêter. Je ne fais que passer sans cesse, la main dans mes cheveux. Je ne supporte plus ce silence du kidnappeur. J’ai envie de rentrer chez moi, mais Nora ne veut pas me lâcher. 



-J’ai envie de rentrer chez moi Nora, dis-je en reniflant.


-Tu n’iras nulle part sœurette. Je veux être avec toi. Laisse-nous te soutenir. Tu ne passeras pas par cette épreuve sans nous. Intervint Ayanda en faisant son entrée dans la pièce.


-Ayanda, mais que fais-tu ici ?



Elle n’a pas pris la peine de me répondre. J’ai juste eu le temps d’apercevoir sa mère derrière elle.



-Tu pensais me le cacher pendant combien de temps ma fille ? Demanda Léontine en se dirigeant ma direction. 


-Mais maman, que fais-tu là ?



J’ai jeté un coup d’œil à Nora qui s’est mise à sourire. Elle sait très bien, que notre mère a une santé fragile. Mais c’est elle qui va l’avertir. Je l’ai dévisagée avant de reporter mon regard sur maman Léontine, qui a l’air très calme.



-Tu es très fragile maman Léontine. Je ne voulais pas t’inquiéter davantage. Je me préoccupe énormément pour ta santé. Glissai-je alors pour masquer ma peine.



Nora hôcha la tête comme si cela lui paraissait évident. Bien sûr, il s’agit de leur mère.



-Ce n’est pas une raison Lolo. Il s’agit de mes petites filles, lança-t-elle en se mettant  ma hauteur.

 

-Hum


-Bon s’en est fini des excuses. Quelles sont les nouvelles ? Risqua-t-elle, n’ayant pas l’air très convaincue de mon excuse.


-Oui dis nous la grande ? Ajouta Ayanda.


-Rien de nouveau maman, répondit Nora  en s’installant avec la petite dans ses bras, dans le fauteuil en face de moi.


-Nous attendons impatiemment l’appel de Yannaël. J’essaie de le joindre depuis un moment. Mais son portable est fermé. Je me demande même où il peut être. Dis-je avec ce dernier en mains.


-C’est vraiment triste. Je ne comprends rien aux comportements inhumains de certains. La personne est innocente, et c’est toi qui te lève pour enlever les enfants des gens sans raison, enchaîna maman Léontine toute furieuse.


-Laisse seulement, on va les retrouver. Je l’espère, continuai-je avant d’éclater une fois de plus en sanglots.


-Ma fille calme toi. Cette personne n’a pas besoin de tes larmes. Dit-elle en me les essuyant.


-Maman, c’est plus fort que moi, je n’en peux plus. La nuit va bientôt tomber. Mes filles sont sans leur mère, vous comprenez, m’inquiétai-je.


-Tout ira bien, me rassura Ayanda.



Non mais pourquoi fallait-il que cela m’arrive à moi. Vers qui irais-je si je les perdais. Rien qu’à y penser, j’en ai eu une forte douleur dans la poitrine.



-Je reviens ma fille, dit-elle.



Elle m’a embrassée et est sortie de la pièce, suivie de Ayanda qui m’a fait un grand clin d’œil avant de suivre sa mère.



Vers d’autre horizon



°°° Inconnu °°°



-Allez vous arrêter de chialer, sinon je promets que je vais vous la faire taire de force. Râlai-je.


-Calme toi la grande, ce ne sont que des gamines. Elles ne connaissent rien. Dit ma coéquipière d’une voix agaçante.



Non mais, pour qui se prend-t-elle à la fin. Je n’ai qu’une seule envie, lui envoyer mon poing à la figure.



-Tu ferais mieux de la fermer toi aussi. Tu ne racontes que des conneries lorsque tu ouvres ta bouche. Mieux tu te tais, si tu ne veux pas que je t’en colle une comme il se doit. Ajoutai-je pour éviter d’exploser.



Je l’ai vu se raidir. Tant mieux, j’ai tourné mon regard vers la fenêtre. La chambre est un peu sombre. J’ai légèrement tiré le rideau, pour l’éclairer un peu.




Ces enfants ne font que pleurer depuis leur arrivée cet après-midi. Nous avons beau leur donner des friandises et des jouets. Mais elles n’en ont rien à foutre.



-J’ai soif, je veux de l’eau s’il vous plaît, demanda la petite en robe blanche.


-Ana, sers lui à boire, pffff.



Le vibreur de mon téléphone m’a notifié que j’ai un appel entrant. Je me suis empressée de le faire sortir de ma poche. Un coup d’œil à l’écran, et je réalise que j’ignore le propriétaire de ce numéro. Je l’ai coupé en le remettant à sa place. Mais il s’est remis à vibrer. Je l’ai nerveusement décroché.



-Allô, m’offusquai-je.


-Oui, excuse moi, je n’ai pas voulu appeler avec le même numéro.



J’ai immédiatement reconnu sa voix.



-Oui chef, tout se déroule comme prévu, répondis-je  pour la rassurer que le travail se passe sans encombre.


-Bien, je pense qu’il est temps de passer au deuxième plan.


-Bien reçu chef, nous le ferons sans plus attendre.


-C’est pour cela que je vous paie non.


-Okay.



J’ai raccroché sans hésiter, pendant que l’autre parlait encore. Je m’en fiche de son état d’âme. J’ai posé le combiné sur la table, en prenant place sur la chaise juste à côté. Je me suis adossée, et j’ai allongé mes jambes. Je réalise aujourd’hui, que nous ne sommes que le résultat des circonstances de notre enfance. Je n’avais pas ce cœur dur comme une pierre. Mon enfance était très gaie, et n’importe qui m’enviait à cette époque. J’étais une fille pleine de vie. Mais comme le bonheur ne dure toujours pas long, il a fallu qu’un misérable me chamboule et me pourrisse l’existence. Et c’est triste lorsqu’il s’agit de sa propre famille. J’ai laissé une larme s’échapper, rien qu’à penser à ses souvenirs moroses et douloureux, j’en ai eu la nausée. Je me suis ruée dans la salle de bain, avant de vider mon estomac dans la toilettes.



-Tout va bien, demanda Ana sûrement effrayée par mon acte sur le seuil de la porte de la salle de bains.


-Oui ça va, répondis-je en nettoyant ma bouche du revers de la main.



C’est la première fois, que je lui parle d’une voix si posée, sans crier cette fois-ci.



-Oh, okay, je t’apporte de l’eau ?


-Non ça ira, tu peux t’en aller. J’ai besoin d’être seule. Je l’apprécierais vraiment. Va t’occuper des filles.


-Comme tu voudras, mais si tu as besoin de moi, je ne serai pas loin. Ajouta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.



J’ai simplement hôché la tête, en guise de oui. Elle a un peu hésité avant de disparaître de mon champ de vison. Ana est une fille très posée et sereine. J’ignore la raison qui l’a poussée à faire ce genre de travail. J’ai posé mes fesses sur la cuvette de la toilette. Ma tête entre les mains, j’ai laissé libre cours à ma peine. Elle est toujours aussi douloureuse  chaque fois. Il me faut la vider, avant de continuer. Je n’en peux plus. Ma mère me manque énormément.



°°° Charlotte °°°



[ Sonnerie téléphone ]



J’ai nerveusement saisi le téléphone, en espérant que ce soit mon mari qui aimerait nous faire un signe de vie.



-Oui, répondis-je en tenant frénétiquement l’appareil à mon oreille.


-Allô, maman 



Mon cœur a été gonflé de joie et d’amour  lorsque j’ai reconnu la voix d’Anaïs à l’autre bout du fil. Il était temps.




-Princesse tu vas bien ? 


-Oui maman, je te passe Aurora, elle veut aussi te parler.


-Ca suffit maintenant, donne moi le téléphone, dit une autre voix.


-Allô, allô tu es là ma fille, réponds moi, pleurai-je.


-Vous venez d’entendre leur voix. Je vais vous envoyer un texto pour vous dire quoi faire. Vos enfants sont entre de bonnes mains. Conclut-elle sèchement.


-Attendez, je…



Clic.



Elle vient de me raccrocher une fois de plus au nez, pendant que j’ai l’appareil toujours collé à mon oreille. Cette femme est tellement dure de cœur. Comment peut-elle nous faire cela, et de quel droit, sous l’ordre de qui ?



[ Bip message ]



« Nous ne voulons aucune rançon, ni rien. Tout ce que nous souhaiterons avoir de vous, est vous-même en échange des filles. »



Mais quelle est cette histoire ? Qui me joue ce sale coup. Pour une blague, c’est vraiment mal. J’ai éclaté de rire, avant de pousser un cri strident. Ce sont les larmes de ma douleur qui ont suivies.



-Lolo, dis nous quelque chose, demanda Ayanda en tant de retour.



Je me suis enfermé dans mon mutisme. J’ai voulu articuler quelques mots, mais aucun son n’arrive à sortir de ma bouche. J’ai senti Ayanda me prendre le téléphone des mains. Mes yeux se sont mis à se fermer lentement. Je n’ai plus rien ressentir. Je me suis laissé effondrer sur le sol.



Trou noir… 



Hantise