Chapitre 10 : Où sont les filles ?

Write by Fleurie


 °°° Charlotte °°°



Je ne sais franchement plus à quel saint me vouer en ce moment. Je fais des cents pas sans arrêt, depuis mon arrivée. J’ai récité plusieurs fois mon chapelet. J’ai la boule, je bouillonne de colère. Tout mon être se sent impuissant, face à cette situation. J’ignore cette personne qui me veut du mal à ce point. Elle pourrait s’attaquer à moi, au lieu de s’en prendre à mes pauvres enfants. Elles sont innocentes, et ne savent rien de cette méchanceté. Avec toutes les animosités des gens sans cœur de Cotonou, je n’arrive pas à me calmer. Mes filles ont besoin de leur mère. Et je suis incapable de leur venir en aide. J’ai appelé Yannaël qui est toujours au boulot. Où peuvent-elles bien être ? Ont-elles déjà mangé ? N’ont-elles pas froid ? Des tas de questions me taraudent l’esprit. J’ai soupiré avant de m’affaler dans le sofa, impuissante. Je ne sais plus quoi faire.



-Calme toi ma puce, nous allons les retrouver, le Seigneur est au contrôle. Dylan se charge déjà d’informer le commissaire. Tout ira bien, tu verras, pas de panique. Murmura Nora dans une petite voix.


-Je veux mes filles, tu comprends, sniff ?


-On les retrouvera saines et sauves, je te le promets. Tu es plus courageuse et fervente Lolo, je ne te connais pas comme ça. Reprend toi ma sœur. Finit-elle par dire. 


-Je me demande comment tu fais pour être aussi calme et sereine Nora.


-Ce n’est rien d’extraordinaire. J’essaie de ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Je confie tout à Dieu, car tout est en ses mains et son pouvoir.


-Hum, okay. Murmurai-je au bout des lèvres.



''Ouïn ouïn ouïn'', Emmy vient de se réveiller. Cette petite créature est une pure merveille. Sa mère l’a portée et s’est installée avec elle dans le fauteuil. Elle l’a délicatement enveloppée dans ses bras en la contemplant dans un sourire très tendre et maternel. Elle est tellement mignonne, avec son nœud papillon rose sur un côté de la tête. Sous mon regard, elle l’a un peu bercée, avant de lui donner son tété. Je regarde cette belle image de mère et fille, qui me remplit d’émotions. Elle me rappelle mes enfants. Inconsciemment, de grosses larmes se sont douloureusement écrasées sur mes joues. Je leur ai tournés le dos, pour qu’elle ne remarque pas ma peine et ma douleur. J’ai fini par m’éloigner d’elles. Elle est si absorbée par la petite, qu’elle ne m’a pas aperçue, tant mieux. Qu’elle s’occupe de son enfant.



Je suis allée au bord de la piscine, à l’extérieur, le soleil ne brille pas assez. Le temps a l’air un peu menaçant. Il semble qu’il va pleuvoir d’un moment à l’autre, car le ciel s’est assombrit. J’ai marché le long de la piscine à petits pas. Après quelques minutes, je me suis arrêtée en me rabaissant. J’ai plongé mes pieds dans l’eau. Le contact de l’eau fraîche me fait ressentir une sensation de douceur et de paix. J’ai fermé les yeux, ne serait-ce que pour un court instant, pour mieux réfléchir à comment faire.



Une voix masculine me tire brusquement de mes esprits. J’ai ouvert les yeux pour vérifier de qui il s’agit.



-Chérie, comment te sens-tu ?


-Quand es-tu venu ? Questionnai-je d’un coup Yannaël qui se tient debout derrière moi.


-J’ai demandé une permission pour pouvoir être auprès de ma femme. Raconte-moi comment les choses se sont déroulées. Dit-il le visage triste.



Je lui ai fait un résumé de la situation mouvementée, dans laquelle nous sommes depuis cet après-midi. Il m’a religieusement écoutée sans m’interrompre. Je ne me suis pas empêché d’éclater une fois de plus en sanglots. C’est plus fort que moi. C’est dur sniff.



-Tu es très sensible ces derniers temps. Es-tu sûre que tout va bien. Ne serais-tu pas en état ? J’ai comme l’impression que se sont les hormones, car je ne comprends plus rien.


-Je ne crois pas Yan, j’ai eu mes menstrues dernièrement.


-On ne sait jamais Lolo. J’ai contacté un ami très efficace. Et crois-moi, l’identité de cette personne sera bientôt dévoilée.



Il a pris ma main qu’il a mis dans la sienne en y posant un baiser. Cet homme est ma force.



°°° Yannaël °°°



Je n’aime pas la voir aussi déprimée. L’absence d’un enfant dans la vie de ses parents peut engendrer beaucoup de choses que l’on ne peut imaginer. Je savais l’état dans lequel elle se trouvait, lorsque je l’ai rejoint au bord de la piscine. C’est la raison pour laquelle, j’ai tout fait pour être à ses côtés cet après-midi. J’ai contacté le détective privé, que m’a recommandé Mike. C’est lui qui, doit m’aider à retrouver mes filles. Il m’a rassuré que nous ne devons pas nous inquiéter, et qu’il va les retrouver. Donc je dois lui faire confiance.



-OK merci monsieur, nous serons à l’écoute.


-Au revoir, dit-il à l’autre bout du fil.


-Une fois encore, merci.



J’ai raccroché, en me tournant je me suis retrouvé nez à nez avec Lolo.



-J’aimerais te voir en privé. 



Nous sommes sortis, laissant seuls Nora et son mari dans la pièce.



-Puis-je savoir ce qui te prend de réagir de la sorte Yan ? Demanda-t-elle froidement en me fixant intensément.


-J’ignore à quoi tu fais allusion chérie. Répondis-je naturellement, en gardant mon calme.


-J’ai la conviction que Mike en est pour quelque chose dans cette enquête. Dis-moi que je me trompe. Questionna-t-elle en serrant bien la mine.



Quand elle se met une idée dans la tête, il est très difficile de lui faire croire le contraire. Et rien se sert d’essayer. Les femmes ont de ces caractères qui m’irritent parfois.



-L’important est qu’on retrouve Anaïs et Ariane. Je me fiche de l’identité et la nature de celui qui va nous aider. Et ne me prend pas la tête.


-Ah non Yan, mon cœur n’accepte plus les faveurs de ton ami. Alors tu ferais mieux de m’écouter. En plus, as-tu retourné la somme qu’il t’avait donnée ?


-Pas ici, je l’ai fait. Arrête de me harceler avec cette histoire. Je n’ai pas envie de m’énerver.


-Monsieur veut sortir ses griffes, waouh. Pourquoi ai-je l’impression que tu me mens ?


-Tu ne vas pas me faire me culpabiliser pour une chose que je n’ai pas fait. Je viens de te dire que je le lui ai rendu. Crois-moi pour qu’on en finisse avec cette histoire.


-Hum…


-Lolo, je te préviens, il y a plus important à penser. Je ne veux pas gaspiller ma salive et mon énergie sur ce sujet. Je ne suis pas un enfant, et je suis parfaitement conscient des actes que je pose. Ce n’est pas à toi de me dire ce qu’il faut faire, merde.


-Je dors difficilement. Mike est louche, donne ta démission et quitte cette entreprise.  Cela n’augure rien de bon. Tu dois me faire confiance chéri. J’ai trop réfléchi avant de te le dire. Ton meilleur pote n’est pas clair. Il t’a longtemps laissé dans ton chômage. Il a fallu que tu essayes de t suicider, et que tu insistes auprès de lui, avant qu’il ne t’embauche. Dieu ne ment pas, et c’est à travers les hommes qu’il nous parle et nous avise. Mais bêtes que nous sommes, nous ne prenons souvent pas conscience à ce qu’il nous dévoile.


-Tu t’entends parler, non mais j’hallucine ou quoi. J’ai passé plus de deux ans à la recherche d’un boulot dans ce pays. Après l’avoir obtenu, tu me dis de démissionner. Qu’est-ce qui ne marche pas chez toi Lolo.



-Ce cas-ci est différent chéri. Je sens trop de mauvaises ondes. Et je n’aimerais pas que quelque chose de grave arrive à ma famille. Regarde déjà ce qui se passe avec l’enlèvement de nos filles. N’en rajoute pas, je t’en supplie.



-Je vais prendre l’air, tu m’étouffes à la fin.


-Yannaël, attends…



Je l’ai ignorée en la laissant. Dans ma précipitation, j’ai cogné l’une des employées de la maison. Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’ai simplement continué ma route, sans prendre la peine de m’excuser.



[ … ]



Je suis tranquillement installé dans un bar de la place. A cette heure de la journée, il n’y a pas assez de monde. C’est la raison pour laquelle, je suis venu ici, pour profiter de la tranquillité de ce lieu. J’ai envie d’être seul, Lolo commence par me saouler. Nous sommes un couple certes, ce n’est pas toutes les fois qu’il faut obéir à ce que l’autre propose. Je n’ai pas changé, j’ai tout simplement compris qu’il faut écouter son cœur, et non tout ce qu’on te dit. Je n’ai rien remis à Mike. J’ai versé toute la forte somme dans mon compte en banque. Je n’ai pas encore de plan, mais je compte bien en faire bon usage. De toutes les manières, cet argent m’appartient, en plus de celui que j’ai gagné récemment.



-Viens par-là ma beauté.



C’est l’une des serveuses qui travaille dans ce bar. Elle est de teint très clair on dirait une métisse, très coquine avec de belles rondeurs à vous faire perdre la tête. Son sourire est angélique, elle est toujours bien accueillante et chaleureuse quand je suis là. Je l’adore cette petite. N’écarquillez pas ces grands yeux. Je suis un homme après tout, et on peut se comprendre. Je n’ai pas l’intention de la mettre dans mon lit, changez déjà vos idées.



-Bonsoir Yan, ça fait un bye que je t’ai vu dans les parages.


-C’est le temps qui me fait défaut ma belle. Mais je reviens toujours à cause de ton joli visage.


-Awh merci.



Sa voix résonne à mes oreilles, comme une musique belle mielleuse. Elle s’est approchée et je n’ai pas pu m’empêcher de la contempler. Elle m’a servi ma bouteille préférée. Je portais le verre à mes lèvres, lorsque l’écran de mon téléphone a clignoté.



-Allô !


-Oui chef, c’est moi.


-Dis-moi, que se passe-t-il ?


-J’appelle pour vous dire que j’ai des nouvelles.



Il m’a dit ce qu’il a à dire. Je n’ai pas du tout caché ma surprise.



-Oh mon Dieu ! Que me dis tu comme ça ?


-C’est vrai chef, je vais vous rappeler.


-Attends.



Clic.



Quelle est encore cette histoire. Le verre que je tenais, a glissé de ma main pour se briser sur le sol. J’ai pris ma tête entre les mains.



°°°Anissa °°°



A l’aéroport International du Cardinal Bernadin GANTIN



« Les passagers à destination de Paris sont priés de se rendre dans la salle d’embarquement… »



 

Le moment le plus triste est arrivé, je déteste les « au revoir », puff. On se lève, je l’enlace et le serre très fort dans mes bras. Je n’ai pas du tout envie de le laisser, mais malheureusement le devoir m’appelle. Je me suis par la suite agrippée à son cou comme si ma vie en dépendait. Nous sommes restés quelques secondes de plus dans cette position, avant que je ne me détache de lui et ne pose tendrement mes lèvres sur les siennes. Le baiser a été un baiser passionné, il m’a tenu fermement par la hanche et m’a lentement attirée vers lui, sous le regard de tous. On doit une fois encore se séparer, que c’est dur. On se reverra sûrement. J’ai mis fin au baiser malgré moi, pour ne pas rater mon vol. Il m’a fait un tendre bisou sur le front, et m’a caressé la joue. Une larme s’est échappée, il l’a essuyée et m’a chuchoté à l’oreille : « patience ma belle, ce n’est qu’un au revoir, je t’aime ». J’ai juste hoché la tête en guise de "okay".



Sans regarder derrière moi, j’ai pris le chemin de la salle d’embarquement. Je sais au plus profond de moi, qu’il me suit du regard. C’est avec une immense douleur que j’ai quitté cette salle. 



[ … ]



Fanny m’attendait déjà, elle s’est avancée vers moi très joviale. Elle a un bouquet de roses, qu’elle tient en mains. Elle me l’a tendu en m’enlaçant. J’adore cette fille.



-Bonne arrivée ma puce, le voyage s’est bien passé j’espère. Demanda-t-elle le sourire aux lèvres, toujours aussi rayonnante que d’habitude.


-Coucou Fanny, ça va je suis juste un peu épuisée. Répondis-je simplement en baillant.


-Tu nous as au moins apporté de belles choses du Bénin je parie. J’ai hâte de les voir cousine.


-N’en doute pas ma belle. Tu vas en baver. Et maman, j’ai pensé qu’elle viendrait avec toi. Murmurai-je en regardant aux alentours.


-Euh, elle ne se sentait pas bien. C’est qu’une vilaine petite grippe qui m’a attaquée.


-Oh, fis-je étonnée.



Fanny est la nièce de ma mère, c’est-à-dire ma cousine. Elle vit avec nous depuis toute petite. Elle est une orpheline. Après la mort de ses parents, ma mère a décidé de l’élever. Elle est en deuxième année en Sociologie. C’est une fille très respectueuse et pleine de vie.



-Rentrons Ani, je suis impatiente, dit-elle en tirant l’une de mes valises.



Il est exactement treize heures à ma montre, lorsque nous avons franchi le seuil de la maison. Tout est calme par ici. Ma mère est allongée dans le fauteuil, toute enveloppée dans une couverture. Elle a l’air un peu pâle. 



-Tu vas bien, questionnai-je en lui touchant le front.



J’ai senti qu’elle ne va pas bien. Car elle grelotte par moment.



-Tu es bien rentrée chérie, et ta belle famille, elle se porte bien ?


-Ils vont tous bien maman, dis et ta santé, n’es-tu pas allée voir le docteur pour te faire soigner, tu grelottes ?


-Une grippe ne tue pas ma fille, monte te reposer. Tu as fait un long voyage et tu as besoin de sommeil. Ton père m’a déjà aidé avec les médicaments. Je vais me reposer, et tu verras que je me sentirai mieux. Après une à deux heures, tout ira bien.


-En plus c’est aussi vrai que tu détestes les hôpitaux, je te connais maman. Répondis-je en la taquinant.


-Tu es de retour, laisse moi tranquille Ani.


-Je t’aime aussi, porte-toi bien maman.



Je suis montée dans ma chambre. La première chose que j’ai faite a été d’appeler mon homme pour lui notifier de mon arrivée. Après avoir raccroché, j’ai couru dans la salle de bains pour me rafraîchir le corps. Je me suis alors jetée dans le lit, morte de fatigue.



Le lendemain dans la matinée 



Nous sommes samedi aujourd’hui, pas de boulot, j’ai fini mes tâches ménagères. Bien qu’on ait des employés qui le font, je le fais également. Cela me permet de m’occuper et de me rendre utile. Je pense passer mon week-end en solo, quel dommage. 



°°° Eddy °°°



Après le départ de Ani, je suis tranquillement rentré chez moi, prendre une douche bien fraîche. L’état de santé de ma mère est un peu stable ces derniers temps. Je prends souvent de ses nouvelles que par téléphone. J’ai enfilé un simple pantalon et une chemise.



[ … ]



Quelques heures plus tard



Je l’ai trouvée sur le transat, elle est tranquillement allongée. Ma mère est une femme qui nous a inculqué les vertus les plus importantes de la vie. Elle est une femme idéale, qui n’oublie pas la pratique de nos cultures et traditions. Une dame hors du commun. A chaque fois que je pose mon regard sur elle, mon cœur ne peut s’empêcher de se gonfler d’amour pour cette dame. Malgré ses cheveux grisonnants, elle reste toujours belle. L’âge n’a rien modifié en elle.



-Bonjour ma femme, tu vas bien ?


-Mon mari est de retour, approche toi, viens t’asseoir à côté de moi.



Elle m’a prise dans ses bras pour me faire un câlin. Pour elle, je n’ai pas grandi.



-Maman je suis venu, pour qu’on règle l’histoire de la dernière fois. Il faut qu’on donne une leçon à ton locataire là.


-Si tu savais combien il me fatigue Eddy. J’ai hâte d’en finir.


-Voici comment on va procéder, j’ai remarqué qu’il ne veut pas qu’on règle le problème à l’amiable. Alors, on devra user de la force maman.


-Dis-moi mon chéri.


-J’ai un ami commissaire qui saura très bien comment lui régler son compte. J’y ai plusieurs fois pensé. Ne t’inquiète surtout pas ma femme. Tu sais très bien de quoi est capable ton mari.


-Je n’en doute pas une seule seconde, dit-elle en souriant.


-Donc comme ça, c’est toi qui courtise ma femme quand je suis absent, dit une voix masculine derrière nous. 



Je l’ai immédiatement reconnue. Il n’y en a pas deux dans cette maison.



-Papa, ce n’est pas ta femme, avoue que tu me l’as volée, murmurai-je pour amuser la galerie.



Je me suis levé pour le saluer et lui serrer la main.



-Mon fiston ? ça va ? Questionna-t-il.


-Oui le vieux, on tient le coup.



Il s’est joint à nous. Nous avons élaboré une stratégie à suivre. Je suis resté une heure de plus, avant de prendre congé d’eux.






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