Chapitre 12
Write by Djelay
Ciara est réveillée par des coups incessants frappés à la porte. Quand elle se retourne et voit la place vide à côté d’elle, elle ne peut s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Il aurait quand même pu faire semblant de rester jusqu’à son réveil.
- J’arrive ! Répond-elle en sortant du lit.
Lorsqu’elle ouvre la porte, elle se retrouve nez à nez avec une jeune femme qu’elle n’avait encore jamais vu dans la maison. Subitement elle se rappelle la femme du restaurant, celle qui était en compagnie de Stéphane. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Oui c’est elle !
- Bordel, mais qui êtes-vous ? Et que foutez-vous dans la maison de mon mari ?
Ciara a cru mourir en entendant ‘’mon mari ‘’. Comme ça, elle ne s’était pas trompée, cette femme est bel et bien l’épouse de Stéphane. Comment a-t-il pu se moquer d’elle de la sorte ? C’est cela sa vengeance ? L’attirer chez lui, la sauter et permettre à son épouse de la surprendre en plus dans une tenue indécente. Il lui a caché depuis le début qu’il était marié. Quel être obscène est-il pour organiser un plan aussi macabre ?
- Tu es sourde? que fais-tu ici ?
Le regard de la jeune femme est assassin. Si les yeux pouvaient tuer Ciara serait morte à l’heure qu’il est. Ne sachant quoi répondre, elle se précipite à l’intérieur puis se met à fouiller le placard à la recherche de ses vêtements. Heureusement qu’elle les retrouve. La porte est toujours ouverte et l’épouse de Stéphane ne la quitte pas des yeux.
- Tu es muette sale garce ? Très bien je te laisse le temps de t’habiller. J’espère qu’il t’a bien baisé au moins, pétasse. Lance-t-elle avant de s’en aller.
Ciara a dû faire un grand effort pour ne pas pleurer devant l’épouse de Stéphane. Cette humiliation, jamais elle ne pourrait l’oublier. Elle s’habille rapidement, prend son sac qui se trouve sur la commode du lit et sort de la chambre. C’est avec le cœur dévasté qu’elle arrive au bas des escaliers où l’attend de pied ferme l’épouse de Stéphane. Celle-ci est habillée de façon élégante. Une chemise en soie bleu marine fourrée dans une belle jupe droite dont la couture est plus que parfaite. Des sandales à talon blanches et un sac Gucci aussi beige de la jupe.
- Alors, c’était un bon coup ? Attaque la jeune femme.
- Je suis désolée madame, je ne savais pas que Stéphane était marié. Dit Ciara la honte au nez.
- Oui c’est ça ! Ricane la jeune femme avant de lui flanquer une gifle que Ciara lui rend aussitôt.
La jeune femme n’en revient pas, fixant Ciara d’un air choqué. Celle-ci reconnait être en tort mais ça ne donne pas le droit à cette bonne femme de la frapper. Elle n’est pas du genre à se laisser faire et ce peu importe les circonstances. Si on la cherche, on la trouve.
- Si vous osez encore une fois lever la main sur moi ne serait-ce que pour m’effleurer, je vous jure que je vous la couperais. Menace-t-elle avant de se diriger la tête haute vers la porte du hall.
- Encore une fois, excusez-moi d’avoir baisé avec votre mari. Ajoute-t-elle puis sort en claquant la porte.
Elle manque de renverser Stéphane qui essoufflé vient de gravir les quelques marches qui mènent à la porte à peine refermée par Ciara.
- Où vas-tu ? Demande-t-il étonné.
Animée par la rage, elle abat fortement la main sur sa joue puis continue sa route sans dire un mot. Stéphane encaisse le coup, dépassé par l’attitude de Ciara. Il est tellement surpris qu’il n’a pas le temps de réagir. Lorsqu’il reprend ses esprits, elle est déjà au bas des marches courant presque. Il la rattrape assez rapidement et lui saisit le poignet l’obligeant à s’arrêter.
- Lâche-moi ! S’écrie-t-elle en se dégageant. Ne t’avise plus jamais de me toucher.
- Mais qu’est ce qui te prend d’un coup ?
Quelle ordure ! En plus il fait mine de ne rien savoir. Stéphane est l’homme le plus odieux qu’elle ait pu rencontrer de toute sa vie.
- Ta femme et toi allez bien ensemble. Lance-t-elle avant de s’en aller.
- Ma femme ? répète-t-il incrédule.
Il la regarde partir malgré lui. Qu’est ce qui s’est passé pour qu’elle change aussi soudainement de comportement. Et c’est quoi cette histoire de ‘’femme’’ merde. Il vaut mieux pour Mme Melan qu’elle ait une explication à tout ce foutoir parce qu’il n’y a qu’elle dans la maison. En poussant la porte d’entrée il hurle le nom de sa gouvernante qui se montre aussitôt.
- Qu’est –ce qui se passe ici ? demande-t-il furieux.
- Excusez-moi de ne pas vous suivre monsieur. Répond –elle avec son éternelle insolence.
Stéphane plus qu’agacé du comportement de cette sale mégère jette le sac qu’il tient en main. Les viennoiseries fraichement sorties du four s’éparpillent sur le sol à la grande surprise de Mme Melan. Elle n’avait jamais vu son patron dans cet état. Il a perdu tout control.
- Pourquoi Ciara est partie en colère de la maison ? Hurle-t-il de plus belle.
La gouvernante sursaute de frayeur. Elle n’a pas pensé une seule seconde que la situation dégénérerait à ce point. Elle, tout ce qu’elle voulait c’est que Mme N’Goran remette cette sale garce à sa place.
- M. N’Goran… Je … ne … Se met-elle à bégayer.
- Vous allez vous décider à parler merde…
- Bonjour mon amour, ne t’en prend pas à la pauvre Adeline.
Stéphane ne peut que remuer la tête en reconnaissant cette voix venimeuse. D’une démarche assurée et des plus élégantes, sa femme avance vers eux un large sourire aux lèvres. Il comprend à présent ce dont parlait Ciara. Elle tente de lui donner un baiser sur la joue mais il l’esquive.
- Quel accueil ! siffle-t-elle avec amusement.
- Que fiches-tu ici Annabelle ?
- Veuillez nous laisser ma chère Adeline. Dit-elle à l’égard de la gouvernante qui de se dépêche de disparaitre.
- Pourquoi es-tu aussi furieux mon amour?
- Qu’est-ce que tu as raconté à Ciara ?
Il la fusille du regard mais elle semble s’en amuser.
- Ciara ?
- Ne m’énerve pas d’avantage Annabelle. Gronde-t-il en l’attrapant fermement par l’avant-bras.
- Arrête tu me fais mal. S’écrie-t-elle.
- Alors ? Dit-il à bout de patience après l’avoir brutalement relâché.
- La vérité…Que je suis ta femme et je lui ai ordonné de fiche le camp. Annonce-t-elle d’un air satisfait.
- Ma femme ? Raille-t-il. Ma future Ex-femme tu veux dire, je te rappelle que nous sommes en instance de divorce.
Stéphane s’emporte. Il en a plus qu’assez des agissements tordus d’Annabelle. De quel droit se permet t-elle de débarquer chez lui. En plus elle ose imposer sa loi dans sa propre maison. Il n’imagine même pas la gêne qu’a pu ressentir Ciara. Elle est sans doute en train de se faire des films. Elle doit penser qu’il lui a menti, qu’il s’est servi d’elle pour ensuite l’offrir sur un plateau d’or à sa soit disant épouse.
- C’est cette chipie de Melan qui t’a filé le tuyau n’est-ce pas ?
Il ricane devant son silence.
- Evidemment, qui d’autre serait-ce ? Vous ne perdez rien pour attendre toutes les deux.
Il crie le nom de sa gouvernante. Celle –ci rapplique immédiatement. Elle est pareille que sa garce de patronne. Deux sorcières dont il aurait dû se débarrasser depuis belle lurette. Mais il n’est pas trop tard.
- Allez faire vos valises et sortez de chez moi ! Ordonne-t-il sans ménagement.
Les yeux de la gouvernante s’écarquillent de stupéfaction. La panique s’empare aussitôt d’elle.
- S’il vous plait monsieur, c’est Mme N’Goran qui m’a demandé de….
- Est-ce Mme N’Goran qui vous paie votre salaire ? La coupe-t-il.
- Excusez-moi monsieur, je vous jure que cela ne se …
- Epargnez moi vos fausses larmes, ce n’est pas la première fois Mme Melan. J’avais espéré que vous changeriez un jour mais c’est peine perdue. Sortez de chez …
- Attend mon amour, tu ne peux pas blâmer la pauv…
- Ne m’appelle pas mon amour salope ! hurle-t-il. Et toi aussi sors de chez moi et que je ne t’y revois plus où je t’envoie en prison et tu sais que ce ne sont pas des paroles en l’air.
Oh que oui Annabelle le sait très bien. Stéphane n’est pas du genre à proférer des menaces à la légère. Ne lui avait-il pas repris sa voiture? Certes c’est lui qui la lui a offerte mais cela ne lui donnait pas le droit de la lui reprendre juste parce qu’elle le prenait en filature tous les soirs quand il sortait du boulot.
- Ecoute mon chéri…
- Bon sang mais tu es sourde ! Ne m’appelle plus comme ça !
On pouvait entendre Stéphane jusque dans le jardin. Sa limite de tolérance est atteinte et il ne peut plus supporter d’avantage. Il avait pensé reconsidérer sa décision ; Celle de laisser Annabelle à la rue mais après le bordel qu’elle vient de foutre il n’en fera rien. Elle n’aura pas un seul centime de sa part.
- Et vous ? vous êtes encore là ? Fichez le camp j’ai dit. Ne vous en faites pas vous recevrez un chèque pour tous vos services gentiment rendus. Lance-t-il sarcastique.
- Et toi…
Il empoigne Annabelle par le bras et l’entraîne vers la porte de sortie. Elle peine à le suivre tellement il marche vite.
- S’il te plait Stéphane… mon chéri… Supplie-t-elle.
Sans se soucier de ses plaintes, il ouvre la porte et la pousse dehors avant de refermer violemment. Il part dans son bureau préparer le chèque de la gouvernante et revient l’attendre dans le hall d’entrée, juste au bas des escaliers. Elle revient trente minutes plus tard munie de la seule valise avec laquelle elle était arrivée dans cette maison.
- Tenez !
Elle prend le chèque qu’il lui tend sans jeter un coup d’œil à la somme qui y est inscrite.
- Je regrette tout ce qui s’est passé monsieur, Si je pouvais revenir en arrière...
- Malheureusement c’est impossible. J’espère que cette expérience vous servira de leçon. Lâche-t-il avant de gravir les escaliers.
Ciara est anéantie. Avec Stéphane ce n’est que succession d’humiliations, de douleurs et de mauvaises surprises. Qu’est ce qu’il peut bien vouloir lui dire maintenant ? Il n’a pas cessé de l’appeler depuis ce matin. Il est à présent 19h et il insiste encore. Ça ne lui a pas suffi de l’avoir blessée ? Il en veut plus ? Monsieur n’est-il pas satisfait ? Heureusement que Lala est en voyage pour son travail. En rentrant chez elle après qu’elle soit partie de la maison de Stéphane elle avait trouvé un mot de son amie la prévenant de son voyage pour ‘’Yamoussoukro’’. Lala y est depuis hier du coup elle ne sait pas, du moins pas encore que Ciara n’est pas rentrée dormir cette nuit. Celle-ci compte bien le lui dire mais le fait de ne pas avoir à répondre à un interrogatoire dans l’immédiat l’arrange que trop bien. Allongée sur son canapé, son compagnon de toujours, elle ne cesse de penser à la femme de Stéphane. Cette dernière était dans son droit en l’insultant de la sorte. Elle-même aurait réagi pareil, peut être pire. Elle ne lui en veut pas car elle la comprend mais cela ne l’empêche pas d’être jalouse d’elle. Elle est mariée à l’homme qui depuis quelques semaines hante son esprit. Stéphane est un salaud. Après tout ce qu’il lui a fait comment se fait-il qu’elle pense encore à lui ? Il faut être sacrément stupide pour se comporter de cette façon. Pauvre Ciara, tu n’as décidément pas de chance avec les hommes. Qu’as-tu pu faire au bon Dieu pour qu’il te punisse ainsi ? Pardonnez-moi mon Dieu si je vous ai offensé. Prie-t-elle le regard levé vers le plafond. Son téléphone lui signale l’arrivée d’un nouveau message. « Je suis devant chez toi viens m’ouvrir »
- Quoi ! comment ose-t-il débarquer ici ? S’écrie-t-elle en voyant le nom qui s’affiche sur son écran.
- Ouvre Ciara s’il te plait, il faut que je te parle… Je partirai ensuite promis.
La forte voix de Stéphane transperce la porte. N’obtenant aucune réponse, il actionne frénétiquement la sonnette, insistant encore et encore. Le bruit insupportable la fait céder. Elle se résout donc à lui ouvrir se promettant de ne pas le laisser franchir le seuil de la porte.
- Quoi ? lâche-t-elle durement à travers la porte entrebâillée.
- Tu ne me laisses pas entrer ?
- Non. Tu as deux secondes pour me dire ce que tu as à dire ensuite tu dégages.
Stéphane réussit à entrer sans aucune difficulté. Elle n’a fait qu’ignorer ses appels de toute la journée. Il est donc assez énervé pour qu’elle en rajoute. Il n’allait quand même pas lui parler à la porte. Qu’elle y reste si cela lui chante pendant ce temps il attendrait patiemment jusqu’à ce qu’elle se décide à refermer cette fichue porte. Heureusement, l’attente est de courte durée. Elle est à présent debout en face du fauteuil dans lequel il est assis, les bras croisés attendant qu’il vomisse ses mensonges et s’en aille.
- Tu ne vas pas t’assoir ? demande-t-il les yeux levés vers son visage.
- Non. Dis ce que tu as à dire et va-t’en. Dit-elle en le toisant avec froideur.
- Ça ne me dérange pas de rester jusqu’au matin.
Elle peut voir à son expression qu’il ne plaisante pas. Si elle veut se débarrasser de lui au plus vite il va falloir qu’elle se prête à cette mascarade. Elle s’assoit donc en le fusillant du regard.
- Très bien. Commence-t-il. C’est vrai que je suis marié.
- Salaud ! s’offusque-t-elle en se levant d’un bond.
- Sors de chez moi. Ajoute-t-elle, refusant d’en entendre plus.
Fin du douzième chapitre Bizbi.