Chapitre 12
Write by Mayei
Partie 12
...Morelle Desoto...
Lucas était en train de m’appeler. Je me regardais dans le miroir et arrangeais vite fait mes cheveux, comme s’il allait me voir à travers le téléphone là. Je laissais sonner un peu avant de décrocher. Il ne fallait pas qu’il pense que j’étais trop pressée de l’entendre.
Moi : qu’est-ce qu’il y a ?
Lucas : bonjour madame. Tu vas bien j’espère !
Moi : Lucas va droit au but s’il te plaît. Je n’ai pas que ça à faire
Lucas : je suis devant chez toi sors.
Moi : arrête avec ça pardon
Lucas : tu veux peut-être que je klaxonne ?
Moi : j’arrive !
Il allait seulement attendre. Quand maman Françoise nous disait qu’il fallait toujours se laver dès qu’on se réveille, je n’écoutais jamais. Voilà qu’il était même seize heures et depuis ce matin, je n’étais pas passée sous la douche. Je me suis donc débarbouillée et j’ai passé la pommade. Vous savez ces pommades avec les paillettes là. J’aime quand ma peau brille ce n’est pas pour Lucas que je faisais tout ça. J’ai juste mis une robe en coton à fines bretelles de couleur noire. J’ouvrais mon placard à parfum (les bons parfums hein), un peu dans le cou, entre les seins et je sortais de la, les cheveux remontés en un chignon et des cerceaux aux oreilles. Je n’avais pas oublié un léger gloss aux lèvres. Effectivement monsieur avait sa voiture gâtée juste devant le portail. Il était bien fou. Et si papa nous trouvait là ? J’effaçais rapidement cette idée...de toutes les façons, il ne rentrait plus aux heures habituelles. Lucas descendit tout frais afin de me tenir la portière. J’affichais une mine neutre pourtant je craquais là. C’est fou comme il était beau.
Lucas : comment tu vas ?
Moi : pourquoi tu es là déjà ?
Lucas (souriant) : pourquoi tu fais la compliquée ?
Moi : je ne fais pas la compliquée. Je veux juste savoir ce que tu fais là. Il n’y a rien de compliqué.
Lucas : tu es toute belle sinon...
A sa remarque, mon être tout entier fut envahi de plaisir. J’étais contente qu’il remarque ces efforts que j’avais fait. Je tournais tout doucement la tête et souriais tout bas. Il ne devait tout de même pas savoir que son compliment avait eu un effet doux sur moi.
Lucas : tu sais que d’ici j’arrive à voir ce petit sourire que tu affiches madame.
J’étais prise de honte, moi qui pensais me cacher voilà que j’étais mise à nue. Mon image se reflétait dans le rétroviseur extérieur. Puisqu’on y était, je décidais donc de mettre un frein à mon côté « sur la défensive ». Dès ce moment, la discussion se fit naturellement et nous passions un agréable moment. J’appris comme ça qu’il avait 24 ans et venait tout juste de terminer son master en Data science. Il se donnait une année sabbatique avant de se lancer dans la recherche de boulot. De mon côté je lui expliquais le souci avec mon père et qu’il fallait qu’il arrête de débarquer devant le portail comme ça à sa guise. Nous parlions tranquillement sans remarquer que le temps passait. C’est la voiture qui venait en plein qui me ramena sur terre.
Moi (me baissant) : Lucas démarre tout de suite !
Lucas : quoi ?
Moi (criant) : démarre seulement !
Sans comprendre il démarra pendant que la voiture de mon père klaxonnait devant notre portail. J’étais dans un sacré pétrin. Comment allais-je faire pour rattraper ce coup ? Mon père allait sûrement Peter les plombs.
Lucas : qu’est-ce qui se passe ?
Moi : c’était mon père la ! Je dois rentrer tout de suite. Laisse-moi là...
Lucas : je t’aurais demandé un bisou avant de te laisser t’en aller mais bon vas-y. Ne te crée pas encore plus de problème. Appelle-moi ou un message pour me dire que tout va bien ok ?
Moi (touchée) : il n’y a pas de soucis.
J’étais contente qu’il s’inquiète pour moi. Ce n’était pas donné à tout le monde. Je lui fis un bisou rapide avant de descendre de sa voiture. Je courrais en direction de la maison et frappais tout doucement contre la vitre du gardien. Il me laissa rentrer discrètement. Il fallait que je trouve quelque chose pour justifier mon absence. Qu’allais-je bien pouvoir dire à papa ? J’étais là dans le jardin quand mes yeux se posèrent sur la piscine. Et ben je n’avais pas le choix. Je retirais ma robe et plongeais dans la piscine avec mes sous-vêtements. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire. Avec ce temps pas très chaud ne voilà en train de nager de force. Juste deux minutes je prenais mes habits et me dirigeais vers le salon. A peine arrivée que j’entendais mon père questionner les gens sur ou j’étais.
Moi : je suis là papa ! Je nageais un peu.
Papa : par ce temps-là ? Ne va pas te rendre malade. Monte te changer et redescends
Ouf ! J’avais échappé belle ! Je me changeais rapidement et descendais. C’est à ce moment-là que je remarquais cette femme qui était assise dans le fauteuil de papa, ce dernier à ses côtés. Leslie et maman Françoise, elles, étaient assises d’un autre côté ou je pris place.
Papa : maintenant que nous sommes tous là, je veux vous présenter Celle qui partage désormais ma vie. (Prenant la main de la dame) elle s’appelle Élizabeth
Je tiquais en entendant ce prénom. N’était-ce pas de cette dame dont parlait notre grand père la dernière fois ?
Elizabeth (souriant) : vous pouvez m’appeler maman si vous le souhaitez je n’y vois aucun inconvénient
Le choc se lisait sur le visage de tout le monde. Je ne voulais même pas tourner le visage vers maman Françoise pour voir sa réaction. Lyly se leva tout simplement en prétextant qu’elle était malade et devais se reposer. Elle ne pouvait donc pas terminer la soirée avec nous. Papa était prêt à la sermonner mais madame Elizabeth en bon samaritain lui caressa la main en disant : « chéri ça se voit qu’elle ne se sent pas bien. Laisse la se reposer, nous aurons toute la vie pour faire connaissance »
« Toute la vie ? Je détestais déjà cette femme avec ses aires de femme parfaite et gentille. Ce genre de personne cachait toujours quelque chose et nous allions forcément le savoir. N’importe quoi.
...Maman Françoise...
Cette soirée a été la plus dure de toutes les soirées que j’avais passées depuis que j’étais dans cette maison. Il n’y avait plus d’espoir pour moi, jamais monsieur Desoto ne poserait un regard sur moi après avoir présenté cette femme comme la nouvelle maîtresse des lieux. J’étais tellement triste que depuis dans mon lit, je ne trouvais pas le sommeil. Je n’avais pas mangé à table comme d’habitude avec eux. Je n’aurais pas pu supporter cela. Et dire que j’avais même changé de style pour lui. J’étais bien trop triste. Tous mes espoirs étaient réduits à néant. Je me levais simplement et sortis une de mes valises. Je rangeais à l’intérieur tout ce qui constituait la garde-robe dans laquelle les filles avaient investi. Il n’y avait plus d’espoir, je n’allais pas faire la complétion avec cette dame qui avait son cœur.
Et dire que j’allais encore rester dans cette maison à les servir, à les voir s’amouracher à chaque fois. Ça allait être un supplice mais je ne pouvais non plus me résoudre à m’en aller. J’étais bien trop attachée à cette maison mais surtout aux filles. Hum ! Il était l’heure pour moi de sortir de cette chambre et de vaquer à mes occupations. Comme chaque matin, je vérifiais que le cuisinier fasse convenablement la nourriture du patron et je dressais la table. Je montais ensuite vérifier que les filles s’étaient tenues à leur réveil. Je montais avec une tisane pour Leslie qui ne s’était pas sentie bien la veille.
Moi (posant le plateau) : il y a du mieux aujourd’hui ?
Lyly : ça va mais j’aurais besoin de cette journée pour me reposer et reprendre des forces.
Moi : il va donc te falloir un billet pour une justification. Je vais appeler docteur Hassan pour gérer ça.
Lyly : merci maman Françoise ! Tu es un amour.
Je suis restée près d’elle afin de me rassurer qu’elle prenne sa tisane puis j’ai ramené le plateau à la cuisine. Tout était prêt pour le petit déjeuner. Morelle se montra et me sauta au cou. Cette fille et son énergie ! Elle en avait à revendre. Elle se croyait toujours enfant avec ses 22 bougies qu’elle tirait.
Momo : mais maman c’est quoi ces habits ? On avait dit plus de ça n’est-ce pas ?
Moi : à quoi bon ? As-tu déjà oublié qu’on vous a présenté une autre femme ?
Momo : oh ça ? C’est éphémère j’en suis persuadée. Ce sont les conneries.
Elle me gratifia d’un bisou avant de sortir prendre son petit déjeuner avec son père. Bientôt ils quittèrent tous la maison me laissant avec Leslie. Celle-ci quitta sa chambre pour rester un peu au salon. C’était mieux comme ça, au moins je pourrais garder un œil constamment sur elle. Je ne sus pourquoi mais elle me semblait incroyablement triste. Ça se sentait dans ses yeux. Elle donnait l’impression d’être au bout de sa vie, surtout avec ces soupirs qu’elle lançait de temps à autre. J’espérais au fond de moi que ce n’était pas la venue de cette nouvelle femme qui la mettait dans cet état. Je m’approchais d’elle et décidais de lui parler.
Moi : qu’est-ce qui se passe ma chérie ? Pourquoi es-tu si triste ?
Lyly : il y’a rien. Je suis juste fatiguée. Je ne suis pas du tout triste.
Moi : tu sais au moins que je te connais plutôt bien ? Si tu as besoin de parler je suis là. Cela te fera beaucoup de bien.
Lyly (souriante) : ne t’en fais pas pour moi maman Françoise. C’est juste une fatigue passagère. Bientôt mon carburant sera à son plein.
Moi (lui caressant la joue) : d’accord !
On entendit le klaxon. C’était le chauffeur. En regardant la montre au mur, je me rendis compte qu’il avait mis beaucoup plus de temps à revenir après avoir déposé morelle. Sûrement qu’il avait été retenu par les bouchons qui sont de plus en plus terribles et pénibles. Soudain le gardien débarqua dans le salon avec des valises par ci et des effets par là. Je regardais Leslie, qui semblait ne rien comprendre comme moi d’ailleurs. Je n’avais pas reçu de consignes venant du patron. Le chauffeur aussi arriva avec d’autres affaires et derrière lui, suivait la nouvelle femme du patron. Était-elle en train d’aménager en même temps ? Aussi tôt ?
Elizabeth : oh Leslie tu es la ? Tu n’es pas allée à l’école aujourd’hui ?
Lyly : non !
Elizabeth : qu’est-ce qui se passe ? Tu n’as rien de grave j’espère ?
Lyly : rien !
Elizabeth : euh ok... (se tournant vers moi) Françoise il faut monter toutes ces affaires-là dans la chambre de monsieur. Voici la clé.
Moi : o...
Lyly (me coupant) : ce n’est pas son rôle. Il faut appeler le gardien ou le chauffeur ou tous les deux si tu veux. Ils te seront beaucoup plus utiles. Maman Françoise ne s’occupe pas de ce genre de tâche.
Elizabeth : ah je ne savais pas.
Lyly : maintenant tu le sais...maman Françoise tu peux me raccompagner dans ma chambre s’il te plait. J’ai besoin de m’étendre un peu.
Nous sommes passées devant la femme. Je me sentais complètement mal à l’aise face à cette situation. L’idée de m’en aller s’installa encore plus dans mon esprit. C’était vraiment bizarre. Leslie ferma la porte de sa chambre à clé.
Lyly : non ! Il n’est pas sérieux. Papa n’est pas sérieux. Cette femme va habiter avec nous ?
Moi : Leslie tu n’aurais pas dû lui parler ainsi. Tu lui as manqué de respect.
Lyly : je m’en fiche oh. Ou elle a vu sa servante ici pour te donner la clé et que tu fasses monter tout ça ? Ceux qui ont trimbalé ça jusqu’au salon ont bien plus de forces pour faire monter tout ça non ?
Je restais un moment avec elle et comme je ne pouvais pas m’attarder, je m’en allais en bas, superviser tout ce qui se passait dans la cuisine. Je devais effectuer le menu de cette semaine. Il faudrait que je parle avec madame pour savoir ce qu’elle aimait afin d’incorporer tout ceci. Elle n’était pas au salon lorsque je passais. Sûrement qu’elle était dans leur chambre et qu’elle se reposait. Je n’allais pas la déranger pour ça. Je pouvais faire une pause et dès qu’elle descendra, je continuerai tranquillement.
Ring ring ring
Je me tournais complètement surprise vers cet interphone qui se trouvait dans la cuisine. Ce téléphone sonnait rarement. La plupart du temps, c’était lorsque monsieur était malade et qu’il ne pouvait pas prendre les escaliers pour demander quelque chose. Je décrochais et reconnu la voix de ma nouvelle madame.
Elizabeth : euh Françoise, tu peux me faire monter un jus d’orange rapidement là ?
Moi : oui bien sûr
Elizabeth : j’espère que je ne suis pas en train d’outrepasser l’une de tes fonctions !
Moi : pas du tout.
Je raccrochais et m’attelais de renverser du jus d’orange dans un verre que je portais dans leur chambre. Elle était couchée, la télévision allumée. Je posais le plateau à son chevet.
Moi : votre jus d’orange madame !
Elizabeth : bien merci.
Moi : madame je voulais m’excuser pour le comportement de Leslie tout à l’heure. C’est que les hommes auraient pu être à même de soulever ces effets...
Elizabeth : ne t’inquiète pas Françoise. Elle n’est qu’une enfant ! Au fait qui a aménagé la maison, je veux dire par rapport aux couverts et l’argenterie.
Moi : c’est moi madame !
Elizabeth : ok je veux que vous me mettiez tout dans des cartons, ils seront remplacés.
Moi (surprise) : bien madame
Elizabeth : j’espère que ça ne te dérange pas.
Moi : pas du tout, vous êtes ici chez vous. Vous avez le droit d’apporter des changements comme vous le souhaitez.
Elizabeth : pour des changements, il y en aura, crois-moi. Tu peux t’en aller.
Qu’est-ce qu’elle voulait insinuer par cette phrase ? Je n’étais pas du tout rassurée en l’entendant parler ainsi. Mais que pouvais-je bien y changer ? Je n’étais qu’une simple employée.
...Julien Desoto...
Je voyais Melissa aujourd’hui après que quelques semaines se soient écoulées. Nous étions à l’hôpital pour son échographie. Son ventre se montrait de plus en plus et mon esprit se rendait à l’évidence que dans quelques temps je serais papa. Depuis que nous sommes là, tout ce que nous nous sommes dit c’est « bonjour » en dehors de ça, plus aucun échange. C’était tout de même déplorable. J’ai reconnu mon erreur mais Melissa n’est pas prête à mettre de l’eau dans son vin et donner une belle petite famille à cet enfant qui va naître.
C’était enfin notre tour. Il y a d’abord eu les questions de routine puis nous sommes passés à l’échographie. C’était juste merveilleux d’entendre ces battements. Des vitamines ont été prescrites et nous sommes sortis du cabinet du docteur. Melissa avait sur trouver un centre de santé et revenait nettement moins cher. Du coup je ne perdais pas trop de l’argent que m’envoyait mon père. Comme elle l’avait dit, elle ne touchait rien de cet argent en dehors de ce qu’il fallait pour les soins. Il m’arrivait d’avoir tellement honte en sa présence. J’épousais bien le rôle du con.
Moi : on rentre ensemble ?
Melissa : non tu peux y aller. On passera me chercher.
Moi : qui ça ?
Melissa : Julien ça ne te regarde pas tellement. L’essentiel est qu’on passera me chercher et je rentrerai chez moi. Est-ce que nous sommes venus ici ensemble ?
Moi : ......
Beaucoup de choses me traversaient la tête mais je gardais mon sang froid. Il ne fallait pas que je laisse ma bouche dire des bêtises pour creuser encore plus ce faussée qu’il y avait entre nous déjà. Mais j’allais voir qui était cette personne qui allait venir la récupérer. Je donnais l’impression de marcher vers l’arrêt de bus mais me cachais juste pour attendre que la personne se montre. Après une vingtaine de minute, une voiture passa par la, et je reconnu très bien le type au volant. Il s’agissait un autre ivoirien, Landry, qui habitait non loin de chez elle. Donc comme ça elle refusait de s’en aller avec moi à cause de ce bon à rien. C’était impossible que je reste dans ma cachette sans agir.
Je me mis à marcher rapidement vers eux. Melissa fut la première à me voir !
Melissa : Julien qu’est-ce que tu fais la ?
Moi (énervé) : donc c’est à cause de lui que tu refuses de rentrer avec moi.
Landry : man C’est comment ? Doucement !
Moi : je ne te parle pas à toi ! Tu sais au moins que c’est mon enfant qu’elle porte.
Landry : man C’est vraiment ridicule ce que tu fais. Donc je ne peux plus rendre service et la déposer quelque part ?
Moi : je t’ai dit de ne pas me parler ! Ce sont les filles qui manquent dans cette ville ? Porte tes couilles, trouves-en une et enceinte là. Ne viens pas jouer aux mecs amoureux alors qu’elle a mon enfant dans le ventre.
Melissa : j’ai tellement honte tu sais ! Landry excuse-moi énormément. S’il te plaît dis à Aubrey que je ne pourrai pas passer pour les courses. Dis-lui que j’ai eu une indisposition. Je vais prendre un Uber.
Landry : je peux te déposer si tu veux.
Melissa : non ça ira. Je vais me débrouiller. Je salue ta chérie.
Landry me lança un regard de haut quant à Melissa, elle ne me regarda même pas un instant. Je venais de me rendre compte que j’avais encore joué aux cons avec elle. Landry était le petit ami de Aubrey qu’elle devait rencontrer. Merde ! Je ne savais plus où même mettre. Je ne savais si c’était la colère ou la jalousie qui m’animait et me poussait à agir ainsi. Comment avais-je pu oublier que Landry était en couple avec Aubrey ? Landry me dépassa avec sa voiture. Je marchais donc avec ma honte sur le dos pour prendre mon bus pour de vrai cette fois ci. Merde ! Je pense que je devrais arrêter d’essayer de ma reconquérir car à chaque fois que j’essayais quelque chose, ça tournait toujours mal. Et là j’en avais plus que marre. Mais surtout je m’en voulais à moi-même. Je rentrais chez moi complètement énervé. Pas du tout la tête à étudier. Je me j’étais sur le lit et en pensant à elle, finis par m’endormir.
A mon réveil mon frère était rentré du boulot. J’avais beaucoup dormi dis donc. J’avais reçu plein d’appels manques, de mes sœurs, des autres filles mais pas de celle que je voulais. Aucun message de Melissa. Bien évidemment je lançais l’appel de ma sœur.
Lyly : mais depuis on essaie de vous joindre la !
Moi : je dormais qu’est-ce qu’il y’a ?
Lyly : pardon mets ton frère en ligne avec la vidéo s’il te plaît
Moi : OK dans ce cas laisse-moi te rappeler alors
Morelle : au fait j’ai complètement oublié de te demander comment va Mélissa et la grossesse ?
Moi : il va parfaitement bien, elle entame son troisième mois
Je me dirigeais vers la chambre de mon frère Ludovic et demandais à ce qu’il mette en marche son ordinateur il devait se connecter sur Skype afin que nous puissions contacter les filles. Bientôt elles étaient là nous montrant leurs visages. Elles ne venaient peut-être pas de la même mère mais on aurait dit des jumelles surtout qu’elles faisaient toutes les deux ces mines. Lorsqu’elles renfrognaient le visage comme ça, c’était déjà les problèmes qui abonds’annonçaient.
Leslie : vous ne devinerez jamais !
Moi : quoi ?
Morelle : nous avons une nouvelle maman !
Moi : comment ça ?
Leslie : qu’est-ce que tu ne comprends pas ? Papa a décidé de se mettre en relation avec une femme, depuis je ne sais combien de temps et voilà que cette dernière emménage avec nous avec toutes ses affaires je vous dis comme si elle n’attendait que ça.
Ludovic : mais quel est le problème ?
Moi : vraiment ! Monsieur Desoto n’a pas le droit d’avoir une femme ?
Leslie : oh que si ! Une femme que nous avons choisie pour lui. Cette femme devait être maman Françoise et non cette Elizabeth
Ludovic : n’allez pas chercher les noises à cette pauvre dame qui ne vous a rien fait. C’est le choix de papa il en est ainsi. Vous devez apprendre à respecter son choix. De grâce ne rendez pas l’atmosphère de la maison invivable.
Morelle : oh ???
Moi : quoi oh ? Est-ce que la femme vous embête ?
Morelle/Leslie : ... ... ...
Moi : bon raccrochez et passez une belle nuit
Elles : mais...
J’avais déjà mis fin à l’appel ! Ces filles-là aimaient trop les histoires. Déjà que j’avais mes propres problèmes, je n’allais pas en rajouter une couche avec ces histoires de filles.
...Kevin Kébé...
Je n’avais pas prévu ça ! Je n’avais pas du tout vu ça venir. Comment aurais-je pu imaginer qu’elle se présenterait de ce côté de la ville ? C’est bien de la faute à cette fille qui est toujours en train de fourrer son nez dans les affaires des autres. Je suis prêt à mettre ma main au feu qu’elle était au courant de quelque chose et a voulu mettre Alice sur le fait accompli. Non ! Je suis en train de délirer. Comment aurait-elle su que je me retrouverais dans ce supermarché, à cette heure précise ? C’est un peu trop osé. Merde !
Pour une fois dans ma vie, je ne savais comment réagir face à une telle situation. Comment allais je rattraper le coup auprès de Alice ? Jamais elle ne croira à un mensonge surtout que Divine s’est présentée avec cette histoire de « belle-sœur ». Quel embarras ! Je suis super amoureux de Alice mais Divine a les papiers bon sang...c’est vraiment délicat. Il fallait que je trouve une solution vite. Je ne pouvais pas joindre Précieux étant donné que Divine se trouvait dans les parages. Expliquer ça par message serait bien trop long.
Divine : qu’est-ce qui se passe ?
Moi (la regardant) : comment ça ?
Divine : tu as l’air crispé ! Tendu
Moi : pas du tout ! C’est juste que je suis un peu fatigué. Il n’y a rien sinon.
Divine : hum ! Si tu le dis...au fait tu penses que ta sœur m’a appréciée ? Elle avait l’air un peu trop silencieuse et nous regardait étrangement.
Moi : c’est comme ça lorsqu’elle ne connaît pas quelqu’un. En plus tu es la copine de son frère c’est naturel qu’elle te connaisse mieux pour mieux réagir.
Divine : D’accord oh.
Moi : je vais aller me coucher un peu. J’ai mal à la tête s’il te plaît ne me réveille pas quel que soit l’heure
Divine : c’est noté
Je n’avais pas la tête à l’écouter dire un mot de plus. Je suis tranquillement allé dans la chambre. J’ai passé un bon moment assis là à réfléchir à la bonne démarche à suivre. Devrais-je tenté de la joindre ? Alice s’énervait très rarement et était assez douce. Mais ne dit-on pas qu’il fallait se méfier de l’eau qui dort ? Elle était sûrement en ce moment très énervée, je devais donc lui laisser le temps de se calmer. Et si tout compte fait je restais ici cette nuit, demain aussi et retourner la situation sur elle ? C’était seulement comme ça que je pouvais tourner cette situation en ma faveur.
(Deux jours plus tard)
Moi : j’y vais
Pour une fois divine n’avait pas essayé de me faire une scène de petite fille gâtée. En même temps la face que je faisais laissait deviner que je n’avais pas envie qu’on me casse les couilles. De plus j’avais passé tout le week-end avec elle, ce qui ne serait jamais produit. Dès que je mis les pieds dehors, le visage de Alice s’imposa dans mon esprit. C’était encore pire dans le métro qui me rapprochait de la maison à chaque arrêt. C’était affreux. Elle n’avait même pas essayé de me joindre une seule fois. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Et si j’arrivais à la maison et qu’elle avait tout casser ? Non ! Elle n’était pas comme ça.
Voilà c’est mon arrêt. Je descendis rapidement et n’eus pas de mal à voir la voiture de précieux. Je m’assis à l’avant en soufflant bruyamment.
Précieux : je pensais que tu t’amusais au téléphone mais à voir ta face c’est serieux hein.
Moi : man ! Je suis perdu hein.
Précieux : tu ne pouvais pas déjouer la scène ?
Moi : j’étais tellement dépassé de la voir là. C’est forcément ta copine-là qui l’a envoyée la bas.
Précieux : pardon ce n’est pas ma copine !
Moi : bon, dépose-moi à la maison.
La prochaine fois que j’ouvris la bouche, c’était pour dire au revoir à mon ami, qui lui me souhaita bonne chance. Je trouvais la clé sous le tapis comme d’habitude. J’ouvrais tout doucement. Jusque-là il n’y avait aucune trace de fureur. Tout était en place mais la maison était complément silencieuse. Aucune trace de Alice. Je criais son nom, aucune réponse. Le cœur battant, je me précipitais dans la chambre et ouvris le placard. Soulagé, la main sur la poitrine, je soufflais. Ses affaires étaient là. Pendant un instant j’avais cru qu’elle s’en était allée. Nous étions dimanche aujourd’hui, elle est à l’église. J’avais oublié.
Près d’une heure s’était écoulée avant que Alice ne se montre. Elle parut surprise de me voir dans la chambre. Cet instant de stupeur passe, elle marcha devant moi sans mot dire et posa son sac où elle a pour habitude de le faire. Elle troqua sa belle robe contre un ensemble camisole pagne. Elle s’en alla ensuite au salon. J’étais décontenancé. Je pensais même qu’elle allait me faire toute une scène du fait que je ne sois pas rentré ce week-end. Je tournais en rond dans la chambre avec cette honte immense qui m’animait. Je décidais de la retrouver au salon.
Moi : Alice il faut qu’on parle !
Alice : ok je t’écoute !
Moi : euh...en fait
C’était vraiment difficile. Mes calculs venaient d’être déjoués. Elle était sensée crier et je profitais de sa colère pour retourner la situation. Mais là, je ne l’avais jamais vue aussi calme. Jamais.
Moi : par rapport à ce que tu as vu au supermarché !
Alice (me coupant) : la femme de mon frère que tu es ?
Moi : ce n’est pas ce que tu penses bébé.
Alice : je suis bien curieuse d’entendre ce que tu vas dire pour justifier ça.
Moi : je fais ça pour nous deux mon amour. (M’approchant d’elle) c’est pour notre avenir que je fais ça chérie.
Alice : j’aurais tout entendu dans ma vie là. Tu me trompes pour mon avenir ?
Moi : laisse-moi t’expliquer.
Elle posa son regard sur moi, prête à m’écouter. Je savais alors que je devais jouer le tour pour le tour. Je devais être le plus clair possible afin que cela n’affecte pas ma situation actuelle avec Divine.
Moi : au fait elle a les papiers bébé ! Elle a les papiers et peux me permettre d’avoir la nationalité et fuir l’illégalité. Je peux te rassurer que je ne l’aime absolument pas. Je veux juste mener cette relation quelque part. Qu’elle soit en confiance pour aboutir à un mariage. Tout ce que je te demande c’est d’être patiente durant cette période et mes papiers en main, je divorce pour être avec toi. C’est tout ce que je te demande. Jamais, je ne resterai dans de faux mariage une fois mes papiers en poche.
Alice : te rends tu comptes de ce que tu me demandes ? Que je mette ma vie entre parenthèses pour t’attendre alors que chaque nuit tu seras couché avec elle là-bas ? Me faire passer pour ta sœur chaque fois qu’elle sera là ? Tu ne trouves pas que c’est trop me demander ?
Moi : je t’en prie ! Tu peux au moins faire ce sacrifice pour moi. Je t’aime tellement et je sais que sans toi je ne pourrai rien. Supporte seulement. On sera ensemble et notre situation changera. On trouvera un moyen de se retrouver à chaque fois.
Alice : il y’a tellement de choses qui peuvent se passer entre temps. Et s’il elle se prenait une grossesse ?
Moi : ça ne risque pas d’arriver ! J’utiliserai toujours un préservatif avec elle. Il n’y a qu’avec toi que je peux aller en live comme ça.
Alice (se levant) : je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. J’ai besoin de réfléchir.
Je la regardais sortir. Je pensais qu’expliquer la situation ainsi allait lui faire prendre conscience de cette opportunité qui se présente à nous. Plusieurs femmes ont eu à supporter ça pour un avenir radieux. Elle avait besoin de temps pour réfléchir ok je le lui accordais. Elle va sûrement peser le pour et le contre et va se rendre compte qu’accepter de vivre cette situation nous soulagera tous les deux.