Chapitre 12

Write by Myss StaDou

Chapitre 12


   

Tout se déroule ensuite sans souci. J’attrape mon amie en ville et je récupère le livre que je voulais. Victor m’invite à prendre une glace et nous allons nous promener au Bois St Anasthasie. Nous nous couchons à même l’herbe et nous bavardons un moment.

 

− Je me sens bien avec toi, dis-je, perdue dans mes pensées.

− Moi aussi.

− Es-tu heureux avec moi ?

− Je pense bien oui.

− Tu penses ?

− Oui. Je passe beaucoup de bons moments avec toi.

− Ok. Tu ne voudrais pas plus de cette relation ? Ça te plairait que je vienne de temps à temps chez toi, faire le cuisine, passer le week-end ?

 

Il réfléchit un moment, regardant dans le vide. Ensuite il me regarde, le regard vide. Mais à quoi pense-t-il ?

 

− Je veux bien, mais il ne vaudrait mieux pas. Surtout pour toi. Il faut que tu te concentre sur tes études. Je ne veux pas te distraire. J’ai déjà quelqu’un qui fait la cuisine à la maison.

− Je sais. Mais j’aimerais moi-même m’occuper de toi.

− Je sais chou. Peut-être plus tard.

 

Je le regarde, amoureuse et confuse en même temps. Le lien entre nous est indiscutable et très fort. Pourquoi est-il préoccupé ? Il me regarde et sourit.

 

− Tu es magnifique et je me sens tellement bien avec toi. Surtout maintenant où j’en ai besoin.

− Besoin ? C’est quoi ? Tu as un problème ?

− Non non, ça va, dit-il avec beaucoup d’hésitation.

 

Il pose un baiser divin sur mes lèvres et je me sens emportée dans un autre monde. Je suis dingue de ce mec. Chaque instant passé avec lui est comme goûter au paradis.

 

− Tu es trop belle et …. hummm.

 

Il me regarde, les yeux brillants de désir.

 

− Je me contenterais de ton premier compliment, dis-je en riant. Allez, viens. Partons d’ici. Il est déjà presque 18h30 et les mout-mout (sorte de moustiques) commencent déjà à faire des plans sur mes mollets.

 

Victor éclate de rire. Nous nous levons et nous quittons le parc. Nous discutons quelques fois par téléphone au cours de la semaine qui suit. Victor est très occupé et je cherche un petit boulot pour me dépanner. Mais ce n’est pas facile.

   

*****

 

Le week-end ci est ennuyeux. Me voilà qui me retrouve seule, mon gars m’a laissée. Je ne vous ai pas dit : Victor est allé en France ! Ça n’a rien d’extraordinaire pour lui. En fait, après l’obtention de son BAC à 18ans dans un collège privée de la place, il est allé continuer ses études en France. Contrairement à moi, il vient d’une très bonne famille. Son père a plusieurs affaires qui tournent dans le pays. Sa maman est cadre dans une grande banque de la place. Il n’a pas eu les mêmes problèmes que moi. Il y était resté jusqu’à l’obtention de son Master en Banque et Marketing. Deux ans de pratique sur le terrain lui ont suffi avant qu’il ne revienne au pays pour travailler dans le privée et avoir un salaire à minimum six chiffres. Le premier chiffre n’étant pas en dessous de cinq. Le mec n’a pas l’air, mais il était lourd financièrement. Vois l’autre… Il a fait Mbeng jusqu’à que se fatiguer de l’Europe et il ne veut pas que je jubile à la pensée de sortir aussi ? Gros cœur !!!

 

Hier matin, j’ai reçu un texto venant de Victor :

 

«Je voyage pour la France ce soir. Mission de 3semaines. Je te fais signe en rentrant. Biz ».

 

Ça fait deux ou trois jours qu’il donnait à peine des nouvelles, ses SMS matinaux n’étaient pas très consistants. Il semblait préoccupé. Sûrement le boulot qui le stressait, me suis-je dit. Quand je lui posais des questions, il me rassurait qu’il n’y avait rien de grave. Est-ce alors comme cela qu’on annonce un voyage à sa copine ? C’est vrai qu’on est ensemble que depuis quoi ? Deux ou trois mois ? Mais ce n’était pas cool de sa part. Et moi, que ferais-je tout ce temps sans lui ? Il me manque trop !

 

En pensant à ce qui s’est passé à la soirée d’anniversaire, j’ai encore eu la chaire de poule.  Heureusement que même avec un peu de retard, sûrement dû au stress, mes rougnes se pointèrent, baissant ainsi définitivement la tension de mon cœur. Ah, la vie pouvait continuer son court.

 

Je m’assois sur un banc dans la cour devant la maison. Il n’est que 13h. Tout le ménage de la maison est fait. Junior et Carole sont sortis depuis le matin. Les parents sont occupés à l’extérieur. Je pense à ma copine Jeanne. Peut-être pourrait-on créer une sortie ? J’essaie  de l’appeler pour savoir sa position, mais son numéro n’est pas joignable. Elle profite de la vie sans moi ?

 

Tout d’un coup, mon téléphone s’est mis à vibrer. Un numéro MTN que je ne reconnais pas. Une voix d’homme de l’autre côté.

 

− Allô.

− Allô.

− Oui. Bonjour.

− Bonjour.

 

La voix me dit quelque chose. Mais je n’arrive pas à placer un nom sur la voix.

 

− Ça va ?

− Oui, ça va  merci. C’est qui à l’appareil ?

− Tu ne me reconnais plus ?

− Peut-être… Mais ça m’échappe.

− En tout cas, tu m’as vite oublié.

− C’est qui ?

− C’est Olivier.

 

Olivier ? Il sort d’où celui-là ? Donc mon ennui appelle les fantômes. Après l’histoire avec la fille que j’avais trouvé chez lui, je ne lui avais plus jamais adressé la parole. J’avais même bloqué son numéro à l’époque. Mais entretemps, j’aichangé de téléphone portable suite à une perte dans un taxi. J’ai donc perdu beaucoup de numéros.

 

Ah, je m’ennuie dis donc ! Que j’écoute ses mensonges pour tuer le temps.

 

− Oui, que veux-tu ?

− Pourquoi cet accueil glacial ?

 

Je préfère ne rien dire. Il croyait que j’accueillerais à bras ouverts ?

 

− Ok. Je m’excuse. Juste que tu n’as plus donné signe de vie à un moment de notre relation. Tu as coupé les ponts sans raison et tu ne répondais plus à mes appels.

− Tu ne sais pas pourquoi hein ?

 

Avec sa grosse tête là-bas ! Il me prend pour une conne, cet homme !

 

− Olivier, pardon ne vient pas déranger les gens un samedi espagnol comme ça !

− Je te dérange ?

− S’il te plaît, dis clairement ce que tu as à dire. Sinon tu raccroches, je n’ai pas de temps à perdre

 

Écoute une fille qui s’ennuie…Il reste quelques secondes silencieux. Je le sens pensif. Du moment que ce ne sont pas mes unités qui sont dépensés en vain, je me gêne pourquoi. Tout d’un coup, il se met à parler. C’est comme un barrage qui se brise :

 

− Nicole, tu me manques. Énormément. Je ne sais pas pourquoi tu as disparu ainsi du jour au lendemain de ma vie, mais tu y as laissé un grand vide. Je t’ai appelé sans succès et à un moment même ton numéro ne passait pas. J’ai essayé de t’oublier, dans d’autres bras, avec d’autres personnes…. Mais je n’ai pas pu, dit-il d’une voix triste.

− Hum. Dans d’autres bras ? Ou dans d’autres cuisses ?

− Comprends-moi. Je suis fait de chair et de sang. Je dois aussi satisfaire les pulsions de mon corps.

− Je te comprends et très bien d’ailleurs, dis-je en pensant à mes ébats avec Victor.

 

Son corps va trop me manquer.

 

− J’ai envie de te revoir, dit Olivier. Vraiment tirer tout au clair. Je travaille maintenant. Je suis basé à Douala. Je suis à Yaoundé ce week-end pour voir la famille et j’aimerais vraiment te rencontrer pour parler au calme.

 

Étais-je prête pour le revoir ? C’est vrai que de l’eau avait coulé sous le pont, mais bon… Je ne sais pas trop quoi faire à cet instant ?

 

− Je ne sais pas trop si ça vaut la peine qu’on reparle du passé.

− S’il te plaît. Juste quelques heures.

− Olivier, tu sais…

− Où tu voudras, on ira. Juste quelques heures de ton précieux temps. Fais-le et libère ma conscience des douleurs du passé. Je veux comprendre.

 

Je ne sais pas à quoi il joue, mais je ne veux pas entrer dans son jeu. Pourtant, il m’avait l’air sympathique. Peut-être était-il sincère après tout ?

 

− Laisse-moi une heure pour réfléchir. Rappelle-moi plus tard. Ça te va ?

− Je compte sur toi. À tout à l’heure.

 

En raccrochant, je me pose des questions. Revoir Olivier ? Et maintenant ? Pourquoi insistait-il autant ?

 
 
Mon amour, mon comba...