« La surprise est l'épreuve du vrai courage. « 

Aristote

Nous sommes le 31 décembre et j’ai toujours mes 42 ans. Je viens de faire le résumé de ma vie, j’ai revu mes souffrances et les chemins par lesquels j’ai traversé. Il y a quelques jours j’ai appris que Banjoko est en vie et a vécu sa vie sans même me chercher. J’ai été stupide de chérir le souvenir de celui-ci. La brève échange avec lui au téléphone prouve que je dois vivre et l’oublier à jamais. Mais comment oublié mon premier homme qui sera le beau-père de ma fille ? Je dois encore lutter contre des démons invisibles. Je suis née maudite apparemment.

Ayomide rentre dans ma chambre avec un visage stupéfait :

Bonjour maman ! est-ce que tu vas bien ?

Oui ma fille chérie, dis-je en m’efforçant de sourire

Non ça ne va pas. Il est presque 16 heures maman et tu n’es pas sortie de ta chambre depuis là.

Comment tu sais ça ? Yoan et toi, vous quittez à l’aube et je suis seule dans la maison. Ou bien tu as des caméras cachées ?

J’ai fait ton petit déjeuner avant de partir. J’ai mis tes fruits préférés sur la table, et je te l’ai laissé un mot pour la soirée de la St Sylvestre qu’on organise chez grande-sœur. Tu n’as rien touché tout est resté intacte maman. C’est quoi le problème maman ? Depuis que tu es ici tu as perdu ta joie de vivre, tu ne sors pas de l’appartement. Tes autres filles ont aussi envie de te voir. Ou bien ma relation avec Yoan est le problème ?

Non ma fille ! ne pense pas ainsi ! Le peu de jours passés en votre compagnie montre que Yoan est un bon garçon et vous vous aimez vraiment. je suis pour votre relation. Et en ce qui concerne mes autres filles, on se parle au téléphone.

Ok, mais pourquoi tu as l’air si soucieuse ?

Je faisais le bilan de ma vie…bref ! donc une fête se prépare ce soir et vous m’avez éloigné de l’organisation n’est-ce pas ?

Ahahahaha ! Maman tu es juste notre invité ! Relax !

Vous avez intérêt à ce que tout soit parfait !

Ne t’inquiète pas maman ! maman ?

Oui Ayomide ?

Aucune de nous ne connait l’histoire de ta vie. tu nous as juste parlé de tes parents mais presque jamais de notre père, tu évites le sujet. Tu nous as dit seulement que c’est un homme mauvais et on s’est juste contenté de ton amour. Ok ! mais maman pourquoi tu n’essaie pas de te remettre en couple ? tu es jeune et jolie pourtant…

Ah vous les filles en Europe mais merci ma fille… tu es un ange, dis-je en souriant. C’était quoi le mot que tu m’avais laissé ?

Je t’apporte ton plateau en même temps c’est encore mieux. Je ne veux pas que grande sœur pense que je ne te nourris pas.

J’ai ri de sa blague. Et je réalise qu’aucune de mes filles ne connait la vraie histoire de ma vie. J’ai trop souffert, leur raconté c’est ouvrir des blessures. Tout simplement je leur ai dit que leur père est décédé quand l’ainée avait 3 ans et que c’était un homme désagréable. Je n’avais pas le courage de leur dire qu’il était aussi un violeur. Pour mes filles, je me suis juste battue pour nous offrir un cadre de vie idéal.

Effectivement ma fille revient avec mon plateau de fruits et la petite note qu’elle m’avait laissée. Elle me disait de m’apprêter pour 15h car elle passera me chercher afin qu’on aille faire les boutiques et me trouver une tenue adéquate pour la soirée. Je suis ravie par tant de tendresses. Je pense à ce qu’elle vient de me dire : refaire ma vie ! Peut-être la nouvelle année va me sourire, et je ferai ce qu’il faut pour me trouver un homme. J’ai droit au bonheur finalement.

Nous sommes revenues à la maison après 3 heures de magasins. Heureusement que ce n’était pas loin. J’ai passé un merveilleux moment en compagnie de ma fille. Yoan n’était pas à l’appartement. Je demande à ma fille :

Yoan rentre tôt habituellement, mais il n’est pas là ! tu l’as appelé ? j’espère qu’il n’a aucun souci ?

Non maman rassures-toi, me lança-t-elle de la cuisine. Il est allé faire une petite course m’avait-il dit. Je pense qu’il va nous rejoindre chez grande-sœur, selon ses dits.

Ah ok ! on est entre mère et fille alors.

Le rendez-vous de ce soir est à 21h chez ma fille. Et on est bel et bien retard. Ma fille et moi on se dépêche pour mettre nos robes de soirées. Elle appelle le taxi qui ne tarde pas à arriver. Le chauffeur nous conduit à l’adresse de ma fille ainée. A ce que je vois elle n’est plus dans l’autre appartement. Nous sortons de la ville. Le chauffeur nous conduit dans une agglomération de maisons qui se ressemblent toutes. Même plan, même peinture. Je suis impressionnée de savoir que ma fille vie dans ce lieu chic et bien sécurisé.

Le chauffeur gare devant une belle maison. On descend. Il y a l’esprit de la fête qui s’est bien installé ici. L’extérieur de la maison est bien décoré avec les petites lumières. Je sens une fierté en moi. Ayomide sonne, c’est Yoan qui vient ouvrir à notre grande surprise :

Aaaaaaaaaah chéri ! tu fais quoi ici ?s’écrit ma fille

Je t’avais dit qu’on se verrait ici peut-être et j’ai une surprise pour toi ma douce !

Tu parles de quoi toi !?

Patiente-toi ! bonsoir maman veuillez entrer, dit-il en s’adressant à moi.

Bonsoir Yoan, on ne s’attendait pas à te voir ici

J’avais une surprise prévue pour Ayomide. Excusez-moi ! j’aurais dû vous associer.

Ne t’excuse pas mon fils.

On rentre dans la maison et c’est Ayobami je croise ensuite avec un ventre tout rond. Ma fille est enceinte jusqu’à la dent. Je ne pus m’empêcher de crier :

Ce n’est pas vrai ! tu m’as caché une telle nouvelle ? demandai-je en joie !

Maman c’était pour te faire la surprise.

Je ne suis pas d’accord, j’aurais voulu la vivre avec toi ma fille. Je suis si émue.

Merci maman !

Tu t’es marié il y a à peine 8 mois !!

Je suis à 7 mois maman !

Mon beau fils n’a pas chômé !

Non maman pas dutout. Et c’est grâce à lui grâce à Dieu, qu’on vit ici et aussi grâce à un prêt immobilier.

La grâce !! Je suis ravie que tu aies un mari qui prend soin de toi. Et il est où ?

Bibi !? maman est là

Grande sœur tu m’as oublié. Je suis jalouse ! dit Ayomide faussement fâchée

Viens ma petite sœur chérie, ne te fâche pas, nous on est toujours ici. D’ailleurs Ayoola aussi est présente, elle est dans ma chambre.

J’y cours pour l’embrasser, dit Ayomide spontanément

Non ! toi tu ne bouges pas du salon ! crie sa grande-sœur !

Je ne comprenais plus ce qui se passe. C’est quel genre de surprise avaient-ils préparé pour Ayomide ? Je ne tarde pas à connaître la surprise quand une porte s’ouvre. Bibi, Yoan, l’ainée et  la benjamine crient en chœur :

Surprise !!! surpriiiiiise !!

Un homme grand de taille se fraie un chemin pour venir vers Ayomide. Mais il marque une pause en route. Il a l’air aussi surpris que moi. Les quelques secondes qui ont suivi furent interminables. Dieu merci, Ayomide court pour lui sauter au cou pour camoufler la surprise qui s’installait sur mon visage. J’ai compris à l’instant que ma fille et Banjoko nourrissent une relation très proche.

Ce n’est pas croyable ! Papa Banjiiii ! aaaaaaaaaah ! je suis très conte de te revoir !!! quelle surprise !!! Merci Yoan chéri !!