Chapitre 12

Write by WumiRa

Le cœur battant à tout rompre, Maya se tînt immobile, tandis que de sa main libre Malik défaisait lentement les boutons de sa chemise. Elle n'était pas idiote... Du moins, elle savait qu'il n'irait pas loin si elle demeurait passive. Il semblait vouloir la pousser dans ses retranchements et finirait par se lasser si elle ne lui opposait aucune résistance. Cependant l'envie de lui répondre devenait de plus en plus forte et elle avait autant de mal à réfléchir correctement. D'abord Malik Sylla embrassait divinement, ensuite l'antipathie bien réelle qu'il lui inspirait semblait rendre l'expérience encore plus excitante. Jamais personne ne l'avait embrassée comme ça ; c'était plus qu'une révélation.


Mais c'était Malik. Malik ! L'homme qui l'avait humiliée plus d'une fois. Le même qui n'hésitait pas à la rabaisser en lui rappelant qu'elle était et serait toujours liée à lui par ce mariage arrangé, le même qui abusait à chaque fois de sa supériorité ! Elle n'était pas censée fondre dans ses bras. Retrouvant un soupçon de conscience et de dignité, elle lui mordit la lèvre inférieure. Le goût du sang envahit sa bouche, en même temps qu'il s'écartait d'elle en jurant. Elle en profita pour se redresser sur le lit. 


- Tu m'as mordu ? s'enquit-il, visiblement surpris. 


- Je le referai si tu me forces à nouveau..., balbutia-t-elle, incertaine de la façon dont il allait réagir. 


Au moins elle était certaine qu'il n'allait pas lui rendre la pareille. Mais, et s'il osait ? Pouvait-elle seulement prétendre le connaître ? Elle allait s'excuser, mais il ne lui en laissa pas le temps et se leva. Puis il se dirigea hors de la chambre. Heureusement qu'ils avaient réservée une suite, pensa t-elle, trop épuisée pour le suivre. Cette vie n'était pas faite pour elle, jamais ils ne parviendraient à un accord. Ils étaient trop différents et elle n'était pas le genre de femmes qui se pliait aux exigences d'un homme, qui qu'il fût, encore qu'elle détestait celui ci. 


Elle ferma les yeux et réprimant un frisson, monta la couverture jusqu'au cou, avant de sombrer dans le sommeil qui l'emporta aussitôt. 


***


Le bruit de l'eau dans la salle de bain réveilla Malik. Après avoir évité de justesse une dispute avec sa nouvelle épouse la veille, il avait rejoint le canapé du salon et s'était endormi sans s'en rendre compte. Encore une première ! Il fallait croire que ses agissements l'épuisaient dans tous les sens du terme, mais il l'avait bien cherché. Cette histoire de vouloir faire tomber la fille de son ennemi amoureuse de lui était stupide et rien que le fait d'y penser le mettait de mauvaise humeur. Non pas qu'il regrettait de l'avoir épousée, mais tout aurait pu être plus simple si elle n'était pas aussi hautaine et pourrie à l'intérieur. Malgré les problèmes que rencontraient sa famille, elle le regardait toujours de haut, lui rappelant que d'une certaine manière ils n'appartenaient pas au même milieu et il n'avait pas non plus oublié la fois où elle lui avait dit qu'il finirait par retourner d'où il venait. Jamais il n'oublierait cette phrase parce que non seulement elle lui rappelait tout ce qu'il avait perdu, mais elle lui rappelait également l'objectif qu'il s'était fixé : renvoyer Fall à sa misère d'autrefois. Tant que cela n'arriverait pas, les Sylla n'auraient pas de repos dans leur tombe. 


Cependant il aurait tout le temps de s'occuper du père, de près ou de loin ; son problème actuel s'était "elle" et tant qu'il n'aurait pas résolu ce problème, tous les autres pourront attendre. Et justement, une idée commençait à germer dans son esprit. L'idée l'avait effleurée quelques jours plus tôt, mais il l'avait repoussée, car sur le moment cela lui avait parut absurde. Mais pourquoi pas finalement ? Il n'y perdrait rien de toutes façons, c'était eux qui allaient perdre et de bien des manières. Il se leva et retourna dans la chambre juste au moment où son téléphone se mit à sonner.


- Allô.


- Pourquoi ai-je l'impression que quelqu'un a dû dormir sur le canapé ? railla la voix d'Umar à l'autre bout du fil. Tu dois avoir une sale tête à l'heure actuelle, avec une telle voix.


Évidemment que si, songea Malik. La frustration et le manque de sommeil y étaient pour quelque chose, mais rien ne l'obligeait à l'avouer à son fouineur d'ami.


- Qu'est-ce que tu veux Umar ? 


- Tu ne devineras jamais ce qui t'attend, dit ce dernier. 


- Fall a trouvé un nouvel investisseur ? demanda Malik sceptique. 


- Dis donc, le vieux n'a rien à y avoir cette fois. Mais tu ne croyais tout de même pas que ton mariage précipité n'aurait pas attiré certaines...


- Chrystal.


Le silence qui s'en suivit suffit à convaincre Malik qu'il avait vu juste. 


- Chrystal ? répéta-t-il cependant, incertain. Tu en es sûr ? 


Un rire échappa à Umar.


- Tu me crois capable d'inventer un truc pareil ? Elle a carrément piquée une colère lorsqu'elle a su que tu était déjà parti. 


- Qu'est-ce que...


- Je lui ai fait croire que tu étais en voyage de noces et crois moi elle aurait réussi le rôle de l'ex enragée sans mon intervention. J'ai dû faire croire aux Fall qu'elle était ma petite amie et qu'elle était en colère parce qu'elle avait découvert que je la trompais.


- Épargne moi les détails s'il te plaît, maugréa Malik. Comment ont-ils réagit ? 


- Ils n'avaient pas l'air de soupçonner quoi que ce soit, enfin pas le vieux en tout cas. 


- Et sa femme ? 


- Tu connais les femmes, elle avait l'air de compatir devant les pleurs incessants de Chrystal. Écoute Malik, j'ignore comment ça s'est passé entre elle et toi, mais peut-être qu'elle a besoin que tu...


- Attends.


La porte de la salle de bain venait de s'ouvrir, et Maya apparut, l'air inquiet, remarqua t-il. Inquiet ? Elle était inquiète après lui avoir fendue la lèvre ? Pourquoi se souciait-il encore d'elle à la fin ? Il gagna le balcon, agacé, tandis que la voix d'Umar lui demandait s'il était toujours là.


- Je t'écoute.


- Ça n'a pas l'air d'aller entre la petite héritière et toi. 


Son irritation monta d'un cran.


- Tu me parlais de Chrystal, je te signales.


- J'ai réussi à la calmer et elle est partie peu de temps après. J'ai cru comprendre qu'elle était rentrée de Rabat juste après avoir appris ton mariage. Qu'en dis-tu ?


- Ce que j'en dis ? Sérieusement ? 


- C'est toi le Don Juan, tu as oublié ?


- Ma relation avec elle remonte à plus de six mois et ce n'était pas... J'ai du mal à croire qu'elle aurait pu tout foutre en l'air, alors qu'il n'y a plus rien entre nous. D'ailleurs, il n'y a jamais eu quoi que ce soit, cette fille est plus cinglée que je ne le pensais.


- Cinglée n'est pas le mot. Pendant un moment, j'ai failli croire que vous étiez toujours ensemble.


Lorsque l'appel prit fin un moment plus tard, Malik n'en revenait toujours pas. Il ne comprenait pas pourquoi Chrystal l'aurait suivi jusqu'ici alors que c'était elle même qui l'avait largué, prétextant qu'il était insensible et sans coeur ! Que lui voulait-elle à présent ? 


En fait, s'il avait toujours considérées les femmes comme interchangeables, fréquenter celle ci était une erreur qu'il aurait pu éviter si sa libido ne lui avait pas joué un sale tour, un an plus tôt, lors d'une soirée au Maroc. Après quelques heures de passion, il s'était demandé comment il avait pu être attiré par elle ; non seulement elle était très superficielle, ce qui n'avait rien d'étonnant, elles l'étaient presque toutes, mais dès l'instant où elle l'avait vu, elle avait décidé qu'il était l'homme de sa vie. La chose la plus absurde qu'il ait jamais entendue, car pour lui le mot « engagement » ne voulait absolument rien dire. Trop de gens se mariaient pour ensuite divorcer que, en grandissant, il avait juré d'opter pour la liberté dans tous les sens du terme. Il ne s'était pas seulement fait un nom et une réputation dans le monde des affaires, si certains le surnommaient " le célibataire endurci " c'était bien pour quelque chose. D'où le fait que son mariage presque célébré en clando ait fait écho, ne l'étonnait pas. Mais les hommes jubileraient moins qu'il se soit enfin casé, s'ils savaient pourquoi. De même que les femmes comme Chrystal, ravaleraient leur déception et leur jalousie. Il serra le téléphone dans sa main et se retourna, ne s'attendant pas à voir une Maya aux yeux soulignés de cernes et aux traits tirés. Un sentiment de triomphe s'empara de lui ; il aurait dû se douter que tout comme lui elle n'aurait pas pu fermer l'oeil. Elle s'était sans doute attendue à ce qu'il revienne, en vain. Il ne la laissait pas indifférente, loin de là, elle n'était pas si différente des autres et il savait exactement quel effet il produisait sur les femmes.


- J'ai besoin de me changer, dit-elle d'une voix mal assurée. Je ne retrouve pas mes affaires. 


- Elles sont dans la voiture, répondit Malik. Appelle la réception.


Elle acquiesça et tourna les talons. 


- Prépare toi, nous partirons dès que possible.


Elle lui refit face.


- Quand ? 


- Lorsque j'aurai passé quelques coups de fils.


- Où ? 


- Chez nous.


- C'est où ce « chez nous » ? 


Il la fixa pensivement. 


- Tu le sauras au moment voulu. 


- Je n'irai pas en...


- Je l'avais déjà compris, il n'y aura pas de voyage de noces. D'autant plus que j'ai du travail et qu'aller perdre un mois sur une île ne m'avancerait en rien. 


Il lut de la surprise sur son visage, mais cela disparut instantanément.


- Nous allons rester à Dakar, jusqu'à nouvel ordre. 


- OK.


Elle n'ajouta rien et s'éloigna. Malik la suivit du regard, songeant au moment où vibrante de désir devant lui, elle le supplierait de l'embrasser et de la caresser. Ce moment qui n'allait plus tarder et durant lequel, l'ancien gamin sans famille qu'il avait été, aurait une partie de sa revanche.


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