Chapitre 13
Write by Lilly Rose AGNOURET
Chapitre
13
Khazey
Omanda |
De
derrière nous parviennent les lamentations d’un imbécile qui est devenu heureux
grâce à ma sœur.
Lorsque nous arrivons à Ntchenguet, nous nous
engageons dans un chemin de sable pour être au plus près de la maison des
parents de cet imbécile. Quand nous arrivons, nous restons, mon frère et moi,
bouche bée devant l’immense maison inachevée, dont Mbina nous a dit que c’est
ma sœur qui la fait construire pour ses parents.
- On descend. Je ne partirai pas d’ici sans la
marmite dont nous a parlé cet imbécile, dis-je à Frédéric.
Nous descendons de voiture. Je vais vers
l’arrière du véhicule, ouvre une portière et regarde l’imbécile de Mbina. Je
lui dis alors :
- Si tu veux ta liberté, tu as intérêt à te
comporter de manière civilisée.
Il me regarde, me toise et me répond :
- Faut me laisser tranquille ! Vous voulez
encore me faire quoi ?
Je referme la portière du véhicule. Je vais
tranquillement toquer à une porte. Cette dernière s’ouvre sans résistance.
Frédéric me dit :
- Entrons. J’ai déjà prévenu maman en lui
disant d’appeler la police si nous ne sommes pas chez elle dans une heure.
Là, nous entrons dans ce qui est la cuisine. Il
y a un vieil homme qui dort là, par terre, une bouteille de Regab en main. Le
type ronfle comme un porc. Nous arrivons dans ce qui est le salon. Un autre
ivrogne dort là sur le tapis sale qui recouvre le sol. Nous avançons et
remarquons que toute la maisonnée dort encore. Nous ouvrons une porte puis une
autre. Dans une très grande chambre contenant trois grands lits de deux places,
des enfants dorment ci et là.
- Chut ! me fait Frédéric en entrant dans
la chambre.
Je reste dans le couloir et surveille ci et
là ! Mon frère avance à pas de loup, se baisse et regarde sous les lits.
Il se relève et me fait signe qu’il y a quelque chose sous le lit du fond. Il
avance et est obligé de se salir pour aller en dessous de ce lit. Frédéric en
ressort effectivement avec une marmite. Une toute petite marmite en aluminium.
Il avance pour sortir de la chambre. À ce moment-là, j’entends qu’on ouvre une
porte plus loin. Je lui fais signe de venir. Une jeune femme sort d’une chambre
en se frottant les yeux. Quand elle remarque ma présence, elle crie :
- Toi c’est qui ?
Seigneur ! Personne ne parle correctement
français dans cette famille !
Je la regarde et lui dis :
- Je suis l’ami de Charlemagne. C’est votre
mère qui m’envoie pour chercher des médicaments pour la petite Charissma. Elle
a dit qu’on les trouvera sous son lit. Et j’ai trouvé. Je m’en vais.
Charlemagne m’attend dans la voiture.
La jeune femme qui semble avoir bu plus que de
raison et qui est encore sous le coup de l’alcool me sourit et dit :
Chéri,
on dit quoi ? Y a pas une petite Heineken, là !
Je fouille l’une de mes poches et en sors un
billet. C’est un billet de 5mille francs. Je le lui tends. Elle le prend en
souriant et va dans ce qui semble une douche. Je souffle et fais signe à
Frédéric de sortir rapidement.
Là, nous nous dépêchons de sortir de cette
maison de fous. Au moment où Frédéric pose la marmite en sécurité à ses pieds
et monte, la porte de la maison s’ouvre. Une dame sort en pagne et nous fait
signe. Elle crie :
- Eh, vous êtes qui, vous là ?
Je baisse la vitre et la regarde droit dans les
yeux et lui demande :
- Et vous, qui êtes-vous ?
Là, alors que je démarre et amorce une marche
arrière, elle crie alors :
- Au voleur ! Au voleur !
Essayez donc de rattraper à pied un voleur
conduisant un véhicule 4x4 !
Alors que nous partons avec deux pelés et trois
tondus qui courent après la voiture, la pluie s’abat d’un coup. La violence des
rafales de pluie me surprend au point que je dis à Frédéric :
- On s’arrête à la première benne publique que
l’on voit et on y jette ce type ! Il a besoin d’une bonne douche et la
voiture aussi !
- Oui ! ça lui fera les pieds de côtoyer
la verdure. De toute façon, on saura désormais où le trouver !
Nous avançons et juste après l’hôpital, nous
nous arrêtons. Frédéric et moi descendons de voiture. Nous ouvrons l’arrière de
la voiture, sans nous soucier des taxis qui circulent déjà. Là, je prends Mbina
par un bras. Il supplie alors :
- Pardon, pardon, pardonnez ooooh ! Je ne
dois pas me mouiller. Je ne dois pas me mouiller ooooooh !
Pardonnez ! Pardonnez ! Je ne dois pas me mouiller.
Frédéric me regarde et là il lui dit :
- Tu vas te mouiller mon cher ! Descends
tout de suite ! Cette voiture n’est pas un taxi.
C’est sans cérémonie que nous le soulevons et
le jetons dans une benne à ordure de laquelle il ne pourra pas sortir sans aide
étant donné qu’il a le bas du corps entravé et emprisonné dans un sac poubelle
bien ficelé. À la façon dont le type se met à pleurer comme un bébé, on
pourrait se laisser attendrir, mais là, on entend :
- Mon parfum, ooooh ! Mon parfum va partir,
ooooh ! On a dit que je ne dois pas me mouiller oooooh ! Mon parfum
oooooh ! JE SUIS FOUTU ! JE SUIS FOUTU ! JE SUIS MORT
OOOOOOOOOOOOOH !
C’est sans état d’âme que Frédéric et moi
partons de là, complètement trempé, l’esprit plus préoccupé par ce que nous
découvrirons dans cette marmite, que par ce qui arrive à Charlemagne Mbina.
En arrivant chez Maman à la Cité Shell moins
d’une demi-heure plus tard, nous la trouvons assise dans le salon. Elle se lève
rapidement pour aller nous chercher des draps de bain pour nous sécher. Une
fois fait, je me débarrasse de mon haut et m’assois sur une chaise. Frédéric en
fait de même et réclame à maman, une boisson chaude. Elle revient quelques
instants plus tard avec un plateau sur lequel sont posées deux tasses pleines
de citronnelle.
Je prends ma tasse et ce
liquide chaud que j’ingurgite fait un bien fou à ma gorge. J’exulte et essaie
d’oublier le cauchemar dont Frédéric et moi sortons. Maman nous demande
alors :
- D’où venez-vous ? C’est
quoi cette histoire avec Mbina ?
Je lui réponds alors :
- Depuis que j’ai sorti
Azaliah de son taudis et qu’elle vit chez papa, elle se désintéresse
complètement de son téléphone. J’ai donc lu quelques messages et appris que
Mbina l’attendait au carrefour Trois métis à 3h du matin. J’ai décidé d’aller
au rendez-vous à sa place. Je suis allé chercher Frédéric pour qu’il
m’accompagne. Nous avons payé une fille pour qu’elle l’attire vers la maison de
Jordan. Quand il est arrivé là, nous avons eu droit au déballage complet des
petits secrets de Mbina et sa mère.
Je me tais, car j’ai
l’impression que je vais avoir des maux de tête. Ma mère se tourne vers
Frédéric et lui dit :
- Je t’écoute. C’est quoi
cette marmite que tu as posée là à la terrasse ?
Frédéric lui répond :
- Attends, je vais te faire
voir la vidéo qui t’expliquera tout.
Frédéric tend son téléphone à
maman puis la laisse regarder la fameuse vidéo. Les yeux de ma mère manquent de
sortir de leurs orbites. Elle lève le regard vers moi et d’une voix tremblante
me dit :
- Ils ont vraiment fait
ça ?
- Et encore, tu n’as rien
entendu ni vu ! Je ne sais même pas combien de temps il me faudra pour me
laver l’esprit après tout ce que j’ai entendu. Si la mère de Mbina était là, je
lui aurais fait subir le même traitement que nous avons fait subir à cet homme.
- Cette femme est le diable
incarné ! Comment peut-on encourager son fils à faire du mal à une femme
enceinte ? Ils n’ont donc vraiment aucune considération pour
Azaliah ?
- Maman ! Azaliah était
leur banquier, leur supermarché, leur pharmacie et l’entrepreneur de leur
avenir.
Je me tais, regarde ma mère
puis mon frère. Je finis par demander :
- Est-ce que cinq ans ce n’est
pas trop ?
Ma mère hausse les épaules et
répond :
- C’est difficile de
convaincre un esprit attaché. Avec tout ce que j’ai entendu, je comprends mieux
pourquoi Azaliah nous rejetait et retournait à chaque fois vers Mbina. J’ai mal
à au cœur.
- J’ai l’impression qu’un
rouleau compresseur m’est passé dessus ! Je vais pourtant devoir aller au
bureau. On parlera de tout ça plus tard. Il va falloir trouver comment se
débarrasser du contenu de cette marmite.
Ma mère me regarde puis me
dit :
- Où avez-vous laissé cette
ordure de Mbina ?
Je lui réponds :
- Dans une benne à ordure.
C’est là qu’est sa place avec les rats et les asticots !
Je me lève et décide de partir
avec ce drap de bain autour de mes épaules. Alors que je passe le pas de la
porte, un téléphone sonne. Je le sors de la poche. C’est le téléphone de Mbina.
Je décroche et mets le haut-parleur. La voix éraillée de la mère de Mbina
hurle :
- Chaloulou ! Chaloulou,
tu es où, hein ? On dit que les gens sont venus vole rà la maison,
là-bas ? Chaloulou, c’est qui les gens là ? Ah Chaloulou j’espère que
tu as réussi ta mission, ooooh ! On a bien dit les Etats-Unis,
ooooh ! Chaloulou, dis que tu as réussi !
Je lance alors :
- Madame, c’est le capitaine
Nguéma Ndong Séraphin, au bout du fil. Votre fils Charlemagne Mbina est détenu
en ce moment au commissariat central de Port-Gentil.
Je raccroche tranquillement
avec l’espoir que ce petit mensonge fasse un effet boule de neige et dérange au
plus haut point cette famille de timbrés.
Quand j’arrive au bureau avec
30 minutes de retard, j’essaie de retrouver mes marques après cette nuit
raccourci. Une heure après, je vais dans le bureau de Claire Mékang, la
responsable juridique de l’entreprise. D’entrée de jeu, je lui demande :
- Claire, connaîtrais-tu
quelqu’un de confiance au niveau de la police ? Je ne sais pas trop
comment m’y prendre avec une affaire assez rocambolesque.
- J’ai une amie d’enfance qui
est commandante de la brigade maritime au niveau de la province. Je peux passer
par elle en cas de besoin. Raconte-moi ce qui se passe.
Je m’assois face à son bureau
et lui dis :
- Ma petite sœur est enceinte
de 8 mois. Elle a failli se faire violer dans la nuit par l’homme qui partage
sa vie. Ils sont séparés depuis quelques jours.
- Oh ! Je vois. Écoute,
laisse-moi appeler mon amie. Elle saura vers qui nous guider.
Elle prend alors son téléphone
et appelle l’amie en question. Quand elle raccroche, elle me dit :
- J’ai un numéro de téléphone.
Mon amie va nous introduire vers un responsable au commissariat central. On y
va ensemble, si tu veux ? Je te servirai de conseil.
Je me lève et vais prévenir
mon assistante que j’ai un rendez-vous important en dehors de l’entreprise et
que je serai de retour dans une heure. Nous partons dans ma voiture. Arrivé au
commissariat central, je souffle, car jamais je n’aurais eu la patience, je le
pense, de venir et rester ici. L’endroit ne paie pas de mine et l’accueil est
quelque peu…mitigé.
Vu que nous avons été annoncés
par l’amie d’enfance de Claire, le commandant nous reçoit immédiatement. C’est
un homme au sourire débonnaire. Il est trapu avec un fort accent fang. Il nous
propose une tasse de thé et très vite nous demande d’en venir au fait. Je me
lance alors :
- Ma sœur est enceinte de 8 mois.
Il se trouve qu’en ce moment, elle est séparée de son compagnon et vit chez mon
père. La nuit dernière, cet homme lui donne rendez-vous. Son intention était de
la violer sous couvert de pratique sorcellaire. Je me suis rendu au rendez-vous
qu’il lui avait fixé à 3h du matin. Je me suis occupé de lui et il a fait des
aveux auxquels je ne m’attendais pas.
- Pratiques
sorcellaires ! Pouvez-vous documenter tout ce que vous dites là ?
- Oui, je le peux. J’ai sur
moi le téléphone portable de cet homme, dis-je en sortant le téléphone de Mboina
d’une des poches de la veste de mon costume.
Je pose le téléphone sur le
bureau de cet homme. Claire le prend et le passe en revue. Là, elle joue le
dernier message vocal reçu par Mbina. On peut entendre la voix affolée de sa
mère qui crie en langue. Elle parle en punu. Vu que personne dans la pièce n’u
comprend rien, le commandant prend le combiné du téléphone posé sur son bureau
et appelle pour demander qu’un certain caporal Moussadji, vienne tout de suite
dans son bureau. Lorsque ce caporal arrive, il ferme la porte, salue son
commandant et attends les ordres. Là, le commandant demande à Claire de jouer à
nouveau le message reçu. Le caporal écoute la voix éraillée et paniquée de la
mère de Mbina. Là, il nous traduit le message en disant au commandant :
- Mon commandant, cette femme
se trouve sur la route du côté de Lambaréné dans un temple bitwi d’un certain
maitre Mangata. Elle dit que la petite Charissma qu’elle a emmenée là-bas pour
se faire soigner est morte avant l’arrivée chez ce Mangata qu’elles sont allées
consulter. Elle dit à la personne à qui elle envoie le message qu’ils vont être
obligés d’enterrer le corps là-bas sur la route pour ne pas avoir de problème.
Si je m’attendais à ça ! Je
dis alors au commandant :
- Ces gens habitent du côté de
Ntchenguet. Il y a l’hôpital juste à côté. Pourquoi emmener une enfant malade
jusqu’à Lambaréné ?
Le commandant me répond :
- Ils ont sûrement quelque
chose à cacher. On finira par le savoir.
Le commandant demande de jouer
d’autres messages récents. C’est ce que fait Claire. Là, le caporal nous
dit :
- La dame a emmené l’enfant du
côté de Lambaréné parce qu’il fallait cacher quelque chose. Elle avait peur
qu’on découvre quelque chose si elle avait emmené la petite à l’hôpital de
Ntchenguet.
Là, le commandant me regarde
et me dit :
- Vous allez remplir ce
dossier et me donner tous les détails sur ces personnes.
C’est ce que je fais en
indiquant le nom de Mbina, le lieu précis de l’habitation de la famille. Le
commandant s’agit dans son fauteuil en tentant de joindre ses collègues à
Lambaréné. Claire me demande alors comment se sont terminées les choses entre
Mbina et moi. Là, c’est sans détour que je réponds :
- J’ai jeté ce monsieur dans
la benne à ordures qui se trouve devant l’hôpital de Ntchenguet.
Le commandant me dit
alors :
- À quelle heure l’avez-vous
jeté dans cette benne ?
- Oh ! juste au moment où
l’orage a commencé ce matin !
- Oh ! Mais si cet homme
est mort noyé dans cette benne, vous finirez en prison, mon gars !
Il éclate de rire après cela
puis me dit :
- Je ne sais pas ce qu’il
avait l’intention de faire à votre sœur, mais pour ce qu’il cache au sujet de
cette petite, sa mère et lui paieront. Donnez-moi ce téléphone. Je n’en pas
fini.
Quand le commandant joue les
autres notes vocales, on peut écouter les mêmes messages qui m’ont agacé quand
j’ai eu le téléphone en main la première fois. Le commandant manque de
s’étouffer lorsqu’il s’écrie :
- Mais comment peut-on
demander à un homme d’aller péder une femme enceinte ? Oh, excusez-moi, se
reprend-il. C’est que nous entendons de tout, ici. Toute cette perversité me
choquera toujours !
Il se lève et somme le caporal
de réunir une équipe dont il cite les noms. Là, il dit :
- Prenez ma voiture et allez à
l’hôpital de Ntchenguet. Fouillez les bennes à ordures et ramenez-moi ce
Charlemagne Mbina. S’il ne se trouve plus dans cette benne à ordure,
renseignez-vous à l’hôpital. Peut-être que quelqu’un l’aura délivré et livré à l’hôpital.
Il se rassoit et me dit :
- Monsieur Omanda, merci pour
tous les renseignements. Nous nous occupons de cette affaire. Si cet homme
était le compagnon de ma fille, je lui aurais mis deux balles dans les
couilles. Nous gardons le téléphone de cet homme comme pièce à conviction.
Le téléphone est mis sous
scellé. Nous prenons congé du commandant. Dans la voiture, claire me dit :
- Bon retour au Gabon,
Khazey ! J’espère que les réalités du pays ne te donneront pas envie de
fuir et de repartir vivre en France.
- J’espère que non. Dans moins
de 6 semaines, mon épouse et mes enfants seront là. Je vais devoir apprendre à
me réadapter à la vie ici. Je suis d’ici.
- Oui ! Je te souhaite du
courage. Ce n’est pas évident, parfois.
C’est en écoutant les
informations sur RFI que nous repartons au bureau. J’appelle ma mère puis
Frédéric pour leur parler de mon rendez-vous au commissariat central. Le reste
de la journée, je le passe à travailler dans la plus grande concentration.
À 18h 30 avant de quitter le
bureau, j’appelle mon épouse. Entendre la voix de mes filles me réconcilie
toujours avec l’espoir. Là, mesdemoiselles me racontent leurs vies avant de me
demander quand elles prendront l’avion pour venir me retrouver. Leur
insouciance me fait beaucoup de bien. Quand mon épouse reprend le téléphone,
elle veut en savoir plus sur la villa que j’ai finalement choisie. Là, je lui
réponds :
- J’ai demandé à Imani de
superviser l’ameublement de la maison. Tout sera prêt à votre arrivée. Tu
n’auras qu’à te charger de la déco.
Nous avons décidé de laisser
tout en état dans notre appartement à Paris et de mettre l’appartement en
gestion à une agence pour AirbnB. Il reste juste le temps à mon épouse de dire
au revoir à sa vie là-bas, à nos amis, à sa famille.
Quand j’arrive chez ma mère,
il est 19h. elle m’accueille en me disant :
- Je suis allée à la messe à
midi. J’ai discuté avec Monseigneur. C’est prête exorciste. J’ai souvent
discuté avec lui. Bref, c’est long à expliquer. Il m’a indiqué comment faire
pour détruire et annihiler tous les plans qui avaient été prévus pour le
contenu de cette marmite.
- Que doit-on faire ?
Je l’écoute me dire en détail
ce qu’elle fera dans la nuit pour détruire la fameuse marmite.
- Du sel en gros grain, de
l’eau bénite et de l’encens. Rien que ça.
- Rien que ça. Je vais le
faire dans la nuit. Ensuite, on devra voir un changement dans les jours
prochains.
- On vivra forcément un
changement, maman ! Mbina va finir en prison. L’une de ses nièces est
morte. C’est une histoire un peu rocambolesque, mais tu en entendras forcément
parler.
- L’une de ses nièces est
morte ? C’est lui qui l’a tuée ?
- Disons que sa mère et lui
avaient l’intention d’enterrer le corps de la petite dans la brousse, ni vu ni
connu, car ils ont un gros secret à cacher.
Ma mère se tient la tête et me
dit :
- Ne me dis pas que cet homme
a violé cette petite !
- Je n’en sais rien, maman.
Comme je te l’ai dit au téléphone, la police enquêtera sur Mbina. Qu’il ait
violé cette petite ou qu’il atterrisse en prison, ce n’est plus mon problème.
Maman m’invite à table. Là,
assis avec les deux enfants de mon oncle qui vivent avec maman, nous mangeons
tranquillement. Mon téléphone sonne à 21h. au bout du fil, c’est le commandant
qui me dit :
- Monsieur Omanda, Charlemagne
Mbina a été retrouvé. Bon, il a dû faire un petit tour à l’hopital car il était
en piteux état après la pluie de ce matin, mais voilà, il a été placé en garde
à vue. Nous avons mené une enquête de proximité pendant la journée et recherché
la petite Charissma. En discutant avec deux élèves de sa classe, nous avons
appris que la petite s’était confiée à des amies en disant que son oncle
Charlemagne l’avait violée et que depuis, elle se sentait malade. Nous avons
réussi grâce au concours de la gendarmerie de Lambaréné, à mettre la main sur
la mère de Charlemagne. Bon, il faut dire que cela m’a coûté quand même pads
mal de bouteilles de Régab, mais nous y sommes parvenus.
Je termine cette conversation
avec le commandant. Je le remercie à la fois pour son efficacité et la
promptitude avec laquelle il a agi. Il me lâche en fin de conversation :
- J’ai promis une tournée aux
gendarmes qui ont contribué à l’affaire. Alors, la mère de Charlemagne Mbina et
le cadavre de la petite Charissma seront de retour à Port-Gentil avant la fin
de la semaine.
Quand je raccroche, je dis à
ma mère :
- Mbina est en garde à vue. La
gendarmerie de Lambaréné a retrouvé sa mère ainsi que le cadavre de la fameuse
nièce. La petite avait confié à ses amies en classe, que son oncle,
c’est-à-dire Mbina, l’avait violée.
- Monseigneur avait raison en
disant qu’en toute chose c’est la patience qui paie. Il m’avait demandé de ne
jamais brusquer les choses. À chaque fois que je venais le voir et me plaignais
au sujet de la situation d’Azaliah, il me demandait d’apprendre la patience,
aussi difficile que cela pût être.
Je regarde maman et ai le
courage de lui demander :
- À aucun moment, tu ne t’es
douté que Mbina allait voir des charlatans pour maintenir Azaliah
prisonnière ?
Elle me dit alors :
- J’ai l’impression que tu
m’as réveillée d’un grand sommeil.
J’insiste en lui disant :
- Maman, si Mbina a pu agir
ainsi impunément, c’est qu’il avait le champ libre et ne craignait personne.
- Le diable ne craint personne
jusqu’à ce que Dieu lui rappelle qu’il est l’Alpha et l’Oméga.
J’évite alors de lui parler de
cent millions de francs qu’Azaliah a reçus comme solde de tout compte en
quittant la compagnie pétrolière pour laquelle elle travaillait.
- C’est comme si tout le monde
avait abandonné Azaliah à son sort, fais-je dépité.
- Personne ne l’a abandonnée.
Elle a juste pensé qu’elle était adulte et responsable et qu’on devait lui
foutre la paix. Elle nous a souvent chassés de chez elle en disant qu’on
voulait l’empêcher d’être heureuse. Ça laissait la possibilité à Mbina d’agir
et de nous insulter par la même occasion. Sait-on seulement comment l’amour est
capable de transformer quelqu’un ?
- Maman, ce type lui a fait
des enfants de façon anormalement rapprochée, pour déformer son corps et la
rendre moindre attractive pour les autres hommes. Il ne l’a jamais aimée. Il
s’est simplement servi d’elle. Pendant tout le temps où il nous débitait ses
conneries, pas une seule fois il n’a parlé de ses enfants. Comme s’il s’en
foutait. Il a répété qu’il nous a fait une faveur en nous donnant des enfants
gratuitement.
- Dans ce cas, qu’il aille au
diable ! Il ne nous reste plus qu’à élever ces enfants de sorte qu’ils
réussissent au-delà des espérances.
Je regarde ma mère et lui
dis :
- Je vais dormir. J’ai besoin
d’avoir les idées claires pour les prochains jours.
Je m’en vais et vais retrouver
ma chambre d’hôtel. Couché sur le lit, je repasse en revue la nuit passée.
J’essaie de me rappeler de toutes les conneries que ce Mbina a pu débiter.
Bientôt, je me lève du lit et compose le numéro de Frédéric. Il répond au bout
de 4 sonneries et me dit :
- Yo ! comment va ? Désolé,
j’étais absorbé par le boulot. Je suis rentré à 20h.
- Ok. Je suis allé dîner chez
maman. Nous avons eu du nouveau. La mère de Mbina a été appréhendée. Le type et
sa mère sont bons pour un tour en prison. Il y a un cadavre et une accusation
de viol sur mineur.
- C’est une très bonne
nouvelle. On peut enfin souffler.
Je respire un coup puis lui
dit :
- Frédéric ! dans cette
affaire Azaliah a perdu des millions de francs. Elle a reçu un chèque de cent
millions de francs. Elle m’a raconté une histoire selon laquelle on les lui a
volés dans la voiture et son type aurait couru après le voleur. On parle de
cent millions. Comment peut-on rater un voleur avec un sac aussi plein ?
Frédéric me dit alors :
- Tu peux dormir tranquille.
Les cent millions sont à la banque.
- Quoi ? Qu’est-ce que tu
viens de dire ?
- Je viens de dire que les
cent millions sont à la banque. Je te raconterai tout ça demain. Tu as besoin
d’une bonne nuit de sommeil.
- Frédéric, je veux tout
savoir tout de suite ! Comment sais-tu que cet argent est à la
banque ? Que veux-tu dire par-là ? C’est quoi cette histoire ?
- Khazey ! Dors
tranquille ! On se voit demain. Je te raconterai tout.
- D’accord, d’accord ! À
demain !
A SUIVRE