Chapitre 13

Write by sokil

Chapitre 13 :

Madame Olam ! Je n’ai vraiment plus envie de me faire appeler ainsi, à quoi ça sert ? J’ai fait le deuil de mon mari, bientôt un an qu’il a disparu ! Il est même sûrement décédé, mais sa famille cache, parce qu’elle sait ce qui s’est réellement passé ! J’ai pris le temps de m’habituer, j’ai pris le temps de m’y accoutumer. En l’espace d’un an j’ai essayé de me reconstruire une nouvelle vie, en tant que célibataire ; je vis toujours dans de grandes difficultés, certes je suis en santé et c’est ça qui compte. Depuis ma délivrance chez le Padre, je continue toujours à maintenir les prières, je ne lâche pas afin de ne pas retomber dans ce chaos ; pour le reste rien n’est rose ; je me bats toujours à chercher à faire quelque chose de concret, mais je n’ai aucune expérience et je vis toujours chez mes parents avec mes enfants. Mes parents eux-mêmes n’ont pas assez de moyens, papa est à la retraite depuis longtemps, il ne s’en sort pas avec sa maigre pensions qu’il touche tous les trois mois ; maman n’ayant jamais travaillé se débrouille dans un petit commerce de vente de vêtements pour enfants,  de seconde main quoi !

 J’ai du faire des pieds et des mains pour inscrire les enfants, ne serait ce que payer la première tranche. Aujourd’hui, c’est moi  qui collecte les sous de gauche à droite, surtout auprès de mes sœurs. Celle-ci ont toujours eu des vies normales, Anne a finit par décrocher un emploi décent, elle gagne assez bien sa vie avec son mari qui s’en sort pas mal aussi ; quant à Laure, elle s’est finalement mariée avec son homme, et tous les deux travaillent, leur vie est toute normale ; moi je suis redevenue la risée de tous ! A la maison, quand tout le monde est sorti, je fais le ménage et la cuisine, je suis devenue la bonne de mes parents, en attendant que je trouve quelque chose.

-          Ma mère : Reine !!! Tu as encore brûlé le riz ???? Ca c’est quoi ça ??? Où as-tu la tête ???

J’ai appris à ne plus répondre, j’ai appris l’humilité, je ne suis plus la Reine d’avant, entêtée, qui répondait à tout va. Je suis devenue serviable, gentille, mais j’ai toujours au fond de moi un élan de tristesse, surtout quand je repense à ma vie d’avant. Mais je dois faire quelque chose, trouver rapidement un travail ; toutes les demandes que j’ai eu à faire son restées lettres mortes, aucune réponses ;  j’ai vu cette offre l’autre jour dans le journal, on recherche une dame de compagnie, il s’agit d’un couple d’expatriés, des français à la retraite, ça me tente ! Ai-je le choix ? Je vais m’y rendre, je n’en parle à personne, je sais que mes parents, surtout ma mère ne l’entendront pas de cette oreille, que je devienne « Bonne » quelque part.

Je m’y rends le lendemain matin à neuf heures on me reçoit, ils habitent le quartier Bastos, une grande villa, un peu semblable à la nôtre, quel ironie du sort !!! Je postule comme dame de compagnie, aucune différence avec femme de ménage qui l’eut cru ? On me fait assoir dans un petit salon ; je ne suis pas mal à l’aise ni éblouie car j’ai connu ça dans mon ancienne vie, et je me sens plutôt apte pour ce type de travail, car je suis restée longtemps femme au foyer, donc je sais comment ça se passe. Le couple Drouet s’est installé au pays depuis plus de vingt ans, le mari avait travaillé comme attaché de presse à l’ambassade de France, et son épouse était enseignante au lycée français ; ils n’ont jamais voulu retourner chez eux ; ils ont pas mal de domestiques, cuisinier, blanchisseurs et j’en passe ; l’ancienne dame de compagnie qui travaillait là avant a du démissionner, car son mari a été affecté dans une autre ville. La dame vient me trouver au salon, toute souriante, l’air très gentil.

-          Mme Drouet : Bonjouuuur !!! comment allez-vous ?

-          Moi : Bien Madame merci !

-          Mme Drouet : Alors ? Comment dois-je vous appeler ?

-          Moi : Madame… Non appelez moi Reine tout court….

Je lui ai expliqué ce qui me motive, j’ai du lui raconter toute mon histoire, bref une partie, elle en fut si touchée, et immédiatement elle m’a expliqué les rudiments du travail.

-          Mme Drouet : Bien ! quand voulez vous commencer ?

Je suis prise de cours, surprise, je lui dis la semaine prochaine, le temps de me préparer ; le salaire, je le trouve bon, du moins pour ma condition, je trouve que c’est pas mal pour un début ; quatre vingt mille francs CFA. Je suis quand même contente. Mais va falloir l’annoncer aux miens, je redoute, mais après tout, il s’agit de ma vie, si je dois me battre, je n’ai pas le choix, je dois commencer par là.

-          Ma mère : Tu es folle ? un travail de bonniche ? C’est tout ce que tu as pu trouver ?

-          Moi : Je ne suis pas bonne, mais dame de compagnie !

-          Ma mère : Et où est la différence ???

Elle m’a engueulée tout l’après midi, je suis allée me réfugier dans la chambre, je n’y suis plus ressortie. J’ai tellement honte, mais je suis convaincue au fond de moi-même que je dois faire ce travail, je n’ai pas cette chance qu’ont d’autres personnes qui, pour être embauchées quelque part sont recommandées, coptées et tout ça là, je faisais à mon niveau. Mon père vient me trouver dans la chambre, je suis allongée, je m’assois.

-          Mon père : Ma Mama !!! tu restes enfermée pourquoi ?

-          Moi : Je me sens bien ici ! ça va !

-          Mon père : Ecoutes ! moi je voulais juste te dire que moi je suis très fier  de toi, et des progrès que tu fais, je ne  pouvais pas imaginer que tu t’en sortirais jusqu’ici, avec tout ce qui s’est passé ; ne t’inquiètes pas, toi continues de l’avant !!! Ta maman veut tout simplement que tu réussisses dans ta vie, elle est seulement trop exigeante…

Ses paroles m’ont réconfortée et m’ont encouragée, je dois juste aller de l’avant ; il y a longtemps que la honte m’a quittée au corps, je ne men rends même plus compte et pour moi ce ne sont plus les apparences qui comptent ; contrairement à ma vie d’avant où tous les artifices, bref tout ce qui brillait de l’extérieur avaient un sens à mes yeux.  Tiens ! ce week-end par exemple je me suis décidée à faire un tour devant notre ancienne maison, question de voir un peu comment elle est devenue, en un an je n’y suis plus allé, Padre m’avait dit que les lieux sont sûrement truffés de choses maléfiques ; même mes parents m’ont déconseillé de m’y rendre ; mais j’ai juste envie de m’y rendre, juste par curiosité ; mon avocat m’avait finalement confirmé que il fallait qu’on ait la preuve que Martin soit vivant ou décédé afin de voir si je peux la récupérer ; j’ai encore tous mes droits sur cette maison, mais les membres de la famille de Martin ont osé riposté par l’intermédiaire de leur avocat, que moi j’ai pratiqué la sorcellerie dans cette piaule et que j’y ai enterré des objets maléfices, et que j’ai peut être tué leur frère ; les choses n’ont fait qu’empirer, conclusion, elle a été scellée. Je veux juste y faire un tour, voir à quoi elle ressemble, ne serait ce que voir l’extérieur, les contours ; je m’arrête là devant la bâtisse, il y a de la poussière partout, et de la broussaille ; je ne peux y pénétrer, car scellée ! Je suis triste tout d’un coup, tant de souvenirs me reviennent à l’esprit, je repense au jour où l’on avait aménagé, je repense aux fêtes qu’on organisait, je repense aux folies que Martin et nous faisions, on avait l’habitude de faire l’amour partout, dans n’importe qu’elle pièce, il fallait juste qu’on s’assure qu’il n y a personne.

Je ne dois pas m’attarder longtemps, je fais demi-tour, surtout que je viens d’apercevoir Solange, mon ancienne voisine, je ne veux pas qu’elle me voit, je marche vite et je baisse la tête ; elle a toujours habité un peu plus bas de la colline, mais on se connaissait très bien, on ne se fréquentait pas, on se saluait juste, c’est tout ; elle ne faisait pas partie de la trempe des nouveaux riches que nous étions dans le coin, alors je la snobais tout le temps ; la croiser là à cet instant précis n’était pas le bon moment. Elle était seule et je crois qu’elle ma vue, je marche si vite, mais elle finir par me rattraper.

-          Solange : Ehhhh !!! Madame Reine ???? Je n’en reviens pas !!! attendez svp ! C’est bien vous ?

Trop tard elle m’a rattrapée, je sens sa main sur son épaule, je me retourne lentement.

-          Moi : C’est bien moi !

-          Solange : Incroyable !!! Je n’en reviens pas !

-          Moi : Oui c’est bien moi, malheureusement !

-          Solange : J’ai cru que vous êtes morte !!!! Nous tous ici au quartier on sait que vous êtes morte !!!! J’ai même failli fuir quand je vous ai vue ! Je me suis dit Une revenante !!!! Mais je me suis ravisée parce que je vous ai vue faire demi-tour

-          Moi : Comment ça ? Je suis morte ???

-          Solange : Votre mari ! Martin Olam c’est ça ? a organisé vos obsèques ici !!! après il a déménagé !

J’ai oublié les personnes les plus importantes qui peuvent servir de témoins, les voisins ! J’ai oublié que je pouvais me renseigner auprès d’eux, mais comme je ne les fréquentais pas, je ne savais vers qui aller. Dans la zone, nous étions les seuls à avoir construit une grande villa et il n y avait pas d’autres maisons voisines aux alentours, les voisins les plus proches étaient vraiment éloignés, il fallait vraiment descendre la colline pour apercevoir quelques maisons de condition modeste.

-          Moi : Qu’est ce tu racontes ? Je ne suis pas morte !!!! J’avais plutôt voyagé !!!

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