CHAPITRE 13
Write by Emyam
LYDIA
J’ai été un peu surprise lorsque Marc-Ariel m’a proposé de
l’accompagner pour...un verre de lait...
Apparemment c’est ce qu’il venait emporter quand nous nous
sommes percutés. Ou plutôt quand il m’a percutée dans les couloirs de la
cuisine. A notre « rencontre »
de la dernière fois, je lui avais expliqué que je partais me chercher un verre
de lait pour mieux dormir et apparemment monsieur n’a pas oublié...
Après que nous nous soyons chamaillé pour savoir qui
nettoierait le lait répandu au sol, il a fini céder et me laisser faire.
Je suis en train de ranger le matériel de ménage que j’ai
utilisé mais je sens son regard sur moi...Je sens qu’il observe chacun de mes
gestes. Et c’est assez...déstabilisant. Je ne m’étais pas préparée à le voir ce
soir...Et comme je ne suis pas du genre à agir sans planifier, je suis un peu
troublée.
Je laisse donc mon regard vagabonder dans la pièce, en espérant
que cela me permettra de dissiper mon inconfort. Ce que je vois me fait
réaliser une fois de plus à quel point Marc-Ariel Ehui est riche. Les deux
semaines que j’ai passé chez eux me m’avaient déjà fait réaliser mais il y a
des moments où on se dit toujours : Waouh...Ils ont vraiment tout ça...
Chez les Ehui, il y a deux cuisines. Toutes les deux très
luxueuses et comme directement sorties d’un magazine de décoration.
Une très grande qui est un peu détacher du centre de la
maison et qui sert de cuisine principale puis une autre, plus petite mais très
équipée quand même qui fait office de kichenette bien que pas aussi petite que
cela et qui est construite comme une cuisine américaine.
-Je...Vous faites souvent cela ?
Je demande en me retournant pour voir son regard qui me
transperce comme pour me sonder.
-Cela quoi ?
-Sortir de votre chambre les soirs pour « prendre un
verre de lait » !
Je mime les guillemets en parlant et cela le fais
apparemment rigoler car il m’offre un sourire éclatant. Un son grave et profond
qui ne laisse souffler aucun doute sur sa masculinité.
Après avoir longuement rigolé, il finit par reprendre son
sourire et me répondre.
-En réalité non...Mais on peut dire que c’est vous qui
m’avez inspiré ! Je n’arrivais pas à dormir et je me suis rappelé de vous
et votre verre de lait alors j’ai voulu tester la théorie sur moi ...Avant que
mon verre ne se retrouve répandu au sol...
Il termine sa phrase par une sorte de sourire carnassier
comme s’il savait quelque chose que j’ignorais et cela me met mal à l’aise...
Mais hors de question qu’il le voit ! Ici c’est moi qui
mène la danse Marc-Ariel Ehui ! Alors apprête-toi à danser au son de ma
musique.
Je me rapproche donc de lui vu qu’il est vers les ustensiles
de cuisine et le frôle « accidentellement » pour récupérer la
bouilloire.
Comme je m’y attendais, je le sens se tendre et voit son
sourire disparaître peu à peu.
Comme si je n’avais rien remarqué je continue mes tâches
nous sert un verre de lait chacun. Je glisse le sien vers lui et comme je suis
de l’autre côté du comptoir, je me penche pour que son verre arrive à lui et
voit ses yeux glisser vers ma poitrine certainement visible sous mon tricot
ample du fait d ma posture. Mais il détourne rapidement le regard et déglutit
discrètement.
Comme je le disais tantôt...C’est moi qui mène désormais la
danse !
Et Marc-Ariel Ehui bien qu’il essaie de faire croire le
contraire a le même point faible que tous les autres hommes.
****
MARC-ARIEL
Putain je suis un con. Un putain de vrai con !
Mais en même temps je ne suis qu’un homme...Que
voulez-vous ? Et les hommes sont faibles. Apparemment je ne suis pas
l’exception qui confirmera la règle.
J’étais tranquillement couché dans ma chambre quand tout
d’un coup une envie soudaine m’a prise de voir miss Koffi...
Oui, vous m’avez bien compris. J’étais couché dans MA
chambre ! Auprès de MA femme...Quand je pensais à la nounou de mon
fils !
Malgré tous mes efforts je n’arrivais pas à me détacher de
ce manque sorti de je ne sais où. C’est ainsi que la partie délirante de mon
esprit m’a soufflé que Lydia était peut-être dehors, dans la cuisine ou je ne
sais où dans la maison et que je pourrais tomber par hasard sur elle.
Alors en vrai malade, je suis descendu errer dans ma maison
comme un psychopathe avant d’avoir l’idée de tester l’histoire de verre de lait
pour avoir un sommeil paisible.
J’ai été assez déçue de ne pas la voir. Mais en même temps
soulagée car en réalité je n’aurais pas su quoi lui dire...Ou plutôt quoi ne
pas lui dire ou lui faire...
Je m’étais donc résignée avant de tomber sur elle dans le
couloir et comme à chacune de nos rencontres c’était...rafraîchissant.
Je me suis senti revivre d’une manière que je n’avais pas sentie
depuis cinq ans...
Bien qu’elle essaie de se donner un certain air, je vois
bien sous sa carapace ce cache une certaine sensibilité. Elle a un petit truc
qui donne envie de la découvrir et de l’aider à se découvrir. Un petit air juvénile
que je n’arrive pas à m’expliquer...
-Yoann vous a énormément demandé cette semaine...Fait-elle
avec une moue adorable.
Oui, je le sais. J’ai été absent ces derniers temps et je m’en
veux assez. Je me suis d’ailleurs promis de passer le week-end avec lui.
J’écoute donc Lydia me raconter sa semaine avec Yoann...Elle
me parle de leurs différentes sorties et activités. Elle me raconte que Yoann
sait désormais compter jusqu’à 20 et en l’écoutant parler, je me mets à
regretter que Cynthia ne tienne pas ce rôle...Qu’elle ne soit pas aussi proche
de notre fils, qu’elle ne parle pas avec autant de passion et d’amour des
moments passés avec lui.
Ma grand-mère me demande parfois pourquoi je reste toujours
marié à Cynthia...Je me pose souvent moi-même la question mais au final reviens
à la même raison.
Je le fais pour mon fils. J’ai perdu mes parents assez tôt
et je sais le manque que l’on ressent à vivre sans eux. Je ne veux pas que mon
fils vive cela. Je sais que le désintérêt de Cynthia le fait souffrir mais je
suis aussi persuadé qu’il serait plus affecté par l’absence de sa mère. Alors
je maintiens cette relation qui ne me satisfait pas forcément pleinement en
tant qu’homme. Et je le ferai aussi longtemps qu’il le faudra car je sais que
le fais pour la bonne raison.
Mais ce soir je veux m’évader, ressentir encore ces choses
que j’avais oubliées.
Alors j’éteins toutes les voix qui me crient que j’emprunte
un chemin tortueux et me focalise uniquement sur Lydia.
J’observe chacun de ses gestes, boit chacune de ses paroles
car elles me font me sentir bien.
Je l’écoute rire et la regarde sourire et j’en tire de la
satisfaction.
Ainsi, pendant des heures, nous parlons de tout et de rien. Je
lui pose des questions sur sa vie. Elle ne me dit rien que je ne sache déjà mais
l’entendre venir d’elle me donne l’impression d’apprendre à la connaitre. Quand
je lui demande son programme de demain pour son week-end de libre, elle m’explique
qu’elle compte en profiter pour se reposer et faire quelques courses. Mais passe
rapidement sur le sujet comme si elle préférait l’éviter.
Je me dis alors qu’elle ne doit pas avoir envie de parler d’elle
car étant seule et sans famille alors je change de sujet et reviens sur des
choses plus légères comme son avis sur des sujets de la vie courante.
Je suis d’ailleurs agréablement surpris car elle se révèle être
une fille très cultivée. Même si elle n’a pas les réponses exactes, elle essaie
de donner son avis et cherche à comprendre les choses qui lui sont incomprises.
Ce soir j’apprends un peu plus à connaître Lydia Koffi et ce
que je découvre me plaît énormément...Peut-être un peu trop d’ailleurs.
Et pendant que je l’écoute, je lutte contre l’envie irrépressible
qui me bouffe de lui faire des choses dingues comme l’embrasser, la
caresser...la coucher carrément sur le comptoir pour la faire hurler de
plaisir.
Eh oui...Vous l’avez compris. Je suis complètement et carrément dans la
merde !
****
Pendant ce temps
CYNTHIA
Couchée dans notre lit, je me réveille, titillée par un
besoin pressant. J’essaie d’en faire fi mais c’est à croire qu’elle ne veut pas
me lâcher. Je m’étire donc paresseusement et m’apprête à sortir de mon lit
quand je remarque l’absence de mon cher époux.
Je ne saurais me l’expliquer...Peut-être l’instinct de femme
mais mon cœur et mon esprit me disent de descendre ; ce que je fais.
Imaginez ma surprise quand après avoir tourné dans la maison
je me dirige vers la cuisine, attirée par la lumière que j’y vois, et que je
vois MON époux, avec la nounou en train
de discuter de je ne sais quoi comme de bons vieux amis ! Ils rigolent même
ensemble et se taquinent.
Je suis tellement choquée que mon sang fait un tour complet
dans mon corps comme si on m’avait remuée comme un prunier.
La première chose qui me traverse l’esprit est d’entrer et
donner une baffe bien sentie à cette petite pétasse voleuse de mari mais Dieu
merci je me raisonne à temps.
Je suis dans une situation délicate et l’impulsivité ne
pourra pas m’aider. Je respire donc à fonds et prend sur moi pour remonter tranquillement
dans ma chambre comme si mon sang ne bouillonnait pas actuellement.
Mais pour qui se prend-t-elle cette fille ? La pétasse
s’est trompée de cible c’est sûr ! Moi Cynthia Ehui je ne me fais voler
mon mari par personne ! Je me suis un peu trop battue pour porter ce nom
pour laisser cette fille venir me voler ce que j’ai pris tant d’années à
construire.
J’ai viré plus coriace que cela de la vie de Marc-Ariel et s’est
avec plaisir que je reprendrai. Après avoir
échafaudé rapidement un plan bien corsé, je vais me coucher le sourire
aux lèvres en ayant même un petite pensée triste pour cette gamine qui n’a
aucune idée de ce dans quoi elle a mis les pieds...