CHAPITRE 13 : La désillusion

Write by delali


Après plusieurs minutes de discussions, Christopher décide de s’en remettre à son père, parce qu’il est pieds et poing liés. Le pire, c’est qu’il ne peut même pas la voir pour lui expliquer. Toutefois, il se dit qu’il ne peut pas partir sans prendre certaines dispositions. Il décide alors de lui écrire une lettre, vue qu’elle n’a plus de téléphone portable, pour lui expliquer et lui dire au revoir. Avant leur départ, Gabriel s’entretient avec son épouse Béatrice. Celle-ci lui fait le point de sa discussion d’avec Assita la mère de Kady :
- Ne t’en fais pas Gaby, la mère de cette jeune fille et moi allons faire le nécessaire. Nous allons gérer entre femmes. Alors pars le cœur léger. Si j’ai besoin de ton intervention, je sais comment te joindre.
- Ok. Je te fais confiance Trice. Tu sais que Chris est à fleur de peau actuellement. Au moindre pépin, il peut encore changer d’avis. Tu sais bien, il a dit de veiller à ce ….
- Ouiiiii Gaby, tu me l’as répété je ne sais combien de fois. C’est bien noté. Dit-elle en le poussant presque hors de la pièce où ils se tiennent.
Gabriel a ainsi laissé des directives à son épouse selon les désidératas de son fils. Cela n’a pas été facile de le convaincre à prendre la route, alors il en fait un point d’honneur de respecter les volontés de celui-ci.
***
Deux jours passent, sans que Kady n’ait de nouvelles de Christopher, alors que sa mère à elle lui a relaté qu’avec la mère de Christopher, ils accélèreront les choses pour voir son père à elle afin de lui annoncer la nouvelle. Le soir de ce jour, après le diner, le père de Kady convoque une réunion familiale :
- Si j’ai réuni la famille ce soir, c’est pour vous annoncer une bonne nouvelle…
Tout le monde est tout ouï, on peut même entendre les moustiques voler. Quelle peut être cette grande et bonne nouvelle ? En tout cas, c’est très souvent pour des raisons de réjouissance qu’on les réunit :
- Vous tous vous savez que Kady a brillamment obtenu son bac, félicitation à elle d’ailleurs.
Tous les regards se tournent vers Kady, certains regards sont chaleureux et appréciateurs, mais d’autres sont envieux et pleins d’aigreur :
- Elle a fait honneur à la famille, C’est une grande fille maintenant, qu’est-ce que je dis, c’est une femme. C’est pourquoi, ses oncles et moi avons décidé qu’il est temps de fixer une date pour célébrer son mariage.
Des applaudissements jaillissent de l’assemblé familial
- Non ! Répond Kady, mais son cri est étouffé par les applaudissements des membres de la famille.
Le père reprend la parole :
- Elle va se marier avec Abdoul, beaucoup ici le connaisse déjà. Il est un grand commerçant…
- Mais papa, je pensais que j’allais continuer mes études !
- Comment oses-tu interrompre ton père Kady ?!! Ferme ta bouche ! lui répond le grand frère de la famille.
- Tes études !!! Reprend le père : D’ailleurs, c’est ton époux Abdoul qui a insisté pour que je te laisse aller jusqu’au bac pour que tu puisses tenir sa boutique, sinon, si ça n’avait tenu qu’a moi, tu serais mariée depuis. Tu ne vois pas tes grandes sœurs ?!
Toute la famille, est contente pour Kady parce qu’elle a eu un « bon partie », sauf ses Aminata, ses sœurs et leur mère. Elles auraient préféré que ce soit l’une d’entre elles que Abdoul choisisse, car il a la boutique la plus achalandée de la ville, il est plein aux as et en plus il n’a qu’une seule femme à l’instant T. Kady quant à elle, reçoit la nouvelle en horreur, puisse que son cœur appartenait déjà à Christopher :
- Le mariage aura lieu dans un mois ! Termine le père de Kady
Tout le monde se retire dans ses appartements, Kady et sa mère font pareil. Une fois à l’intérieur, Kady explose devant sa mère en oubliant même que son petit frère et ses petites sœurs sont là :
- Mais maman pourquoi tu n’as rien dit ?!
- Tais-toi Kady, on va nous entendre.
- S’il te plait maman fais quelque chose. Reprend-t-elle presqu’en larme.
- On ne peut rien faire maintenant, on doit attendre que madame SAN machin chose nous appelle. Mais en entendant tu vas faire celle qui est heureuse de se marier.
Kady ne peut pas supporter tout ça, elle en est sûre, elle risque de craquer et de faire tout de travers. « Mais pourquoi Chris et ses parents mettent tant de temps à venir ? » se demande-t-elle. Elle décide alors de faire un tour chez ce dernier, histoire de l’informer et de demander ce qu’il en est pendant qu’elle a le temps de sortir encore.
Le lendemain de l’annonce de son mariage, toute la maisonnée est en joie, c’est l’euphorie un peu partout, un mariage se prépare. Juste au moment où le diner se prépare, Kady profite de l’instant où les regards ne sont pas tournés vers elle pour s’éclipser. Elle ne sait pas encore quoi dire si l’on venait à remarquer son absence, mais elle s’en fiche. Pour elle, l’heure est grave, et le temps n’est plus approprié au jeu de cache-cache. Elle arrive au domicile de Christopher, elle trouve la maison bien assez calme. Elle rencontre maman Claudine, qui s’apprête à prendre congé, parce qu’ayant terminé son travail :
- Chris ? Christopher est parti ma petite. Lui dit-elle.
- Parti ? Comment ça parti ? Où ça ?
- Il a rejoint la Suisse, il y a de cela 3 jours !
- QUOI !?? NON ! C’est pas possible ! Il peut pas partir, je veux le voir ! Chris où est tu ? Chris !
Elle commence à hausser le ton, à pousser des cris et à hurler. Ses cris alertent Béatrice, la mère de Christopher, qui avance de toute la grâce dont elle seule a le secret. Toujours tiré à quatre épingles, elle se présente sur la terrasse :
- Mais que se passe-t-il ?
- Où est Chris ? je veux le voir ! exige Kady.
- Ah ! C’est bien toi la fille qui prétend être… suis moi. Lui dit Béatrice SANDOL-ROY.
Kady la suit à l’intérieur de la maison, qu’elle trouve très silencieuse d’ailleurs comme s’il y a plus âmes qui vivent sur les lieux :
- Comme on a pu te le dire, mon fils Christopher est parti, lui et ses frères s’en sont allés pour les vacances. D’ailleurs je crois qu’ils vont même continuer leur vie là-bas…
- Quoi ? C’est pas vrai ! Non ! Chris ne peut pas me faire ça. Il m’a promis…
- TIENS ! Il a laissé une lettre pour toi je crois, la voilà !
Béatrice lui tend une enveloppe, Kady la récupère et avec les mains tremblantes l’ouvre :
« Kady,
Quand tu liras cette lettre, je serai déjà très loin. Je n’ai pu te dire au revoir parce que je n’avais pas assez de temps pour mettre de l’ordre dans mes propres affaires. Je suis parti pour concrétiser mon projet de travail dont je t’ai parlé. Tu sais, c’est une opportunité qui ne se présente pas deux fois dans la vie. J’espère que tu comprendras. Je ne pouvais la rater sous aucun prétexte, même pas pour toi, je suis désolé. Je me suis rendu compte que ça ne marchera pas entre nous, nous sommes trop différents, alors je me suis dit pourquoi insisté ! Quant à ta grossesse, il vaudrait mieux que tu t’en débarrasse. Il ne faut surtout pas que ce gosse voit le jour, il souffrirait trop. Je te laisse ce chèque pour faire le nécessaire et autres dans la mesure du possible. Considère ça comme un dédommagement de ma part. Ma mère connait un bon médecin qui pourra te libérer de ça ! Et tu pourras refaire ta vie comme tu l’entends. Porte toi bien, et s’il te plait ne m’en veux pas.
Chris. »

Lorsqu’elle finit de lire la lettre, elle regarde à l’intérieur de l’enveloppe et y trouve un chèque d’un montant très élevé inscrit en son nom propre. Les larmes commencent à lui rouler sur les joues. Elle a l’impression de ne plus sentir son corps. Elle n’a plus la force de faire un seul mouvement, elle se laisse presque tomber sur la chaise qui est à côté d’elle. Elle n’a qu’une seule envie, se réveiller de ce mauvais rêve. Mais hélas, elle regarde autour d’elle et se rend compte que c’est la triste réalité. La mère de Christopher est bien là devant elle, attendant sa réaction, elle ne fait que pleurer de plus bel. Béatrice se rapproche d’elle :
- Mais ma chère, pourquoi tu pleures, tu n’en as pas besoin, mon fils m’a dit que tu comprendrais.
- Non... Chris n’a pas … pu … m’abandonner. Répond-elle doucement.
- Il a dû faire un choix, ne lui en veux pas ! En plus, c’est mieux pour vous deux, vous êtes trop jeunes. Vous allez gâcher vos vies avec une grossesse non désirée. Ta mère est du même avis que moi, tu vas stopper ce truc qui est ton ventre et tu seras comme neuve, d’accord ??
- Quoi ? …ma mère ? …elle m’avait dit…
- Oui ma chère, elle va t’accompagner chez le docteur.
Kady n’a plus la force de faire ou de dire quoi que ce soit. C’est comme si on lui a retiré ce qui la fortifiait. C’est comme si par le passé, c’était Christopher qui lui donnait des forces et maintenant qu’il n’est plus là, elle est vide, sans rien en elle. Elle se lève et prend le chemin de la sortie, Béatrice la raccompagne tout en lui parlant :
- Tiens, là c’est la carte du gynécologue qui va faire le travail. Tu le donneras à ta mère une fois à la maison. Ne le perds surtout pas hein ! Dis-lui que j’allais l’appeler demain matin, mais comme toi-même tu es arrivée tu vas lui transmettre la commission. Surtout dit lui de se presser, faut pas que cela fasse trois mois avant que vous y alliez.
Kady ne répond rien, elle est comme un zombie, elle avance en regardant droit devant elle. Elle tient dans ses mains, la lettre de Christopher, son chèque et la carte du gynécologue. Une fois devant la terrasse, Béatrice se retourne à l’intérieur de la maison en lui souhaitant un bon retour chez elle. Kady se retrouve seule à marcher comme une revenante, elle dépasse maman Claudine qui n’est pas encore partie, sans même lui dire au revoir, ce qui intrigue celle-ci :
- Kady ? tout va bien ?
Elle ne répond pas, elle ne fait que continuer son chemin vers le portail, alors maman Claudine la rattrape :
- Ma chérie, qu’est ce qui ne va pas ? Chris ne t’a pas dit qu’il partait c’est ça ?
- Non !
A ce moment-là, elle laisse libre court à ses pleurs et à ses angoisses, comme si elle a trouvé l’épaule et l’oreille qu’elle recherche :
- Il m’a abandonné. Il m’avait pourtant juré qu’il allait trouver une solution. Il me disait de ne pas m’en faire. Mais tout n’était que mensonge maman Claudine. Christopher se moquait de moi depuis tout ce temps, il n’en avait rien à faire de moi.
- Calme-toi, calme-toi, tu vas te rendre malade, et dans ton état, ce n’est pas bon.
- Il n’en veut plus maman Claudine ! Il m’a dit de me « libérer de ça » !
- Quoi ? Non ! c’est pas vrai, mon Christopher n’est pas comme ça, je le connais depuis presque tout petit…
- C’est un menteur maman Claudine, il n’a fait que mentir !!! hurle-t-elle.
Elle recommence à pleurer et hurler. Maman Claudine l’attire donc hors de la demeure, pour ne plus attirer l’attention de Béatrice SANDOL-ROY. Une fois dehors, Kady hurle de plus bel, maman Claudine essaye de la calmer mais en vain :
- Après s’être amusé avec moi, il me jette comme un torchon...
- Mais calme toi ma chérie…
- Je veux mourir ! Je veux mourir comme mon enfant ! continue-t-elle plus en pleur.
- Non mais tu es sérieuse ? Chris n’a pas pu te dire ça.
- Mais regardez, il l’a écrit ici !
Elle lui prend la lettre des mains et se met à lire, pendant ce temps, Kady ne fait qu’hurler :
- Je te déteste Chris, je te déteste !!! Sois maudit… sois… maudit…
Une fois que maman Claudine finit de lire la lettre, elle a une larme qui perle aux coins des yeux. D’une main, elle essuie rapidement son visage et perçoit un bruit sourd juste avant de se rend compte du calme soudain qui règne autour d’elle. Elle se met alors à chercher Kady du regard. Elle regarde autour d’elle et la retrouve à quelques mètres plus loin, écroulée sur le sol, inerte.

« Sorry pour l'absence du jeudi dernier, je ferais tout pour me rattraper, big love love love à vous et bon week-end !! »

L'enfant de la Honte...