CHAPITRE 14

Write by Maylyn

La salle fut remplie de murmures en quelques secondes. Il me semblait que même les musiciens avaient arrêté de jouer mais je n’en étais pas sûr, complètement sonné par les mots qui venaient de sortir de la bouche de Kady. Mais mon instinct protecteur fut plus fort et en une seconde, je fus aux côtés de Yélé. Elle était aussi immobile qu’une statue,son teint de nature pâle avait pris une couleur cendre et si je ne l’entendais pas respirer aussi rapidement, j’aurais cru qu’elle était morte. La journaliste, dont le regard trahissait une joie à peine contenue d’avoir trouvé le « scoop du siècle », restait aux aguets et fit signe au photographe de prendre des photos. Quant à Kady, elle jubilait littéralement et ne quittait pas ma sœur des yeux. C’est cet air triomphant qui me fit sortir de mon silence :

-Qu’est-ce que tu racontes Kady ? C’est quoi cette histoire ? Demandai-je en français.

Mais elle m’ignora complètement et s’adressa encore une fois à Yélé et toujours en anglais.

-Alors Yélen ? Tu n’embrasses pas ton PAPA ? Il y a longtemps qu’il espère cette rencontre tu sais.

Soudain, j’entendis un murmure et il me fallut quelques secondes pour me rendre compte qu’il venait de Yélé.

-PM ?

-Oui Chérie ?

-Tiens-moi.

-Quoi ?

-Tiens-moi parce que je crois que je suis en train de tomber évanouie.

J’eus juste le temps de la rattraper avant qu’elle ne touche le sol. La prenant dans mes bras, je me dirigeai vers les escaliers, demandant à Zeinah, son assistante et l’une de ses meilleures amies de me suivre. J’entendis vaguement Andrew s’excuser auprès des invités, trouvant des mots polis et fermes pour leur signifier que la fête était terminée et qu’ils pouvaient rentrer chez eux. Malgré moi, je lui en fus reconnaissant. Arrivé à l’étage, Zeinah m’ouvrit la porte de la chambre dans laquelle Yélé s’était installée depuis la veille. Je la couchai doucement sur le lit et au moment où je m’apprêtais à lui retirer ses chaussures, Zeinah m’en empêcha :

-Laisse ça PM. Je m’en charge.

-Tu es sûre ?

-Mais oui ! Je vais veiller sur elle. Toi, vas plutôt t’occuper de cette histoire.

-Ok ! Surtout, n’hésite pas à m’appeler s’il y a un souci ok ?

-Oui t’inquiète ! 

-Je ne serai pas long ! Enfin, je l’espère.

Laissant ma sœur entre ses mains, je redescendis rapidement les marches, sentant ma colère grandir au fur et à mesure que je dévalais l’escalier. J’étais fou de rage quand je réapparus dans le salon. 

-Kady ! Hurlai-je, fonçant tout droit sur elle.

Andrew s’interposa entre nous, me tenant fermement pour m’empêcher ainsi de lui tordre le cou au sens propre du terme.

-Lâche-moi Andrew ! Je vais la tuer !

-Calme-toi Pierre-Marie ! Ne laisse pas ta colère prendre le dessus ! Je te comprends parfaitement et j’ai moi aussi des envies de meurtre mais ça n’aiderait nullement Yélé n’est-ce pas ?

Le repoussant, je me mis à parcourir la pièce de long en large, retirant ma veste, mon nœud papillon et enlevant les premiers boutons de ma chemise et ceux de mes poignets pour me retrousser les manches.

-Mon Dieu ! Comment peut-on être aussi mauvaise ?! Tu as atteint le summum là cette fois-ci !

Se cachant presque derrière l’homme qu’elle prétendait être le père de Yélé, elle ironisa :

-Moi mauvaise ? Excuse-moi d’avoir voulu aider !

A ces mots, je vis rouge. Me rapprochant dangereusement d’elle, je fus encore une fois retenu par Andrew.

-Mais tu vas la fermer Vipère ?! Comment ai-je pu te supporter durant toutes ces années ? Chaque fois que tu as humilié quelqu’un, je t’ai trouvé des excuses ! Chaque fois que tu m’as montré ton sale caractère, j’ai été indulgent ! Mais cette fois, ça suffit ! Tu vas dégager tes putains d’affaires de chez moi et basta !

-S’il vous plaît, calmez-vous ! Ne dîtes pas des choses que vous pourriez regretter plus tard. D’accord ? Nous interrompit Andrew en français.

Bien sûr il fallait que Monsieur Parfait parle aussi le français !

-Et si déjà on essayait d’y voir plus clair ? Bon, Monsieur…

-Keïta. Je m’appelle Lassina Keïta, prononça pour la première fois le supposé père biologique de Yélé d’une voix grave.

-Monsieur Keïta, asseyez-vous je vous prie.

Ce qu’il fit immédiatement, paraissant presqu’aussi bouleversé et dépassé que nous par la situation.

-Ecoutez…dit-il hésitant. Je ne veux pas créer de problèmes plus qu’il n’en faut d’accord ? Tout ce que je veux, c’est pouvoir enfin voir ma fille.

-Rectification : votre SUPPOSEE fille !

-Je ne crois pas non ! J’ai déjà fait faire le test de paternité et C’EST le père de Yélen ! J’ai même les papiers avec moi au cas où !

Kady me narguait malgré mon humeur assassine.

- Faîtes-la taire sinon je sens que je vais commettre un meurtre !

-Pourquoi me tairais-je ? Je n’ai rien fait de mal !

-Rien fait de mal ? Tu rigoles ou quoi ? Tu pouvais très bien venir avec cet homme à la maison pour qu’il rencontre Yélé ! Mais non ! Il a fallu que tu attendes le jour de sa fête, alors que tu savais parfaitement qu’il y aurait du monde et les médias ! Tu sais pourtant à quel point elle tient à sa vie privée ! Tu sais ce qu’elle a vécu quand elle vivait au Mali ! Comment as-tu osé ? Bon sang qu’est-ce qu’elle t’a fait pour que tu la détestes autant ?

-Ce qu’elle m’a fait ? Hurla-t-elle. Tu me demandes ce qu’elle m’a fait ? Mais regarde-toi Pierre-Marie en train de voler une fois encore au secours de ta Chère Sun ! Voilà ce qu’elle m’a fait ! Depuis que tu l’as ramassée dans la rue comme un chien bâtard pour la ramener chez toi, je n’ai plus eu la paix ! C’était toujours Yélé a fait ci ! Yélé a fait ça ! Ne fais pas ça Kady ! A ta place, Sun aurait agit autrement ! Lorsqu’elle était petite, tu restais des heures au téléphone avec elle ! Parfois même tu annulais nos sorties parce que ta petite sœur adorée n’avait pas terminé de piailler au téléphone ! Mais ça ce n’était rien ! Quand elle est devenue la bête de foire du siècle adulée de la planète, Skype est devenu ton meilleur ami ! Tu as même commencé à collectionner ses photos ! Tu ne pensais pas que j’étais au courant hein ! Eh bien, je t’apprends que si ! J’ai vu ce classeur dans lequel tu les gardes précieusement comme un ado devant son idole ! Et comme si ce n’était pas encore assez, voilà qu’elle se pointe chez toi ! Chaque fois que tu es en présence d’elle, tu baves pratiquement ! Et je hais ce regard ! Mon Dieu qu’est-ce que je le hais ! Et tu sais pourquoi ? Parce que j’aurais voulu que tu me regardes de la même manière ! Mais tu ne l’as JAMAIS fait Pierre-Marie ! J’ai attendu pendant des années ! Mais TOUT était pour Yélé et RIEN pour Kady ! Et la goutte d’eau qui a fait débordé le vase, c’est quand elle m’a jeté toutes ces insanités à la figure le lendemain de son arrivée! A cet instant, je me suis promis qu’elle allait me le payer !

-Mais tu étais au téléphone en train de m’insulter ! Tu disais que je n’étais qu’une « idiote dont la célébrité n’était dû qu’à son teint de salamandre et qu’on exhibait telle la nouvelle attraction d’un zoo» Tu as même ajouté « qu’on devait mettre les monstres de mon espèce à la poubelle dès la naissance »! Qu’est-ce que tu voulais que je réponde à ça?

Nous tournâmes tous la tête vers Yélé que nous n’avions pas entendu arriver parce qu’elle était pieds nus. Elle s’était changée et avait revêtu une longue robe toute simple en pagne. Nous fûmes tellement surpris de la voir que personne ne réagit lorsqu’elle s’élança vers Kady et lui donna une gifle magistrale sur la joue. Puis profitant que celle-ci soit tombée à cause de ses hauts talons, elle s’assit à califourchon sur elle et lui administra deux autres gifles sur ses joues.

-Je vais te faire bouffer tes mèches imbécile ! Cria-t-elle en tirant sur les extensions de son adversaire.

Plus prompt à réagir, Andrew -encore lui-la souleva par la taille pour les séparer.

-Calme-toi Tigresse ! Je t’aurais bien laissé faire mais tu ne mérites pas d’aller en prison à cause d’elle. 

-Alors qu’elle disparaisse de ma vue !

Se relevant péniblement, Kady rétorqua :

-Je vais m’en aller ne vous inquiétez pas ! Je n’ai certainement pas envie de rester avec une telle bande de ploucs ! Mais ne croyez pas que j’en ai terminé avec vous !

Jetant par terre une grosse enveloppe prise dans son sac, elle tourna le dos et sortit, pensai-je, définitivement de ma vie. J’étais trop en colère à ce moment là pour éprouver un quelconque sentiment de tristesse.

-Maintenant que l’élément perturbateur s’est envolé, vous pourrez discuter plus calmement, déclara Andrew. Quant à moi, je vais essayer de voir ce qui se passe sur les chaînes people et sur les réseaux sociaux. La nouvelle a dû déjà se répandre un peu partout. Je ne vous promets rien mais je vais essayer de faire jouer mes relations. Ça va aller Yélé ?

Il lui caressa délicatement la joue. Mettant sa main par-dessus la sienne, elle lui répondit avec un sourire vague :

-Oui merci Andy. 

Je ne pus retenir un air de défi quand, lui passant le bras autour des épaules, je répliquai :

-Je suis là donc elle ne craint rien ! 

Nous nous jaugeâmes quelques secondes puis il s’en alla.

Je m’assis aux côtés de Yélé sur le canapé, faisant ainsi face à Monsieur Keïta et le regardai vraiment pour la première fois. Je compris immédiatement pourquoi j’avais eu cette impression de l’avoir déjà vu quelque part. Il n’était pas nécessaire de faire un test de paternité. Il n’y a avait qu’à observer cet homme pour savoir que lui et la jeune femme faisaient partie de la même famille. C’était de lui qu’elle tenait sa taille élancée et ses traits nobles. 

-Comment m’avez-vous retrouvée ? Lui demanda-t-elle d’emblée.

-A vrai dire, cela fait des années que je te cherche. Si tu veux bien, j’aimerais tout te raconter pour que tu comprennes mieux ton histoire.

-Je suis toute ouïe.

Prenant une grande inspiration, il se lança :

-Eh bien, ta mère et moi étions très jeunes lorsque nous nous sommes rencontrés et que nous avons décidé de nous marier. Au début, tout se passa dans les meilleures conditions. Sa famille et la mienne était d’accord pour ce mariage. Quelques années après, il y a eu une grande sécheresse dans le village alors, j’ai pris la décision difficile d’aller à Bamako pour chercher du travail. Là bas, je résidais chez un oncle mécanicien qui accepta que je travaille pour lui. N’ayant aucune charge là-bas, je pouvais me permettre d’envoyer presque tout l’argent que je gagnais à ma femme. Deux mois plus tard, j’appris qu’elle attendait un enfant. Je fus fou de bonheur et eut le projet de les faire venir elle et mon futur bébé pour vivre avec moi. Alors, je travaillai encore plus dur en faisant d’autres petits boulots à droite et à gauche, une sorte d’homme à tout faire si tu veux. Les mois passèrent et un jour, en rentrant de chez des clients qui avaient eu un souci de plomberie, je vis toute la maisonnée en pleurs. C’est ainsi que j’appris que ma femme et mon enfant étaient morts durant l’accouchement. Je pleurai toutes les larmes de mon corps pendant des semaines entières. Puis les années passèrent, je m’installai définitivement à Bamako, gérant le garage de mon oncle qui se faisait vieux. Un jour, en lisant le journal, j’appris l’arrestation de malfaiteurs qui avaient été arrêtés pour l’enlèvement d’une fillette albinos de 10 ans dans le village des parents de ma femme. Ma surprise fut grande lorsque je lus le nom du frère de ma femme parmi eux. Je sus immédiatement que c’était de ma fille qu’on parlait, d’abord parce qu’il y a des albinos dans ma famille, ensuite parce que cette fillette avait l’âge qu’aurait eut mon enfant s’il était encore en vie. Je partis donc au village récupérer ma fille mais arrivé là bas, j’eus nouvelle autre déception : elle avait été recueillie par une famille en Côte d’Ivoire. Il ne fut pas difficile pour moi de retrouver cette famille quelques mois plus tard vu qu’elle était très connue. Et là on me signifia que…

-Attendez une minute ! Vous êtes venu à la maison ?

-Oui et j’ai été reçu par tes…parents qui m’ont dit qu’ils avaient obtenu ta garde, que la procédure d’adoption était déjà en cours et qu’ils ne comptaient pas te laisser. Ils m’ont bien fait comprendre qu’ils feraient tout pour t’avoir. Alors, j’ai beaucoup réfléchi et je suis arrivé à la conclusion que tu étais bien mieux chez eux. Ils étaient fortunés et tenaient énormément à toi apparemment. J’ai au moins eu le droit d’aller voir ta chambre et j’ai secrètement pris un bracelet sur ta table d’étude. Il ne m’a jamais quitté depuis.

Il releva sa manche et nous vîmes à son poignet gauche un petit bracelet coloré qui avait visiblement eu des jours meilleurs. 

-Je le reconnais. Je l’avais confectionné moi-même avec des tiges en plastique que m’avait offert Maman, murmura Yélé d’une voix tremblante. Je l’ai cherché durant au moins une semaine.

-Désolé, je te l’avais piqué, dit-il esquissant un sourire hésitant.

-Pas grave. Continuez.

-Eh bien, la vie a reprit son cours et les années se sont écoulées. J’ai obtenu la Green Card et je me suis installé à Chicago où j’ai un petit salon de coiffure pour homme maintenant. J’ai essayé de t’oublier mais sans succès. Et quand j’ai eu l’agréable surprise de te voir sur la couverture d’un magazine, j’ai commencé à les collectionner tous ! A cause de toi, tous les mecs dans mon salon me charrient parce que seules les chaînes de télé people sont autorisées là-bas, ajouta-t-il un rire dans la voix.

Cette petite anecdote fit sourire Sun. 

-Et c’est comme ça qu’un jour j’ai appris que tu étais pour un bon bout de temps à New York. Alors, je n’ai pas pu résister à la tentation de me rapprocher de toi. Je comptais juste venir et t’observer de loin. Je l’ai fait d’ailleurs durant quelques semaines et un vendredi, sans réfléchir, je suis venu et j’ai sonné à la porte. C’est Kady qui m’a ouvert. J’ai demandé à te voir et malheureusement, tu n’étais pas là. J’ai donc fait la bêtise de lui dire qui j’étais. Elle m’a fait croire qu’elle était une amie à toi et qu’il fallait que je patiente un peu et qu’elle préparerait le terrain en te parlant de moi. Et que le jour où tu serais prête à me recevoir, elle me ferait signe. Elle m’a même installé dans une chambre d’hôtel de luxe en attendant. 

-C’est sans doute le fameux vendredi où elle a subitement décidé de faire la paix avec toi Sun.

-Pour terminer mon histoire, elle est venue aujourd’hui me dire que tu acceptais de me rencontrer et que tu voulais que j’assiste à ta fête d’anniversaire ce soir. La suite, tu la connais. Si j’avais eu ne serait-ce qu’un doute sur tout ce qu’elle me racontait, je te jure que je ne serais jamais venu. Crois-moi s’il te plaît. Je suis vraiment désolé pour tout cela. 

Il paraissait vraiment bouleversé en proférant ces dernières paroles. A la suite de toutes ces révélations, un silence s’installa durant ce qui me parut une éternité. On pouvait même entendre le tic tac de l’horloge murale. Je me refusai à croire totalement cette histoire parce que si tout ce qu’il venait de nous raconter était vrai, je devrais aussi reconnaître que la responsabilité de mes parents dans la séparation de ma sœur avec son père biologique. Et cela me dérangeait fortement. Finalement, ce fut Yélé qui rompit le silence :

-Je suis vraiment désolée…mais je ne sais pas comment réagir à tout cela en fait…

-Oh je comprends parfaitement. Je me doute bien que tu dois avoir besoin de temps pour digérer tout ça. Si tu veux, je te laisse mon numéro de téléphone pour me joindre lorsque tu auras pris une décision.

-Ou alors… commença-t-elle en me regardant.

Comprenant immédiatement ce qu’elle avait en tête, je lui fis les gros yeux comme pour lui dire de ne pas le faire. Détournant le regard, elle continua :

-…Vous pouvez rester ici pour la nuit. Il y a plusieurs chambres et je ne pense pas que vous puissiez trouver un moyen de transport pour repartir à cette heure tardive. 

-Vraiment ? Cela ne vous dérange pas ?

-En fait…

-Non pas du tout ! S’écria-t-elle en me lançant un regard d’avertissement. Je vais demander à ce qu’on vous prépare une chambre et une collation. Vous devez avoir un petit creux non ?

-C’est vrai que je n’ai pas dîné avant de venir.

-Alors c’est décidé ! 

-Veuillez nous excuser une seconde. Sun, tu peux venir un instant sur la terrasse ? 

Une fois dehors, la baie vitrée refermée derrière nous, je murmurai :

-Qu’est-ce que tu fous ? On ne connaît pas cet homme ! Qu’est-ce qui prouve que c’est véritablement ton père ?

-C’est lui PM ! Tu as vu comment on se ressemble ? Et puis, je ne pense pas que Cruella –et je te préviens, tu n’as pas intérêt à m’interdire l’appeler comme ça-se serait donnée tout ce mal si elle n’était pas certaine que c’était vrai ! PM, c’est MON PERE tu comprends ?! C’est la première fois que je rencontre quelqu’un à qui je puisse m’identifier ! Je me suis toujours demandée à qui est-ce que je ressemblais le plus entre mes parents? A qui je devais ces longues jambes ? De qui je tenais cette langue bien pendue ? Et j’en passe ! Et puis, si ce qu’il a dit…

-Ne fais pas de conclusions hâtives…

- …Si ce qu’il a dit est vrai, ça signifiera que contrairement à ce que j’ai toujours cru, j’ai été désirée et AIMEE par mes parents et ça change TOUT ! 

-Alors quoi ? Tu vas le serrer dans tes bras et l’appeler Papa et vous vous organiserez des sorties père-fille pour rattraper le temps perdu c’est ça ?

-Arrêtes ça ok ? Et puis pourquoi pas après tout ! J’en ai bien le droit non ? 

-Et les parents, tu les mets où dans cette nouvelle vie de rêve ?

-Ne me parle pas surtout pas d’eux pour le moment ! Je suis trop en colère contre eux et je pourrais dire des choses que je regretterais ! Mais crois-moi, je ne laisserai pas ça passer ! Pour le moment, j’ai besoin de penser au présent ! Kady m’a mise dans une mouise pas possible de laquelle il faut absolument que je me sorte. Il n’en faudra pas beaucoup pour que les médias aient vent de toute ma vie malgré l’aide d’Andy et il faut qu’on gère ça. Je suis certaine que Tracy doit avoir bourré mon téléphone de messages vocaux et d’appels en absence. Sans parler des paparazzi qui ne manqueront pas de venir squatter devant cette maison dès demain…

-Eh !

-Quoi ?

Lui tendant les bras, je lui dis doucement :

-Viens là !

Immédiatement, elle vint se blottir dans mes bras, tremblante.

-Oh PM, je suis terrifiée ! Qu’est-ce que je vais faire ?

-Ne t’en fais pas ! Tu as pleins de gens autour de toi près à t’aider, moi le premier !

-Oui tu as raison ! Tout se passera bien. N’est-ce pas ?

-Mais oui ! Occupe-toi de ton…père d’accord ? Laisse-nous nous charger du reste. Si nous avons besoin de toi, nous te ferons signe ok ?

-Ok !

Une heure après, j’étais dans le bureau avec Zeinah et Andrew et en train de discuter sur Skype avec Tracy. Comme prévu, la nouvelle s’était répandue comme une trainée de poudre et la pauvre assistante de Yélé était submergée d’appels. Ma sœur et son…père étaient tous les deux dans leurs chambres respectives et j’espérais que le thé à la camomille qu’on lui avait monté avait enfin réussi à la calmer. 

-Pour demain, tout est arrangé. J’ai demandé à ce qu’un hélicoptère de mon père vienne nous chercher. Il nous prendra à l’arrière de la maison pour éviter les paparazzi.

-Merci Andrew, dit Tracy. Nous pourrons ainsi gagner du temps. Je rentre demain de Paris et je me rendrai directement à l’agence. Monsieur Peters a demandé une réunion de crise avec tous les conseillers en communication qu’emploie la boîte donc dîtes à Angel que tout se passera bien. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète d’accord ?

-D’accord, je le lui dirai, acquiesçai-je.

-Zeinah, tu devras être présente toi aussi. Nous aurons besoin de toi.

-C’est noté ! 

-Bon, je crois que vous devez aller tous vous coucher maintenant. Demain sera une journée difficile. Bonne nuit !

J’étais dans ma chambre, près à fermer les yeux quand mon portable sonna. Je vis que l’appel venait d’Abidjan. Prenant une grande inspiration, je décrochai.

-Allô ?

-Qu’est-ce que c’est que cette histoire PM ?

Il était très rare d’entendre mon père élever la voix mais pour le coup, je le compris.

-Je vois que la nouvelle est déjà arrivée jusqu’à vous. Oui Papa, avec la complicité de Kady, un homme s’est pointé à l’anniversaire de Yélé affirmant être son père. Malheureusement, il y avait un journal qui devait couvrir l’événement donc imagine la suite. Comment l’avez-vous appris ?

-C’est Natalia qui a appelé ta mère il y a quelques minutes pour lui demander d’allumer la télé et de mettre la chaîne people câblée. Depuis, elle est dans tous ses états !

Effectivement, j’entendais des cris de ma mère dans le fond.

-Et qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

Je lui racontai tout y compris les révélations que Monsieur Keïta nous avait faites. 

-Et je suppose qu’il a omis de vous préciser que nous lui avons donné un très gros chèque pour qu’il accepte de ne plus chercher à la revoir ?

-Quoi ?

-Oui Mon Fils ! Avec ta mère, nous avions beaucoup réfléchi. Nous ne voulions pas éloigner Yélen de sa famille biologique et encore moins de son père. Mais en même temps, nous voulions la protéger. Alors comme nous ne savions pas s’il était sincère ou pas, nous avons décidé de le tenter avec de l’argent et à notre grande déception, il a accepté. Voilà la vérité ! 

Je savais bien que c’était trop beau pour être vrai. Cet homme était un escroc. 

-Passe-moi le téléphone Désiré ! Allô Mon Fils, comment va Mon Bébé ?

-Elle se repose Maman. Ne t’inquiète pas, je veille sur elle.

-La pauvre doit être complètement perdue ! Oh cette sale petite garce ! Si elle était en face de moi en ce moment, je te jure que c’est son cadavre que j’aurais expédié à ces parents ! Comment a-t-elle osé ?! J’ai toujours su qu’elle n’était pas faite pour toi Pierre-Marie ! Tu vaux mieux que ça Mon Fils ! D’ailleurs, je viens là-bas…

-Non Maman, ce n’est pas la peine. La dissuadai-je immédiatement.

Si ma mère s’en mêlait, les choses ne pourraient aller qu’en empirant.

-Pardon Maman, reste à la maison ! Je m’occupe de tout d’accord ? Ou alors, tu n’as pas confiance en moi ? 

-Si bien sûr mais…

-Alors, reste à la maison. Yélé va bien. Elle est un peu secouée mais elle est forte. Après tout c’est ta fille non ?

-Oui tu as raison ! C’est MA fille ! Mais il faut absolument que tu éloignes cet homme d’elle ! Il n’est pas bon pour elle !

-Papa m’a expliqué et crois-moi, je vais m’en occuper !

-D’accord, je veux bien rester pour le moment. Mais si jamais, il y a un problème, je rapplique ! C’est clair ?

-Très clair ! Bon, je vous laisse maintenant. Papa t’expliquera dans les détails tout ce qui s’est passé ici.

-Tiens-nous au courant surtout de la suite et dis à Yélé que nous l’appellerons dans la journée.

-Euh…ok. Je vous aime. Bye !

-Nous t’aimons aussi PM ! A plus tard !

Donc comme ça, Monsieur Lassina Keïta n’était pas tout à fait l’homme qu’il prétendait être. Je m’endormis en me promettant d’avoir une très bonne discussion avec lui demain.

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