Chapitre 14

Write by Victoria04

Chapitre 14

Je pousse légèrement le rideau afin de pouvoir observer discrètement mes quatre oncles depuis le couloir. Ma mère remarquant mon geste, me tire violemment par la main.

N’ayant pas apprécié son geste je crie mon mécontentement.

-Mama arrête !

Tous les regards convergent vers nous.

Ces idiots n’ont pas du tout changé, bon s’ils ont légèrement vieilli d’autres ont pris du poids d’autres ont plutôt maigri.

-On vous attendait depuis là ! crie un oncle.

-Vraiment les femmes hin ! C’est quoi ça ? Rajoute un autre.

Ma mère pousse un soupir avant de commencer un discours d’excuses.

-Veuillez nous excuser, vraiment ne nous en voulez pas.

Je me demande s’ils n’ont même pas une once de honte en eux ! Comment peuvent-ils réapparaitre après tant d’années dans notre vie sans gêne ni honte ?

Hum la belle-famille africaine ! Tellement d’hypocrisies non dites !

Comment peut-on chasser une femme veuve avec ses deux filles à peine adolescentes, d’autant plus que ma mère n’avait aucune source de revenus stables. Je me remémore encore les cris de mama et Tara lorsqu’ils jetaient nos valises à l’extérieur, c’est tout ce qu’on avait pu garder même le peu de meubles de la maison nous n’y avions pas droit.

Moi j’étais tellement choquée que je n’arrivais pas à pleurer, j’étais juste là à observer la scène, les yeux pleins de rage et rancune.

Oui je leur en voulais pour n’avoir pas été là pour nous soutenir ! Je venais de découvrir la méchanceté de l’être humain.

Nous ne savions même pas où aller, il était juste seize heures le soleil se coucherait vers dix-huit heures, nous n’avions même pas d’adresse disponible. Ma mère dû ravaler ses larmes et se montrer forte afin de réfléchir à un endroit où nous loger.

C’était impossible d’aller dans sa famille car sa famille se trouvait en Mauritanie d’ailleurs elle était orpheline depuis son enfance donc elle n’en plus n’avait pas vraiment de liens avec sa famille mauritanienne.

Par coup de chance Yannicia, mon ex meilleure d’amie de l’enfance vint nous trouver dehors armées de nos valises, avec tout ce brouhaha j’avais oublié que nous devions nous retrouver pour préparer des exposés de classe. Gentille et compatissante comme elle était,elle se proposa pour nous accueillir dans une des nombreuses villas de son père, il semble qu’il possédait un ensemble de maisons communes couramment appelés Celibatérium, il disposait d’une maison libre à une chambre salon le genre de maisons de célibataire pas de famille monoparentale.  Alors dans la grosse V8 de son père nous embarquions, elle appela un chauffeur de taxi pour qu’il récupère nos effets.

Je me sentais tellement honteuse ce jour-ci, je ne l’oublierai jamais.

-Niyah on te parle depuis tu ne réponds même pas !

Je suis violemment ramenée à la réalité par la voix d’un de mes oncles.

-Tu es devenu impolie même ! Nous faisons cette longue distance pour discuter avec vous et tu ne réponds pas ! Hindah c’est comme ça tu éduques tes filles ?

Espèce d’imbécile. C’est tout ce que tu as à dire ? T’étais où lorsque nous manquions de nourriture ?

-Puis tu ne réponds toujours pas !

Je lui lance un regard noir.

Ma mère panique bien évidemment, elle leur voue tellement de respect.

-Excusez-moi, elle ne sent pas bien. Il ne faut pas faire attention, continuons la discussion.

Tchurrrrrrrrrr maman même ce n’est pas la peine.

-D’accord ! Nous disions que son fiancé était chez nous la dernière fois, nous avons pu remettre la liste, il a tout remis avec un petit bonus.

-Mashallah ! s’exclame ma mère.

- Mais nous n’avions pas compris pourquoi votre fille n’était pas là ! Il y’avait des invités du quartier, des personnes connaissant votre père, de la boisson avec de la nourriture.

-Toi-même Hindah tu n’étais pas là ! Fiançailles de ta fille aussi ! Qu’est-ce que ça veut dire ? On remballe tout le quartier pour vous et vous faîtes le malin, c’est à cause du monsieur riche là ! Rajoute un autre.

Je serre les poings pour me calmer mais en fait rien d’étonnant de leur part, ils ont toujours été si hautains et méprisants.

Ma mère tente de se justifier mais elle balbutie juste.

-No….n bo..nnn en fait ….

Un oncle lui coupe la parole.

- Tais-toi là-bas c’est quoi tu veux dire ? C’est parce que tu n’as plus ton mari tu veux devenir une femme rebelle !

Je fronce les sourcils.

-Les étrangères là ! Qui a dis à notre frère d’épouser une mauritanienne !? Femme sans valeurs !

Ma mère fond en larmes.

Je ne le supporte pas, je réagis immédiatement.

-Mais vous vous prenez pour qui ? Hin ? Comment vous débarquez chez nous un bon matin, dans notre maison construite par nos efforts. Voyez-vous cette maison regardez bien le luxe ! Regardez les fauteuils où vous êtes assis avec vos sales accoutrements ! Vous puez de la merde !

Ma mère tente de m’interrompre en mettant sa main contre ma bouche.

-Petite fille impolie là ! Tu te prends pour qui ? On ne t’a pas appris le respect des aînés ? Si ton idiote de mère te laisse démontrer ton impolitesse avec moi ce ne sera pas le cas hein !

Je retire la main de ma mère.

-Imbécile ! pauvre type ! Tu ferais mieux de me respecter mon mari ce n’est pas n’importe qui, il t’achète deux fois ton prix. Qu’est-ce que vous avez fait pour nous ? Vous n’avez pas honte ?

-Chérie s’il te plaît calmes toi ! Ne t’énerve pas.

-Hindah faut maitriser ta fille hein ! On va la corriger pour toi !

Je me mets à éclater de rire.

-Hin et puis quoi ? Je n’ai pas peur, vous êtes des gros lâches !

-Niyah pardon ! Faites pardon, c’est un malentendu.  Crie ma mère

Il se relève immédiatement du canapé et se dirige vers moi. Ma mère s’interpose entre nous.

-Espèce d’idiote !

Il lève la main et la dirige vers moi, ma mère repousse sa main.

- Tu ne sais pas éduquer ta fille, on va le faire pour toi !

Il bouscule violemment ma mère, elle manque de vaciller à terre.

-Maman hein tu m’as appris le respect des aînés mais ça là je ne vais pas laisser. Maman faut leur dire tout ce qu’on a vécu. Maman dis leur quand nous n’avions pas de quoi payer nos scolarités, maman dis leur quand les agents venaient couper l’électricité, dis leur quand nous ne mangions que du pain avec de l’huile et souvent de l’attieké sans poissons même. Maman nous avions souffert, tu pleurais chaque soir, tu avais l’air fatigué, tu ne souriais pas. Vous n’avez jamais été là, vous n’avez jamais cherché à savoir ce qui c’était passé pour nous après nous avoir chassé. Aucun appel même en fin d’années ! Quoi putain ! Devrais-je accepter ça ? Jouer la comédie devant vous ? Maman vos conneries de traditions africaines là je ne suis pas dans ça ! Faut me tuer ça va finir !

Ma mère fond à nouveau en larmes.

-Trop c’est trop ! Maman je suis désolée.

-Tout ça c’est votre père, personne n‘avait accepté ce mariage avec cette étrangère ! Voilà il s’est attiré la malédiction, mourir si tôt et vous voulez qu’on fricotte avec vous ? Bande de sorcières !

Le silence se fait entendre dans la pièce on pourrait même entendre les mouches volées.

C’est tellement choquant, j’en ai presque les larmes aux yeux. Mon Dieu ma pauvre mère pourquoi mérite-t-elle ceci ?

-Mon Dieu qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Demande ma mère. Vous ne pensez pas que j’ai assez fais pour ma famille, autant de sacrifice dans ma vie et voici que maintenant toute la vérité sort ! Donc c’était ça la raison de toute cette méchanceté ? Juste parce que je ne suis pas ivoirienne ! Mais ne sommes-nous tous pas africains ?

 

-Vous n’êtes pas une femme de chez nous ! Il avait déjà sa femme qui l’attendait.  Nous n’avons jamais aimé vous rendre visite nous ne mélangeons pas nos étoiles avec vos siennes, nous avons considéré la mort de notre frère comme une punition, il avait voulu aller contre nos traditions à cause d’une femme claire ! Cet idiot comme si la beauté faisait tout ! Les plus belles femmes sont les maudi…

 Ma mère se précipite vers lui pour lui infliger une belle gifle qui retentit dans la pièce. Nous sommes tous choqués par son acte, c’était la première fois que je la voyais agir avec violence, elle cette femme si douce.

Elle nous surprend à nouveau avec une deuxième gifle.

-ça c’était pour le respect de mon défunt mari que j’ai tant aimé, pour qui j’ai tout sacrifié ! Je suis fière de lui, de notre amour et de nos filles. Plus jamais quelqu’un ne viendra dénigrer sa mémoire de mon vivant ! plus jamais ! que ce soit la première et la dernière ! Je sais ce que j’ai enduré avec cet homme et aujourd’hui vous êtes jaloux de nous voir nous en sortir malgré tout, votre malédiction elle est plutôt dans votre famille ! Sortez de chez moi !

Fière de ma mère et de sa soudaine prise de confiance je l’attire vers moi pour la prendre par les bras.

Je suis tellement fière d’elle mon Dieu après tant d’années de mépris.

-Mais toi tu es vraiment une maudite comment oses-tu gifler ton beau-frère ?

-Et je recommencerai si vous continuez à m’importuner au sein de mon domicile ! Non mais je rêve ! Personne ne me chassera d’ici ! et si jamais vous portez main sur moi mes filles vont appeler les voisins très vite !

Ma maman d’amour j’aurai tant voulu que par le passé elle ait réagi ainsi je crois que ça nous aurait évité pas mal de désagréables situations, mais tout a une justification souvent tu dois passer par de terribles épreuves pour mûrir.

Comme si elle avait lu dans mes pensées ma sœur sort brusquement du couloir où elle s’était retranchée.

-Oui maman on ne se laissera plus jamais faire ! Nous sommes fortes maintenant !

Mon petit bébé venait de s’exprimer et de façon sûre d’elle.  C’est ce que je disais bien à mon père dans mon rêve, nous avons bien changé il devait en être fier au lieu de raconter tout ce charabia.

Aujourd’hui nous avons réussi à affronter les gens ceux qui nous avaient mis plus bas que terre, moi je sens qu’une nouvelle vie nous attend avec mon futur mariage et tout ça.

-Nous n’avons pas fini avec vous. Croyez-nous nous reviendrons d’une manière ou d’une autre, ce que vous avez fait c’est de l’abomination.

Ma mère étire ses lèvres en coin.

-Oui oui c’est ça, éloignez-vous des maudites ! De toutes façons nous sommes maudites vos abominations ne nous ferions rien !

-Astarfoulah ! Sorcières !

Nous les regardons quitter notre domicile. Ces pourritures avaient enfin reçu la monnaie de leurs pièces après tant d’années désormais plus rien ne sera plus comme avant.

 

-venez par-là mes chéries !

 Maman nous attire toutes les deux dans ses bras.

-Je vous aime tellement, plus jamais nous ne serons faibles encore. Plus jamais, je vous le promets.

-Oui maman nous sommes fortes ensembles ! Rajoute Tara.

Ma mère nous fait un bisou au front à chacune d’entre nous.

-Papa serait tellement fier de nous !

-En parlant de papa, maman j’avais justement rêvé à lui avant cette réunion.

Tara fronce ses sourcils.

-Quoi ? Que disait-il ? Demande-t-elle.

J’essaie de me remémorer vite fait notre discussion.

-Il disait qu’il était là, il voyait tout ce que nous faisions.

- Dieu merci alors et c’est tout ? Demande ma mère.

-Euh il m’a félicité pour mes fiançailles…

Je réfléchis toujours et là me revient en mémoire qu’il avait dis « Dommage ! Vous avez toutes sombrées ! »  et il avait rajouté « L’argent ne fait pas tout. Ça peut-être un semblant de bonheur mais il ne l’est pas. J’espère vraiment que vous serez plus raisonnées dans le futur. »

En y réfléchissant bien je pense qu’il veut parler de mon envie démesurée pour l’argent, l’or et les diamants. Vrai vrai je suis une assoiffée de diamants !

Humm connaissant papa et son caractère intègre, digne et honnête je suis sûre que ça ne lui plait pas ! C’est lui-même qui m’encourageait à faire le Droit à la fac, il en avait toujours rêvé.

Est-ce que je peux dire ça à mama ? Hum c’est mieux que je garde ça pour moi, ce n’est pas bon à entendre pour elle surtout après ce qui vient de se passer.

-Niyah ! Je t’ai posé une question !

Humm maman est-ce que tu pourras supporter ? Est-ce que je dois lui dire même ?

 Ayi ça s’adressait à moi de toutes façons ! Bon je vais inventer un truc pour elle.

-Pardon mama, je disais que… Papa dit qu’il nous aime beaucoup et veut que nous soyons fortes !

- D’accord mai….

La sonnerie de mon téléphone retentit brusquement.

Ouf sauvée !

Je me précipite sur le téléphone pour décrocher l’appel.

-Oui allô !

J’entends un soupir.

-Enfin j’entends à nouveau ta sensuelle voix !

Ne reconnaissant pas la voix, je déverrouille le téléphone pour voir le contact affiché mais je vois que c’est un numéro inconnu. Je panique alors.

-Qui est ce ?

-Ma belle Tyana tu ne me reconnais plus.

Surement un ancien client, ces psychopathes-là.

Je raccroche rapidement.

-C’était qui ? Demande ma mère.

-Quelqu’un qui c’était tromper de numéro.

Hum la meilleure réponse qu’il soit.

Ça tombe vraiment bien hein mon passé de putes de luxe qui ressort, Ha donc papa a honte de moi, il doit être très découragé.

En vrai je n’avais jamais pensé à ça, c’est assez étonnant mais je ne me disais pas trop Niyah tu fais du sale pour du cash, tu brises des foyers, tu conduis des hommes dans le péché. Moi je me disais juste que je contribuais à améliorer la vie de famille avec les moyens que Dieu m’avait donné en vrai si j’avais opté pour la voie légale comme les jeunes filles qui font du ménage ou les nounous ou encore vendeuses de galettes on ne serait pas là ici ! Je n’allais pas rencontrer Arthur.

La sonnerie du téléphone retentit à nouveau. Je devine que c’est le même ancien client donc je rejette l’appel et je bloque le numéro.

-Chérie on n’avait pas fini avec notre discussion sur papa.

Je me mets à gratter nerveusement ma nuque. Je suis fatiguée de mentir deux jours-là !

-Ouais Niyah il n’a pas parlé de moi ? Je me demande s’il a vraiment un lien fort avec moi vu que j’avais 5 ans à cette période. Je ne me rappelle même pas de sa voix ni de son visage si ce n’est que sur les photos.

Elle se met à pleurer.

Oh la pauvre petite ! C’est triste je m’imagine à sa place, moi au moins je connaissais assez bien papa j’avais douze ans.

La sonnerie de mon téléphone retentit une énième fois, je pousse un juron, heureusement que c’est la sonnerie de messagerie.

« Jolie bebe c’est Darion,on se revoit quand ? »

J’ai juste envie de jeter le téléphone à terre. Cet imbécile était passé par deux numéros inconnus pour me joindre pour raconter ses bêtises !  Mon Dieu ces enfoirés de fils à papa !

Ce mec ça sera toujours mon pire coup ! Putain il baise bien mais qu’il est con ! Et dire que sur le table basse de son salon il y’avait des brochures de son cabinet d’ingénierie en BTP, donc on peut faire de si grandes études et être si bête.

 

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