Chapitre 15: Diabolos

Write by Lalie308


Nerdy entrouvrit ses yeux, réveillé par un bruit. À travers l'obscurité de la pièce se dressait une silhouette. Il se réveilla pour de bon, fronçant les sourcils. Lorsque les traits de l'être en face de lui furent complètement déchiffrés par son cortex sensoriel associatif, il sentit son rythme cardiaque s'accélérer avec une lourde pression qui lui pesa sur le cœur. 


Il reconnut sa sœur, tuée pendant la guerre. Elle n'avait pas changé, à part l'aspect morbide qu'elle présentait. Les gouttelettes d'eau qui s'échappaient de ses cheveux tombaient au sol, produisant des sons discrets. Elle regardait Nerdy avec haine, dégout et amertume. 


            —  Cumu pudete fà ciò per mè, Nerdy? (Comment peux-tu me faire ça, Nerdy?), commença-t-elle avec une voix éteinte. A mamma è Dima? (À papa et maman? ) Andà cù u diavulu, u nostru assassinu (Tu pactises avec le diable, notre meurtrière), ajouta-t-elle satiriquement, secouant sa tête de gauche à droite en guise de désapprobation. 


            Nerdy ravala douloureusement l'excès de salive dans sa bouche en fixant, les yeux gros, la nelcalienne en face de lui. Il se passa la langue sur ses lèvres sèches avant de fermer fortement ses yeux. Elle n'est pas réelle, se rassura-t-il répétitivement. Fiona n'est pas coupable. 


Pourtant, au fond de lui-même, il la savait coupable ; Galista ou pas, elle avait livré toute sa nation à l'exécution. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, il n'y avait plus personne d'autre que Fiona qui dormait toujours, et lui qui retombait lentement dans son sommeil. Le lendemain, il fut réveillé par la lumière du jour, ainsi que par les brises froides qui le firent frissonner. 


Il se leva lentement, de sorte que Fiona ne se réveille pas. Il resta debout à l'observer pendant plusieurs minutes, déchiré par les sentiments qui le charriaient : sa rage d'avoir perdu sa famille, ses sentiments pour Fiona et son envie immense de la protéger, quitte à se brûler. Il s'attarda sur les marques sur le visage de la déesse, des marques qui la marqueraient le long de tous les siècles qu'elle vivrait. 


            — Je sais que mon intuition me trompe rarement, mon cœur très souvent, mais je sais que tu as besoin de moi et que j'ai besoin de toi, déclara-t-il doucement. 


            Il se rendit près d'elle pour lui déposer un baiser sur le front avant de sortir de la pièce. Zalina se trouvait dans le salon, en plein ménage. 


            — Hala, commença Nerdy avec un sourire.


            Chaque fois qu'il voyait Zalina, il était persuadé que sa famille était toujours là près de lui. Celle-ci ne lui accorda néanmoins aucune réponse. 


            — Minana ( Grand-mère), je te parle. Quel est le problème ?


            Zalina s'arrêta soudainement pour se tourner vers lui, une expression dramatique plantée sur le visage. 


            — Le problème est que tu as amené le diable chez nous, dans ton lit, cracha-t-elle en le regardant droit dans les yeux. 


            Nerdy marcha rapidement vers elle pour rétorquer à voix basse :


            — Elle n'est pas le diable, minana. Elle a fait des erreurs, comme nous tous. 


            Zalina le gratifia d'une gifle avant de s'éloigner de lui. 


            — Tes parents seraient tellement déçus s'ils voyaient ce que tu faisais. Tu ne sais pas combien j'ai mal d'avoir perdu mon fils et mon mari à cause de cette sorcière. 


            Nerdy sentait la colère monter en lui. 


            — Elle nous a sauvés contre Peter Jones !


            — Elle lui a permis de devenir qui il était, rétorqua Zalina, accentuant la dureté de son visage. 


            Nerdy secoua sa tête nerveusement avant de se rendre dans sa chambre. Fiona était assise en tailleur sur le lit, les cheveux ébouriffés tombant sur ses épaules. Elle posa ses yeux noirs vides sur Nerdy. Elle avait meilleure mine. Nerdy la trouva atrocement belle, maléfique, mais belle. Il avait envie de l'embrasser, d'oublier toutes ces choses qui pouvaient les séparer, le pousser à croire qu'il faisait le mauvais choix.  


            — Ziegra Nerdy. (Merci Nerdy) Dis à Zalina que j'ai reçu son message.


            Elle esquissa un sourire cynique qui n'avait plus rien à voir avec la nouvelle Fiona que Nerdy avait cru voir la veille. 


            — Fi...


            Elle disparut. Nerdy grogna d'agacement avant de se laisser retomber sur le lit. Il soupira bruyamment en observant le plafond. Il pouvait sentir le parfum de Fiona dans toute la pièce, il s'osa même à renifler légèrement le lit. 


*


            Une semaine et demie était passée depuis la mort de Paul Jones. La nouvelle avait rapidement fait le tour des lieux. Contrairement à ce qu'auraient pensé les gens, Cody ne s'était pas renfermé sur lui-même. Il avait pleuré tout le soir de la mort de son père, puis le lendemain, il était de nouveau sur pieds. 


On l'apercevait souvent avec Lysga ou Luz, s'entraînant, passant des moments en famille. Personne n'osait lui demander s'il tenait le coup. Luz, elle avait chaque fois sa réponse quand il la serrait fort le soir, comme s'il avait peur qu'elle ne le quitte à son tour. 


La cérémonie d'enterrement de Paul Jones avait commencé depuis quelques heures dans la cité. Le vent glacial soufflait dans tous les sens, faisant frissonner certains. Les visages reflétaient les sentiments actuels des habitants de la planète : tristesse, peur et colère. 


Quelques membres du peuple étaient présents, mais tout le cercle des proches y était. Le regard de Nerdy croisa celui de Fiona lorsque lors des derniers moments de la cérémonie, Cody finissait son discours. Celui-ci, les lèvres légèrement gercées par le froid, le nez rouge ne laissait transparaître aucune émotion. Fiona avait déjà l'air moins en forme, comme si elle n'avait eu droit à aucune nuit de sommeil depuis Nerdy. Ce dernier ne comprenait pas le comportement de Fiona depuis ce matin-là qu'elle s'en était allée. 


Lysga, debout près de sa mère et de Solenna du côté droit de la tombe, ne pouvait s'empêcher d'observer son père, de s'interroger sur ce qu'il pouvait bien penser ou ressentir. Il vit Paul Jones — le teint pâle, bleu et rougeâtre, la peau ramollie, la tête orientée sur le côté ; en décomposition apparente — qui émergea du sol pour se saisir du col de la chemise noire de Cody. 


Celui-ci tomba à genoux, les yeux écarquillés. Un liquide brunâtre s'échappa du mort pour plonger dans les yeux de Cody qui hurlait. Lysga s'élança sur le cadavre. 


— Papa ! hurla-t-il en se jetant sur le mort. 


Il gratifia Paul de plusieurs coups de poing. Le mort enfonça ses ongles noirâtres qui étaient encore en parfait état dans le cou de Lysga qui hurla. 


Il retira la main de Paul en faisant apparaître une flamme. Tout le monde l'observait se défouler seul. Nul ne voyait ce qu'il voyait. Cody regarda Luz en fronçant les sourcils. 


— Lysga ! cria Luz en courant vers lui. 


Nerdy courut aussi vers lui pour se jeter sur lui. Il plaça ses genoux de part et d'autre de Lysga qui faisait alterner grognement et hurlement. Nerdy l'immobilisa puis plaça ses mains de part et d'autre de son visage. 


Les yeux complètement noirs injectés de sang de Lysga provoquèrent d'abord une vague de frissons dans son corps. Dès qu'il reprit ses esprits, il se concentra pour lui parler d'une voix hypnotique :


— Lysga ! Reviens. Lysga ! Calme-toi. 


Lysga se calma lentement, pupilles dilatées, respirant profondément.


— Merci d'être venus, la cérémonie est finie, annonça Célesta au peuple qui se dissipa avec hésitation. 


Lysga se redressa subitement lorsque Nerdy se leva. Il lança des regards paniqués autour de lui, puis sur la tombe, enfin sur Cody. Luz s'agenouilla près de lui en prenant son visage en coupe. 


— Que s'est-il passé ? demanda-t-elle en revenant à elle-même. 


— J... Il attaquait papa. Je suis sûr que c'était réel, bafouilla Lysga. 


— Mais il n'y avait rien Lysga, remarqua Luz en l'analysant de plus près.


Son regard tomba sur le cou de Lysga, sur les traces de griffures qui le parsemaient. 


— Oh Lysga ! s'étouffa-t-elle. 


Elle se releva rapidement, ce que fit aussi Lysga. 


— Qu'as-tu vu exactement ? demanda Cody en se rapprochant. 


— Je l'ai vu sortir de la tombe. Il t'attaquait donc j'ai sauté sur lui et... il a planté ses griffes dans mon cou...


Fiona marcha rapidement vers eux pour analyser les traces de plus près. 


— Je crois qu'on doit avoir une conversation, déclara-t-elle en lançant un regard circulaire au groupe. 


— Venez, on va chez moi, proposa Hongust. 


Ils acquiescèrent puis prirent le chemin pour la Troïka. 


— Merci, Nerdy, glissa Luz en souriant à Nerdy qui lui rendit son sourire. 


Fiona leva un sourcil avant de détourner sa tête lorsqu'elle croisa le regard du gardien des nelcaliens. Une fois à la Troïka, Fiona reprit la parole. 


— Je crois qu'il est temps que tu avoues tout Lysga.


Lysga posa sur elle un regard effrayé, sourcils froncés. Il regarda Solenna qui l'encouragea d'un signe de tête. Il expira l'air toxique de son corps.


— Je crois que Galista est toujours là, partout, confessa-t-il amèrement. 


— Que veux-tu dire ? demanda Cody. 


— Elle... 


Il soupira bruyamment. 


— Je la vois partout. Et j'ai l'impression d'être suivi. 


— Depuis combien de temps ? demanda Luz. 


— Depuis... mon retour. 


Luz posa son regard sur Fiona. 


— Je ne le savais pas moi. Je viens juste d'avoir la confirmation de ce que je pensais. 


— Et que pensais-tu Fiona ? demanda Cody. 


— Il y a des traîtres parmi nous : des yeux, des oreilles de Galista, déclara-t-elle durement en regardant chacun d'eux.


— Et ça ? demanda Luz en regardant à nouveau les griffures sur le cou de son fils. 


— La preuve que Galista prend des forces chaque jour, répondit amèrement Fiona. 


— Il faudra faire attention. On ne sait donc pas combien ils sont, qui ils sont et ce qu'ils font. Mais j'ai comme l'impression qu'on les aura rapidement à leurs propres jeux, annonça Nalu, sûre d'elle.


— Je pourrais mettre des troupes de sécurité, proposa Hongust.


— Il peut y avoir des traîtres parmi eux, remarqua Célesta. 


— Il peut y en avoir parmi nous, ajouta Fiona en regardant Nerdy qui plissa les yeux. 


— Je suggère simplement que nous fassions attention, je suis persuadée qu'ils présenteront quelque chose de louche, notifia Célesta. 


Après quelques minutes à présenter différentes idées pour avoir les supposés traîtres, ils décidèrent de tous se séparer, d'aller faire leurs petites enquêtes. Cody arrêta Lysga avant qu'il ne sorte. 


— Je dois te parler. 


Ils s'isolèrent dans un des couloirs de la Troïka. 


— Merci, commença Cody en souriant à son fils.


— Pourquoi ? demanda celui-ci en fronçant les sourcils.


— De m'avoir si gaillardement sauvé. 


Lysga leva les yeux au ciel. 


— D'avoir joué au clown, tu veux dire. 


Cody lui sourit, ce qui surprit Lysga. Comment pouvait-il sourire alors qu'il venait d'enterrer son père ?


— Mon grand, tu sais pourquoi je reste la tête haute ? 


Il marqua une pause. 


— Parce que je t'ai toi, et j'ai ta mère. Je dois vous protéger jusqu'au bout, tu comprends ? Ce serait trop facile de baisser ma garde maintenant. Et je veux que tu comprennes qu'on est une famille. Okay ?


Lysga hocha la tête. 


— Ces choses que tu vois, que ce soit imaginaire ou vrai, montre à Galista que les Jones vaincront toujours, peu importe le terrain. Tu sais pourquoi ? 


Lysga se contenta de hocher la tête de gauche à droite. 


— Parce qu'on réfléchit. (Il pointa sa tête de son index). Et on vit avec le cœur.


Il pointa son index sur la poitrine de Lysga. 


— Je veux que peu importe ce qui se passera maintenant, tu te fasses confiance et que tu me fasses confiance. Que tu chérisses ta mère parce que Lysga, je suis malade de voir les êtres que j'aime mourir ou finir misérables. Et ta mère, on lui doit tous la vie. Okay ? 


Lysga acquiesça une nouvelle fois. Cody leva sa main, Lysga y frappa. Il regarda son père avec tellement d'admiration qu'il en fut surpris. 


— Je ferai de mon mieux pour ne pas te décevoir, fit-il. 


— Je sais que tu le feras, répondit Cody en souriant. 


— Suis-je en train d'être évincée de cette famille ? 


Ils se tournèrent vers Luz qui marchait vers eux, les bras croisés sur sa poitrine. 


— J'en ai bien peur maman, se moqua Lysga.


Luz esquissa un grand sourire, malgré qu'une tristesse se laissait parfaitement lire sur son visage. Elle prit de nouveau le visage de son fils en coupe, analysant son cou. 


— Je vais bien maman, la rassura Lysga.


— Tu vas me dire que tu n'as pas mal ? 


Elle passa lentement sa main au-dessus des marques qui se refermèrent. 


— Maintenant non.


Elle l'étreignit dans un geste désespéré. Son regard croisa celui de Cody qui lui adressa un sourire qui disait : « Je tiens le coup, je t'assure ». 


*


            Fiona marchait dans la cité, observant autour d'elle, analysant tout, à l'affut de n'importe quel indice. Nerdy qui venait de la rejoindre parla :


            — Alors, comme ça, je suis un traître, commença-t-il sur un ton sarcastique. Je me demande si c'est envers ma famille pour tomber amoureux de celle qui l'a exterminée ou si c'est autre chose ?


            Fiona s'arrêta violemment. 


            — Écoute petit salopard, je ne t'ai rien demandé, d'accord ? Tu peux aller dire à ta mamie que je m'en fous de ce qu'elle pense ou de ce que tu penses. M'as-tu déjà vu demander une seule fois le pardon de qui que ce soit ? hurla-t-elle. 


            Elle s'arrêta avant de le gratifier d'un regard assassin. 


            — Non. Je n'en ai pas besoin. Je n'ai jamais rien fait de bien, alors je ne m'attends pas à ce qu'on le fasse pour moi, alors tu arrêtes Nerdy ou je te ferai bouffer ta langue. Sali ( Idiot).


            Elle reprit son chemin en marchant plus vite. Nerdy la rattrapa rapidement pour la faire tourner vers lui, ignorant les regards qui se posaient sur eux. Il l'embrassa. Fiona l'embrassa en retour. 


            — La frontière entre bien et mal est très fine ma chère sorcière. Fais-moi confiance, ajouta-t-il tendrement. 


            Fiona leva un sourcil, mais finit par baisser sa garde en lui adressant un sourire.  Son expression changea rapidement. Elle observa un nelcalien qui passait près d'eux. 


            — La fête commence, chuchota-t-elle en se jetant sur lui. 


            Les personnes environnantes se mirent à paniquer.


            — Fiona ! cria Nerdy, les yeux gros. 


 Dès qu'elle se jeta sur la créature, celle-ci poussa un cri qui ressemblait à celui d'une bête, le même que les disciples de Galista. Fiona se trouvait assise sur le nelcalien, la main encerclant son cou et le visage à proximité du sien. 


            — Hala, un message pour Galista. 


            Elle retira l'élastique qui retenait ses cheveux en queue de cheval puis encercla sa main. En quelques secondes, elle avait déjà planté la lame qui en était émergée dans le cou de la créature qui poussa un cri tandis que le sang giclait de sa poitrine. Fiona le regarda avec toute la haine qu'elle pouvait ressentir, souriant en le regardant se vider de son sang. Elle fit mine de bâiller avant d'enfoncer à nouveau la lame dans son cou, puis sa poitrine. Les personnes qui passaient étaient debout, immobiles, voyant le nelcalien se transformer progressivement en une créature blanche : un disciple de Galista qui s'évapora dans l'air. Fiona se leva, la main tachée d'un sang sombre avant de crier à l'attention de la foule :


            — Votre frère, votre sœur, tout le monde et n'importe qui peut être un sbire de Galista. 


            Elle s'arrêta pour leur adresser un sourire alors que son arme se transformait à nouveau en élastique. 


            — Surveillez vos arrières. 


            Elle se jeta sans prévenir sur Nerdy, entoura sa taille de ses jambes et l'embrassa fougueusement. Elle les fit apparaître dans la chambre de Nerdy. Elle se détacha de lui pour reprendre son souffle. 


            — Tu ne viendrais pas tout juste de tuer un être ? demanda Nerdy naturellement.


            Fiona lui sourit malicieusement. 


            — Tu me remercieras plus tard blandinet. 


            Nerdy secoua sa tête en souriant. Il prit la main de Fiona pour lui retirer l'élastique des mains pour le jeter à terre. Il la prit par les jambes pour qu'elle entoure de nouveau sa taille de ses jambes. 


            — Ah Fiona, tu es une cinglée, se moqua-t-il en passant ses mains dans les cheveux de Fiona qui se tenait contre lui, les mains entourant son cou. 


            — Non, une déesse, souffla-t-elle à son oreille. 


            Nerdy se saisit doucement de ses lèvres en marchant vers son lit. Il la fit allonger puis l'embrassa longuement, oubliant tout. Oubliant qu'elle venait de tuer le premier espion, oubliant tout ce qu'elle avait pu faire dans le passé. Fiona se détacha de lui pour souffler malicieusement à son oreille : 


            — Amoureux hein ? 


            Nerdy se crispa légèrement, mais finit par se saisir à nouveau de ses lèvres pour la faire taire. 


*


            Lysga et ses parents sortirent de la Troïka en discutant. Solenna se tenait debout, observant un lieu que plusieurs autres personnes observaient. 


            — Lena, il y a un problème ? demanda Luz en se rapprochant d'elle.


            — Je crois que Fiona vient juste de tuer un des fameux espions.


            — Quoi ? s'étonna Luz en fronçant les sourcils.


            — Personne n'a compris comment elle a fait, mais il ressemblait beaucoup à un nelcalien. Dès qu'elle l'a eu, il s'est transformé en une de ces créatures qui nous avaient attaqués et s'est volatilisé, expliqua Solenna.


            — Et où est-elle ? demanda Luz en regardant autour d'elle. 


            — Je... crois qu'elle est occupée actuellement, déclara Solenna en retenant un rire. Je pensais vraiment que Fiona était sans cœur. Et elle vient tout juste de s'en aller aux bras de Nerdy.


            — Quoi ? s'étonna la famille entière, surprise. 


            —  J'ai eu la même réaction, se moqua Solenna. 


            — Quoi qu'il en soit, une mort de positif hein, tenta de plaisanter Cody. Luz, on ferait mieux d'y aller. 


            Luz adressa un sourire aux deux adolescents avant de suivre son mari.


            — Tu veux que je te raccompagne au village ? proposa Lysga. 


            — Un honneur, gilma, dit-elle en souriant. 


            Ils prirent la route. 


            — Tu pourrais arrêter de sourire deux secondes ? Ça commence à me rendre malade, se plaignit Lysga d'un ton faussement outré. 


            Solenna gloussa. 


            — Quand tu verras Galista un de ces jours, parce que je sais que ça arrivera, tâche de lui sourire aussi. Elle en deviendra folle. 


            — C'est fou comme c'est facile pour toi de plaisanter avec Galista, remarqua Lysga. 


            — Au point où nous en sommes, soupira Solenna. 


            Lorsqu'ils arrivèrent en face de la maison de Brad, Solenna s'arrêta en face de la porte pour se tourner vers Lysga. 


            — Merci gilma, le remercia-t-il avec un sourire. 


            — Je me demandais Lena, commença Lysga, gêné. 


            Elle l'encouragea avec son regard.


            — Je me demandais si tu pouvais demander pardon à ton père pour moi, pour tout ce qui s'est passé. 


            Le visage de Solenna s'illumina de plus belle. 


            — Avec plaisir Lysga. Je suis tellement fière de toi !


            Lysga leva les yeux au ciel pour la narguer. 


             — Aller, bye princesse joie. 


            — Addiu ( Au revoir) monsieur grognon. 


            Dès le départ de Lysga, Solenna entra dans la résidence pour découvrir son père qui se tenait à la fenêtre, observant leur jardin. Brad dévia son regard vers sa fille en lui adressant un sourire.


            — Ça a l'air d'aller avec Lysga récemment, non ? remarqua-t-il en se dirigeant vers une des chaises en bois. 


            — Je t'avais dit que ce n'était pas le vrai Lysga, rétorqua Solenna en marchant vers lui. 


            Brad acquiesça en souriant légèrement. 


            — Je n'ai pourtant jamais été de ceux qui jugent les autres. Je me demande quand est-ce que ça a changé, quand est-ce j'ai changé, s'intima-t-il tristement. 


            Solenna s'agenouilla en face de lui puis posa ses mains sur ses cuisses.    


            — Tout le monde change, sora (papa). Et tu es toujours une personne fantastique. Tu as su aimer maman jusqu'au bout malgré qui elle était en réalité, je sais que tu n'arrives même pas à lui en vouloir. 


            Elle serra tendrement la main de son père. 


            — Et puis tu as fait de moi qui je suis, tu as été un pilier pour Cody et tout le monde sur cette planète. Je t'aime papa.


            Brad serra les dents pour ne pas pleurer face au discours de sa fille. Il la prit dans ses bras en la serrant de toutes ses forces. Puis ils se séparèrent. 


            — Je crois que je ne réussirai jamais à cesser d'aimer ta mère, je n'arrive juste pas à voir en elle cette Lohita dont on parle, lui confessa-t-il lorsqu'elle alla s'asseoir sur la chaise opposée. 


            — Moi non plus papa, et c'est bien mieux. On n'a pas besoin de haine actuellement, ni jamais. C'est en évitant ça, qu'on aura toujours ce point d'avance sur Galista. 


            Elle marqua une courte pause. 


            — Et en parlant de Galista, Lysga voudrait que tu lui pardonnes. Si tu pouvais essayer d'avoir une conversation avec lui pour tout éclaircir, expliqua-t-elle sur la réserve. 


            — OK ma puce. 


            Ils s'adressèrent des sourires. 


            — J'ai une faim de monstre, ajouta-t-elle plaintivement en se levant. 


            — Tu as toujours faim papa, se moqua Solenna en le suivant dans la cuisine. 


            — Coupable. 


            Ils éclatèrent de rire.


*


            Nerdy serra fortement la main de Fiona dans la sienne en observant son plafond. Il n'avait pas eu l'occasion de reparler de Fiona avec Zalina. Leurs corps nus enveloppés dans les couvertures de nuages étaient collés l'un à l'autre. Ils pouvaient sentir leur cœur battre rapidement, le souffle de l'un frapper l'autre. 


            — Comment as-tu fait ? demanda-t-il sans la regarder. 


            — Je crois qu'être une déesse n'est pas aussi inutile que ça finalement, j'ai simplement su qu'il n'était pas un nelcalien. En plus, je suis liée à Galista aussi donc je peux ressentir l'aura de ceux qui le sont. Mais je suis persuadée que Galista n'est pas aussi conne, il y en aura qui sauront parfaitement se camoufler. 


            Elle posa ses yeux sur Nerdy qui en fit de même. Elle promena son index sur son torse. 


            — N'importe qui pourrait être un traître. 


            Nerdy se saisit de son poignet. 


            — Si tu insinues quelque chose... 


            — Voyons, Nerdy, je n'insinue rien. 


            Elle se cambra pour murmurer à son oreille. 


            — J'agis. 


            Nerdy se redressa pour se supporter avec son coude. La commissure droite de ses lèvres se fendit en un sourire coquin. 


            — Ne me provoque pas chère sorcière. 


            Il se mordit la lèvre inférieure en la fixant intensément. Fiona lui adressa un grand sourire avant de tirer sa tête vers elle de ses mains et de le barbouiller de baisers. Plus tard dans la journée, Fiona se rendit au Patio pour discuter avec Cody, Luz, Lysga et Solenna. 


            — Donc on peut sentir leur présence ? demanda Luz en plissant les yeux. 


            — Je ne sais pas pour vous, mais moi oui, rectifia Fiona, amusée. 


            — Une bonne nouvelle alors d'avoir déjà des pistes. Tu as une de ces manières de célébrer cela d'ailleurs, continua Luz, à son tour amusée. 


            Fiona fronça les sourcils. 


            — Nerdy, hein ? Je te pensais sans cœur ma chère tante. 


            Fiona lui adressa un regard assassin. 


            — Pas comme toi, ma chère nièce, je suis un être passionné, répliqua Fiona avec un sourire au coin des lèvres. 


            — Vous êtes épuisantes, geignit Lysga en soupirant bruyamment. 


            Célesta quant à elle se retenait d'éclater de rire. Des bruits de pas interloquèrent Lysga qui posa son regard sur la porte d'entrée. Une fillette marchait vers eux, la tête baissée. Lysga regarda les autres qui ne semblaient rien voir. La fillette s'arrêta à quelques mètres d'eux, secouée légèrement par de petits sanglots mêlés à des gloussements. 


            — Lysga, ça va ? 


            La voix de Luz le fit revenir à la réalité, il n'y avait plus de petite fille. 


            — Oui, oui maman, balbutia-t-il. 


            À peine finit-il sa phrase, qu'il vit la fillette apparaître près de son père, agrippée à sa jambe. 


            — Lysga ? 


            Cette fois-ci, elle ne disparut pas. 


            — On n'est pas seuls, leur apprit-il en fixant la fillette que personne ne pouvait voir. 


            — Que vois-tu Lysga ? insista Célesta.


            — Lysga ? appela Cody qui ne semblait rien remarquer. 


            Soudain, la fillette sauta sur Lysga en poussant un long cri. Il recula puis la jeta au sol. Elle se mit à quatre pattes en posant sur lui son visage adulte aux yeux de Galista. 


            — Tic, tac. Tic, tac, répétait la créature en s'avançant, sourire aux lèvres. Tic... Tac... 


            Lysga fit apparaître une flamme puis la lança sur la créature qui apparut enfin aux yeux des autres. Ils firent tous les gros yeux lorsque la fillette se transforma en une créature semblable à un bouc — cornes formant une sorte de lyre, taille multipliant quatre fois celle d'un bouc, longs poils rouges. 


Luz réussit à balancer la créature contre un des murs de la pièce avant que Cody ne lui assène un puissant choc électrique. La créature se releva rapidement, indemne avant de se jeter sur Lysga. Il fut d'abord pris de cours, luttant en sentant le monstre lui entailler la peau, mais retrouva rapidement ses esprits. 


Les écritures se dessinèrent de nouveau sur sa peau, et ses yeux virèrent au parfait noir. Il se saisit des cornes de la créature qu'il brisa férocement avant de faire apparaître des flammes dans ses mains pour lui arracher les yeux avec toute la haine qu'il pouvait ressentir. 


Cody balança une nouvelle décharge à la créature qui se retrouva raide morte au sol. Lysga se redressa en respirant bruyamment, ses yeux retrouvant progressivement leur couleur. Il se mit à tousser violemment en crachant de grosses gouttes de sang. 


            — Tic, tac, tic, tac, répétait la voix dans sa tête. 


            Luz se jeta en face de lui pour le prendre le visage en coupe. 


            — Lysga, chéri, calme-toi, cria-t-elle en panique. Tout va bien maintenant.


            Lysga ferma les yeux fortement puis les ouvrit en se levant difficilement. 


            — Ça va, ça va, répéta-t-il pour lui-même en posant son regard sur la bête. 


            Il nettoya le sang de ses lèvres. Fiona marcha vers la bête et s'accroupit en l'analysant du regard. 


            — Elle a maintenant le contrôle sur des diabolos, remarqua-t-elle.


            — Qu'est-ce que c'est ? demanda Lysga. 


            — Des créatures obscures. Elles sont atrocement puissantes. Celle-là n'était rien comparé aux puissants diabolos, expliqua Fiona, inquiète. 


            — Il faudra prévenir les habitants du village, nous n'avons plus affaire qu'à des espions, mais à bien plus, déclara Célesta. 


            — Laisser moi me débarrasser de celui-ci, demanda Fiona. J'aimerais voir deux, trois choses. 


            — Attends, fit Lysga.


            Les écritures disparurent du corps de Lysga. 


            — Je viens avec toi. 


            — Lysga, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Tu dois te reposer après ce qui vient de se passer, s'opposa son père. 


            — J'ai besoin de ça papa, fit-il sans le regarder. 


            Cody se tu. Lysga et Fiona disparurent avec la bête pour se retrouver dans l'antre de Fiona. La bête se tenait sur une table en pierre. Fiona prit sa lame puis incisa le ventre de la créature. 


            — Je suppose qu'elle attend quelque chose de toi, remarqua Fiona. 


            — Ou de toi. 


            Fiona le regarda. 


            — Je ne suis pas celle qui voit beaucoup trop de choses, lui dit-il. Lysga, c'est ton heure de gloire que tu attendais depuis toujours, n'est-ce pas ? Le sort de ces peuples repose sur toi. Tu as le choix ou plutôt tes actes et tes décisions auront une et une seule conséquence : soit tout s'arrange et tout le monde est sauvé, soit Nelca périra. 


            Elle déposa sa lame pour se rapprocher de lui.


            — Attends-toi à faire corps avec la souffrance Lysga, à regarder le diable dans les yeux, à sentir ton corps se faire dépouiller de sa peau. Elle s'incrustera dans ta tête jusqu'à te rendre fou, elle possèdera chacun de tes neurones. Elle attendra le bon moment, pour te faire craquer, pour t'écraser comme un moucheron ou pour faire corps avec toi, afin d'accomplir ses désirs. 


            Fiona s'arrêta puis recula. 


            — Fais attention. 


            Il se retrouva dans sa chambre. L'horloge tournait. Tic, tac. Tic. Tac.


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Je ne sais absolument pas pourquoi ce chapitre est aussi long. ????


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Lalie

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