Chapitre 15: Stop
Write by Lalie308
Comme une splendeur discrète,
fouille ma folie experte.
****
Michelle
A mon réveil chez Harry ce matin, j'avais le cœur en mille morceaux, piétiné et battant à peine, mais j'ai décidé de jouer la carte de celle qui regrette son erreur. Mais pour moi, ce baiser n'était pas une erreur, et jamais je ne le regretterai. Il a été pour moi un doux fruit que j'aimerais déguster inlassablement. Même si pour Harry il n'a été qu'une entorse à la règle principale de Homel, pour moi il a été une saveur plus douce que le miel.
J'assume les picotements et les frissons qui parcourent mon corps quand Harry me frôle, ne serait-ce que de son souffle, j'assume les sauts indomptables de mon cœur lorsqu'il me parle ou me sourit, j'assume les ablutions excitées de mon âme quand son ombre cache la mienne. J'ai juste essayé ce matin de paraître comme j'ai toujours été à ses yeux, cette fille souriante, folle à la limite même si des larmes embuaient mon regard.
Je n'ai pu m'empêcher de le scruter tout au long du petit déjeuner pour déceler la clé de son esprit. Il avait l'air nerveux, gêné, à cause de moi, parce que j'ai franchi un pas trop grand, trop incongru. Harry tu m'as poignardé dans le cœur, tu as envahi mon âme, et maintenant je n'ai plus aucun état d'âme, vide comme un verre, pleine comme une fourrée.
Mon idée reste sur cette impression étrange que j'ai eu lorsque je suis de nouveau passée devant cette chambre. J'ai entendu du bruit à l'intérieur, je n'ai pas osé l'ouvrir, chercher à réellement savoir ce qui se cachait derrière cette porte parce que je ne voulais pas ajouter une chose de plus qui allongerait la distance entre Harry et moi, aussi parce que je craignais de découvrir quelque chose que je ne supporterais pas.
Je l'ai questionné sur son habitation dans la maison, mais il m'a assuré qu'il vivait seul alors je n'ai pas insisté. Je n'avais envie d'utiliser ma bouche que pour l'embrasser à cet instant là, pas parler. Il m'a conduit silencieusement jusqu'à chez moi, m'a quitté aussi vite pour vaquer à ses occupations, les vraies, et je n'en suis pas une.
— Michelle ça va ?
La voix grave d'Abdou me ramène à la réalité. Je me rends compte que je m'étais de nouveau échappée du monde, pour me remémorer le râteau monumental de ce matin.Oui, oui, balbutié-je en me levant brusquement du canapé, je trébuche et m'écroule sur Abdou qui m'aide à me rasseoir.
J'avais oublié mon problème : trop fortes émotions, malaises. Il était monté juste après le départ d'Harry, a attendu que je me change puis s'est mis à jouer à la console pendant que je rêvassais.
— Certaine ? persiste-t-il en fronçant ses sourcils épais.
Je me contente de hocher la tête et de lui sourire.
— Je dois passer à Homel pour récupérer des épreuves du manuscrit, je leur ai dit que je ne voulais pas l'envoi par courriel puisque j'aime bien aller là bas, lui expliqué-je.
— D'accord, on y va.
Nous sortons de l'appartement, je ferme et lorsque je me retourne, je tombe sur Liam et Ashley en train de se marrer. D'hier à aujourd'hui, il m'a laissé une pluie de messages pour s'excuser, évidemment je ne lui ai pas répondu. J'ai des limites, et Liam m'a blessée, alors qu'il était encore le seul à ne l'avoir jamais fait. Son sourire s'évanouit dès qu'il m'aperçoit pour laisser place à la culpabilité tandis que mon visage s'assombrit.
— Salut Ashley, j'espère que tu vas bien et mon petit prince aussi. Bon à plus, lancé-je rapidement avant de détaler vers l'ascenseur.
C'est puéril, limite immature, mais je ne me sens pas prête à affronter Liam. J'ai beau le connaître et savoir qu'il est quelqu'un de bien, mais qu'il se laisse facilement emporter, la pilule ne passe pas. Elle est coincée dans ma gorge parce que quoi qu'il dise, il pense au moins une part de ses dires de la veille. Mais malgré ça, il a toujours joué le parfait ami qui m'acceptait telle que je suis.
Et pour moi, quelqu'un qui n'accepte pas tes qualités et défauts, extravagances et originalités ne t'accepte juste pas. Ashley et Abdou tentent de parler, mais je ne leur en laisse pas le temps et m'engouffre dans l'ascenseur, suivie d'un Abdou interloqué. Il me conduit à Homel sans me poser de question, mes nerfs à bloc devaient transparaître à travers ma peau. Dès que nous arrivons à Homel, je me laisse aller aux mondanités d'usage puis me dirige vers la secrétaire de tour qui vient juste d'arriver.
— Hello Abi, ça va ? l'interpellé-je.
Elle remonte sur moi un visage un peu nerveux, mais y laisse s'infiltrer un léger sourire qui déforme ses fines lèvres et fait briller ses yeux noirs.
— Michelle ça va et toi ? Je viens d'arriver alors que Delia est partie il y a un moment pour une urgence donc je suis à la bourre, m'explique-t-elle.
— Harry est là ? demandé-je. Il est censé avoir les premières épreuves avec lui. Kate me l'a confirmé par mail.
Kate est l'assistante d'édition d'Harry, la parfaite bibliophile je dirai.
— Je ne sais pas, laisse-moi appeler pour voir.
— Non ne t'inquiète pas, ton retard reste notre petit secret et celui des caméras de surveillance, lui intimé-je ironiquement.
Elle glousse et s'empare du combiné quand un appel la coupe.
— Allo, bonjour. Homel, rubrique science fiction et fantastique, j'écoute.
Je lui fais signe de ne pas s'inquiéter et me dirige vers le bureau de Harry. Je m'égare pendant un moment dans ma tête, redoutant de le voir à nouveau, que mes yeux se posent de nouveau sur ses lèvres qui méritent d'être enfermées pour un trop plein d'attirance. J'ouvre la porte en oubliant de toquer puis me fige en face du spectacle qui se présente à moi. Audrey dans les bras de Harry, alors même qu'hier je l'embrassais.
Alors même qu'ils sont censés être un faux couple. Les deux se tournent vers moi avec un visage surpris et je lis clairement d'une part la gêne dans les yeux de Harry et l'amour fou pour Harry dans les gestes de Audrey. Comment est-ce possible d'avoir aussi mal ? Mon cœur tente de s'agripper aux artères, aux veines, aux ventricules, mais sa peine est lourde, trop lourde. Je serre d'abord les dents pour ne pas craquer et me contente de déblatérer des paroles incontrôlées en arrêtant quasiment de respirer, je me saisis des épreuves et m'en vais sans grand regard aux deux amoureux.
Dès que je sors du bureau, je lance un sourire de remerciement à Abi, tombe sur Jack qui tente de m'accoster, mais je lui indique en souriant que je suis pressée puis descends rapidement par les escaliers pour finir dans le parking. Je marche vite, comme si j'avais le diable à mes trousses, mais c'est le cas. Depuis le premier soir où mes yeux se sont posés sur Harry, la tentation a commencé à s'éditer dans mes veines, pour se faire publier de la plus douloureuse des manières, la tentation était en édition depuis ce jour-là, cette nuit-là. Abdou est assis côté passager, écouteur dans les oreilles et yeux fermés.
Son regard se pose sur moi, mais je ne lui laisse pas le temps de sortir que je pénètre déjà du côté conducteur de la voiture. Tiens... encore un peu. Ne craque pas. Il se contente de me scruter, je sens qu'à la moindre parole je fondrai en larmes, et je ne veux pas de ça. Je ne pleure que dans l'ombre, pas en face des autres, parce que j'ai l'impression que je leur dois ce sourire. Je veux que ne restent dans leurs mémoires que la Michelle drôle et souriante, j'ai brisé cette règle hier avec Harry et je le regrette amèrement.
Je conduis jusqu'à l'appartement, dès que nous arrivons, je sors en trombe de la voiture. Encore... un peu. Je perds la notion de tout autour de moi, comme si la simple vision de Audrey dans les bras de Harry me fendait l'âme. C'est le cas, me rappelle ma conscience. Je marche rapidement puis pénètre dans ma chambre après avoir appliqué ma carte-clef à la serrure d'une main extrêmement tremblante. Je balance le manuscrit sur le sofa alors qu'un sanglot déchire ma gorge. Je l'étouffe avec ma main. Je ne dois simplement pas pleurer, Harry n'est pas pour moi, avec ou sans Audrey. Un contrat le stipule.
Je m'enfile une longue gorgée d'eau pour tenter de remonter la pression, mais je n'y arrive pas. Un poids alourdit mon cœur, et je n'ai plus les bras de Liam pour y pleurer. Je m'avachis sur le sofa, mon regard tombe sur une photo de Harry et moi au parc d'attraction. C'était au cours des semaines où tout allait bien, où je me contentais d'être une simple amie pour lui. J'avais insisté pour qu'il me conduise à un autre parc, parce que j'en voulais encore.
Je me saisis, tremblante de la photo mais un sourire se glisse sur mes lèvres, un sourire mélancolique. Je me rappelle de comment je l'ai tiré dans toutes les attractions, de comment ses rires aux éclats m'avaient plu et enjoué, de comment je l'avais enlacé avec joie et vigueur quand j'ai gagné un lot après le jeu de tirs, de comment nous avions l'air heureux, unis, connectés. Illusions.
La sonnerie me fait sursauter, je laisse la photo sur le sofa pour aller ouvrir. Je découvre Abdou devant la porte. Il a une énorme boîte de crème glacée en main et arbore un léger sourire compatissant. Son attention m'atteint directement au plus profond de mon cœur. Je me décale pour le laisser entrer puis referme la porte. Son regard s'attarde un peu sur la photo, mais il ne fait aucune remarque. Je m'installe de nouveau sur le sofa.
— Pour toi, fait-il en me tendant la boîte. Ça soigne les chagrins il parait, ajoute-t-il d'un ton doux.
Je récupère la boite en le remerciant timidement. Je la mets au frais puis revient dans le salon. Il n'est toujours pas assis, tient la photo dans sa main et l'observe d'un regard... étrange.
— On peut aussi regarder des films comiques pour ta peine, continue-t-il .
— Tu as l'air spécialiste en la matière, le taquiné-je.
Une ombre de tristesse chemine vaguement par son visage.
— Disons qu'on s'y connait quand on a l'habitude d'être attiré par ce qu'il ne faut pas, souffle-t-il avec un once de tristesse.
Je n'ose pas lui demander ce qui ne va pas. Ça définit parfaitement ce que je vis. Je repose la maquette de mon livre sur la table basse en invitant Abdou à s'installer. J'aurais dû savourer le fait d'avoir enfin le fœtus de mon œuvre en main, mais je n'y arrive pas assez, toutes ces histoires me chamboulent exagérément. Je me saisis de nouveau de la photo, j'ai comme besoin de l'observer, de me rappeler qu'à un moment, j'ai cru être connectée à Harry, à Harry le fruit défendu.
— Ne te mets pas dans cet état déesse Michelle, Harry tient à toi comme il n'a jamais tenu à un quelqu'un n'appartenant pas à sa famille. Il a juste créé trop de barrières autour de lui et ne s'autorise pas à les briser.
Je lève mon regard sur Abdou qui a les yeux rivés sur la photo... sur Harry ? Ca fait soudain tilt dans ma tête. Je n'arrive pas à y croire. Abdou est... attiré par Harry. Abdou est gay ? C'est clair qu'il ne voit pas Harry comme un frère avec ce regard là. Je n'ose cependant pas faire la remarque.
— Tu connais les membres de sa famille ? l'interrogé-je. Il m'a dit qu'il n'en avait pas.
Abdou se tend instantanément avant de reposer son regard sur moi.
— Il est le seul qui puisse te parler de ça, je n'oserais pas briser sa confiance et encore moins sur le sujet le plus sensible de sa vie. Mais sache juste qu'Harry tient à toi, beaucoup. Il a juste peur de s'attacher encore plus avec cette règle à la con de Homel.
Les phrases de Abdou me tournent dans la cervelle. Qu'est-ce qui fait autant peur à Harry dans le fait de s'attacher, au point de le pousser à feindre d'être attaché à certaines personnes? Pourquoi Abdou tente-t-il de me convaincre que j'ai encore de l'espoir alors même qu'il n'est pas insensible au charme de Harry? Savoir qu'il est attiré par les hommes me fait bizarre.
Pas que j'ai quoi que ce soit contre les homosexuels— je déteste juger les autres puisque je ne sais pas ce qu'ils vivent— mais juste qu'il ne correspond pas aux profils types d'homosexuels qu'on nous présente souvent, il est très viril au contraire, très hétérosexuel. Mais ma réponse me paraît évidente, quand on tient réellement à une personne, on pense au mieux pour elle, pas pour soi. Je sens la peine que peut ressentir Abdou à cet instant, elle me fait oublier la mienne. Je le prends doucement dans mes bras, pour lui donner de la force et pour m'en donner à moi aussi.
— Merci Abdou, Harry a de la chance d'avoir un ami comme toi et moi aussi j'ai de la chance de t'avoir.
Abdou a aussi besoin d'amour, d'affection et je tente tant bien que mal de lui en donner. Il finit par se retirer de l'appartement. Je discute pendant quelques heures avec mon père, je ne lui parle pas du coach, par crainte de laisser un froid dans l'air. Je me contente de lui raconter les beaux moments de mon séjour à Londres. Pas mon attirance sourde pour mon éditeur, pas la tension continue qui engouffre mes entrailles quand je pense à mon éditeur, pas le fait qu'il n'en a rien à faire de moi et encore moins que Liam, mon seul repère m'a déboussolée.
Plus tard, je me plonge dans la lecture de la première séquence de maquette corrigée — Homel a une manière spéciale de faire les corrections. Ça me détend, ça me détend de me replonger dans les souvenirs de mon imagination atypique, de mes mots qui portent chacun une part de moi. Ça me détend d'aimer mes écrits et d'essayer de leur insuffler une nouvelle vie. Je lis et relis, revois les corrections, prends en compte celles du correcteur, retape certaines parties, recouds, découds, fais renaître chacun de mes mots tel un phœnix. Aucun message de Harry, sans surprise.
*
Morne, telle est mon humeur du jour. Je tente de noyer mon chagrin dans ce qui m'a toujours permis de le faire, ma passion pour l'écriture, mais cette fois-ci ça ne fonctionne pas. Le poids est constant et persistant, refuse de me laisser respirer, vivre mon plus grand rêve. Je repasse une dernière fois le passage que je corrige et opère les derniers ajustements. Aujourd'hui, dès mon réveil et ma routine matinale, je me suis plongée dans le travail pour oublier tous les sombres instants des deux derniers jours.
La sonnerie me fait revenir à la réalité, je me lève sans enthousiasme pour aller ouvrir. Dès que la silhouette derrière la porte se présente à moi, ma bouche s'ouvre pour former un o. Dire que je suis surprise serait un euphémisme. Je cligne frénétiquement des yeux pour être sûre de qui je vois. Son sourire toujours aussi éclatant, cette prestance et ce charme naturels qui pourraient faire complexer n'importe quelle fille.
— Audrey ? m'étouffé-je, l'air morbide.
Non, pas ça. Pas elle.
— Bonjour Michelle, j'ai la journée de libre alors j'ai pensé à toi, chante-t-elle.
— Je... Entre, bredouillé-je en la laissant entrer.
Je souffle longuement puis m'habille d'un sourire factice. Je n'ai pas envie de la voir.
— Je suis contente de te voir, mens-je.
— J'espère que tu n'es pas occupée. J'ai pensé à t'inviter à faire du shopping, se balader, m'explique-t-elle.
Je lance un regard rapide au manuscrit. Je n'ai absolument pas envie de passer du temps avec elle, je n'ai pas envie d'entendre sa voix et encore moins de sans cesse recevoir dans la face son image de miss parfaite.
— Non, rien qui ne puisse attendre, ajoute ma rebelle de bouche.
— Génial !
— Je vais me changer.
Je me change rapidement, enfile un jean boyfriend et un hoodie gris puis nous partons au Westfield stratford City. Il pleut, il pleut d'ailleurs trop dans cette ville. Abdou m'a lancé un regard mitoyen à l'amusement et à la compassion lorsqu'il m'a vue émerger de l'appartement accompagnée de miss Audrey Davis.
Nous marchons pendant des heures entre les rayons, en temps normal j'aurais adoré tout cet excès de beauté, cette grande variété de magasins et de choix, mais Audrey me bloque. Elle m'invite à faire du shopping alors même que l'avant veille j'embrassais son petit-ami, je trouve cette situation malsaine.
— Hier tu avais l'air étrange, déclare-t-elle.
Non sans blague !
— Non, j'étais juste fatiguée. Dis moi, avec Harry ça a l'air d'aller inh ? réponds-je avec un sourire feint.
En me rendant compte de ma phrase plus que stupide, je me gifle mentalement.
— Viens, on se pose et on parle, s'enquiert-elle.
Nous nous installons dans un des restaurants, commandons puis discutons en mangeant. Ça me fait mal de demander l'état de la relation avec Harry, mais à la fois je suis curieuse. C'est comme vouloir savoir ce qui se passe lorsqu'on appuie son doigt sur le bout d'une épée.
— Je sais que tu sais que ce n'est pas du sérieux, m'intime-t-elle.
Même en mangeant elle est plus gracieuse que moi.
— Harry ne m'aime pas tu sais ? Il fait des efforts, il en a fait, mais rien, fait-elle tristement.
Ça fait peut-être de moi une mauvaise personne, mais je m'en réjouis secrètement.
— Il a été mon premier amour et mon seul. Je sais que je ne devrais pas, mais j'ai l'impression de l'obliger à rester avec moi. Même si ce n'est pas une vraie relation, cette illusion me berce. Si ça s'arrêtait, je ne sais si je le supporterais.
Elle se confie trop ouvertement à moi. Le pire est qu'elle est honnête, elle est naturellement ainsi. Ouverte et bonne.
— J'ai été un peu jalouse de toi, tu sais ?
Je lève un regard étonné vers elle.
— Oui, Harry a si vite accroché avec toi. Tu es ici depuis quoi ? Deux mois et pourtant j'ai l'impression qu'il t'apprécie encore plus que moi.
Je reste muette, le verbe m'ayant échappé. Ce qu'elle me dit est contraire à tout ce que je pense. Ce qu'elle me dit me réconforte intérieurement.
— Ne dis pas ça. Il m'a dit qu'il tenait beaucoup à toi, tenté-je de la réconforter.
— Oui, en tant qu'une bonne amie, puisque nous avons beaucoup vécu ensemble.
Mon cœur se serre légèrement à l'idée de m'imaginer tout ce qu'ils auraient pu vivre ensemble. Elle semble faire partie de ceux qui savent ce qui force Harry à se comporter ainsi. Je ne sais quoi dire, elle pense étrangement pareil que moi. Nous deux pensons qu'Harry ne nous voit que comme de bonnes amies, la différence est qu'il fait au moins semblant avec elle. Quant à moi, il n'a pas hésité à me foutre le râteau du millénaire. La perle de tristesse dans le regard de mon interlocutrice me peine, parce que quelque part, notre situation est similaire.
— Je suis certaine que tout s'arrangera, tout s'arrange toujours Audrey, tenté-je en lui serrant gentiment la main. Tu veux bien m'excuser ? Je reviens dans quelques minutes.
Elle acquiesce puis je me rends dans les toilettes. Après s'être soulagée de mon urine magiquement normal, je me pose devant le miroir, me scrute d'un œil réprobateur.
— Tu n'es pas ainsi Michelle, tu ne dois pas perdre ta gentillesse, tu dois rester légère et cool. Souris, m'ordonné-je avant de lâcher un grognement.
A cet instant, une femme sort des toilettes en m'observant bizarrement. Je lui souris, les joues empourprées avant de me diriger vers la sortie à pas de course. De loin, j'aperçois de derrière une silhouette familière. Je m'arrête brusquement, les yeux écarquillés. Non ! Pitié ! Lorsque son regard croise le mien, je soupire violemment, m'habille d'un sourire puis me rends vers eux.
— Oh Michelle, regarde qui traînait aussi par ici, il était venu voir le gérant d'une des librairies du mall, m'annonce une Audrey enthousiaste.
Pourquoi malgré la douleur qui la consume à l'idée de ne rien représenter amoureusement pour Harry, rien ne lui retire ce sourire lumineux tandis que moi, je sens ma joie de vivre s'éteindre lentement ?
— Salut Harry, lancé-je en lui lançant un bref regard.
Il sourit, visiblement gêné.
— Hey Ginger, vous n'y êtes pas allées de main morte sur le shopping, ajoute-t-il en observant la pile de sacs.
— En vrai, ils sont tous à moi, Michelle n'a pris que ça, déclare Audrey en secouant devant son visage le petit sac plein de livres.
J'ai pris toute une collection des livres de Jane Austen, le scénario original de Fantastic beasts de J.K Rowling et quelques livres qui m'ont paru intéressants.
— Je serai menteur si je disais que ça m'étonnait, se moque-t-il.
— Bon y va ? Ma voiture est à l'immeuble, nous sommes venues avec Abdou, continue Audrey en lançant un regard en biais à Abou qui est posté non loin de nous, à une table.
Nous nous dirigeons alors vers la sortie. Des regards quelques peu étranges circulent entre Harry et moi, me rendant mal à l'aise. Nous rentrons tous finalement. La vie continue, avec ou sans Harry, je dois me reprendre en main.
****
La suite à 20 vote/kiff.
Merci de lire, voter et commenter
Lalie