Chapitre 17: Tempête d'attirance

Write by Lalie308

Embrase-moi,
Oh doux feu, comme un roi.

-~-~


Michelle

— Michelle, tu veux bien m'attendre dans mon bureau ? me demande Harry. Je dois parler à Abdou.

J'acquiesce puis me dirige vers le bureau de Harry. Je souris à Abi en passant devant son comptoir. Je passe la carte clef dans la serrure de Harry puis me hisse dans le bureau.

—Michelle !

Je jure entre mes dents en reconnaissant cette voix. Il n'y a pas plus collant que ce mec. Je m'arme de mon sourire avant de me tourner doucement vers lui.

—Jack !

Il marche rapidement vers moi avec un énorme sourire.

—Tu ne réponds plus à mes appels et messages, il y a un souci ?

—Je... Hum... J'ai été très occupée ces derniers temps, réponds-je en entrant dans le bureau, il m'emboite toutefois le pas.

La super glue devrait être jalouse de ce mec. Franchement. Je dépose l'épreuve sur le bureau. Ça fait exactement deux mois que je suis ici, Jack n'a pas cessé de me coller alors qu'Harry a dressé d'énormes barrières professionnelles entre nous. Je m'endors chaque soir en tentant de me rappeler le goût de ces baisers passés, de ces moments brisés. Je sens la main de Jack se faufiler dans la mienne, la porte est fermée.

—Tu m'as vraiment manqué, susurre-t-il.

Un éclat vicieux dans son regard m'interpelle, je n'aime pas ça. Je sursaute en le repoussant violemment.

—Bah pas à moi, rétorqué-je agacée.

Son air s'assombrit tandis qu'il m'empoigne violemment. Il rapproche son visage du mien et tente de m'embrasser, mais je le repousse.

—Lâche moi espèce de connard.

—Tu me fais un effet de malade, s'il te plait. Une fois, supplie-t-il. Tes formes me rendent fou.

Pendant un moment, je suis affolée mais je me reprends rapidement. Je me saisis de ses bras, applique une clé. L'instant d'après, il pousse un cri de douleur et se retrouve sur le sol. La porte s'ouvre au même instant, le visage interloqué de Harry d'abord puis celui de Abdou.

—Que s'est-il passé ici ? demande Harry, choqué.

—De la gym, annoncé-je avec un sourire fier.

Au primaire, je lessivais tous les garçons qui tentaient de me violenter. Jack se lève en vacillant.

—Cette fille est folle, je vais me plaindre, elle a sauté sur moi comme une tigresse, dit-il en jouant la victime et marchant rapidement vers la sortie.

Harry se saisit violemment de son bras.

—Tu n'as pas intérêt à encore lui chercher des noises. Tu sais tout ce que je sais sur toi, alors ne me provoque pas, dit-il si bas que je dois tendre les oreilles pour l'entendre.

Une colère réelle se reflète dans ses mouvements. Ses poings sont serrés, sa mâchoire contractée. Jack me lance un regard mauvais avant de sortir de la pièce.

—Ce mec ne cessera jamais de vouloir mettre nos auteurs dans son lit, geint Harry. J'en parle à Cyril et il disparaît.

—C'est le mieux à faire, remarque Abdou.

—Ça va Ginger ?

—Oui, soufflé-je en fuyant son regard.

Harry est la seule personne douée pour jouer le rôle qu'il veut, moi je ne peux pas. J'essaie tant bien que mal de respecter les barrières qu'il a imposées entre nous, mais ça devient de plus en plus difficile. Il secoue légèrement sa tête avant de se rendre vers son bureau pour prendre l'épreuve. Il y jette un coup d'œil attentif.

—Tu recevras les dernières épreuves dans quelques semaines puis l'ensemble pour la première correction générale juste après comme convenu, m'explique-t-il en relevant sa tête.

—Bien, je n'ai plus rien à faire ici, réponds-je.

Ils m'observent lorsque je lisse ma tenue d'un coup de main tremblante avant de ressortir. Je rentre rapidement puis me laisse tomber sur le sofa en grognant comme un animal en cage. L'attirance que j'éprouve pour Harry se transforme progressivement en marasme, un marasme qui me ronge et m'empêche de vivre pleinement le semblant de vie que j'ai.

 Je ne parle plus avec mon soi-disant meilleur ami, par trop grande fierté et parce que la blessure ne se referme pas. Comment une blessure peut-elle se fermer si elle est posée sur une autre qui arrive à peine à cicatriser ? Il ne passe pas un jour sans que Liam ne vienne encore et encore me supplier. La sonnerie retentit à cet instant, je me lève nonchalante, sans grande surprise, c'est encore lui avec plusieurs paquets en main.

—J'étais au centre...

Je lui referme la porte au nez. Mon cerveau est trop comprimé pour avoir une réflexion stable et surtout de la répartie. Harry, Harry, Harry.

Harry

Michelle, chaque pas que je fais, chaque fois que je respire, que je regarde, que je sens, que j'entends, il n'y a qu'elle qui m'empoisonne les idées. Elle me rend dingue. Je balance les documents qui traînent devant moi de côté et me masse douloureusement la tempe. Je revois son sourire, son visage, ses folies, elle. Je me lève brusquement, sans un regard aux personnes sur mon chemin, il est assez tard. 

En ce mois d'Août, la fraîcheur accentuée par les pluies interminables montre déjà le bout de son nez même si la brise fraîche s'éteint sous le soleil de l'été. Je m'installe au volant de la voiture que je serre si fort que je sens mes veines lâcher. Je démarre en trombe et conduit jusqu'à chez elle. Je suis dans le même état que la dernière fois où j'ai débarqué chez elle. Sauf qu'ici elle est la maladie et le remède. Le problème et la solution.

Une fois à destination, je monte à son appartement et sonne. Je tape frénétiquement les pieds, entre l'envie de défoncer la porte et de partir en courant. Mes idées sont mélangées et une seule clarté émerge de cette obscurité mentale : Michelle, Michelle le démon qui tente mon âme, l'ange qui la sauve. Michelle le poison qui provoque l'avilissement de ma personne, le remède qui me soulage. Elle apparaît quelques secondes après dans un short et un haut qui laissent entrevoir des formes bien trop exquises. Son visage est d'abord froncé sous l'effet de la colère, un pli s'étend sur son front moyennement bombé sur lequel s'échoue des mèches rebelles.

—Liam je vais finir par...

Elle laisse sa phrase en suspense alors que sa bouche dessine un o de surprise lorsqu'elle me voit. Nous nous observons pendant un long moment, une tension malsaine plane dans l'air. Malsaine parce que je ne la connais pas. Son regard vitreux me transperce le cœur. Je ne sais pas depuis quand, ni comment mais je suis maladement attiré par cette femme, cette femme si spéciale.

—Ha... Harry ... Hum.. Entre, bégaie-t-elle.

Je pénètre dans cet appartement qui ne m'est plus étranger. Michelle est debout devant moi, étincelante dans la pénombre due à la faible luminosité de la pièce. Je reste immobile, à l'observer, à détailler chaque parcelle de son visage d'ange, à essayer de me convaincre qu'elle n'est pas en train de me rendre fou, détraqué. Mais j'ai perdu, j'ai perdu depuis le jour où ses deux yeux marrons se sont posés sur moi dans ce bar, que ses revolvers se sont mis à dépiécer mon épiderme, envahir mon sang.

—Tu vas bien ? me demande-t-elle en fronçant les sourcils. Je... vais te prendre un verre, continue-t-elle en se dirigeant vers la cuisine.

Je saisis son bras et l'empêche d'avancer. Je la tourne vers moi puis prends possession de ses lèvres dans un mouvement qui se veut trop désespéré. Éberluée par mon acte, elle ne réagit pas immédiatement, mais lorsque cette chaleur dévoratrice qui me traverse se saisit aussi d'elle, elle y répond avec fourgue. Je laisse d'abord ses mains dans les miennes, dirigeant la danse fougueuse et ensorcelée de nos lèvres, les coups de dents et de langues qui s'entrechoquent, nos sucres salivaires qui se mélangent pour un cocktail de plaisir. Mes mains se promènent sur son cou, dans ses cheveux tandis que les siennes titillent mon cuir chevelu puis tirent mes cheveux. Je laisse échapper un grognement de satisfaction. Je n'ai jamais ressenti ça, ce plaisir, cette torture.

—Harry... qu'est-ce que tu fais ? parvient-elle à chuchoter entre deux baisers.

—Je ne sais pas, soufflé-je avant de m'emparer plus affamé de ses lèvres si juteuses.

Elle se détache pourtant brusquement, m'arrachant à cette dégustation si virulente. Elle lève son regard vers moi, tourmentée par la peur, l'hésitation et l'envie. Ses lèvres rougies sont légèrement gonflées et encore plus attirantes.

—Ne joue pas avec moi Harry, si tu ne sais pas pourquoi tu fais ça, commence-t-elle avant de détourner son regard. Tu ferais mieux de partir. J'apprendrai à contrôler tout ça, tu n'as pas besoin de faire comme avec Audrey...

Je la fais taire en posant mon pouce sur ses lèvres, son regard plonge de nouveau dans le mien.

—Je ne sais pas parce que je n'ai jamais ressenti ça. Chaque seconde, tu me rends un peu plus fou et même en prenant pour prétexte cette maudite règle je n'y arrive pas Michelle, lui avoué-je.

—Alors quoi ?

—Je ferai bien les choses. Je t'invite à dîner demain, conclus-je.

La surprise teint son regard, mais la teinture solaire du bonheur repasse une seconde couche.

—Mais que fais-tu de cette foutue règle ? De Homel ? insiste-t-elle à travers une sotto-voce.

—Je sais garder les secrets, conclus-je en me saisissant de nouveau de ses lèvres.

Je ne pourrai certainement plus m'en passer. Hier je pensais ne jamais pouvoir m'attacher à elle, aujourd'hui j'ai peur de ne plus pouvoir me détacher d'elle. Le fil invisible qui me lie à elle est si solide qu'il m'entaille la peau. Elle se laisse alors à nos étreintes, je glisse mes mains sous son haut, satisfait par les frissons que mes doigts lui procurent. Après quelques minutes de ce plaisir si tourmentant, je me détache d'elle.

 Je passe mon pouce sur sa pommette, mon regard vicé au sien. Un sourire se glisse sur mes lèvres, attirant un encore plus grand sur les siennes. Elle si belle, si pure, si Michelle. Elle finit par se loger dans mes bras en se blottissant comme un petit chat, je me contente de humer ce parfum si bon qui emplit ses cheveux. Nous restons dans cette position pendant une éternité, une tendre et merveilleuse éternité.

Soudainement prise d'un éternuement, Michelle recule brusquement, arrache un mouchoir de la table basse puis se laisse aller dans son mouchoir. Un petit sourire goguenard se dessine sur mes lèvres tandis qu'elle me lance un regard gêné.

—C'est humain d'éternuer tu sais ? lui rappelé-je.

Elle roule des yeux.

—Ton parfum est si enivrant qu'il veut m'asphyxier, réplique-t-elle en feignant d'être exaspérée. Instant poète Mich, continue-t-elle en jouant des cils et se dirigeant vers la salle de bain je présume.

A peine disparaît-elle à travers les escaliers que mon téléphone se met à sonner dans ma poche. Je m'en saisis. Audrey. Un coup de culpabilité se hisse dans mon corps. Nous ne sommes pas réellement ensemble, mais nous avons partagé beaucoup ensemble, beaucoup. Je ne sais pas comment lui parler de Michelle, de ce que Michelle me fait ressentir. 

Elle ne comprendra sûrement pas comment une fille venue de milliers de kilomètres puisse me renverser la tête alors qu'elle et moi, après tout ce que nous avons vécu n'avons jamais pu briser cette barrière, malgré tous les efforts. Mes yeux restent figés sur l'écran tandis que l'appel est relancé. Michelle réapparaît dans la pièce.

— Tu ne décroches pas ? demande-t-elle en s'approchant. Vue ta tête on dirait que c'est un fantôme qui t'appelle, continue-t-elle.

— C'est Audrey, vomis-je.

Elle s'arrête subitement, me lance un regard coupable.

— Décroche, m'indique-t-elle à travers un sourire faible.

Je décroche donc.

— Allo ? commencé-je d'une voix profondément gutturale.

— Harry mais où es-tu ? Je t'attends depuis une bonne heure.

— Oh putain, juré-je en me massant nerveusement la nuque.

— Tu as oublié que tu devais m'accompagner au gala c'est ça ? conclut-elle d'une voix triste.

— Je suis vraiment désolé Audrey. Je te promets que je me ferai pardonner.

Mon regard passe sur Michelle qui fait semblant de ranger alors que son oreille est plus tendue que tout.

— Ce n'est pas grave. Tu fais quoi ?

Mon cœur rate un battement.

— Je... Je suis avec Michelle.

— Ah d'accord, si c'est Michelle. Son bouquin évolue ?

— Oui, je te rappelle plus tard.

— D'accord, bisous.

A peine finit-elle de parler que je raccroche. Elle pense que je suis avec Michelle pour le travail. Ce qui est très loin de la réalité. Le travail nous sépare.

— Il y a un souci ? me demande Michelle.

— Je devais aller à un gala avec elle et j'ai oublié. Disons que je n'avais pas trop les idées en place ces derniers jours.

— Pourquoi es-tu venu justement ce soir ?

— Parce que je n'en pouvais plus. J'avais l'impression que plus je maintenais cette barrière entre nous, plus elle croulait sous le poids de toute cette tension, lui avoué-je.

Un petit sourire se fraie un chemin sur ses lèvres, mais elle le réprime rapidement.

— Tu penses en parler à Audrey ? m'interroge-t-elle plus sérieusement lorsque nous nous asseyons.

— Je... je ne sais pas. Toi et moi ce n'est pas encore défini Ginger, donc je me demande bien ce que je peux lui dire. Que je suis attiré par toi ? Qu'on est un couple maintenant? Ou?

—Non, puisqu'elle t'aime à la folie, murmure-t-elle en détournant son regard.

Je ne pense qu'à une chose, cesser cette conversation. Déguster, déguster, encore et encore les lèvres si juteuses, si parfaites qui ornent le visage de mon remède. Le remède à toute ma douleur, à mes doutes, à mon passé.

—Je sais. J'ai essayé de tomber amoureux d'elle, mais je n'y suis pas arrivé. Je ne pense d'ailleurs pas qu'un jour je tomberai amoureux, confessé-je.

Michelle déglutit. Je sais que ma révélation lui fait de la peine, mais je me dois d'être honnête. Le cap de l'attirance a été passé facilement, une porte débloquée. L'attache également. Mais l'amour. Cette chose, ce sentiment habillé d'un voile d'innocence, mais qui est le diable, l'enfer, la souffrance personnifié ne m'aura pas. J'y suis déjà tombé, pas par choix, mais par circonstance, l'amour pour ma famille.

 Je me suis rapidement brûlé les ailes. Toute la magie du moment passé s'effondre peu à peu, trop vite, trop rapidement, comme toutes les belles choses de ma vie. Ce poids s'impose de nouveau, sans pitié à mon âme qui geint incessamment. Je m'empare de nouveau des lèvres de Michelle, les aspire comme si je voulais les lui arracher. Noie ma perdition en elle, pour elle. Parce qu'elle est mon remède. J'ai Michelle Lawson dans la peau. 





Merci de lire, voter et commenter


Lalie


Tentation en édition