Chapitre 15 : Une bonne leçon

Write by Benedictaaurellia

Orlane.

Quand je la vois tomber au sol, j’ai l’impression que mon cœur s’arrête. Je n’arrive à rien faire ni à bouger ni à parler pendant un moment. Je vois les autres élèves s’affairer autour d’elle mais je suis comme dans un autre état. Ce n’est que quand Ahmed, un garçon de la classe vient me secouer que je me reprends.

Il est mon ami. Le seul d’ailleurs que j’ai dans la classe.

Ahmed : Orlane ! Orlane ! Reprends-toi. Elle a besoin de toi.

Je sors de ma transe. Je me réveille.

 Je m’approche d’elle. Elle s’est évanouie.

Je donne rapidement des directives.

Je demande à deux garçons de la salle de la porter à l’infirmerie du collège.

Pendant qu’ils s’y attèlent, je prends mon portable et appelle le chauffeur pour qu’il vienne me chercher.

Je dois l’emmener à l’hôpital.

J’appelle ensuite maman qui ne décroche pas. Normal. Elle doit être à une audience ce matin. Je lui fais un message pour lui expliquer la situation.

Je vais ensuite voir le surveillant général de l’école pour lui demander la permission d’emmener Mélanie dans une clinique. Il ne fait pas d’histoires. Il me connait, il connait mes parents. Il sait qu’il vaut mieux ne pas s’attirer les foudres de ma mère.

Aussi douce qu’elle peut être avec nous, aussi dure est-elle avec tous ceux qui nous encadrent ; des professeurs, jusqu’aux surveillants en passant même par les secrétaires. Je ne compte pas les fois où elle est venue taper un scandale ici. Elle a même déjà intenté des actions en justice contre l’établissement.

Après, je me rends dans les classes respectives des jumeaux et de Jessica pour leur expliquer la situation. En les quittant, mon chauffeur m’appelle. Il est là. Je le conduis à l’infirmerie ou il prend Mélanie qui est toujours dans les vapes et nous nous dirigeons vers la voiture ou il la dépose. Nous prenons la direction de l’hôpital de tante Stella.

Une fois sur place, nous sommes vite pris en charge. Pendant que les infirmiers l’emmènent aux urgences, je demande à voir Stella. Celle qui est à l’accueil me lorgne avant de me répondre qu’elle est en consultation et qu’elle ne reçoit que sur RDV.

Et là, je vous épargne les détails ; parce que ensuite, elle se met à m’insulter en vernaculaire et à parler mal de moi. Quoi ? Elle pense que parce que je suis métisse je ne comprends pas le mina ? Celle-ci, je sens qu’elle va me sentir passer aujourd’hui.

D’habitude, je suis douce et patiente, vous-même vous savez. S’aurait été un autre jour que je lui aurais fait un sourire poli et serait partie sans faire d’histoire. Non sans lui avoir gentiment dit d’être plus aimable avec les gens. Mais, là, je suis dans tous mes états. C’est quand même une vie qui est en jeu.

A son visage, je vois qu’elle est nouvelle. Elle ne sait pas qui je suis sinon elle ne se serait pas permis de me parler ainsi. Donc, quand les gens viennent, c’est comme ça elle leur parle ? Et mon cœur chauffe.

Attendez. Je vais joindre tante Stella. Ensuite, je vais lui régler son compte. Moi Orlane ? Fille de ma mère ? Se foutre de moi comme ça ?

Je sors mon portable et lance l’appel vers le numéro de tante Stella, tout en prenant le soin de mettre le téléphone sur mains libres. Elle décroche à la quatrième sonnerie.

Stella : Orlane ! Comment vas-tu ?

La femme se mit à blêmir quand elle reconnut la voix de tante Stella au téléphone.

Moi : ça ne va pas maman. Je suis à l’accueil pour une urgence. Tu peux venir stp ?

Oui, je l’appelle aussi maman.

Stella : J’arrive dans deux minutes. Je finis avec un patient et je viens.

Je raccroche juste après ça. Elle me connaît assez pour savoir que je ne l’aurais pas dérangé pour une futilité. Je fixe la dame sans rien lui dire.

Elle se met à balbutier.

Elle : Mlle, excusez-moi je ne savais pas que vous connaissiez Mme. Je vous en prie, ne lui dites rien.

En d’autres circonstances, je me serais laissé attendrir. Mais comme vous le savez déjà, je ne suis pas d’humeur à ça. Je me retiens depuis pour ne pas crier sur quelqu’un et celle-là vient de se jeter tout droit dans ma gueule. Je lui dis.

Moi : Tu n’as pas besoin de savoir qui je suis pour bien me parler ou pas.

Tu es une infirmière. Ou du moins, tu es sensée l’être. Tu es dans une clinique et à l’accueil en plus. Tu te dois d’être chaleureuse avec tous ceux qui viennent. Ce n’est pas parce que tu vois que j’ai l’air jeune que tu dois me manquer de respect. Ne te fis pas à mon âge ou à mon apparence. Je peux te faire plus mal que tu crois. Si je veux, je peux te faire virer en un claquement de doigt. Et je le ferai sans remords. Tu sais pourquoi ? La fille avec qui je suis venue, c’est ma sœur. Elle est peut-être entre la vie et la mort. Ton attitude peut la conduire à la mort. Si j’ai demandé à voir Stella c’est parce que j’ai bien vu qu’aucun médecin n’est entré avec elle dans la salle des urgences. Et les infirmiers ne sont pas qualifiés pour lui administrer un traitement. Je le sais. Je connais le protocole. Mais tu voulais me prendre la tête. Si je ne connaissais pas Stella, ma sœur allait mourir gratuitement comme ça. C’est ce que tu voulais n’est-ce pas ? Tu es une sorcière ?

C’est à cause des gens comme toi que les choses n’évoluent pas dans le pays. Vous tuez les gens gratuitement comme ça. Mais comment fais-tu pour dormir le soir quand tu rentres chez toi ? N’as-tu pas honte de toi ?

Elle : Pardon Mlle. Je ne savais pas tout ça. Je vous promets, ça ne se reproduira plus.

Moi : Je sais que ça ne se reproduira plus. Tu sais pourquoi ?

Elle secoue la tête en signe de dénégation.

Dès ce soir, je m’assurerai que Stella te renvoie.

Elle (se mettant à pleurer) : Pardon Mlle. Ne faites pas ça. J’ai une famille. J’ai besoin de ce travail pour les nourrir.

Moi : Fallait penser à eux avant d’agir.

Vous me trouvez peut-être trop dure mais, quand je m’énerve, je suis comme ça. Rien ne peut me faire fléchir. Je tiens ça de maman. Je suis aussi impitoyable qu’elle. C’est pourquoi j’évite de me mettre en colère. Une fois que je le suis, on peut tout faire ou me dire. Je suis inflexible.

Sur ce, Tante Stella arrive.

Stella : Orlane qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi n’as-tu pas demandé qu’on me fasse signe sur mon bipeur ? Je serai venue bien plus vite. Imagine que mon portable soit sur silencieux.

Moi : C’est cette dame. Je lui ai calmement demandé d’après toi et je ne te fais pas un dessin sur sa façon de me répondre. C’est pour ça que je t’ai appelé directement.

Stella (se tournant vers la femme la fusille du regard) : Vous aurez une demande d’explications Mme.

(À moi) Dis-moi quel est le souci ? Tu ne préfères pas que nous allions en salle de consultation ?

Moi : ce n’est pas pour moi. Je suis venue avec une amie. Ils l’ont emmenée aux urgences. Elle a perdu connaissance en classe.

Stella : Je vais aller voir et je te reviens.

J’acquiesce et elle s’en va.

J’ai une énorme boule au ventre. J’ai peur pour ma sœur.

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