Chapitre 15 : Vanessa

Write by Sandy BOMAS

VANESSA


J’étais réveillée depuis un bon bout de temps maintenant, mais je n’avais aucune envie de me lever. Allongée sur le dos je fixais le plafond comme si j’allais voir la solution à mes problèmes s’y inscrire en lettres capitales. Des tam-tams faisaient un vacarme assourdissant dans ma tête à chaque fois que j’essayais de me mettre debout. Ma nuit avait été courte, trop courte. Des cauchemars m’avaient poursuivi avec un acharnement sorti tout droit de l’enfer, en m’imposant des scénarios à faire pâlir même les plus grands cinéastes d’Hollywood. « Quelle heure peut-il bien être ?.... » Si je me fiais aux rayons de soleils qui picoraient mes yeux, il devait être pas loin de sept heures du matin.
« Lève-toi Vanessa ! Tu dois aller au boulot ! Oh et puis merde si je n’y vais pas pour une fois ça fait même quoi ? »
Avec un effort sorti tout droit de la forêt des pygmées dans laquelle je n’avais jamais mis les pieds, je réussi à m’extirper du lit et me dirigeai dans la salle de bain. L’image que me renvoyait le miroir était digne d’un déguisement d’halloween. Tissage en bataille, yeux rougis et boursoufflés, même mon nez avait doublé de volume à force de pleurer mon malheur et de me moucher sans cesse. 
« Qu’est ce qui n’a pas marché ? » Tout allait pourtant bien entre Olivier et moi. «Mais qu’est- ce que tu croyais Vanessa ? Tu pensais que tu étais dans un de ces contes de fées débiles que tu as ingurgité depuis ta tendre enfance ? Ils vécurent heureux et eurent plein d’enfants…. Pfffff ! »
Je tournai machinalement le robinet, un filet d’eau de plus en plus grandissant s’y échappait et coulait dans la baignoire. « Je vais prendre un bain ça me fera du bien… »
Pendant que j’étais dans la salle de bain, j’avais entendu mon téléphone sonner près d’une quinzaine de fois.
Cynthia et Victoria ma sœur ainée n’avaient pas arrêté de m’appeler. « Ce n’est pas possible c’est à la limite du harcèlement!.... » Et comme je ne décrochais répondait sur aucun de mes numéros, elles s’étaient rabattues sur whatsapp. Je n’avais pas envie de parler à qui que ce soit. J’envoyai tout de même un sms à ma combi pour qu’elle me laisse respirer pendant un moment.
« Cynthia j’ai vu tes messages mais j’ai besoin de rester seule pendant un moment s’il te plait…. Je te ferai signe quand j’irai mieux…»
« Rester seule ? Vanou qu’est-ce qui se passe ? Tu as mené l’enquête ? Tu as trouvé des preuves ? »
Je ne répondis pas à ses questions. Tout ce que je voulais c’est qu’on me laisse tranquille. « Cynthia est bien gentille mais elle est chiante quand elle veut ».
Quant à ma sœur je choisi de carrément de l’ignorer au risque qu’elle me fasse un sermon parce que j’ai séché le boulot.
Je sortis de ma chambre, le pas lourd, des marteaux dans la tête « Aie ! J’ai une migraine pas possible ! » Dans le salon l’horloge murale affichait dix heures. Il était déjà dix heures et Olivier n’avait pas donné signe de vie depuis hier soir.
« Et s’il lui était arrivé quelque chose de grave ? Qu’est- ce que je dirai à ses parents ? »
J’étais dans mes pensées quand on sonna à ma porte.
« Qui peut bien sonner chez moi à cette heure- ci ? Ce n’est ni le jour ni le moment ! Je n’ai envie de voir personne ! »
-C’est qui ? Répondis-je d’une voix énervée.
-Vanou c’est moi ! C’est Tori…
« Hein ?! »
Victoria Pambou ma grande sœur ainée et directrice commerciale et marketing chez JVP & Co, se tenait derrière la porte de chez moi. « Et merde ! Il ne manquait plus que ça ... »
J’ouvris la porte à contre cœur.
-Qu’est- ce que tu fais chez moi à cette heures ci ? 
Ignorant la remarque que je venais de lui faire Victoria entra dans mon salon le pas ferme et décidé.
-Qu’est- ce que je fais chez toi à cette heure- ci ?! J’espère que tu plaisantes Vanou ! On doit déjeuner ce midi avec un gros client qui prépare une campagne de communication énormissime, je ne te vois pas au bureau depuis le matin, tu ne décroches quand je t’appelle, tu ne réponds pas aux sms que je t’envoie, et tu me demandes ce que je fais chez toi à dix heures ?! C’est une blague de mauvais goût que tu me fais ou quoi Vanessa ?
Au lieu de lui répondre je me mis à la regarder comme si c’était la première fois que je la voyais. Ma sœur était vêtue d’une robe droite bleue roi qui mettait en valeur ses formes généreuses. Victoria avait coiffé ses tresses en chignon « Huuumm la coiffure à la mode », chaussures à talons compensés clefs de voiture en main sac MK callé à l’épaule j’avais devant moi le prototype de la bonne Jcd (jeune cadre dynamique) gabonaise. Elle se dandinait devant moi comme une poule du village qui n’avait pas mangé de grains depuis des semaines. Tous ces gestes et ce visage renfrogné la rendait moins jolie du coup. 
-Mais Vic ….
-Tori !!! Rectifia- t-elle Appelle moi Tori ! Tu peux garder Vic pour Maman !
« Alors là elle est vraiment en colère !....Je n’aurai pas la force de batailler avec elle ce matin….C’est vraiment trop me demander. »
Ma sœur se faisait appeler Tori depuis la série Beverly Hills qui passait à la télé dans les années quatre- vingt dix. Elle trouvait que ça faisait stylé de se faire appeler Tori comme la fille du célèbre producteur Aaron Spelling. « Maman se prénomme Victorine et du coup Victoria n’aimait pas à avoir le même diminutif que la mater* (Maman) ».
-Tori …. Commençai-je
-Quoi ? M’interrompit –elle. Quoi Vanou? Qu’est-ce que tu vas encore m’inventer cette fois-ci ? Et puis d’ailleurs qu’est-ce que tu fais encore en pagne à cette heure-ci ? 
Elle se tenait devant moi, les mains sur les hanches, le regard mauvais tapant du pied en attendait que je lui donne une raison plus que valable qui me sortirait de ses griffes avant qu’elle ne me vole dans les plumes. 

-Mais …..
-Il n’y a pas de MAIS ! Il n’y a pas de MAIS Vanou ! Tu sais pertinemment que ce déjeuner est plus qu’important pour la boite ! Comment tu peux me planter comme ça Vanessa ?
Victoria continuait de piailler. Je ne l’écoutais plus, ça cognait douloureusement dans ma tête. Je m’appuyai sur la table d’une main pendant que de l’autre main je massais mes tempes en grimaçant.
-Vanessa ? Ça ne va pas ? Tu es malade ? Tu es toute pâle ! Qu’est- ce que tu as ?....
Elle prit soudain un air inquiet. « Ah quand même il fallait d’abord commencer par -là ! Tchippp » 
-Je crois que je fais du surmenage…. 
« Il est hors de question que je dise un mot à Victoria sur la situation avec Olivier. Elle ne sait pas garder une confidence cette fille -là. Elle ira tout répéter à Maman même si je lui fais promettre de garder l’information secrète. Je n’ai pas envie qu’on débatte de mes problèmes de couple devant toute la famille».

-Bein tu fais plus que du surmenage ! Elle se mit à me dévisager comme si j’étais une bête curieuse. Et on dirait même que tu as perdu cinq kilos en un jour !
« Commet ne pas perdre du poids en un jour ?! Le ciel m’est tombé sur la tête et c’est d’ailleurs un miracle que je sois encore en vie…. »
- Il faut que tu te reposes. J’irai au rendez-vous toute seule ce n’est pas grave je demanderai au stagiaire de m’accompagner. J’aurai juste besoin que tu me donnes la présentation sur power point que tu as préparée. Vas voir un médecin et prends trois jours. Je t’enverrai le compte rendu de la rencontre avec le client par mail.
Ma sœur alias Cruela d’enfer venait de me donner des jours off. « J’y crois pas ! Je dois vraiment avoir une mine à faire peur pour qu’elle me demande de rester à la maison pendant trois jours. »
Je mis la présentation que j’avais préparée pour le client au porte- feuille garni sur une clef usb que je tendis à ma sœur.
-Merci ! Mais Vanou s’il te plait fais- moi plaisir, vas voir un médecin et repose toi !

Une fois Victoria partie me je me laissai tomber dans mon canapé d’angle et me repassais la soirée d’hier en mode accéléré, les conseils de Cynthia, la découverte d’une relation d’Olivier, la grossesse. « C’est trop pour moi !!! Qu’ai-je fait pour mériter ça ?! » 
Je saisis mon téléphone portable et composai le numéro de téléphone d’Olivier comme une automate.
« Libertis* (opérateur de téléphonie mobile) bonjour le téléphone de votre correspondant est éteint »
Folle de rage, j’envoyai le téléphone embrasser le mur.
« Il faut que j’appelle Ma combi, je l’ai envoyé boulé depuis ce matin mais là je sèche….J’ai besoin de Cynthia et ses plans pour trouver une stratégie. Elle qui connait du monde, elle m’aidera peut-être à trouver où se cache Olivier et sa charmante p».

Je saisi mon deuxième téléphone portable et envoyai un sms à Cynthia « Finalement ça sert à quelque chose d’avoir plusieurs téléphones ! » 
« -Cynthia il faut que je te vois c’est urgent !!! Dis-moi où tu es et je t’y retrouve. »
« -Enfin ! Je croyais que tu voulais rester seule ? »
« Dis- moi où tu es pardon …. »
« Je suis dans un resto pas loin du commissariat central. On y a mangé une fois tu t’en souviens ? »
« -Oui je vois où c’est….Dès que j’y suis-je t’appelle. »
J’enfilai un jean et un polo, chaussai mes ballerines et j’allai rejoindre ma combi.


© PLUME 241 

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